Sujet: Forever and Almost Always [Kane] Mer 30 Mai - 0:42
you slip out of my finger tips every time you run
En ce mercredi matin, j'étais plutôt d'une humeur maussade. J'avais une envie folle de fait la grasse matinée. Alors que je me redressais et ébouriffai mes cheveux au passage, je regardai par la fenêtre. Je constatai alors le temps ensoleillé qui se dessinait à l'horizon. J'étirai tous mes membres, question d'habitude, et me dirigeai vers la salle de bain. Ça aussi c'était une question d'habitude, de train-train quotidien. J'enfilai le premier t-shirt qui me passa sous la main ainsi qu'un survêtement de coton, puis je remontai mes cheveux en un chignon. Je traversai la chambre à grande enjambées pour mettre en marche la cafetière. J'allumai la télévision et zappai jusqu'à ce que j'atterrisse sur une chaîne qui diffusait la météo.
Je me laissais choir sur le canapé. Ma vie était au point mort. Stagnante. C’en était même pitoyable. Je ne pouvais quand même pas rester tapi dans ma solitude. Prochaine étape, c’était sans aucun doute l’asile. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Je ne pouvais certainement pas passer une autre journée comme ça non plus. Enfoncé dans le confort de mes illusions. Je me sentais seule. Perdu. Je devais vraiment sortir. C’en devenait assez urgent.
Une fois que je versai une bonne dose de caféine dans une tasse et noya le nectar amer et brûlant d’une tonne de crème ainsi qu’une saveur, un peu exagérée, de vanille française, je collais mes lèvres à la tasse et en avala le contenu en deux temps trois mouvements. Le café était devenu une drogue. C’en était grave. Je fermais le téléviseur, attrapais une veste au passage, mes clés et mon lecteur de musique et enfonçais mes écouteurs dans mes oreilles. Un peu de jogging ne me ferait pas de mal. Au contraire. Balayer mes pensées, faire le vide dans ma tête. J’en avais besoin, surtout en ce moment.
Je déambulais dans le pâté de maison, sans trajectoire précise, je zigzaguais à travers les rues, sans me soucier de rien n’y personne. Mes pas me conduisirent à la plage. J’adorais cette plage. Le sable blanc, brûlant, l’eau cristalline, transparente, turquoise en surface, les récifs coraux multicolores, les falaises rocheuses qui se dessinent à l’horizon, les maisons luxueuses en bordure de mer. C’était mon endroit de prédilection. J’adorais m’y prélasser, m’y établir. C’était mon moment à moi. Celui qui me permettait de m’évader. La plage était presque inoccupée en matinée. C’était l’une des raisons pourquoi j’aimais y être. Seul d’autres joggeurs faisaient une brève apparition.
Je décidais de prendre une pause. Je m’assieds en tailleur sur le sable. Les gouttes de sueur perlaient sur mon front. Caressée par la brise matinale, je fermai les yeux. Les rayons matinaux glissaient sur ma peau scintillante. L’air nacré se réchauffait.
Sujet: Re: Forever and Almost Always [Kane] Jeu 31 Mai - 12:47
Cora & Kane
«Mon amour vole à toi comme un pavé dans ta gueule »
C'était une très mauvaise habitude, une habitude à chier que j'avais acquis au fil du temps. Une ptain d'habitude à laquelle je commençais sérieusement à tenir : courir tous les matins, en longeant la côte pour me défouler, trouver un moyen efficace de ronger mes freins, passer à tabac la frustration sentimentale dans laquelle je pataugeais avec masochisme. Aux aurores, j'avais pris pour sale manie de me réveiller, j'allais fouler de mes pas l'ensemble du voisinage puis, m'essouffler sur le sable - là où chacun de mes pas représenterait un véritable effort-. Remarquez, ces efforts avaient tout d'même porté leurs fruits. Moi qui l'année précédente n'étais qu'un homme somme toute assez gras du bide, j'arborai dès lors un abdomen souligné d'une musculature en tablette de chocolat. C'vrai : grillé, j'appréciais assez le regard des autres joggeurs sur moi. L'envie dépeinte dans les iris des demoiselles, la rage dans celle des damoiseaux. Je prenais soin d'mon corps, je me sentais plus en vie, ça m'crevait : certes mais, ça en valait la peine. Ce matin-là, c'est sans grand enthousiasme que j'avais entreprit mon schéma quotidien, la veille, j'avais appris de source sûre - à savoir, de la plus grande commère d'Arrowisc- que la salope de ma vie avait à nouveau pointé. Depuis combien d'temps elle était là ? Pourquoi était-elle là ? J'en avais rien à cirer, moi, ce que j'voulais absolument savoir c'était pourquoi n'était-elle pas venue me voir, hein ? De toute façon, je n'avais jamais réussi à la comprendre, nul en maths, l'équation qu'elle était semblait relever des plus complexes. J'étais toujours paumé. Cora, pétasse. Elle creusait des pelletées dans mon coeur à chaque fois que je me retrouvais à sa proximité. A chaque fois que je réussissais à m'en défaire , elle débarquait, venait réclamer son dû : le plus pathétique dans tout ça, c'était que ouai, je me sentais son dû. Sa propriété. C'sûr, ça me rendait dingue, ça me faisait perdre les pédales. J'pouvais quand même m'attacher à quelqu'un d'aut'. Sauf que, je revenais toujours, elle me revenait toujours. Merde, j'avais quand même une haute estime de moi, une fierté parfaitement aiguisée. Je me débattais et retombais aussi souvent que cela aurait pû être possible dans ses foutus bras d'anorexique. Ce que je pouvais la hair, vouloir lui éclater la tronche à chacun de ses sourires, ses yeux me crachaient au visage ô combien elle me voulait. Et moi, chaton, à ton avis ? Seulement, la haine avait déteint, profondement cette fois-ci. Je ne voulais plus avoir affaire à elle. Niet, j'aurai pu vous le jurer sur ma propre vie. Je traçais un sillon de pas , en sueur, je décidais qu'il était peut être pas si tôt pour piquer une petite tête. Le soleil régnait sur son trône, impérial, les rayons caressaient ma peau, j'en avais besoin. Le marcel que je portais tomba sur le sol, la casquette vissée au sommet de mon crâne en fit de même, mes baskets négligemment délaissée les rejoignirent. Je plongeais, m'éloignant du bord. Peut être que dans l'fond, j'aurai aimé être noyé. Peut être que dans l'fond j'aurai voulu toucher l'fond. Refroidis, j'émergeais, découvrant sur le sable un cadeau divin, ma salope, assise en tailleur. Est-ce qu'elle avait ressenti ma présence ? Quelque part, bordel, j'aurai voulu croire qu'il existait un destin, qu'il finirait par nous réunir mais, c'était une roulure, elle ne pensait qu'à son derche squelettique dire, je l'aimais son derche. Son derche, son sourire, ses yeux, c'était un tout auquel je prenais plaisir à m'imbriquer. Je m'avançais, l'ignorer aurait été simple, il m'était difficile de le faire, je répondais à ses signaux, signaux qui trouvaient écho en moi, spontanément : « Tiens, une merdasse d'chien ». Je sais : stupide. Ramassant mes effets, je poursuivis : « J'croyais que t'avais plus rien à foutre à Arrowisc ? C'était tes mots, non ? » amer, je plantais mes yeux dans les siens. Notre dernier affrontement avait été, disons, épineux. Et ses putains d'yeux, salope.