Plus tu dose, plus tu montes chérie. Regarde moi...

Cette ville, je ne la connaissais pas depuis très longtemps à vrai dire. J'y avais débarqué pour une raison : Abbey. Finir ce que j'avais commencé. Mais j'avais pas vraiment fait l'effort de visiter le lieux où j'avais atterrie . Des phares. Voilà la fierté de cette ville. Autant vous dire que New York me manquait. Les contrats, les soirées alcoolisées avec toute crème de la crème du business, des créateurs. Et les soirées moins connus avec les célébrités qui ne voulaient pas qu'on sache ce qu'elles y faisaient. Autant vous dire que c'était celles-ci que j'adorait le plus. Mais j'ai du faire un choix, et mettre ça de côté. De toute façon, je n'étais plus mannequin pour Chanel, j'étais considérée comme véhiculant une sale image. Tous des enfoir*s ! Si seulement ils savaient que c'est ça que les gens demandent. De la vulgarité ! Enfin, j'avais toujours des contrats annexes, mais pour l'instant, celui des deux C étaient en attentes. Mes vacances ici étaient parfaites : J'avais trouvé mon appart qui était le lieux de nombres d'incivilités. J’enchaînais les soirées. J'avais trouvé mes fournisseurs et également mes clients. Bref, tout allait bien. Je me dirigeais donc vers ses fameux phares. J'avais passé la matinée à cogiter sur ce que j'avais accompli dans ma vie. Je ne comprenais pas les gens qui me considérait comme tarés. J'assumais mes choix, aussi différents des leurs. Ils n'aimaient pas qu'on dise la vérité, et surtout, ils ne voulaient pas la voir. Je choquais trop, mais je m'en fichais. Je voulais des sensations fortes, d'où mon amour pour les risques, les drogues, les comportements suicidaires, le sexe violent. J'étais une mauvaise fille, en rupture social, et j'adorais faire descendre tous le monde dans ma folle chute. Arrivée sous ce phare, je levais alors la tête en l'air. C'était haut, ça m'intriguait. Je croisa alors un vieil homme qui descendait les marches. Il m'avait jeté n regard si méprisant que j'avais fait de même, mon regard ébène l'avait sûrement outré car il avait alors accéléré le pas. C*nnard. Secouant la tête, j'entrai dans la bâtisse et monta les escaliers. J'allais clairement être seule ici, et je pourrais donc me défoncer à souhait. Mon portable à la main, j'atteignais doucement l'étage le plus haut. Je fis un tour complet de l'endroit, observant la mer à travers les vitres cassées. Puis je m'installais en tailleur, sortant alors mon petit matos. J'avais le choix. Douce, dur, à fumer , à avaler. La vie était si dur voyez-vous ...

Un an, voilà un an que j'étais ici, dans cette ville pourrie où je n'avais toujours pas trouvé ma place. D'accord, je suis plutôt quelqu'un qui s'intègre un peu de partout, à chaque fois, mais cette fois ci les gens n'avaient pas la même mentalité. Évidemment je parle en général, j'avais quand même des amis, il y avait aussi des personnes avec qui nous sommes sur la même longueur d'onde, des personnes avec qui je peux m'éclater un peu. Je suis une fille différente des autres, sans tabou, libre d'assumer ses choix contrairement à certaines personnes. Je ne me cache pas, je couche avec tout ce qui peux avoir une queue, je consomme de la drogue lors des soirées de débauche, je bois énormément parce que j'aime avoir la sensation de quitter mon esprit, mon corps. J'étais décalée, méchante, glaciale, méprisante et manipulatrice. Je sais qui je suis et ce soir j'avais envie d'oublier des jours relativement chiant et long. Pour me soulager tranquillement, j'eus l'idée d'aller aux phares d'Arrowsic, je tournais en rond, regardant le ciel, le paysage. J'allumais un joint pour commencer, le fumant doucement histoire de bien l'apprécier puisque que j'avais jurer de me calmer un peu avec ces merdes pour ne pas me foutre en l'air comme beaucoup de personnes. Je m'installais dehors puis tournais la tête pour enfin comprendre qu'il y avait une blonde au loin. Je me rapprochais doucement et puis assez pour comprendre que la blondinette n'était personne d'autre que Joy. Joy c'était comme une mauvaise fréquentation, la personne qu'on interdirait de voir parce que les parents ont peur, mais la personne qu'on a le plus envie de voir parce qu'avec elle il y a quelque chose de fascinant puisque c'est interdit. J'adorais cette femme, certes elle était plus vieille que moi, mais je l'adorais, elle était comme ma sœur. « Chérie, tu ne m'appelles même pas pour te mettre la tête à l'envers ? Je retiens. » Je m'installais près d'elle.

Plus tu dose, plus tu montes chérie. Regarde moi...

Toujours perdue dans mes pensées, qui se résumaient en clair à " prendre quoi pour monter haut " - ironique métaphore étant donné que j'étais en haut d'un phare - je n'avais pas fait attention aux bruits de pas qui résonnaient pourtant fortement dans l'escaliers. Ce n'est que quelques minutes avant que Leona n'apparaisse que j'eus comprit qu'on venait me tenir compagnie. Ne sachant pas qui c'était, j'aurais du avoir la décence ou au moins l'intelligence de cacher mes drogues posées sur le sol froid et presque humide. Pourtant, j'étais restée immobile, attendant que la personne qui allait me déranger se montre. Forcément, en voyant les jambes presque nues de Leona, son regard encore plus bleu que le mien, sa démarche aussi assurée que la mienne, je ne pus qu'éclater de rire. Lâchant un briquet que j'avais en main, je replaça une mèche de mes cheveux lâches derrière mon oreille, continuant de rire en la fixant. « Chérie, tu ne m'appelles même pas pour te mettre la tête à l'envers ? Je retiens. » Sa voix venait de résonner dans tout l'étage supérieur. Inclinant la tête sur le côté, je lui fis signe de venir, appuyant cette invitation en tapotant à côté de moi. Pour sûr, elle aurait eu la démarche de venir d'elle-même, ça je le savais. Elle était aussi indécente que moi, aussi chier, aussi peu adeptes des règles des normes, des comportements dits normaux, donc ennuyeux. « Oh, tu sais, c'est l'habitude de m'isoler dans les endroits glauques qui me fait oublier ma sociabilité. Mais, l'essentiel et que tu es là, et que tu vas te défoncer avec moi ! » J'avais émis la proposition quelques jours auparavant qu'elle vienne squatter chez moi, et ça m'avait d'ailleurs moi-même étonnée. J'étais du genre très - voire trop - solitaire. Elle était vraiment la seule exception à cette règle de vivre seule. Elle était déjà très souvent chez moi, donc au final, ce n'était que mettre des mots là où ils devraient déjà être.

Mes jours pouvaient être comptés, mes poumons pouvaient avoir du mal à fonctionner normalement et l'intérieur de mon corps pouvait avoir quelques dysfonctionnement, je m'en ficherais totalement. A quoi résume la jeunesse ? A profiter de la vie comme bon le semble, chacun d'une manière assez différente. Moi j'avais choisi de profiter de ma jeunesse en profitant de ma beauté, de tout ce que la nature m'avait offert avantageusement. Cela marchait à merveilles, je ne me prenais pas la tête et je m'éclatais, il fallait le dire. Je passais pour une mauvaise fille aux yeux des autres, peut m'importe, tant que moi je m'éclate. Je vis ma vie à 100%, même si je me tue à petit feu à cause des problèmes que présente mon corps à force de trop forcer sur la fumette et sur l'alcool. Je faisais du mal à mon corps, je le maltraitais sans cesse, tous les soirs avec la dose quotidienne de drogue douce ou dure. C'est compliqué de se défaire des griffes de cet enfer une fois qu'on est tombé dedans. Cela fait maintenant quelques années que je côtoie régulièrement ces merdes, elles font parties de ma vie, ce sont mes meilleures amies et même si je voudrais parfois m'en défaire pour suivre le cours de ma vie tranquillement, ce sont mes habitudes, mes manies. En haut du phare, j'aperçus une blondinette déjà dans les vapes. Même sans voir son regard, je pouvais apercevoir des tas de merdes à côtés de son corps dévasté. C'était Joy, une fille qui avait une bonne réputation à Arrowsic, ou pas. Je vins à sa rencontre, doucement. Je vins aussi la troubler dans sa montée, afin de ne pas la laisser monter toute seule, égoïstement, je l'avoue. « Oh, tu sais, c'est l'habitude de m'isoler dans les endroits glauques qui me fait oublier ma sociabilité. Mais, l'essentiel et que tu es là, et que tu vas te défoncer avec moi ! » Elle tapota l'espace de sa droite afin de m'inciter à venir s'installer près d'elle. Je posa mes fesses près d'elle, prenant une roulée de ma poche. Ce n'était pas une cigarette, évidemment. « Ça fait un moment que je ne t'ai pas vu trainer à Arrowsic, tu vas bien ? »