Sujet: Etre fier est un verbe qui ne se conjugue qu'à la première personne du singulier. (Nono) Mar 8 Jan - 0:41
Il lui fallut du temps pour se réveiller. Les volets à demi clos n’arrêtèrent point un rayon de soleil trop impétueux à venir percer l’oreiller sali d’une certaine dépravation éthylique. Mais Rudy se réveilla. Mal de crâne qui lançait ses tempes dans un orchestre de cuivres assaillants, ou un riff de métal acharné qui ne semblait pas s’arrêter et qui mitrailler les parois crâniennes avec une ardeur brute. Le plafond était blanc. Un blanc parfait. Le bout de la couette était fleuri de couleurs claires et vives. Un peu trop de fleurs d’ailleurs. Et la taie assortie. Un peu trop elle aussi pour être la sienne. Pas assez de désordre dans cette literie qui sentait encore le Mir senteurs d’orient. La table de chevet qui bordait sa chevelure désordonnée était un temple pour une lampe de chevet mûrement choisie parmi une collection art déco. Un réveil posé entre une lime à ongle et un vernis doré indiquait onze heures du matin. Et puis dans cette chambre il y avait ce grand dressing, cachant probablement une grande garde robe, peu apte à héberger trois chaussettes sales et deux chemises propres. Cette armoire aussi, et ce bureau immaculé de photos de jeunes filles, et de post-it organisés. Les feuilles qui y gisaient étaient triées, et depuis le lit il devinait presque le rangement par thème. A droite les papiers d’assurances, à gauche les feuilles de paies, au centre les relevés de compte… Au fond ça sentait bien trop le côté féminin. Et il s’y sentait bien mal à l’aise dans ce trop plein de perfection. Les murs d’une couleur claire, propres comparés aux siens où des bouts de patafixe encore collés laissaient entendre une admiration pour les posters d’Albator et de Star Wars. Et puis dans sa chambre à lui, il y avait ces vêtements jetés sans attention au travers de la pièce, ces câbles de vieilles consoles oubliées au profit de la toute dernière Xbox, et ces bouquins de droits tombés en désuétude qui servaient de tables basses à défaut d’être cet instrument d’enseignement. Mais ce lit, placé là, entre ces quatre parois, n’était définitivement pas le sien. Et pour cause, il n’était tout bonnement pas chez lui.
La raison de sa présence en ces lieux hostiles respirant le trop plein de talons aiguilles et de sac à main mit du temps à atteindre son esprit. Il dut secouer ses nerfs pour stimuler le peu de mémoire qui lui restait. Ah oui, une soirée chez Quinn, comme il aimait en faire. Sauf que cette fois-il, il n’avait pas été question de se gaver de gâteaux apéro alors qu’ils s’esclaffaient d’un rire gras devant les émissions de télé-réalité à deux balles. Non. Quinn avait ramené Norine, une amie. Très charmante. Vraiment charmante. Le cœur de Rudy manqua un battement quand l’hypothèse d’avoir fini dans les draps de Quinn se présenta à lui. Cependant, sa chambre ne ressemblait pas vraiment à ça. Et il aurait eut pitié de ses parents. Et en y réfléchissant bien, avec un peu d’alcool, Norine lui avait bien trop tapé dans l’œil. Aussi désespéré qu’un pou sans cheveux pour habitat, il avait dû sauter sur l’occasion d’oublier une bonne fois pour toute Helena dans les bras d’une jolie brunette. Oui, ce devait être ça. Trop orgueilleux pour tenter d'effacer seul de sa mémoire ce qu’il avait bâti pour retrouver sa romance d’écolier, il avait entraîné une innocente dans ce tourbillon de rejet profond. Au fond il avait juste eut envie d’être désiré. Comme avec Elizabeth. Maintenant, c’était devenu la seule chose qu’il réclamait, parce que son putride égo ne pouvait se satisfaire à lui seul, bien qu’il revendique le contraire avec ferveur. Tu n’es qu’un petit cœur perdu et bousillé, oublié Rudy. Et ce n’est pas un coup d’un soir qui recollera les morceaux brisés de ton foutu amour. Amour pour lequel t’as même pas su te battre. Faible et lâche, ça te va mieux qu’amant. Le chagrin ne te sied pas vraiment. Non, tu ne mérites pas de souffrir.
Et puis soudain, cette mèche qui se décolle de l'oreiller voisin, un visage toujours à demi-ensommeillé qui se montre. Ouais, c'est bien Norine. Et non, elle ne sera pas fière.
Sujet: Re: Etre fier est un verbe qui ne se conjugue qu'à la première personne du singulier. (Nono) Sam 12 Jan - 14:14
Rafe. Son sourire émerveillant son visage la rendait heureuse. Son coeur battait la chamade, rien qu'en posant son regard sur lui. Il arborait sa tenue de pilote d'avion de chasse. Militaire chevronné, il bichonnait celui qu'il appelait ses ailes. Cet engin qui rugissait de puissance, et qui le faisait voler au plus haut des cieux. Encore plus fier de lui que de la prunelle de ses yeux, il astiquait le cockpit de cet appareil, voulant sans doute le faire briller au soleil. Il se répétait que plus son avion brillerait, plus il pourrait éblouir ses ennemis. C'était d'ailleurs bien la seule chose qu'il se permettait de nettoyer. A le voir astiquer cet oiseau, Norine eut un léger sourire. Rafe était magnifique. Les cheveux blonds frisés de son fiancé luisaient au soleil. Elle aimait passer sa main dans sa chevelure; elle aimait mettre ses doigts dans les petites bouclettes de son fiancé. Dire qu'elle allait bientôt l'épouser. Elle ne serait plus Norine Reilly, mais bientôt, elle aurait une nouvelle bague à son doigt et se ferait appeler Madame Rafe Lackey. Cette perspective la faisait sourire d'avance; elle se réjouissait d'épouser celui qui faisait d'elle une femme comblée.
Rafe. Rafe. Rafe. Rien que d'entendre ce prénom, elle s'extasiait de bonheur. Rafe. Rafe. Rafe.
Bougeant doucement, elle sentit sous ses doigts la douceur de ses draps. Rafe. Tapotant ses doigts sur cette couverture, elle émergea petit à petit. Rafe. Ouvrant doucement les yeux, elle vit l'éclatante couleur blanche des murs de son appartement. Rafe. Elle referma aussitôt les yeux, se replongeant dans le noir absolu, voulant à tout prix se noyer dans ses rêves. Rafe était mort. Rafe n'était plus de ce monde. Rafe avait perdu sa paire d'ailes. Elle n'était que Norine Reilly; elle n'avait jamais eu le bonheur de se faire appeler Norine Lackey. Vie de merde va! L'esprit perdu dans un trop plein de rêves magnifiques, le réveil n'en était que plus difficile. Encore plus quand d'un coup, une batterie se mettait en marche dans sa tête, tambourinant la musique du J'ai été bourré!!. Elle haïssait cette chanson, autant qu'elle haïssait le destin. Maugréant, voulant absolument retourner dans les bras de Morphée, elle se retourna alors, laissant ses yeux fermés, plongés dans le noir. Rafe. Elle serait capable de hurler son prénom, de lui demander de revenir la voir, de lui demander pourquoi il avait fait cette connerie. Elle en voulait à la terre entière. A l'Amérique pour avoir envoyé son Rafe là-bas. A ce pays en guerre pour lui avoir piqué son futur mari. A son fiancé même pour ne pas avoir réussit son coup cette fois-ci. Les erreurs pouvaient coûter chères, elle le savait bien. La sienne lui avait coûté sa vie. Perdue dans ses souvenirs, laissant cette batterie tambouriner dans son crâne, Norine mit du temps à émerger. Elle préférait rester endormie plutôt que de se lever. Chaque pas qu'elle allait faire allait lui faire regretter son trop plein d'alcool hier. Hier d'ailleurs.. Qu'est-ce qu'elle avait bien fait? Une soirée avec Pacey? Non.. Une soirée avec Quinn? Oui.. Elle se souvenait de l'appel de Quinn. Elles avaient bien du s'amuser. Un léger sourire aux lèvres, Norine finit par ouvrir doucement les yeux, éblouie par toutes ses couleurs vives.
Elle ne mit pas longtemps à les ouvrir en grand. Une ombre se dessinait à côté d'elle. Du brun. Du beige. Un profil d'homme. D'HOMME! Ses yeux s'ouvrirent en grands, elle sursauta d'un coup, regrettant aussitôt ce geste d'élan lorsqu'un coup de fouet vint taper sa boite crânienne. Assise sur son lit, mettant sa couette bien autour d'elle pour éviter à ce voyeur de l'admirer dans toute sa splendeur, elle ouvrit la bouche. « T'es qui? ». Elle ne lui laissa pas le temps de répondre que d'une voix criarde, elle hurla aussitôt. « Sors de mon lit! » La chanson de l'ébriété qui se chantait dans sa tête ne l'empêchait pas de hurler. « Sors de mon lit tout de suite ou j'appelle les flics!! » Elle n'était pas d'humeur, pas d'humeur à voir un inconnu dans son lit. Un inconnu d'ailleurs? Peut-être pas tant que ça. Son regard lui disait vaguement quelque chose. Les traits de son visage ne semblaient pas être inconnus. Et même si elle lui jetait un regard noir, elle n'était pas moins surprise; ce type était plutôt pas mal. Il était même canon. Mais il avait eu le malheur d'avoir atterrit dans son lit sans y être invité! Elle n'allait pas le laisser partir comme ça!
Etre fier est un verbe qui ne se conjugue qu'à la première personne du singulier. (Nono)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum