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 And in that moment, I swear we were infinite | Jona

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Mattia Jarvis
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MessageSujet: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptyVen 22 Juin - 11:44

Vingt-trois heures trente. Il n'avait plus qu'une demie-heure devant lui s'il voulait arriver à l'heure. Ne connaissant pas du tout l'endroit où Jona lui avait donné rendez-vous, le jeune lycéen se disait que peut-être, il était déjà trop tard pour ne pas être en retard. Qu'importe; Jona n'avait qu'à être plus précise dans ses sms. Il faut dire que la demoiselle avait décrété il y avait seulement trente minutes qu'ils devaient se retrouver à minuit pile, à un lieu dit. Ouais. Bonne idée. Mattia avait envie de sortir; mais il n'allait cependant pas se mettre la tête à l'envers. Il espérait d'ailleurs que Jona ne soit pas à fond dans une fête, le regard dans le vide, les yeux exorbités, une bouteille d'alcool à la main. Pitié. Tout sauf une fête. Il n'avait guère envie de ça, de rester coller contre des gens qui le regarderaient avec des gros yeux, lui demandant « alors, c'est vrai ce qu'on raconte? ». Si une personne osait un jour lui poser cette question, la réponse de Mattia était toute faite; son poing viendrait faire connaissance avec sa figure, juste histoire de lui dire de fermer sa gueule. N'empêche que faire le mur lui plaisait assez. Il avait passé l'âge d'être excité par ce genre d'expérience, et honnêtement, si c'était juste pour ça, il aurait assez peur qu'Ashton le découvre.. Mais il avait envie de quitter l'appartement, de s'en aller hors d'une pièce et de quatre murs. Il aimait se sentir plus libre, pouvoir respirer profondément. Alors, il avait répondu par sms via un simple ok.

Plus le temps passait, plus Mattia s'impatientait. Il ne savait pas si c'était Ashton ou si c'était Ella, mais l'un des Clarke avait apparemment décidé de faire nuit blanche. L'un d'entre eux rôdait dans l'appartement, faisant claquer malheureusement quelques portes, se tapant le pied dans un meuble. Dans son lit, Mattia tout habillé attendait patiemment le bon moment, les oreilles grandes ouvertes. Le moment opportun arriva enfin, bien avant monsieur sommeil. Tant mieux. Il fila dans le couloir, et arriva rapidement vers la porte d'entrée. En essayant de faire le moins de bruit possible, le lycéen ouvrit la porte, et se faufila hors de l'appartement, prenant bien soin de refermer doucement la porte derrière lui.

Mattia avait longtemps couru pour arriver enfin, à l'endroit du rendez-vous. Courir sur plusieurs kilomètres ne le dérangeaient pas. Il prenait ça comme un entrainement, un petit footing pour maîtriser son endurance. Le souffle court, il arriva au lieu dit. « Salut! » fit-il en s'approchant de la jeune fille. Un sourire s'agrandit sur ses lèvres, et arriver à sa hauteur, il leva les mains. « Désolé du temps d'attente, mais je ne connaissais pas du tout le nom de cet endroit, et j'ai du attendre qu'ils se décident à se coucher.. » Il s'approcha d'elle, et lui fit un petit bisou sur la joue. Qu'importe si il transpirait un peu; c'était de se faute si il avait du courir. C'est à ce moment-là, au moment même où il l'embrassa qu'il leva les yeux, et qu'il aperçut quelque chose qu'il connaissait déjà. Le bâtiment devant lui ne lui était pas inconnu. Il savait à quoi il servait. Il savait plutôt ce qui se cachait derrière ce batîment. Et au-dessus du portail, le nom inscrit ne lui permit aucune mauvaise idée. « Jona, pourquoi on est là? » Les yeux de Mattia ne quittèrent pas un instant le bâtiment devant lui, pas même lorsqu'il s'éloigna de la jeune fille. Il se croyait en plein rêve; se retrouver devant un circuit automobile, c'était comme se retrouver gamin. Rien qu'en voyait ces lettres, écrites en gros, au-dessus de l'immense portail, Mattia sentait l'excitation monter. A sa vue, il n'avait qu'une seule et unique envie; se précipiter, passer au-dessus du portail, et fouler le pas de ce circuit. Il se voyait déjà au volant d'une voiture -une belle grosse brillante- accélérant comme un fou sur la pédale de droite, roulant à vive allure. Rêve complètement fou et irréalisable. Un sourire béat sur les lèvres, il se retourna vers la jeune fille, et lui demanda alors « Y a une course cette nuit? » Une course en pleine nuit était étrange; surtout qu'il n'y avait personne autour d'eux. L'endroit semblait complètement désert. Seul un oiseau se mit à passer par là, volant très bas, et près d'eux. Hormis lui, Jona et Mattia, le circuit était vide.

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MessageSujet: Re: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptyDim 24 Juin - 14:22

« JONA ! BORDEL OÙ T'AS MIS MON BLOUSON ! » Alors que j'entends Ben dévaler les escaliers, fou de rage, je continue à gribouiller dans mon petit carnet à dessin. « Jona, arrêtes de jouer à ça avec moi, je suis patient, mais y a des limites » dit-il en pointant son doigt servèrement sur moi. Je retiens un rire, mais j'affiche néanmoins un large sourire sur le visage. Impossible de me retenir lorsque je vois son visage viré au rouge tomate. « Oh, c'est bon Benny, c'était qu'une petite blague. J'l'ai foutu dans la baignoire ton blouson d'merde. » Et là, il devient encore plus rouge. « Tu m'appelles pas comme ça, espèce de petite c... » Il ne finit pas sa phrase puisque ma mère ouvre la porte d'entrée au même moment. De retour des courses, elle revient comme une fleur sans se douter de ce qui vient de se passer sous son toit. Ben remonte en soupirant, tout en sachant que la discussion était terminée.

Ben, c'est le nouveau copain d'ma mère. Et je le tiens par la bout du nez. Il sait qu'il doit faire semblant d'm'aimer pour continuer à baiser ma mère. Et puis, du coup, je crois qu'il adore ça parce qu'il supporte mes conneries depuis des semaines maintenant. Je fais tout pour le faire craquer, je fais tout pour qu'il se barre parce que je veux pas de lui à la maison. C'est pas comme si c'était un sale type en plus, au contraire, il est super sympa et il est plus qu'adorable avec ma mère. Elle est heureuse avec lui, mais moi j'en veux pas. Pourquoi ? Parce que j'ai pas envie que quiconque endosse le rôle de père, parce que je veux mon père, le vrai. C'est égoïste, je sais. Parce que ma mère ferait tout pour moi. Je suis son trésor, son tout et elle sacrifierait sa vie pour moi. Et en fait, souvent, j'ai envie qu'elle le fasse.

Puisque mes petites blagues n'y font rien, puisque mon attitude ne l'agace pas assez pour qu'il quitte la maison, faut que j'aille plus loin. Alors je m'allonge sur le canapé, attendant qu'une idée fleurisse dans mon esprit. Les heures passent, Ben et ma mère me souhaitent bonne nuit, ils montent se coucher. Et je les entends glousser, faire leurs trucs chelous de couple. J'entends Ben prendre sa revanche sur moi en se tapant ma mère une nouvelle fois. Le pire c'est que je crois qu'ils s'aiment. Et ça, je veux pas. J'veux pas devoir briser le coeur de ma mère encore une fois en foutant dehors l'un de ses copains. Surtout qu'il est corriace le Ben. D'où le besoin de frapper fort cette fois. Puis soudain, j'ai une idée. Mais j'ai pas envie de le faire seule. Je sais que ça profitera à quelqu'un d'autre. À Mattia. Donc je lui envoie un message et je lui donne rendez-vous dans une demi heure. Je me lève, j'enfile ma veste en cuir et j'attrape les clés de voiture de Ben. Je sors en fermant la porte le plus doucement possible et je cours vers la Ferrari de Ben.

Mattia n'est pas encore là, donc je gare la voiture devant l'entrée. « Circuits Vonmangen » Le nom de Ben. C'est le proprio du circuit pour voiture à grande vitesse en dehors d'Arrowsic. Là où il travaille, là où il a mis toute son argent. Donc c'est là que je dois aller, avec sa voiture. Et Mattia. Ca va être marrant. « Salut ! » C'est la voix de Mattia, derrière moi. « Désolé du temps d'attente, mais je ne connaissais pas du tout le nom de cet endroit, et j'ai du attendre qu'ils se décident à se coucher.. » Je lui fais un clin d'oeil et je déclare simplement: « T'inquiètes ! Mais maintenant, tu vois où on est, non ? » dis-je tout en laissant apparaître un joli sourire énigmatique sur mon visage. Mattia n'a toutefois pas vraiment l'air de comprendre et ça a le don de m'amuser encore plus. Il ne semble d'ailleurs pas avoir remarqué non plus la voiture avec laquelle je suis venue. Il me fait la bise et ajoute: « Jona, pourquoi on est là ? » Je laisse planer le silence en guise de mystère, je tiens à ce qu'il devine tout seul. Je l'observe regarder partout autour de lui, essayant de comprendre mes intensions. « y a une course cette nuit ? » Je ris doucement et je me mets à marcher en direction du grillage qui barre la route aux personnes non autorisées (c'est à dire des personnes comme nous) et je sors les clés de Ben. Je déverouille le cadenat sous les yeux ébahis de Mattia. Puis, je me retourne et je lui jette les clés de la voiture dans les mains en lui montrant d'un coup de tête la Ferrari. « Ca te dit de faire un tour ? »
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MessageSujet: Re: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptyVen 29 Juin - 16:25

Le regard de Mattia ne se détachait pas un seul instant du haut du portail où trônait fièrement le mot « Circuits ». A la vue de ce simple mot, comme tous les mecs normalement constitués, Mattia jouissait de plaisir. Il eut du mal à se retourner vers Jona, ici, présente. A peine lui eut-il dit qu'il avait du attendre que les Clarks décident à se coucher, le jeune homme lui jeta un bref coup d'oeil. Il vit son clin d'oeil. « T'inquiètes ! Mais maintenant, tu vois où on est, non ? » ouais, pour ça, il voyait. Un large sourire s'était inscrit sur son visage. N'empêche qu'avec tout ça, il ne voyait pas du tout où la jeune fille voulait en venir. Ils étaient près d'un circuit, oui. Ils étaient tous les deux là, oui. Jetant un rapide coup d'oeil autour de lui, Mattia lui demanda ce qu'il faisait là. Les yeux dérivant, il aperçut alors -enfin- la voiture postée juste à côté de la jeune fille. Jusqu'à présent, il avait cru que le modèle était une simple carcasse, posée là, histoire de montrer à tous que sur ce circuit roulait les plus beaux bolides. Sauf qu'à la voir de plus près, Mattia se rendit compte que c'était une pure beauté. Pas une carcasse. Carrosserie brillante. Phares éclatants. Bouche bée, Mattia l'observa un instant, restant cloué sur place.

Le rire de Jona le sortit de ses pensées, et il se retourna vers elle. Elle s'approcha alors du grillage, et sortit des clefs. D'un geste rapide, elle déverrouilla le cadenas, et put pousser les portes. Les yeux de Mattia s'ouvrirent en grand. Il rêvait clairement. Elle lui lança quelque chose. Il attrapa au vol l'objet envoyé, et d'un regard, il jeta un coup d'oeil dessus. Des clefs. Les clefs de la Ferrari. Son regard se reposa vivement sur la jeune fille, un large sourire aux lèvres. « Ca te dit de faire un tour ? »Faire un tour? Dans la Ferrari? Sur ce circuit?? Evidemment que ça lui disait. D'un pas, il s'avança vers la voiture. Posant la main sur la portière, il se retourna vers elle, et lui demanda alors « Comment.. » Il s'interrompit là. Il désirait savoir comment elle avait obtenu cette voiture, et comment elle avait eu les clefs du circuit. Mais au final, il s'en fichait de sa réponse. « Laisse tomber, je m'en fiche » Même si cette voiture était volée, ça ne changeait rien à ses yeux. Il deviendrait son complice. Quitte à se faire tuer par Ashton si il l'apprenait. Mais il avait l'opportunité de la conduire; et ça, ça ne se refusait pas. Le visage radieux, les yeux rieurs, il ouvrit la portière, et se faufila à l'intérieur. Assis dedans, il sentait l'odeur de la ferrari. Cette odeur de puissance et d'adrénaline. Il attendit que la jeune fille monte à ses côtés, mit sa ceinture et une fois que tout les deux furent installés, il lâcha un « Prête? » Il n'attendit pas sa réponse, il appuya à fond sur l'accélérateur.

Les mains cramponnées sur le volant, Mattia affichait un visage radieux, bien différent de celui de ces derniers temps. Dès les premières secondes, l'accélération fut rapide. Tellement rapide qu'en peu de temps, les deux jeunes gens étaient élancés à plus de cent kilomètres à l'heure. Riant, Mattia lâcha un « wahooo », en jetant un rapide coup d'oeil à sa copilote. Maître de ce bolide, il ressentait dans chaque partie de son corps, le frisson du danger. A leur vitesse, un mauvais geste de sa part, et ils partaient dans le décor. C'était ça le plus excitant. Savoir qu'on pouvait décider de couper nous-même le fil de la vie en coupant un virage bien trop tôt. Mais les mains sur son volant, Mattia ne pensait pas à cela. L'excitation qu'il ressentait était tel que son coeur battait la chamade dans sa cage thoracique. Ses pieds jouaient du frein et de l'accélérateur à leur guise, sans qu'il réfléchisse de trop. De toute façon, à cette vitesse, on ne pouvait réfléchir. Ils passèrent ainsi un virage, puis un deuxième à droite. Le troisième fut plus chaud, et Mattia sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine, quand, à ce troisième virage, il passa très près de la rembarre. « Oh » fit-il, avant d'appuyer de nouveau sur la pédale de droite. Accélérant. Encore et encore. Il sentait presque le vent glisser sur sa voiture, et se frayer un chemin dans ses cheveux. Les yeux rivés sur le circuit, il n'osait pas ôter son regard de la route. Le circuit s'offrait à lui, et au volant, il ressentait ce que les pilotes pouvaient sentir au volant de leur bolide. L'excitation. La vitesse. Le danger. La puissance. L'adrénaline. C'en était encore d'autant plus excitant que Mattia se sentait comme un fugitif. Quelqu'un qui venait de voler une voiture, et qui s'éclatait sur un terrain qu'on lui offrait. Le bonheur, l'extase total. Il n'y avait pas à dire, il prenait son pied.
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MessageSujet: Re: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptyMer 4 Juil - 23:13

J’ai d’la connerie qui me coule dans les veines ce soir, et j’compte en profiter, et en faire profiter Mattia. Parce que lui aussi il a besoin de s’échapper du quotidien. On a besoin de s’envoyer en l’air, de s’mettre la tête en bas et de plus rien comprendre à ce qu’il nous arrive. Et j’voyais qu’un moyen, qu’un endroit, qu’une opportunité. Et quelle opportunité, un double bonus pour moi, l’occasion de m’éclater et de rendre fou le p’tit chien d’ma mère : l’éclate, l’extase, l’paradis. Je ris, je lui balance les clés de la Ferrari, il comprend pas, il est bouche bée. « Comment… » commence-t-il. « Laisses tomber, je m’en fiche. » En effet, il voudrait mieux pas qu’il sache, enfin finalement, même s’il savait il aurait certainement accepté quand même. C’est ça, que j’aime chez Mattia, c’est ça qui fait de lui un ami extraordinaire. Il n’a pas peur et il a le goût du risque. Comme moi. C’est ça qui fait de nous des amis si particulier… Je ricane, alors qu’il se dirige vers la voiture. Il semble être dans un autre monde, comme dans un rêve qui se réalise enfin, et je suis heureuse de lui procurer cette sensation. Je m’assieds à ses côtés, je mets ma ceinture et… « Prête ? »… Partez ! Je ne prends même pas la peine de répondre, et puis de toute façon je n’en ai même pas le temps. Je me retrouve projeter tout contre le siège. Le compteur de vitesse devient fou. Le danger est là, mais je fais confiance à Mattia. La sensation est indescriptible. C’est comme voler, mais en mieux.

« wahoo » Je l’entends à peine. J’ai l’impression que la vitesse me rend sourde. On tourne on va tout droit, on va vite. Mattia est maître de nos destins, du moins c’est l’impression que j’ai. C’est tellement fou, c’est tellement bon. J’ai l’impression de vivre. Comme si jusqu’à présent ma vie n’avait pas été une vie, une vraie, comme si la vie, en réalité, c’était ça, la vitesse, le risque, l’adérnaline, le danger. Oui, j’en suis sûre, c’est ça la vie. Et je suis heureuse d’en faire partie. Et je vis pleinement. « Plus vite Mattia, encore plus viiiiiiiiite » Et je ris. Je suis dans une autre dimension. La vitesse me démange et j’en veux toujours plus, je suis assoifée de peur, de ce petit stress que j’ai à chaque virage, à chaque fois que Mattia passe un peu près du décor. J’en veux encore, j’en veux toujours plus. C’est trop bon. « Oh. » La rembarre était pas loin, et pourtant, ça m’a fait kiffé. Parce que mon cœur a presque cessé de battre, parce que j’ai eu la trouille, la grosse trouille, mais c’était tellement bon. J’en veux encore, encore, encore. « Mattia, plus viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite. » Et il exécute ma demande, je me sens encore plus enfoncée contre le siège. Et je ne veux plus que ça s’arrête, plus jamais. Parce que la vitesse fait battre mon sang, la vitesse fait fonctionner mes poumons. Je vis, bon sang, je vis vraiment. Et j’ai pas envie que ça s’arrête, j’ai envie de vivre toute la vie comme ça, vraiment et pas à moitié. C’est bon, c’est bon. Je le sens dans tout mon être. Le son du moteur bourdonne à mes oreilles, mes yeux frétillent face à ce paysage incontrôlable, qui ne cesse de changer, qui ne cesse de disparaître. Et mon cœur manque des battements, mon cœur bat incroyablement fort et incroyablement irrégulièrement. Mais qu’est-ce que c’est bon.

Les tours s’enchainent, toujours les mêmes, mais pourtant, à chaque fois c’est différent. À chaque fois, mes sensations changent et sont encore meilleures que lors du tour précédent. Peut-être parce que Mattia va toujours plus vite, peut-être parce que… Je ne sais pas, mais je kiffe. Et je plane. Le moteur gronde moins fort, je sens qu’on perd de la vitesse. Ca fait bien longtemps qu’on tourne maintenant. Je ne sais pas combien de temps exactement, mais pour moi, c’était comme une éternité de bonheur. Et doucement, on s’arrête. Je regarde mon ami, avec un regard rempli d’incompréhension. « Mais, pourquoi tu t’arrêtes ? J’ai pas envie d’arrêter déjà moi… »
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MessageSujet: Re: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptySam 7 Juil - 18:12

Si Mattia avait été jusque-là bouche-bée, incrédule devant le circuit, il n'en était plus de même maintenant. Se retrouver au volant de cette voiture qui ne valait sans doute pas moins de plusieurs dizaines de milliers de dollars, ça avait quelque chose de jouissif. L'extase. Le paradis. Le septième ciel. Il ne savait pas d'où venait cette voiture -bien qu'il en eut une petite idée-, mais c'était un pur bijou. Elle pouvait atteindre les trente-cent kilomètres à l'heure facile; il ne l'avait pas forcé à aller jusque-là, mais il était bien décidé à entendre ce moteur gueuler. Qu'il gueule. Qu'il hurle. Que la voiture dérape. Que les pneus crissent. Que la voiture siffle. Ca, c'était bon. Ca, c'était le pied. Sentir le poids de la voiture débarquer, et passer à côté d'une simple barrière. Sentir sous ses mains le volant en cuir et l'animosité de cette voiture.

Plus il appuyait sur l'accélérateur, plus il sentait Homme. Homme avec un grand « H ». Quand on dit que les voitures rendent les hommes fous, c'est bien vrai. A tenir entre ses mains ce bolide fonçant à toute vitesse dans la nuit noire, il avait l'impression de se laisser pousser des ailes. Il volait. Ils volaient, lui et Jona. Elle, silencieuse à ses côtés, ne devait pas en penser moins. Un bref regard vers elle, et il aperçut son sourire enjôleur. Il n'y avait pas que lui qui prenait son pied; elle aussi. Ca se voyait, ça se sentait, ça s'entendait. De temps en temps, il entendait vaguement quelques phrases de sa part. « Plus vite Mattia, encore plus viiiiiiiiite » ou encore un « Mattia, plus viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite. ». Et son rire. Son rire envoutait la voiture, et Mattia avec. Depuis bien longtemps, il ne s'était senti aussi heureux. Jouissant de bonheur. Comme le goût de la première fois. L'interdit était là, planant au-dessus de leur tête, et pourtant, ils arrivaient à s'envoyer en l'air. Juste parce que l'interdit se mêlait à l'excitation. Et là, c'était encore pire; le danger s'ajoutait. La recette était excellente. La dégustation encore meilleure. Les doigts serrant le volant, il savait qu'un mauvais geste de sa part, et ça pouvait s'arrêter comme ça. Au détour d'un chemin. En pleine ligne droite. Sur le bord d'une barrière. C'était ça qui rendait cette chose si exceptionnelle; se sentir maître de son destin. Jusqu'à maintenant, il avait toujours cru que s'il mourrait jeune, c'était les cervicales brisées, ou le crâne fracassé sur le plancher de sa maison sous les coups de ce salaud de chien. Là, il pouvait le décider lui-même. Un petit coup sur le côté droit, et c'était fini. Bien sûr, il n'était pas idiot, il n'allait pas le faire; mais rien que la pensée d'en être capable, de pouvoir décider de la fin, c'était exaltant. Magnifique.
Pour faire plaisir à son amie, Mattia finit par appuyer de plus en plus fort sur l'accélérateur. Chauffeur si t'es champion, appuies, appuies! Chauffeur si t'es champion appuies sur le champignon Cette chanson enfantine, il l'avait en tête. Alors, il appuyait sur le champignon. Rendant sans doute Jona heureuse. Et se sentant encore plus fou. Collé contre son siège, il ne déviait pas son regard, décélérant lorsqu'un virage approchait, et accélérant comme un fou dans le virage. Il connaissait cette technique, il savait que c'était comme ça qu'il fallait faire. La vitesse faisait tourner son sang plus rapidement, son coeur battait plus vite, ses poumons respiraient plus rapidement. Il se sentait exister. Vraiment. Il conduisait, il existait. C'était aussi simple que ça. Le moteur gronde de plus en plus; il roule de plus en plus vite. Comme une machine qui l'aide à respirer, ce moteur le maintient encore plus en vie. Et son coeur bat toujours la chamade. Et son sourire s'élargit de plus en plus. Peut-être bien que le bonheur, c'est ça; conduire dans l'interdit, en pleine nuit, sur un circuit professionnel, au volant d'un bijou.

Il ne sait pas depuis combien de temps ils tournent ainsi. Le temps ne compte plus; les minutes passent sans qu'il s'en rende compte. Peut-être dix minutes. Peut-être trente. Peut-être plus. Il n'en sait rien. La seule chose qu'il sait, c'est que l'essence a diminué; il n'en reste plus autant qu'avant, c'est sûr. Alors, à contre-coeur, mais le sourire toujours planté sur son visage, il ralentit. Il s'arrête, se retourne vers Jona. Cette fois c'est elle qui le regarde. Incompréhension totale. « Mais, pourquoi tu t’arrêtes ? J’ai pas envie d’arrêter déjà moi… » Ce sentiment sur son visage l'amuse. Il rit. Putain qu'est-ce qu'il se sent bien! Les yeux rieurs, il vint lui coller un bisou sur sa joue. Histoire de dédramatiser la situation, apparemment dramatique à ses yeux. Il arrête le moteur. Exprès. Avec un sourire, il lui tendit les clefs. « Parce que c'est à ton tour de t'éclater! » Et il sort de la voiture. Il attend qu'elle fasse de même. Quand elle se retrouve à sa place, il se met à la sienne. Lui aussi a envie de voir l'extase d'un autre point de vue. Il va pourvoir regarder le paysage. Il veut compter les poteaux qui bordent le circuit à un moment, il veut compter les brins d'herbe qui poussent, il veut compter les quelques arbres qui se dressent ici et là. Il sait qu'il ne pourra pas les compter. La vitesse affolante du compteur va l'en empêcher; et c'est ça qu'il recherche. Pouvoir sentir son incapacité à voir les choses. A les compter. Putain ce que c'est bon!
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MessageSujet: Re: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptyMer 18 Juil - 13:10

18 ans, c’est même pas encore la moitié de notre vie. 18 ans, c’est l’âge qu’on a Mattia et moi. C’est l’âge où tout semble possible, l’âge où les déceptions ne sont pas encore venue nous ôter toute notre naïveté. On croit que la vie c’est ça, l’aventure, l’adrénaline. On y croit, très fort. Si fort. On réfléchit pas. On fait ce qu’on veut. On est des enfants gâtés. Inconscients, immatures, complètement timbrés. On s’en fout, on réalise nos rêves. On vole, on tangue, on saute, on avance. La vitesse nous retourne le cerveau encore plus rapidement que trois verres de tequila. On peine à y croire. Je peine à y croire. Je suis là, dans ce circuit, avec Mattia et on vit un rêve. Un rêve éveillé. Je suis étourdie par le nombre impressionant de tours que nous avons fait. J’y vois plus très clair et je ne réalise pas tout de suite que mon pote blond est en train de s’arrêter. Doucement. Gentillement. Progressivement. Je réalise pas du tout. Je réalise que lorsque ça arrive, que lorsque la Ferrari cesse de ronronner. Alors, consternée, je lui demande pourquoi. Pourquoi s’arrêter ? Pourquoi se réveiller d’un si beau rêve. Parce que ce moment ressemble à ces rêves, vous savez, ceux dans lesquels vous êtes si biens, ceux qui sont mieux que la réalité, ceux dans lesquels on veut rester pour toujours. Et on veut pas se réveiller, plus jamais. « Parce que c’est à ton tour de t’éclater ! »

Sans vraiment comprendre comment c’était arrivé, je me retrouve à la place de Mattia, sur le siège conducteur. C’est à moi. Vraiment à moi. Je dois le faire. Je ne réalise pas. C’est comme si mon corps agissait machinalement pendant que moi, quelque part ailleurs, je regardais. Je suis déconnectée de la réalité. Vraiment. Même en me pinçant, je croirais encore être dans un rêve. Et ce qu’il y a de bien avec les rêves c’est que tout peut arriver, on peut tout faire, tout se permettre. Alors je n’ai plus peur. Alors je me lance. Je me lance à l’assaut de la route, à l’assaut des courbes du circuit, à l’assaut de la vitesse. Mon pied est lourd, lourd, lourd sur l’accélérateur. Et je ne peux décrire ce que je ressens. Indescriptible. Grandiose, c’est le seul mot qui me vient en tête. Et je comprends ce que Mattia devait ressentir, et il comprend ce que je ressens.

J’entends Mattia crier à chaque fois que je passe un peux trop près du bord, quand je prends mes virages un peu trop large. Et moi aussi je crie. Et j’ai peur. Et la peur nous vivifie. Et c’est bon. Donc je recommence, encore et encore. Je commence à aimer ça, je commence à maîtriser les courbes du circuit, je commence à comprendre. Et puis j’ai envie de vivre, encore. J’ai envie de vivre encore plus. J’ai envie de tenter le diable. Il faut toujours freiner avant un virage, pour mieux accélérer à sa sortie. Et si j’accélérai tout du long ? Se tromper de pédale est si facile… J’appuie fort, si fort, si fort, si fort, je crois que j’atteins presque le maximum. On va vite, si vite. Mattia me hurle quelque chose, mais je suis trop concentrée pour l’écouter. Le virage approche beaucoup trop vite. Trop vite. C’est le moment. Je donne un bon coup de volant. Et là, plus rien n’est semblable aux minutes précédentes. Je ne vois plus la piste, je ne vois plus le ciel, je ne vois plus grand-chose. Je distingue la terre, parfois les réverbères, parfois d’autres choses. Et je suis secouée dans tous les sens. Et j’ai mal. Je ne sais pas où, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai mal. Vraiment très mal. Et là, je comprends. J’ai mal pris mon virage. Et ce que fait la voiture, c’est ce qu’on voit dans les accidents graves de formule 1. Et la douleur que je ressens, c’est la douleur qui signifie que c’est bientôt la fin. Je crois…
- BLACK OUT -



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Mattia Jarvis
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MessageSujet: Re: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptyMer 25 Juil - 22:53


Assis cette fois sur le siège côté passager, Mattia n'avait pas hésité une seule seconde à mettre sa ceinture de sécurité. Il était peut-être inconscient, mais il n'était pas fou. Même s'il se rendait complice d'un vol d'une voiture au prix exubérant, même s'il aimait la vitesse folle à laquelle il roulait, même s'il était capable de dire que si sa vie s'arrêtait là ce n'était pas grave, il prenait quand même une petite précaution; mettre ce truc qui, peut-être, pourrait lui sauver la vie. Sait-on jamais.
Les mains posées sur ses jambes, le regard rivé sur le paysage qui s'étalait devant lui et qui défilait à vitesse grand V, Mattia rêvait. Parfois, le stress de la vitesse lui faisait perdre pied. Comme un imbécile, il freinait sur une pédale invisible, tentant de calmer ce bolide qui fonçait à toute allure, et murmurant quelques mots. Des « ouhhh », ou des « ahh » échappaient parfois de sa bouche, et se laissaient propulser contre le pare-brise. Il serrait les fesses, croisait les orteils, pinçait ses lèvres, espérant tant bien que mal que la vision du bord ne se rapproche pas de trop près. Jona conduisait comme une folle. Peut-être avait-il conduit de la même façon. Sûrement même. Mais ils étaient fous. Complètement fous, mais en même temps terriblement excités. Même se trouver à cette place, la place du mort, l'émerveillait. Les sensations qu'il ressentait n'étaient plus les même que quand il conduisait. Il n'était plus maitre de son destin; Jona avait pris les rennes. Et quoi qu'on puisse en dire, ne pas se savoir maitre de son destin avait un goût de plaisir. C'était l'aventure en soit. Inchallah. Inchallah ils finiront dans le décor. Inchallah ils s'en sortiront indemnes. Si Dieu le veut. Mais n'empêche que la peur qui lui enserrait les organes l'excitait. Ils passaient trop près d'un bord, il stressait, il laissait échapper quelques mots, mais il souriait. Et quand il se rendait compte qu'ils étaient passés, il exultait. Son visage n'était qu'un sourire. Ils passaient les virages toujours de la même façon; ralentir un peu avant, accélérer pendant. Même technique. Mais pas même folie.

A un moment, en s'approchant d'un virage, Mattia ne sentit pas la légère et habituelle décélération. Au contraire.. Il avait l'impression de prendre de la vitesse. Toujours plus vite. La sensation de voler l'envahissait. Il se mit alors à hurler. « Freine, Jona! » Ils allaient trop vite. Bien trop vite. Ce virage-là, pour l'avoir pris de nombreuses fois, il savait qu'il était dangereux. Et qu'à cette vitesse-là, ils ne le passeraient pas.

Il n'eut pas le temps de dire autre chose.
Une de ses mains agrippa son siège. L'autre se posa devant son visage.
Il était trop tard.
Il se sentit ballotter dans tous les sens.
Un coup à gauche.
Un coup à droite.
Devant.
Derrière.

Il avait la désagréable sensation d'être le linge d'une machine à laver. Tourner, tourner, tourner. Ca ne s'arrêtait pas, et il hurlait de toutes ses forces. Ses poumons se déchiraient pour percer le silence lourd de cette nuit. Putain mais qu'est-ce qu'il se passait? Il ferma les yeux fortement, essayant de garder ce bras dont la gravité avait pris le contrôle devant son visage. Ses organes viraient dans tous les sens. Il était secoué de toute part. Et puis, d'un coup, dans un énième grand bruit, plus rien. Plus de cri. Plus de bruit de taule. Juste le silence de cette nuit d'été...

Ouvrant doucement les yeux, Mattia vit avec horreur le bitume sous ses yeux. Il s'aperçut alors qu'il était maintenu 'dans les airs' par sa ceinture de sécurité. La voiture s'était retournée. D'un petit geste, il bougea les jambes. Par miracle, elles répondirent. Il murmura alors un petit « Jona » presqu'inaudible. Il avait usé de toute sa voix pour hurler dans les tonneaux. Maintenant parler était dur. Jetant un rapide coup d'oeil sur elle, il retenta de l'appeler. « Jona ». Toujours pas de réponse. Sa tête lui tournait toujours le dos; il ne voyait que ses cheveux. Son coeur se mit à bondir, le blessant dans sa cage thoracique. D'un geste mal assuré, il s'acharna sur sa ceinture. « Putain allez! ». La ceinture ne voulait pas céder. Il restait prisonnier de ce bout de plastique. Jurant, il pestait contre le mauvais sort, et puis enfin, il réussit à se détacher. Il tomba sur le pare-brise – ce qu'il en restait du moins-, se blessant légèrement la main au passage. Il avança un peu à quatre pattes. Du bout des doigts, il réussit à toucher les cheveux dorés de la jeune fille. « Allez Jona, c'est pas drôle, réveille-toi! » Il la secoua tout doucement, puis de plus en plus fortement. Il ne cessait pas de murmurer son nom, comme pour l'aider à revenir vers lui. « Jona.. Jona.. T'es pas drôle là! ». Même en la secouant, elle ne répondit pas. Pas un petit geste de sa part. Rien. Il sentit sa gorge se serrer. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il avait envie de crier, d'hurler, de déchirer le silence de cette putain de nuit d'été. Mais le son restait bloqué au travers de sa gorge. Il secoua encore une fois sa main, murmurant son prénom. Gardant une de ses mains sur elle, il mit son autre main dans sa poche et en sortit son téléphone portable. La peur lui faisait faire de grands gestes saccadés et il lui fallut beaucoup, beaucoup de temps, pour réussir à appeler à l'aide. Les yeux embués rivés sur les cheveux dorés de sa Jona, il fit le premier numéro qui lui venait en tête.
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MessageSujet: Re: And in that moment, I swear we were infinite | Jona   And in that moment, I swear we were infinite | Jona EmptyJeu 2 Aoû - 14:21

Tout est allé très vite. Trop vite. Une seconde, un geste, un mouvement et tout fout le camp. La douleur, les secousses, les cris, le chaos. Et le silence. Et le vide. Et le noir. Et ce noir, il n’est pas de tout repos. Il brille, il sintille, il fait du bruit. Y a des lumières, y a des émotions, y a des cris. Mon prénom. J’entends mon prénom. Je ne sais pas ce qui se passe. Tout est flou, toujours flou, encore flou. Le temps semble infini. Le temps s’arrête, rien que pour moi, et je flotte. Je flotte dans ce non univers, dans cet espace irréel et inconnu. Je ne connais rien. Je ne sens plus grand-chose. Oui je flotte. Est-ce la vie ? Est-ce la mort ? Est-ce l’entre deux ? Est-ce que mon père sera triste d’apprendre ce qui m’est arrivé ? Est-ce qu’il viendra se recueillir sur ma tombe ? Rien que pour savoir, j’aimerais mourir. Rien que pour savoir, j’aimerais que ce vide ce soit la mort. Mais j’en doute. Oui, j’en doute parce que je ressens encore. J’ai des sentiments. Je pense. Et pour moi, la mort c’est l’extinction de l’être. Et l’être, c’est la pensée. Donc je ne suis pas morte. Je vogue quelque part. Je ne sais où. J’ai fait une connerie et je suis punie. J’espère que je n’ai pas puni Mattia. J’espère.

« Jona » encore mon nom qui résonne. Je ne reconnais pas la voix. Elle est comme… déformée. J’y comprends rien. Ma tête tourne. C’est comme si les secousses reprenaient. Je vrille. Je tourne. Je bascule. Je bouge. J’ai peur. Ma tête et mes pensées s’embrouillent. Plus rien n’a de sens. Et la douleur me reprend. Elle est vive. Ca fait mal. C’est comme si la réalité revenait à moi. Brutalement. « Jona » encore cette voix. Encore. Toujours. Elle hurle, cette voix. J’ai mal aux oreilles, putain. Ca me brûle ce cri, ça déchire. Ca fait mal. J’ai mal partout, je crois. J’aimerais ouvrir les yeux, mais j’y arrive pas. Je sais que je suis vivante. Et j’aimerais que ce foutu vide me libère. C’est comme un cauchemar. Je veux la lumière. Je veux ouvrir les yeux. Et j’y arrive pas. Des cris, des secousses, la douleur. Je ne distingue plus grand-chose. C’est comme si je retombais. Mon cerveau me ferait hurler de douleur si je le pouvais. C’est comme des miliers de lames qui s’enfoncent l’une après l’autre dans ma boite cranienne. Y a le feu, et tous mes neurones se consument. Et je crève. Je crois. « Jona.. Jona.. T’es pas drôle là. » Je reconnais enfin cette voix. Mattia. Et encore une secousse. C’est lui. Il veut que je me réveille. J’ai compris. Il pense qu’il m’aide. Et j’aimerais que ce soit le cas. J’aimerais me réveiller. J’aimerais que tout cela cesse. J’aimerais ne pas avoir appuyé sur cette foutue pédale d’accélérateur. Au moins, il semble aller bien. Il n’est pas mort. Je n’ai pas tué Mattia. J’entends le son des touches d’un téléphone portable. Mattia qui murmurre quelque chose. Je ne sais pas à qui il parle, mais je pense savoir quel est le sujet de conversation. Et j’essaye d’ouvrir mes yeux, en vain. J’essaye de bouger, de toucher sa main, de lui montrer que je ne suis pas morte, pas encore du moins, mais j’y arrive pas. C’est frustrant, terriblement frustrant.

Je me concentre sur son prénom. Mattia. Mattia. Je me concentre sur ma bouche, sur mes lèvres, sur ma langue. Sur le mouvement que je dois réaliser pour dire son prénom. Mattia. « Mattia » Faible. Inaudible. Pas de son, mais j’ai senti mes lèvres bouger. Et Mattia l’a vu. Il me caresse la joue. Mes efforts ne sont pas vain. Il ne dit rien, en tout cas, je n’entends rien. « Mattia » Un petit son. Et là, un son assourdissant. L’ambulance. C’est si fort, que mes yeux s’ouvrent instantanément. Je sursaute. Bouger provoque une vive douleur, mais tant pis. Bon sang, je suis réveillée. Et complétement. Et là, contre toute attente. Je me mets à rire. Très fort. A plein poumon. Parce que je suis vivante. Parce que Mattia est vivant. Parce que j’ai cru qu’on était mort tous les deux. Et parce qu’on a vécu la nuit la plus extraordinaire de notre vie. « Désolée d’avoir failli te tuer. »
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