Du haut de ses 10 ans, Keira Halesmess -appelée plus communément Key- marchait dans les rues de la ville où elle avait vu le jour. La nuit était pourtant tombée depuis longtemps, comme beaucoup d'enfants, Key avait une peur viscérale du noir mais elle faisait tout pour garder la tête haute et ne pas se laisser à imaginer des choses horribles, elle avait un objectif, elle devait le faire... les adultes qu'elle avait croisé sur son chemin n'avait rien dit sur le fait qu'elle soit hors du lit aussi tard et au milieu de la semaine, puis ce n'était pas comme c'était la première fois que cela arrivait... les habitants la regardait passer comme on regardait une voiture déclassée sur l'autoroute, on ralentissait pour la regarder mais on ne sortait jamais pour aider... enfin, d'autres détournaient simplement le regard, ils ne pouvaient pas être tenu responsable d'actes qu'ils ne voyaient pas... jouer à l'autruche était une chose qui se faisait beaucoup par ici. Les adultes rassemblés devant les bars la regardait à la fois gêné, mais il y avait aussi dans leur regard ce petit air méprisant qui faisait que Key devait à chaque fois serrer un peu plus fort ses petits poings. Elle ne supportait pas sentir ces regards remplis de pitié, de compassion et de dégoût. Ce n'était pas sa faute !

Elle allait encore être fatiguée en classe et se faire disputer... mais elle était vraiment innocente. Son regard s'embua légèrement mais elle chassa vite ses pensées tristes d'un revers de main, elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort.

Finalement arrivée à destination, elle s'arrêta quelques secondes devant le grand bâtiment. Elle inspira longuement avant de finalement pousser les lourdes portes en bois du commissariat, elle s'avança jusqu'au comptoir où se tenait l'Inspecteur Dawson dit Mac par tous les habitants de la ville d'Arrowisc. De façon général, tout le monde appréciait Mac, il avait un air de gros nounours, du coup, tout le monde avait de l'affection pour le policier. De plus de par sa dégaine un peu spéciale, il était du genre bedonnant, légèrement dégarni et toujours suintant, les enfants aimaient à se moquer de lui et il ne pouvait rien faire d'autres que de les menacer puisqu'il était incapable de courir à leur poursuite lorsqu'ils se montraient insolent à son égard. Cela dit, tous savaient aussi que quand Mac avait son regard sévère, il fallait arrêter de le taquiner et qu'il valait mieux lui obéir et lui répondre franchement. C'est pour ça qu'en apercevant le regard sévère et plissé de Mac, Key ne se sentit pas à son aise.

- Qu'es-ce que tu fais là à 23 heures passées Keira ?! Gronda le policier.

Ouch, de façon générale, quand on appelait Key "Keira", cela n'annonçait rien de bon pour elle. Elle se recroquevilla sur elle-même et la belle assurance qu'elle avait eu en evnant jusqu'ici fondit comme neige au soleil. Se rendant compte qu'il intimidait un peu trop la gamine, Mac poussa un soupir lourd et il fit le tour du comptoir pour se mettre à la hauteur de Key non sans difficulté. La situation était cocasse, limite drôle, mais cela ne donna pas pour autant envie à la jeune brune de rigoler. Mac s'essaya le front où perlait déjà des goûtes de sueurs, peut-être qu'un peu de sport ne serait finalement pas une mauvaise idée... mais il était dur de s'entretenir constamment quand on se retrouvait dans une ville comme Arrowisc, ce n'était pas un lieu où les criminelles étaient à tous les coins de rues. Évidemment, il y avait des petites frappes... mais ils restaient impressionnées pas la police et il ne faisait rien de grave ou de mal. La seule personne qui lui posait des problèmes dans la ville était John...

- Key, souffla Mac de façon plus douce avec un air presque paternel pour la jeune fille.

La jeune Halesmess osa enfin relever son regard sur Mac et c'est à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'elle avait un vilain coccard, il prit son visage entre son pouce et son index et pencha le visage de la jeune fille qui recula d'un pas, son regard brun était soudain plus déterminé que jamais.

- Amy est malade, commença-t-elle a expliqué. Et comme Jane n'est pas dans une bonne période... la jeune Halesmess laissa sa phrase en suspens et elle haussa les épaules avec une sorte d'infférence, elle tentait de se montrer détacher face à sa situation précaire... Mary s'occupe donc d'Amy, et comme on nous a appelé pour John... me voilà, termina-t-elle avec une sorte de sourire désabusé.

Mac serra les dents, ces gamines étaient vraiment laissées pour compte et tout leur entourage jouait à l'autruche, il y avait trop d'enfants en jeu et tout le monde craignait de devoir en récolter si on tentait de les aider. Le coeur de flic de Mac se fissura un peu plus alors qu'il se sentait impuissant face à cette situation... oui il avait essayé d'agir mais ça avait été un désastre. Il n'y avait pas d'autres termes. Il n'était pas content de voir évoluer plusieurs gamines dans un foyer aussi instables mais... les séparer leur causait encore plus de tord.

A chaque fois qu'on les avait placé dans des familles, elles avaient été séparées, aucun couple n'acceptait de prendre 6 enfants (les 4 soeurs Halesmess et leurs deux cousines), du coup, à la place de faire en sorte que tout se passe pour le mieux, elles étaient tellement odieuses qu'on les renvoyait immanquablement et on était obligé de les renvoyer chez Jane & John.

Mary, Key, Bonny & Amy étaient 4 petites filles vraiment débrouillardes, Mary était celle qui gérait l'entretien de la maison et qui s'occupait des plus petites comme une mère; Key plus sauvage et plus bagarreuse s'occupait plus de ramener de l'argent et Mary préférait fermer les yeux plutôt que de savoir d'où il provenait, de plus, Key était la première des soeurs à avoir eu un boulot, elle distribuait le journal et gagnait de l'argent ainsi pour payer les factures que Jane et John préféraient ignorer... mais depuis l'épisode des douches froides en hiver, Keira s'était promis de ne plus compter sur ses "parents" et trouvait des moyens pour payer les factures les plus importantes. Bonny & Amy étaient plus jeunes, elle se rendaient compte que leur situation était étrange mais elle ne savait ni quoi faire, ni comment se rendre réellement utile, du coup, elles se contentaient de faire obstinément confiance à leurs deux aînées et elles leur obéissaient sans la moindre hésitation. Car dans le fond, ce qu'elles voulaient toutes les quatre c'était pouvoir rester ensemble coûte que coûte. Et enfin, il y avait les deux cousines fraîchement débarquées qui s'appelait Kendra & Andromeda et qui complétaient le joli tableau atypique.

Mac n'était pas un voyant, mais il savait dans le fond que le futur des jeunes Halesmess s'annonçait difficile... et celui de Keira encore plus, déjà bagarreuse, elle avait déjà été amenée chez lui pour s'en être prise violemment à un professeur. Elle n'avait pas un caractère facile et pouvait s'emporter facilement quand on critiquait sa famille... et malheuresement, dans une ville aussi petite que Arrowisc ça arrivait souvent que les Halesmess soient l'objet des moqueries.

- Faudra mettre de la glace sur ta blessure si tu veux que ça disparaisse vite, lui conseilla gentiment Mac.
- Oui Inspecteur... elle garda un instant le silence avant de prendre son inspiration et de se lancer. Est-ce que je peux prendre John ?

Mac fronça les sourcils mais se redressa... il avait juste demandé un accompagnant de toute façon... il ne pouvait pas vraiment refuser... il tendit toute fois une main bienveillante vers Key qui la refusa simplement. Mac se mordit l'intérieure des joues mais ne fit aucun commentaires. Plus ils se rapprochèrent de la cellule de John, plus ses cris de protestations se faisaient entendre. Il tapait sur les barreaux, insultaient tout le monde et petit à petit, les paroles de son père commencèrent à devenir audible pour ses oreilles. Son visage ne changea pas d'expression, il n'exprima absolument rien.

- Bureaucrates ! Gronda-t-il en guise d'insulte. Moi, moi monsieur, je suis un citoyen honnête, je paye mes taxes, je travaille dur pour m'occuper de ma famille et du reste. Et qu'est-ce que j'ai en retour hein ? HEIN ? s'époumona-t-il.

Mac et Key rentrèrent à ce moment-là dans la cellule.

- Tu me libères Mac ? Il était temps ! Attrapes des crapules au lieux d'arrêter des types comme moi ! Je n'ai rien...
- John ! Tu as tenté de voler le sac de Madame Harnold !
- Elle m'a frappée aussi ! Il bougea une mèche de cheveux et montra un bleu qu'il avait sur le front. Pourtant personne ne l'a arrêtée elle !
- Elle a 79 ans !
- Et la loi doit être pareille pour tous !
- Tu l'as agressée John !
- Tout de suite les grands mots. Je pouvais... je sais pas, l'aider à ramasser son sac !
- Tu as essayé de la faire tomber et de t'échapper, il y a eu des témoins.
- Et où sont-ils tes témoins ?

Mac inspira, tentant de retrouver son calme... mais c'était plus dur qu'il ne le pensait à priori.

- Ta fille est venue te chercher...
- Et bien c'est pas trop tôt toi ! T'aurais pu venir plus vite !
- Je dormais.
- Et alors ? Je fais énormément pour cette famille et c'est comme ça qu'on me remercie ? Gentil de faire passer sa petite personne avant moi ! Moi qui fait tout pour vous... il marqua un temps de pause, compta dans sa tête. 6 ! Un peu de gratitude c'est pourtant pas tant demander.
- Pardon John. Key sortit alors d'une sacoche que Mac n'avait pas vu une canette de bière.

John se radoucit aussi tôt et câlina sa fille avant d'embrasser littéralement la canette. Alcoolique, foutu, le cerveau liquéfié par l'alcool, John était un putain d'égocentrique qui foutait la vie de ses filles en l'air pour pouvoir continuer d'aller dans ses bars pour s'acheter ses bières ne laissant pas d'argents à ses propres enfants pour survivre... et Jane... sa femme... Mac secoua la tête. Pauvres gamines.

- On va y aller, soupira alors Key avec un sourire. Merci pour tout Mac.

Key s'en alla avec son père qui continuait d'expliquer à sa fille à quel point la Terre entière devait lui être redevable d'être un tel pauvre con en gros. Mac tapa du poing sur son bureau et il se mordit la langue, c'était injuste.

De leur côté les Halesmess marchaient dans la rue, le regard de John s'était voilé, les effets de l'alcool... il n'avait pas été en prison assez longtemps pour avoir dégrisé de sa cuite, et il retombait déjà dans son état d'hébétude habituel. Key se garda d'émettre le moindre commentaire. Mais son regard était énervée, incendiaire. Elle regardait John avec une haine flamboyante. John but une grosse gorgée, finit sa canette jusqu'à la dernière goûte, jeta la vidange sans état d'âme sur le sol et rota bruyamment.

- T'as quoi gamine ? Siffla alors John en reconnaissant le regard accusateur de sa fille sur lui.
- Est-ce que tu rentres à la maison ?

John la regarda étrangement avant de faire une grimace, faire un signe de main à un de ses amis devant le bar de la ville et partir sans un regard pour sa fille. Key enfonça les poings dans les poches de sa veste. Elle... John était son père, quoiqu'on dise ou qu'on fasse. Et plusieurs fois, elle avait rêvé de ne pas le connaître, de ne pas l'avoir comme père, de ne pas avoir à s'occuper de lui alors qu'il ne faisait rien... hormis boire... mais... elle avait besoin de lui, de lui et de Jane.

En poussant les portes de sa maison, Bonny était là, somnolente dans le fauteuil du salon, Keira s'essuya les pieds et jeta ses chaussures disparates, elle était partie trop vite pour avoir fait attention à ça.

- ça a été ? Demanda la petite brune en se frottant les yeux.
- Hum.

Key poussa un peu sa petite soeur qui se blottit contre elle. 5 minutes plus tard, Amy se couchait dans un autre fauteuil suivit de près par Mary qui lui avait fait une soupe. Elle avait apporté deux bières, une qu'elle tendit à Key et l'autre pour elle-même. Elles regardèrent la télé, ensemble. Oui, elles avaient besoin de Jane & de John pour pouvoir continuer d'être ensemble. C'était elles. C'était pour ce petit noyaux beaucoup trop fragiles qu'elles devaient se battre afin de rester ensemble. Andromeda & Kendra débarquèrent avec des chocolats chauds... elles n'étaient que des enfants, personne n'aurait laissé des enfants prendre soin d'elles-mêmes... et aussi incompétent soient-ils, John & Jane avaient ce droit de les garder unies sous ce toit. Key mit sa main dans la poche de son jean troué au genou, elle sentit la texture du billet qu'elle avait raquété à un autre enfant qui ne s'était pas laissé faire et l'avait blessé... quelques coups pour nourrir sa famille c'était peu cher payé... Mary attrapa la main de Key et la serra légèrement, les deux aînés Halesmess se regardèrent avec ce même air désabusé au fond des prunelles. Leur avenir était déjà foutu. Mais elles voulaient encore y croire pour les petites.

L'hiver était rude en cette année 2004. Keira gravit rapidement les marches la menant sur le perron de sa maison tout en joignant les mains pour souffler dedans afin de leur procurer un minimum de chaleur. Elle rentra chez elle complètement transie de froid. Elle jeta rapidement son manteau au porte-manteau et se dirigea aussi tôt vers le chauffage. Elle claquait littéralement des dents, Amy & Bonny qui faisaient leur devoir sur la table de la cuisine relevèrent leur tête un instant pour observer leur sœur avec un petit air inquiet. Ce n'était vraiment pas le moment de tomber malade, elles étaient à court de médicaments. Andromeda s'avança vers elle en sous-vêtement, Key grogna devant l'accoutrement de sa cousine qui ne s'en formalisa pas, elle aimait se promener en culotte et t-shirt. Andromeda, dites Dora, buvait négligemment une bière avec indifférence, elle tourna autour de Key et lui toucha le front.

L'alcool coulait tellement à flot dans cette maison que très jeune, elles avaient pris l'habitude de boire des bières, elles n'allaient pas jusqu'à se démonter la gueule, l'exemple de John couché dans sa propre pisse était vraiment traumatisante, mais elles en buvaient quelques unes sans ressentir les effets néfastes de ceux-ci sur elles.

- T'es pas malade au moins ?
- Parles pas de malheur ! Grogna Keira en secouant négativement la tête, comme pour éloigner cette solution du mieux qu'elle put.
- Tu devrais peut-être... continua Dora avant d'être interrompue par un éternuement bruyant de la part de Key.

Kendra qui passait par là lui donna un mouchoir, Kendra, la jumelle de Dora était couverte chaudement de la tête et pied et pour une raison étrange, avait réussi à obtenir une mencha. Les jumelles se ressemblaient beaucoup physiquement mais étaient de parfaits contraires dans leur façon d'agir. Mary rentra à cet instant du boulot avec l'affreux costume du fast-food du coin, elle sentait la friture, ça n'avait vraiment rien d'agréable et de glamour et ses cheveux étaient gras. Elle alla au frigo et prit deux factures accrochées sur celui-ci. Elle prit deux paniers qu'elle fit passer.

- Électricité et eau chaude, dit-elle simplement.

Toutes les filles sortirent des billets de leur poche et sac. Dès l'âge de 10 ans, elles avaient commencé à aider à payer les factures vu que Jane & John ne prenaient pas la peine de s'en occuper... et comme elles vivaient aussi couramment dans cette maison, elles avaient besoin de voir avec de la lumière et de pouvoir se laver avec de l'eau chaude. Quand le panier arrive à elle, Key sortit de sa pocha droite 50 $, elle en prit 30 qu'elle partagea en deux pour les deux paniers qui circulaient. Elle plongea sa main dans sa poche gauche et sortit plusieurs billets, elle rajouta 50$ dans chaque panier. Mary lança un regard appuyé à Key qui préféra ne pas croiser le regard de sa sœur aînée pour le coup. Une fois le tour terminé, Mary s'excusa pour aller sous la douche.

Depuis plusieurs années, aucune sœurs ne posaient de questions à Key sur la provenance de l'argent qu'elle ramenait en plus grand nombre que les autres sur de plus court laps de temps. Et en un sens, Keira préférait cette situation, elle ne voulait pas que ses sœurs s'inquiètent pour elle à cause de ses fréquentions. Surtout son nouveau "boss". Une petite frappe friquée pour qui elle revendait de la drogue. Elle était devenue dealeuse, elle en était peu fière mais au moins, l'argent rentrait très vite dans ses poches. Et Key avait été la première à admettre que si elles voulaient s'en sortir, il allait falloir faire des sacrifices... et quittent à en faire, elle préférait s'en charger elle-même. C'est pour ça qu'elle volait, dealait ou encore raquettait, c'était des boulots ingrats, mais c'était vital pour sa famille.

Cela dit, elle changea les esprits de tout le monde en sortant de son sac du lait, du jus d'orange et des Kellogs. Toutes les filles Halesmess se regroupèrent autour de ce petit trésor les yeux brillants, c'était la fin du mois et en général, elles se serraient encore plus la ceinture et se contentait de pâtes et de riz à cette période du mois.

- T'as eu ça où ? Bava presque Bonny.
- Les Rollings me les ont donnés après mon baby-sitting de leur trois monstres, répondit Keira avec un grand sourire.

Le regard entendu d'Amy indiqua à Key que la petite avait parfaitement compris ce qu'il s'était passé. Key avait toujours volé à droites et à gauches... mais ici, il fallait avouer que le garage et le frigo des Rollings étaient parfaitement bien remplis. Jalouse de leur facilité à se produire ces aliments, elle avait décidé de faire plaisir à sa famille en leur ramenant des boissons dont généralement elles étaient privées. De toute façon, les boissons du frigo étaient constituées de "bières, bières & bières", cadeau délicat de la part de John.

On sonna à la porte et toutes les filles se regardèrent en plissant les yeux, aucune ne semblait avoir invité quelqu'un... qui pouvait donc être venu les déranger chez elles ? C'est finalement Andromeda qui se dévoua à la tâche. Et toutes les filles la regardèrent avec une certaine mortification, elle était vraiment s'en gêne et impudique. Les autres se dévouèrent pour faire du chocolat chaud et préparer des gaufres. Mary revint de sa douche les cheveux humides et elle plongea son doigt dans la pâte à gaufre avant de se faire taper sur les doigts par Bonny qui secoua négativement la tête.

Finalement, Andromeda revint dans la cuisine accompagné d'un intrus, la bonne humeur qui régnait dans la cuisine s'arrêta net. Toutes les filles regardèrent l'étranger avec un brin d'hostilité et de curiosité à la fois. Toutes se demandaient ce qu'il pouvait bien faire dans leur cuisine.

- Hey Halesmess !

Trois des soeurs répondirent un petit "oui" à l'unisson. Keira se contenta de se tendre encore plus. Il n'avait pas osé ce pauvre con ?

- Key, précisa Aaron Smith avec un sourire arrogant.

Key se leva de la table et le prit par la main pour le conduire jusque sa chambre, l'éloignant de ses sœurs, de son lieu de vie, de ses proches. Il avait une bonne gueule, mais il restait son boss, celui qui lui refilait la drogue et il était hors de questions pour elle qu'il s'approche de ses petites sœurs ! Elle était furieuse qu'il ait osé s'imposer ainsi dans sa demeure et quand ils furent l'un en face de l'autre, elle l'avait déjà tué du regard plusieurs fois.

- Qu'est-ce que tu veux ? Aboya-t-elle sèchement.

Que quelqu'un s'introduise dans son monde la déstabilisait, elle se sentait à fleur de peau, vulnérable, elle ne pouvait pas cacher la dureté de sa vie dans cette maison, ailleurs, dans la rue, elle pouvait faire croire qu'elle était forte, qu'elle était dure à cuire... mais ici, toute sa petite mascarade tombait en lambeau, elle devenait ce qu'elle était sincèrement : pauvre & brisée. Aaron la regarda de son regard perçant, elle allait craquer s'il ne parlait pas.

- Savoir si tout s'est bien passé.
- C'est tout ? demanda-t-elle surprise et déçue à la fois, elle s'attendait à un truc un peu plus palpitant, qu'il lui demande de faire un truc risquer... qu'il s'intéresse à sa santé mental lui importait peu. Oui, finit-elle par dire avec indifférence.
- Tu recommences ce soir ?
- Oui.
- Tu sais dire autre chose que oui ? Demanda-t-il en perdant petit à petit son sang froid.
- Non, sourit avec arrogance Key.

A la tête qu'il fit, Key devina qu'il devait rarement rencontré des gens avec un aussi fort caractère. Il finit par rouler des yeux, comprenant que c'était perdu d'avance, il lui lança alors un sac de course qu'elle rattrapa à la volée, elle n'avait même pas vu qu'il en avait amené un, elle n'était pas vraiment observatrice à la base de toute façon... elle hésita avant de regarder, sa curiosité l'emportant, elle découvrit alors une robe légère et affreusement décolleté. Et pourtant, bien que le tissu de cette robe couvre une superficie relativement minuscule, elle devait sans doute coûter plus cher que n'importe quel autre de ses vêtements. Mais au lieu d'être toute heureuse et de faire des bons ridicules comme n'importe quelle petite cruche, elle lança le sac à la figure de son patron.

- Je ne fais pas dans la charité.
- Oh mais moi non plus ! C'est juste un présent pour tous mes acheteurs, tu sais, histoire que tu sois baisable, rien de vraiment personnel, vois ça comme ta tenue de travail fournie par le patron.

Ce type était tellement arrogant, elle rêvait de lui arracher son sourire arrogant.

- Bon, et bien, je pense qu'on s'est tout dit et tu peux partir.

La brune ouvrit la porte de sa chambre et Aaron passa devant elle, juste avant de descendre les escaliers, il se retourna brusquement, Key lui fonça naturellement dessus et sans qu'elle ait réellement le temps de comprendre ou saisir quoique ce soit, il l'embrassa tout en la plaquant contre le mur de sa propre maison. Non mais vraiment ? Contre le mur de sa propre maison, elle déposa sa main sur son torse pour le repousser mais il la souleva à ce moment-là et finalement, elle agrippa ses cheveux dans sa nuque... il embrassait bien, elle pouvait en profiter dans la limite du possible... et alors qu'ils se redirigeaient de nouveau vers la chambre de Key, elle entendit que quelqu'un faisait tourner une clé à la serrure... sauf qu'aux dernières nouvelles, toutes les filles de la maison étaient là...

Elle repoussa alors Aaron et descendit les escaliers rapidement. Et elle tomba nez à nez avec Jane.

- Olly ! Sourit Jane avant de prendre sa seconde fille dans les bras.

Keira fronça les sourcils et s'éloigna de l'étreinte de sa mère le visage complètement fermé. Elle n'avait plus vu sa mère depuis plus d'un an, elle était dans son centre depuis longtemps et elle passait rarement faire coucou... et les filles allaient rarement la voir aussi. Key se demandait ce que sa mère pouvait bien faire ici... et son regard s'écarquilla en voyant qu'elle tenait un poupon entre les mains... elle eut une sorte de rire incontrôllable... elle leva les yeux vers le ciel, priant un Dieu en qui elle ne croyait plus. Elle ferma douloureusement les yeux. S'il vous plait...

- C'est qui ? Fusa la question en provenance d'Amy.

Finalement, Key n'avait pas eu la force de le faire elle-même. Le sourire de Jane s'agrandit alors qu'elle se mettait au centre du salon en écartant une couverture du bébé. Il était magnifique, avec des origines africaines dont on ne pouvait pas douter. Toutes les soeurs se resserrèrent autour du bébé. Et Andromeda & Kendra également, Jane leur lança un regard hostile mais Keira se déplaça pour se mettre devant ses sœurs. Keira savait, elle avait toujours su, elle était la seule à avoir été proche de leur grand-mère paternel, et elle savait de vive-voix que son père, John Halesmess était fils unique, son histoire de cousines lui avait parue suspicieuse dès le début. Puis finalement, les noms de ses soeurs l'avaient également mis sur la voie. Karren Andromeda Halesmess... c'est en hommage à sa grand-mère que son père l'avait nommée par une lettre commençant par "K" et son père avait été la déclarer sous le prénom Keira alors qu'à la base, comme ses soeurs, son prénom devait finir par un "y". C'est pour cette raison que sa mère l'appelait Olly, le prénom qu'elle devait porter à la base. Quoiqu'il en soit, en partant du principe du "K", il n'avait pas été difficile de déduire l'importance de ces deux prénoms pour ses deux filles non déclarés. Des Halesmess également, elles se ressemblaient assez pour qu'on croit réellement au lien familial plus profond que juste cousines.

Les autres sœurs ne le savaient pas, et il ne valait mieux pas... si on devait rajouter le terme "bâtarde" à leur famille déjà controversé... ça serait dur à avaler...

- Votre frère, sourit Jane avec toupet.

Keira serra les poings, finalement le bâtard serait rajouté de toute façon. Elle n'arrivait pas à y croire. Comment pouvait-elle leur dire ça avec un si grand sourire ? Comment pouvait-elle se tenir là avec cet enfant dans les bras ? Savait-elle dans quelle famille elle venait de le mettre ? Dans quelle position inconfortable il serait ? Etait-elle consciente qu'elle venait de jeter son fils dans un enfer dont il n'allait jamais pouvoir se dépêtrer. Une larme coula, solitaire. Mary la serra dans ses bras. Les deux aînés pleurèrent l'une contre l'autre. Un nouvel enfant. De nouvelles responsabilités pour elles deux. Quand allaient-elles pouvoir arrêter de payer les erreurs de leur parent ? Quand allait-elle pouvoir commencer à vivre pour elle et non pas pour eux ?

- Je sais que c'est dur les filles, mais je veux être sa mère, je vais mieux vous savez ? Pour lui, je sais que je pourrais me battre ! Il a besoin de moi.

Keira se tourna vers sa mère avec un air complètement dévasté.

- Nous aussi on avait besoin de toi ! On était tes filles ! Tu étais notre mère !

Elle se dégagea de sa soeur, prit la main d'Aaron resté dans les escaliers, il semblait vraiment mal à l'aise, elle devait l'éloigner de Jane, de ce frère qu'elle plaignait, de cette mère qui l'avait abandonnée. Quand elle arriva à l'entrée, elle fut surprise de tomber sur son père.

- Bah quoi Keira, c'est la tête que tu fais quand on t'annonce que j'ai un fils ? Un fils ! L'était temps, j'vais pouvoir lui apprendre tout ce que mon père m'a enseigné ! Puis il marqua un temps de pause. Tu sais toi combien je gagnerai en plus pour un nouvel enfant à ma charge ?

Keira secoua négativement la tête et passa son père, une fois dehors, elle lâcha la main de Smith et cria, toute sa colère, tout ce qu'elle avait sur le coeur, toute cette rage qu'elle contenait. Elle tourna son regard vers Smith.

- Emmène-moi où tu veux, je dois bosser, faire n'importe quoi... juste... éloigne-moi d'ici pour l'instant.

Le blond hocha la tête, fit le tour de la voiture et Keira monta à l'intérieure. Après quelques longues minutes de silence, Aaron ouvrit la bouche pour parler. Keira se tendit, allait-il poser des questions sur ses parents ?

- C'est quoi ton prénom alors ? En vrai ? Key, Olly, Keira ?

Keira eut envie de rire, c'était ça, juste ça qu'il trouvait à dire ?

- Keira, Keira Olly Halesmess, finit-elle par dire prudemment.
- Enchanté Keira, moi c'est Aaron.

Il tendit la main, elle la prit de façon hésitante, se demandant à quoi il jouait. Pourquoi faire tout ça ?

- Tu sais Keira, on m'a parlé de toi... je savais que tes parents... enfin, tu vois. Alors... je ne dirais rien.
- Jane & John... c'est pas mes parents, juste mes géniteurs, rectifia-t-elle en regardant la route.

Ils gardèrent le silence. Elle lança un regard en coin à Aaron. Etrangement, c'est par son silence et son respect qu'il gagna des points dans l'estime de Keira.

- Keira, une bière pour ton vieux père ! A l'oeil évidemment ! Rigola John dans un coin du bar où Key travaillait.

La brune releva la tête et avec un grand sourire leva son majeur en sa direction. John éclata de rire et recommença à parler avec ses amis tout aussi alcoolique que lui. ça faisait maintenant deux ans que Keira travaillait en tant que serveuse/barmaid dans le bar du coin, depuis qu'elle avait 21 ans en somme. A force de servir des bières à son père, cela lui avait donné des prédispositions pour servir les alcooliques et savoir comment les gérer, c'est pour cette raison qu'elle avait été engagée entre autres. En plus de ce boulot le soit, l'après-midi, elle nettoyait dans des chambres ou à l'école du coin, ça dépendait s'il y avait beaucoup de désistement ou pas.

Key regarda sa montre avec ennui, 23h, la soirée était relativement calme, les gars étaient encore assez cool, ils n'avait pas l'alcool agressif, et bien qu'en soit cette situation était préférable, Keira se faisait chier. Toutes ses journées se répétaient et ça devenaient fatiguant, usant, elle se réjouissait de rentrer chez elle.

Finalement, des garçons rentrèrent dans le bar et vu leur façon de parler et de chanter, Keira comprit qu'ils étaient déjà pour la plupart bourré. Un des garçons se détacha pour la rejoindre au bar avec un autre sous le bras. Un instant, le regard d'Aaron et de Key se croisa mais la brune détourna le regard pour se concentrer sur l'autre.

- Hey Key, ta meilleure bouteille ! On a une grande occasion à fêter ! Sourit John avant d'éclater de rire.
- En quel honneur ? Demanda Keira, contente d'avoir un peu d'animation.
- Aaron s'est fiancé ! Après 3 ans ! Il était temps !

Keira se félicita de ne pas regarder dans leur direction en ce moment précis, elle ne savait pas exactement quelle tête elle faisait, mais elle devait être assez bizarre. Elle continua son action, trouver une bouteille de champagne donc... elle finit par en trouver et tendit la bouteille à John en évitant encore plus le regard insistant et persistant d'Aaron.

- Voilà pour l'heureux événement, sourit Key en tapotant l'épaule de John par dessus le bar.
- Je te rejoins dans deux minutes, dit simplement Aaron quand John voulut partir rejoindre le coin que tous leurs amis avaient investi.

Keira le regarda dans les yeux, elle ne savait pas trop quoi dire en cet instant devant le regard scrutateur d'Aaron, elle était mal à l'aise, que voulait-il qu'elle dise ?

- Félicitation, finit-elle par se décider.
- Merci.

Il y eut un silence gênant. Elle ne savait vraiment pas quoi lui dire de plus. Elle ne savait pas quoi dire à un type qui allait se fiancer et avec qui elle couchait occasionnellement depuis qu'elle avait 18 ans. Devaient-ils arrêter ? Arrêter de se voir ? De se parler ? De se toucher ? Ne redevenir que de vague connaissance ? Elle sentit la main d'Aaron glisser sur la sienne. Key l'éloigna brusquement en regardant partout autour d'elle, elle ne voulait pas qu'on sache, qu'on se doute qu'Aaron Smith était l'ami d'une Halesmess. Il eut un air blessé, Keira s'en voulut, elle eut envie de lui reprendre la main, la serrer quelques secondes, être une amie pour une fois de n'agir que dans son intérêt. Elle avait toujours refusée de lui parler en public, que les autres sachent qu'ils étaient proches. Enfin, ses soeurs savaient. Elles avaient assez vu Aaron venir partager leur petit-déjeuner pour savoir qu'Aaron & Key étaient amis.

- Keira...
- Vas t'amuser Aaron. S'il te plait. Pas ce soir.
- Il n'y a jamais de bon soir avec toi, dit finalement Aaron en se relevant avec un sourire désabusé.

Keira le suivit du regard. Elle se servit une bière et la but cul sec. Son boss arriva et haussa un sourcil.

- Bah quoi Key, mauvaise soirée ? Demanda-t-il en lui tapotant l'épaule.

La brune s'empêcha de regarder dans la direction de la table d'Aaron. Elle secoua négativement la tête avant d'entendre une voix les couper.

- C'est parce que tu la fais trop bosser crétin.

Keira regarda le nouvel arrivant de façon éberluée. Elle ouvrit la bouche, cligna des yeux, incapable de dire une phrase cohérente. Les deux personnes se regardèrent dans les yeux, Keira fit le tour du bar avant de serrer contre elle son meilleur ami. Elle huma son odeur, passa sa main dans ses cheveux, lui caressa le visage, l'embrassa sur les deux joues, pouvait-elle plus s'imprégner de lui à l'instant ?

- Key, souffla Dale en l'embrassant longuement sur le front.

Il la serra tout aussi fort. Le coeur de Key battait plus fort, plus rapidement, à l'unisson avec Dale, elle le savait, elle le sentait, elle s'éloigna un peu de lui, pour le regarder, pour s'imprégner de ce visage qu'elle n'avait plus vu depuis 5 ans.

Dale était son meilleur ami, son voisin, son compagnon de tous les crimes, celui qui la couvrait toujours lorsqu'elle avait fait une connerie, il lui avait fourni des centaines d'excuses, il l'avait accompagné dans ces petits méfaits. Et ensemble, ils s'étaient toujours amusés, toujours ensemble à se soutenir contre vent et marré. C'était le seul à qui elle confiait ses espoirs et ses déceptions, c'était le seul à qui elle arrivait à parler de John & Jane, c'était le seul dont le départ lui avait brisé le coeur.

5 ans... cinq ans c'était long, un monde, un univers... un frère. Dale était parti pour l'université et comme tous ceux qui quittaient la ville, ils l'oubliaient... un temps. Durant un moment, ils oubliaient d'où ils venaient, profitant de leur nouveau monde, des nouvelles expériences qu'ils pouvaient vivre en laissant leur ancienne ville et ses habitants dans un coin paumé de leur esprit... Key le savait, et pourtant, elle n'aurait jamais pensé que Dale était ce genre d'amis, ce genre de personne à l'oublier elle. Elle pensait qu'ils étaient au-dessus de ça, qu'ils étaient meilleurs amis et qu'eux ce serait différent.

Mais c'était présomptueux, elle n'était qu'un souvenir lié à cette ville, et lui avait mieux à faire... sans doute, elle ne savait même pas ce qu'il était devenu depuis tout ce temps. Qui était ce Dale qu'elle tenait comme s'il était encore ce meilleur ami qu'elle avait toujours connu. Alors qu'il était plus vieux, plus droit avec cette lueur intelligente dans les yeux.

- Pourquoi t'es revenu ici crétin ! T'avais réussi à quitter cette merde ! le gronda légèrement Key.

Elle, elle en rêvait, partir sans se retourner. Partir, voyager, apprendre, découvrir c'était ça son rêve, c'était juste quitter John & Jane définitivement... sauf qu'elle n'avait pas la force de quitter ses soeurs et son frère. Elle ne pouvait pas partir, elle avait trop à faire, trop à gagner, on comptait sur elle, elle avait des responsabilité et contrairement à ses parents, elle ne voulait pas décevoir ses cadets. Elle voulait qu'il garde confiance en la famille, en certain principes et certaines promesses.

- Pardon Key, je m'excuse de ne pas avoir donné de...
- Tais-toi idiot. T'excuse pas pour avoir vécu ta vie ! Raconte-moi, dis-moi tout ce que tu as appris !

Dale éclata de rire, il demanda à son grand frère s'il pouvait lui voler sa serveuse et son boss donna son accord tout en faisant un clin d'oeil à son jeune frère. Dale & Keira roulèrent des yeux en même temps, tout le monde pensait qu'il y avait quelque chose entre eux, qu'ils étaient trop proches, trop ensemble, qu'ils parlaient trop, qu'ils se confiaient trop au point de se prendre des expressions l'un de l'autre. Au point d'avoir les mêmes goûts vestimentaires, la même façon d'insulter les autres. Les gens du coin aimaient trop faire les commères, et Dale et Keira était un sujet toujours exploitable. Ils ne pouvaient pas tenir en place, ils ne pouvaient s'empêcher de faire des conneries lorsqu'ils étaient ensemble plus de 5 minutes, enfin, ils s'étaient un peu calmés avec le temps, heureusement en un sens.

Ils se réfugièrent dans la voiture de Dale et il roula, lentement, mais surtout, ils parlèrent, comme si c'était hier qu'ils s'étaient quittés. Ils se réadaptaient l'un et l'autre, ils se disputèrent un peu, se cherchèrent, Keira agacé par son entêtement le griffa pour obtenir le dernier mot. Il l'insulta et elle éclata de rire. Finalement devant chez elle, il la réconduit devant chez elle.

Elle ne voulait pas dire au revoir, et pourtant, c'est ce qu'elle devait faire... elle le serra donc contre elle.

- Tu reviens demain ?
- Tu me fais à manger ?
- Crèves, tu payes toi. Et tu fais. Pour nous toutes. Mes soeurs aussi voudront te voir !
- Mais si je suis invité, pourquoi c'est à moi de tout faire ? S'amusa Dale.
- Parce que tu n'as pas donné de nouvelles et que tu es revenu à l'improviste.
- Deal.

Ils crachèrent dans leur main et se la serrèrent en se regardant dans les yeux. Il partit alors, en sifflotant et les mains dans les poches. Il était toujours lui, elle fut rassurée quelque part, la ville ne lui avait pas bouffer son humanité.

Quand elle rentra, elle fut surprise de voir toutes ses soeurs et son frère la regarder avec de grands yeux tout brillant et tout excité.

- Vous avez pris quoi pour avoir ces yeux-là ?
- Il est revenu ?
- Pourquoi il est pas là ?
- Tu vas sortir avec ?
- Il va venir ici demain ?
- Vous avez parlé de quoi ?

Keira recula, surprise de cet assaut de questions.

- Je suis fatiguée ! Il viendra demain, foutez-moi la paix !
- Tu lui as parlé de moi ? Demanda timidement Harry.

Keira s'accroupit et serra son petit frère.

- Mais oui Monkey que je lui ai parlé de toi, il se réjouit de te voir ! Mais little Monkey, il est tard, tu dois aller dormir !

Elle embrassa le benjamin de la famille sur le front. Elle était complètement folle de son bébé. Evidemment, comme il fallait s'y attendre, Jane n'avait pas tenu plus de 3 mois avec Harry, elle avait fini par retourner dans son centre, laissant les soeurs s'occuper du petit. Et il était vif d'esprit, malin comme un singe, d'où le surnom que lui donnait Keira. Les filles se dévouaient pour l'aider, et il était vraiment plus avancé que les autres. Key en était si fière, elle avait ce sentiment d'avoir bien fait une chose dans sa vie.

Quand Keira alla dans sa chambre pour dormir, elle se jeta dans son lit, épuisée. trop d'émotions, trop de choses qui arrivaient. De façon général, tout lui tombait toujours brusquement dessus. Elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir, elle ouvrit un oeil en voyant Mary se glisser auprès d'elle. Sa grande soeur déposa ses pieds gelé sur elle et Keira se plaignit sans pour autant s'éloigner.

- Et donc, Aaron a dit quoi de ton comportement avec Dale ?
- Il est fiancé.

Mary sembla complètement perdue, pour une fois qu'elle n'avait rien à redire. Contente de son effet, Keira ne répondit pas tout de suite à la question muette de son aînée.

- Aaron s'est fiancé, précisa-t-elle.
- Oh... et tu... le vis bien ?
- Non, je suis en larme là, je vais manger du chocolat pendant 10 jours, prendre 4 kilo et regarder les Feux de l'amour en boucle, ironisa Keira.

Mary lui donna un petit coup dans le tibia pour la punir de se foutre si ouvertement de sa gueule.

- Et Dale sait pour le truc avec Aaron ?
- Non.
- Et ? Insista Mary avec une obstination bien à elle.
- Et je suis fatiguée Mary, on en parlera un autre jour.
- Tsseuh, pour une fois qu'une d'entre nous a une vie excitante.
- Dis pas n'importe quoi. Nos vies sont trop excitantes.

Keira ferma les yeux mais attrapa la main de sa soeur au préalable. Pour cette main, pour toutes les autres de sa famille, elle était prête à tous les sacrifices. Et dans le fond, le reste n'avait que très peu d'importance.