this is where we're meant to be


Fille unique dans une famille assez aisée et catholique d'Arrowsic, Bambi n'a jamais manqué de quoi que ce soit. Son père étant architecte et sa mère styliste, elle a baigné dans l'art toute son enfance, ce qui peut expliquer pourquoi elle a une passion pour cet univers, et adore l'art plastique et la photographie. Seulement, étant très souvent absent ou dans une autre ville à cause de leur travail, elle a surtout été élevée par sa grand-mère, dans les règles de l'art. Dimanche à la messe, prière avant les repas, c'est comme cela que ses journées étaient rythmés depuis petite. D'ailleurs, elle ne se sépare jamais de son collier en or avec son pendentif en croix qu'elle à depuis à peu près toujours. Grâce à la foi et à l'église, elle n'a jamais été l'une de ces adolescentes en pleine débauche, sombrant rapidement dans l'alcool quand elles arrivent à s'en procurer, dans le tabac et la drogue, seulement pour être cool et faire comme les autres, bien au contraire. Elle n'a jamais touché à la drogue, et non plus au tabac. Ça ne lui intéresse vraiment pas de ruiner son argent de poche dans ce genre de choses qui ne servent à rien, si ce n'est d'avoir les dents jaunies et la bouche puant le tabac tous les jours. La fumée de la cigarette lui donne même des hauts le coeur, c'est pour dire qu'elle ne supporte vraiment pas ça. Et elle boit juste un peu de champagne pour les grandes occasions et déteste le goût de la bière. En gros, elle a souvent été vue comme une fille ayant un balai dans le cul, coincée. Paradoxalement, elle était aussi l'une de ces filles incroyablement mignone, et les garçons l'aimaient donc bien car ça leur donnait un peu de fils à retordre s'il voulait coucher avec elle ou bien l'avoir en petite-amie. Oui, peu de garçons pouvaient se vanter d'avoir couché avec Bambi. Pratiquement aucun en fait. La jeune fille à perdu sa virginité à dix-sept ans, et ce n'était même pas avec l'un de ses copains. Une grosse erreur. Sachant que c'était un blasphème pour sa famille puisqu'elle était censée se réserver pour le mariage. Et oui, contrairement à sa famille, malgré qu'elle ait un profond respect pour le Jésus et toutes ses choses, elle n'était pas autant portée sur les règles de l'église. Elle ne l'a d'ailleurs jamais dit à ses parents, s'ils l'apprenaient, elle serait vraiment morte, métaphoriquement parlant. Surtout que l'histoire ne s'arrête pas là.

i see you evertime
Il était là, devant elle. Elle le voyait, elle sentait sa présence et surtout, elle commençait progressivement à avoir peur. Une boule se formait dans sa gorge alors que son fils s'avançait doucement vers elle avec ses petites jambes. Délirait-elle ? Devenait-elle folle pour qu'elle puisse le voir si nettement, si précisément alors qu'elle était censée ne jamais l'avoir vu et lui, ne jamais exister ? « Dis maman … pourquoi tu m'as tué ? » Tomber enceinte à dix-sept ans, c'était loin d'être la meilleure chose à faire. Ses parents étant de fervent chrétiens pratiquant, elle ne pouvait pas venir les voir, tout sourire et leur dire que de un, elle n'était plus vierge. Et de deux, qu'à cause de ce premier blasphème, un petit être allait grandir en elle, alors qu'elle n'avait pas encore de diplômes en poche, pas de boulots et qu'elle devrait se consacrer dorénavant plus à son enfant qu'à ses études. Hélas, les études comptaient plus que tout pour ses parents. Faire le plus d'études possible pour ensuite consacrer sa vie à aller à l'église, aider les gens et prier. Elle ne voyait pas vraiment à quoi cela servait, mais elle ne se sentait pas de leur dire la vérité. Elle ne voulait pas voir sur les visages de ses géniteurs la honte qu'elle représenterait une fois que toute l'histoire serait dite. Ils ne seront plus fiers d'elle, lui mettront encore plus la pression si cela est possible et peut-être même, la dénigreront. Encore si elle était de quelques années plus vieille, en ménage avec un homme avec qui se serait sérieux et que ses parents approuveraient. Mais elle n'était même pas majeure. Après avoir fait un test de grossesse et qu'elle s'était rendu compte qu'elle était enceinte, cela s'était révélé un choc pour elle. Puis, après avoir longuement réfléchit, une boule d'angoisse au ventre, elle prit enfin une décision : avorter. Elle n'était pas obligée de le dire à ses parents pour avorter et pour son avenir, c'était certainement mieux. Et depuis, l'horreur. Elle le voyait partout, rêvait chaque nuit de lui, elle en était fatiguée. Il l'a hantait. « Dis maman … moi aussi j'avais le droit de vivre … » Peut-être que si elle l'avait dit à ses parents, tout serait différent. Peut-être qu'au nom de l'église, ils n'auraient pas voulu qu'elle avorte, auraient bénis cet enfant venu du ciel et tout ceci ne serait pas arrivé. Elle aurait été heureuse, portant dans ses bras son merveilleux fils, ses parents l'aidant avec les couches, la garderie, les études et l'éducation de son joyeux bambin. Malheureusement, c'était loin d'être ça. « Tu n'aurais jamais dû faire ça, tu n'aurais jamais dû me tuer comme tu l'as fait … quelle mère fait ça à son fils ? » Reculant à mesure que la vision de son fils avançait vers elle, elle finit par tomber sur son lit, son coeur battant à tout allure dans sa poitrine. Elle devenait folle, elle devenait folle ... Elle avait surtout énormément peur. Elle se sentait misérable, horrible, détestable. Qu'elle genre de personne était-elle pour avoir fait ça ? Qu'elle genre de personne était-elle pour décider qui avait le droit de vivre ou de mourir ? Elle ne méritait même peut-être pas de vivre alors que son fils n'était pas sur terre. Pourquoi avait-il fallu quelle tombe enceinte ? Pourquoi Dieu avait décidé qu'elle ferait avorter son bébé ? Elle finit recroquevillée sur son lit, pleurant toutes les larmes de son corps sachant que, ce soir encore, lorsqu'elle fermerait les yeux et tomberait dans les bras de Morphée, elle le verrait une fois de plus.

hello you
Elle n'en pouvait plus, il fallait que ça s'arrête. Quelques jours après son dix-huitième anniversaire, Bambi décida d'emménager dans une grande maison, pas loin de celle de ses parents. Ils lui avaient offert comme cadeau, sachant qu'elle voulait devenir plus indépendante et que ce serait la meilleure solution pour cela. Elle s'était tranquillement installée et avait continué sa petite vie. Seulement, elle n'allait pas mieux. Elle rêvait toujours de son bébé, elle le voyait chaque nuit, elle sentait sa présence et voyait sa silhouette le jour. Il lui parlait et elle en devenait folle. Elle ne savait pas comment faire pour ne plus voir son visage, pour ne plus rêver de lui, pour redevenir en paix avec elle-même. Si ça continuait, elle savait qu'elle risquait de tomber en dépression, de ne plus se nourrir ou de se faire interner en hôpital psychiatrique. Alors, elle décida avant que cela devienne trop dur pour elle d'aller prendre rendez-vous chez un psychiatre. Le jour du rendez-vous, elle était très angoissée. Elle allait devoir parler à un inconnu de sa vie, de ce qui n'allait pas bien dans sa tête, et ça la rendait extrêmement nerveuse. Même s'il devait avoir souvent l'habitude des situations bizarres et des maladies mentales, elle était convaincue qu'il risquait de la prendre pour une folle, elle qui avait toujours peur de faire fuir les autres. Mais elle ne voyait pas d'autres solutions : elle ne pouvait pas passer toutes les nuits prochaines de sa vie à rêver de lui. Et c'était toujours hors de questions d'en parler à ses parents. « Vous pouvez entrer dans son bureau, il ne devrait pas tarder à arriver. » Bambi fit un petit sourire poli à la secrétaire avant de se lever et de marcher doucement jusqu'au bureau. Là, elle s'assit dans un fauteuil et attendit patiemment, essayant de bien expirer et inspirer, dans le but de se calmer, en vain. Elle se sentait un peu débile de se trouver là, elle appréhendait beaucoup. Jamais elle n'aurait pensé avoir besoin de faire affaire avec un psychiatre. Puis la porte s'ouvrit et un jeune homme entra, un grand sourire sur ses lèvres, et se dirigea vers Bambi. « Bonjour, je suis le docteur Emrys Andersson. Nous allons travailler ensemble et essayer de te faire aller mieux. » Elle se leva par politesse puis lui sourit doucement, serrant la main qu'il tendait devant elle. Elle était pour ainsi dire comme hypnotisée par lui, par cette présence qu'il dégageait. Il était grand et élancé, imposant naturellement le respect et avait l'air trop gentil et bienveillant pour être vrai. Elle le trouvait immédiatement beau, elle qui n'avait pas pour habitude de tomber amoureuse du premier coup d'oeil. Elle était du genre à tomber amoureuse par rapport au temps, et non au premier regard. Pourtant, là, depuis qu'elle l'avait vu, elle se sentait différente et un peu mieux. Le problème, c'est qu'elle n'était pas en mesure d'être avec lui, étant donné qu'elle était sa patiente. Et ça, elle l'avait un peu oublié.

when would i have a happy ending ?
Cela faisait environ un an qu'ils se côtoyaient tous les deux, en tant que docteur et patiente. Mais malgré ses essais - en vain - de rester concentrer pour aller mieux, de ne pas perdre de vue son objectif et de ne pas tomber amoureuse, elle avait fini par craquer sous le charme de son psychiatre. Depuis qu'elle travaillait avec lui, elle allait beaucoup mieux, voyait de moins en moins son bébé, jusqu'à ne plus du tout le voir, ce qui était un grand soulagement pour elle. Mais en plus de ça, c'était grâce à lui qu'elle allait mieux. Il suffisait qu'il soit près d'elle pour qu'elle se sente en sécurité, protégée de tout. Oui, en gros, c'était une imbécile. Maintenant qu'elle allait mieux dans sa tête, c'était son coeur qui souffrait. Quelle idiote elle était de ne pas arriver à enterrer ses sentiments pour le jeune homme comme toute patiente normalement constituée aurait fait ! Mais elle non, gardant toujours le plus infime espoir que la situation change, que Dieu lui vienne en aide où qu'elle trouve une solution. Elle était d'une positivité sans borne, sauf lorsqu'elle était tombée enceinte, là, elle avait réelle perdue tout espoir. Seulement, elle n'arrivait pas à renversé la donne. Elle n'arrivait pas à lui proposer d'aller boire un verre en toute amitié, ou de sortir quelque part. Foutue timidité. Dès qu'elle était sur le point de lui demander, elle se retrouvait avec un noeud dans la gorge, les mains moites et l'incapacité de dire un seul mot. Dans sa tête elle se répétait qu'elle était inintéressante, nulle, moche, qu'elle ne lui plaisait surement pas, qu'elle allait se faire rembarrer, et qu'au meilleur des cas où elle lui plaisait rien qu'un peu, il allait surement mettre sur le tapis leur relation de patiente et docteur. La poisse en gros. Pourtant, comme par magie, à son plus grand étonnement, leur relation évolua quelques mois plus tard. Elle était plus qu'heureuse. Il lui aurait fallu un simple petit café pour qu'ils s'embrassent enfin. A partir de là, tout est allé très vite. Elle l'aimait, il l'aimait, elle voyait enfin une porte de sortie par rapport à sa maladie, elle voyait une ouverture sur l'avenir avec lui. A sa plus grande surprise, ils vécurent ensemble heureux pendant trois ans. Ca plus longue relation, elle qui n'était jamais vraiment sortie avec un garçon. Elle était pour ainsi dire pire que nulle et vraiment pas à l'aise dans ce domaine. Séduire, draguer ... C'était loin d'être sa tasse de thé. Mais avec lui, avec Emrys, tout avait l'air tellement plus facile, plus naturel, plus évident. Jusqu'à ce jour. Noirceur après trois ans de bonheur. Ils devaient revenir d'une soirée entre amis, mais cela ne s'est pas totalement bien fini. « Je vais prendre un taxi chérie, je dois aller faire un détour d'abord. » avait-il dit en lui déposant un baiser sur ses lèvres. Voilà comment tout avait commencé. Comment la situation avait changé. Elle avait pris leur voiture et s'était dépêchée de rentrer chez eux. Elle l'attendu pendant près de deux heures. Jusqu'à ce que la police sonne à sa porte. « Vous êtes Mademoiselle Grimm ? » Une énorme vague de peur l'envahit, elle sentait que quelque chose n'allait pas. En même temps, quelle police sonnerait à la porte chez des gens pour annoncer que tout va bien ? Aucune. Pourquoi des policiers se tenaient devant elle et pas son chéri ? Pourquoi la regardaient-ils d'un air aussi grave ? Une boule se formait dans sa gorge alors qu'ils commencèrent à parler. Et puis, la vérité éclata. Cruelle, injuste. Et avec elle, les larmes de la jeune fille. Elle ne pouvait s'arrêter de pleurer toutes les larmes de son corps. Ses jambes vacillèrent alors qu'elle tomba sur le sol, sous le choc. Son amoureux venait de se faire tuer dans un accident de voiture alors qu'elle avait appris ce matin-même qu'elle était enceinte de deux mois de son enfant.