Assis sur le bord de la fenêtre, Mattia tentait désespérément de changer le grip de l'une de ses raquettes de tennis. Il avait profité de sa solitude pour allumer à fond sa chaine, et c'était sous un l'air d'Imagine de John Lennon qui s'attelait à ce dur travail. Il était tellement consciencieux dans son travail qu'à aucun moment il ne voulut prendre la parole, et offrir à sa chambre ses talents de chanteur. Pendant qu'il faisait son travail, faisant tourner sa raquette entre ses mains, Mattia s'imagina déjà sur un terrain de tennis. En temps que pro cette fois. Il serait payé pour jouer. Cool, non? Il voyagerait partout, il serait toujours entre deux avions, et dès qu'il poserait le pied par terre, il irait taper la balle. Ce serait la belle vie. Il vivait un rêve éveillé. Un DING DONGGG surpuissant le tira de ses pensées, en le faisant sursauter. Stupéfait, il se colla un bout sur son doigt. Il soupira, lâcha un « Merde!!! ». Jetant un coup d'oeil à l'horloge il s'imagina que la personne à l'entrée ne pouvait être qu'Ella. Ou Ashton. Et qu'un des deux avait oublié ses clefs. Vraiment, ils pourraient faire attention. Quand on quitte un endroit, on prend ses clefs, c'était aussi simple que ça! Il soupira encore une fois un grand coup, et balança sa raquette sur son lit; de toute façon, vu comme il était parti, il n'avait plus qu'à tout recommencer..

Après avoir pris soin de baisser le volume de la musique -histoire de ne pas s'attirer les foudres d'Ash ou d'Ella-, il traina les pieds jusqu'à la porte d'entrée. Persuadé que c'était l'un d'entre eux, il était bien décidé à le faire poireauter. Ca leur apprendra.. Sa surprise fut totale lorsqu'il découvrit alors, sur le pas de la porte d'entrée, Priya Meyers. Ses yeux s'élargirent, et bien qu'il était contrarié d'avoir raté la mise en place de son grip, il lui accorda un petit sourire. Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit; pas même un bonjour, que la jeune -ou plus ou moins jeune- indienne prit la parole. « Corbeille de fruits ou paquet de chocolat ? Je ne sais pas ce que tu préfères j'ai ramené les deux. Au pire, tu offriras l'un des deux à tes colocataires. ». Et aussitôt, elle lui tendit ce qu'elle avait en mains. Ses yeux se posèrent dessus, et effectivement, il aperçut une grosse corbeille de fruits, très bien soignées, et un immense paquet de chocolat. Son ventre cria aussitôt famine. Il prit dans ses mains tout ça. « Oh et en fait, salut. Tu vas bien ? ». Là, il sut qu'il pouvait parler. Parce que bavarde, la demoiselle l'était.

« Salut! Ca va bien, et toi? » demanda-t-il alors. Soulevant quelque peu les produits qu'elle venait de lui apporter, Mattia lâcha avec un sourire. « Merci! Ils n'auront rien; je garde tout ça pour moi!! » Le chocolat allait lui faire prendre du poids, certes. Mais pour contrecarrer le régime drastique que Michael allait bientôt lui imposer, il pourrait toujours manger les fruits. Il perdra du poids comme ça. Voyant cet étalage de fruits devant lui, il réussit, d'une seule main, à attraper un grain de raison qu'il mangea aussitôt. Puis, il se fit tout petit, et laissa l'entrée libre. « Vas-y, entre Priya. » C'est là qu'il se rendit compte de l'endroit où il était. Chez Ashton. Chez son tuteur. Et si il se souvenait bien, la dernière fois qu'il avait vu Priya, c'était il y a quelques mois, et il habitait alors toujours chez sa mère et son beau-père. Il perdit presque aussitôt son sourire. Si Pripri venait le voir, là, c'était qu'elle s'était renseignée, qu'elle savait plus ou moins des choses sur lui. Et rien que de savoir que les gens discutaient, ça mettait Mattia en rogne. Alors, d'un ton un peu moins sympathique qu'avant, mais pas bourru, il la questionna. « Pourquoi t'es venue? » C'était direct au moins..

Mattia faisait parti de ces rares garçons qui n'aimaient pas que les hamburgers. Manger des fruits ne lui déplaisaient pas, bien au contraire. Souvent, il préférait même manger des fruits, plutôt que de s'empiffrer d'un dessert bien lourd, bien gras, et bien sucré. Ses amis riaient assez de ces détails, mais qu'importe; en tout cas, Priya avait vu juste en ramenant cette corbeille. De même qu'elle avait vu juste pour le chocolat. Comme on dit 'neuf personnes sur dix aiment le chocolat; la dixième ment'. « Essaye d'y aller doucement tout de même. Trop de sucré, tue le sucré. Fruit ou pas fruit. ». Il fallait bien que la docteur en elle parle. Normal. Mais jusque-là, il en avait presque oublié son métier. Mais avec cette petite remarque, c'était sûr que l'indienne ne faisait pas oublier son job.

Quand enfin, le cerveau de Mattia se connecta et qu'il se rappela de l'endroit où il était, il changea radicalement d'attitude. Il se sentait toujours gêné, mal à l'aise dès qu'il comprenait que les gens savaient. Ou du moins que les gens pensaient savoir. En vrai, ils ne savaient pas grand chose; ils se contentaient de jacasser dans leurs coins, écoutant les commérages, et par la même occasion, rajoutant leurs petits cancans dedans. Ils se croyaient malins. Ca les éclatait. Ils aimaient lire RIH juste pour ça; pour tout les ragôts qu'elle balançait. Encore heureux que Mattia n'y soit pas figuré, que toute son histoire ne soit pas arrivée sur cet écran. Mais les 'on dit' et les rapportages faisaient assez de ravages aussi. Alors oui, il changeait d'attitude. Il se faisait moins souriant, et elle s'en était vite rendue compte. Elle pensait même que c'était le raisin qu'il n'avait pas aimé. Du tout. Ca, il l'avait adoré. Mais il voulait vraiment savoir pourquoi elle lui rendait une visite. A cause de son beau-père? Pour essayer d'en savoir plus? Comme les trois-quart des habitants d'Arrowsic? Ou bien avait-elle appris pour Ella, et du coup, elle voulait savoir, à son tour, si il était bien le père de cet enfant qui poussait tranquillement dans son ventre.

Ok, elle voulait lui rendre visite. Ca, il pouvait l'admettre. Mais il voulait connaître la raison de cette visite. Ca l'étonnerait qu'elle ait décidé, comme cela, en se levant ce matin d'aller rendre visite à Mattia. Parce que ça fait longtemps.

Là, elle le lui avoua. Par quelques mots simples qui éclaircissaient la situation.« J’ai fait la connaissance de Jona à l’hôpital. » Jona. Il ne s'était pas remis de ce que sa mère lui avait dit; Jona avait fait une tentative de suicide à l'hôpital. Quand la mère de Jona lui avait dit l'heure, il s'était rendu compte qu'il l'avait laissé juste avant. Que le repos qu'elle voulait prendre, ce n'était pas qu'une simple sieste; c'était le repos éternel. « J’ai appris pour l’accident, j’ai appris que tu étais avec elle alors j’ai voulu te rendre une petite visite. ». Il hocha alors la tête. Il comprenait maintenant. Elle n'était pas venue pour en savoir plus; elle était venue pour prendre des nouvelles. La nuance était énorme. « Je pensais que c’était une bonne idée, apparemment ça ne l’est pas tant que ça. »

Il secoua la tête, et leva la main pour lui montrer le canapé. « Tant que tu ne me fais pas le morale, tu peux t'asseoir » lâcha-t-il alors, le regard rivé vers elle. Lui, il se tint debout. Il l'observa un instant. Elle voulait peut-être en savoir plus. Il allait lui offrir au moins un petit bout de l'histoire. Parce qu'après tout, parler de cet accident lui faisait du bien. Cet accident avait été terrible. Plus pour Jona que pour lui. Elle avait faillit perdre la vie. Deux fois. « T'inquiète pas, je vais bien. C'était pas exceptionnel comme accident. On a juste raté un virage » Rater un virage. Il annonçait ça comme s'il lui annonçait qu'ils étaient rentrés dans un poteau sur un parking. Il n'ajouta rien d'autres. Il n'évoqua pas la nuit, la splendide voiture, et le circuit qu'ils avaient emprunté malgré l'interdiction. Il n'était pas si fou..
Regardant la jeune femme, il finit par bouger un petit peu. « Je vais chercher à boire ». Cette façon de s'éclipser n'était pas anodine; il rêvait de changer de conversation quand même. Qu'ils parlent du beau temps. De l'US Open gagner par Murray. De la bataille entre Romney et Obama. De tout, et de rien. Mais surtout pas de lui.

Il l'abandonna donc un instant, le temps d'aller chercher quelques boissons. Il revint les bras chargés; canettes de coca, bière -les indiens boivent de l'alcool?-, et jus de fruits. Au choix. Il déposa tout sur la table, et pour tout contre-carrer demanda alors « et toi? Ca va? » Je vous l'avoue, il y a mieux comme tentative pour changer de sujet..

La venue de l'indienne était encore un mystère pour Mattia. Mais quand elle lui avoua qu'elle allait essayer de ne pas lui faire trop la morale, parce qu'il devait déjà en avoir assez, il se sentait rassuré. Parce que oui, effectivement, il en avait assez. Les gens étaient toujours là, à essayer de lui parler, à essayer de tenter de comprendre. Mais au fond personne ne savait réellement pourquoi Jona et lui s'étaient lancés là-dedans. Personne n'imaginait à quel point Jona souffrait. Même lui, même Mattia, ne savait pas l'étendue des dégâts. Du moins, il ne pouvait pas s'imaginer à quel point elle était mal dans sa peau, et à quel point elle s'était sentie libérée quand l'adrénaline s'insinuait dans ses veines. N'empêche que Priya, bien qu'elle eut beau lui faire le couplet de la femme qui ne voulait pas faire de morale, laissa échapper un « Pas exceptionnel ? D’accord… chacun a sa façon de voir les choses après tout. ». Tu parles. Comme si elle pouvait réellement se taire.

Alors, plutôt que de l'entendre jacasser, il préférait s'éclipser et tenter une autre approche. Parler d'elle. Parler de tout, mais pas d'eux. C'est pour ça que quand il revint les bras bien chargés -elle le lui fit la remarque d'ailleurs-, il lui demanda enfin comment elle allait. Pour qu'on s'intéresse à elle. Qu'on arrête de parler de lui, de Jona, et de n'importe qui d'autres.

Peine perdue. A peine eut-il posé ses fesses sur le canapé que Priya lâcha un «  Moi ? Je vais très bien, merci. Mais, je ne suis pas ici pour parler de moi. Plutôt de toi. Je suis venue prendre de tes nouvelles après tout, hein. »Elle s'arrêta un instant pour gouter une boisson. Alors, c'était ça, la véritable raison de sa visite. Elle avait une idée en tête. Elle devait peut-être tout savoir. Elle était au courant pour son beau-père. Elle savait pour son ex petite amie. Elle savait tout. Il avait du mal à savoir pourquoi elle venait vraiment. Venait-elle pour avoir des ragots croustillants? Ou venait-elle vraiment pour prendre de ses nouvelles comme un médecin le ferait de ses patients? Il ne savait plus. Son esprit divaguait à tous les coups. « Ou alors, si tu n’en as pas envie, et je sais que tu n’en pas envie, on peut parler d’autre chose. De Jona par exemple. Je sais que c’est un peu déplacé mais, je m’inquiète pour elle. J’imagine que tu as entendu pour sa tentative de suicide ? J’ai essayé de menacer les infirmières pour ne pas que ça s’ébruite mais, les connaissant, ça a déjà fait le tour de toute la ville. J’étais là ce jour-là…. C’est moi qui l’ai trouvé… »

C'était une boucle. L'accident. Lui. Jona. L'accident. Une boucle infernale. Mattia hocha doucement la tête, et bougea du canapé pour se poser par terre, entre le canapé et la table basse. Il attrapa une canette de coca, et observa un instant le médecin, en silence. Ses petits yeux la scrutaient sans réellement la voir. Il ne voyait rien. Il pensait juste. A ce qu'il allait dire. A ce qu'il n'allait pas dire. A ce qu'il ne devait pas dire. Pour tout dire, il était pris entre deux feux, deux envies bien différentes. D'un côté, il voulait exploser, lâcher tout ce qu'il avait sur le coeur quitte à blesser celle qui était venue, peut-être, pour une bonne cause. De l'autre, il avait envie de lâcher prise, et de se laisser aller dans les souvenirs; de tout raconter.

« Je le sais ouais.. » Sa gorge s'était nouée. Il aurait du la voir venir cette tentative de suicide. Il l'avait laissé. Il l'avait abandonné, et juste après, elle avait fait cet horrible geste. Il bougea légèrement, reposant son coude sur un de ses genoux, et passant une main dans ses cheveux. « J'aurai du m'en douter que ça allait mal finir. J'étais là, juste avant. J'étais venu la voir. » Il hocha la tête de gauche à droite en se pinçant les lèvres. Il avait été trop bête, trop idiot, trop aveugle. Elle crevait d'envie de crever. Il ne l'avait même pas vu.
Et là, il se rendit compte que parler de Jona était presque bien plus difficile que de parler de soi-même. Il ne savait quoi dire, ne savait comment réagir. Elle avait voulu se tuer. Priya l'avait trouvé à temps. Tant mieux. Mais si jamais, elle n'avait pas été là? Si jamais le médecin était ailleurs, au chevet d'un autre malade? Et si jamais, ils n'avaient rien pu faire pour tenter de la sauver?? Ces questions lui trottaient dans la tête, et il fut parcouru d'un frisson. Et puis, bizarrement, il repensa au chemin que Priya avait fait pour venir jusqu'ici. Pour demander de ses nouvelles. Pour parler de Jona. Elle avait forcément eu des versions de tous ces faits et gestes. Alors, prenant son courage à deux mains, il observa le docteur et lui demanda. « Je peux savoir ce que tu sais au juste? Sur tout hein.. Sur moi. Sur Jona.. Sur tout le monde. » Il voulait savoir. Il voulait entendre ce que les gens racontaient. Il allait sans doute s'énerver, mais au moins il saurait ce que les habitants disaient dans leurs dos.

Avouer pour la première fois qu'il aurait pu agir, en se rendant compte de ce que la jeune Jona allait faire, et qu'il en était malade le soulageait quelque peu. Il s'en voulait. Comme toujours. Comme lorsqu'ils avaient pris cette fameuse voiture, et qu'ils avaient décidé d'aller faire un tour avec. Jamais, il n'aurait eu cette idée -du moins, jamais il n'aurait émis l'idée devant Jona-, mais il aurait pu -il aurait dû même- agir. Comme un idiot, il ne l'avait pas fait. Il était tellement dans son monde, tellement accroché à ses sordides pensées qu'il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Il ne voyait pas la dangerosité de leur acte. Ils auraient pu mourir. Alors, il s'en voulait. Toujours après. Il vivait avec des regrets, et non pas avec des remords. Il s'en sortait toujours. Il avait appris, au fil des années, à vivre avec le poids de la culpabilité sur le coeur. Comme aujourd'hui. Il vivait tranquillement chez Ashton dans un foyer sans réelle violence, alors qu'il avait abandonné sa mère auprès de cet homme ignoble. Certes, il ne l'avait pas vraiment abandonné, puisqu'on l'avait littéralement arraché de là-bas, mais ça n'empêchait pas, qu'à ses yeux, le résultat soit le même. Il était dans un petit cocon tandis qu'elle se trouvait sur le ring. Priya de perdit pas un instant pour lui rappeler qu'il n'y était pour rien. Qu'il ne pouvait pas le savoir. Qu'elle même ne le savait pas. Tu parles. Ca, c'était les phrases typiques pour essayer de se déculpabiliser.

Sauf que ça ne se passait pas comme ça. Il hochait la tête positivement, pour dire que oui, il comprenait. Il n'était pas responsable. Il ne pouvait pas le savoir. Mais au fond de ses pensées, ce n'était pas à ça qu'il pensait. Bien au contraire. Avec ce qu'avait osé dire ce connard d'acteur, c'était évident qu'elle aurait pu mal réagir comme ça. Si jamais, son père à lui -le vrai-, lui avait sorti une chose comme cela -même si jamais il n'aurait dit ça-, jamais il ne s'en serait remis. Alors, pour Priya, pour faire croire que tout va bien, il hocha la tête. Simplement. Comme pour dire « ok, j'ai compris ».

Et puis, finalement, le regard rivé vers elle, il lui demanda ce qu'elle savait. Sur tout. Lui. Elle. Tout le monde. Elle parut un instant surprise, mais finalement, elle ouvrit la bouche et lui raconta ce qu'elle savait. Du moins, ce qu'elle ne savait pas. On lui avait juste raconté deux-trois trucs en venant ici. Mais une chose attira son attention. Elle avait entendu dire qu'il avait quitté sa maison à cause d'une fille. A cause. En entendant cette phrase, il ne put s'empêcher de sourire. C'était ça ce qu'il se racontait? C'était ça que son enfoiré de beau-père avait surtout réussit à dire. Parce qu'aux premières nouvelles, son beau-père était accusé du doigt. On le montrait comme un type violent. Mais apparemment, maintenant, ça avait bien changé. Il avait réussi à retourner la tendance; à montrer Mattia comme un gosse surement horrible qui les a quitté pour sa petite amie. Pas mal. Il n'allait pas le blâmer. Ca lui plaisait ça. C'était mieux que de se faire passer pour un pauvre gamin.

Il avait retrouvé le sourire, et il avait écouté tout ce que Priya avait à dire -et elle en avait des choses à raconter- avec ce petit sourire sur les lèvres. Il entendit juste un nouveau mot. Bullshit. Bullshit??!! C'était quoi ce mot? Le shit, il connaissait. Peut-être même un peu trop bien.. Mais bullshit, il ne voyait pas du tout ce que ça voulait dire.. Or pour ne pas paraître idiot, il se mit à rire doucement. Parce que comme ça, la docteur ne voyait pas qu'il lui manquait quelques mots dans son vocabulaire. Et puis, parce qu'il se sentait beaucoup mieux. Savoir que Priya ne savait rien lui faisait plaisir.

« Tu sais tout. C'est à peu près ça l'histoire. » Il souriait tout en portant à sa bouche sa canette. Bon sang. C'était tellement mieux de savoir sa vie privée rester privée. Il jeta un coup d'oeil à Priya, et ouvrit de nouveau la bouche. « Y a rien de passionnant. » Il avait faillit lui dire que sa petite copine était enceinte. Mais au dernier moment, au moment où les mots avaient faillit franchir le seuil de sa bouche, il s'était rappelé que la jeune femme était docteur. Qui dit docteur, dit hôpital. Qui dit hôpital, dit femme avec problème. Et qui dit femme avec problème, dit jeune enceinte. Il avait peur que Priya connaisse Ella; et des jeunes filles de dix-sept ans, enceinte, ça ne courrait pas les rues à Arrowsic. Elle aurait tout de suite su qu'il racontait des conneries, qu'il n'était plus avec, et j'en passe. Alors autant se taire. Autant se taire et retourner sur un sujet de conversation qu'on pouvait plus ou moins gérer: Jona.

Priya allait le prendre pour un fou. Elle allait finir par lui prendre rendez-vous chez un de ses collègues psychiatres. Car encore une fois, il changea de conversation pour en revenir à Jona. Il faut dire qu'il pensait à elle, et à toute cette histoire. Et puis, Pripri semblait vraiment prête à l'aider. Alors, peut-être qu'il pouvait lui en dire un peu plus sur cette histoire. Elle n'irait sûrement pas vendre ces informations à un magasine people. Piquant dans le chocolat, il tendit à la jeune femme un morceau, et ouvrit une nouvelle fois la bouche. « Jona a eu un appel de son père. Ou un message, je ne me souviens plus de trop.. » Il s'interrompit un instant, avant de reprendre. « Son vrai père hein. Pas son beau-père. En gros, il lui a dit qu'il aurait préféré qu'elle crève. » Voilà, c'était dit. C'était sorti. C'était ça le mal de Jona. Ne pas avoir un père aimant. Ne pas avoir un père tout court.

Il avait la désagréable impression que Priya le prenait pour un fou. Tout ce qu'il disait ne semblait pas vraiment lui convenir. Elle semblait vouloir d'avance ses paroles. Elle semblait déjà vouloir les connaître. Elle semblait juste espérer qu'il dise ce qu'elle pense. Mais évidemment, il ne disait rien. Il préférait se retrancher derrière une carapace, derrière le flot de paroles d'autres personnes, de commérages. C'était tellement plus simple de ne rien dire. D'accepter ce qu'on raconte sur vous. Surtout que là, pour une fois, ça ne le dérangeait pas. Et puis, la vérité n'était pas si loin que cela. Après tout, il n'habitait plus chez sa mère et son beau-père à cause d'une fille. A cause d'une fille et d'un bébé précisément. Mais il n'allait pas le contre-dire. Il n'allait pas s'enfoncer un peu plus. Surtout que si Priya était là, c'était pour voir comment il allait, et surtout pour prendre des nouvelles de Jona.

« Ah bon ? J'en suis presque choquée. » Le pire, c'est qu'elle disait ces mots sur le ton de la rigolade, mais ce ton semblait faux. Elle riait pour cacher sa surprise. Ca s'entendait. Elle savait. Soit, elle avait inventé cette histoire pour savoir ce que Mattia allait lui dire. Soit, c'était vrai. Mais en tout cas, elle semblait bien sérieuse, et ce ton joyeux sentait plus que faux. « Tu imagines un peu ça, une rumeur qui court et qui est en fait correcte. Wow. » Elle souriait. Il se mit à sourire lui aussi. Cacher un mensonge par un sourire, c'est facile non? Sourire. Rire. Ne rien dire. C'était ça le plus important. Il n'aimait pas qu'on fouille dans sa vie; il n'aimait pas savoir qu'on connaissait tout de lui, presque mieux que lui. C'était pour ça que passer pro l'effrayait un peu. Tôt ou tard, les magasines s'intéresseront à lui. Ils découvriraient tout. Toute sa vie entière sera connue. Il n'aura plus qu'à nier, encore une fois. A éviter les questions. Il y avait un tennisman, comme ça, que les journalistes avaient toujours ennuyé. Il avait survécu à une fusillade dans son école, quand il avait quelques années. Les gens ne cessaient de lui poser des questions. Il ne cessait pas de dire qu'il ne s'en souvenait plus. Jusqu'au jour où il balança tout.. Juste pour être enfin tranquille..

Toujours est-il que là, il rebondit sur Jona. Finalement, parler des autres, c'était plus facile que de parler de soit. Et il lui avoua alors ce qu'il savait. Sur son salaud de père, ce connard qui se fichait complètement d'elle, et qui préférait se taper les filles les plus belles de la planète. « J'ai cru comprendre ça. C'est moche. Le pire c'est que j'ai l'impression que cet homme ne vaut rien du tout pour sortir des atrocités pareilles à une enfant. » Que cet homme ne vaut rien du tout? Mattia ouvrit les yeux en plus grands. Evidement que cet homme ne valait rien du tout. Il se fichait de Jona. Il se fichait complètement d'elle. Elle pourrait crever, il n'en aurait rien à faire. Sa vie tournait autour d'Hollywood, le reste ne comptait pas. « C'est juste un salaud Kimbane. » Un salaud dont il ne regardait même pas les films. Bon, ce n'était pas difficile, il ne regardait pas énormément de films.. Mais quand même. Dès qu'il voyait le nom de Kimbane, il éteignait l'écran. Surtout depuis peu. Parce qu'il le trouvait trop con. Parce qu'il le trouvait trop salaud. Mais surtout, parce que ce lien décousu entre Jona et lui le touchait en plein coeur.

C'était ironique de penser ça, de penser à toute cette histoire. Il se sentait salaud de penser cela à son tour. Tout en sachant que lui-même allait régir comme Kimbane. Il allait avoir un enfant. Il allait l'abandonner. Il n'allait pas s'en occuper. Il aimerait sans doute le savoir heureux, en bonne santé. Mais lui, il ne pourrait pas l'approcher, le cajoler, l'éduquer. Il ne voulait pas être là à son premier « areuh », il ne voulait pas être là pour voir ses premiers pas, il ne voulait pas être là à son premier jour d'école. Il ne voulait rien avoir à faire avec lui.
Un peu comme Kimbane et Jona.

Alors, il ouvrit la bouche et prit la parole. « Mais bon, après, je ne sais pas ce qu'il s'est passé il y a dix-huit ans.. Il était plus jeune, il ne se sentait peut-être pas prêt d'avoir un enfant. C'était peut-être trop tôt. J'en sais rien.. » Il le critiquait. Il le détestait. Mais au fond, il était pareil que lui. Alors, il avait dit ça d'une voix plus calme, beaucoup plus calme. D'un ton plus apaisant. Il s'en voulait presque d'avoir dit ça, d'avoir osé dire cette dernière phrase. Que penserait Jona si elle l'entendait? Elle serait sûrement choquée, quelque peu vexée. Il ne pourrait même pas lui en vouloir. Mais il se sentait pris entre deux feux. Entre Jona qu'il aimait plus que tout, et cet homme qu'il détestait pour la faire souffrir, mais en même temps qu'il comprenait, parce qu'il vivait peut-être en ce moment-même ce qu'il avait vécu dix-huit ans plus tôt..

Il le critiquait, le père de Jona. Il l'insultait, le trouvait connard, égoiste, et salaud. Il faisait du mal à sa fille. Or cette fille n'était pas une inconnue aux yeux du tennisman. C'était Jona, l'une de ses meilleures amies. Alors, ouais, il n'avait pas à passer par quatre chemins pour le juger. C'était un idiot, c'est tout. Même Priya semblait d'accord. « C’est le cas de le dire. » Ils ne pouvaient pourtant pas juger, et c'était bien cela que Mattia se disait. Parce qu'après tout, il était peut-être comme lui. Un monstre égoiste qui ne pensait qu'à sa gueule. Il avait tout faire dans sa vie, pour ressembler à son ange de père et non pas ressemblé à son monstre de beau-père. Mais il avait fallut qu'une petite cellule féminine rencontre une autre petite cellule masculine. Ils avaient fusionné ensemble comme par magie. Un petit être allait naitre. Et comme par magie aussi, Mattia Jarvis était devenu, à son tour un monstre. Pas de la même façon. Mais tout de même un monstre. Après tout, les monstres ne se ressemblent pas tous. Il y a bien des Dracula, des Frankestein, des vampires et bien d'autres..

Et c'est pour ça qu'il se permit d'ouvrir une autre fois la bouche, et d'avouer qu'après tout, ils ne savaient pas ce qu'il s'était réellement passé quelques années auparavant. Parce que sa conscience lui parlait de trop ces derniers temps, parce qu'il s'en voulait de ne rien pouvoir faire pour cet enfant, il cherchait des excuses à l'un des pires salauds. Il voyait bien que ses paroles avaient choqué Priya. Elle le regardait avec un drôle d'air, un regard bizarre. Et lui, pour seule réponse, il attrapa quelques raisins qu'il se mit à engloutir. Manger. Ne pas la regarder. Ce serait plus simple. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de dire ça? Il pouvait le penser, il pouvait essayer de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête de star. Mais ça, il devait le faire en son fort intérieur. Il n'aurait jamais du laissé ces mots sortir de sa bouche. La preuve. Priya ne semblait pas aimer; elle répliqua presque aussitôt.

« Il n’existe rien, absolument rien du tout, sur cette terre qui puisse justifier ce comportement. Souhaiter la mort à ton propre enfant ? A un être que tu as engendré et que tu es censé aimer ? C’est juste inacceptable. Impardonnable. Et même à supposer qu’il y a dix-huit ans, il n’avait pas envie d’elle à sa naissance, rien n’explique ces paroles. Surtout qu’aujourd’hui, elle est loin de lui, et qu’il a eu ce qu’il a souhaité : ne pas avoir à s’occuper d’elle, ne pas s’approcher d’elle, et ne pas la voir tous les jours devant lui. » Il avait l'impression d'entendre Soeur Priya de la Bonne Conscience faire son sermon. Il était le pauvre pécheur qui n'en avait fait qu'à sa tête, et que le sermon touchait en plein coeur. Surtout qu'elle disait vrai. Elle visait juste. Il n'avait pas à lui dire de se tuer, qu'il préférait la voir morte que vivante. Personne n'avait le droit de dire ça; Mattia savait très bien ce que c'était d'entendre ces mots sortir de la bouche de certaines personnes.. Alors si ça sortait de son propre père.. De celui qui était censé nous avoir donné la vie.. Ca devait être cinquante mille fois pire.

Fourrant cette fois-ci du chocolat dans sa bouche, Mattia jeta un rapide coup d'oeil à Priya. Elle ne semblait pas s'en être remise. Elle campait sur ses positions. C'était tellement simple pour elle de croire ça, de croire que tout était rose, de croire qu'on pouvait faire un gamin et ne plus se soucier de lui. Il avait peur lui aussi. Il était effrayé à l'idée d'oublier cet enfant. Il savait d'avance qu'il ne pourrait rien faire pour lui, qu'il ne serait jamais son père. Il n'en voulait pas, et n'en voudra jamais. Mais il ne se sentait pas capable de pouvoir le rayer de sa vie. Et si, justement, en pensant à lui, il ne tomberait pas dans cet excès Kimbane? Alors, pour la première fois depuis un long moment, il ouvrit la bouche pour dire ce qu'il avait sur le coeur. Avant, il souffla un petit coup. « J'ai mis enceinte une fille Priya. » Il s'interrompit un instant; avant de reprendre rapidement. Il avait toujours peur des réactions des gens; et parler lui semblait être le seul moyen de couper court à une quelconque réaction de leur part. « T'as beau dire tout ça Priya. Ce gosse, j'en veux pas, et j'en voudrais jamais. Peut-être que lui aussi pensait ça avant.. Et que maintenant, il pense toujours la même chose. Si ça se trouve, il se sent pas bien, et ses mots dépassent sa pensée.»

Avouer à quelqu'un qu'on connait qu'on a mis enceinte une fille, à seulement dix-sept ans, c'est dur. Même si cette personne n'était pas une personne que l'on voit tout les jours, comme Priya. Il ne la voyait que rarement, et pourtant, lui dire ces quelques mots, lui balancer un j'ai mis une fille enceinte fut assez dur. Il avait peur d'être jugé. Les gens ne comprennent pas forcément. Pour eux, à dix-sept ans, on a encore du lait derrière les oreilles. On ne sait rien faire encore. C'est limite si on n'a jamais connu l'amour. Au sens physique du terme. Les gens se cachent les yeux. Ils n'imaginent pas un seul instant que des jeunes de dix-sept ans peuvent coucher ensemble. A croire qu'ils ont même oublié leurs premières fois -ce qui est sûrement le cas; la première fois, on tente toujours de l'oublier-. Leur innocence d'adulte est touchée. Et le pire dans tout ça, c'est qu'ils ont la faculté que les jeunes n'ont pas; ils sont capables de se projeter plus ou moins vers un avenir. Pour eux, avoir un gosse à dix-huit ans est un drame. Pour eux. Pour Mattia aussi. Mais pas pour les même raisons. Les adultes pensent directement aux vingt-et-une prochaines années à s'occuper de lui, à assurer financièrement, à le mener sur la bonne voie. Lui, il voit sa carrière brisée, et son mal-être. Il ne voulait pas devenir père, et ne le pouvait pas. C'était plus fort que lui.

Quand il eut finit de balancer tout ça à la jeune femme, Mattia se tut. Son regard déviait dans la pièce, un peu comme si il la découvrait pour la toute première fois. Il avait un peur de devoir affronter Priya. Il espérait au moins qu'elle ne le blâme pas. Elle ne connaissait rien de toute l'histoire, elle n'avait donc pas à le faire. En tout cas, son silence commençait à l'énerver quelque peu. Il n'osait pourtant pas la regarder, mais aurait aimé voir sa tête. Juste pour voir si elle était dégoutée ou non. Et puis, enfin, elle réussit à retrouver de la voix. « Très bien. » Très bien? C'est tout ce qu'elle avait à dire? Il tourna la tête légèrement vers elle, et l'observa. « J'imagine, vu la tête que tu fais, que ton ex a décidé de garder son bébé. Alors, est-ce que tu penses sincèrement que le fait de ne pas vouloir de ce bébé maintenant t'excusera dans dix-huit ans si jamais il venait à se tuer à cause de toi ? ». Il avait hoché la tête doucement. Oui, son ex avait décidé de garder le bébé. Son ex. Elle avait parfaitement compris qu'ils n'étaient plus ensemble aujourd'hui, que ce petit truc avait brisé sa vie familiale, mais également sa vie sentimentale. Ella et Mattia n'existaient plus. Du moins plus ensemble.
« Il y a une grande différence entre ne pas vouloir assumer ses responsabilités envers un enfant, et de carrément le haïr à un point pareil. Le premier point, je te l'accorde, peut être compréhensible selon les cas. Pardonnable peut-être pas mais, compréhensible. Alors que le deuxième... désolée mais, non, personnellement je ne comprends pas une attitude pareille. »
Alors, elle était comme tout le monde. Elle ne comprenait pas. Certains mots résonnaient dans sa tête. Pardonnable peut-être pas. Putain, mais où est-ce qu'ils vivaient ces gens? Ils croyaient quoi? Qu'on pouvait accepter un gosse comme ça? Nan. C'est impossible! Alors, un peu énervé par toute cette histoire, par toute sa vie en général, il s'emporta, se levant d'un coup, et jetant son regard sur Priya.
« Putain mais tu comprends rien non plus! » C'était quoi leurs problèmes? N'y avait-il que lui qui ne vivait pas dans un monde de bisounours? Il avait l'impression que personne ne pouvait comprendre sa situation et celle d'Ella. Il évitait d'en parler, c'est vrai, mais les gens pouvaient au moins essayer de se mettre à leur place, non? Ella le sentait grandir en elle. Elle l'acceptait. Mais lui? Il n'y avait rien dans son ventre. Tout son monde extérieur changeait, mais pas son monde intérieur. Il se sentait spectateur de sa propre vie maintenant; il ne contrôlait plus rien.
« C'est facile de dire ça quand ça ne vous arrive pas. Ce gosse depuis qu'il a décidé de grossir dans son ventre, il n'a fait que m'emmerder. Il a déjà foutu la merde dans nos vies, j'ai pas non plus envie qu'il gâche mon avenir. » et là, par pure provocation, parce qu'il en avait marre, parce qu'il se sentait mal, mais pas parce qu'il le pensait, il lâcha des mots horribles. « Tu sais quoi? Je pourrais être comme le père de Jona plus tard. Je pourrais l'envoyer balader, lui dire qu'il compte pas pour moi, lui dire que ça m'arrangerait si il était mort!! Ca me ferait vachement de bien de lui dire ça.»

Ces mots étaient crus, terribles à entendre, et terribles à prononcer. Il ne savait pas vraiment pourquoi il disait cela. Il ne savait même pas si il en était capable. Sûrement pas. Il avait bien trop souvent entendu ces mots murmurés sur lui pour un jour oser les répéter, et il avait bien vu les dégats causés chez Jona. Mais la fatigue, les émotions, le stress, et la peur venaient de se mélanger, et venaient créer un méli-mélo de sentiments. Il ne pensait pas ce qu'il venait de dire. Il venait juste de les balancer par provocation.

A voir l'indienne, Mattia se serait douté qu'elle avait le sang chaud. Ca se ressentait. Mais jamais, il n'aurait pensé un jour, l'énerver -parce que c'était un peu ce qu'elle ressentait- autant. Il faut dire qu'il s'était bien énervé, lui aussi. Balançant des « putain », et hurlant des atrocités. Bien sûr, il ne pensait pas en être capable. Il était capable de lui en vouloir, oui. Mais sûrement incapable de balancer à un gamin qu'il aurait préféré qu'il crève. Mais parce qu'elle ne le comprenait pas, parce que personne ne le comprenait, et parce que tout ces sentiments faisant un sacré melting-pot, il s'était senti défaillir. « Je risque de paraître rude et peut-être même tout aussi stupide que tous les autres mais, et pardonnes-le moi, je suis un peu obligée à te répondre maintenant. » Debout, à deux mètres d'elle, il l'observa. Ses yeux rivés sur elle, lui lançant encore quelques regards noirs, il l'entendit se racler la gorge. Elle ouvrit de nouveau la bouche, et le ton proposé contrastait avec ce qu'elle venait de dire. Elle parlait d'une voix inhabituellement calme, et douce. « S’il y a bien une personne ici qui ne comprend rien du tout, c’est toi. Tu ne comprends pas à quel point tu es idiot en disant ça, à quel point tu es égoïste, et surtout, à quel point tu es un hypocrite. ». Idiot. Egoiste. Hypocrite. Il entendit tous ces mots, mais il secouait la tete doucement. De gauche à droite. Comme si il ne croyait pas ce qu'elle disait. Même si au fond de lui, il savait qu'elle avait raison. Il était égoiste, peut-être un peu hypocrite, mais peu idiot. Il avait conscience de tout cela. Il avait conscience que sa vie avait changé, et il avait tout fait pour ne pas que ça change justement.« Tu prétends compatir avec Jona, haïr son père pour te le mal qu'il lui fait, mais, te voilà quand même à dire que tu es capable de faire pareil, avec un autre bébé, une future Jona. Alors dis-moi franchement, Monsieur je comprends tout à la vie, penses-tu vraiment ce que tu es en train de dire et oserais-tu en fait dire à Jona dans sa gueule ? Lui dire, Jona, je comprends ton père, parce que peut-être il était comme moi à l'époque. Et ce n'est pas grave. C'est totalement justifié qu'il te dise d'aller te faire voir, parce qu'il n'a jamais voulu de toi ! ».

Le tout nouveau tennisman cessa de regarder l'indienne, et fit quelques pas dans la pièce, cherchant à se calmer. Ca le faisait bouillir d'entendre ça, d'entendre cette reformulation de ses propres paroles dans la bouche d'une presque inconnue. De quelqu'un qui ne savait rien de rien de sa vie. Mais de quelqu'un qui savait qu'il allait trop loin. Parce que ouais, il allait trop loin. Il soutenait Jona, il haïssait son père, mais il allait finir par faire la même chose. Il allait finir par devenir aussi horrible que lui. Et bien sûr que non, il n'irait jamais lui avouer ça. Lui dire 'Jona, je comprends ton père'. Elle le tuerait. Il se tuerait lui-même d'ailleurs. « Et maintenant, tu peux réellement me dire ce que ce gosse, qui n'est même pas encore né, a pu te faire de si détestable ? » Il a tout foutu en l'air putain! C'était si dur à comprendre? « Je vois que tu as encore tous tes membres, que tu es en bonne santé, que tu continues à pratiquer ton tennis. Alors, que veux-tu de plus ? Baiser tout ce qui te passe à côté sans te soucier des conséquences pour qu'à la fin tu remettes toute la faute sur la fille, ou pire encore, sur un être qui n'est même pas encore né. C'est ça ? ». En l'entendant dire ces derniers mots, Mattia s'arrêta net et lui lança un regard noir. Putain mais qu'est-ce qu'elle croyait? Qu'il était si idiot? Qu'il n'y avait que baiser qui l'intéressait? Qu'il s'en fichait qu'Ella soit dans la merde à cause de lui? Qu'il se foutait royalement des autres, mais qu'il n'en avait que pour sa gueule? Mais n'importe quoi !!

Parce qu'elle venait de le piquer au plus vif, Mattia ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche, et de lui répondre. Sa voix était toute sauf calme. Il ne réussissait pas à se maitriser. « Ouais, j'ai de la chance, j'ai tout mes membres, je suis en bonne santé, et je suis au tennis. Mais tu veux que je te dise? Ca n'aurait pas du finir comme ça. Je ne devrais même pas être là à l'heure actuelle. Tu sais pourquoi? Parce que j'ai mis enceinte une fille et parce que je me suis battu avec quelqu'un à propos de ça. Je me suis retrouvé avec des bleus sur le visage. Un prof du lycée s'est inquiété et à alerter des gens. On m'a retiré de ma famille! Et tu veux savoir pourquoi? Parce qu'on a accusé mon beau-père de m'avoir frappé parce que j'avais mis une fille enceinte! Ils se foutaient complètement de ce que je disais. J'ai faillit tout perdre à cause de ça ! Tout !! Même le tennis ! » Pendant qu'il disait tout ça -ou plutôt criait-, Mattia faisait des grands gestes. C'était comme ça qu'il extériorisait sa colère. En faisant de grands gestes. En frappant dans une balle. En frappant contre un mur. Quand il était énervé, il avait besoin de bouger.

Mais n'empêche qu'hurler de la sorte lui faisait du bien. Il se sentait plus serein, un peu plus calme. Regardant Priya, il laissa échapper encore quelques mots. « Si je suis ici, encore à Arrowsic, c'est juste grâce à Ashton. Je devais aller vivre à Portland, dans un foyer pour mineurs. Il a décidé de prendre ma garde, pour pas voir mon rêve de joueur de tennis se briser. » Cette fois, sa voix était plus posée, beaucoup plus sereine. Petit à petit sa colère descendait. Il secoua un instant la tête, avant de poser de nouveau ses fesses sur un fauteuil. Il admirait Ashton. Il ne savait pas pourquoi il avait balancé tout ça. Elle devait rien en avoir à faire. Mais ça avait été plus fort que lui. De toute façon, il savait qu'un jour ou l'autre, il craquerait et raconterait tout. Là, il ne racontait rien. Il mentait encore, prétextant que c'était des conneries, qu'on accusait à tord son beau-père. Mais au moins, il en parlait un peu.
Posant son coude sur le bras du fauteuil, il repensa à ce qu'il avait osé dire sur ce gamin. L'accuser de tout son malheur. Il passa sa main sur sa tête, et d'une voix beaucoup plus calme, il ajouta encore quelques mots, tout en regardant Priya. « Alors, ouais, j'y peux rien, j'en veux à ce gamin. Parce que jusqu'à avant sa conception, tout allait bien. Et à partir du moment où il s'est retrouvé dans le ventre de mon ex, tout a dérapé.. Je peux rien y faire, c'est comme ça.»

Tout ce qu'il balançait, criant au nez de la jeune indienne, lui faisait un bien fou. Il se sentait de plus en plus léger, libéré d'un tel poids. C'était souvent ça le soucis avec lui. Ethan, son psy, le lui avait maintes fois démontré. Il ne parlait pas. Il n'osait pas dire ce qui le chagrinait. Il était capable de parler pendant des heures de conneries, de jeu, de tennis, de série, mais il était incapable de parler de son passé. Pour lui, oser mettre des mots sur ce qui était passé, c'était comme le faire revivre au présent. Or le passé était le passé; c'était révolu. Il y pensait, souvent. Il avait l'impression que chacun de ses gestes, chacun de ses mots étaient dicté par le passé. Ca l'avait forgé. Son cerveau lui renvoyait sans cesse des brides de son enfance heureuse ou de son adolescence désastreuse, mais quant à mettre des mots dessus, et le raconter, c'était dur. Seule Ella avait un jour réussit. Même à Ashton, il n'osait rien dire. Là, il faisait un minimum d'effort, comme il l'avait fait avec Ashton, mais il ne pouvait pas tout dire non plus. Pas la vérité. Mais même dire la vérité arrangée à sa façon, ça lui faisait du bien. Il se libérait d'un fardeau. Qui plus est, crier lui cassait la voix. Crier lui permettait aussi de se libérer.

Assis sur ce fauteuil, se tenant la tête dans sa main, il observa Priya. Il avait beaucoup parlé. Elle ne l'avait pas interrompu; il l'en remerciait. Il n'arrivait même pas à décrypter sur son visage ce qu'elle pensait. Elle semblait stoique, incapable de montrer la moindre parcelle de ses pensées. Et pourtant, d'une voix beaucoup plus calme que lui, elle prit la parole. « C’est bien triste tout ça. Crois-moi, c’est certainement dur pour un enfant de dix-sept ans de vivre tout ça. ». Un enfant.. En temps normal, si quelqu'un lui avait dit ce mot, il n'aurait guère apprécié, mais là. Là, ouais, il avait l'impression d'être un gosse. Un gosse à qui on avait arraché son père, et des années après sa mère. A dix-sept ans, il était plus que triste de ne plus voir sa mère. Il était peut-être l'un des rares lycéens à penser ça. Même malgré sa crise d'ado. « Mais, honnêtement, est-ce que tu t’entends parler ? Est-ce que t’as déjà pris ne serait-ce que cinq petites minutes pour déchiffrer tout ce que tu es entrain de dire ? Je ne le pense pas. Si c’était le cas tu réaliseras toi-même à quel point tu es stupide. Désolée de le dire comme ça mais, tu l’es. » Etre stupide? Si elle le voulait. Si ça lui faisait plaisir. Il préférait se faire traiter de stupide que de prendre son rôle de père! « Tu es stupide parce que tu t’es décidé à te fourrer cette idée en tête, le haïr pour la simple raison que tu as associé son existence à une possibilité. Tu l’as dit toi-même, tu as faillis tout perdre. FAILLI. Il y a une large différence entre ce qui a pu arriver et ce qui est réellement arrivé et malheureusement pour toi, tu as pris la décision de ne prendre en compte que le premier. Alors, non, ne me dit pas que tu as tes raisons, parce que tu en as pas au fond. Ça aurait pu être crédible si effectivement cette grossesse t’a anéanti, mais, ce n’est pas le cas. Tu n’as pas raison de le haïr, tout comme le père de Jona n’a pas raison de rendre sa vie misérable. ». Et là, elle se tut. Observant l'indienne, Mattia ne put s'empêcher de répondre à ces propos. Il avait des choses à dire; Beaucoup de choses. Mais il commençait lui-même à sa fatiguer par tout ça. Il en avait marre de se justifier; encore et encore. Il se sentait comme un coupable à qui on faisait le procès. Obligé de parler pour éviter la peine de mort.

Secouant doucement la tête, Mattia répliqua donc, cette fois d'une voix beaucoup plus calme. A croire que Priya avait réussi à le calmer. « T'as peut-être raison. Je me focalise trop sur le fait que j'ai faillit perdre certaines choses, mais dans cette histoire, j'ai pas fait que faillir. J'ai perdu certaines choses. » Une chose surtout. Le reste, il s'en fichait. Que son beau-père soit accusé ne le dérangeait pas; il n'avouait seulement pas pour une seule et bonne raison. Il voulait retourner vivre avec eux. Aussi irréel que cela puisse paraître. Pour être auprès de sa mère. Même bourrée et droguée aux médicaments, il voulait être auprès d'elle. Pour pas qu'elle souffre. Pour pas qu'elle devienne à son tour un punching-ball. Secouant une dernière fois la tête, Mattia continua. « Je préférerais qu'on arrête d'en parler. » Il voulait clore le sujet. Pour lui c'était fini. Il n'écouterait plus ce qu'elle dirait. Il se tairait. Il ferait la sourde-oreille.

Parce que Priya s'était donnée beaucoup de mal. Parce que malgré son coup de gueule, il était heureux qu'elle soit venue. Parce qu'il voulait quand même la remercier de ne pas l'avoir 'trop' jugé. Mattia finit par mettre ses fesses su le bord du fauteuil. Il se pencha alors et attrapa les plaquettes de chocolat qu'elle avait eu le bonheur de lui offrir. « Tu veux du chocolat? » lui dit-il, lui tendant les plaquettes, avec un petit sourire sur ses lèvres. Non, il n'était pas rancunier du tout.

Pour Mattia, toute cette histoire n'avait à ses yeux fait que l'emmerder. Il avait eu beaucoup de mal, et n'avait peut-être même pas totalement accepté tout ce qui s'était passé. Et si Jona et lui s'étaient lancés de défi fou de conduire ce bolide, c'est parce qu'il y avait une raison derrière. Jona voulait en finir, et tentait par tous les moyens de mettre sa vie en danger. Elle aussi, bien que souriant souvent, n'allait pas bien. Elle aurait aimé avoir un père, un père qui soit là pour elle, mais n'avait qu'un beau-père qu'elle détestait. Son père ne voulait pas la voir. Son père n'en avait rien à faire d'elle. Il préférait cent fois s'occuper de sa petite vie d'acteur que de faire un effort pour elle. Pour Mattia, c'était aussi son histoire familiale qui l'avait poussé à accepter de prendre le volant. Parce qu'il en avait marre, parce qu'il se sentait complètement perdu, sans plus aucun repère, il avait faillit se tuer. Avec elle. Si jamais il était arrivé quelque chose à Jona, jamais il ne s'en serait remis. Même si c'était elle qui conduisait.
Ils avaient été bêtes à l'époque. Débiles, mais incroyablement paumés. Mattia n'en avait rien à faire de sa vie; il voulait tout envoyer valser, et retourner avec eux. Comme là. Comme aujourd'hui. Ca, ça n'avait pas changé. Hormis qu'il avait compris qu'il n'était pas seul. Il n'y avait pas Mattia contre sa famille. Il y avait maintenant, Mattia, et Ashton. Mais même si Ashton était là, à ses côtés, il rêvait encore de partir et de retrouver sa chambre et même son bourreau. Il serait capable de revenir dormir sous le même toit, quitte à se prendre des coups pour des conneries, quitte à pleurer encore. Mais au moins là-bas, si il était près de lui, il saurait que sa mère allait bien. « C’est la vie Mattia. A un moment ou un autre, on perd certaines choses. La seule question qui devrait se poser quand ça arrive n’est pas, à cause de qui, mais, plutôt que peut-on faire pour avancer sans ?. C’est dur, vraiment, mais, c’est la seule façon de surmonter toute perte. ». Que peut-on faire pour avancer sans? Que peut-on fait pour empêcher sa mère de devenir à son tour un punching-ball? C'était ça la question. Pour ça, il fallait peut-être qu'il dise tout haut ce qui l'effrayait. Mais ça, ça n'était pas possible.

Mattia haussa les épaules. Peut-être avait-elle raison. Mais c'était bien trop dur de se dire ça. De se demander comment faire pour vivre sans. Parce que là, si Ashton n'était pas là, si Ella n'était pas là, il se sentirait orphelin. Alors, pour lui, remettre toute la faute sur ce bébé, sur l'origine de son malheur, c'était bien plus facile. Parce qu'après tout, c'était à partir du moment qu'il avait grandit dans le ventre d'Ella que tout avait commencé. Que sa vie avait décliné. Que toutes ces emmerdes étaient arrivées.
Préférant changer de sujet, Mattia lui dit qu'il voulait arrêter d'en parler. Point final. Qu'il arrête de l'écouter, elle et ses manies de lui faire creuser le cerveau. « D’accord. Comme tu veux. » Un sourire ornait ses lèvres. Le sourire de l'indienne lui fit alors penser à un autre indien. Il était psychologue, et devait sans doute savoir trouver les mots pour faire réagir les gens -ceci dit, il l'imaginait comme ça, vu que lui-même n'avait jamais mis les pieds chez lui-. Souriant à son tour, il se dit qu'il devrait un jour les présenter l'un à l'autre. Ils devraient bien s'entendre, Priya et Imran.
Sur ce, il lui proposa du chocolat. « Avec plaisir. ». L'indienne était gourmande. Elle piocha dans le paquet. « Ceci dit, je pense qu’il est grand temps que je te laisse un peu tranquille, ne penses-tu pas ? » Ses yeux se posèrent sur elle. Il lui fit un petit sourire. Oui, si elle voulait. Il était épuisé. Elle l'avait épuisé. Avec tout ce qu'elle avait dit, tout ce qu'elle avait osé lui dire, son cerveau bouillonait. Il se posait beaucoup de questions maintenant. Comme quoi, lui faire la morale n'avait peut-être pas servi à rien. Piochant à son tour pour prendre du chocolat, il lui fit un sourire. « Comme tu veux. » Il se releva alors, remontant discrètement son pantalon, et descendant son pull. Il enfouissa alors ses mains dans la poche sur l'avant de son pull. « En tout cas, merci pour tout..ça. » fit-il en pointant tout ce qu'elle lui avait apporté. La coupure entre le tout et le ça n'était pas si anodine. Il voulait la remercier aussi pour tout ce qu'elle lui avait dit, pour tout les mots qui l'avaient heurté, et qui, à ce moment-là ne cessaient pas de torturer son esprit. Un sourire se dessina sur son visage, et il ajouta. « et merci de t'occuper de Jona. »

Il ressortit alors une main de sa poche, et attrapa encore un morceau de chocolat. Ce morceau fut trop gros pour qu'il réussisse à le fourrer dans sa poche. Il le coupa alors, et en mit un morceau en bouche. Il le dégusta, puis, repensant à ce qu'il se disait tout à l'heure, il finit par lui dire « La prochaine fois que tu viens, préviens-moi, j'aimerais bien te présenter quelqu'un.. » Ah oui! Il en était certain ! Priya et Imran étaient fait l'un pour l'autre!

Il n'existe pas de plus grand bonheur que de rendre visite à l'improviste à un bon ami.


Elle se doutait bien que Mattia n’allait pas songer à la retenir. En même temps son, « Comme tu veux. », était tout à fait prévisible et compréhensible. D'un côté, c'était Priya qui avait évoqué l'idée de partir. La brunette avait d'autres choses à faire et le but de sa visite était accompli ; prendre les nouvelles de Mattia. En réalité, elle a fait plus que simplement prendre de ses nouvelles, elle a même eu l'occasion de lui faire la morale d'une certaine façon, et de lui remettre les idées en têtes. Du moins, espérait-elle. D'un autre côté, ils avaient tellement parlé -du moins elle, le jeune lycéen avait surtout gueulé pendant un moment- qu'il était grand temps de mettre un terme à cette discussion. Se levant à son tour, la belle suivi Mattia du regard, toute souriante face à ses remerciements. Elle n'avait pas besoin de lui répondre tout de même, hein ? Il savait bien que c'était inutile de la remercier. Ce n'est pas comme-ci elle avait fait l'effort d'aller cueillir les fruits de ses propres mains. N'exagérons pas les choses. « De rien. Éclate-toi avec. », se contenta-t-elle de dire, sans rien rajouter d'autre concernant et les fruits, et le chocolat. Honnêtement, elle risquait surtout de tout lui piquer si elle continuait à y penser. Le chocolat qu'elle avait dégusté était si succulent et nous savons tous que le chocolat, c'est la vie ! La magie de la vie !.

« et merci de t'occuper de Jona. », encore une chose qui ne nécessitait point de remerciements. L'indienne ne s'attendait réellement à rien en retour de ce qu'elle faisait, elle avait tout simplement écouté son cri de désespoir, et elle tente du mieux qu'elle peut de lui venir en aide. Ah, cette fichue habitude d'aider les autres, elle était tellement forte qu'elle en devenait dérangeant parfois pour la belle. Espérant que ça ne sera pas le cas cette fois-ci, avec Jona !. « Inutile de me remercier. J'espère au moins arriver à l'aider un jour... ».

Lui affichant un dernier sourire, Priya attrapa son sac pour finalement se diriger vers la porte. C’est à lors que Mattia attira son attention en disant, « La prochaine fois que tu viens, préviens-moi, j'aimerais bien te présenter quelqu'un.. ». S'arrêtant net, la jeune femme le fixa du regard un petit moment. Elle n'avait pas de pouvoirs surnaturelle, elle n'était ni médium ni mentaliste mais, son air, son intonation et son regard ne lui inspirait pas confiance ! Comment expliquerait-elle cette sensation ? Elle avait tout simplement l'impression de voir un membre de sa famille éloignée face à elle. Ces personnes qu'elle évitait comme la peste pour la simple raison que chacun d'entre eux essayer de l'accoupler avec un homme... Comme-ci Priya ne pouvait exister qu'à travers un homme, que pour se mettre en couple avec... Elle espérait réellement que ce n'était pas le cas de Mattia. Qu'il n'avait pas eu la malheureuse idée de jouer à l'agent matrimonial avec elle... « Si je te demande pourquoi faire, tu ne me répondras certainement pas ! Enfin bref, je verrais bien d'ici là. A la prochaine et prends soin de toi, petit. ».

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