Aaron Lawford MESSAGES : 14387 ARRIVÉE : 12/01/2011
| Sujet: blame it on the alcohol ✈ rose-elyon&abbey. Ven 24 Fév - 15:17 | |
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on se jette, on se prend contre un peu d'éphémère. La mer était belle, douce et calme. Les vagues venaient s’échouer sur le sable avec caresse, avant de repartir dans les profondeurs des eaux. Le sable fin caressait mes orteils avec picotement, et le vent manquait de m’emporter à certains moments, tellement il était fort. La nuit avait déjà envoutée la petite Arrowsic depuis longtemps. Les étoiles brillaient discrètement dans le ciel, et la lune éclairait les visages encore éveillés. Il faisait froid. Peut-être trop froid. J’avais enfilé un gros manteau en fourrure, un autre souvenir de New York, et un short en cuir ainsi que des collants, ce qui ne s’avérait pas être une très bonne idée. Mais j’avais pris ce qui me passait sous la main, pensant que la nuit serait douce. Je m’étais bien trompée, et bientôt le froid venait paralyser mes os. Je pris alors dans ma poche une cigarette et l’alluma avec difficulté, à cause du vent. Je ne fumais plus, plus depuis que j’étais revenue à Arrowsic, mais ce soir-là, j’en avais terriblement besoin. Tout comme j’avais horriblement besoin de m’enivrer d’alcool. Je voulais juste oublier, oublier cette vie qui me brisait les côtes, oublier mon passé qui m’enfonçait dans la terre. J’approchais la cigarette de ma bouche et me délectait de sa substance dans mon palais. La fumée grise sortait de ma bouche et s’échappait avec le vent. Mon petit cœur se réchauffa alors au contact de cette substance nocive. Le regard perdu dans les vagues, je finis par m’assoir sur le sable froid, seule devant ce paysage qui vivait continuellement.
Je jetai un regard à mon téléphone. Il était deux heures du matin, et tout Arrowsic dormait paisiblement dans leur petite maison douillette. Demain ils se réveilleraient et ils iraient travailler, ils iraient faire ce qu’ils faisaient tous les jours : c’était la monotonie de cette petite ville. Chaque jour, c’était la même chose, chaque jour, c’était le même quotidien, les mêmes trajets, et ça allait aux habitants qui vivaient ici. Et moi, dans tout ça ? J’aimais ce quotidien tranquille et paisible, mais moi, je n’avais nulle part où aller, je n’avais rien à faire. A part aller travailler au Muffy’s, bien sûr. Le problème, c’était que moi, je vivais dans une incertitude qui me tourmentait l’esprit. Alors que d’autres étaient promis à une brillante carrière d’avocat, moi je ne savais rien de mon avenir. C’était le flou total, le néant. J’avais beau essayé d’avancer, je ne pouvais pas éviter les obstacles qui se cachaient dans le noir. Ainsi les ténèbres s’abattaient sur mes épaules avec fureur. Je n’en pouvais plus. Je voulais juste être heureuse, je voulais juste goûter au bonheur. Alors pourquoi n’y arrivais-je pas ? Pourquoi ce bonheur qui enivrait les gens autour de moi me paraissait inaccessible ? Je tirai une autre bouffée sur ma cigarette, et recrachai la fumée avec amertume. Seule face à l’immense mer, je me sentais petite. Incroyablement petite. Presque transparente.
Heureusement pour moi, Rose-Elyon n’allait pas tarder. Je lui avais envoyé un message pour qu’elle vienne ici, avec moi. J’ignorais beaucoup de choses à son sujet, mais j’étais sûre d’une chose : elle avait autant besoin d’alcool que moi j’en avais besoin. Nous étions comme liées par une corde invisible. Elle aussi avait ressenti l’envie d’oublier tous ses problèmes, son passé, absolument tout. Et pour ça, je ne connaissais qu’un seul bon moyen : l’alcool. J’avais ramené une bouteille de vodka, une bouteille de tequila, une Jack’s Daniel et quelques bières. Cette nuit-là, rien n’importait. Il n’y aurait que nous, les bouteilles et la mer. Et à côté de ça, la vie ne signifierait rien. Parce que ma souffrance était plus grande que cette putain de vie qui me consumait, et parce que mon désir de m’en échapper était plus forte que tout.
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