nom : o'callaghan. Ҩ prénom : kaleigh. Ҩ âge : vingt-trois ans. Ҩ origines : irlandaises & écossaises. Ҩ statut civil : célibataire. Ҩ occupation :antiquaire. Ҩ avatar : la sublime karen gillan. Ҩ crédits : bazzart | tumblr.

Lorsque j'étais enfant, on me nommait princesse. Dans ma maison qui était mon palais, je me tenais devant mon royaume, ma famille. J'étais l'enfant parfait, celui qui avait montré le bout de son nez alors qu'on ne s'y attendait pas, telle une magnifique surprise ou encore un miracle. J'étais l'unique miracle de deux êtres qui prétendaient s'aimer comme des fous, alors que leur espoir commençait doucement à s'assombrir. Qui aurait cru que je pouvais être la lumière qui les aveuglerait au point de rester ensemble, quitte à se voiler la face et dissimuler les vrais sentiments derrière un amour inconditionnel pour un enfant ? Leur fin fut une surprise, tout comme ma naissance. Ma vie entière fut une surprise, à croire que la vie avait décidé que je devais surprendre. Mais au bout du compte, l'idée de surprendre les gens me plaisait, au départ.
J'aimais ça.

Je connaissais l'effet de surprise sur le bout des doigts, chaque jeu, chaque tour était prémédité. Je prenais toujours soin de faire de mon mieux, depuis ma plus tendre enfance. J'étais née comme ça, c'était dans ma nature. On aurait pu m'appeler magicienne, ou encore fée, mais j'étais bien plus. A ma naissance j'étais princesse, en grandissant j'étais reine. Mais pour être une vraie reine, il fallait qu'un jour ma monarchie connaisse une fin. Et la mienne fut bien prématurée.
Mes cachettes secrètes et mes tours de passe-passe n'auront pas suffi à ce que leurs sentiments s'illusionnent. Seuls leurs regards étaient faux, constitués de yeux pétillants mais trompeurs. Et malgré ce que l'on peut dire, un enfant peut sentir ces choses, ces mensonges. Il essaye juste d'oublier et de tout arranger. J'aurais voulu réparer leur amour, et j'ai tenté tant bien que mal. Mais le résultat ne fut qu'un échec. La vraie surprise de cette histoire fut tout autre que celle de ma naissance.

Comme tout enfant innocent, j'étais persuadée que je vivais dans un monde de bisounours, que mon père était un super-héros et qu'avec ma mère - qui était censée être la meilleure au monde - ils s'aimaient à en faire trembler les murs. Mais comme dans tout bon monde d'illusions, il en fallait une plus grande. Et je savais exactement quelle était la mienne.
Je pensais que j'étais reine dans l'effet de surprise, mais ma mère cachait bien son don. Le jour où je le réalisai fut celui où je la vis embrasser un homme. Un homme autre que mon père, autre que le super-héros de ma vie. J'étais assez grande pour comprendre que c'était mal, mais trop jeune pour comprendre l'impact. Trop jeune pour comprendre que mon conte de fée allait se terminer brusquement. Mais moi, ce que j'avais compris c'est que plus rien ne liait mes parents à partir de ce moment-là. Exceptée mon existence.

C'était moi qui les avais fait tenir aussi longtemps, le fait que je naisse les avait rapprocher alors qu'ils s'éloignaient. Ma naissance leur avait fait gagner quelques années de plus ensemble, ou en tout cas c'est ce qu'ils aimaient dire. Personne ne savait si gagner voulait dire perdre dans ce cas-là. On dit que les divorces sont plus simples à encaisser lorsque l'enfant est jeune, mais ce qu'on oublie de préciser, c'est qu'il est difficile, quelque soit l'âge, lorsque l'enfant en question est traîné d'un pays à un autre. Oui, car mes parents ne pouvaient pas faire comme tous les autres ; il fallait que ma mère quitte mon Irlande natale pour l'Ecosse, son pays d'origine. Et étant donné que j'étais ce qu'il y avait de plus précieux aux yeux de mes parents, tous deux souhaitaient ma garde... et ils l'eurent. Tous deux.

Pratiquement toute mon enfance se déroula dans deux pays plus que magnifiques. Ce côté-là ne me dérangeait pas, du moins si l'on regardait uniquement ce point de vue. Ce qui était bien plus difficile, c'est de toujours faire mes valises et traverser une mer, encore et encore. Vous pourrez comprendre qu'à force, ce trajet et même ce train de vie devenaient lassants pour moi. Je m'étais toujours dit que lorsque j'atteindrais l'âge de pouvoir partir loin, commencer une vraie vie, je le ferais. Et c'est exactement ce que je fis. Ma nouvelle vie à Arrowsic pouvait enfin débuter.