Sujet: Paresse, protéine et psychologie [PV Tamina I. Hidelsheim] Sam 29 Oct - 21:29
Paresse, protéine et psychologie Aidan L. Hawkins feat. Tamina I. Hidelsheim
Ce matin-là, Aidan n'avait pas envie de faire quelque chose d'autre que de rester bien installé dans son lit douillet. Bien qu'il soit le propriétaire de la maison de son père, il était incapable de dormir dans la chambre de ce dernier. Il le détestait et ne pouvait pas dormir dans la même pièce que ce monstre. Il avait donc trouvé refuge dans sa petite chambre contenant un lit double, une table de travail encombré de devoir et une lampe. Il n'avait pas envie de sortir de son lit. Il ne se voyait pas du tout, se lever, prendre une douche bien chaude, enfilé un jean délavé et une camisole grise pour ensuite prendre petit-déjeuner au cocktail protéiné. Mais, il devait le faire parce qu'il avait rendez-vous à l'hôpital, non pas pour son ecchymose sur les côtes, mais pour ce qui se passait dans sa tête. Aidan n'avait aucun problème mental sérieux, il avait juste besoin de parler et c'était quelque chose qui ne datait pas d'hier. Petit, il se confiait à Evangeline. Adulte et une fois en Angleterre, il s'était trouvé le Dr Marcus Evans, amateur de MMA et très attentif. Ce dernier l'avait aidé, involontairement sans doute, à quitter Ada et à retourner à Arrowsic. Une fois dans la cuisine, Aidan regarda à nouveau sur son réfrigérateur pour être sûr de l'heure de son rendez-vous. Il ne voulait en aucun cas renouveler la mauvaise expérience qu'il avait eue quelques jours plus tôt avec ses cours particuliers. Il esquissa un sourire pour lui-même avant d'ouvrir son réfrigérateur et d'en sortir un oeuf, une banane et une préparation de protéine. Il envoya le tout dans le mélangeur et actionna la machine. Pendant qu'elle faisait un bruit d'enfer, il enfila ses chaussures Adidas jaune. À son retour dans la cuisine, sa mixture était prête. Il la transvida dans une bouteille vide. Il n'était pas réellement fanatique de ses cocktails, mais comme il passait sa vie à s'entraîner, c'était la moindre des choses qu'il se force un peu. En chemin vers sa voiture, il attrapa les clés de cette dernière et une veste confortable qu'il enfila avant de prendre une bonne gorgée de son déjeuner. Il fallut à Aidan plus de vingt minutes pour trouver l'hôpital. Il se demanda combien de temps avait bien pu mettre Hunter après qu'il lui est cassé le nez. Bref, il stationna sa sublime Audi Q5 blanche à l'autre bout du stationnement pour éviter qu'on l'accroche ou peu importe. Il marcha donc d'un pas lent jusqu'à l'entrer où il demanda pour voir le docteur Hidelsheim, nom qu'il avait totalement massacré par accident. La secrétaire lui semble être une vieille femme en permanence de mauvaise humeur. Elle lui demanda de monter quatre étages plus hauts et d'ensuite se présenter à la secrétaire de cet étage parce que « ce n'était pas son département ». En grognant, Aidan se dirigea vers l'ascenseur, le pas toujours lent, il était beaucoup trop vache pour prendre les escaliers. Il était d'habitude très physique, mais pour ce genre de choses, il était d'une paresse incomparable. Une fois à destination, il jeta un coup d'oeil à sa montre, il était en avance, quelle joie. Lentement, mais surement, il se présenta à la charmante jeune femme qui faisait office de secrétaire. Elle lui avait l'air beaucoup plus sympathique et s'il avait été de meilleure humeur, elle aurait sans doute tenté de la séduire. « Mon nom est Aidan Hawkins et j'ai rendez-vous avec le Docteur Hidelsheim... » La jeune femme pianota rapidement sur son ordinateur et sembla surprise. « Monsieur Aidan Ludovic Hawkins ? » Il hocha de la tête. « Bien. Elle vous recevra dans quelques minutes. » L'anglo-américain alla s'asseoir en attendant et continua son déjeuner l'air de rien.
Sujet: Re: Paresse, protéine et psychologie [PV Tamina I. Hidelsheim] Mar 1 Nov - 4:29
Cette journée-là, elle est semblable à toutes les autres qui ont volé en fumées depuis quatre mois. La maisonnette plongée dans un silence calme et apaisant, encore ensommeillé, puis les pleurs d’un bébé affamé ébranlant tout ce petit monde plongé dans le calme matinal. Repoussant les draps si chauds de mon lit, je réintégrais le monde réel avec la cruauté des matins et me traînait jusqu’à la chambre de ce bébé affamé. Maelys, dans son petit pyjama Disney s’agitait en hurlant, mécontente de ne pas voir apparaître comme par magie le lait qui la nourrissait. Et c’est ainsi que s’installa la routine du matin. Changement de couche, allaitement, câlins et déjeuné avant que la nourrisse n’arrive pour prendre le relais pendant que j’allais à mon rendez-vous du matin, le seul et l’unique. Une heure trente de thérapie avant de retrouver mon cocon familial avec ma petite fille. Officiellement en congé de maternité, j’avais tout de même décidé de reprendre du service en me réinstallant ici, à la demande de l’hôpital. Des psychologues, ça ne courrait pas les rues de la petite ville. Je m’étais gardé de faire la remarque qu’Arrowsic avait un lot de cinglés ou de déranger moins important que New York ou Tokyo. Bref, ce fut ainsi que je me retrouvais avec quelques patients, très peu, assez pour avoir plusieurs journées de congé. La plupart du temps, ce n’était pas des patients réguliers, uniquement des consultations uniques et ça me plaisaient ainsi.
Il m’est toujours difficile de quitter ma fille. C’est comme si toute mon âme se refusait à la laisser derrière moi, mais en sachant qu’elle était entre bonnes mains. La partie la plus émotive de ma personne ne cessait de me répéter que c’était parce que j’étais une mère, la partie la plus logique, celle-là plus psychologue des deux, ne cessait de me répéter que c’était parce que je faisais un transfert sur elle, que je transférais mes émotions que je ressentais toujours pour son père sur la seule partie de lui qui me restait. Et la partie la plus chiante de ma personnalité envoyait valser toutes ces foutaises du revers de la main d’un air agacé. Et au final, je n’étais pas plus avancée qu’au départ. Quitter Maelys se résume souvent à abandonner tout espoir de me sentir un peu mieux pendant la journée, de ne pas retourner dans ma routine mélancolique et dépressive. Mais pourtant, je le devais. C’est donc à contrecœur, après avoir répété pour la énième fois les instructions que la nourrice connaissait par cœur que je quittai mon domicile pour me rendre à l’hôpital. Ce fut plus facile que je ne l’aurais cru… enfin, une fois l’envie passée d’appeler ma secrétaire pour me faire passer pour malade. Idée qui m’était venue une bonne centaine de fois pendant que j’étais au volant de ma voiture.
Une fois la voiture stationnée et les portières verrouillées – plus par habitude que par autre chose — je me faufilai dans les couloirs de l’hôpital jusqu’à l’ascenseur, café en main. Je saluai Clara, ma secrétaire qui me donna le dossier de la journée avant de m’enfermé dans mon bureau. La pièce était plus ou moins spacieuse, séparée en deux. La première partie était le bureau, disposant d’un meuble en bois massif de couleur sombre, sur lequel reposait un ordinateur, une tonne de dossiers et de la paperasse à n’en plus finir et un fauteuil en cuir noir et tout près de se dernier, un module pour bébé, servant lorsque Maelys m’accompagnait. De l’autre côté se trouvait des fauteuils moelleux, un canapé permettant au patient de s’allongé, une table d’acajou basse entre les deux. Le tout éclairé par la lumière naturelle de soleil qui plongeait par les fenêtres. C’était accueillant. Je n’en avais jamais espéré tant de cet hôpital. C’est vers le bureau que je me dirigeai en premier, déposant mon café, et m’y installant pour y lire le dossier qu’on m’avait donné. Il ne contenait que très peu de chose, mais dans mon métier, on apprend rapidement que ce qui est écrit dans les dossiers est rarement de ce qu’il en retourne. Quelques minutes plus tard, alors que je relisais les quelques phrases pour la dix-huitième fois, Clara me signifia que mon patient était enfin là. Enfin…il était à l’avance, mais plutôt nous commencerions, plutôt nous finirions. Alléluia.
Sortant du bureau, j’avisai le patient en question, qui tenait en ses mains une bouteille contenant un liquide très peu appétissant. Visiblement, c’était lui, puisqu’il était seul dans la salle. «M. Hawkins? Si vous voulez bien passer dans mon bureau, s’il vous plaît.» Sur ses mots, j’attendis qu’il me rejoigne pour nous enfermé à l’intérieur. Je le guidais jusqu’à la pièce aménagée de fauteuils, faites pour les séances de thérapies, avant de lui tendre la main, attendant qu’il la serre dans la sienne, un air qui se voulait avenant sur le visage. « Enchantée, M. Hawkins Prenez place, je vous prie.» Non. Je ne me présentais pas. Théoriquement, il savait qui j’étais et pourquoi il était ici, non? Les présentations, c’est ce que je faisais uniquement avec les enfants, parce qu’ils ont besoins d’être rassurés de savoir ce qui se passe. Les adultes, ils sont conscients de tout ça. Et puis, aux notes de son dossier, c’était lui qui avait demandé à me voir et non une quelconque autre circonstance. Je m’installai sur le fauteuil fasse à lui, jambes croisées, mains jointes sur la mince couche de nylon recouvrant mes genoux, un pied battant une mesure imaginaire sans que je ne le remarque. « Comment allez-vous ce matin, Aidan?» Et c’était partie.
Paresse, protéine et psychologie [PV Tamina I. Hidelsheim]