Les opposés s'attirent.Dirait un célèbre dicton et si ce dernier ne sait jamais révéler véritable pour ma part il ne fut que dès plus exact pour mon père et ma mère. Cameron Hurtlake : éminent scénariste de son état connu pour sa nature perfectionniste et sa connaissance parfaite et exemplaire de l'histoire du cinéma. Un homme qui s'avérait redoutable et stricte tant sur le point professionnel que dans la vie de tous les jours. Cameron était un modèle de droiture, un moralisateur en puissance qui analysait les êtres l'entourant d'un regard critique et dur. Mais au delà de son extrême autorité Cameron demeurait également un homme superbe dont l'élégance naturelle rehaussait la fierté animal de son être. Ses yeux noirs, profonds et insondables ouvraient la voir aux fantasmes les plus fous tandis que de nombreuses femmes se voyaient déjà pendu à son bras, se pavanant au côté de cette force de la nature capable de maîtriser et gérer absolument toutes ses émotions :"un parfaite machine à tuer" m'étais-je souvent dit alors que, moi-même soucieux de mon avenir je me demandais en l'observant combien de criminels avaient gardés leur liberté à cause de lui. Qui aurait alors pu penser qu'un tel homme tomberait amoureux d'une telle femme. Ma mère... Elle portait le divin nom de Claire et dans ses grands yeux bleus se lisaient sa joie de vie qui ne semblait jamais s'éteindre. Ma mère, petite française venue se frotter à la vie américaine alors qu'elle arrivait tout juste sur ses 19 ans. Une petite innocente croyant en la bonté de l'humanité et dont le cœur, débordant d'amour et d'énergie et de générosité la poussait à se prendre le partie des cas désespérés. Oui, ma mère était de ces bénévoles qui se battent comme des acharnés pour l'égalité des hommes, pour que les sans papiers puissent être légalisés et qui aurait remuée ciel et terre pour sauver un quasi-inconnu de la panade. Et sans doute est-ce cette innocence, cette soif de vie et ce caractère emporté qui charma en tous points mon père. Le rigide et la rêveuse, le cartésien et la fan de sciences fictions et toutes ces choses se rapportant de prêt ou de loin au paranormal. Une entente improbable d'autant plus que ma mère n'a jamais vraiment comprit la passion dévorante de mon père pour son métier. Cela fut donc un des sujets de discorde principale chez le couple néanmoins, je crois que c'est très exactement cette mésentente qu'ils recherchés tout deux. Se jeter dans l'action, défendre tour à tour son point de vu pour finalement trouver entente et réconciliation dans une étreinte langoureuse et passionnée. Ils ne voulaient pas se mettre d'accord, aucun des deux ne voulait convaincre l'autre de la véracité de ses propos simplement, les engueulades faisaient partie du jeu et c'est cela qui les faisait s'aimer plus que tout au monde.
Et de cet amour naquit leur perfection.
Mon nom aussi fut un sujet de discorde et vous pourrez d'ailleurs aisément remarquer l'étrangeté de mon identité. Heath Jonah. Un mélange improbable, étonnant à l'image du couple qu'il formait et, après quelques années de réflexions je crois moi-même être fier de porter un tel prénom. Heath tout d'abord, choix de ma mère, amoureuse des contes et des légendes elle trouva l'inspiration dans une histoire invraisemblable ou fées, vampires et autres bêtes redoutables se confrontaient. Oui, je porte bel et bien un nom de fée et ma mère se plaisait souvent à me nommer ainsi sachant pertinemment que cela m’agacerait au plus au point. Claire à toujours aimé la confrontation, avec mon père mais également avec moi et je crois avoir également aimé cela. Et enfin, Jonah, prénom choisit par mon cartésien de père bien évidemment, prénom ayant appartenu à son propre grand-père en qui il avait toujours eu une grande admiration. Mes parents m'ont souvent narrés les aventures de ma naissance, "j'étais pressé de vie" disait ma mère alors que mon paternel ce remémorait la course poursuite pour arriver à temps à l'hôpital : "finalement ta mère n'a rien trouvé de mieux qu'accoucher dans la voiture". Une naissance douloureuse paraît-il, j'étais pour reprendre ses dires un "sacré morceau" néanmoins il me suffisait de voir son sourire pour comprendre que mon arrivé fut le plus beau jour de leur vie. J'étais la cerise sur le gâteau, l’apothéose, la preuve irréfutable que, malgré leurs différences ils avaient su s'aimer et enfin parvenir à donner à leur tour la vie. Autant dire que je fus un môme particulièrement comblé. Claire et Cameron au delà de leurs querelles habituelles demeuraient des parents exemplaires qui prenaient chaque décision d'un comme un accord. Présent et à l'écoute ils connaissaient les limites à ne pas dépasser et je pus ainsi échapper au titre "d'enfant gâté" que l'on aurait aisément pu me coller à la peau. Oui, mon lieu de vie demeurait dès plus agréable néanmoins ma mère fit en sorte que je ne sois jamais noyé sous les cadeaux. Elle était bien moins matérialiste que mon père et parvenait à freiner sans trop de difficultés ses ardeurs et de cela je lui en suis aujourd'hui particulièrement reconnaissant. Qu'il est dur de vivre lorsque l'on désir sans cesse les possessions du voisin, qu'il est fatiguant, usant de vouloir toujours plus et de ne jamais se contenter de ce que l'on a déjà. L'être humain est bien trop souvent aveugle et ne prend que trop peu la mesure qu'il possède déjà. Cette leçon, se fut ma mère qui me l'enseigna et, bien que je fus encore un môme dépassant à peine la hauteur de trois pommes cette notion brève du bonheur s'inscrivit clairement dans mon esprit pour ne plus jamais me quitter.
Que le voyage commence...
On chante et on rit, on crie, on hurle tout en fermant les yeux face à la force du vent qui fait voler nos cheveux dans tous les sens. J'ai douze ans et se sont mes toutes premières vacances. Mon père, se déridant pour une fois avait laissé de côté ses obligations pour se fondre le plus naturellement du monde dans la peau d'un autre homme. Et je le voyais à présent, au volant de sa décapotable reprenant en cœur avec ma mère le refrain de la chanson. Son accent français était dès plus pitoyable et je me souviens combien cela me faisait rire lorsqu'il s’essayait à cette langue. Cameron n'avait jamais été très doué pour le français mais il en était tout autre pour moi. Ma mère m'ayant parlé aussi bien américain que français je maîtrisais à présent les deux langues et pouvais aisément tenir une conversation avec ma mère. Cela avait le don d'agacer mon père mais à moi, cela me plaisais. Il faut dire que je me sentais beaucoup plus proche de cette dernière et je portais sur son visage cet habituel regard émerveillé et fasciné que portent généralement les enfants sur leurs parents. Claire et sa force, Claire et son innocence, Claire qui prenait attention à mes envies et m'écoutais patiemment lorsque je me lançais déjà dans de longs débats philosophiques. J'étais particulièrement éveillé comme môme et je possédais une soif de savoir inépuisable qui mettait parfois les nerfs de mon père à rude épreuve. Je voulais comprendre, tous voir, tous saisir aussi est-ce pour cela que, pour la première fois de sa vie mon père avait prit le volant, quittant New York pour rouler jusqu'à une petite bourgade de Maine où une modeste caravane nous attendait.
Ces vacances furent sans doute les plus belles de toute ma vie et je me souviens comme si c'était été hier de la tête de mon père lorsqu'il découvrit le lieu où nous allions devoir loger. Imaginer, un homme habitué au confort et au luxe qui soudain débarque dans un coin de campagne pommé et oublié du monde. C'était drôle d'autant plus qu'il en voulut pendant deux jours entiers à ma mère d'avoir monté cette mauvaise blague avec moi. Mais, finalement, il c'est déridé et je me souviens encore de ces longues veillées autour du feu où ma mère n'où faisait part de la beauté de sa voix tandis que mon père me montrait l'un de ses talents cachés : son attrait pour la guitare. Comprenez maintenant d'où me vient cette passion que mon père tâcha de m'enseigner le plus consciencieusement possible. Cela nous rapprocha je crois bien que la guitare ne fut pas suffisante pour maintenir nos liens forts et soudés.
Les frasques de l'adolescence...
Grandir... En voilà un mot dénué de sens. Grandir, pour voir s'envoler nos illusions et nos rêves d'enfants, pour voir s'approcher l'instant atroce où vous deviendrez adulte et où, vous, vous rendrez compte, sans doute trop tard, que la jeunesse est derrière vous. A seulement 15 ans j'avais déjà conscience de cela et, à l'heure où mes amis parlaient d'avenir et de tous ce qu'ils réaliseraient une fois la maturité atteinte je me disais silencieusement 'mon Dieu, faite que le pas m'épargne et ne file pas trop vite. Il ne m'a pas écouté bien entendu et l'adolescence fut une dur période de remise en question pour moi. Comme tous jeunes hommes je me cherchais, tâchais de me construire une identité tout en devant accepter les horreurs que la nature m'imposait. Je n'étais pas très beau étant jeune, plutôt maladroit et empâté je n'étais pas non plus dès plus doué pour me faire des amis alors imaginez la catastrophe avec les filles. Je me suis donc à peu à peu renfermé sur moi-même. Conscience de ma différence je n'étais pas quelqu'un que l'on pouvait appeler conviviale et pendant longtemps l'étiquette de "l'intello de la classe" mais resté collé aux fesses. Néanmoins, cela ne me dérangeait pas tant que cela. Je me plaisais dans mes livres et j'ai ainsi pu me consacrer à la pratique de la guitare mais également de la sculpture. Un des nouveaux passes temps de ma mère qui, contre toute attente me permit de me réconcilier avec moi-même. La sculpture, le chant, la guitare mais aussi la composition me permis de m'exprimer, de libérer cette sensibilité qu'il y avait en moi et, peu à peu, de prendre confiance en moi. Ce fut également à cette époque je me pris d'un engouement soudain pour le sport. Bien décidé à mettre fin à ma silhouette ingrate je trouvais mon compte dans la pratique de la boxe mais également du footing si bien que le jeune adolescent garçon sans intérêt que j'étais devins fit peu à peu place à l'homme que j'étais en passe de devenir.
On prend le large.
Dix huit ans, fin de lycée, début d'une nouvelle ère. J'avais changé, sorti de l'adolescence j'étais devenu un tout autre homme. Les heures d'entrainement avaient payé, je toisais non loin des 1mètre87 et possède un corps dès plus agréable à regarder. C'est des études en histoire de l'art et littéraires que j'entrepris a Brown. Toutes ces heures ou je m'occupais avec des activités artistiques m'avaient en quelques sortes éclairci le chemin pour mon avenir. Je ne me voyais vraiment pas derrière un bureau pour gérer de la paperasse administrative ou un magnat des affaires. L'art avait toujours été une passion, et en faire un métier plus tard était surement la meilleure décision que j'avais prise. Je travaillais dans la librairie a coté du campus pour pouvoir ma payer le loyer, enfin je ne voyais pas ce poste comme un travail. Je passais mes journées a lire tout ce qui pouvait me tomber dans les mains, comme une grosse pause lecture. C'est également ainsi que j'ai rencontré Evy, une rangée de bouquins nous séparait. Je faisais un tour cherchant quelque chose qui pourrait m’intéresser. Et c'est sur le même livre qu'on posa nos mains. Après quelques secondes, ou elle tirait dans sa direction et moi qui faisait la même chose de mon coté, je me décida a finalement laisser tomber et lui céder le livre. Je dépassa la couloir essayant de voir a qui j'avais affaire. Je posa mon regard sur une magnifique jeune femme, peau de miel, longs cheveux bruns. Elle m'adressa un sourire, en balançant le livre devant moi avec un "perdu!" Je ne répondis pas, beaucoup trop déstabilise par ce sourire, cette beauté. Je n'étais pas du genre timide, ou celui qui perdait ses moyens aussi facilement, mais a ce moment la, en face d'elle je n'avais plus aucun repères. Et lorsque je repris un peu de ma conscience, j'avais insisté pour la voir autour d'un café. Elle était étudiante en médecine pédiatrique en plus d’être interne, le temps lui manquait avait-elle répondu avec un sourire. Je fis en sorte que le café vienne a elle, en installant une table dans le parc de l’hôpital ou elle travaillait et en apportant le café pour sa pause. Et après quelques rendez-vous on s'était mis en couple. J'avais toujours été un homme volage avant Evy, mais il parait que l'amour nous changeait. Nos études terminées, on ne rentra pas tout de suite dans la vie active, mais on s'était accordé un long voyage autour de l'Asie. Le genre d’expérience qu'on ne partageait qu'avec quelqu'un de spécial comme Evy. Trois mois après, retour a la réalité, la vraie vie nous accueillait et c'est a Arrowsic qu'on a décidé de s'installer ensemble. Je voulais ouvrir une galerie d'exposition d'art ici, et elle avait accepté un poste de pédiatre dans l’hôpital en centre ville. Sauf que le destin nous avait joué des tours, de sales tours ...