Arrowsic, famille Bennett, huit ans.
Assise par terre, sa main caresse doucement l’herbe humide. Sous la brise fraiche, sa petite jupe ondule sournoisement. Et elle est là, lasse. Et elle attend. Elle attend que quelque chose se passe. Que sous ses yeux de petite fille, le monde se meuve, par exemple. Qu’il s’électrise, qu’il danse, qu’il s’anime. Mais rien. Si ce n’est ce son étourdissant qu’est le silence. Il lui emplit les tympans et la rend incroyablement malheureuse. Son cœur se serre comme si une peine lourde l’encerclait. Alors, elle a mal. Tellement mal que sa main se referme sur une poignée d’herbe. Énervée, incomprise et seule, elle commence à arracher avec mécontentement la flore qui l’entoure. Sa gorge se noue et ses yeux commencent à briller d’une étrange lueur. Elle a mal, Ruth.
Tellement. Mais personne ne le voit… Tantôt ici, enfermée dans son jardin de malheur, elle regarde les barrières qui ont été fixées pour elle. Elle les observe, se concentre et par tous les moyens, essaye de les faire exploser. Comme si sa simple pensée pouvait suffire. Mais hélas, ce n’est pas le cas. Les barrières restent et l’emprisonnent. Tantôt là-bas, dans la prison de verre que forme sa petite chambre d’enfant. Dans sa bulle de transparence, Ruth est assise et lasse. Et toujours, elle attend. Elle ne fait que cela, attendre. Il faut croire qu’attendre est une bonne chose…
Ou tout simplement, la seule chose qui lui est permise. Elle est là, la réponse à la question. Si Ruth attend, c’est qu’elle n’a rien d’autre à faire. Seule et perdue, son quotidien est morne et sans vie. Elle n’a plus la force de sourire, ça fait mal à se pommettes bleuies. Plus la force de rire, l’éclat de ce dernier l’assourdit. Plus la force d’y croire, les mensonges sont sa maison. Plus la force d’aimer, puisque ça ne veut rien dire… Gamine turbulente, Ruth s’est toujours faite remarquée. Alors que les autres enfants jouent tranquillement, elle frappe et dénigre. Elle cogne, abîme, et détruit de ce qui est beau. C’est comme ça. À la maison, papa et maman sont désespérés. Rien à faire, leur fille est possédée. Trop croyant et trop fermés dans leur bulle d’ignorance, la seule explication qu’il puisse entendre est la présence d’un démon. C’est ridicule, absurde et pourtant, ils en sont persuadés. Tant et si bien qu’ils ont emmurés leur fillette dans leur maison. Refusant de la voir s’éloigner de plus de quelques mètres. Ils ont peur qu’elle détruise, scalpe ou tue, même.
Ruth est une enfant incomprise. Elle a sa propre manière de s’exprimer et d’évacuer les choses. Elle a besoin de cogner pour se sentir bien. Elle a besoin d’avoir de l’importance. C’est comme ça dans la vie : soit tu es tout, soit… tu n’es rien. Et elle refuse obstinément de faire partie de cette seconde catégorie. Alors elle souffre en silence de ce mal dont on l’accable.
Possédée ? Quel mot étrange. Il sonne si mal à ses petites oreilles, ils font si mal. Ruth a besoin de reconnaissance, elle n’obtient que le mépris…
Arrowsic, Ruth Oz Bennet + Thomas Tellers, quinze ans.
Avec insouciance, elle tapote sur ses cuisses avec enthousiasme. La musique qui emplit ses tympans lui donne envie de se lever et de danser. Pourtant, sérieuse, elle reste de marbre et attend que son morceau préféré se termine. Accoudée au comptoir de la petite épicerie familiale, Ruth attend les clients. Ceux qui viennent l’emmerder pour des œufs ou du beurre. Elle déteste ces gens, elle ne peut pas les voir en peinture. Ils sont tellement ennuyant ici. Qu’ils soient médecin, cuisinier ou professeur, ils l’ennuient. Tous les jours elle espère voir un brin de changement dans cette petite ville du Maine, cet endroit qu’elle connaît comme sa poche, ce même lieu où autrefois, elle trouvait encore du plaisir à l’explorer. Mais aujourd’hui âgée de quinze ans, elle essaye de montrer une image d’elle que les autres ne pourront pas abîmer ou détruire. Combien de fois n’a-t-elle pas eu à supporter les remarques désobligeantes sur sa, soi-disant, possession ? Elle pense pour les gens plus intelligent, au début même, elle leur faisait confiance. Mais voilà qu’aujourd’hui, elle abandonne l’idée d’être considérée comme quelqu’un de tout à fait normal. Pourtant, elle l’est, normal. Certes, un peu plus folle, un peu plus turbulente, un peu plus différente… Même n’est-il pas écrit dans le livre sacré que Dieu nous construit à son image ? Elle essaye d’expliquer cette théorie, on l’a giflée : blasphème. Pratiquement honteuse, elle avait regagné sa chambre. Inutile de chercher plus loin, elle a tort. Encore et toujours. Hier, aujourd’hui et sans doute, demain. La sonnette accroché en haut de la porte retentit et la sort de ses pensées. Souriante, elle tourna la tête vers l’inconnu qui vient d’entrer et sagement, elle attend qui viennent lui déposer ses achats. Chaque geste qu’il effectue pour trouver ses emplettes la fascine, obnubilée par sa chevelure noire de jais, elle le contemple avec admiration. Au bout d’un temps qui lui semble infini, il s’approche d’elle, un sourire aux lèvres. «
Salut Ruth ! Sympa la couleur de cheveux. Mais j’aimais bien le blond d’il y a deux jours, ou le roux d’il y a une semaine… » Conquise, elle laisse un rire amusé lui échapper alors qu’elle encaisse les articles. Refusant de poser son regard dans celui de son interlocuteur, elle simule un intérêt tout particulier pour cette boîte de conserve détenant des grains de maïs. «
Tu sais Tom, les cheveux : c’est un accessoire de mode ! Au même titre qu’un jean ou un sac. Tu ne penses quand même pas que je vais me balader avec le même Prada pendant plus d’une semaine ? » Souriante, elle relève finalement tête et tend le ticket à cet homme qu’elle trouve fascinant depuis toujours. Sans véritablement s’en rendre compte, elle est sans doute un peu tombée amoureuse de lui. Parce qu’il n’a pas la prétention de lui rappelé qu’elle est légèrement détestée par un nombre important de catholiques débiles. «
Tu es belle, Ruth. Pas la peine de te teindre les cheveux pour plaire aux autres. Tiens, garde la monnaie ! » Ses yeux se mettent à briller, il est si gentil avec elle. Elle n’a pas encore compris que ce qu’il veut dépasse ce qu’elle peut lui donner, mais quand ce sera le cas… Ô comme il n’aurait pas honte de le faire ! Glissant les pièces en trop dans la poche de son jean, elle se laissa retombée lourdement sur sa chaise. Les yeux plein d’étoiles, le cœur battant et le bonheur au bord des lèvres.
New York, Ruth Oz Bennet + Massie Harrison, vingt ans.
Silencieusement allongée sur le dos, elle observe le plafond de cette chambre d’adolescente. Plafond blanc et froid. Elle le connait par cœur. Elle a l’impression dévorante qu’elle a passé la plus grande partie de sa vie à l’observer. Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Cette pièce fut son repère pendant si longtemps et elle ne l’avait quitté qu’à de très rare exception. Seulement lorsqu’il lui devenait trop pénible de supporter ses parents. Parents qui, avec le temps, avaient fini par comprendre qu’elle n’était pas possédée. Simplement folle. Simplement incompatible avec leurs propres idéaux. Ruth l’avait accepté et en jouait souvent. Provocante, elle ne se lassait pas de les faire tourner en bourrique. Elle changeait de couleur de cheveux comme de petite culotte. Elle rentrait tard, une fois la nuit tombée, dans un fracas assourdissant. Elle changeait de copain comme on change de chemise. Elle buvait à s’en abrutir les neurones. Elle était le parfait exemple de la petite fille bien sous tout rapport qui tourne incontestablement mal. Clope au bord des lèvres, blouson de cuir et moto d’occasion faisait d’elle une rebelle par excellence. Un parfait cliché de magazine. Ce à quoi elle avait ajouté un groupe de pop-rock plutôt miteux, désireux de se faire connaître. La belle vie, quoi. Et puis, il y avait ses misérables petits larbins. Ceux qui rêvaient de lui ressembler. Ceux qu’elle utilisait pour se sentir moins seule, ses petits pantins, ses jouets adorés… Un sourire étire ses lèvres alors qu’elle sent un corps se mouvoir juste à ses côtés. Et délicatement, elle se retourne pour observer l’adolescente à ses côtés. Sa douce et tendre Massie. Comme les choses avaient rapidement évoluée, comme le jeu s’était épris d’elle et comme il lui était désormais impossible de faire machine arrière. Au début, elle ne voyait dans cette relation qu’une bonne occasion de se faire remarquer. Trainer avec la princesse d’un petit empire ne pouvait lui apporter que de l’importance aux yeux du monde et c’était ce qu’elle avait toujours recherché. Toutefois, elle n’aurait jamais accepté d’être le numéro deux, celle qui suit et applique les ordres. Elle était son ainée de cinq ans et elle comptait bien profiter de cet avantage pour faire ce qu’elle voulait du petit ange brun. Et c’était non sans difficulté qu’elle y était parvenue. Si bien qu’elles partageaient désormais un univers des plus provocants et désastreux. Soirées à gogo, dépenses illimitées et arrogance envers l’autorité parentale. Elle avait si bien joué qu’elle était devenue une sorte de modèle pour l’adolescente. Ce qu’elle n’avait pas prévu ? S’attacher véritablement à ce petit bout de femme, voir en elle une véritable amie, la seule à pouvoir la comprendre. Et pourtant… Elle caresse alors sa joue du bout des doigts et lui sourit tendrement alors que son ange ouvre les yeux. Doucement, elle s’approche et leurs souffles se confondent. «
Qu’est-ce que tu fais ? » souffle l’enfant dans un murmure tout juste audible. Ruth pose un doigt sur ses lèvres et l’intime de se taire, pas un bruit, pas un son. Elle doit se laisser faire, simplement accepter ce qu’elle lui propose. Si elle n’est pas d’accord ? Et bien, tant pis pour elle. «
Je vais t’apprendre quelque chose… » Avant de se voir contrée, la demoiselle s’installe à califourchon sur sa jeune amie. Ses mains glissent sur ses joues et viennent se loger dans son cou dans une caresse. «
Mmh. Quoi ? » Un sourire en coin apparaît sur le minois de Ruth alors que doucement, elle se penche vers son amie. Ses lèvres se posent sur son front et dégringolent lentement sur l’arrête de son nez jusqu’à se poser à quelques centimètres de ses lèvres. «
Le plaisir au féminin. » Massie lui jette un drôle de regard, mais ça ne l’arrête pas pour autant. Amusée du jeu qu’elle vient d’installer, elle vient capturer les lèvres de l’adolescente et les caresses du bout de sa langue. Fougueuse, elle force la barrière de ses lippes et vient émouvoir sa langue avec celle de la jolie brune. Mais doucement, elle sent des mains la repousser. «
Non, je veux pas… » Ruth soupire, un peu déçue mais c’est dans un éclat de rire qu’elle se laisse retomber sur le côté. «
Relaxe honey, je ne comptais pas te violer. » Etourdie par la vivacité avec laquelle elle s’est écartée, elle place une main sur son front et laisse un léger soupire traverser ses lèvres. Puis, faussement boudeuse, elle tourne le dos et s’endort jusqu’au lendemain.
New York, Pamela Brooks + Dean Donnovan + des spectateurs, vingt-deux ans.
Le temps file et sa vie s’effile. Elle a toujours pensé qu’elle ne finirait pas vendeuse dans une épicerie mais elle n’avait jamais eu le courage de se battre pour ce qu’elle voulait. Parce que c’était simple, tellement simple de s’asseoir et de regarder les gens monter dans le train. Rester sur le quai à faire signe de la main, un sourire contrit aux lèvres. Depuis qu’elle avait seize ans, ses parents avaient divorcés et c’était bien la meilleure chose qui lui était arrivée. Ils avaient souvent fait les grands, à parler de Dieu et autres foutaises dans le genre, et voilà qu’ils reniaient même le sacrement de l’amour. L’amour même que le Tout Puissant avait mis entre leur main… Insolente, elle leur rappelait souvent. Mordante, elle n’hésitait pas à les dénigrer. Aimante, elle ne l’était plus depuis longtemps. Toutefois, elle avait accepté de se rendre assez souvent à New York. Ville que son cher père avait choisie pour poser ses valises. Et puis, finalement, à l’âge de vingt-et-un an, elle avait décidé de déserter Arrowsic. Petite ville grouillante d’imbécile et de perdant. Elle voulait voir la vie en grand, elle voulait aller de l’avant… Alors, elle avait risqué le tout pour le tout. Par amusement, elle s’était inscrite à American Idol. Sans y croire au début, en espérant par la suite. Rapidement, elle avait monté les échelons. Gravit les places une à une. Etape après étape, elle les avait surpris. Sa voix rauque faisait trembler la scène, le public était en émoi et le jury en perdait la voix. Elle était, incontestablement, la plus douée de cette promotion. Celle qui méritait la victoire. Et bien sûr, elle avait pris la grosse tête qui allait avec. Chaque étape passée était une raison de plus pour se montrer exécrable, superficielle et futile. Et pourtant, le public l’aimait. Parce qu’elle parvenait à simuler l’émotion, la tristesse, la petite fragile. Plus qu’une chanteuse à la voix exceptionnelle, elle était aussi une actrice brillante ! Et le moment tant attendu était arrivé. Elle se tenait là, chancelante, sa main dans celle de cet abruti de Dean. Il espère tellement gagner, des millions de fois plus qu’elle. Parce qu’il en a besoin. Parce qu’il est père de famille et qu’il veut le meilleur pour les siens. Parce que sa vie n’a jamais été que désolation et torpeur. Parce qu’il le mérite, parce qu’il est vrai et authentique. Et pourtant, il sait. Elle le sait aussi. Les votes peuvent tomber, la comédie a assez durée. Ils savent. Tout le monde sait. Mais ils gardent cette façade de stresse ambiant, ce visage décomposé et cette éternelle flamme d’espoir dans les yeux. «
Le grand gagnant d’Amercian Idol est... » Foutu roulement de tambour qui l’empêche d’exploser de joie. Ruth sert les dents et essaye d’avoir l’air tendue, comme si elle attendait immanquablement de perdre. Et pourtant. Ses ongles s’enfoncent dans la chair de Dean. Pauvre petit chou, papa rentrera les mains vides. Exécrable, elle se réjouit de lui ravir sa vie. Si au départ il avait toutes ses chances, elle avait su faire la différence… «
PAMELA BROOKS ! » Faussement sous le choc, elle en vient à penser que son nom de scène est pathétique. Tonnerre d’applaudissements dans la salle et là, elle réalise. Elle porte ses mains à sa bouche, des larmes inondent ses joues alors qu’elle sourie et remercie, encore et toujours. Elle vient même embrasser son adversaire, s’excusant de lui avoir volé la victoire et puis…
Show must go on !New York, Pamela Brooks + le néant, vingt-trois ans.
«
Hey, Pam, tu viens avec nous ? On va se foutre de la poudre dans le nez et danser jusqu’au bout de la nuit ! » Une voix très lointaine lui parvient alors qu’allongée sur le dos, la Paris Hilton des pauvres sourient comme une imbécile heureuse. Elle se sent planée. Comme a des années lumières de la planète Terre. Autrefois étoile montante, aujourd’hui pétasse somnolente. On lui avait donné toutes les cartes de la réussite. On lui avait montré ce qu’était le showbiz, la vie de star, les paillettes et les bains de champagne. Elle avait goûté au plaisir intemporel de la gloire. Celui qui rend pathétique et dépendant. Et elle s’était tellement sentie chez elle dans cet univers. Ça lui correspondait totalement. Dès qu’elle changeait de couleur de cheveux – et ça n’avait pas changé, ça lui arrivait toujours très souvent – elle apparaissait dans tous les magazines people. Dès qu’elle avait l’indécence de se balader sans culotte, tout le monde le savait. Si sa musique avait le pouvoir d’attirer des petites filles en manque de reconnaissance, son attitude d’éhontée ne réussissait pas à vendre autant. Pire même, les parents interdisaient leurs enfants de dépenser leur argent pour pareil daube. Les gens qui l’avait connue fragile et touchante dans une émission de télé réalité pour les plus quarante-cinq ans ne voyait plus que la petite fille perdu dans un monde de grand. Trop grand pour elle. Ils avaient la naïveté de croire qu’elle avait perdu les pédales, influencés par les gens de cette univers déroutant. Et pourtant, ils avaient tort. Ruth, ou Pamela qu’importe, avait toujours été cette jeune femme rebelle aux sourires outrageux et à l’exhibition facile. Montrer sa chair ne la dérangeait pas et paraître vulgaire était son dada. Elle avait simplement joué le jeu pour gagner. Et voilà qu’ils réalisaient et visiblement, ça leur déplaisaient. Si son premier single était passé en boucle dans toutes les radios, le second n’avait été diffusé que deux fois et sur une chaine des moins populaires. Pamela Brooks avait été une star montante mais elle n’avait jamais eu l’occasion de décollé vers d’autres cieux. Son attitude était seule responsable de cet échec. Déçue ? Non. Elle avait tout de même eu ce qu’elle désirait. L’alcool, la drogue et des coups différents tous les soirs… Cette image qu’elle se donnait de vilaine fille était pour elle, une façon d’exister. Oh, elle aurait pu faire un autre choix mais… L’autre option était bien trop compliquée pour elle. «
Pam, helloooooooeuh ? » Déconnectée, elle esquisse un signe de dénégation de la tête et ferme les paupières. Elle se sent littéralement perdue. «
JE T’EMMERDEEEEEE, je suis déjà au septième ciel, lâche-moi. » A la limite de l’overdose, elle gisait sur le sol froid d’une chambre d’hôtel bon marché. Finit les chambres de luxes avec bain de boue offert, massages trois fois par jour et fraises et champagne au petit déjeuner. Finit la belle vie. Bonjour la décadence, la débauche et l’échec cuisant d’une carrière partie en éclat.
Arrowsic, Ruth Oz Bennet, vingt-cinq ans.
Elle est là, assise derrière son comptoir et elle attend. Sagement. Elle regarde les gens défiler devant sa caisse et elle encaisse, inlassablement elle encaisse. Elle a tout gagné, mais aussi tout perdu. Petite pop star à deux sous, elle a regagné son bled pourri, retrouvé son nom et oublié ses années de célébrité déplorable. Moquée, elle n’ait plus que le reflet d’elle-même. Elle n’ait plus la rebelle d’autrefois, ni même la star oubliée. Elle fait semblant d’aller bien, d’envoyer balader, de sniffer… Et après ? Son monde n’est qu’une illusion. Souvent elle aurait aimé être morte à la place de Massie. Tout aurait été plus simple. Mais au lieu de ça, assise de sa maudite épicerie, elle doit supporter leur regard. «
Oh ! Salut Tom ! » L’homme pose sur elle un regard critique. «
C’est ça, j’ai pas le temps donc dépêche-toi, s’il te plait Pam… Ruth. » Elle baisse la tête honteuse. Elle a tout perdu. Même ses charmes. Qu’a-t-elle à vendre désormais ? Si ce n’est son âme au diable.