AIX EN PROVENCE She loved to jump on her bed. She jumped on her bed for so many years that one afternoon, while I watched her jump, the seams burst. Feathers filled the small room. Our laughter kept the feathers in the air. I thought about birds. Could they fly if there wasn’t someone, somewhere, laughing? Petite, elle et sa famille avait pour habitude de venir dans un petit village à côté d’Aix en Provence, pour passer les vacances d’été ensemble. Ses parents avaient acquis une petite maison, qui permettait à la petite famille de se retrouver l’espace de quelques semaines. Apolline avait toujours adoré venir ici. Toute l’année, elle attendait ces moments avec impatience. Poussant la porte en bois de la vieille maison, elle sentit son cœur se serrer. Elle n’y était pas revenue depuis bien longtemps, depuis que sa sœur était décédée 2 ans auparavant. Suicide. Perte brutale qui avait bouleversé une famille entière. Apolline avait toujours été très proche de sa grande sœur, la prenant comme modèle. Elle avait eu du mal à accepter la vérité. Sa sœur n’était pas une héroïne. Elle n’était qu’une fille qui s’était laissé crouler sous le poids des problèmes. Personne n’avait rien vu. Le choc n’en avait été que plus brutal.
En ouvrant la porte de la chambre qui abritait Linne et sa sœur, tous leurs souvenirs d’enfances refirent surface. Elle se revit sauter sur le lit et rire jusqu’à en avoir mal au ventre. Elle revit cette fois où le lit avait craqué sous leur poids et où elles avaient du dormir à même le sol pendant le reste des vacances. Sans qu’elle ne s’en rende compte, les larmes avaient commencés à couler le long de ses joues. Dans une semaine, elle entrerait dans la vie adulte. Elle allait commencer en tant qu’assistante sociale. Pour sur, son choix de métier avait été influencé par l’histoire de sa sœur. Elle n’avait peut être pas vu le mal être de sa sœur, mais elle ferait son possible pour aider d’autres personnes. Elle avait juste besoin de dire au revoir à sa sœur une dernière fois.
PORTLAND …at a certain point in our lives, we lose control of what’s happening to us, and our lives become controlled by fate. That’s the greatest lie. “C’est une blague ?” demanda la jeune femme légèrement agacée. Elle releva la tête de son dossier et lança un regard noir à son interlocuteur. Aujourd’hui, ça faisait 5 ans que sa sœur avait mis fin à ses jours. Autant dire que la jeune femme n’était pas de bonne humeur et qu’un rien ne l’agaçait.
« Je vous ai expressément dit que ce dossier devait partir hier soir. Si le juge refuse d’accorder la garde à cette femme, ce sera votre faute, j’espère que vous en avez conscience. » Attrapant sa veste, elle s’empara du dossier et se mit à courir. Linne avait tendance à s’accrocher aux personnes dont elle s’occupait. Elle était sensible et prenait les choses trop à cœur. Elle avait du mal à rester insensible quand elle voyait des enfants souffrir à cause de leurs parents. Pour une fois qu’une histoire pouvait bien se terminer, elle refusait d’être la raison pour laquelle une jeune adolescente passerait une nuit de plus dans un orphelinat au lieu de la passer dans la chaleur d’un foyer familial.
Quand elle repensait à ce moment, elle avait tendance à se dire que c’était le moment précis où sa vie avait basculé. Si elle n’avait pas couru au tribunal, elle n’aurait pas croisé une vieille amie qui lui aurait proposé d’aller boire un café. Elle ne se serait jamais retrouvée dans ce bar et elle n’aurait jamais croisé le regard de l’homme qui allait bouleverser sa vie. Sa vie aurait été totalement différente si son assistante n’avait pas oublié de poster ce dossier. Peut être même que si ça avait été un autre jour, Apolline se serait contentée de passer un coup de téléphone au juge. Une seconde aurait pu tout changer et elle ne se serait jamais retrouvée dans ce café à sourire comme une idiote à un parfait inconnu.
« Apolline, je te présente Ashton. » Elle lui sourit, un peu bêtement, incapable de former une phrase cohérente tellement son sourire la ravageait de l’intérieur. Son sourire s’effaça rapidement quand elle l’entendit parler de sport toute la soirée. Si à la fin de la soirée, on lui avait dit qu’un jour, elle l’épouserait, elle aurait rit à gorge déployée. Il avait beau être canon, il n’était pas son genre. Du moins, c’est ce qu’elle pensa en rentrant chez elle, ce soir là.
Le lendemain, elle était de nouveau assise dans ce bar, à boire un café bien noir. Un livre entre les mains, elle profitait de son jour de congé pour se ressourcer et pour éviter de penser au coup de fil de sa mère qu’elle avait refusé de prendre ce matin. En temps normal, elle s’en serait voulu, mais aujourd’hui, elle n’avait aucune envie d’entendre les sanglots que sa mère tentait de camoufler. C’était devenu bien trop douloureux.
« Je peux m’assoir ? » Elle releva la tête et sourit, bien malgré elle.
« On est dans un lieu public à ce que je sache. » L’air de rien, elle fit mine de reprendre sa lecture comme si sa présence ne l’incommodait guère.
« Vous faites quoi ? » Elle roula des yeux avant de demander :
« Qu’est ce que vous voulez ? » Elle but une gorgée de son café tout en le fixant.
« Un rencart. » Un rire s’échappa des lèvres de la jolie brune. Ca faisait bien longtemps qu’on avait pas été aussi direct avec elle. Habituellement, les hommes prenaient milles détours avant de lui proposer de sortir avec eux.
« Pourquoi j’accepterais ? » « Parce que c’est le seul moyen pour que je vous laisse tranquille. » Elle ne put s’empêcher de sourire. Si hier, elle l’avait trouvé arrogant, aujourd’hui son arrogance lui plaisait. Elle acquiesça.
« Je passe te prendre ce soir. » C’est comme ça que tout avait commencé.
En repensant à ce moment, devant la fenêtre de son appartement à Arrowsic, elle sourit. C’est pour ça qu’elle ne pouvait pas demander le divorce. Sa vie serait drôlement mieux avec un enfant, mais elle serait horrible sans Ashton. Toute sa vie se résumait désormais à ce dilemme : avoir un enfant et perdre Ashton ou rester avec l’homme qu’elle aimait et abandonner son rêve de fonder une famille.