Lorsque Jack Sulivan se leva ce matin-là, ce n’était pas vraiment de gaité de cœur. Après avoir investi dans l’avis d’une professionnelle concernant la décoration de son bar, le verdict tomba, aussi brutal qu’il s’y attendait. « La déco de votre bar est vraiment d’un autre temps, il va falloir tout reprendre de A à Z » Autant avouer qu’à ces mots, le jeune homme fit en simple signe d’accord, une grimace qui en disait long sur la motivation qu’il possédait concernant ce genre de tâche. Aujourd’hui c’était donc un de ces matins pour Jack, où l’on se dit qu’il vaudrait mieux rester couché, puisque la journée ne s’annonçait pas des meilleures. Seulement on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, et même si les habitués du bar étaient, avant tout, client pour l’ambiance du café, ils ne suffisaient plus à Jackson pour payer ses factures, il devait donc attirer également les quelques nouveaux arrivants et, touristes. C’était ainsi qu’il s’était retrouvé à refaire la déco de son bar, qui n’avait en réalité jamais changé depuis son acquisition, à l’arrivée du barman en ville.
Enfin levé après un effort surhumain pour se convaincre que cette journée n’était pas si horrible, il se prépara afin d’aller en ville. Par la ville il fallait comprendre que Jack devait sortir d’Arrowsic, aller dans une de ces métropoles bien trop grande pour lui, depuis qu’il était revenu dans le Maine, le jeune homme ne supportait plus vraiment les grandes villes, les magasins et, à vrai dire tout ce qui se rapportait à un mode de vie très citadin, il évitait tant qu’il le pouvait ce genre de situation, qui lui rappelait son passé. Désormais, Jack était de ces personnes accros aux grands espaces, appréciant l’air frais des petites villes de campagne et, la compagnie de leurs habitants, même si quelques-uns de ses habitants, lui rappelaient également son ancienne vie. Malheureusement pour Jack, il ne pouvait éviter, aujourd’hui, d’aller en ville, afin de faire du repérage pour la nouvelle déco de son bar. En fait le jeune homme était soumis à un exercice qui consistait à prendre en photos tout ce que Jackson aurait acheté pour décorer son bar, ainsi l’architecte d’intérieur pourrait mesurer l’ampleur des dégâts et, le conseiller d’avantage. Pour le barman, cet exercice semblait stupide, mais sa gentillesse et, également la jolie petite somme qu’il dépensait pour de simples conseils, l’avaient convaincu de se prêter à cet exercice sans rechigner. Résultat après une bonne douche et, un petit-déjeuner consistant, il se retrouvait en route vers le plus grand magasin de décoration d’intérieur et, d’ameublement le plus proche d’Arrowsic, tout de même trop loin pour le jeune homme, qui avait une fâcheuse tendance à ne pas être très patient en voiture.
Arrivé dans la grande surface, il était déterminé à ne pas perdre son temps, il devait aller droit au but, comme à son habitude, le travail devait être rapide, mais bien fait. Il commença alors à slalomer dans les allées à la recherche de certaines babioles, qu’il aurait pus acheter pour améliorer sa propriété. Empressé, mais également un peu sur les nerfs par la présence de tout ce monde qui réalisait une sortie shopping un samedi matin, le jeune homme dans son empressement percuta une jeune femme qui était quelque peu chargée. Evidemment la collision lui fit perdre la moitié des objets qu’elle tenait et, sans même se rendre compte de la personne qu’il avait en face de lui, sans même prendre le temps de savoir s’il s’agissait d’un homme ou bien d’une femme, Jack se baissa afin d’aider la personne à ramasser ses affaires, tout en se répandant en excuse. Ce n’est qu’en rendant le dernier objet à sa propriétaire, que le jeune homme réalisa enfin de qui il s’agissait. C’était Jean, sa voisine, une jeune femme qu’il avait en réalité à peine croisée un après-midi chez lui, pourtant ce jour-là déjà, elle avait réussi à l’éblouir par son charme naturel. Il avait l’impression qu’elle était un rayon de soleil sous une pluie battante. Il n’avait pas alors dû se rendre compte qu’il souriait bêtement devant elle, puisqu’elle lui fit remarquer qu’il avait l’air d’avoir pris un coup sur la tête. Cependant elle semblait amusée de la réaction qu’il avait eue en la voyant. Jack gratifia sa voisine d’un hochement de tête, affichant toujours ce sourire d’adolescent transit d’amour pour la première fois, après un court instant dans les nuages, il reprit pied lorsque la jeune femme avoua devoir continuer ses emplettes. Si la journée du barman s'annoncer plutôt mauvaise, la présence de la jeune femme, à ses côtés, augmentait fortement la beauté de cette journée, il finit donc par se ressaisir et, s’exclama :
- Attendez ! Vous avez l’air chargé et, moi je ne suis ici que pour du repérage, je pourrais peut-être vous aider ?
Jack était bien trop heureux de tomber sur une personne qui pourrait égailler sa journée pour la laisser fuir, surtout lorsque cette dernière s’appelait Jean Wilson. Décidé à faire connaissance avec sa voisine d’en face, il l’aida à porter la majorité des marchandises qu’elle tenait. Ils allèrent alors chercher deux paniers pour pouvoir entreposer ses diverses décorations qui malgré tout pesaient leur poids, puis il lui demanda d’un air détaché, ne laissant en aucun cas paraitre son attrait pour la jeune femme :
- Je peux vous demander un service ? J’ai engagé une décoratrice d’intérieur pour mon bar et, elle m’a demandé de photographier ce que j’aurais acheté pour la déco de mon commerce, si ça ne tenait qu’à moi. Je sais que je ne suis qu’un piètre décorateur, mais j’aimerais l’impressionner malgré tout, j’aimerais qu’elle pense que j’ai retenu ses leçons de bon gout, vous pensez que vous pourriez m’aider dans mon exercice ?
Jack affichait ce regard qu’il utilisait toujours pour arriver à ses fins, c’était un regard qui ressemblait à la fois à celui d’un chien battu et, en même temps remplit d’une détermination telle, que la plupart des gens faisant face à ce regard, se disait qu’il ne valait mieux pas contrarier le barman. Il espérait que son regard marcherait également sur la jeune femme, dont il ne savait finalement rien de plus que son nom et, son adresse.