« Tu sais ce que tout le monde aime ? Le clafoutis. T’as déjà rencontré quelqu’un à qui tu dis : « fais péter le clafoutis ! », et qui te dit, « j’aime pas le clafoutis » ? Il n’y a rien de plus clafoutant que le clafoutis ! »

« Qu'est-ce qui se passe, la jolie Rafaëlle à refuser de t'accompagner ? » Dans un profond soupire, mélange d'amusement et d’amertume, elle se laissa lourdement tomber contre le creux du matelas. « Ça n'a aucun rapport avec Rafaëlle, j'ai simplement envie que tu m'accompagnes Charlotte, rien d'autre. » La belle se contenta d'un simple raclement de gorge. Elle n'était pas idiote, bien au contraire et même si il était son meilleur ami et ce depuis toujours, celui qui comptait le plus à ses yeux, elle savait aussi très bien que son premier choix n'était pas elle. Il était évident qu'il s'était ramassé un râteau avec d'autres avant de placer son dernier espoir en sa meilleure amie. « Je t'en supplie, accompagnes-moi. Puis de toute manière, ma mère ne voudrait pas de n'importe qui à mon bras, certainement pas pour le mariage de ma soeur du moins. » Sa voix s'était voulu lasse, à croire qu'il trouvait cette histoire complètement ridicule, que s'il lui avait demandé de l'accompagner, ce n'était pas seulement parce qu'il n'avait pas trouvé le moyen d'en inviter une autre, mais aussi parce qu'il tenait fermement à faire le bonheur de sa famille, en particulier de ses parents. Eux qui vouaient un si grand amour pour la douce et délicate Charlotte. « J'en sais rien, les mariages c'est pas mon truc Pax. » La jolie se mordit automatiquement la lèvre, ce qu'elle pouvait détester les mensonges et encore plus lorsqu'ils sortaient de sa bouche à elle. Seulement, elle le faisait pour son bien à lui, qu'il ne souffre pas. Incapable de lui offrir la vérité, elle préférait cacher cette dernière, faire comme si tout allait bien, attendant le jour où elle allait partir, où il n'allait devenir que vagues souvenirs. Espérait-elle, du moins. « Tu mens. Forcément. C'est carrément ton truc et ça l'a toujours été Blondie, joue pas la carte de l'innocence, ça ne fonctionne pas avec moi. Quand on était gosse t'arrêtais pas de regarder les photos de mariage de tes parents, rêvant du jour où ton tour viendrait et tu veux me faire croire que c'est pas ton truc. » Dans un soupire, elle tourna doucement le regard vers lui, un triste sourire aux lèvres. Il la connaissait si bien, un peu trop même. Nombreuses personnes avaient défilés dans sa vie, nombreux avaient été présents pour elle, avaient su rester à ses cotés lorsque tout allait mal et pourtant, ils avaient tous finit par fuir, par changer ou tout simplement par la laisser tomber mais Paxton, il était resté et ne l'avait jamais laissé tomber, pas même l'espace d'une minute. Il était son tout, son meilleur ami, tout ce dont elle rêvait et à croire qu'elle avait finit par succomber. Par s'enticher de lui et, malgré tout ses efforts pour en arriver au contraire, elle s'était finalement retrouvé amoureuse. Amoureuse de celui avec qui elle avait grandit, de celui a qui elle avait arrangé nombreux rendez-vous, celui qu'elle avait consoler à trois heures du matin lorsqu'il s'était fait plaquer. « Les choses changent et aujourd'hui, je déteste les mariages, voilà tout. » Le regard toujours posé sur lui, elle laissa échappé un léger gloussement. Plus que quelques heures à trainer avec lui, quelque heures à écouter ses histoires sans le moindre sens, à se foutre de sa gueule, croiser la profondeur de ses yeux. « Ça ne va pas ? » Touché-coulé. Se redressant pour mieux lui faire face, la jeune Haestings lui adressa un grand sourire avant de hocher la tête, en signe de dénégation. « Je dois y aller ... Paxton. » D'un haussement d'épaules, le jeune se redressa à son tour. « Déjà ? Mais je croyais qu'on passait la soirée ensemble, t'es nulle blondie. » Éclatant de rire, elle posa pied sur le sol. Si face à lui elle riait, semblait filer le parfait bonheur, intérieurement, son coeur semblait sur le point d'exploser à tout moment. « Désolé. » Doucement, elle s'approcha de lui et tendre baiser contre le creux de sa joue, déviant peu à peu contre ses lèvres. C'était plus fort qu'elle, ce qui devait être un simple baiser sur une joue se transforma en un doux baiser, plus merveilleux que tout ce qu'elle avait pu vivre, plus magique que n'importe quel roman à la con. Ô elle allait partir. Elle allait le quitter sans même prendre la peine de lui dire mais avant tout, elle se permit de profiter. Se détachant de façon brusque, elle tenta tant bien que mal de cacher les larmes, le tout derrière un sourire qui sonnait pourtant si faux. « Désolé. » Comme si elle ne savait dire que ça. « Char .. » Trop tard. Elle avait déjà prit la fuite.

Citation :

Je ne sais pas s'il est toujours là, je n'ai pas même pas cherché à le retrouver pour être franche. Il s'est peut-être barré lui, est peut-être même fiancé ou je ne sais quoi et étrangement, j'en ai rien à battre. Enfin, c'est ce que j'essaie de prétendre et je crois que bien malgré moi, ça fonctionne. Faut dire, c'est plutôt facile à faire lorsque la moitié de mon temps, je le passe avec ma meilleure pote, la bouteille de Tequila. Je suis allé voir ma mère dernièrement, c'était l'horreur. Selon ses dires, j'ai changé, beaucoup trop même. Je cite exactement ses mots. Tu étais si douce, si sage, en aucun cas tu étais un problème pour nous et te voilà, pas moins de deux ans plus tard avec ton allure de dévergondée, ton langage différent et ta façon de te foutre de tout. New York n'était pas un si bonne idée Charlotte. Comme elle peut être ridicule parfois. Certes j'ai changé, ou plutôt, j'ai évolué, mais n'est-ce pas le but d'une vie ? Changer. Je ne pouvais pas rester éternellement cette pauvre petite Charlotte, fragile comme tout. Enfin, j'ignore encore ce que je fou ici, pourquoi je suis revenu à Arrowsic et tout, mais je suppose qu'il le fallait.