être moi, c'est lorsque les films sanglants te font rire comme jamais mais que dès qu'un esprit se pointe, tu n'en dors plus. être moi, c'est chercher ses clés durant deux heures pour au final les retrouver dans les craques du canapé. être moi, c'est être accroc à la télé-réalité. être moi, c'est toujours penser croche. être moi, c'est flirter tout ce qui bouge. être moi, c'est avoir un caractère de cochon et s'assumer. être moi, c'est adorer boire comme un trou. être moi, c'est ne pas avoir toute sa tête. être moi, c'est clamer haut et fort détester tous les disney stars, mais en écouter en cachette. être moi, c'est vénérer jimi hendrix, les beatles, bob marley, cat stevens et kurt cobain. être moi, c'est avoir une tête enflée comme une pastèque. être moi, c'est avoir des tendances cruelles. être moi, c'est détester les smileys. être moi, c'est adorer porter des jupes ou des shorts. être moi, c'est s'appeler joany, avoir dix-sept ans et adorer they hide under beds. ( bah oui, je me suis rendu compte que finalement, cassiopea sans emily, ça le faisait pas bon. )

Seulement neuf ans et innocente comme tout.

« C'est finit James, je me barre d'ici. » Sur ce timbre de voix glacial, elle ouvrit brusquement la porte avant de la refermer avec tout autant de violence. S'en était finit. Elle était partie, elle nous avait laissé là, comme de vieux morceaux de chiffon. Les doigts agrippés au barreaux des escaliers, j'essayais tant bien que mal de comprendre, de chercher une raison à son départ. Peut-être était-ce ma faute, peut-être ne m'aimait-elle plus. Serrant mes lèvres contre mes dents, je me laissai doucement chavirer vers l'arrière, me retrouvant ainsi sur les fesses, seule au monde. Elle n'avait même pas prit la peine de me dire au revoir, de m'enlacer une dernière fois. Non, elle était partie et ce, dans le but de ne plus jamais revenir. Avec douceur, je descendis une à une les escaliers qui menaient à la cuisine pour y retrouver mon père, le regard meurtrit, perdu au travers la fenêtre. Ses yeux étaient rougis par les larmes, sa bouche était recroquevillé en une horrible grimace et ses mains tenaient fermement les deux coins de la table, comme si la peur de s'envoler lui avait soudainement prit. « Papa ? » Sans même m'inviter, je pris place sur ses genoux, enfouant mon visage contre son cou. Je savais qu'il n'allait pas parler, que maman était déjà un sujet tabou et qu'il valait mieux passer à autre chose. Elle était partie, elle avait détruit une grande partie de notre coeur et il fallait s'y faire, repartir tout à zéro. Nous restâmes de longues minutes ainsi, à peut-être espérer un quelconque retour, mais en vain. Elle n'allait pas revenir, ô grand jamais. « Tu vas partir aussi ? » Plantant mon regard d'innocente petite fille au travers du sien, je cru percevoir une larme couler le long de son visage. Malgré tout, je m'abstins de tout commentaire. Il avait son orgueil et je ne pouvais le brimer. « Regardes-moi bien Cassiopea. » Avec tendresse, il m'attrapa le menton du bout de ses doigts avant de laisser apparaitre un sourire forcé. « Jamais je ne te laisserai, tu m'entends ? Je serai à tes cotés pour toute la vie, ne l'oublie jamais, d'accord ? » Il relâcha mon menton aussi vite qu'il s'en était emparé et vint déposer ses lèvres contre mon front. Malgré la situation, je ne pu m'empêcher de sourire. Certes j'avais perdu une grande partie de moi, mais je pouvais au moins compter sur mon père pour toujours garder cette autre partie présente. « Je t'aime. » Je passai mes petits bras frêles autour de son cou avant d'étouffer un léger soupire. « Je t'aime aussi petite princesse. »


« Dis, pourquoi tu pleures ? » Je pris place à ses cotés, posant mon menton contre la paume de ma main. Je ne connaissais pas cette fille, je ne l'avais même jamais vu auparavant, mais elle me faisait peine à voir. Les yeux rougis par les larmes, elle semblait lutter pour ne pas éclater en sanglots. « C'est pas tes oignons. » Son ton de voix me refroidis, mais pour autant je ne baissai pas les bras. Personne ne méritait d'être seule, encore moins avec un chagrin sur le coeur. « Les gens disent tous que t'es méchante, mais moi je les crois pas tu sais ? T'as l'air sympa. » Avec ses longs cheveux noirs et son regard persan, elle était si magnifique et malgré ses airs de dur, la jolie avait un je ne sais quoi, un petit truc qui m'avait rapidement charmé. « Tu comptes passer tout l'heure du repas ici ? » Demandais-je d'une voix douce. Cette fois, je cru discerner un sourire au creux de ses lèvres et, fière comme tout, je me levai d'un bon avant de lui attraper la main. « Viens allez ! » Je la tirai vers moi avant de lui sourire grandement. « Maintenant que t'es mon amie, les gens ont intérêt à être gentils avec toi. Sinon, je vais leur casser la gueule. » Brandissant les points devant moi, j'imitai - quoi que très mal - un joueur de boxe avant d'éclater de rire. À croire que je me donnais des faux airs puisque j'étais de loin l'enfant la moins violente qui soit. « Tu t'appelles comment ? » Demanda-t-elle d'une voix peu forte. « Moi, c'est Cassiopea. Cassiopea Sullivan et toi ? » Je tournai les yeux vers elle, attendant patiemment une réponse. « Evaëlle Maelys Monroe. » Elle m'offrit un grand sourire, cette fois pleins de sincérité et à cet instant, je compris que cette fille n'allait pas être passagère dans ma vie, je compris que j'allais être prise à ses cotés pour longtemps encore et ce, pour mon plus grand bonheur. On dit que le coup de foudre, il existe aussi les meilleurs amis. Je ne pouvais que confirmer. Nos sacs à lunch à l'éfigie des grands classiques de Disney, nous nous rendîmes à la cafétéria, se racontant nos courtes vies l'une à l'autre.

Seulement seize ans et détruite par l'alcool.

« Ça te dérange si je dors ici ce soir ? » Trempé de la tête aux pieds, oreiller dans les bras, je lançai un regard suppliant à Maelys. Je ne voulais pas retourner chez-moi, je refusais d'y remettre les pieds. « Il a recommencé ? » J'étouffai un léger hoquet, remuant terre et ciel pour ne pas craquer. Je n'étais pas orgueilleuse, bien au contraire, mais pleurer devant Maelys n'allait servir à rien, si ce n'était que d'attirer la pitié. Chose que je fuyais le plus possible. « Bon allez, entres. Tu vas attraper froid. » Mon amie s'empara de mon oreiller avant de refermer la porte derrière moi. « Merci encore. Je sais que je me retrouve souvent ici ces derniers temps, mais ça devient invivable à la maison, il est toujours complètement ivre et j'en ai mare de le voir ainsi. J'ai essayé de l'aider mais rien à faire, il veut rien comprendre. » Je soufflai mes derniers mots, ne voulant pas en dire plus. Elle aussi avait ses problèmes et je ne voulais pas la faire chier avec moi, ma petite personne et moi-même. « Tu sais ce qui te ferais le plus grand bien ? » Maelys me traina à nouveau par le bras jusqu'à dans le salon et me laissa lourdement tomber contre le canapé. « Un bon vieux film bien saignant avec des cookies. » J'esquivai un léger sourire en prenant bien soin de hocher la tête. C'était du Maelys tout craché ça. Sa solution contre les mauvais jours ? Voir des gens se faire découper en morceaux. Quelle merveilleuse idée. Tout en grimaçant, j'attrapai le dvd qu'elle me tendit. Sur la pochette, on pouvait apercevoir un corps d'une femme, complètement charcuté. Pour tout dire, ça ne m'inspirait pas grand chose. « Tu sais quoi ? » Cria mon amie du fond de la cuisine. Je me levai pour aller la rejoindre. « Quoi donc ? » « Je crois que tu devrais essayer de parler à ton père, encore. Tu peux pas vivre comme ça éternellement Cassie et puis c'est ton père, il a besoin de toi, il a besoin que tu le résonne et même si ça doit prendre cinquante ans, tu sais autant que moi que tu lui dois bien ça. » À l'entendre parler, je me sentis presque égoïste de l'avoir laisser seul à la maison, je me sentis mal de l'avoir abandonné maintes et maintes fois avec ses bouteilles. Depuis toujours, il avait été là pour moi, il m'avait supporté, il avait tant bien que mal essayer de s'occuper de moi du mieux qu'il pouvait lorsque ma mère nous avait quitté. La moindre des choses était que je l'aide, que je lui apporte un énorme coup de mains avec ses vieux démons.

Je suis chez grand-mère, encore. Papa a téléphoné hier, il semblait aller beaucoup mieux, pour notre plus grand bonheur. J'ai d'ailleurs vu une larme couler contre la joue de grand-père et ça, c'est une chose que jamais je n'aurais cru possible de voir. Lui qui est si frigide, sans émotions si l'on veut. Ils ont d'ailleurs dit que d'ici quelques mois, papa allait pouvoir sortir. Je crois que c'est ce qui a fait notre soirée. Il me manque à un point fou et je veux dire par là, l'ancien lui me manque, cet homme bon et heureux, souriant et si rayonnant. Ces derniers temps, nous étions coincés avec l'ombre de lui-même. Il était d'une froideur, comme mort et ne vivait que pour ses bouteilles, rien d'autre. Lorsque je lui ai parlé, il m'a dit qu'à son retour, nous allions partir loin. Loin de la Californie, loin de cette ville qui semble désormais tant l'horrifier. Il veut retourner chez-lui, à Arrowsic dit-il. Évidemment, je mentirais si je dirais que ça fait mon bonheur, mais si c'est ce que ça lui prend pour être heureux, je suis prête à suivre, pour mon plus grand désarroi. Quoi que d'un certain sens, une toute nouvelle vie ne peut que nous faire du bien.

Seulement vingt ans prête à s'envoler.

« Il est parfait papa, tout simplement parfait. » Murmurais-je en balayant la pièce du regard, émerveillé par ces vieux murs légèrement défraichies, ces fenêtres d'où entraient un minimum de lumière. « Mais c'est vieux et petit, tu sais on peut aller voir ailleurs trésor. » Je poussai un léger soupire avant de détourner le regard vers lui. Il semblait si inquiet, si craintif. Un doux sourire prit place au creux de mes lèvres et avec douceur, je posai ma mains sur son bras, tentant ainsi de le rassurer. « Je t'assure que c'est parfait pour moi. C'est certes petit, mais douillet comme tout et de plus, le cout du loyer est juste .. parfait pour le salaire d'une simple serveuse. Cesses de t'inquiéter, je vais me plaire ici, j'en suis certaine. » Je savais qu'il avait peur, qu'il ne voulait pas me laisser partir, mais de mon coté, j'en avais besoin plus que tout. Je voulais cette liberté, ce sentiment d'obtenir quelque chose à moi et moi seule. Autant je pouvais aimer mon père, autant j'avais envie de vivre ma propre vie, mes propres aventures et posséder un appartement figurait en numéro un de la liste. « Alors bienvenue chez toi. » Murmura-t-il avant de m'offrir un grand sourire. Sourire qui cachait une certaine douleur, malheureusement. « Tu es certain que tout va bien ? » Je savais qu'il allait avoir du mal à vivre sans moi, que seul, il allait s'ennuyer, mais c'était sans doute un bon moyen pour lui de sortir à nouveau, de reprendre gout à la vie, d'une certaine manière. « Tu vieillis tellement vite, beaucoup trop vite même. Il me semble qu'encore hier, tu trainais ta poupée partout où tu allais, qu'un monstre vivait toujours sous ton lit et aujourd'hui, te voilà prête à voler de tes propres ailes. C'est un coup dur pour ton vieux père Cassie. » Touché-coulé. Il déposa un doux baiser sur mon front avant de soupirer. « Je serai toujours ta petite princesse tu le sais, même si je ne vis plus sous le même toit que toi. Puis tu sais que je serai toujours chez-toi pour regarder des films ou souper, comme à l'habitude. Tu ne vis pas loin, tout va bien aller je t'assure. »

L'appartement est parfait, plus que parfais devrais-je dire. J'ai eu du mal au début, je dois l'avouer. De me retrouver seule du jour au lendemain, c'était différent, tout nouveau à mes yeux, mais j'ai finis par m'habituer. Tout comme je me suis habituée au bruit des voisins, au fait de devoir faire ma vaisselle seule et de devoir prendre plus d'heures au café. La vie se place, tout semble aller pour le mieux et c'est une bonne chose, il était temps j'imagine. Autre part, j'ai reçu une lettre hier. Maëlys. J'ai cru que mon coeur allait sauter, exploser ou je ne sais quoi. Ça devait faire presque un an que je n'avais plus de nouvelles, plus le moindre appel, plus la moindre lettre. Elle m'a expliqué en gros les problèmes qu'elle a eu, dans quelle merde elle s'était mise et les raisons de son absence totale de ma vie. Elle m'a d'ailleurs avertis d'une future visite surprise. Ce qui est tout à fait son genre. M'avertir qu'elle compte me faire une surprise, du Maëlys tout craché. N'empêche, ça me rend si heureuse. Elle me manque terriblement, pour ne pas dire atrocement.