Sujet: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Dim 13 Mai - 22:00
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
Je fixai mon verre, silencieuse, alors que la conversation battait son plein autour de moi. Je n’en revenais pas d’avoir été aussi facilement piégée par mes parents. A eux deux, en l’espace d’une poignée de secondes, ils avaient réussi à réduire à néant tous les efforts que j’avais mis en œuvre depuis de longs mois pour éviter la personne assise juste en face de moi : j’ai nommé Leonard Gavennham, vingt-quatre ans, étudiant en art et j’en passe. Oh, bien entendu, ils n’avaient pas fait cela volontairement. Tout du moins, j’en étais presque persuadée. Cependant, j’étais tout de même furieuse contre eux de m’avoir trainé ici, malgré toutes les plaintes et les indignations que j’avais pu avoir, malgré le marchandage auquel j’avais pu avoir recours sans succès. A la base cela était censé être un simple diner entre adultes, à un tel point que je ne m’en étais même pas inquiétée. J’avais tranquillement planifié ma soirée, qui était censée se résumer à télévision, cahiers à corriger et pot de glace. J’avais même pris le soin d’acheter mon parfum préféré, tout en me fichant éperdument que je le finirais en l’espace d’une demi-heure et que la balance hurlerait d’indignation face aux calories que j’aurais ingurgité. Je suis même sûre que mes frères et sœurs avaient eux aussi prévu d’autres choses à côté, persuadés qu’ils n’étaient pas impliqués dans l’affaire. Pauvre naïfs que nous étions ! C’est seulement la veille que nos parents ont cru bon de nous préciser que c’était progéniture comprise et que nous n’avions aucun espoir de pouvoir y échapper, sauf Haley qui avait d’autres obligations familiales (comme un fiancé à aller promener) et Ethan un examen à préparer. J’avais passé la nuit suivante à retourner la situation dans tous les sens, et j’en étais venue à espérer qu’il ne viendrait pas, qu’il resterait dans son van ou son appartement. Que Rudy serait le seul à s’être plié à l’autorité familiale. Toutes mes espérances avaient été balayées d’un revers de la main quand j’étais tombée nez à nez avec Lenny sous le perron de la maison de ses parents. Bien entendu. « Quinn, tu n’as presque rien mangé. » Le ton de reproche de ma mère me tira de mes rêveries, et je me penchai pour l’observer, de l’autre côté de ma sœur. La remarque toute en finesse, par maman Hepburn-Wilde. Derrière elle, je vis mon père lever les yeux au ciel, et je ne pus m’empêcher de ressentir une bouffée de satisfaction. J’avais vingt-deux ans et elle surveillait encore ce que je mettais dans mon assiette… Après, les personnes osaient encore me demander pourquoi j’en ai marre, parfois, d’être la benjamine de la famille (ou presque, mais Peter est tellement petit qu’il ne compte pas). Il suffisait de regarder mon quotidien pour comprendre que ma mère me gardait entre ses griffes comme un oiseau qu’elle aurait peur de voir voler de ses propres ailes. Pourquoi faut-il qu’une mère remarque tout ? Je me le suis toujours demandé. Je balayai son affirmation d’un geste de la main, espérant que cela lui suffise. Je n’avais rien contre la cuisine de madame Gavennham, bien au contraire. J’avais juste l’estomac si noué que je doutais fort que manger des petits pois soit la meilleure idée du monde. Dire que j’aurais dû être dans mon canapé en train de manger de la glace. Cette vision me brisa presque le cœur. Les deux mères se levèrent en un mouvement pour débarrasser les assiettes du plat principal, et nous en fîmes de même avec Billie plus par réflexe que par réel envie d’aider son prochain. Pour moi, cela était une excuse pour pouvoir quitter ma chaise et m’en aller loin de Lenny, loin de son regard. Peut-être je devenais paranoïaque, mais j’avais la nette impression que ses yeux ne m’avaient pas quitté de tout le repas, alors que les miens avaient été fuyants. Dans tous les cas, j’avais attendu ce moment-là pour tirer ma révérence, instant propice aux excuses les plus futiles qu’il existe. Lentement, j’allai à la hauteur de mon père pour lui demander ses clefs de voiture, puisqu’il était venu séparément de maman, et j’adressai aux Gravennham des remerciements avant de m’esquiver par la porte de devant, mon manteau dans une main, mon sac dans l’autre. J’avais prétendu devoir corriger des copies dans l’urgence et que je ne pouvais plus m’attarder. Excuse bidon. Mais dans tous les cas elle avait marché. J’ouvris les portes de la voiture de mon père, et me glissai derrière le volant. Je le saisis, sans pour autant mettre le contact, et je posai ma tête contre l’appui en fermant les yeux. Je n’en revenais pas d’être d’une telle lâcheté, tout comme je n’en revenais pas de ne plus supporter d’être dans la même pièce que Lenny après ce qu’il s’est passé entre nous. Mon plus gros problème est la peur de l’inconnu, mais ce n’est pas une nouveauté. Je sursautai quand j’entendis quelqu’un frapper contre la vitre de la voiture. Je regardais à travers, et vit Lenny qui se tenait là, attendant que daigne à lui adresser la parole. Je ne pus m’empêcher de soupirer, et de baisser la vitre. « Hum ? » Niveau communication, il y avait mieux. Cependant, c’était les seuls sons que je pouvais produire sans rien trahir dans ma voix.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Lun 14 Mai - 17:14
D’ordinaire, Lenny était plutôt quelqu’un qui ne se soumettait que très difficilement à l’autorité, quelle qu’elle soit. Mais bizarrement, lorsque ses parents lui avaient parlé d’un diner en compagnie de la famille Hepburn-Wilde, ce-dernier n’avait même pas rechigné. Et, point important, il n’avait rien fumé avant cette proposition. En réalité il n’était pas spécialement enjoué par cette initiative, mais au moins, il aurait une bonne excuse pour la revoir. Elle, c’était Quinn. La fille de la famille, celle qui avait presque toujours été dans la même classe que Lenny depuis leur plus tendre enfance, et qui avait aussi été une de ses meilleures amies, si ce n’est LA meilleure. Il l’avait toujours un peu considérée comme un de ses potes tant elle le faisait rire, et tant ils s’amusaient tous les deux. Contrairement à lui, Quinn était une bonne élève, plus que ça même. Elle avait d’ailleurs sauté de classe, et c’est pour cette raison qu’ils s’étaient retrouvés dans la même classe. Mais malgré cette différence de tempérament notable, ils s’étaient toujours parfaitement bien entendus. Du moins jusqu’à une certaine soirée…
Ce soir-là, l’alcool avait coulé à flots, comme dans toute bonne fête étudiante qui se respecte. Seulement voilà, perdant totalement le contrôle d’eux même, Quinn et Lenny avaient couché ensemble et avaient ainsi signé l’arrêt de mort de leur relation si parfaite. Après ça, tout s’était compliqué sans qu’aucun d’entre eux ne puisse faire quoi que ce soit pour revenir en arrière. Lenny avait bien essayé d’aller s’expliquer quelques jours après leur dérapage, mais sa tentative n’avait pas été des plus concluantes… Enfin, cela dépendait de quel point de vue on se plaçait. Car une nouvelle fois ils avaient couché ensemble, empirant un peu plus la situation de malaise qui régnait entre eux dès le lendemain matin. C’est depuis ce jour que l’enthousiasme que Lenny ressentait à l’idée de croiser Quinn s’était transformé en appréhension. Il avait désormais l’impression que chacune de leurs rencontres se termineraient de la même façon, et même si ce n’était pas désagréable, ça signifiait aussi qu’il perdait son amie de toujours. Et cette Quinn là lui manquait énormément.
Comme si Madame Gavennham l’avait fait exprès, Lenny et Quinn s’étaient retrouvés face à face. Il faut dire qu’aux dernières nouvelles, ils étaient toujours les meilleurs amis du monde, et la maîtresse de maison avait certainement cru bien faire. Pendant toute la durée du repas, Lenny avait essayé de capter le regard de sa voisine, en vain. Cette dernière ne faisait que fuir, tournant la tête et l’ignorant à chaque fois qu’il voulait l’approcher. Au moins, le décor était planté. Et même s’il s’en était douté, Lenny était désormais certain que sa mission allait être difficile. Mais il n’avait pas le choix, il devait absolument faire quelque chose pour arranger ça, ou du moins essayer, pour ne pas avoir de regrets.
« Hé, t’as pas vu Quinn ? » « T’étais où ? Elle vient de partir, elle a dit qu’elle devait bosser.. » Sans réfléchir, Lenny posa le paquet de café que sa mère lui avait demandé d’aller chercher dans les bras de Rudy, et quitta la maison en courant. Il ralentit le pas en découvrant que Quinn était toujours là, installée dans la voiture de son père mais visiblement pas prête de démarrer. Après avoir prit une longue et profonde inspiration, le jeune homme se décida à aller frapper contre la vitre de la voiture. Peu convaincue, Quinn daigna tout de même lui ouvrir et se contenta d’un « Hum ? » comme entame de conversation. Une nouvelle fois, Lenny ne put que soupirer, mais planta néanmoins ses yeux dans ceux de la jeune femme histoire de capter son attention. « Quinn… tu ne crois pas qu’on devrait… parler ? » Il concevait qu’elle n’ait pas voulu le faire à table devant tout le monde, mais maintenant ils étaient seuls, et ils devaient vraiment éclaircir cette situation. Mais Lenny avait peur de la voir fuir. Alors pour éviter ça, il fit rapidement le tour de la voiture et s’installa côté passager sans rien lui demander. Il referma la porte derrière lui, et tourna la tête vers la conductrice : « Personne ne peut nous entendre ici. On peut même aller ailleurs si tu veux mais… vraiment… On va pas rester comme ça hein ? »
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Mer 16 Mai - 19:36
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
Je n’étais pas du genre à fuir, bien au contraire. J’avais toujours été la première à assumer pleinement mes actes, à subir les conséquences de ce que j’avais fait sans sourciller ni même me trouver une quelconque excuse bidon. Cependant, cette situation avec l’ainé Gavennham me dépassait tellement que je préférais éviter tout contact avec lui, bien qu’au fond, sa compagnie me manquait terriblement. C’était ma manière d’échapper à une chose que je ne comprenais pas, à une chose que finalement je ne réussissais pas à admettre. C’était peut-être le revers de la médaille, après tout. Toutes les facilités que j’avais pu avoir dans de nombreux domaines avaient fini par me rendre incapable de gérer une situation atypique, irrationnelle, incompatible pour mon cerveau calibré pour cette société élitiste… J’étais tout simplement incapable d’accepter que j’avais pu coucher avec la personne qui avait été mon meilleur ami pendant des années lors d’une soirée, tout en remettant ça, une fois sobres tous les deux. En soi, ce n’était pas le geste qui me gênait le plus… Je n’avais jamais été comparable à une vierge effarouchée, encore moins à une sainte-nitouche, et cela n’avait pas été la première fois. Ce que je me reprochais, surtout, était d’avoir réussi à bousiller une amitié en l’espace d’une poignée de secondes. D’avoir aimé ces moments, et beaucoup trop pour que je puisse regarder Lenny en face de nouveau lors d’un diner entre nos deux familles. Je l’avais soigneusement évité pour oublier l’incident. Tourner la page. Essayer d’enterrer tous les souvenirs que je conservais de ces deux fois-là. Après tout, cela pouvait se comprendre. Voir Lenny frapper contre le carreau de ma voiture m’agaça dans un premier temps, mais je finis par rendre les armes en baissant le carreau pour lui donner une occasion de parler. J’étais horrible avec lui, j’en avais conscience, mais il ne pouvait pas me reprocher d’être légèrement sur la défensive… « Quinn… Tu ne crois pas qu’on devrait… parler ? » Parler. C’était un concept plutôt intéressant, venant de sa part. La dernière fois que nous avions essayé de le mettre en pratique ensemble, cela avait fini en partie de jambes en l’air. Pour toute réponse, j’haussai les épaules, mais cela ne l’empêcha pas de faire le tour de la voiture pour s’asseoir à côté de moi, sur le siège passager. Je roulai des yeux, notant soigneusement dans un coin de ma tête que la prochaine fois il faudrait que je pense à verrouiller les portières quand il était dans les parages. Avant que je puisse lui lancer une réplique cinglante, il reprit la parole, le visage tourné vers moi, installé à moins d’un mètre. « Personne ne peut nous entendre ici. On peut même aller ailleurs si tu veux mais… vraiment… On va pas rester comme ça hein ? » Je poussai un nouveau soupir, malgré moi. Cette situation me rendait presque aussi dingue que lui. Pour la première fois de la soirée, je croisai son regard et ne détournai pas la tête, tentant d’analyser ce qu’il pouvait bien être en train de penser. Peut-être qu’il n’avait rien ressenti, ces fois-là. Peut-être qu’il avait même pensé qu’elle était un mauvais coup, qu’il ne conservait aucun souvenir. Pour moi, chaque caresse resterait gravée dans mon esprit jusqu’à la fin. L’attirance que j’avais pu avoir ces soirs-là. Tout. Je comprenais maintenant pourquoi on disait qu’une amitié mettait des années à se construire mais que la briser ne pouvait prendre qu’un instant. Avec Lenny, nous avions réussi cela à merveille, sans le vouloir. « Parler de quoi, hein ? » dis-je d’une voix légèrement détachée. Son regard était toujours vissé dans le mien. Incapable de tourner la tête sans qu’il prenne cela comme un signal de lâcheté. « Du fait qu’on a couché ensemble à plusieurs reprises, ou bien que malgré moi j’ai adoré ça ? De la météo peut-être, d’une soirée à venir, de nos vies ? Lenny, sincèrement, on ne peut pas revenir en arrière. Si t’as la solution miracle pour passer au dessus de tout ça, très bien je serais heureuse de l’entendre. Personnellement, je pense que ce n’est pas possible. » J’étais dure, incroyablement dure. Notre amitié me manquait, seulement, comment faire comme si tout était normal quand je revoyais nos baisers en le regardant, ou quand je ressentais le même feu qui m’avait habité durant ces instants ? J’étais incapable de faire la part des choses, de ranger cette affaire comme un dossier classé, me dire que ce n’avait été qu’une expérience et passer à autre chose… C’était le problème, avec les amitiés entre les deux sexes. Un dérapage et vous pouvez être sûr de ne plus jamais regarder la personne en face de vous comme avant. « Tu me manques, Lenny, sincèrement. Seulement… J’ai du mal. » J’étais d’un pathétique, aussi…
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Jeu 17 Mai - 20:00
Comme à son habitude, Lenny avait agit sans réfléchir, et sans penser aux conséquences de ce qu’il faisait. Comme lorsqu’ils avaient couché ensemble, comme lorsqu’il s’était rué dehors pour retrouver Quinn quelques secondes plus tôt. Et maintenant, il se retrouvait installé à côté d’elle, dans sa voiture en train de l’inciter à parler alors qu’elle n’en avait clairement pas envie. A vrai dire, ce n’était pas non plus ce qu’il voulait vraiment… Mais de son point de vue, il faudrait bien passer par là un jour où l’autre s’ils voulaient retrouver la relation qui les liait avant tout ça. Ou plutôt, essayer de retrouver cette amitié-là. Car la tâche ne s’avérait pas spécialement aisée. Si seulement ils n’avaient pas remis ça une fois sobres ! L’histoire aurait été un tout petit peu plus simple. Mais le problème était là, ils l’avaient fait, et ça n’avait rien eu de désagréable. Quinn et Lenny se regardaient donc en chien de faïence depuis un certain temps déjà lorsque la jeune femme reprit la parole. Et la tirade qu’elle lui lança laissa Lenny bouche bée…
En réalité, une seule et unique partie de son discours avait retenu l’attention du jeune homme : celle où elle avouait avoir adoré ça. Lenny aussi évidemment, même si au fond il n’osait pas se l’avouer. Mais jusqu’à maintenant, il ne lui était même pas venu à l’esprit que cette sensation avait pu être réciproque. A vrai dire, il n’y avait jamais vraiment pensé, trop occupé qu’il était à se détester d’avoir craqué aussi facilement. Comment était-il possible qu’ils aient aimé ça tous les deux alors qu’ils étaient censés être les meilleurs amis du monde ? Toute cette histoire sonnait exactement comme une de ces mauvaises comédies américaines dont les filles raffolaient et que Lenny ne comprenaient jamais. Etait-il possible qu’ils en soient arrivés là eux aussi ? Etaient-ils aussi pathétiques que ces personnages joués par des acteurs nazes ? Visiblement oui. Accusant le coup et le reste de sa phrase, Lenny détacha finalement son regard de sa voisine, et déglutit en silence. Même si c’était une chose plutôt rare, elle avait réussi à le mettre tellement mal à l’aise qu’il ne savait absolument plus quoi lui répondre. Toutes les informations qu’elle lui avait livrées en bloc l’avaient comme assommé, et il avait besoin d’un peu de temps pour assimiler tout ça. Les yeux rivés sur ses genoux, le jeune homme se sentait juste désemparé. Un instant, l’idée de sortir de la voiture et de simplement laisser partir Quinn lui traversa l’esprit, mais il ne pouvait décemment pas s’y résoudre. Il tenait bien trop à elle pour ça. Alors il resta assis là comme un idiot, les mâchoires serrées, en réfléchissant à une solution pour se sortir de là sans trop de difficultés.
« Tu me manques, Lenny, sincèrement. Seulement… J’ai du mal. » C’est une nouvelle fois la voix de la jeune femme qui lui fit lever la tête, et Lenny se décida finalement à reprendre la parole tout en hochant la tête : « Tu me manques aussi Quinn ! Et… je comprends… moi aussi. » Inutile. Voilà exactement la teneur de sa réponse. Et pour couronner le tout, le jeune homme baissa de nouveau les yeux. Décidément, toute sa répartie et son sens de la discussion s’étaient envolés au moment où il était entré dans cette voiture. A plusieurs reprises, il s’apprêta à dire quelque chose, prit une inspiration pour abandonna au dernier moment, laissant un silence plus que pesant s’installer dans le véhicule. C’est après quelques minutes qu’il se lança, tout en braquant ses yeux dans ceux de Quinn. « Ecoute je… j’aimerai te dire que c’était une erreur d’accord ? Deux erreurs même… Parce qu’au fond, je sais que c’était ça, mais… j’arrive même pas à m’en convaincre moi-même. Moi aussi j’ai aimé ces moments, vraiment. Et… et je me dis que j’avais pas le droit. Parce qu’on n’est pas censés être… ça. On est amis ! Tu es ma meilleure amie, depuis toujours et je… j’ai aucune solution miracle à ce qui est arrivé. Mais je sais juste une chose : je ne veux pas qu’on devienne comme ces deux idiots qui étaient assis l’un en face de l’autre à table toute à l’heure, et qui n’ont pas échangé un seul regard ni un seul mot… » Un peu hésitant, Lenny finit tout de même par esquisser un léger sourire en coin, cherchant à sa manière à détendre cette atmosphère insupportable entre eux.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Dim 27 Mai - 15:31
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
J’étais coincée… Lenny m’avait coincé, plus précisément. Je ne pus retenir longtemps des signes d’agacement – yeux qui se lèvent au ciel, soupirs et j’en passe – même si quelque part, je lui étais reconnaissante de me forcer la main comme cela. Il avait eu le courage que je n’avais jamais trouvé… Celui d’affronter l’autre en face plutôt que de faire profil bas pour repousser le moment encore un peu plus, comme si cela allait changer quelque chose, allait effacer les ces traces de souvenirs qui demeuraient pourtant indélébiles. Au fond, je devais être lâche. Mais passons. Il me laissa du temps pour répondre, et encore une fois, je laissai ma bouche parler sans que je puisse retenir quoi que ce soit. Mon discours pour Lenny fût beaucoup plus dur que je ne l’aurais souhaité, beaucoup trop fataliste pour vraiment être en accord avec l’image de celle qu’il avait pu connaître auparavant, celle que j’étais encore. Je n’arrivais pas, à cet instant, à savoir ce que cela pouvait bien pouvoir dire. Etais-je devenue amère à force de repenser à cela ? Ces souvenirs me dérangeaient-ils au point d’en devenir acide ? Ne voyais-je vraiment aucune issue pour notre amitié si facilement détruite, comme lorsqu’on souffle sur un château de cartes ? Dans tous les cas, une chose était sûre : j’avais abandonné toute idée de pouvoir revenir en arrière, à un tel point que je faisais une fixation là-dessus comme s’il s’agissait de la dernière chose à laquelle je pouvais me raccrocher pour survivre… Lenny fût le premier à briser notre échange de regard, et je l’entendis déglutir à côté de moi. Instinctivement, je me mordis la lèvre inférieure. Quelle abrutie. J’aurais mieux fait de rester dans mon mutisme. Pour conclure mon discours, je lui confiai qu’il me manquait quand même, mais que tout cela me donnait trop de mal pour que je puisse faire comme si rien ne s’était passé. Ce qu’il approuva, avant de rebaisser la tête et d’entamer un silence bien trop pesant pour être naturel. Je n’ajoutai rien, lui laissant le temps qu’il fallait pour qu’il rassemble ses idées pour répliquer à son tour. Me dire que j’avais tord. M’annoncer que je devenais tout simplement paranoïaque, que notre amitié pouvait reprendre là où on l’avait laissé et qu’au final cela n’avait été qu’une banale bêtise de plus. A cet instant, j’avais besoin qu’il me rassure, qu’il me dise que je me trompais. Ce qu’il ne fit pas. J’eus pour simple réaction une succession d’inspirations, de soupirs et d’essais pour reprendre la parole, mais il ne prononça pas ce que j’aurais tué pour entendre. Parce qu’au fond, j’avais raison. Il finit par me répondre. Il avait également aimé ces moments, mais que nous n’avions pourtant pas le droit. Que les meilleurs amis n’étaient pas censés vraiment ressentir quelque chose. Qu’il ne voulait pas qu’on se comporte comme des abrutis qui n’ont plus rien à se dire. Sa dernière remarque me fit sourire, malgré moi. C’était tellement ironique comme situation… Nos parents avaient toujours eu du mal à nous contrôler à table durant ces repas entre amis, et maintenant ils en étaient réduits à nous asseoir volontairement l’un en face de l’autre en espérant de nous revoir complices comme avant… « Bah. Ca a dû faire des vacances aux vieux. » Et en plus mon sens de la répartie semblait avoir déserté dès qu’il était rentré dans la voiture. Génial. Je n’avais plus d’autre choix à part d’aller m’enterrer au fond du jardin pour me cacher à tout jamais. « Mais ça ne change rien. » L’art de jeter un nouveau froid, par Quinn Hepburn-Wilde. Je fermai automatiquement les yeux en secouant la tête ; en colère contre moi-même, et je finis par poser ma tête sur le volant de la voiture, le visage tourné vers Lenny. J’avais dit cela pas forcément par rapport au fait qu’il ne voulait plus nous voir à nous comporter comme de parfaits inconnus, non. Cela avait été plus vis-à-vis de son affirmation sur le fait que nous étions meilleurs amis, et que les meilleurs amis ont des règles très claires à respecter. Ce que nous n’avions pas fait, bien entendu, sinon cela aurait été trop facile. Mais sincèrement, avions-nous réellement respecté les règles, même avant cela ? « J’adorerais pouvoir te dire on efface tout et c’est fini mais j’en suis incapable. J’ai l’impression d’être dans une impasse. Je m’en veux, sincèrement, d’être comme ça mais… » Mais quoi ? Très bonne question. J’étais incapable de formulaire une réponse hypothétiquement correcte. Je laissai le silence s’installer, puis poussai un soupir agacé envers moi-même. « Tiens, faudrait noter ça dans le calendrier. Le premier jour où la benjamine des Hepburn a été incapable d’expliquer quelque chose par a + b. Comme quoi je ne suis peut-être pas aussi brillante qu’on peut le raconter. » Autodérision qui tombait très mal, j’en avais conscience. Cependant, continuer à parler de cela comme si c’était un sujet des plus normaux me hérissait littéralement le poil. J’allais finir par dire quelque chose que j’aurais préféré garder pour moi – comme tout à l’heure, quand j’ai admis que j’avais ressenti quelque chose – et la situation finirait par être bien pire. Et je ne voulais absolument pas finir sur la banquette arrière. Ma tête n’était plus qu’un vaste mélange confus d’idées et de sentiments qui me donnaient presque le vertige. « Si seulement j’avais été assez saoule pour ne plus me souvenir de rien la première fois, on serait peut-être à trainer quelque part en ville en séchant le diner comme d’habitude… » Des cas ? A peine. Quinn avait surtout l'impression que ses souvenirs remontaient à très loin, quand elle n'avait pas encore réalisé qu'ils n'étaient que des abrutis d'humains.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Dim 27 Mai - 23:41
Les paroles de Lenny, même si elles n’apportaient aucune solution utile à leur problème, avaient tout de même eut l’effet escompté : celui de détendre sensiblement l’atmosphère, au moins pendant quelques instants. Il vit Quinn sourire, et ne put s’empêcher de faire de même lorsqu’elle répliqua : « Bah. Ca a dû faire des vacances aux vieux. » Le fait de l’entendre plaisanter de la sorte était à la fois rassurant, mais aussi terriblement triste. En effet, c’est de cette manière que le jeune homme réalisa vraiment ce qu’il avait perdu, ce qu’ILS avaient perdu en brisant leur si belle amitié. En temps normal, Quinn aurait sorti ce genre de vannes toute la journée, pour n’importe quelle occasion et à n’importe quel moment. Mais cette fois, elle avait été hésitante, elle avait à peine sourit alors que d’habitude, ils seraient tous les deux partis dans un éclat de rire interminable. Cette constatation arracha donc un nouveau soupir à Lenny qui, même s’il réfléchissait à plein régime, avait bien du mal à trouver une issue positive à cette petite entrevue. Mais c’était tellement ridicule… Il se refusait à laisser leur amitié se terminer de cette façon alors qu’elle durait depuis des années sans aucune ombre ou presque. Quinn lui manquait, c’était indéniable, et jamais il ne se résoudrait à la laisser s’éloigner de lui pour des histoires comme celle-là, même si quoi qu’il en dise, elle avait une importance toute particulière.
La jeune femme avait désormais posé sa tête contre le volant de la voiture, et la façon dont elle regardait Lenny le fit sourire, attendri. S’il s’était écouté, il aurait sans hésitation passé une main dans ses cheveux, mais il se rappela au dernier moment que ce genre de gestes tendres était probablement malvenu dans la situation actuelle. Alors il se retint, préférant croiser les bras sur sa poitrine pour s’éviter toute autre pulsion qui pourrait de nouveau tout foutre en l’air en un clin d’œil. Comment avait-il pu en arriver là ? A s’interdire de faire ce dont il avait envie avec sa meilleure amie. En même temps, la relation qui les liait avait sensiblement changée, et le jeune homme se demandait même s’il était encore en droit de l’appeler « sa meilleure amie ». Alors que cette idée commençait à le perturber, Quinn le fit sortir de ses pensées en reprenant la parole… pour lui confirmer qu’elle ne se sentait pas capable de passer outre tout ce qu’ils avaient vécus, et de recommencer comme si de rien n’était. Et Lenny la comprenait. Au fond, c’était la même chose pour lui. Il voulait retrouver leur relation d’avant, mais ne savait même pas s’il était assez solide pour ça. « Je sais, je… c’est bizarre. Mais je ne veux vraiment pas que cette histoire nous sépare, d’accord ? »
« Si seulement j’avais été assez saoule pour ne plus me souvenir de rien la première fois, on serait peut-être à trainer quelque part en ville en séchant le diner comme d’habitude… » Lenny la regarda avec un léger sourire, puis finit par grimacer en admettant qu’elle avait raison. « Hm… on est devenus disciplinés on dirait… » Et ça le désolait. Il savait qu’au fond ils n’étaient pas comme ça, et qu’ils passaient beaucoup plus de bons moments en étant amis. Mais le fait d’avoir aimé ces moments plus intimes le perturbait tellement qu’il se demandait ce qu’il voulait vraiment, ce qu’il attendait de Quinn et ce qu’il attendait d’eux. En perdant son regard à l’extérieur de la voiture, quelque chose attira l’attention de Lenny. Les rideaux de la maison étaient plus ou moins tous tirés, et il put clairement apercevoir la tête de Rudy qui les observait. Et un peu plus loin, sa mère, et celle de Quinn qui faisaient semblant de discuter mais jeter de temps à autre un petit coup d’œil qui e voulait discret en direction de la voiture. L’étudiant leva les yeux au ciel, et attacha sa ceinture de sécurité en reportant son attention sur sa voisine. « Ok. Roule. Va n’importe où je m’en fiche… Mais fais en sorte qu’on soit tranquilles ! »
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Lun 28 Mai - 17:31
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
Le volant de la voiture était froid, agréable. Je laissai donc ma tête dessus, presque contente d’avoir la sensation que mon crâne se rafraichissait, malgré le mélange confus et douloureux de pensées qui se battaient dedans. Je vis Lenny retenir un mouvement puis croiser les bras, et je lui adressai un petit sourire triste sans pour autant savoir ce qu’il avait voulu faire, ni même lui en vouloir de s’être repris au dernier moment. C’était horrible d’en être arrivé là. C’était insupportable, presque, de se sentir presque étrangère à une personne qu’on avait connu dès le bac à sable, avec qui on avait pu faire les pires conneries de notre vie – c’était le cas de le dire… – et avec une complicité proche des rapports fraternels. Je lâchai un dernier commentaire sur ce que je pensais de la situation, sans grand succès, puis fermai les lèvres pour ne pas en dire plus. Peut-être aggravais-je les choses en disant tout comme cela, sans vraiment réfléchir aux choses qui pourraient le ou nous blesser. Je n’avais jamais été très douée pour penser avant de parler. Il s’était suffisamment fichu de moi à propos de ça pour le savoir. « Je sais, je… c’est bizarre. Mais je ne veux vraiment pas que cette histoire nous sépare, d’accord ? » J’aurais tellement aimé lui répondre que cela n’allait pas nous séparer, que demain je viendrais à son appartement pour le trainer dans tous les bars de la ville avant de finir à regarder des DVD dans le salon de la maison de mes parents, à exaspérer ma mère avec le volume trop fort. Malheureusement, j’en étais incapable. Pour la première fois de ma vie, les mots que j’aurais tant voulu dire restaient bloqués au fond de ma gorge sans que je réussisse à les prononcer ne serait-ce qu’en les murmurant. Et puis, ce n’était pas la vérité non plus. J’étais bonne menteuse, mais je ne pouvais pas le faire en face de Lenny. Il l’aurait tout de suite vu que je me mentais à moi-même pour le rassurer… Je trouvai donc une alternative en envisageant à haute voix ce que nous aurions pu faire si cet épisode avait été gommé par l’alcool dans nos mémoires, et Lenny sourit. C’était mieux que rien, même si ce genre de faux souvenirs n’étaient que des piqures de rappel pour nous faire souvenir tout ce qu’on a pu perdre. « Hm… on est devenus disciplinés on dirait… » J’hochai la tête en lui retournant son pâle sourire. « Visiblement on était pas si irrécupérables que ça. » dis-je en guise de réponse. Sincèrement, qui aurait cru un jour que cela serait possible ? On avait eu le don d’exaspérer tous nos professeurs, voire même tous les habitants de ce petit village. Pour les personnes vivant à Arrowsic, nous étions bien partis pour continuer malgré les années, et même à cinquante ans passés… Ce qui n’était plus le cas. Les rues devaient être bien trop calmes maintenant. Bon, certes, nous n’étions pas non plus des terreurs. Mais nous étions quand même assez turbulents, oui. C’était le mot. A côté de moi, je sentis Lenny s’agiter, et au bout de quelques secondes il finit par m’ordonner de démarrer pour quitter les lieux. Je me retournai pour suivre son regard, puis aperçus vaguement quelques membres de nos familles respectives en train d’espionner à travers les rideaux, et je poussai un soupir en mettant le contact. « Ne me dis pas qu’elles sont en train de faire ce à quoi je pense. » lâchai-je dans un souffle avant d’avancer lentement dans l’allée. J’étais persuadée qu’il m’avait compris. Derrière elles, je sous-entendais nos mères. Après tout, il n’y avait qu’elles, avec Rudy, qui pouvaient regarder par la fenêtre pour voir ce que nous étions en train de faire alors que nous étions suffisamment vieux pour nous débrouiller tous seuls. Pour, aussi, voir si nous étions toujours en froid dans les coulisses. Bref, des mères quoi. J’étais persuadée que nos pères n’en avaient strictement rien à faire et qu’ils étaient plutôt partisans du mais laissez-les vivre leurs vies ! Je m’éloignai peu à peu du quartier résidentiel d’Arrowsic, passant encore et encore les diverses rues et allées du village. Mon regard était fixé sur la route, et je n’articulai pas un seul mot, me contentant de griller quelques stops et d’aller au-delà de la limitation de vitesse. Je n’avais jamais respecté le code de la route. Jamais. Billie m’accusait toujours d’avoir des gestes brusques, Haley me sermonnait en disant que j’allais finir par avoir un accident. Ethanael… Eh bien, c’était Ethanael, quoi. Et bien entendu, je n’en avais rien à faire. Même quand je conduisais l’Audi A5 Cabriolet à cinquante-huit milles dollars. « Tu l’as raconté à quelqu’un toi ? » demandai-je doucement en me garant sur le bas côté. Le seul endroit où aller qui m’avait traversé l’esprit était les alentours d’Arrowsic, pleins de champs et de prairie à en faire pâlir les constructeurs immobiliers. Je n’avais pas pu aller chez moi, mon frère y étant également, ni même à un bar quelconque. Solitude. Dans les soirées très avancées, cela se conjuguait seulement avec les espaces verts du village. A travers ma question, je cherchais surtout à réengager la conversation. Je n’avais jamais été très loquace quand je conduisais, et dans cette situation, cela avait été encore pire. A la réflexion, je devais être irrécupérable. Je coupai le contact, puis me tournai vers Lenny, plantant mon regard dans le sien dans l’attente d’une réponse. « Maintenant qu’on est tranquille… » A vrai dire, seuls les habitants des champs pouvaient les espionner. C’était pour dire.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Lun 28 Mai - 21:02
Absolument tout, dans les paroles qu’ils échangeaient, semblait sonner faux aux oreilles de Lenny. Et il ne pouvait pas croire qu’ils en étaient arrivés là. Même leurs blagues paraissaient être lâchées comme ça, presque par dépit. Et que dire des semblants de sourires qu’ils échangeaient ? Si le jeune homme avait vu ça dans un de ces films nases que Quinn avait l’habitude de lui montrer, il se serait moqué d’elle, aurait prit un malin plaisir à faire du bruit en mangeant ses pop-corn, ou aurait tout simplement changé de DVD. Mais ce qu’il vivait, ce qu’il voyait, c’était bel et bien la réalité et il était, en compagnie de Quinn l’acteur principal de cette scène au scénario bidon. Et forcément, vu sous cet angle là c’était beaucoup moins drôle. Il les trouvait tellement pathétiques qu’il avait presque envie de sortir de la voiture, rentrer chez lui et continuer sa vie comme si rien ne s’était passé. Mais il s’agissait de Quinn… Et cette fille n’était pas comme les autres à ses yeux. Il l’avait toujours connue, avait passé toutes ses années d’école avec elle, avait arpenté Arrowsic en long, en large et en travers… Mais subitement, il avait l’impression qu’une distance énorme s’était installée entre eux, comme si finalement, il ne la connaissait pas si bien que ça. A deux reprises, ils étaient passés du statut d’amis à celui d’amants, ce qui n’avait visiblement déplu ni à l’un, ni à l’autre. Mais quand bien même. Lenny ne pouvait se résoudre à la classer dans la catégorie de ses conquêtes, car elle était bien plus que ça. Et d’un autre côté, il ne pouvait plus tout à fait la considérer comme sa meilleure amie après ce qui était arrivé. En bref, la situation était bien trop compliquée pour que Lenny y trouve une solution miracle.
« Ne me dis pas qu’elles sont en train de faire ce à quoi je pense. » Arquant un sourcil, le jeune homme se tourna vers Quinn presque surpris qu’elle s’étonne encore d’un tel comportement venant de leurs mères. Mais comme il le lui demanda, elle démarra la voiture et fila à travers les rues d’Arowsic qu’elle connaissait tout aussi bien que lui. Elle roulait trop vite, trop dangereusement, mais Lenny la connaissait assez bien pour savoir qu’elle n’avait rien à foutre de toutes les réflexions que les gens pouvaient bien lui faire. Et d’ailleurs, il avait abandonné depuis longtemps. Après tout, elle faisait bien ce qu’elle voulait de la voiture de son père. Après plusieurs longues minutes d’un silence plutôt pesant, elle immobilisa la voiture sur le bord de la route. « Tu l’as raconté à quelqu’un toi ? » demanda-t-elle en brisant le silence. Et sans avoir besoin de réfléchir, Lenny répondit : « Non. » Ce n’est qu’après avoir prononcé ce mot qu’il en réalisa la signification. Pour une fois, il avait en effet gardé tout ça pour lui. Même Rudy, avec qui il avait pour habitude de parler de tout, n’en savait rien. Et cette constatation choqua l’étudiant. Comment avait-il pu ne pas en parler à son frère ? Etait-ce si grave au point qu’il veuille tout garder pour lui comme ça ? Interloqué par son propre comportement, il entrouvrit la bouche et fronça les sourcils. Sans même répondre à la dernière phrase de Quinn, il ouvrit la portière, se détacha, et quitta le véhicule. Lenny alla alors s’asseoir sur le capot, et croisa les bras, son regard planté vers l’horizon. Il était complètement perturbé par ce qu’il venait de réaliser, et devait comprendre ce que cela signifiait. Immédiatement.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Mer 30 Mai - 16:24
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
Le silence n’était pas naturel. Il était bien trop calme, bien trop tendu, bien trop emprunt de sous-entendus qui ne nous seraient jamais venus à l’esprit pour l’être. Cela me frappa, moi, celle qui avait pour habitude de ne pas en lâcher une quand j’avais le regard rivé sur la route et qui avait tendance à supplier ciel et terre pour que mes passagers se la ferme le temps du trajet pour que je puisse me concentrer sur la route et non pas sur leurs bêtises. A la réflexion, j’aurais peut-être mieux fait de lui demander de descendre de la voiture quand il m’avait ordonné de démarrer, j’aurais peut-être dû lui dire qu’il valait mieux que nous en restions là et ne pas continuer à briser le peu qu’il nous restait. Qu’au final, la seule solution qu’il nous restait était de faire une croix sur le passé et continuer nos vies chacun de notre côté, qu’il fallait que nous nous fassions une raison et que recoller les morceaux correctement était simplement aussi utopique qu’un monde en paix… Cependant, j’en avais été bien incapable. Je ne voulais pas le rejeter. Je voulais qu’il reste. C’était les seules idées de clair que je pouvais avoir à l’instant même. Je me garai, après ce trajet court qui me parut pourtant si long. A côté de moi, Lenny ne parlait pas, fixait le pare-brise comme si le monde autour de lui n’existait plus, et m’ignorait presque avec superbe alors que je mettais le frein avec plus de conviction que nécessaire. Aucun bruit, aucun son. Je brisai donc le silence d’une voix douce en lui posant une question simple, cherchant juste à meubler la conversation et à réengager l’échange maintenant qu’il avait ce qu’il voulait. Et également histoire de savoir s’il en avait parlé à quelqu’un. Quand même. « Non. » Il m’avait répondu immédiatement, presque de manière brusque. Je ne sus pas comment interpréter le ton de sa réponse –était-il emprunt d’amertume, de colère, de honte, d’agacement ? – et je n’ai pas eu le temps de finir une phrase qu’il se détachait déjà pour sortir de la voiture sans rien m’adresser de plus. Génial. Je restai figée pendant quelques instants, mes yeux le suivant aller s’installer sur le pare-choc de l’Audi de mon père. Je n’en revenais pas. « Lenny, reviens. » dis-je depuis la voiture. « Leonard ! » Je n’étais pas sûre qu’il puisse m’entendre. J’ouvris à mon tour la portière, puis cherchai à descendre avant de me souvenir que la ceinture me retenait. Exaspérée, je la défis, puis m’extirpai de l’engin pour me poster en face de lui. Qu’il veuille s’éloigner des regards de nos familles, je voulais bien le concevoir, puisque quelque part cela m’arrangeait également. Qu’il réagisse comme ça face à une de mes questions, j’avais du mal à l’avaler. J’avais l’impression de faire des pas de travers, c’était frustrant. J’avais l’impression de l’agacer, et c’était encore autre chose. « Qu’est ce que j’ai dit encore, hein ? » demandai-je. « Tu me reproches de toujours t’éviter, d’accord, puisque tu as raison. On en parle ? Très bien ! Tu me demandes d’aller autre part, je le fais. Je te pose une toute petite question et tu réagis comme si je t’avais insulté. » Je marquai une pause en le détaillant du regard. Je ne pleurais pas non, je ne le faisais presque jamais. J’étais plus le genre de personnes qui, sous l’émotion, avaient la gorge qui se serrait au point où ils ne réussissent plus à parler. A cet instant précis, je sentais mon ton vaciller, ma colère momentanée retomber aussi vite qu’elle était venue. J’étais partie au quart de tour, oui. Je m’étais sentie terriblement vexée quand il m’avait adressé ce simple non lourd de sens, quand il était parti de la voiture sans même m’attendre comme s’il n’en avait plus rien à foutre de la situation, de moi, de notre amitié, de ces moments. Vexée, trahie. Je ne savais même plus quels mots convenaient le mieux. « Tu sais je pense qu’il est assez grand pour se rendre compte qu’on se voit plus. » dis-je alors, lentement. Par il, je sous-entendais Rudy. Je ne voyais pas autre chose qui aurait pu perturber Lenny autant. Ou alors je me plantais littéralement et je n’avais plus qu’à partir m’enfuir dans les champs pour essayer de l’oublier, lui et son amitié, lui et ses orgasmes.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Jeu 31 Mai - 18:23
Le fait que Quinn mentionne indirectement Rudy, ou du moins qu’elle le rappelle aux bons souvenirs de Lenny avait été un élément déclencheur. Jusque là, il n’avait sans doute pas prit pleinement conscience de la situation, du changement qu’avaient opéré ses sentiment envers son amie, et de la confidentialité qu’il avait instauré autour de ça. Mais lorsqu’il réalisa que même son frère n’en savait rien, il ressentit comme un électrochoc qui le fit immédiatement sortir de la voiture. Il se choquait presque lui-même. Comment était-il possible qu’il ait gardé une chose aussi importante pour lui ? Etait-ce tellement mal et interdit qu’il préférait garder le secret ? La façon dont il avait agi semblait le déstabiliser encore plus que le véritable « acte » qu’il avait vécu avec Quinn. Assis sur le capot de la voiture, Lenny tentait donc de remettre de l’ordre dans ses idées ce qui n’était, il faut bien l’avouer, pas chose facile. Il pouvait vaguement distinguer les appels de Quinn derrière lui sans vraiment y prêter attention… jusqu’à ce mot fatidique : « Leonard ! ». Comment avait-elle osé ? Elle savait pertinemment qu’il détestait son prénom, et ce depuis toujours. Absolument personne n’était autorisé à l’appeler comme ça, et même lorsque ses parents le faisaient, ils ne récoltaient pour réponse qu’une vague grimace de dégout. Lenny se retourna donc brusquement, les sourcils froncés, mais déjà Quinn était en train de batailler pour sortir de la voiture.
En un éclair, la jeune femme arriva à sa hauteur, et elle n’avait pas l’air spécialement calme. Ne lui laissant pas le temps de protester quant au fait qu’elle ait utilisé son véritable prénom, Quinn déblatéra un long discours furieux, quasiment sans respirer. Lenny accueillit l’initiative en écarquillant un peu les yeux. A vrai dire, elle ne lui avait que très rarement parlé de cette façon, du moins sérieusement. C’était bien la première fois qu’elle ne se mettait pas à rire au milieu d’une de ses phrases, ou que lui-même n’avait aucune envie de rire ou de se moquer d’elle. Cette fois, c’était sérieux. Tout devenait bien trop sérieux d’ailleurs, mais Lenny ne semblait pas pouvoir y faire grand-chose. Un peu confus, il commença par baisser les yeux. La regarder en face était bien trop dangereux dans ces circonstances, et déjà des idées peu catholiques lui venaient à l’esprit pour la faire taire. « Pardon… » balbutia-t-il finalement, en prenant bien soin de regarder ailleurs. « C’est pas de ta faute… c’est juste que… je sais pas ! D’habitude je raconte tout à Rudy, tu sais bien… TOUT ! Et là, je me suis bien gardé de lui dire quoi que ce soit, et c’est pas normal… et… je sais pas ce que ça veut dire. »
Complètement perdu mais pourtant bien conscient qu’il avait blessé Quinn, le jeune homme préféra se taire. Ne pas en rajouter une couche était certainement la meilleure solution pour rester plus ou moins en bon termes avec elle. « Tu sais je pense qu’il est assez grand pour se rendre compte qu’on se voit plus. » Soudain, interloqué, Lenny leva de nouveau les yeux vers la jeune femme. C’était ça le problème. Ils ne se voyaient plus, et c’est précisément ça qui causait un manque énorme dans la vie de Lenny. Vivre sans elle, c’était définitivement impossible. Il ne l’avait jamais quittée, et ne la quitterait jamais, quoi qu’il arrive. Et même si la tâche s’annonçait plus compliquée que prévu, il ne concevait pas d’être éloigné d’elle pour toujours. Se redressant d’un air déterminé, Lenny se décida enfin à planter ses yeux dans ceux de Quinn. « J’veux pas qu’il pense ça. J’veux pas qu’on arrête de se voir ! » Plus il parlait, plus le jeune homme s’approchait dangereusement de son amie, allant même jusqu’à effleurer ses cheveux du bout des doigts. Ce n’est que lorsqu’il fut à quelques centimètres de son visage qu’il s’arrêta, toujours en la fixant, et conclut dans un souffle : « J’ai besoin de toi.. »
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Dim 3 Juin - 0:52
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
C’était rare que je me mette en colère, ou tout du moins, que mon ton devienne grave et sérieux, emprunt d’agacement et d’énervement sans la moindre trace d’humour dans mes paroles. J’avais encore moins l’habitude d’être dans un tel état face à Lenny, lui qui avait provoqué chez moi les pires et les plus longs fous rires de toute ma vie, lui qui avait toujours réussi à me faire sourire dans n’importe quelle situation à n’importe quel moment. Cependant, je m’étais sentie si mal quand il était sorti de la voiture sans le moindre mot pour moi que mon sang n’avait fait qu’un tour, qu’une nouvelle fois j’avais agis avant de réfléchir et j’avais monté de ton sans même avoir correctement analysé la situation. Je l’avais même appelé par son prénom en entier, chose que je n’avais jamais fait avant… Enfin, sans me foutre royalement de sa gueule par derrière. Un flop de sentiments et d’émotion m’avait envahi et mes pensées s’étaient broyées. Et dans tous les cas, cette situation était inhabituelle. Perturbante. Mais j’étais trop remontée pour le noter. Je déballai tout ce que j’avais à lui dire, en face de lui, soutenant son regard avec des yeux presque emprunts de défi. Je voulais lui faire passer ce que j’avais à dire, je voulais accrocher son regard afin qu’il ne m’échappe pas encore une fois. Il baissa les yeux à la fin de mon discours, puis ouvrit la bouche pour murmurer un pardon. Ce simple mot fit retomber ma colère comme un soufflet, mais je n’en demeurai pas moins complètement assaillie sous l’émotion, les sentiments, les circonstances. Je me sentais envahie par une foule de choses qui ne faisaient que m’étouffer un peu plus au fil des secondes. Une foule de choses, comme lors des fois où nous étions allés plus loin que ce que les meilleurs amis étaient sensés faire. Il me dit alors que ce n’était pas de ma faute, mais que le simple fait de ne pas l’avoir dit à Rudy le perturbait suffisamment pour expliquer ses gestes. J’haussais les épaules quand il finit par avouer qu’il ne savait pas ce que cela voulait dire, et j’évinçai la question en lui disant que Rudy était suffisamment grand pour se rendre compte que nous nous voyions plus. Ce fût à ce moment là que je retrouvai son regard, qu’il planta ses yeux dans les miens, qu’il se redressa. « J’veux pas qu’il pense ça. J’veux pas qu’on arrête de se voir ! » Son visage était bien trop près du mien, ses yeux m’accrochait beaucoup trop le regard. Mon poul s’accéléra au rythme de ses paroles, au fur et à mesure que nos deux corps comblaient l’espace qui nous séparait. « Lenny… » Je ne trouvai rien d’autre à dire. Ce qu’il disait était vrai. Je ne voulais pas que notre hisoire, le roman de nos vies, se finissent comme cela. Que nous continuions à vivre à Arrowsic sans pour autant se voir. C’était un vide que je n’avais jamais réussi à combler, malgré mon boulot, malgré ma famille, malgré mes amis. Il y avait un Lenny, un meilleur ami. « J’ai besoin de toi... » Son souffle caressait ma peau. Son regard était toujours sur moi. Je sentais sa main toucher quelques mèches de ma crinière blonde. « Moi aussi. » Et alors, sans réfléchir, je pris son visages entre mes deux mains et déposai un baiser sur ses lèvres, avec toute la tendresse du monde. Je me rendis compte de mon geste bien trop tard. L’intégralité de mon corps avait déjà commencé à en demander plus quand je m’étais détaché de lui quelques secondes plus tard. Je fermai les yeux rageusement, puis je passai mes bras autour de lui, dans une étreinte que j’aurais voulue comme avant, fraternelle et protectrice. J’aurais tellement aimé, également, pouvoir le prendre ainsi dans mes bras sans me sentir en feu, sans pour autant avoir une envie venant me ronger de l’intérieur et crier par tous les pores de ma peau de franchir le pas. J’aurais tellement aimé pouvoir faire ce geste comme des meilleurs amis normaux. J’aurais tellement aimé être normale. J’aurais tellement aimé ne pas avoir dérapé, une fois de plus. « Dis-moi que je suis pas toute seule à en crever d’envie. Dis-moi que je suis pas la seule à m’en vouloir. » chuchotai-je, le nez dans ses cheveux, tentant avec toutes les convictions du monde de ne pas m’enfoncer encore plus. J’étais foutue, je le savais. Putain d’hormones. « Je suis désolée, Lenny. Tellement désolée. »
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Sam 9 Juin - 11:46
La distance entre Quinn et lui s’était considérablement et dangereusement réduite. C’était de sa faute, mais Lenny n’avait trouvé aucun moyen de s’en empêcher. Comme un aimant, il avait été indéniablement attiré vers elle, vers sa peau, ses cheveux, son odeur… Jamais auparavant il n’avait prêté attention à ces choses-là, et pourtant. Désormais il ne semblait voir plus que ça et c’était à la fois perturbant et terriblement agréable. Le fait de la toucher, de l’effleurer, de sentir son souffle contre lui… tout ça était devenu une sorte de drogue, qui lui faisait perdre les pédales à chaque fois qu’il la croisait. La première fois qu’ils avaient dérapé tous les deux, ils avaient eu une « bonne » excuse. Tout s’était passé à la suite d’une soirée plus qu’arrosée, sans vraiment qu’ils n’en aient conscience ni même envie. Mais c’est ce qui était arrivé après qui était beaucoup plus inquiétant. Car oui, la fois suivante, Lenny était totalement conscient de ses actes, il avait prit du plaisir avec elle, bien plus que ce qu’il n’aurait pu imaginer, et lorsqu’il y pensait : ça le dégoutait. Mais malgré ça, il avait plus que tout envie de recommencer. Les scènes qui se jouaient dans l’esprit de Lenny n’avaient jamais été aussi simples et compliquées à la fois : il voulait Quinn, il avait envie d’elle et il se promettait de ne plus la laisser s’éloigner. Mais depuis toujours elle avait tenu un tout autre rôle à ses yeux, et quelque chose l’empêchait catégoriquement de la considérait comme une petite amie potentielle.
Lenny suivit des yeux les gestes de la jeune femme, comme s’ils s’étaient déroulés au ralenti et ferma instantanément les paupières au contact de ses lèvres. Comme pour mieux apprécier l’instant, comme pour ne pas la voir et ainsi n’avoir aucun regret. Puis, sans qu’il n’ait vraiment le temps de revenir sur terre, il sentit Quinn l’enlacer, dans un geste qui le surprit alors qu’il leur était pourtant si familier. Mais cette fois, cette étreinte avait une toute autre signification, un tout autre sens. Lenny passa à son tour ses bras autour des hanches de la jeune femme, et la serra un peu plus contre lui et perdant son visage dans ses longs cheveux blonds.
« Dis-moi que je suis pas toute seule à en crever d’envie. Dis-moi que je suis pas la seule à m’en vouloir. » Les mots que Quinn prononça en chuchotant le firent frissonner. Bien sûr qu’elle n’était pas la seule à en avoir envie, et elle était encore moins seule à s’en vouloir. Tout en restant collé à elle, Lenny remonta ses mains le long de son dos. « Je m’en veux tellement d’avoir tout gâché… » répondit-il d’une voix faible, sans pouvoir s’empêcher de douter de la véritable signification du mot « gâché ». Au moment où elle s’excusa, le jeune homme se détacha un peu d’elle pour venir planter son regard dans le sien. Il aurait voulu la rassurer, lui dire de ne pas s’excuser pour ce dont elle n’était pas entièrement responsable, mais le simple fait de croiser ses yeux le pétrifia. Une nouvelle fois, une pulsion lui dicta de l’embrasser et bien plus encore, mais il renonça au dernier moment, juste après avoir effleuré ses lèvres. Lenny laissa alors échapper un long soupir, puis baissa la tête, presque honteux devant tout ce qui leur arrivait. « Qu’est-ce qu’on va faire ? » lâcha-t-il finalement désespéré, en relevant les yeux vers elle.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Dim 10 Juin - 23:55
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
J’avais agi sur un coup de tête, un terrible coup de tête. J’aurais très bien pu m’écarter, lui répondre quelque chose de parfaitement correct tout en continuant la conversation, mettre mes distances pour nous faire une raison à tous les deux. Cela aurait été beaucoup plus facile. Eh bien non. J’avais choisi la voie la plus compliquée, comme toujours. J’avais préféré l’embrasser. Rien que ça. Cela aurait pu être différent si je n’avais pas senti un feu m’envahir de toutes parts, si ce baiser ne m’avait pas donné envie d’en avoir d’autres. J’allai me nicher dans le cou de Lenny pour m’empêcher tout autre geste qui aurait définitivement vendu mon âme au diable, et celui-ci vint poser ses mains sur mes hanches. Nous avions dû faire ce geste une bonne centaine de fois par le passé, si ce n’est plus. Trois fois avaient été différentes des autres… Après cette fameuse soirée, notre entrevue quelques jours après, et maintenant. C’était à la fois abominable et étrange de se dire que ses bras ne seront plus jamais comme ceux que j’avais pu connaître auparavant. Qu’ils ne seront plus pareils, malgré tout ce que nous pourrions nous dire et mettre au clair. Quelque part, c’est comme si j’avais réalisé qu’en plus d’être mon meilleur ami, Lenny était aussi un homme. J’avais grandi, dans ma tête. Lentement, je lui demandais dans un murmure de me dire que je n’étais pas toute seule. Toute seule face à cette situation, en quelque sorte, toute seule à devoir faire face. Je me sentais à la fois si mal et si attirée. A cet instant précis, il y avait tout un monde dans mon être, toute une masse de sentiments incapables de se mettre d’accord et de me donner une seconde de répit pour tenter de me rattraper. Pour tenter de faire la part des choses. « Je m’en veux tellement d’avoir tout gâché… » Tout ce que je trouvais à lui répondre était que j’étais désolée, pour nous, pour ça. Il se détacha de moi lentement pour me regarder dans les yeux. Je frissonnai quand je me rendis compte qu’il se penchait vers moi, pour finalement effleurer mes lèvres et se retirer. C’était encore pire qu’un simple baiser. Ce simple contact était synonyme de désir non assouvi, d’envie d’en avoir plus. Quelque part, il avait voulu se rattraper, mais l’effet était tout inverse chez moi. Il baissa la tête, geste qui fût ponctué d’un soupir. J’étais incapable de faire le moindre geste ou même de bouger. Je savais que, quoi que je fasse, j’allais finir par céder. J’avais l’impression d’être une de ces gamines incapables de contrôler leurs hormones d’adolescentes en pleine crise. J’avais l’impression d’être vulnérable. Je détestais littéralement ces sentiments-là. « Qu’est ce qu’on va faire ? » me demanda-t-il alors. Ce fût à mon tour de lâcher un soupir, presque épuisée par la situation. « J’en sais rien, Lenny. On est dans une impasse. » articulai-je lentement. C’était la vérité. Je posais ma main en dessous de la mâchoire pour le forcer à relever la tête, le forcer à me regarder et ne plus fuir mes yeux. « On ne peut pas continuer à s’ignorer, on ne peut pas revenir en arrière, on a peur du futur. » énumérai-je. « Tout ce que je peux te dire à ce moment précis, c’est que j’ai envie de toi. » La franchise me tuera, un jour. Vraiment. En même temps, il me posait de ces questions qu’au final je ne réussissais même plus à essayer de détourner mes réponses. Ce que je pensais sortait automatiquement. Je me sentais incroyablement idiote, dorénavant. Incroyablement idiote d’avoir été la première à avoir cédé cette fois ci, à avoir été la première à prendre son visage dans les mains pour l’embrasser tout simplement parce que je ne réussissais plus à me contenir. Je me sentais presque seule à attendre là, complètement partagée entre mes sentiments, à deux doigts de déboutonner sa chemise et le plaquer contre le pare-choc. « C’est la première fois de toute ma vie que je ne sais pas quoi faire. » Je me refusai littéralement de l’embrasser de nouveau, par moi-même en tout cas. Pourtant, cela me rongeait. Littéralement.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Jeu 14 Juin - 22:34
Si on leur avait dit, il y a quelques années, qu’ils se retrouveraient dan une telle situation, Quinn et Lenny auraient très certainement rit pendant des heures sans pouvoir s’arrêter. Et maintenant, ils se retrouvaient face à face, comme deux adolescents timides et ridicules. Tout ce qui leur arrivait semblait les dépasser, et l’un comme l’autre était incapable de trouver une issue à cette histoire. Bien sûr, ils avaient tous les deux la même idée et la même envie, aucun doute là-dessus. Mais la raison, et une force que Lenny ne parvenait pas à s’expliquer les empêchait de se laisser aller complètement. Ses mains étant toujours en bonne position sur les hanches de Quinn, le jeune homme pouvait sentir chacun de ses frissons, ce qui accentuait à chaque fois un peu plus l’envie qu’il avait d’aller plus loin et de faire tomber toutes les barrières qu’ils avaient érigées entre eux. Mais dans une prise de conscience inattendue, Lenny retint le baiser qu’il était sur le point d’offrir à son amie. Et sans vraiment s’en rendre compte ni le vouloir, il exprima tout haut l’une des nombreuses questions qui se bousculaient actuellement dans son esprit.
Une impasse. Ils étaient dans une impasse, et Lenny n’aurait pas trouvé une meilleure explication pour qualifier leur histoire. Ils étaient coincés entre une amitié qui ne semblait plus être possible entre eux, et une attirance qu’ils ne s’autorisaient pas parce qu’elle était tout simplement trop violente et inopinée. « Tout ce que je peux te dire à ce moment précis, c’est que j’ai envie de toi. » En entendant cet « aveu », Lenny se figea. En réalité, il ne savait pas si ça lui faisait plaisir, ou plutôt peur. Cette envie était réciproque et elle le savait, mais pour l’une des premières fois de sa vie le jeune homme ne pouvait se résoudre à écouter ses envies. D’habitude, il ne se posait aucune question, et ne faisait que ce dont il avait envie. Mais cela lui avait valu cet énorme dérapage avec Quinn, et donc cette nouvelle relation qui le tuait. Alors pour une fois, il avait décidé de calmer le jeu, et d’essayer de réfléchir avant d’agir. Seulement voilà, ce que la jeune femme venait de lui avouer avait rallumé en lui un feu qu’il était incapable de contrôler. Ce désir qu’il avait pour elle, et qui le rongeait depuis des jours entiers. L’étudiant fit pivoter son regard de droite à gauche pour constater qu’ils étaient bel et bien seuls sur cette route, au bord de ce champ typique des alentours d’Arrowsic. Presque inconsciemment, Lenny se mordilla la lèvre inférieure en relevant les yeux vers Quinn qui lui avouait : « C’est la première fois de toute ma vie que je ne sais pas quoi faire. »
Lenny lâchait de plus en plus prise, et le léger vent qui faisait voltiger les cheveux de sa belle n’arrangeait rien. Il craquait, il savait que ça allait arriver depuis le début, et pourtant il essayait de lutter avec toute la force mentale dont il pouvait faire preuve. Puis, subitement, retrouvant en un éclair ses capacités à agir comme bon lui semblait, il agrippa la main de Quinn. « Moi je sais ! » Sans réfléchir, il l’entraina dans le fossé à côté d’eux en l’aidant à descendre à sa suite. Les éloignant ainsi de la route et de la voiture, il la guida vers un bosquet au beau milieu du champ, là où ils pourraient être à l‘abri des éventuels regards. Dès qu’ils furent arrivés, il s’empara presque violemment de ses lèvres, incapable de se retenir plus longtemps, et laissa glisser ses mains sous le haut de la jeune femme. Puis, lentement, il la fit basculer jusqu’à ce qu’elle touche le sol avant de s’éloigner de quelques centimètres, simplement pour guetter sa réaction.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Dim 17 Juin - 21:16
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
A cet instant précis, alors que Lenny me demandait ce que nous allions bien pouvoir faire, l’époque où nous étions les deux meilleurs amis du monde me sembla plus loin que jamais. Nous étions inséparables. Nous nous connaissions par cœur. Nous n’avions en aucun cas imaginé que nous finirions par nous abaisser à ce genre de choses, à ce genre de situations que nous voyions dans ces feuilletons dramatiques qui nous faisaient rire à en pleurer auparavant. Et c’est cette pensée-là qui me fit le plus mal. Parce que dans nos têtes, à ce moment-là, nous étions les plus immatures de tout Arrowsic, mais jamais cela nous avait traversé l’esprit. Il avait suffit que nous grandissions un tout petit peu, et nous avions fini par être comme tout le monde… A n’être que des cons, des putains de cons. Je lui répondis de la manière la plus franche possible. Je ne cherchai même plus à masquer le fait que cette situation me dépassait complètement, à un tel point que je ne savais même plus quoi faire. Qu’à l’instant présent, une vague de désir me rongeait littéralement de l’intérieur, au rythme de ses respirations mesurées que je pouvais ressentir à son contact. Le cacher n’aurait pas servi à grand-chose, de toute manière. J’étais persuadée que cela se voyait, sur mon visage, que je luttais de toutes mes forces pour ne pas l’embrasser une nouvelle fois, que je déployai des efforts monstres pour me retenir et ne pas bouger ne serait-ce que d’un centimètre. Je l’observai regarder de part et d’autre de nous comme pour vérifier quelque chose, puis remonter le regard vers moi quand je finis par conclure avec la confession que je ne savais pas quoi faire. Et enfin, il finit par bouger. « Moi je sais ! » Il me prit par la main, complètement alerte, comme s’il venait de se rappeler qu’il pouvait se mouvoir. Que nous n’étions pas des automates. Qu’il pouvait bouger, s’enfuir de là. « Mais qu’est ce que tu… » Lenny m’entraina alors à sa suite dans les champs, coupant court à toutes mes questions, à toutes les paroles que j’aurais pu dire pour retarder ce moment et essayer de pousser mes efforts jusqu’au bout. Il me guida loin de la route, de la voiture, de ce lieu où tout le monde pouvait encore nous voir, loin de cette ville-même qui ne nous laissait aucun secret pour nous. Une confusion – aux allures de troisième guerre mondiale, il fallait l’admettre – régnait dans mon cerveau, entre désir, empressement et petite voix qui me hurlait de faire attention pour ne pas me casser royalement la gueule sur lui, tandis que nous continuâmes notre semi-course dans les champs. Je savais ce qui allait se passer, ensuite. Nous le savions tous les deux. Cela allait nous donner une nouvelle excuse pour ne plus nous parler et pour remettre à plus tard les explications. De toute manière, ce n’était pas comme si cela allait réellement changer les choses, au point où nous en étions. Et puis, c’était bien trop fort. Bien trop violent. Une fois cachés de tous les regards possibles, il m’embrassa de manière intense, tout en glissant ses mains en dessous de mon chemisier. Ses doigts laissèrent des traces incandescentes sur ma peau, alors qu’il m’allongeait déjà sur le sol pour venir tout au dessus de moi. Le moindre endroit de mon corps qu’il pouvait toucher me donnait des frissons de désir, me donnait envie d’avoir une caresse en plus. A chaque fois. Je me retrouvai dans cette situation où tout ce qui m’entourait ne comptait plus, hormis ce que j’étais en train de vivre, hormis ce que nous étions en train de faire. Mon corps entier était brûlé par ce désir dont je n’avais jamais soupçonné l’existence avant d’être suffisamment saoule pour le ressentir une première fois. Admettre que c'était possible, également. Juste après m’avoir déposé sur le sol, il s’arrêta pour m’observer, et je lui renvoyai un regard interrogateur. Non, pas maintenant. Pas après m’avoir donné autant d’espoir pour finalement tout reprendre. « Il y a quelque chose qui ne va pas ? » demandai-je lentement, dans un murmure. J’aurais pu me frapper la tête contre le sol tellement j’avais honte de moi, tellement je pouvais être une abrutie dans mon genre. Poser ce genre de questions, comme ça. J’aurais mieux fait de ne rien dire du tout, ouais. Lentement, je redressai ma tête pour atteindre sa mâchoire, et je traçai un chemin de baisers tout au long, en terminant ma course dans son cou. Mes mains en profitèrent pour déboutonner lentement sa chemise tout en la laissant sur ses épaules, et je passai mes bras autour de sa peau nue. C’était frappant de me sentir aussi attirée. Je ne voyais plus Lenny de la même manière, à cet instant précis. Il était passé de meilleur ami à source de désir, même si j’aurais presque tout donner pour ne pas ressentir tout cela. Malgré l’intensité. Malgré toutes ces sensations à la fois si violentes et si fortes. Malgré tout.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Lun 18 Juin - 14:41
Lenny avait enfin rendu les armes. Il avait enfin retrouvé l’état d’esprit qu’il avait toujours eut, avait renoncé à se poser trop de questions et décidé de n’écouter que son cœur. Et son cœur ne voyait que Quinn, il brûlait d’un désir que Lenny ne se souvenait pas avoir connu avant, et s’en était d’autant plus déstabilisant. Mais cette sensation était à la fois si délicieuse qu’il ne pouvait y renoncer. C’est donc sans réfléchir qu’il entraîna son amie au beau milieu de ce champ qui bordait la route, pour l’emmener à l’abri des regards. Et là, comme il aurait pu e prévoir, le jeune homme ne put se retenir plus longtemps et captura les lèvres de Quinn avant de l’allonger par terre. Son cœur battait la chamade et son souffle était déjà court lorsqu’il se détacha d’elle pour l’observer. « Il y a quelque chose qui ne va pas ? »Pas spécialement sûr de lui, l’étudiant s’efforça de ne rien faire paraître, et adressa à Quinn l’un de ses sourires ravageurs. C’était d’ailleurs bien la première fois qu’il en faisait usage avec elle, et cela sembla rendre la situation encore plus étrange à ses yeux. Lenny caressa doucement le visage de la jeune femme, et murmura d’un ton qu’il aurait voulu rassurant : « Non… ça va. Tout va bien… » Malgré les bonnes résolutions qu’il semblait avoir prises avant de quitter le bord de la route, Lenny n’était pas spécialement à l’aise à ce moment précis. Mais pour n’éveiller aucun soupçon chez Quinn, il se pencha de nouveau vers elle et l’embrassa, beaucoup plus tendrement cette fois.
Et la réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre bien longtemps. En un éclair, elle s’était redressée et parcourait la mâchoire puis le cou de Lenny d’une multitude de baisers qui le faisaient frissonner chaque fois un peu plus fort. Pendant ce temps, elle s’affaira également à déboutonner sa chemise, ce qui lui permit de glisser ses mains le long du torse d’un Lenny de plus en plus entreprenant. D’une main experte, il fit à son tour céder le chemisier de Quinn, avant de se rapprocher d’elle au maximum, sentant ainsi leurs peaux glisser l’une sur l’autre. Cette fille le rendait fou, littéralement. Et dire qu’il ne l’avait jamais réalisé avant, alors qu’il la côtoyait tous les jours, depuis leur plus tendre enfance… S’approchant un peu plus de cet instant qui paraissait désormais inévitable, Lenny partit à l’assaut du cou de Quinn, la couvrant ainsi de doux baisers qui dérapèrent bien vite jusqu’à s’aventurer sur sa poitrine et son ventre. Mais plus le jeune homme approfondissait ses baisers, plus il était troublé…
Au fur et à mesure que l’excitation montait, la mémoire de Lenny semblait vouloir se jouer de lui. A plusieurs reprises, il vit des flashs, des souvenirs de son enfance passée aux côtés de Quinn. Des longs après-midi passés à jouer ensemble jusqu’aux recoins de la cours de récréations où ils préparaient leurs mauvais coups, rien ne lui fut épargné. Et plus Lenny tentait de se concentrer sur les baisers qu’il prodiguait à Quinn, plus ces images devenaient intenses, presque réelles. Il avait beau lutter, fermer les yeux, redoubler de tendresse dans tous ses gestes, rien ne semblait pouvoir faire déguerpir ces maudits flashs. Après quelques minutes d’hésitations, et dans un long soupir qui se transforma presque en véritable grognement, le jeune homme se laissa lourdement tomber à côté de Quinn. Portant immédiatement ses mains à son visage, comme pour empêcher tous ces souvenirs d’arriver jusqu’à lui, il n’eut d’autre choix que de se maudire intérieurement, se retenant de crier un « Merde » qui s’échappa pourtant de ses lèvres dans un souffle quasi-inaudible. Puis, il rouvrit les yeux et tourna la tête vers sa voisine d’un air désespéré. « Quinn… je… je peux pas. Désolé. » Il aurait voulu pouvoir lui apporter plus d’explications, mais il s’en sentait tout bonnement incapable. Lui-même ne comprenait plus rien à ce qui était en train d’arriver. Délicatement, il posa sa main sur une des joues de Quinn et reprit : « Je sais pas pourquoi, je… J’ai envie de toi mais… c’est tellement bizarre… » Lenny devait se faire une raison : il n’était pas spécialement doué pour les relations avec les filles, et encore moins lorsque la fille en question s’avérait être sa meilleure amie. En vérité, il n’avait jamais eu aucune relation sérieuse auparavant, mais cette fois, il sentait bien qu’il n’avait pas le droit de jouer. Pas avec le cœur de Quinn. Impuissant et totalement désorienté, il se redressa pour s’asseoir en tailleur, sans pour autant prendre soin de reboutonner sa chemise. « Je suis nul pour ces trucs-là tu sais… Et j’ai peur que… enfin tu vois… que je ne sois pas capable de faire ce qu’il faut… j’ai peur de te blesser. Et si jamais ça finissait mal ? J’ai pas envie de te perdre à cause de ça ! J’ai pas envie de te perdre tout court… » Jamais Lenny ne s’était montré aussi sentimental et concerné devant un fille, mais aujourd’hui, il semblait être au pied du mur. Plus apeuré que jamais, il en venait encore et toujours à regretter cette nuit où tout avait commencé.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Mar 19 Juin - 21:28
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
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A son tour, il entreprit de me déboutonner mon haut. Je me blottis presque instantanément contre la chaleur de son torse, tandis que ses lèvres descendaient lentement contre mon cou jusqu’à ma poitrine. Je fermai les paupières, laissant l’excitation me gagner au rythme de la pression de ses baisers sur ma peau. C’était intense. Autour de nous, la campagne n’existait plus. J’étais incapable d’entendre autre chose que nos respirations respectives, de sentir autre chose de ses caresses et ses lèvres, de voir autre chose que lui. J’étais incapable de réfléchir, surtout. Incapable de mesurer nos actes. Incapable de dire, pour une fois, non. Mais cela m’importait peu. J’aurais dû m’en vouloir, au fond, de ressentir toutes ses choses. J’aurais dû me rendre compte que quelque chose n’allait vraiment pas avec Lenny alors qu’il m’avait affirmé le contraire quelques minutes plus tôt, que son ton n’avait pas été normal, qu’il avait peut-être été trop hésitant, trop faux. Cependant, mon attention avait été bien trop accaparée par d’autres détails – genre, son corps, à tout hasard – pour réellement m’intéresser au comment du pourquoi cela pouvait paraître suspect. Je profitai. J’étais incapable de me dire que dans quelques heures à peine je regretterai amèrement nos gestes, nos baisers et nos actes, mais j’étais bel et bien impuissante face à la foule d’émotions qui m’envahissaient à chaque fois que Lenny était trop proche, qu’il me regardait de manière trop insistante. J’avais les hormones d’une adolescente. Un simple effleurement de ses doigts contre ma peau provoquait une véritable émeute de désirs violents dans l’intégralité de mon corps. Toutes les cellules étaient touchées. Malheureusement. Je glissai lentement mes doigts vers son pantalon, mais il m’interrompit dans mon geste. Il poussa un long soupir avant de se laisser tomber sur le côté, et je restai là quelques instants à me demander ce qu’il était en train de faire. Ce qu’il était en train d’oser me faire. Je l’entendis vaguement marmonner entre ses dents, mais je fus incapable de bouger, incapable de réfléchir. Je me sentis à la fois incroyablement mal, mon désir s’étant envolé sur le champ, emportant avec lui toute ma confiance en moi et ma détermination. Ne laissant plus qu’un sentiment amer dans ma bouche, une déception peut-être trop grande, une frustration venant me bloquer les muscles et faisant de moi une personne vulnérable et incapable d’esquisser le moindre geste. J’aurais aimé me jeter sur lui pour me donner satisfaction, ou même le frapper d’avoir osé m’abandonner à ce moment là. J’aurais aimé me lever, réussir à reboutonner mon chemisier, et m’enfoncer dans la nature pour récupérer la voiture et le laisser en plan sur le bord de la route, lui donner ce sentiment d’abandon qu’il venait de me faire ressentir à l’instant même. Mais j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Il avait réussit à me déstabiliser. Moi. Lui. « Quinn… Je… Je ne peux pas. Désolée. » Je fixai le ciel, mon visage ne trahissant aucune émotion. Un concert de protestations résonnait dans ma boîte crânienne, mais je ne voulais rien laisser transparaître. Au fond, je le comprenais. Mais je ne réussissais pas à déterminer si c’était la frustration, la déception ou la vexation qui était le sentiment le plus fort, venant balayer toute trace de conscience dans mon esprit. Il continua. Il avait envie de moi mais c’était trop bizarre. D’un geste, je retirai la main qu’il avait posée sur ma joue, comme pour essayer de faire mieux passer le message. Tout en douceur. Peine perdue. « Ca n’a pas semblé te déranger, l’autre fois. » Mon ton avait été acide. Sec. Bien trop désagréable. Je me pris la tête entre les mains, massant mes tempes tout en ayant les yeux fermés. J’en avais marre, d’avoir cette foule d’émotion vivant sous mon crâne. J’en avais marre de constater qu’à chaque fois que je voyais Lenny, j’étais incapable de démêler mes sentiments. A l’instant même, je luttais pour savoir si j’avais une certaine satisfaction à lui faire comprendre qu’il m’avait fait mal, ou si je me trouvais pathétique de me venger d’une manière aussi basse. J’étais une gamine. J’étais pire que mes propres élèves. Il s’assit en tailleur. Je refermai les pans de mon chemisier contre ma peau, sans pour autant le refermer, mais de manière à ne plus avoir ma peau sous son regard. Je croisai les bras pour faire bonne mesure. « Je suis nul pour ces trucs-là tu sais… Et j’ai peur que… Enfin tu vois… Que je ne sois pas capable de faire ce qu’il faut… J’ai peur de te blesser. Et si jamais ça finissait mal ? J’ai pas envie de te perdre à cause de ça ! J’ai pas envie de te perdre tout court… » Je refermai mes yeux. Il remettait cela sur le tapis. Notre problème était vraiment notre mémoire. A tous les deux. Nous étions incapables d’avancer à cause de nos souvenirs, quels qu’ils soient. J’ouvris les paupières, puis me redressai, prenant soin de bien conserver ma chemise contre ma peau. « T’es nul pour ça. C’est clair. Mais je ne vaux pas mieux que toi. » articulai-je. Je ne savais pas quoi répondre d’autre. J’avais eu l’abominable envie de lui répliquer que c’était déjà trop tard, qu’il m’avait déjà blessé et qu’il ne faisait pas ce qu’il fallait, mais cela ne dépassa pas mon esprit. Parce que ce n’était pas vrai, et que c’était de la pure méchanceté. Et que, d’un côté, j’étais capable de tout lui pardonner. Parce qu’il restait mon meilleur ami, malgré tout. Qu’il restait important. « Qu’est ce que tu veux faire, Lenny, hein ? » finis-je par dire. « On tourne en rond. Le mal est déjà fait, tu sais. A un moment va falloir faire un choix. Mais la prochaine fois que tu as un élan comme ça, fait le moi savoir avant de me laisser te déshabiller. Ca épargnera le peu de fierté qu’il me reste. » Je passai mes doigts dans mes cheveux, les démêlants et retirant les feuilles qui étaient venues s’y loger lorsqu'il m’avait allongé à terre. J’avais honte, oui. D’être faible. « Désolée. C’est sorti tout seul. » dis-je en soupirant. Je ramenai mes pieds vers moi, et posai ma tête sur mes genoux. « Mais j’ai mal, là, Lenny. Vraiment. » J’aurais aimé me lever, partir. Courir dans les champs jusqu’à n’en plus finir, m’asseoir dans un coin et attendre le matin, le regard rivé vers le ciel. Essayer d’oublier ce moment. Reprendre ma vie, ne plus penser à lui. Oublier tous les souvenirs qui pouvaient venir me chatouiller la mémoire de temps à autre, oublier qu’au fond je ne vaux pas mieux que personne d’autre. Qu’au fond, je suis certainement la pire d’entre toutes.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Mer 20 Juin - 14:48
En un clin d’œil, le désir et l’enthousiasme de Lenny avaient été balayés, comme rincés par ces maudits souvenirs qui lui étaient revenus à l’esprit. Pourquoi fallait-il que ce soit lui qui gâche tout ? Il y a quelques minutes à peine, le jeune homme était déterminé à n’écouter rien d’autre que ses envies, et le voilà qui abandonnait tout en se laissant distraire par l’illusion de son passé avec Quinn. Certes, ce qu’ils avaient vécu tous les deux avant que leur conception des choses ne bascule était important. C’était d’ailleurs la relation la plus importante que Lenny n’est jamais eu, si l’on mettait à part celle qu’il entretenait avec son frère Rudy. Quinn avait toujours été celle qui partageait ses meilleurs comme ses pires moments, et c’est un peu grâce à elle qu’il avait acquis cette capacité à garder le sourire quelles que soient les circonstances. Elle avait été un repère pour lui dès l’instant où il l’avait rencontré, et ce statut n’avait jamais changé malgré tout ce qu’ils avaient traversé ensemble. Seulement voilà, cette fois, l’épreuve semblait un peu trop grande pour eux, un peu trop importante pour ne pas ébranler leur si belle amitié.
« Ca n’a pas semblé te déranger, l’autre fois. » Cette fois, le décor était planté. D’un geste sec, Quinn s’était débarrassé de la main de Lenny qui venait par conséquent de comprendre qu’il était allé beaucoup trop loin. Il l’avait plantée là, la laissant sur sa faim sans vraiment se soucier de ce qu’elle pouvait bien penser ou ressentir. Et c’était atrocement égoïste. Lenny aurait voulu s’excuser encore et encore, tenter de se faire pardonner, mais il sentait bien que ce n’était pas le moment. L’air déterminé et presque vexé de Quinn l’avait refroidi, et il n’osait pas spécialement s’y frotter en sachant que c’est lui qui avait tort. En agissant de la sorte, il se blessait lui-même. La voir dans cette état, voir à quoi ils en étaient réduits le tuait et lui donnait simplement envie de tout arrêter. Même s’il savait que c’était impossible, parfois l’idée de ne plus la voir du tout lui traversait l’esprit et lui donnait l’impression que tout serait plus simple. Mais quoi qu’il en dise, Quinn était essentielle à sa vie, et la quitter plus de quelques jours serait définitivement un challenge impossible à relever. « On tourne en rond. Le mal est déjà fait, tu sais. A un moment va falloir faire un choix. Mais la prochaine fois que tu as un élan comme ça, fait le moi savoir avant de me laisser te déshabiller. Ca épargnera le peu de fierté qu’il me reste. » Même si la jeune femme s’excusa presque immédiatement, Lenny reçut une nouvelle claque en entendant cette tirade. Jamais une « dispute » avec Quinn ne lui avait paru aussi sérieuse et risquée. D’habitude, un seul petit sourire suffisait à désarmer l’autre et à se réconcilier mais cette fois c’était peine perdue. Lenny ne tenta même pas d’arranger les choses de cette manière tant il n’y croyait plus. Au lieu de ça il baissa les yeux, résigné, et laissa échapper un nouveau soupir empreint de colère et de frustration. Lui qui était d’ordinaire très calme se sentait près à exploser… le hic étant qu’il n’avait personne d’autre que lui à blâmer.
Elle avait mal, et Lenny aurait aimé lui faire comprendre à quel point c’était réciproque. Tentant du mieux qu’il pouvait de retrouver sa philosophie habituelle, et son esprit je-m’en-foutiste qui lui était parfois bien utile, le jeune homme se racla la gorge. « Ok… On devrait peut-être… je sais pas, essayer de se revoir comme avant. Je veux dire, sans se mettre de pression… Juste passer du temps tous les deux, et faire en sorte d’oublier que… que… tu vois quoi. » Qu’on est indéniablement attirés l’un par l’autre, et que la seule chose dont on ait envie soit de coucher ensemble était la formulation exacte, mais définitivement pas la plus adaptée à leur situation. « Et si tu venais voir un film chez moi demain ? Comme on faisait avant ? Tu t’occupes du film, je m’occupe des pizzas… Tu crois qu’on pourrait faire ça ? »
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Jeu 21 Juin - 23:16
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
Je n’étais pas quelqu’un d’agressif, je ne l’ai jamais été. Je pouvais avoir tous les défauts du monde – beaucoup trop franche, gourmande, maladroite, obsessionnelle, chieuse à ses heures perdues et j’en passe – mais je ne sautais jamais, en aucun cas, à la gorge des autres dès qu’ils commençaient à m’énerver ou à dépasser les limites de ma tolérance personnelle. J’avais toujours eu un don pour sourire, m’en moquer, passer au dessus et éviter tout affrontement direct, tout affrontement violent. Je disais les choses en face, mais je passais très vite à autre chose. Quand ma mère m’agaçait, je lui disais clairement, avant de lui demander si elle pouvait me passer le beurre comme si rien n’était. Je ne faisais pas de fixation, au fond, je n’étais pas bien méchante et il n’y avait jamais de la rancune dans ce que je pouvais dire ou faire. Je faisais juste des remarques, sans pour autant m’attarder. C’était souvent le cas avec Matthew, d’ailleurs. Nous passions notre temps à s’insulter, à nous chamailler, j’avais toujours des reproches à lui balancer mais ce n’était pas de vraies disputes. Je n’étais jamais agressive, ou rancunière, ou les deux. Jamais. En aucun cas. Autant dire que le ton froid que j’avais utilisé pour m’adresser à Lenny, le regard que je lui avais lancé qui en disait long sur ce que je ressentais et pensais à l’instant même, ainsi que la position – sur la défensive – que je pouvais adopter étaient des choses qui n’étaient pas habituelles pour moi. Surtout pas pour nous. Je n’aurais jamais, auparavant, envisagé de pouvoir lui en vouloir pour une raison quelconque. Nous n’avions jamais eu de dispute, cela avait été comme si nos caractères avaient été faits pour que nous puissions nous entendre, être meilleurs amis. Et puis, nous avions grandi ensemble, donc forcément nous nous connaissions suffisamment pour jamais ne faire de faux pas et se connaître par cœur. Cependant, il venait tout juste de franchir les limites, des limites que nous avions jamais pris le temps de définir dans la belle innocence de nos jeunes années. Il m’avait donné des espoirs, pour finalement me les échanger avec de la désillusion. Au fond, je savais qu’il avait fait le bon choix, qu’il avait réussi à dire non – certes au dernier moment – et avait donc été le moins faible de nous deux. Cependant, je me sentais également à la fois trahie, ridiculisée presque. Je ne réussissais pas réellement à donner un véritable nom à ce que je ressentais à l’instant même, alors que je venais de dire à Lenny que j’avais mal, que nous n’avancions pas. Je me sentais incroyablement idiote, également. Fatiguée. Usée par la situation. Si j’avais pu m’enfoncer sous terre, j’aurais fini par attendre le noyau de la planète en l’espace de quelques secondes tellement je me sentais mal. « Ok… On devrait peut-être… je sais pas, essayer de se revoir comme avant. Je veux dire, sans se mettre de pression… Juste passer du temps tous les deux, et faire en sorte d’oublier que… que… tu vois quoi. » Il avait baissé la tête pendant mon discours. Pendant que je lui lançais des pics, sans éprouver la moindre honte à lui faire clairement comprendre qu’il m’avait blessé au-delà de ce qu’il pouvait imaginer. Il s’était raclé la gorge avant de parler. J’étais horrible. Je me dégoutais presque. Cependant, je ne réussissais pas à arrêter de lui en vouloir. Mon cerveau faisait une fixation. Je n’étais même pas sûre d’avoir compris la moitié de sa phrase, tellement j’étais préoccupée à démêler les connexions de mes neurones en observant le vagues, les pieds tapant contre le sol dans un geste nerveux. Tout ce que je savais, c’est qu’il voulait tenter d’oublier. Comme si nous pouvions le faire. Il disait cela comme si c’était aussi facile que de fermer une boîte. Mon cerveau ne fonctionnait pas comme cela. Il retenait tout ce qu’il pouvait, que je le veuille ou non. Je me souvenais de tout. Même de ça. « Et si tu venais voir un film chez moi demain ? Comme on faisait avant ? Tu t’occupes du film, je m’occupe des pizzas… Tu crois qu’on pourrait faire ça ? » Je ne bougeai pas. J’avais l’impression d’être dans un mauvais film, dans un des ces feuilletons que ma mère regardait de temps à autre quand elle n’avait plus rien à faire. Dans la bouche de Lenny, ces choses là semblaient simples. Seulement j’étais persuadée que cela ne le serait pas. Pas du tout. « Je sais pas. » dis-je. Ma voix était rauque, comme si je n’avais pas parlé depuis des jours alors que je l’avais ouvert il y a à peine quelques minutes. A vrai dire, je me revoyais mal le revoir, maintenant. La situation me perturbait beaucoup trop pour réussir à le regarder en face une nouvelle fois. Il en fallait peu, à la fameuse Quinn, pour être déstabilisée. A vrai dire, je n’étais même plus déstabilisée. Je venais de me crasher par terre, à deux cent kilomètres à l’heure, après une chute de dix mètres. Et j’en faisais trop. Encore une fois. Je secouai la tête. « Je me vois mal demain débarquer chez toi, comme une fleur, en te tendant un DVD comme si rien était alors que… Que… » Que tu viens de me rejeter pour la première fois de notre vie. J’aurais aimé dire ça. Mais les mots ne réussissaient pas à sortir. « En plus tu vas encore prendre une Margarita. J’te sens venir. Et le DVD que je vais choisir tu vas hurler de rire en le voyant parce que tu le trouveras soit trop romantique, soit trop chiant. » Je n’avais rien trouvé de mieux que cette manière pour détourner la question. Au fond, j’avais envie. D’un côté, j’avais l’impression qu’il se foutait de ma gueule en me proposant ce genre de choses, alors qu’il y avait à peine trois minutes, nous étions à deux doigts de coucher ensemble pour la troisième fois. D’un autre, je me demandais comment cela allait se passer. Après, je me sentais terriblement vexée. Mon cerveau ressemblait à un champ de ruine. Bagdad. Le onze septembre. La deuxième guerre mondiale. « Euh… Lenny ? Tu pourrais pas te rhabiller s’il te plait ? » demandai-je alors. Non, parce que j’étais à deux doigts d’exploser. Avoir son torse sous le nez n’allait pas m’aider.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Sam 23 Juin - 15:59
Lenny mettait désormais toute son énergie dans ses tentatives de rattraper la situation, même si elle semblait être sans aucune issue favorable. Quelque part il le savait, mais ne voulait pas s’avouer vaincu aussi facilement. Car il savait que s’il abandonnait, ce geste signerait presque la fin de son amitié avec Quinn. Au mieux, il repousserait encore un peu l’échéance, mais si ils ne trouvaient pas de solution rapidement, ils pouvaient tous les deux faire une croix sur l’autre. Et le simple fait d’y penser le tuait. Jamais il ne pourrait oublier Quinn, oublier tout ce qu’ils avaient vécu ensemble depuis qu’ils se connaissaient, tout ce qu’elle avait fait pour lui et inversement. Elle faisait partie de sa vie, il faisait partie de la sienne, et ça ne pouvait pas en être autrement. Point. Mais malheureusement pour Lenny, la jeune femme ne se montrait pas aussi enthousiaste que lui. Evidemment, son idée était bancale, et même s’ils tentaient de la mettre en œuvre, rien ne se ferait de manière naturelle. Mais c’était mieux que rien non ? Que de se quitter sans rien dire, et recommencer ce petit jeu du chat et de la souris qui font tout pour s’éviter et ne pas avoir à se parler. L’étudiant savait qu’il en demandait beaucoup, mais à ses yeux, c’était la seule solution.
Alors que tout semblait être perdu, Quinn eut une réaction plutôt inattendue, qui laissa Lenny bouche bée pendant quelques instants. « En plus tu vas encore prendre une Margarita. J’te sens venir. Et le DVD que je vais choisir tu vas hurler de rire en le voyant parce que tu le trouveras soit trop romantique, soit trop chiant. » Ils se connaissaient tellement bien… Et cette constatation eut deux effets bien distincts sur Lenny. D’abord, elle le fit sourire en croyant que l’atmosphère lourde qui régnait entre eux s’évaporait enfin. Mais très vite, son sourire se fit amer et son cœur se serra. C’est justement parce qu’ils se connaissaient si bien que ça ne pourrait jamais marcher entre eux, du moins pas au-delà de leur belle amitié. Et même cette dernière semblait être plus fragile que jamais. Cette foutue attirance avait bel et bien tout gâché, sans que l’un ou l’autre ne puisse y faire quelque chose. Ils avaient trouvé plus fort qu’eux cette fois, impossible de lutter. C’est donc un Lenny résigné qui accueillit la dernière réflexion de Quinn comme un coup de plus : « Euh… Lenny ? Tu pourrais pas te rhabiller s’il te plait ? » Le jeune homme acquiesça sans bruit et s’attela à refermer sa chemise la tête basse. Désormais, il ne voyait plus comment démêler cette situation, et il commençait forcément à croire que c’était peine perdue. D’ordinaire, Lenny n’était pas du genre à lâcher prise si facilement, mais face à Quinn et à cette relation bizarre qu’ils entretenaient, il n’avait plus le choix. Pour s’éviter un conflit de plus, il fallait se séparer.
Sur ces considérations, Lenny se leva et soupira en posant une dernière fois ses yeux sur Quinn. « Je proposai juste ça pour ne pas qu’on recommence ce petit jeu, celui du repas de tout à l’heure, celui où on s’évite pour ne pas avoir à se regarder en face… Mais t’as raison, c’est pas une bonne idée. Je crois qu’il vaut mieux que j’y aille… « Il avait été amer, peut-être même un peu dur, mais il ne se retourna pas une seule fois vers elle, préférant tracer son chemin au milieu du champs pour rejoindre Arrowsic à pieds, en la laissant rentrer seule comme elle devait certainement le vouloir.
Sujet: Re: « Future started yesterday. » △ LENNY&QUINN. Dim 24 Juin - 21:37
« FUTURE STARTED YESTERDAY, WITHOUT US. »
▬ LENNY&QUINN
J’avais été trop loin. Je le voyais dans son regard. Je le sentais presque dans l’air, alors que je m’apercevais que son sourire amusé avait laissé place à un éclair désabusé dans son regard. Comme s’il avait été rattrapé par la réalité. Je pensais sincèrement que ma colère et mes remarques étaient légitimes. Justifiées. Normales. Je pensais sincèrement que j’avais le droit de lui en vouloir et de lui faire comprendre à quel point je pouvais me sentir blessée et trahie. Cependant, je ne pus m’empêcher de me sentir encore plus mal quand je me rendis compte que j’avais certainement été trop agressive, trop acide, trop franche encore une fois, que j’avais voulu lui faire du mal volontairement. Il était mon meilleur ami. Il avait toujours eu le droit à un traitement de faveur, à mes sourires dans n’importe quelle situation. J’étais certainement aussi fautive que lui… Puisque pour une fois, je ne lui avais pas accordé ce privilège. J’avais peut-être été pire avec lui qu’avec les autres, à ce moment précis. Cependant, j’avais mal. Tellement mal. En soi, qu’il ait renoncé au dernier moment ne m’importait peu. La situation n’était qu’un détail, une excuse. Seulement, à cet instant-là, j’avais eu l’impression qu’il me rejetait, qu’au final il avait joué avec moi. Qu’il m’avait donné de l’espoir, qu’il m’avait traité comme toutes les autres, qu’il était capable de me ridiculiser quand il le souhaitait. Ce n’était pas vrai, non, mais c’est ce que cela m’avait inspiré au fond. Les douleurs des femmes. Parfois, en étant une moi-même, j’avais du mal à nous comprendre. Je lui redemandai de remettre sa chemise, et il exécuta sans même me répondre. J’avais deviné que le contact était rompu, qu’en refusant sa proposition je n’avais fait qu’empirer les choses, marquer un point d’honneur au chaos qu’était devenu notre relation. Sur le coup, j’avais dit ce que je pensais sincèrement. Mais quitte à choisir entre persister à le voir même si c’était une mauvaise idée et nous ignorer parce que c’est la meilleure chose à faire, qu’est ce que je souhaitais vraiment faire ? Je n’avais jamais accordé de l’importance au bon et au mauvais, aux choses interdites et aux actions recommandée. Pourquoi devrais-je commencer maintenant ? « Je proposai juste ça pour ne pas qu’on recommence ce petit jeu, celui du repas de tout à l’heure, celui où on s’évite pour ne pas avoir à se regarder en face… Mais t’as raison, c’est pas une bonne idée. Je crois qu’il vaut mieux que j’y aille. » Je n’avais même pas remarqué qu’il s’était levé. J’eus à peine le temps d’analyser ce qu’il venait de me dire que Lenny s’enfonçait déjà dans les champs pour retrouver la route, et pouvoir rentrer chez lui. Sans un seul regard pour moi. Sans un seul signe. Laissant juste derrière lui des paroles amères et une atmosphère pesante. J’avais l’impression que les champs m’en voulaient de le laisser partir. Que même les petits animaux de la nature – qui m’horripilaient au plus haut point – me hurlaient que je n’étais qu’une idiote et que je n’avais pas eu le droit d’être aussi acide quand il m’avait dit non. Que des connards. Je restai là, seule. Je ne bougeai pas d’un centimètre, me contentant de fixer l’endroit où il avait disparu. Dire que j’étais censée corriger les cahiers de mes adorables petits élèves en mangeant de la glace, ce soir. Je n’aurais jamais imaginé que je finirais comme cela, même lorsque j’avais appris que je me devais d’aller à ce diner. J’avais presque envie d’aller voir Rudy, mais cette idée fut directement freinée quand je me rappelai que Lenny ne lui avait pas dit et que ce n’était pas à moi de le faire. J’eus presque envie de prendre les choses en main et d’aller tout lui raconter, mais ma détermination s’envola à l’instant même où je compris que je serais bien incapable de faire quelque chose de correct, ce soir, hormis me coucher et tenter d’hiberner pour oublier la scène. J’étais presque sûre que je ne fermerais pas l’œil de la nuit non plus. Mais ce n’était qu’un détail. Un détail parmi tant d’autres. Au bout de quelques minutes, je finis par reboutonner lentement mon chemisier, et me lever tant bien que mal. Dans un état presque second, je refis marche arrière pour retrouver la voiture de mon père, mais sans Lenny, le chemin à prendre me semblait beaucoup moins clair, beaucoup plus compliqué. Je tâtonnai pendant ce qui me parut un être un siècle avant d’apercevoir l’Audi, pour finalement presser le pas et glisser. Me casser la gueule. Je me relevai avec empressement, prise de tics nerveux, sans faire attention aux traces vertes que l’herbe avait fait sur mon pantalon pour finalement ouvrir la portière. Je m’assis en face du volant. Je fondis en larmes.