Ça avait recommencé, encore et encore. A force, c'était devenu une habitude. J'avais mal physiquement bien sûr, mais moralement encore plus. Je ne comprenais pas pourquoi il était comme ça. Enfin si, j'avais appris à comprendre, car c'était son caractère, mais j'étais triste pour lui, car je savais qu'il souffrait. Peut-être même plus que moi. Zachary n'a pas une vie facile, c'est le moins que l'on puisse dire, et je ne pensais pas à moi, je pensais à lui. J'aurais aimé comprendre ce qui lui passait par la tête, mais je crois que je ne le saurais jamais. Ce côté si mystérieux me faisait craquer. Zachary me plaisait énormément, et j'étais vraiment folle de lui, à tel point que j'en oubliais la douleur. Nous n'avions pas une relation amoureuse très compliquée, mais si je devais choisir, je garderais Zachary. Étrange ce sentiment qui m'envahissait à chaque fois que je le voyais. Il avait beau ne pas se faire aimer, moi, je l'aimais de tout mon cœur, comme je n'ai jamais aimé. Avec lui, je me sentais sur un petit nuage. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Et bien qu'il soit violent, je ne pouvais me détacher de lui. C'était la vie, et je crois que j'aurais été jalouse si quelqu'un d'autre était à ma place. Il ne pouvait que m'aimer, je voulais être son centre d'intérêt.

Nous étions dans un parfait silence. On ne disait rien, laissant les pensées nous envahir. Je scrutais la mer, écoutant le bruit des vagues qui se déposaient sur le sable, et qui s'en allaient avec le vent. Nous ne parlions pas très souvent entre nous, car nos regards et les gestes disaient tout. Il n'avait pas besoin de me dire qu'il m'aimait pour que je le sache, bien que parfois j'aurais aimé qu'il me le dise. Cette situation ne me gênait pas, j'avais eu l'habitude. Après de longues minutes, il finit par m'adresser la parole. Je me retournais pour le regarder dans les yeux. Mon dieu, il était juste magnifique. Je n'ai jamais vu une telle beauté chez un homme. J'aurais aimé l'embrasser, pour avoir un peu d'affection, mais je n'osais pas. Je préférais lui répondre avec ma douce voix. « Si je reste, c'est parce que je t'aime, et tu le sais. »

Je ne savais pas quoi lui dire. Pourtant, j'essayais de lui prouver mon amour à chaque fois qu'on se voyait. Je pensais qu'il l'avait compris. Je l'aimais de toutes mes forces, et jamais je ne laisserais échapper ce sentiment si agréable. Je savais que pour moi, ce n'était pas bien de rester avec Zachary, mais mon amour était trop fort. Mes proches ne comprenaient pas, car ils ne savaient pas ce que je ressentais. Il ne me regardait plus. J'aurais aimé savoir à quoi il pensait. « Zachary, tu m'aimes toi aussi, hein ? »

Je posais vraiment des questions idiotes. Ce n'était pas le genre de questions qu'il fallait poser à quelqu'un comme Zachary. Je m'en voulais déjà d'avoir parlé. Pourquoi n'avais-je pas réfléchi avant d'ouvrir la bouche ? Je savais très bien qu'il avait du mal à exprimer ses sentiments. Je me sentais idiote, et je ne savais plus où me mettre. Je balbutiais d'une voix assez minable: « Euh.. désolé, tu n'es pas obligé de répondre »

Je lui avouais mes sentiments, même s'il le savait déjà, je me demandais comment il pouvait rester impassible à mes mots. J'aurais aimé savoir ce qu'il pensait, car même si je le connaissais bien, il y avait des signes que je n'arrivais pas encore à décrypter. Ce visage figé, ce regard perdu, c'était une statue qui était assise à côté de moi. J'avais envie de pleurer. Même si je savais que pour lui, c'était dur d'ouvrir son cœur, j'aurais aimé qu'il me prouve son amour. Juste une fois, au moins une fois. C'était arrivé, il y a quelques temps, mais depuis, plus rien. Je désespérais. Et si je perdais mon temps ? Et si il se fichait de moi ? Et si je ne signifiais rien pour lui ? Et si nous n'étions pas destinés à être ensemble ? Pourtant, le destin nous avait réuni. J'avoue douter très souvent, mais mon amour était si fort, si intense, que mes doutes étaient toujours oubliés. Je le regardais, et j'essayais de le comprendre, mais je me dis, que, pour le comprendre, il fallait vivre ce qu'il a vécu. Je ne disais plus rien, j'étais absorbé par mes pensées, et je pense que lui aussi. Il scrutait l'horizon avec beaucoup d'admiration. Il était si silencieux. Je sentis sa main soudainement sur la mienne. Sa main chaude et rassurante. Je me sentais frémir. C'était pourtant un simple signe d'affection, mais de la part de Zachary, cela révélait du miracle. Il ne parlait pas, mais ce geste parlait pour lui. C'était sans doute pour lui une réponse. Réponse pas très convaincante, certes, mais je m'en satisfaisait.

Ensuite, il ne dit rien, pendant un certain temps. Parfois, je le regardais, mais lui, il ne me regardait pas. Et à chaque fois je baissais les yeux, en signe de désespoir. Je devais me rabattre, comme lui, sur la vue de la mer. Nous étions deux statues, portant le regard sur la mer d'Arrowsic. Il n'y avait rien de plus triste, car on s'aimait. D'habitude, les gens qui s'aiment font autre chose que de regarder la mer. D'habitude, ils vont au restaurant, ils s'embrassent, ils vont au cinéma. Mais tout ça, ce n'était pas pour nous. Nous, nous n'avions pas une histoire de couple comme tous les couples justement. Je savais que la routine ne me plaisait pas toujours, mais là, c'était vraiment spécial. Je ne serais donc jamais heureuse ? Peut-être que le bonheur ne veut pas venir à moi, peut-être que je ne le mérite pas.

Sa question brisa ce silence dévastateur. Quand il parlait, cela me rassurait, cela me prouvait qu'il était encore avec moi, et pas ailleurs. Au moins, je savais qu'il était à mes côtés, et que je ne le perdais pas. Je n'aimerais pas le perdre à nouveau, je crois que j'en souffrirai beaucoup, peut-être trop. Je ne préférais pas penser à cela. Pour moi, tout ce qui comptait, c'est qu'il était là. « Non, ça ne s'explique pas. C'est la vie. » Et j'étais heureuse, que la vie ait choisi Zachary pour moi. Je ne savais pas pourquoi, mais je ressentais constamment le besoin de lui prouver mon amour. Peut-être que j'en faisais trop, peut-être que j'étais trop collante pour lui, voire trop démonstrative. D'habitude, je ne l'étais pas, mais avec lui, c'était différent. J'avais envie de lui avouer tout ce que je ressentais, pour que jamais il ne me quitte. J'avais toujours peur qu'il s'en aille. J'avais peur de beaucoup de choses en fait. « Mais je ne t'échangerai pour rien au monde. » Je savais qu'il n'allait pas me répondre, comme à chaque fois que je lui disais que je tenais à lui. Je posais alors mes yeux sur la mer, qui était omniprésente ce jour-là. Cependant, le bruit des vagues m'apaisait un peu. Pour changer de sujet, je lui dis: « C'est beau ici, tu ne trouves pas ? » En fait, je ne voulais pas vraiment changer de sujet, mais je sentais que parler de nous le dérangeait un peu. Je soupirais. La vie n'était pas aussi facile que je le pensais, et je l'avait parfaitement compris à présent.

Nous plongions souvent dans un silence cérébral. J'avoue que cela me déconcertait assez. On pensait beaucoup, sans savoir ce que l'autre pensait. J'essayais d'imaginer ce que lui pensait de moi. Sans doute pensait-il que j'étais jolie et gentille, mais que je ne pouvais pas faire partie de sa vie. Ce n'était qu'une supposition. Avec lui, je pouvais avoir des millions d'hypothèses, et ne jamais recevoir de réponses. Oui c'était ça: des questions sans réponses. Mais moi, je voulais vraiment tout savoir, et je voulais rentrer dans sa vie, bien que pour l'instant, c'est assez difficile à accomplir. Je n'avais pas envie de le vexer, et brusquer les choses. Il était si imprévisible, j'essayais de tout faire pour ne pas le contredire, même si, parfois, je ne pouvais m'en empêcher. La preuve: on s'était disputés quelques minutes plus temps. Et là, c'était le calme après la tempête. Je préférais quand c'était ainsi. Bien que ce silence me gênait, c'était toujours mieux que de se faire frapper. Je secouais ma tête, pour évader ces pensées. C'est vrai qu'il n'était pas toujours très gentil avec moi, mais c'était sans doute sa façon à lui de s'exprimer. En fait, je ressentais une certaine admiration pour Zachary, tellement il me troublait.

Finalement, le silence dura moins longtemps que tout à l'heure. Ses paroles me surprirent. Je rêvais ou il me faisait un compliment ? Jusqu'ici, je n'avais jamais eu une parole aussi gentille de sa part. Je me sentais rougir, c'était si inhabituel de sa part. Je compris qu'il faisait des efforts pour moi, et je souris. Il se retourna. Nous étions face à face. Je pouvais le contempler, comme lui le faisait probablement. Il était si beau, si mature, si magnifique. C'était un dieu vivant. Je sentais mon cœur battre rapidemment. Je n'avais pas l'habitude qu'il me regarde de cette manière, et j'aimais ça. J'aurais aimé que des moments comme celui-ci se passent plus souvent entre nous deux. Il me toucha les cheveux. Sa main sur moi était si agréable. Inconsciemment, je posais ma tête contre son épaule dure. J'avais vraiment envie d'affection, et j'étais certaine que lui aussi. Il ne bougea pas. J'étais presque sûre que cela le dérangeait, des signes d'affection de ma part, car il n'avait pas l'habitude. J'avais compris, mais je voulais vraiment que tout se passe bien entre nous, même si je savais que ça ne sera jamais "normal". J'aimais Zachary, et c'était tout ce qui comptait. Je me sentais bien. Certes, ce n'était pas un signe d'affection très démonstratif, mais avec lui, c'était tellement exceptionnel. « On est bien là, je trouve. » Pourquoi je ne pouvais pas me taire, et juste profiter de l'instant présent ?

Bien sûr que j'aurais aimé qu'il m'aime, et qu'il me le montre. Bien sûr que j'aurais aimé qu'il me prenne constamment dans ses bras. Bien sûr que j'avais envie que ses lèvres soient collées aux miennes. J'aurais aimé tout ça, mais je crois que c'était au dessus de ses forces, au dessus de ce qu'il pouvait faire. Pourtant, il essayait d'atteindre cet objectif, qui était de s'exprimer et de s'ouvrir. D'un côté, je le comprenais. C'était un peu ce que je vivais en ce moment, à Arrowsic. Je m'étais renfermée depuis New York, car on avait abusé de ma confiance, et de ma fragilité. Évidemment, c'était beaucoup moins fort que Zachary, mais je le comprenais. Pour lui, cela devait être très difficile d'avoir un cercle social, beaucoup plus que moi. Moi ? Je parlais quand même aux gens, alors que Zachary, presque jamais, il me semble. Même ses paroles étaient futiles et courtes. Il était un mystère à lui seul. Et moi, j'étais le seul historien de la planète à vouloir percer ce mystère pourtant si compliqué. J'avais espoir. L'espoir, ça ne s'évade pas comme ça. Je croyais en lui, et je pensais vraiment qu'il pouvait s'améliorer. Je ne lui ai jamais dit, mais je pense qu'il le comprenait.

Alors que j'étais plongée dans mes pensées, je n'avais pas remarqué que Zachary s'était levé. Il n'était plus près de moi, malheureusement. Pourtant, j'aurais pu rester des heures, ma tête sur son épaule. Il marchait, et moi, je baissais les yeux. Je me demandais bien comment aurait été ma vie si Zachary avait été comme les autres. Bizarrement, je pense que je l'aurais moins apprécié. Il m'aurait moins fasciné, et je pense que je ne serais pas tombé amoureuse de lui s'il n'était pas comme il était à présent. L'amour, c'est un sentiment étrange, que je ne comprenais pas. Je préférais aimer un être distant et silencieux, plutôt qu'un homme ouvert et gentil. Je crois même que je ne l'aurais pas remarqué. Finalement, je ne devais pas me plaindre. Je l'aimais pour ce qu'il était, tout ce que je lui demandais, c'était des signes d'affection. Je lui demandais sûrement le plus difficile pour lui. Je détournais le regard, de toute façon, il ne me regardait pas. Je ne pensais à rien, et à tout en même temps. Ma tête était vide, en fait. Le vent balayait mes pensées les plus mauvaises. La mer me rappelait que Zachary était là, lui aussi, sans doute plus tourmenté que moi. Je le regardais, et il ne disait rien, comme d'habitude. J'avais envie de crier au monde que je l'aimais, j'avais envie que tout le monde sache que l'amour était le plus beau sentiment du monde. Oui, je l'aimais, de toutes mes forces. J'avais également envie de verser une larme, car ce silence m'inquiétait beaucoup, parfois, quand il avait un visage ferme, et qu'il réfléchissait. Je ne savais pas à quoi il pensait, et cela m'attristait, beaucoup même.

Finalement, il finit par décrocher un mot. Un soulagement se fit sentir à l'intérieur de moi-même. Ouf, il était encore en vie. Pardon. Un simple mot, qui explique pourtant tant de choses. Il était désolé d'être ainsi, désolé de me faire souffrir. Voilà comment je comprenais ce simple mot. Peut-être que j'en pensais trop, mais cela me satisfaisait. Je souris légèrement, avant de me lever pour me mettre en face de lui. J'étais plus petite que lui. Il m'impressionnait toujours autant. Tout naturellement, j'approchais ma main de ses cheveux, d'un geste très doux, et je caressais ses cheveux, avant de passer ma main sur sa joue. C'était si agréable, de pouvoir le toucher, car cela arrivait trop rarement. Je voulais vraiment me rapprocher de lui, plus que nous l'étions, et j'espérais qu'il le comprenait. Tout en gardant ma main sur sa joue, je lui dis gentiment: « T'en fais pas, Zachary. Tu peux prendre tout ton temps, je t'attendrai. Je serai à toi, pour toujours. » J'enlevais ma main de sa joue, car je savais que cela le gênait. Je le regardais dans ses yeux profonds, qui semblaient me communiquer quelque chose. J'étais intriguée, mais je ne dis plus rien. Moi aussi, j'étais timide, et c'était bizarre, que, pour une fois, je prenais les devants. C'était sans doute parce que je me sentais vivante avec lui.

Je ne savais pas ce qu'il ressentait, j'ignorais s'il appréciait que je le touche ou pas, mais il y avait quelque chose qui était certaine: cela nous faisait du bien, à tous les deux. Il était temps qu'on se prouve notre amour, en tout cas, moi, j'en avais vraiment très envie. Je pense que Zachary l'avait deviné en regardant dans mes yeux. Je désirais beaucoup de choses. Je désirais l'embrasser, coller mes lèvres sur les siennes, le regarder des heures dans le fond des yeux, contempler son visage mystérieux, me sentir bien dans ses bras, être près de lui, tout simplement. Et je savais qu'un jour, tout ça arriverait. Je savais qu'un jour, Zachary me dira ce qu'il ressent. J'avais confiance en lui, et j'étais prête à attendre. C'était lui que je voulais, et pas un autre. Et pour une fois, dans ma vie, j'allais m'accrocher. Parce que cette fois-ci, ça valait le coup. Je ne lâcherais pas la personne qui compte en ce moment le plus pour moi. C'est lui, le bon, j'en suis certaine. Je suis peut-être naïve de penser cela, mais je ne veux pas échapper ma chance. Dans ma vie, j'ai tellement échoué, et l'avoir lui, près de moi, me fait tout oublier. Parce que Zachary ne sera jamais un échec pour moi. Jamais.

Je me sentais bien, là, près de lui. Le vent soufflait sur nos corps. Mes cheveux me picotaient les yeux parfois. On se regardait, sans rien dire. Son visage ne bougeait pas d'un seul centimètre. Seul ses pupilles semblaient signifier une once de vie. J'entendais le bruit des vagues, à quelques mètres de nous deux. Le paysage était magnifique. Ma tête était vide. Il n'y avait que lui. Lui, et lui seul. Je n'en demandais pas plus. Je ne m'ennuyais pas, non. Peut-être qu'en passant, quelques personnes pourraient se demander ce qu'on faisait, mais en fait, je m'en fichais. Je me fichais du monde entier. Je me fichais de tout, sauf de Zachary. Il avait pris une place importante dans mon cœur, ça, c'était certain.

Sa question était inhabituelle. Que voulait-il dire par là ? Cependant, j'étais ravie. Il faisait des efforts, et je le voyais. J'étais si heureuse qu'il me pose cette question. C'était l'occasion d'accomplir tous mes désirs. Enfin. Il avait tout compris. Je souriais, j'étais vraiment aux anges. Cette journée s'annonçait riche en émotions en tout cas. Je me sentais un peu rougir, mais je baissais par la tête pour ne pas qu'il s'en rende compte. Ah stupide timidité ! Oui, je me sentais idiote. Je n'imposais jamais quelque chose. Alors lui dire ce que je voulais, c'était assez difficile. En fait, non. Je n'avais besoin que d'une chose. Alors tout naturellement, je le regardais, et je lui dis: « Embrasse-moi. »

Parfois, je me demandais où nous menait cette relation. Eh bien oui, Zachary ne me prouvait quasiment jamais qu’il m’aimait, et parfois je me demandais si finalement, il ne ressentait rien. Mais avait-il conscience, lui, de ses propres sentiments ? C’était son point faible, j’en étais certaine. Il ne se connaissait pas lui-même, alors il ne pouvait pas décrypter ses propres sentiments. J’étais prête à attendre, mais pour combien de temps ? Et s’il restait à jamais comme tel, un automate, une statue, une vulgaire silhouette avide de sentiments ? Je ne pouvais pas le deviner, ni lui, ni personne d’ailleurs. Combien de temps devrais-je attendre ? Et si finalement, il ne ressentait rien pour moi ? Tout cela m’effrayait, tellement. C’était comme si je m’aventurais dans un terrain inconnu, comme si je marchais le long d’un sentier sans connaitre la direction, c’était comme si je me lançais dans le vide. Et évidemment que cela me faisait peur, évidemment que parfois, j’avais envie de rebrousser le chemin. Mais il y avait quelque chose en moi, quelque chose d’indescriptible et de très fort, qui me poussait à avancer. Parce que c’est sans doute ça, la vie : avancer, sans jamais reculer, peu importe l’objectif.

Un mystère. Voilà ce qu’était Zachary pour moi. Un homme normalement constitué en apparence, mais truffé de labyrinthes à l’intérieur. Des chemins éparpillés, des impasses, des directions différentes, c’était exactement lui. Et moi à l’intérieur de tout ça, j’étais insignifiante et complètement perdue. Mais je voulais trouver la clé qui me ferait accéder à son cœur, à ses pensées, à lui, tout simplement. Malheureusement, je crois que je suis nulle aux jeux. Et quand on perd, généralement, on recommence, jusqu’à ce qu’on y arrive. C’était mon cas. Un jour, je gagnerais. Oui, je le sentais. Ma vie était destinée à rencontrer celle de Zachary. Nos vies s’étaient entremêlées, à plusieurs reprises d’ailleurs, et je ne comptais pas dénouer le lien qui nous unissait fortement.

Le vent tapait sur mon visage frêle, emportant mes cheveux par la même occasion. Je feignais de faillir à plusieurs reprises, mais j’étais plus forte que ça. Mes yeux ne quittaient pas ceux de Zachary, qui étaient si sombres et si fascinants. Il était un mythe à lui tout seul. Je lui voulais une admiration incomparable, mélangé à un amour sincère mais fragile, comme moi. Je ne bougeais pas, je ne parlais pas, à croire que Zachary influençait sur mon comportement. Non, aucune parole ne voulait sortir de nos bouches, sans doute parce qu’elles ne voulaient pas sortir, justement. Peut-être qu’à ce moment-là, il nous fallait juste des gestes de tendresse, des signes d’affection, des baisers, des caresses. Oui, j’en avais très envie, mais je ne savais pas si c’était réciproque. Malgré tout, cela ne l’empêcha pas de frôler mes lèvres pour ensuite les attraper fougueusement. Mon dieu, que c’était agréable. Sa peau dure et impénétrable frôlait la mienne, je sentais sa respiration saccadée et si charmante. Je n’attendais que ça de sa part. C’était un moment merveilleux, doux, subtil, sublime, parfait. Ma tête était vide, comme envolée avec le vent. Il n’y avait plus rien, juste lui et moi. Moi et lui. Nous deux. Je me sentais tellement bien. Et je redoutais le moment où il allait quitter mes douces lèvres, qui arriva plus vite que je ne l’avais prévu. J’aurais voulu m’agripper à ces lèvres, elles auraient été miennes pour toujours. Mais ce ne fut pas le cas.

Et maintenant ? Que faisions nous, là à sourire bêtement ? Oui, j’étais heureuse de ce baiser, qui devait probablement demander beaucoup d’efforts à Zachary. Mais où cela nous menait-il après tout ? Qu’allions nous faire à présent ? S’embrasser, à nouveau ? Non, ça serait trop romantique pour lui. Je savais que je lui avais demandé beaucoup, alors je ne préférais pas demander plus, pour l’instant. Je voulais seulement profiter de cette journée avec lui, comme ferait toutes les personnes normales, même si je savais que nous ne serions jamais un couple « normal ». Je voulais juste profiter, profiter de sa présence, de sa chaleur humaine, de ses gestes, et surtout du temps qui nous était offert. Parce que finalement, le temps, on n’en a pas tant que ça.

Je souris. Oui, je me sentais bien à ses côtés. Sans un mot, je me dirigeais vers le bout du ponton, voulant communier avec la magnifique nature qui nous était offerte, voulant être en harmonie avec cette eau si pure et si fraiche. Je pris la main de Zachary pour qu’il me suive, celle-ci étant forte et ferme. Je m’assis et profitai du paysage. C’était beau. Vraiment beau. Mes pieds allaient sûrement être glacés par l’eau, mais je m’en fichais. J’étais bien. J’avais à côté de moi l’homme que j’aimais et à mes pieds une nature resplendissante. Que demander de plus ? Rien, justement. Cela me suffisait amplement. Je posais ma tête sur son épaule, car j’aimais bien être en contact avec lui, tandis qu’il me serra étonnement avec son bras. Je me sentais en sécurité, et en parfaite harmonie. Je n’aurais pu espérer mieux. Alors un sourire s’afficha sur mon visage, tout simplement.

SUJET TERMINÉ.