D'un mouvement sensuel, je me saisissais de mon tube de rouge à lèvres, l'ouvrais, et le tournais pour faire sortir la couleur et l'appliquer sur mes lèvres charnues. Je choisissais une couleur sombre, qui allait bien avec ma couleur de cheveux et mon teint, pour me donner un air de séductrice. C'était ce que j'étais après tout, quelqu'un qui ne s'attachait pas, qui aimait bien chauffer n'importe quel garçon un peu mignon et qui aimait bien changer de partenaire au lit tous les jours. Ce soir là, je comptais bien rentrer avec un beau spécimen et ce n'était pas en faisant le minimum sur mon allure que cela allait marcher. J'appliquais autour de mes yeux beaucoup de fard à paupière foncé, pour faire un peu comme un panda, et me regardais dans le miroir. Une vraie allure rock'n roll. Ce visage avait été autrefois tellement maquillé, tellement observé, tellement admiré .. Oui, j'avais été mannequin, et pas des moindre. Avec mon corps filiforme et mon visage de poupée, j'avais été prisée par les photographes et les podiums pour présenter des vêtements originaux et complètement décalés. J'avais eu ma petite renommée mais tout cela avait été gâché par une seule personne, et celle-ci se prénommait Abbey. Elle avait osé accepter une place dans un défilé alors que j'avais été recalée, et cela avait été la fin de ma carrière de mannequin. Me reposant sur l'argent que j'avais déjà, j'avais réussi à vivre assez aisément jusqu'à maintenant, mais je comptais bientôt faire mon grand retour dans le mannequinat. Quand ? Je n'en savais rien. Je savais juste que cela serait tellement spectaculaire qu'Abbey serait folle de rage et qu'elle me jalouserait incroyablement. Elle n'était qu'un bambin dans cette affaire, un bambin qui savait déjà se maquiller et s'habiller comme une adulte, rien de plus. Son esprit était jeune, naïf, inexpérimenté. Alors que moi, il y avait peu de choses que je n'avais pas essayé. L'alcool, la drogue, les fêtes, tout cela je connaissais. Dès qu'on me proposait une nouvelle expérience, je m'y jetais à corps perdu pour en profiter au maximum et cela ne faisait que me faire apprendre de nouvelles choses sur la vie. Bien sûr, je ne dis pas que toutes les expériences étaient concluantes, mais, elles m'apprenaient toutes une leçon qui n'était pas négligeable.

« Dépêche toi Joy, on va être en retard. »
« C'est bon, les garçons ne vont pas s'en aller, on a le temps ! »
J'enfilais un t-shirt qui me faisait office de robe très courte, et des portes jarretelles pour soutenir mes bas en résille. J'avais pris l'habitude de m'habiller de façon rock'n roll et provocante car c'était ce que j'aimais, et c'était ce pour quoi les garçons craquaient. Ils savaient immédiatement que j'étais une fille qui allait passer à l'action rapidement et qui n'allait pas s'embêter avec les sentiments, ce qui leur faisait se sentir en confiance et dominants. Bien sûr, j'aimais être la femelle dominante durant l'action, mais cela, ils ne le découvraient que plus tard et ne s'en montraient que ravis, d'après mon expérience. Je me plaçais devant le miroir pour m'assurer que ma tenue était la plus parfaite possible, et je m'adressais à moi même un petit sourire. J'étais sexy, j'étais belle, je n'étais pas parfaite c'était sûr mais j'étais ce qui s'en approchait le plus. Je n'avais pas un extrême confiance en moi en ce qui concernait certaines choses, mais j'étais certaine que mon physique faisait tomber les garçons comme des mouches et j'avais raison. Alors, rapidement, j'attrapais mon sac qui contenait tout ce qu'une fille a besoin lorsqu'elle est en soirée, et je me dirigeais vers la porte de sortie de ma chambre en compagnie de celle qui me servirait d'amie pour la nuit. Je ne la connaissais pas bien, elle était ce genre de personne que je prenais pour faire joli à mon bras et ameuter plus de garçons. C'était une technique comme une autre, elle me servait comme un sac ajoutait du charme à ma tenue, ou comme un chien pouvait être l'accessoire IN de Paris Hilton. Je me déhanchais jusqu'à ma voiture décapotable que je fermais à cause du froid environnant, et prenais le volant pour me diriger vers la boite de nuit la plus proche d'ici que possible. Je ne faisais pas la difficile, ce n'était pas dans les boites les plus chics que se trouvaient forcément les garçons les plus fréquentables, au contraire. Je n'avais pas envie qu'on me prenne pour une prostituée de luxe et qu'on me donne de l'argent après l'amour, ce qui n'arriverait surement pas avec un garçon de bonne nature et avec de bons mœurs comme on pouvait en trouver près de chez nous.

Nous arrivions rapidement à la boite de nuit en question. Je garais ma voiture dans une allée et me débrouillais pour marcher à peu près correctement avec mes hauts talons jusqu'à l'entrée, où je pus exclure de faire la queue en demandant au videur de nous faire entrer directement. C'était un ami à moi, il me connaissait bien, ainsi, j'avais le droit à quelques privilèges. Il savait également que je savais mettre l'ambiance et ainsi, cela faisait toujours du bien pour l'argent que gagnait la boite grâce aux consommations que je faisais acheter par les garçons pour moi même. J'entrais alors dans cette ambiance chaude, colorée et aux senteurs d'alcool et me déhanchais déjà sur la piste de danse. D'un coup d'œil, je repérais quelques garçons qui pourraient être à mon goût et me collais contre les plus mignons, essayant d'amener quelques mots de conversation et surtout de les chauffer en dansant. J'avais perdu l'espoir de rencontrer l'amour un jour, je n'étais qu'une fille aux coups d'un soir, personne ne voudrait jamais être sérieux avec moi. Dans un coin de la boite, où les employés « oubliaient » systématiquement de passer vérifier que tout se passait bien, je m'enfilais des lignes de coke pour détendre un peu l'atmosphère. J'étais devenue habituée à toutes ces banalités, cela ne faisait pratiquement plus rien tellement mon cerveau était défoncé h24. J'avais eu plusieurs accidents à cause de la drogue mais cela ne m'empêchait jamais de recommencer, histoire d'oublier ma vie de merde et de me donner un peu de courage pour aller accoster les jolis garçons. Je titubais légèrement sur mes talons, surement à cause de tout l'alcool que j'avais ingéré avec des verres à shots, et m'asseyais auprès du bar pour attendre qu'on me paie un autre verre. Un garçon justement s'assit auprès de moi et passa une main autour de mes épaules, je le laissais faire, après tout, mon corps ne m'appartenait presque plus, tellement j'en faisais n'importe quoi.

« Tu me paies un verre ? »
« Bien sûr ma jolie .. Et après tu voudrais me raccompagner chez moi ? »
« ...Bien sûr. »
J'avalais la chaude substance liquide, qui me brûla la gorge, toussais un peu et me relevais, tenant le gars par la main. Nous regagnâmes rapidement la sortie, et j'oubliais complètement l'amie avec qui j'étais venue. Ce n'était plus important à présent, elle avait assez d'argent pour se payer un taxi et moi j'avais ma voiture. Je la prenais d'ailleurs pour suivre l'homme qui m'avait accostée et nous arrivâmes rapidement à sa maison, qui n'était soit dit en passant pas mal du tout. Il y habitait seul, ce qui signifiait qu'il avait quand même pas mal d'argent, chose qui ne comptait absolument pas à mes yeux pour la partie de jambes en l'air mais qui me faisaient à chaque fois rêver d'une autre vie. Un boulot stable, un mari, peut-être des petits enfants ensuite .. Tout ça ce n'était pas pour moi. J'étais la ratée, celle qui se droguait, celle qui buvait, celle qui faisait la fête tout le temps. Celle qui galérait pour payer son loyer chaque mois et qui devait emprunter de l'argent aux autres pour pouvoir s'acheter une robe de soirée. Je n'avais pas d'avenir, ou en tout cas, je n'en voyais pas. Rapidement, nous nous dirigeâmes vers sa chambre et je commençais à me déshabiller, en enlevant ma robe/t-shirt, me retrouvant en sous vêtements. Je montais à califourchon sur le jeune homme et commençais à enlever sa chemise, embrassant son torse à intervalle régulière, et rapidement, je lui enlevais tous ses habits et enlevais tous les miens. Une partie de jambes en l'air, c'était le pied. Surtout lorsque l'homme s'y prenait bien. J'étais une déesse au lit, ou en tout cas c'est ce qu'on me disait régulièrement, alors pas de problèmes de ce côté là. Une fois l'action finie, je m'asseyais au bord du lit et allumais une cigarette, que je fumais lentement.
« Alors ? »
« Tu étais parfaite. »
« Comme d'habitude. »

☂ I WON'T EVEN SING ALONG.