Sarah s'arrêta au coup de sifflet, essoufflée. Elle s'appuya sur ses genoux, priant le ciel pour que le professeur leur permette d'aller dans les vestiaires le plus tôt possible. Elle n'allait certainement pas survivre à vingt autres minutes d'endurance. De tous les sports qui lui étaient donnés de faire au lycée, celui-là était celui qu'elle détestait le plus. Et pourtant, bien des gens avaient essayé de le lui faire aimer. Vous savez, ces gens qui clament que courir leur fait du bien, et que quand ils ont besoin de se vider la tête, un petite course les aide. Pour Sarah, ces gens étaient fous, parce que quand bien même elle se forçait et se disait que ça ne pouvait faire de mal à sa ligne, elle se retrouvait au bord de la mort, étalée par terre en mode étoile de mer. Elle était même allée jusqu'à la crise d'asthme il y a deux ans. A côté d'elle Serena Jenner n'était pas essoufflée. Normal, cette fille était surhumaine. Rien que son physique était surhumain, on avait l'impression qu'elle sortait tout droit d'une de ces séries qu'on regarde à la télé. Bref, cette fille était désespérante. Mais là, tout de suite, elle avait le visage strié de larmes. Impossible de les confondre avec de la sueur, ses yeux étaient aussi rouges qu'un champ de coquelicot. Sarah baissa la tête vers le sol, un peu mal à l'aise, espérant que la jeune fille ne lui poserait pas de questions, comme le faisaient nombre de filles que Julian larguait. « Sarah ? » fit sa petite voix, saccadée à cause de la course. La rousse leva les yeux au ciel en secret, et se tourna vers la jolie blonde. « Est-ce que tu crois qu'il reviendra, pour une fois ? » Elle se tut, ne sachant pas trop quoi répondre. Bien sûr que non, il ne reviendrait pas, ma belle. Il était déjà d'ailleurs passé à autre chose sans l'ombre d'un doute. Sarah détestait quand les ex-petites amies de son meilleur ami la prenaient comme réponse à leurs questions. Sarah elle-même avait du mal à accepter le comportement de Julian avec toutes ces pauvres filles. « Tu crois qu'il se rendra compte que je suis celle qui peut le changer ? » continua-t-elle. Sarah ferma les yeux et se pinça les lèvres. Le professeur les interrompit en demandant aux élèves de retourner dans les vestiaires. Sarah se redressa, et regardant Serena, qui était plus grande qu'elle, elle finit par déclarer d'un ton contrit : « Je pense que tu devrais passer à autre chose, ma belle. » Et elle s'en alla se changer.

Sarah courut de nouveau vers la salle de chimie. Elle prenait toujours trop de temps dans les vestiaires après le sport, profitant de l'eau chaude, prenant le temps de sécher ses cheveux et de se remaquiller. Seulement voilà, le temps entre les cours était réduit, et ça ne l'aidait pas beaucoup. Heureusement pour cette fois, elle pu s'asseoir avant que le professeur commence son cours, déposant avec précipitation son sac sur la table. Julian était déjà là, jouant avec son crayon de bois. En posant ses affaires sur la table, Sarah ne pu louper le fait qu'il était en train de dévisager Birdie Ryan. Il ne l'avait même pas entendue débarquer dans la salle. Elle leva les yeux au ciel pour la deuxième fois de la journée, et prit place à côté de lui, se hissant sur le tabouret. Leur professeur s'affairait sur des préparations douteuses, ce qui lui laissa le temps de parler à son meilleur ami, l'arrachant à sa bulle. Elle était déjà assez énervée comme ça pour qu'il l'ignore au profit d'une nouvelle blonde. « T'es déjà sorti avec Birdie. Si tu te mets au recyclage tu seras descendu bien bas. » fit-elle sèchement, sortant son stylo plume de sa trousse en cuir. « Sans compter qu'elle se mettra à penser que tu as changé et qu'elle a été celle qui a réussi le tour de force. » continua-t-elle, se rappelant de ce que Serena lui avait dit quelques minutes plus tôt. Sarah en avait assez d'être le médiateur. Elle avait déjà eu affaire à Birdie et ne la portait pas vraiment dans son cœur, puisque la jeune femme avait passé des semaines à la prendre pour coupable de sa rupture avec Julian. Il lui semblait se rappeler qu'elle lui avait reproché d'être tout le temps dans le paysage, à la regarder d'un œil noir. Alors que c'était totalement faux, Sarah n'aimait juste pas le fait qu'elle se trimballe avec des décolletés un peu trop plongeants. Julian sortait avec toutes sortes de filles, mais les vulgaires, ça, Sarah ne cautionnait pas, et n'était pas prête de cautionner.

« et s'il te plaît, la prochaine fois que tu largues une fille, dis-lui de pas venir me voir après pour en connaître pour les raisons ou pour savoir si tu es toujours amoureux d'elle. » finit-elle par dire, ne laissant pas le temps à son meilleur ami de dire quoi que ce soit. Il était temps qu'il prenne conscience que ses actes avaient une retombée certaine sur le bien-être et la vie de sa meilleure amie, non mais. « Tu verras, quand un jour un de mes petits amis viendra te voir, tu comprendras combien c'est chiant. » Bon, certes, ce n'était jamais arrivé dans ce sens là, mais c'était normal. Sarah était bien trop exigeante, contrairement à Julian. Aucun garçon à Arrowsic ne semblait digne d'elle. Les gens passaient leur temps à dire que c'était peut-être parce qu'elle se croyait mieux que tout le monde. Sarah en riait gentiment. C'était les garçons à qui elle avait foutu des râteaux qui étaient à l'origine de tout ça. En même temps, elle n'attirait que les moches, les premiers de la classe qui n'avaient rien de très sexy, ou les cons qui voulaient pouvoir crier sur les toits qu'ils avaient dépucelé la petite Sarah Wayland. Dans le genre boring.. Ce n'était pas être exigeante, ça, c'était ne pas accepter n'importe quoi, nuance.

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« On se voit là-bas, du coup ? » Elle posa langoureusement ses mains sur le bord de la table de Julian qui prétendit ne pas jeter un œil furtif à son décolleté plongeant (on avait l'impression que sa poitrine allait s'écraser sur la table du brun, c'était à la fois excitant et complètement dégoûtant). Il planta ses yeux verts clairs dans ceux, d'un bleu plus doux, de Birdie Ryan et un sourire écarta en coin ses lèvres. Sourire qu'elle trouva totalement craquant et sourire qu'il avait longuement travaillé devant son miroir avant de le montrer, tout fier, à Sarah. Sa meilleure amie lui avait dit sans pincettes qu'il avait l'air complètement débile ce faisant mais, apparemment, les autres filles du lycée ne semblaient pas penser la même chose. Elles semblaient même penser que ce sourire était charmeur, magnifique, mignon, beau, awesome, bref, Reynoldesque. Julian n'avait aucune envie de s'engager dans un truc avec Birdie Ryan. Si sa mémoire était bonne, ils étaient déjà sortis ensemble. Il se souvenait plus très bien. Jule avait un peu une mémoire merdique, en fait. Surtout concernant les filles avec lesquelles il étaient sorti. Généralement, c'était Sarah qui le lui rappelait avant qu'il ne se mette en chasse (heureusement d'ailleurs) et il lui faisait confiance aveuglément. D'ailleurs, sa meilleure amie ne semblait toujours pas arriver. Soupirant légèrement, il glissa un regard vers sa montre. « Je verrai si j'ai pas un truc de prévu mais sinon, oui on se voit là-bas. » finit-il par sourire à l'adresse de Birdie avant de sortir son téléphone, signifiant clairement qu'il avait d'autres chats à fouetter en cet instant précis plutôt que de mater sa paire de nichons ballants. Pourtant, le Blackberry du jeune homme n'avait ni vibré, ni sonné et il n'avait aucun texto à répondre. Il préférait juste pianoter d'un air désabusé dessus plutôt que de discuter avec Birdie. Il l'aimait beaucoup, hein. Enfin comme une amie. Une ex. Mais bon. Il avait senti son regard sur lui, en cet instant précis, et savait pertinemment qu'elle n'avait qu'une seule idée derrière la tête : le ramener à cette fête coûte que coûte pour le faire revenir avec elle. Il adorait se faire désirer. Il finit par se récolter le regard noir d'un professeur et, soupirant, il rangea son cellulaire en s'emparant de son crayon à papier, pensif, attendant avec impatience sa meilleure amie qui, une fois n'était pas coutume, était en retard en chimie. Ah, celle la, dès qu'elle avait sport, elle se sentait obligée de se refaire toute une beauté. Julian la soupçonnait d'ailleurs de se refaire les ongles entre les deux cours. Pour rien au monde, il le savait, Sarah Wayland aurait voulu arriver en retard au cours de chimie. Mais pour rien au monde non plus elle aurait voulu venir en cours pleine de sueur, à bout de souffle et avec des ongles inégaux, évidemment. Toutes pareilles, les meufs, pensa-t-il en voyant enfin sa rousse préférée arriver. Un sifflement lui fit tourner la tête et Birdie lui adressa un long regard langoureux, lui envoya un baiser du bout des lèvres en lui articulant que la fête serait une fête géante. project x like lut-il sur ses lèvres. Il s'apprêtait à lui répondre et à se tourner vers Sarah pour la saluer (ils ne s'étaient pas vus ce matin car juste avant, Sarah avait sport et lui non, notamment car il faisait du baseball et donc il venait de commencer les cours alors qu'elle venait de se taper deux heures de course) mais elle le prit de court : « T'es déjà sorti avec Birdie. Si tu te mets au recyclage tu seras descendu bien bas. »

Son ton était sec, un brin plus distant et hostile que d'habitude. Comme toute réaction, Julian arqua un sourcil surpris en faisant tourner son crayon dans sa main. « Sans compter qu'elle se mettra à penser que tu as changé et qu'elle a été celle qui a réussi le tour de force. » Elle avait pas tort. Julian haussa les épaules en l'entendant en détournant le regard, se trouvant tout d'un coup une grande fascination pour son crayon qui, inlassable, tournait entre ses doigts à toute vitesse. Il voyait bien qu'elle n'avait pas fini et se contenta d'afficher une moue vaguement boudeuse sans rien rajouter. « et s'il te plaît, la prochaine fois que tu largues une fille, dis-lui de pas venir me voir après pour en connaître pour les raisons ou pour savoir si tu es toujours amoureux d'elle. » « J'te rassure, je l'ai jamais été. » fut la seule phrase qu'il réussit à marmonner, autant à lui qu'à elle. Julian ou comment passer pour un monstre sans cœur : leçon un. Il comprenait parfaitement pourquoi Sarah s'énervait un peu. Pourquoi elle voulait pas faire le facteur qui récitait à Julian ce que son ex faisait et qui récitait à son ex ce que Julian faisait. Il comprenait parfaitement. Mais il pouvait rien y faire. Il allait pas dire, à toutes les filles avec lesquelles il sortait : oh, d’ailleurs, laisse ma best' en dehors de tout ça s'teuplaît, elle a rien fait parce que ses exs étaient faites pour aller vers la meilleure amie du gars. C'était toujours comme ça. Sauf que bon, au final, Jule n'était jamais sorti à deux reprises avec une fille. « You go talk to your friends talk
 and my friends talk to me 
but we are never ever ever ever getting back together » chantait Taylor Swift et ça résumait parfaitement la vie amoureuse de Julian Reynolds. « Tu verras, quand un jour un de mes petits amis viendra te voir, tu comprendras combien c'est chiant. » Cette fois, et un peu méchamment même s'il en était inconscient, Julian éclata d'un long rire tonitruant en l'entendant. Heureusement pour lui, le professeur était dur de la feuille et la sonnerie sonna à ce moment là, couvrant partiellement l'immense et improbable esclaffe du jeune homme. Il se calma rapidement, sérieux, en marmonnant un « mais bien sûr » de circonstances. Après tout... eh bien, Sarah était pas le genre de fille à sortir avec un mec. Ou des mecs. Ou même carrément avec quelqu'un sur Terre. « J'aime bien le fait que tu envisages le pluriel. Ou même que t'envisages tout court de sortir avec un garçon – on commençait à se poser des questions, tu sais. Mais quand même. Tu vois gros. » Il se mit à imiter la voix, qu'il imaginait stridente, de la mère de sa meilleure amie : « tu l'embrasses et tu l'épouses, n'oublie pas ! » avant de rire encore un peu. Il leva les yeux au ciel avant de passer un bras autour du cou du profil de Sarah pour l'attirer contre lui et lui embrasser la joue bruyamment. « Te vexe pas, va. Je sais bien que t'es un vrai bourreau des cœurs qui s'ignore, en fait. » lâcha-t-il en la relâchant sous le regard affligé de leur professeur, un grand sourire venant éclairer le visage de brun. Il reprit sa position initiale et s'empara à nouveau de son crayon, sortant une feuille de classeur pour annoter tout ce que le pédagogue dictait à un rythme infernal.

« Je recycle pas Birdie, meuf, juste que tu vois elle m'a invité à cette fête géante jeudi et, aussi étonnant que cela puisse paraître, je songe sérieusement à y aller. » Il s'arrêta d'écrire et leva le regard vers la rousse. « Mais bon, j'ai pas envie de me retrouver coincé tout seul entre elle, Mary et Reagan donc je me demandais si ça te dirait de m'accompagner ? Ce sera juste une petite soirée avec les gens de notre classe. No prob'. Donc ça te dit, Sainte Sarah ? » Il avait commencé à l'appeler comme ça lorsqu'il avait appris qu'elle n'avait jamais embrassé de garçon de sa petite sainte vie. Un grand sourire confiant s'invita sur les lèvres de Julian. « Allez, Sarah, dis oui. Ca va être sympa. C'était pas sur ta liste, d'ailleurs ? « finir complètement torchée avec mon meilleur pote trop beau à une soirée sympa mais démente » ? Je crois l'avoir vu sur la deuxième page. Tu peux vérifier, si tu veux, mais j'en suis sûr à quatre-vingt-huit pourcents. »

Julian éclata quasiment de rire à l'idée qu'un jour, un des petits amis de Sarah puisse venir le voir en lui demandant pourquoi elle l'avait largué. Autant dire que la jeune femme le prit très mal. Elle avait beau aimer son meilleur ami, parfois, elle ne supportait pas le fait qu'il ne croit pas en son pouvoir de séduction, mais aussi au fait qu'elle puisse larguer un mec. Oui, elle vivait toujours dans ce rêve du prince charmant, et si un jour, elle arrivait à se trouver un petit ami convenable, elle ferait tout pour que ça dure le plus longtemps possible mais.. Pourquoi les gens étaient-ils aussi bornés à penser qu'elle était le genre de fille à se marier à vingt ans et à finir sa vie avec le même homme ? C'était l'une des nombreuses étiquettes qu'on lui collait à tort. L'idée de l'amour éternel était une illusion, et elle le savait. Jamais elle ne trouverait le bon du premier coup, c'est clair mais.. ce n'était pas une tare de l'espérer. « mais bien sûr » commença-t-il, ajoutant un peu au courroux de la jeune rousse qui fronça les sourcils d'un air offensé. « J'aime bien le fait que tu envisages le pluriel. Ou même que t’envisage tout court de sortir avec un garçon – on commençait à se poser des questions, tu sais. Mais quand même. Tu vois gros. » Elle baissa le regard sur sa feuille, essayant de ne pas s'énerver, serrant son crayon si fort que ses doigts blanchirent. Julian avait de la chance qu'ils soient en classe, parce qu'elle l'aurait étripé en place publique, sinon. Elle se promit de rajouter une nouvelle clause à la liste : "prouver à julian qu'il a tort sur moi et les garçons." Elle leva la tête vers le tableau et fit mine de l'ignorer, tandis qu'il imitait sa mère, plutôt bien d'ailleurs. Sarah s'empêcha de rire pour montrer à son meilleur ami qu'elle lui en voulait pour ce qu'il venait de dire. Dans les yeux des autres, elle avait l'impression d'être une décoration avec le sex-appeal d'une truite. Julian n'allait quand même pas s'y mettre, il l'une des seules personnes qui lui donnait l'impression qu'elle servait vraiment à quelque chose, quelque chose de cool, hein. Parce que le tutorat avec Jason Blackner ne comptait pas, et la présidence du conseil des élèves non plus. Finalement, peut-être parce qu'il avait vu qu'elle était légèrement énervée par tout ça, il passa un bras autour de son coup et embrassa sa joue en faisant un bruit dégueulasse. « Te vexe pas, va. Je sais bien que t'es un vrai bourreau des cœurs qui s'ignore, en fait. » Elle le repoussa alors qu'il la relâchait. Ce mec pouvait vraiment être bête, mais c'était sans aucun doute pour çà qu'ils s'aimaient autant, tous les deux. Le professeur se retourna sur les deux adolescents, et alors que Julian se plaisait à lui envoyer un sourire, Sarah prit un air contrit. Elle détestait décevoir ses professeurs, et beaucoup se demandaient pourquoi ces deux-là étaient meilleurs amis. Mais voilà, c'était inexplicable. C'était Sarah, c'était Julian.

La jeune femme commença à prendre des notes à toutes vitesse, utilisant le code qu'elle avait inventé il y a trois ans de cela pour prendre plus vite les informations que les professeurs leur donnaient. Elle détestait l'idée de rater un seul mot du cours, et ne pouvait pas vraiment compter sur son abruti de meilleur ami si elle n'entendait pas une phrase. Lui et les notes, ça faisait un peu deux, et dire qu'il arrivait à se débrouiller quand même. « Je recycle pas Birdie, meuf, juste que tu vois elle m'a invité à cette fête géante jeudi et, aussi étonnant que cela puisse paraître, je songe sérieusement à y aller. » Encore heureux, qu'il ne recycle pas Birdie, pensa Sarah. Elle ne trouvait pas ça si étonnant, qu'il veuille y aller. Il était un habitué des soirées, et elle savait très bien que ce qu'il allait y chercher, ce n'était pas une ex, mais une nouvelle conquête, as usual. Elle ne répondit pas, parce qu'elle n'avait rien à répondre, mais remarqua que son meilleur ami avait arrêté d'écrire. « Mais bon, j'ai pas envie de me retrouver coincé tout seul entre elle, Mary et Reagan donc je me demandais si ça te dirait de m'accompagner ? Ce sera juste une petite soirée avec les gens de notre classe. No prob'. Donc ça te dit, Sainte Sarah ? » Sarah tourna des yeux grands ouverts vers le jeune homme, qui semblait être parfaitement sérieux. Elle resta sceptique quelques secondes avant de lever les yeux au ciel et de se remettre à ses notes. « Allez, Sarah, dis oui. Ça va être sympa. C'était pas sur ta liste, d'ailleurs ? « finir complètement torchée avec mon meilleur pote trop beau à une soirée sympa mais démente » ? Je crois l'avoir vu sur la deuxième page. Tu peux vérifier, si tu veux, mais j'en suis sûr à quatre-vingt-huit pourcents. » Elle se mordit la lèvre, et reboucha son crayon pendant que le professeur était en train d'écrire quelque chose au tableau. « Ce n'est certainement pas sur ma liste, mon joli, je m'en souviendrais, et puis, je sais pas si j'ai vraiment envie de te voir complètement torché, actually. » avoua-t-elle. En réalité, ses soirées, elle les avait imaginées sans lui, parce que Julian dans les parages, il était évident que ça allait la freiner de faire n'importe quoi. Pourquoi ? Parce qu'elle se sentirait obligée de le surveiller et donc, ne pourrait pas faire ce qu'elle veut.

Et puis il y avait ce truc, dont elle n'avait pas parlé à Julian, encore. Cette soirée à laquelle elle avait prévu d'aller, parce que Eirlys l'avait invitée. Elle avait préféré ne rien dire à son meilleur ami parce qu'elle savait qu'il aurait sûrement eu envie de s'incruster et.. Et en fait, elle ne savait même pas pourquoi. Elle n'avait juste pas envie qu'il soit là, il ne voulait pas qu'il la voit différente de ce qu'elle était avec lui en général, quand bien même elle voulait lui prouver qu'elle n'était pas "sainte sarah". « Je... » commença-t-elle. Elle devait bien lui dire, puisque d'après sa liste, normalement, elle n'avait aucune raison de dire non. « A vrai dire, j'ai déjà quelque chose de prévu. J'ai une soirée moi aussi mais.. ce n'est pas celle de Birdie. » elle se tut, attendant la réaction de celui à qui elle n'avait jamais dit une chose pareille avec une certaine fierté.

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« Ce n'est certainement pas sur ma liste, mon joli, je m'en souviendrais, et puis, je sais pas si j'ai vraiment envie de te voir complètement torché, actually. » Il roula des yeux en souriant légèrement. Il n'y avait définitivement que sarah pour le faire sourire ainsi, de toutes ses dents et avec toute la joie qu'il avait gardé en lui malgré tout, malgré la vie. Pourtant la journée avait plutôt mal démarré pour le jeune reynolds, notamment quand son père lui avait aigrement rappelé que l'anniversaire – de naissance, de mort, c'était trop triste – de sa mère était cette semaine et qu'ils allaient certainement retourner dans le texas pour aller voir toute la famille. Le fait de revoir ses petits cousins et cousines enchantait vraiment julian. Fêter l'anniversaire de sa mère, un peu moins. C'était un peu glauque quand même. Mais il savait bien que ça ferait plus ou moins plaisir à son père qui, tout comme julian auparavant, était à son plus bas. « T'en fais pas, sainte-sarah, je suis du genre sage. » dit-il avec un grand sourire. Il n'était même pas convaincant, pour un menteur invertéré. Si sarah avait eu la chance d'être sur des réseaux sociaux – sa mère le lui interdisait et julian était bien décidé à la mettre sur facebook coûte que coûte, franchement, on était plus au dix-neuvième siècle –, sarah aurait certainement vu toutes les photos de jule où celui-ci était un peu plus que torché. Et puis, elle n'avait même pas besoin de les voir pour le savoir. Parfois, julian se faisait la réflexion que l'alcool était la solution à tout. Ca l'engourdissait, lui troublait la vue, tout le reste aussi et puis... ça libérait, d'une certaine manière. Ok, l’atterrissage était pire que violent mais c'était peu cher payé par rapport au soulagement de ne plus avoir ce putain de poids sur les épaules. Il avait toujours eu l'impression que la mort de sa mère était aussi un peu de sa faute. Il aurait pas dû fumer ces quelques cigarettes en face d'elle et tout ça. Il aurait pas dû l'empoisonner avec sa tristesse. Il aurait dû lui sourire et tout. Pas faire le con. Y repenser.. c'était horrible. Alors l'alcool, ça devenait bien. Il détourna les yeux de sa meilleure amie en étouffant un soupir contre lui-même, s'accrochant au tableau avant de prendre en note ce que disait le professeur. « Je... » commença sa voisine et il finit d'écrire son mot avant de glisser ses yeux en coin vers elle. Sarah avait l'air de chercher ses mots et il attendit patiemment, le visage fermé. « A vrai dire, j'ai déjà quelque chose de prévu. J'ai une soirée moi aussi mais.. ce n'est pas celle de Birdie. » Il se dérida aussitôt. Son train de pensée était plutôt évident. Il ouvrit la bouche, les lèvres rieuses, pour lui demander quand c'était et à quelle heure il pouvait passer la chercher. Mais son regard. Il était un peu plus qu'évident mais julian ne put se résoudre à écouter le message qu'elle souhaitait lui faire passer. Sans n'avoir rien dit, il fermât la bouche. Elle ne voulait pas qu'il vienne.

Il se passa la langue sur les lèvres, hésitant, avant de détourner les yeux pour recommencer à prendre des notes. « Eh bien.. c'est super ça. » dit-il et son ton est un peu amer. Sarah le connait trop. Elle entendra le ton amer. Alors jule se racle la gorge et tourne à nouveau la tête vers elle avec un grand sourire. Julian est devenu un pro du grand-sourire-qu'on-ne-ressent-pas. Maintenant, même sarah se laisse avoir par l'illusion. Il n'a pas envie de lui casser sa joie en plus. Il a entendu la fierté dans sa voix, comme si elle était contente de le planter là, tout seul. Il le prend pas pour lui, cependant. Il est même plutôt content qu'elle se dévergonde un peu. Mais bon. Ca aurait été encore mieux si elle se dévergondait avec lui. Mais il sourit. Tellement plus simple de sourire et de boire. « Tu me raconteras, alors ? dit-il avec un ton enthousiaste. Je suis sûr que tu vas super bien t'amuser. Mais fais gaffe aux excès, hein ? » Le ton était sincère, très soucieux. Comme quoi il tenait beaucoup à elle et voulait tout sauf qu'elle finisse comme lui, la clope au bec et l'alcool triste. Il lui donna une tape dans le dos. « Ahlala, ma sarah grandit, mon dieu, je me sens tout chose. » s'esclaffa-t-il avant de retourner à sa copie. Il arrêta complètement de prendre des notes pour faire des petits dessins de stickmen colorés s'entretuant. Le bleu, c'était lui. Le rose, c'était la meuf qui avait invité sarah à une fête où lui-même n'était pas convié. Puis, comme si il venait tout d'un coup de s'en souvenir, il sursauta comme s'il avait reçu un coup d'électrochoc. Sarah lui adressa un regard plein de questions mais il l'ignora, se retourna sur sa chaise pour croiser le regard que birdie venait de lever. « Ca marche pour vendredi. On va bien se bourrer la gueule. » Birdie sourit légèrement en pensant : le poisson est ferré, julian reynolds sera à nouveau à moi pour le week-end. « A la bonne heure ! » Puis, comme si rien ne s'était déroulé il y a un mois, julian lui fit clin d'oeil appuyé en retournant face à sa copie, ignorant toujours impunément sarah. Oui. Il était vexé. Atrocement vexé. Si bien que quand l'heure fut achevée et que le professeur leur accorda une pause – hallelujah, ce n'était pas dans ses habitudes mais la classe avait été insupportable tout du long : l'annonce de la fête de birdie en avait enflammé plus d'un vu que quasiment tous les élèves étaient invités –, julian sortit d'un coup dans le couloir comme s'il était monté sur ressort. Il alla boire un peu dans les toilettes avant de revenir dans la salle de cours en attendant que l'interclasse s'achève. Il lui restait à peine cinq minutes. Quelques élèves étaient assis sur les tables, à discuter avec enthousiasme alors que sarah n'avait pas bougé. Il reprit place à côté d'elle. Elle avait sûrement honte de lui, pensa julian. Oui, ça devait sûrement être ça. Qui aurait voulu se traîner la cloque reynolds au sortir d'une fête, de toutes manières ? Il serra les dents puis les doigts sur son crayon. « ça te dit ce soir on va bouffer une pizza ensemble ? » finit-il par dire d'une petite voix en tournant le regard vers sarah, toujours tendu au possible, presque timide. « ou tu as autre chose de prévu de vachement plus awesome et génial ? » l'amertume, encore. Il faisait vraiment un terrible ami.