Sujet: we are going backwards ☞ aelani. Lun 14 Mai - 1:35
nos actes ont toujours des conséquences. mais il faut qu'on vive avec.
Il ne faisait pas particulièrement froid en cette belle soirée de mai, et cela ravissait mes petites gambettes qui n’avaient pas été ménagées ces dernières semaines. Le soleil avait illuminé le ciel d’Arrowsic pendant toute la journée, à la plus grande surprise de tous. Cela nous faisait du bien à tous, il fallait l’admettre. C’était bizarre, mais j’avais l’impression que le soleil essayait de nous transmettre sa chaleur. Il était vrai que j’étais un peu plus souriante quand les premiers signes du printemps se faisaient connaitre. Cette année la pluie avait déversée sur nos toits plus fréquemment que d’habitude. C’était le réchauffement climatique qui commençait à déséquilibrer notre petit quotidien, doucement. Il fallait que les gens s’en inquiètent, mais les gens étaient idiots alors ils ignoraient ce problème pourtant menaçant et continuaient à vivre leur petite vie comme si rien ne pouvait les ébranler. Ils se trompaient lourdement, je le savais. Malheureusement, j’étais impuissante, comme toujours. Je me contentais d’exercer mon devoir de bonne citoyenne en me déplaçant à pied ou en vélo, en recyclant mes déchets et en jetant tous mes détritus dans les poubelles prévues à cet effet. Certes ce n’était pas grand-chose, mais je me sentais bien quand je partageais mon mode de vie avec la nature. C’était tellement mieux ainsi. Mais tout le monde ne l’entendait pas de cette façon dans ce bas monde. Je soupirai et passai une main dans mes cheveux doux. Je gardai un œil attentif à la route, prête à réagir au cas où une voiture débarquait à une vitesse trop élevée. Assise sur mon vélo, je profitai de la jolie vue qu’offrait Arrowsic et du vent qui défilait sur mon visage. Comme moi, certains habitants avaient sortis leur vélo pour profiter de ce magnifique temps. Ainsi je croisai des petites fillettes qui oscillaient encore sur leur véhicule rose, mais qui étaient heureuses car elles arrivaient à rouler sans leurs mamans. C’était tellement mignon et adorable. Parfois je me demandais si j’allais moi aussi pouvoir me construire une famille. Avoir une vie stable, un mari, un travail, des enfants à élever. Cela me semblait tellement éloigné de la vie que je menais à présent. Un jour, peut-être..
Après une bonne dizaine de minutes passées à pédaler, j’arrivai finalement à destination. Je posai mon vélo sur un petit emplacement, sans prendre la peine d’accrocher un anti vol. Arrowsic était une petite bourgade innocente et sans histoire, personne n’allait avoir l’idée de voler un vélo. C’était ce qui me plaisait dans cette ville : on pouvait circuler librement et en sécurité. Et ça, ce n’était pas donné à tout le monde. Je jetai un coup d’œil à ma montre et constatai qu’il était bientôt dix-huit heures. La mairie fermait à dix-neuf heures. Bon, ça me laissait une demi-heure pour régler mes problèmes administratifs. Apparemment ma dernière facture n’avait pas été payée et je devais me rendre à la mairie pour résoudre cette anormalité. Normalement l’affaire allait être vite résolue. Je l’espérais en tout cas. Je passai le perron de la mairie qui n’était pas particulièrement remplie. Tant mieux, ça allait m’éviter de perdre du temps dans une salle d’attente. Je me dirigeai donc vers le comptoir où je fus accueillie par une fille que je connaissais bien : Aelani. Un sourire effleura mon visage, en voyant que c'était elle qui allait s’occuper de moi. « Salut ! » dis-je, avant d’ajouter : « On m’a appelé hier pour me signaler un défaut dans mes factures. Du coup bah je suis venue pour régler le problème. » Je posai sur le comptoir les papiers nécessaires, et attendit qu’elle me réponde. A ce moment-là, je ne me doutais pas une seconde que c’était la dernière fois que j’allais lui parler en la considérant comme une amie.
Sujet: Re: we are going backwards ☞ aelani. Ven 1 Juin - 1:26
Je me réveille, je regarde le réveil. Il est neuf heures du matin. Je suis en retard. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Voilà à peine deux mois (peut-être plus, peut-être moins) que je suis arrivée à Arrowsic. Et très vite, Sybil, ma cousine, m’a aidée à trouver un emploi à mi-temps à la mairie. Je ne travaille que deux jours par semaine et je trouve quand même le moyen d’arriver en retard tous les jours. Je suis censée arriver à neuf heures, en fait. Mais je ne suis pas motivée, je n’ai pas envie de travailler là-bas, je n’ai pas envie de travailler du tout. J’aimerais tellement pouvoir revenir dans le temps et faire tout ce qui est en pouvoir pour faire en sortes que Keona ne m’abandonne pas quasiment devant l’autel. Ou alors, faire en sorte de ne pas le rencontrer. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas de machine à remonter le temps, alors je me lève et me prépare lentement pour aller travailler, finalement. Ils doivent être habitués à me voir arriver en retard, mais je ne suis pas sûre que ça leur plaise. Ils vont finir par me virer. Je m’en fiche, j’ai l’habitude de me faire jeter. Ce n’est pas comme si le mec avec qui je devais passer le reste de ma vie m’avait jetée juste deux jours avant le mariage, n’est-ce pas ? « T’es encore en retard, Ae’. » Je fais un sourire et un bisou à ma cousine. Je ne suis pas vraiment gentille avec elle depuis mon arrivée dans sa ville, et j’essayer vraiment de faire des efforts, mais c’est plus fort que moi. L’ironie et le sarcasme sont devenus mes meilleurs amis ces derniers temps. « Tu t’es réincarnée en réveil pendant la nuit ? » Je me moque gentiment d’elle parce qu’effectivement, ma cousine croit en la réincarnation. Moi, personnellement, je n’y crois pas du tout. Je sais bien qu’avec le boom de l’écologie, le recyclage devient à la mode, mais j’suis pas sûre que le tout puissant en soit réellement fan. « Je t’ai déjà dit que t’étais hyper drôle comme fille ? » Je fais un grand sourire dévoilant toutes mes dents en direction de ma cousine. Il y a encore quelques semaines, je ne lui aurais même pas répondu, je suis donc fière des efforts que je fais et je sais que ça lui fais plaisir. Je lui fais un autre bisou, j’attrape une pomme et je sors de l’appartement. Je me fiche vraiment d’être en retard, mais il faut au moins que je fasse semblant de me dépêcher.
« Kawena, tu es en retard. » Non, sérieux ? J’avais pas remarqué, tu vois. Faut que j’vous explique. Le mec qui s’occupe de moi à la mairie, mon boss, prend un malin plaisir à me répéter tout ce que je fais qui ne lui plait pas. Si j’arrive en retard, il me le dit, si ma pause est trop longue, il me le dit, si je ne souris pas assez, il me le dit. En gros, c’est un vrai lourdaud qui me tape sur le système. En plus de ça, c’est un gros macho qui se croit supérieur à tout le monde et qui n’est même pas fichu de se rappeler de mon nom en entier. « Kawena-Fever. » J’prends même pas la peine de répondre à sa remarque sur mon retard. A quoi bon ? Il sait que je n’en ai rien à faire. « Quand tu arriveras à l’heure, je t’appellerais correctement. » Ce mec est un connard. Ouais, je ne l’aime pas. Et quand j’aime pas quelqu’un, c’est pas à moitié. « Quand tu m’appelleras correctement, j’arriverais à l’heure. » Et hop, dans tes dents. Retourne faire semblant de travailler et fous-moi la paix. « La prochaine fois, tu seras virée. » Okay. Le mec me répète ça depuis au moins trois semaines. Et pourtant, je n’arrive pas plus tôt chaque matin. J’hausse les épaules et me dirige vers le comptoir que j’occupe lors de mes journées de travail. « Tu partiras plus tard. » Je m’en fiche. Ce n’est pas comme si la mairie fermait tard.
Je regarde une énième fois l’énorme horloge murale et après quelque secondes de réflexion, je vois qu’il est presque dix-huit heures. Oui, il me faut toujours plusieurs secondes de réflexion quand je regarde les horloges puisque j’ai toujours eu du mal à lire l’heure. Bref, là n’est pas l’important. La mairie ferme dans une heure, je pourrais donc m’en aller bientôt. J’ai hâte. Je déteste cet endroit. Cette mairie ne ressemble à rien à côté de la mairie d’Honolulu. Je prie de toutes mes forces, tous les Dieux que je connais pour que plus personne ne vienne. Ou alors qu’ils ne se dirigent pas vers moi. J’ai pas vraiment envie de travailler là. Ouais, je sais, je me plains énormément mais c’est comme ça. J’m’en fiche. « Salut ! » Une voix enjouée, certainement quelqu’un que je connais. Parce que les gens contents naturellement, ça n’existe pas. Je relève la tête et je vois Abbey. Manquait plus qu’elle. « On m’a appelé hier soir pour me signaler un défaut dans mes factures. Du coup bah je suis venue pour régler le problème. » Je soupire et attrape les feuilles qu’elle me tend. J’ai pas envie d’me bouger et en plus, il faut que je le fasse pour cette fille. « Si tu payais tes factures, t’aurais pas ce problème. A quoi te sers tout ton argent ? » Ne vous méprenez pas, j’utilise pas ce ton froid devant n’importe qui. J’veux dire, je ne déverse pas ma mauvaise humeur juste pour le plaisir. Je connais cette fille. Abbey. Je vous explique. On s’est rencontrées une première fois à Hawaï, quand je travaillais pour et avec Keona. Je crois que c’est la meuf la plus désagréable qu’il m’ait été donné de connaître durant toute ma vie. Vous savez, le genre de fille imbue d’elle-même qui étale son argent sur la place publique et qui tape une crise dès qu’elle n’obtient pas ce qu’elle veut ? Ouais bah, ça, c’est Abbey. Et il fallait qu’elle habite aussi à Arrowsic. Madame the best of the best habite dans ce trou paumé. Comme par hasard. Pourtant, quand nous nous sommes revues au début, je ne l’ai pas reconnue. Enfin, pas tout de suite. Mais ça a fini par me revenir. Et maintenant, il est clair que je ne veux pas avoir à faire à ce genre de personne, et je le lui fais bien savoir.