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 இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel)

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MessageSujet: இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel)   இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel) EmptyDim 18 Nov - 20:38

shut the door, turn the light off. i wanna be with you.
Des cliquetis. Encore et toujours des cliquetis. Certes ponctués de bips et d’autres sons semblables s’échappant des machines présentes dans la pièce. Mais surtout des cliquetis. Tout dépendait des ces foutus cliquetis. Ma vie était au bout d’un fil. Un fil mince, transparent même, un fil qui menaçait d’être rompu et d’emporter mon existence avec lui. De m’emporter, moi. Tout ce que j’étais dépendait de ces putains cliquetis. Mon passé, mon présent, mon avenir. Mon passé parce qu’un simple cliquetis de travers pourrait le rendre sans signification aucune. L’effacer comme une poussière qui traînerait sur le buffet et qu’on ferait disparaître d’un coup de plumeau. Mon présent parce que même maintenant, je n’étais plus réellement vivant. Je n’étais plus en état de conscience, et mon inconscient était ravagé par les doutes, la peur. La peur de dire au revoir à mes parents, à Marlon, Stan, Ken même à Dan. À Adriel. Mon inconscient ne pouvait se faire à l’idée même de lui dire adieu. De le laisser seul dans ce monde, de l’abandonner. Il avait besoin de moi, mon inconscient en était sûr et j’avais besoin de lui aussi. Du moins, c’est ce que pensait le fond de mon esprit vu que j’avais trop de morphine et autres anesthésiants dans le sang pour encore penser à quoi que ce soit. Mon avenir parce que tous mes projets, tous mes rêves, toutes mes ambitions s’envoleraient en fumée comme si le battement d’aile d‘un papillon suffirait à le balayer. Mon subconscient était voilé de tristesse, mes pensées que je ne maitrisais pas étaient mélancoliquement douloureuses. Le pire de cette histoire, c’est que je n’avais même pas conscience de ces pensées. Tout ce que je savais, c’est qu’à mon réveil — si toutefois je me réveillais — le fantôme de ces états d’âmes planerait quelques brefs instants avant de bien vite se disperser pour laisser place à mon optimisme habituel. En espérant que je ne subirais aucune complication. Enfin, inutile de déjà se prendre la tête avec de potentielles difficultés alors que je n’étais même pas encore de retour dans le monde qui m’entourait.

Je clignai des yeux et regardai autour de moi. C’était une chambre d’hôpital, tout ce qu’il y avait de plus normal. De la peinture blanche impersonnelle aux murs, des armoires vides aux portes peu fiables pour ceux qui restaient un moment, de grandes fenêtres qui pouvaient basculer et venir soulager nos accès de chaleur, des machines qui faisaient toutes sortes de bruits ayant chacun leur signification, un grand néon qui éblouissait par sa lumière trop blanche et un lit une place, pas des plus confortables, aux draps blancs et immaculés recouvrant un corps. Mon corps. D’ailleurs, pourquoi le voyais-je ? J’étais plutôt censé voir le mur devant lequel je me tenais… HOMAGAD. Je suis hors de mon corps mais c’est trop chelou ! Comment ça se fait que je me vois sans être dans mon corps ? Pourquoi j’étais debout là, au milieu de ma chambre et pas allongé dans mon lit… dans mon corps. Dafuq. J’avais l’impression d’être dans cet épisode d’Hannah Montana où Miley a un accident de ski, qu’elle va à l’hôpital et qu’elle se voyait hors de son corps pendant que tous ses amis allaient et venaient dans sa chambre, et vous savez pourquoi j’avais cette impression ? Parce que c’était EXACTEMENT ce qu’il m’arrivait. C’était réellement vraiment très, très flippant. Enfin, j’avais juste personne qui déambulait dans ma cham– Bon, j’avais parlé (enfin pensé) trop vite parce qu’à peine cette idée était-elle apparue dans mon esprit que la porte de ma chambre s’ouvrit et HO MON ADRIEL ! Il venait me rendre visite. J’étais content. Je voulus le prendre dans mes bras mais il traça jusqu’à mon lit et me passa à travers. Ouais Maxéis, tu n’es plus dans ton corps n’oublie pas. C’était trop étrange. Je me retournai et le vit assis sur mon lit.

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MessageSujet: Re: இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel)   இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel) EmptyLun 19 Nov - 13:09




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Je n’avais pas réussi à me concentrer en cours suffisamment aujourd’hui. Les profs parlaient, parlaient, sans s’arrêter, et j’avais l’impression que toute ma journée n’avait été qu’une suite de discours qui m’entraient dans une oreille pour sortir par l’autre. Maxéis se faisait opérer, je ne cessais de me dire qu’au moment où j’écrivais le cours, il était peut-être en train de mourir sur la table d’hôpital. Cette idée m’était insupportable, et je m’éloignais des autres encore plus que d’habitude, ne voulant pas les déranger par mon attitude fataliste. Oh, je savais qu’il y avait de grandes chances pour qu’il s’en sorte, mais et si il ne se réveillait pas ? Et si je le perdais ? Je ne pouvais pas me faire à cette idée, je ne voulais même pas y penser, tellement elle me faisait mal. Une douleur presque physique, insupportable, un stress permanent et des ongles bouffés, voilà ce que je récoltais à la fin de cette journée. Qui plus était, je suis allé travailler jusque 23 heures, merci les nocturnes du Starbucks. J’avais pas la tête à ça, et comme d’habitude, je n’avais cessé de me faire engueuler. Foutu boulot, foutues études, foutue vie qui ne m’apportait rien, je me sentais vide de sens. Ma seule motivation fut de rentrer le plus vite possible chez Max, et trouver ses parents qui me diraient qu’il s’en était sorti, qu’il allait bien, et qu’il m’attendait. J’ai presque couru jusqu’à l’accueillante maison, et en poussant la porte, je me sentais presque optimiste. Mais ma fausse joie retomba quand un silence de mort m’accueillit, un silence qui ne présageait rien de bon. Les parents de Maxéis étaient dans le salon, fixant le poste de télévision. Eteint. « Euh… Bonsoir… » J’avais l’impression de déranger, l’impression de ne pas être à ma place, mais je devais savoir, c’était plus fort que moi, je devais leur demander. Sophie releva la tête et me sourit, un sourire triste, forcé. Quelque chose n’allait pas. « Bonsoir mon chéri. » me dit-elle en français avant de me faire signe de m’asseoir à côté d’eux. George me sourit à son tour, mais tout cela sonnait tellement faux, je voyais bien qu’ils ne voulaient pas m’inquiéter, qu’ils faisaient comme si de rien n’était, mais cela ne faisait que me stresser encore plus. Je ne pouvais pas attendre, je devais savoir. « Maxéis… Il s’est... Il s’est réveillé, n’est-ce pas ? » S’il vous plait. Dites-moi oui. Juste oui. J’avais besoin de l’entendre, d’être rassuré. Si jamais la réponse était négative, je… Je ne voulais même pas imaginer, je ne voyais pas ma vie sans lui. George et Sophie se regardèrent tristement, je n’eut même pas besoin d’entendre la réponse, je savais déjà ce qu’ils diraient, mais la partie la plus débile de moi garda espoir. La même partie qui fut calmée, ce jour où il m’avait promis qu’il s’en sortirait. Cette partie de moi totalement stupide qui avait gardé les espoirs et les rêves d’un gamin de huit ans. « Et bien… En fait, euh… » George cherchait ses mots, et je priais intérieurement. Faites qu’il soit vivant, au moins vivant. « Il ne s’est pas encore réveillé. Il aurait dû, il y a de cela plusieurs heures, mais les médecins nous ont dit qu’il y avait eu des complications… Et pour l’instant, il est plongé dans une sorte de coma… Nous ne savons pas encore si il va s’en sortir ou si il va… Si il va… » George n’eut pas le courage de finir sa phrase, et sa femme renifla discrètement. Je ne savais si je devais me sentir soulagé ou plus inquiet encore. Maxéis, dans le coma. Entre la vie et la mort. En suspension. C’était le jeu du hasard. Non, ça ne pouvait pas arriver, putain… « Je… Je veux aller le voir. » Je me suis levé, déterminé. Je ne savais même pas pourquoi j’avais décidé ça, c’était l’instinct qui parlait, le sentiment que, peut-être, je pourrai faire quelque chose. Je ne savais pas quoi, mais je voulais le voir, je devais le voir, j’en avais besoin… Je savais que cela n’allait rien changer, mais tant pis. Tout ce que je voulais à présent, c’était savoir Maxéis en vie, et peut être qu’il se réveillerait… Avec de la chance. C’est dingue ce que cette connerie appelée l’espoir peut vous pousser à vous faire faire. « Les visites sont interdites après 22 heures, mon chéri. » me répondit Sophie avec une pointe de tristesse dans la voix. J’avais l’impression que tout s’écroulait. Si c’était la dernière chance, pour moi, de le voir ? Si il mourrait demain sans que j’aie pu rien faire, sans que j’ai pu lui dire au revoir ? Je ne pouvais pas accepter ça.. « Oh… Bon, bien… » Je tentai de ravaler une conne de larme qui menaçait dangereusement de monter, et tournai les talons, vite. Inutile d’ajouter de la tristesse à celle des parents de Maxéis. Les marches craquèrent sous ma hâte de m’enfermer dans ma chambre. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Je détestais ma vie à cet instant, j’avais envie de tout balancer par terre, putain ! Maxéis allait mourir, il était dans ce coma de mes deux et moi j’étais impuissant, je devais me contenter de rester là, dans cette pièce, à tourner en rond. C’était criminel. J’avais l’impression de laisser mourir Maxéis. Je m’assis sur le lit, ma tête entre les mains. C’était pas possible, pas possible. J’avais besoin de le voir, au moins de l’apercevoir, de savoir qu’il était en vie, mais le sort était contre moi, et la part d’espoir en moi diminuait peu à peu. Il allait y passer, il allait crever dans cet hôpital et je n’aurai rien pu faire, et je n’allais pas y survivre. Parce que ma vie sans Maxéis n’était pas digne d’être vécue. Je le savais, je le sentais dans toutes les fibres de mon corps, et voilà que je pleurais à nouveau. Je pleurais, et je n’avais même pas la force d’arrêter mes larmes. A quoi bon ? Tout était futile. Trois coups se firent entendre à la porte, je haussai les sourcils. « Euh, entrez ? » J’ai essuyé à la va-vite les larmes qui coulaient sur mes joues alors que George entrait dans la pièce, hors de question de pleurer, je ne devais pas pleurer, je ne le voulais pas, pas devant lui. Je ne devais pas en rajouter. Il fit mine de ne rien remarquer, mais je le savais, il avait bien vu que je chialais comme un vieux débris… Tant pis. Un sourire complice éclaira le visage du père de mon meilleur ami, alors qu’il tenait un bout de papier à la main. « Ne crois pas que je te pousse à la délinquance, mais je pense que c’est nécessaire. » Il me tendit le papier, mais j’étais trop interloqué pour ne serait-ce que tendre la main. Le temps que tout cela arrive au cerveau, le papier était posé sur le lit à côté de moi, et George était sorti, fermant la porte derrière lui. Je soupirai, tournant la tête pour lire. Ma vision étant encore un peu brouillée par les larmes, j’essuyai mes yeux avec mes mains et déchiffrai l’écriture penchée du père de Max. « Chambre 204, service de cancérologie. »
A peine quelques minutes plus tard, je courrais dans la rue à perdre haleine, comme s’il n’y avait plus une seconde à perdre. J’avais l’impression que les premières étoiles se montrant dans le ciel au-dessus de moi me disaient « Plus vite, plus vite, il est peut-être même déjà mort à l’heure qu’il est. » Ou alors l’inquiétude me faisait complètement délirer. Je n’avais même pas pris la peine de mettre un manteau et le froid d’octobre m’assaillait, me transperçait, sans que j’y fasse attention. Toutes mes pensées étaient centrées sur Maxéis, Maxéis et sa mort probable, Maxéis que je devais voir à tout prix. Je retombais à l’âge de mes cinq ans, quand nous nous lancions des paris stupides avec les autres. Si tu sautes jusqu’à l’arbre, la maîtresse ne sera pas là demain. Si tu gagnes aux billes, ta mère te fera des cookies. Si tu cours assez vite, Maxéis s’en sortira… Les bâtiments froids et hauts de l’hôpital se dressèrent devant moi, et je ne pus réprimer un frisson de dégoût. Le même hôpital où ma mère était morte, plus de deux ans auparavant. Il n’avait pas changé, et les souvenirs m’assaillaient. Les tubes, les électrocardiogrammes. Tous ces docteurs à la mine blasée, ces infirmières s’efforçant d’être aimables, alors que mon père et moi nous serions fébrilement la main dans la salle d’attente. L’annonce, quelques mots prononcés, des pleurs, ma mère sous un drap, la fin, les larmes, l’impuissance. J’avais évité cette rue depuis ce jour, la peur de me rappeler étant trop forte. Et tout me revenait en bloc, tout ce que j’avais voulu oublier. Je fis un pas en arrière. Je ne pouvais pas entrer, pas encore… Mais un nom me revint. Maxéis. Je ne pouvais pas faire demi-tour. Il avait besoin de moi, et j’avais encore plus besoin de lui. Si il mourrait à cet instant même, alors que j’hésitais comme une girouette ? Cette pensée fit avancer mes jambes toutes seules en direction de l’entrée. Les portes étaient encore ouvertes, sans doute pour certains médecins finissant leur travail. Je me glissai à travers une porte débouchant sur le hall. Tout, ou presque, était éteint. La fille de l’accueil n’était pas là. Je n’avais pas besoin de regarder le panneau m’indiquant le plan des étages. Service des cancers, 4ème. J’y étais allé tellement de fois. Me faisant le plus discret possible, je ne pris pas le risque de prendre l’ascenseur. Si jamais je me faisais mettre à la porte, c’en était fini et je savais que je ne pourrai plus revenir, et abandonner l’espoir de voir Maxéis. Les marches n’en finissaient plus de monter, et je faisais le plus vite que je pouvais. Le panneau 4 se pointa enfin devant mes yeux. Vite, vite, plus vite. Je courus jusqu’à la porte, 200, 201, 203, enfin… Une infirmière passa à ce moment-là, et je n’eus pas le réflexe de me cacher. De toute façon, je n’avais rien pour à proximité. J’étais sans défense. « Hé vous, jeune homme ! » elle trottina dans ma direction, et je regardai de tous côtés. Non, pas si près du but… « Les visites sont interdites, il est trop tard. » « Non, je… Vous ne comprenez pas… » Je bégayais, ne sachant quoi dire. C’est vrai, j’étais en tort, je n’avais pas le droit d’être ici. Mais je devais le voir, je ne pouvais pas faire autrement. J’avais l’impression que ma vie en dépendait. « Tout ce que je demande, c’est quelques minutes, s’il vous plait, je… Je ne le dirai à personne. » Je pris ma mine la plus innocente, histoire d’inspirer confiance à cette bonne femme un peu trop serrée dans sa robe blanche. J’étais prêt à tout, elle pouvait me barrer le passage, ben je foncerai dans le tas. « Je dois voir mon… Mon ami. » L’infirmière sembla scruter mon expression, puis haussa les sourcils. « Votre ami, hein ? » un mince sourire s’éclaira sur son visage. Euh, j’avais un truc sur la figure ? Ou alors l’amour que je portais à Maxéis était si fort qu’il se lisait sur ma gueule ? Oh merde, si c’était la deuxième solution, je devais faire gaffe, déjà que Marlon avait des soupçons (il ne trompait personne, soyons sérieux). Je ne voulais pas que cela se sache. Parce que je ne voulais pas passer pour le pauvre type qui espérait. Je n’avais aucun espoir quant à lui et moi, je m’y étais habitué. L’infirmière posa une main sur mon épaule. « Bon, vas-y. Mais tu fais discret hein, t’es vraiment pas censé… » « OH MERCI ! MERCI MERCI MERCI ! » Ok je venais de péter un câble, tellement que j’ai serré l’infirmière dans mes bras. Ok cette femme méritait une statue, un temple, tout, aaaah, mon dieu. Mon cœur se détendit un peu, et se serra à nouveau quand je vis la porte de la chambre 204. Les battements se firent de plus en plus forts, de plus en plus rapides. J’avais peur, en un sens, de ce que je trouverai. J’avais peur de voir Maxéis froid, raide. Mort… Maxéis mort… Je secouai la tête pour faire partir ces pensées horribles, et tournai la poignée de la porte. Je continuais à prier pour que le mec que j’aimais s’en sorte. Pitié Jésus, Marie, Joseph et tout le bordel, si vous m’aimez un touuuut petit peu, sortez le de là. J’aurais fait n’importe quoi, juste pour qu’il aille bien. N’importe quelle connerie. Une grande expiration, et j’entrai finalement dans la chambre accueillant mon Maxéis. Oui, le mien. Même si il ne le savait pas. Le spectacle qui s’offrit à moi me serra les entrailles. Maxéis était allongé sur son lit d’hôpital, les yeux fermés, des tubes dans son bras. Il avait l’air si fragile et paisible en même temps, et même après une opération il demeurait beau… Mais qu’est-ce que j’étais là à me dire qu’il était beau alors qu’il était en train de crever ? Je servais à rien, décidément. Mon sang ne fit qu’un tour et je fonçai jusqu’au lit, m’asseyant à côté de Max, inconscient. Je ne savais pas quoi faire, je ne savais plus rien. Je voulais juste qu’il se réveille. Des bips émettaient de l’électrocardiogramme, ces petits bips qui sans prévenir pouvaient se transformer en un seul long bruit, qui signifieraient à la fois la fin de la vie de Maxéis, à la fois la fin de la mienne. Parce que je ne pouvais pas vivre sans lui, c’était indéniable. J’avais peur, terriblement peur, je n’avais jamais été aussi inquiet de toute ma vie. « Max… » Ma main saisit la sienne. Elle ne répondit pas à la pression, elle était molle. Sans vie. Lui-même semblait être sans vie, si ce n’était les minces mouvements que faisaient sa poitrine lorsqu’il respirait. Il allait mourir, et tout mon esprit me le criait, je le savais, il n’allait pas survivre, et j’allais rester seul, sans lui… Je ne pourrai pas continuer, sans lui… J’essuyai d’un geste rageur une larme qui coulait le long de ma joue. Non. Ce n’était pas le moment de pleurer. « Tu te souviens, Max, de la promesse que tu m’avais faite ? Tu m’as promis, Max. Tu m’as promis de ne pas mourir. » Il n’avait pas le droit, il ne pouvait pas mourir, pas comme ça, pas maintenant. J’écartai une boucle de ses cheveux qui se perdait devant ses paupières fermées. A quoi bon ce discours ? Il ne pouvait pas m’entendre. Il était ailleurs, peut-être même qu’il n’était déjà plus là, avec moi. L’espoir s’effondrait aussi sûrement qu’un château de cartes. Une autre larme coula, tombant sur le matelas, juste à côté du corps inconscient de l’homme que j’aimais. Et je tenais sa main comme on se raccrochait à sa dernière chance, car, même si la fin arrivait, je ne voulais pas le lâcher. Il ne devait pas mourir. C’était tout ce à quoi je pensais, tout ce à quoi j’étais capable de penser. Il ne devait pas mourir.

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MessageSujet: Re: இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel)   இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel) EmptyLun 19 Nov - 22:05

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Je ne comprenais pas. Rien de tout ce qui m’entourait ne semblait normal, rien ne semblait naturel. Et pourtant c’était ainsi que cela devait se produire. L’ambiance était fade et irréelle. La pièce elle-même était insipide. Dire qu’elle était inodore serait faux. Elle ne sentait ni bon, ni mauvais. Elle sentait juste… l’hôpital. Et c’était une odeur des plus écœurantes qui flottait dans l’air. Air qui était lourd et étouffant. Les infirmières avaient dû laisser le chauffage allumé. Pourtant, j’étais sûr que Maman les avait prévenues que je ne supportais pas l’air sec et chaud mais visiblement ce n’était pas suffisant pour obtenir ce qu’on voulait dans cet hôpital. Dieu que je haïssais cet endroit. Je ne me sentais pas chez moi, pas en sécurité. Alors que ce bâtiment était tout de même représenté l’espoir, la guérison, le confort, la vie. Mais ce que je ressentais se trouvait à des centaines de kilomètres de là. Dans le pays de la solitude, de l’incertain et de l’insaisissable.

Dans le pays des dieux et des monstres, j’étais un ange vivant dans le jardin du mal.

Et je le sentais, tout ce mal qui m’entourait. Toute cette peur, tout ce doute plus que palpable dans la pièce. Je ne parlais pas des miens, mais de ceux d’Adriel. Car oui, je voyais bien Adriel en plus de sentir sa présence. Et c’était particulièrement dur à vivre, et incroyablement étrange. Pourquoi n’étais-je pas dans mon corps, là où je devrais être ? Comment se pouvait-il que je me trouve ici, debout dans la pièce, alors que mon être reposait sous cette froide couverture ? Je ne parvenais pas à canaliser mes pensées, toutes fusaient dans des oppositions divergentes. Certaines allaient vers Adriel, d’autres s’avançait à l’encontre des peurs et certaines fuyaient vers le phénomène inexplicable que je vivais à l’instant. Il ne me voyait pas. Peut-être étais-je dans une sorte de dimension parallèle. Qui détenait la réponse ?

Adriel était penché sur moi et, fait encore plus insolite, je percevais sa respiration. Je la sentais faible et hésitante, incertaine et irrégulière. Anormale. Je m’approchai doucement de lui, même si cela ne servait pas réellement à grand chose. Je sentis quelque chose d’humide s’écraser sur ma main. Ma première réaction fut de la relever vers mon visage mais évidemment, rien ne s’y trouvait. J’axai mon regard vers la main de mon corps, ma vraie main et de loin, je distinguai un léger reflet. Inutile d’être Einstein pour comprendre ce qu’était ce petit diamant qui luisait à la surface de ma peau. Je posai mes mains sur ses épaules, mais il ne les sentait pas. Normal, il ne s’agissait là que de mon esprit. À mon plus grand dam.

« Tu te souviens, Max, de la promesse que tu m’avais faite ? Tu m’as promis, Max. Tu m’as promis de ne pas mourir. »

Je sentis une boule se former dans ma gorge. Sans doute avais-je trop mangé. Mes yeux commencèrent à s’humidifier. Je devais avoir une poussière dans l’œil. Rien ne prouve que ce fût impossible après tout, ce devait bien être la première fois qu’une chose pareille se produisait. Il avait raison. Je n'avais pas le droit. Je devais sortir de cet état mais je n'y parvenais pas. Je lui avais fait une promesse et je n'arrivais pas à la tenir. J'étais la honte personnifiée. Je voulais l’attraper entre mes bras et le serrer au creux de ceux-ci. Le serrer encore et toujours. Le serrer en crever. Le serrer à l’en aimer. Que disais-je, que faisais-je, que pensais-je ? Pourquoi avais-je eu envie de prendre son visage entre mes mains et de… non, non Maxéis, tu débloques là. Ce n’était pas possible, ce ne pouvait pas être possible, ce ne devait pas être possible tout simplement. Adriel était mon meilleur ami, rien de plus. Il était ma peluche, mon petit Adridrou. Celui qui grimpait mon lit les nuits où il se sentait mal, celui qui finissait toujours entouré de tous mes membres au petit matin, celui qui se taisait parfois soudainement pour une durée imprévisible et à qui je tenais un monologue en attendant qu’il retrouve la parole, celui dont je faisais sans cesse tomber le livre car je savais à quel point ça l’énervait de perdre sa page en pleine lecture, celui que je pourchassais dans toute ma maison quand il me volait mon chocolat, celui que j’interrompais en pleins devoirs en posant ma tête sur ses genoux en lui demandant des papouilles capillaires, celui qui finissait toujours recouvert de farine et qui me nappait d’œufs cassés quand on préparait un gâteau, celui qui se blottissait contre moi en tremblant devant Paranormal Activity, celui dont je n’arrêtais pas de taper les doigts lorsqu’il se foutait les ongles en bouche pour les ronger, celui qui me récitait le monologue d’Hamlet juste pour me faire plaisir, celui que j’obligeais à venir saluer à la fin des pièces qu’il avait écrites et dans lesquelles j’avais joué au lycée, celui dont la porte de la chambre ne cessait de s’ouvrir lorsque j’étais en manque de câlins, celui avec lequel j’avais découvert la beauté des étoiles dans le ciel dégagé un soir de l’été passé, celui qui menace toujours d’avaler tout le chocolat de la maison pour pouvoir jeter un œil aux chansons que j’écris, qui le fait en cachette quand je refuse et qui repasse sur ses passages préférés avec un surligneur, celui qui voulait toujours me faire mon linge car il avait bien conscience de ma phobie maladie pour les machines à laver, celui que j’allais agresser de chatouilles à trois heures du matin pendant qu’il dormait avant de finir la nuit à ses côtés, celui qui faisait l’effort de regarder un match de football (américain, pas du vulgaire soccer) pour me faire plaisir mais qui finissait toujours par s’endormir sur mon épaule, celui qui piquait mes sweat shirts quand il n’en avait plus à se mettre et pour qui je faisais exprès de les recouvrir de parfum avant de les remettre dans mon armoire en pensant à ce que cela lui ferait de sentir mon odeur en les portant.

Je commençais à réaliser. Doucement la lumière se faisait dans le brouillard général de mon esprit. Je prenais enfin conscience du lien que le destin avait tissé entre lui et moi, que la vie avait créé avant même notre naissance. Il était évident qu’il n’était pas que mon meilleur ami. Il était bien plus que ça. Il était ma moitié. Celui que j’avais été envoyé chercher pour me sentir complet. Je l’avais rencontré il y a de ça plus de treize ans et pourtant je ne m’en rendais compte que maintenant. Félicitations du jury. C’était pourtant limpide comme de l’eau de roche. Il n’y avait qu’à voir la manière que j’avais de fixer les mecs qui l’approchaient en soirée, la façon dont je les assassinais d’un simple regard lorsque leurs lèvres osaient aller à l’abordage des siennes. Quand leurs mains se permettaient de caresser ses hanches, c’était généralement la goutte de trop et je partais me trouver une fille. Ou un mec. Cela dépendait de mes envies. Là je me lâchais, je ne savais pas vraiment si cela affectait Adriel et ce n’était d’ailleurs même pas mon but. Tout ce que je désirais, c’était oublier, arrêter de penser à ce que je ressentais à son égard et me contenter de profiter, en espérant prouver à l’inconscient qui avait le cran de se coller à lui qu’il n’était qu’un lapin que l’aigle que j’étais pouvait le dévorer en deux vulgaires secondes.

J’essayai de l’entourer de mes bras. Mes mains lui passèrent à travers. Évidemment Maxéis, tu n’étais plus dans la même dimension que lui. J’essayai de me réveiller. J’essayai de toutes mes forces, toute mon énergie était concentrée dans ce seul but mais rien n’y faisait. Rien ne bougea, rien ne changea. Mes yeux restèrent désespérément clos, mes membres inertes, ma respiration lente et assassine. Je n’en pouvais plus, j’étouffais. Mon esprit était libre, il pouvait courir dans tous les sens. J’aurais pu être à Pékin si je le voulais, j’en étais sûr. Et pourtant je ne m’étais jamais trouvé aussi oppressé. Je ne parvenais pas à revenir à la réalité et cela me tuait. Je ne maîtrisais rien, et Adriel me semblait si lointain. Je voulais finir ma nuit avec lui. Je me sentais faiblir. Lentement, j’avais l’impression de quitter ce monde. Non, je ne pouvais pas. Il fallait que je lutte. Mais j’avais trop de mal. Ma respiration se fit plus espacée. Les battements de mon cœur plus lents. Le sol commençait à fuir sous mes pieds, et je compris. Compris que cette nuit serait sûrement la dernière…

J'allais finir ma vie avec lui.

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MessageSujet: Re: இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel)   இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel) EmptyMar 20 Nov - 22:03




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Je n’arrivais pas à penser correctement, la voix dans ma tête continuait de hurler. J’avais envie de me claquer la tête contre un de ces murs trop blancs et trop propres, de me claquer dessus à en saigner, à en perdre connaissance. Et lorsque je me réveillerai, tout ceci ne serait qu’un vaste cauchemar. Je verrai Maxéis assis sur le lit d’hôpital comme si c’était le plus confortable matelas du monde, me souriant comme il le faisait toujours. De ce sourire sincère et si doux que je ne m’en lassais pas. Ce sourire ou il avait les yeux qui pétillaient, ce sourire qui faisait s’accélérer mon cœur. Oui, cela ne pouvait être qu’un cauchemar. Le déni me prenait aux tripes comme une énorme pince, tordant mon estomac, me faisant fermer les yeux. Je n’arrivais pas à y croire. Je ne pouvais pas croire qu’il n’était pas réveillé. Qu’il ne se réveillera probablement jamais. Et pourtant. Alors que la deuxième larme coulait, je serai la main de Max encore plus fort. Il ne répondit évidemment pas à la pression. J’étais même sûr qu’il ne m’entendait pas. Qu’il n’entendait rien, ni les bips des appareils, ni ma voix. Comme si ma voix pouvait changer quelque chose, de toute façon. Je m’interdis de pleurer, essuyant une autre larme du revers de la manche. Baissant les yeux sur cette dernière, je remarquai que j’avais mis un des sweat-shirts de Maxéis aujourd’hui. Son préféré, le gris usé jusqu’à la corde, qu’il ne mettait que lorsqu’il ne sortait pas de peur de, je le cite, ressembler à un vieux clochard. Moi j’adorais ce pull, et je l’avais porté toute la journée, disant que c’était parce qu’il ne m’en restait plus de propre, mais c’était faux évidemment. Je voulais juste sentir son odeur. Ça m’avait rendu moins inquiet, au long de la journée, alors que je pensais à lui à chaque seconde. J’avais un peu l’impression qu’il me serrait dans ses bras. Un rire qui ressemblait plus à un sanglot s’échappa malgré moi de ma bouche. Que j’étais pathétique. C’était ce que je me répétais depuis que j’avais réalisé mes sentiments, il y a quelques années déjà. J’étais plus que pathétique, parce que je ne pouvais pas arrêter de l’aimer. J’ai essayé. J’ai tout tenté. Je revenais toujours vers lui. Ça n’avait toujours été que lui.
Je soupirai. Ça ne servait à rien de pleurer. Il ne me prendrait pas dans ses bras pour me consoler, cette fois. « Max, tu dois t’en sortir, tu m’entends ? Il le faut… » Ma voix était hésitante, tremblante. Je ne savais même pas pourquoi je m’obstinais à lui parler. Il n’était pas là. C’était comme s’adresser à une marionnette. Peut-être faisais-je ça pour le rassurer moi-même. Pour faire taire la voix dans ma tête qui me faisait de plus en plus peur. Et je ne remarquai pas que les bips de l’électrocardiogramme allaient un peu plus rapidement, d’une micro seconde. J’avais les yeux fixés sur les paupières fermées de Maxéis, espérant vainement qu’elles s’ouvrent et que je voie les iris verts de celui que j’aimais me regarder à nouveau. J’espérais pour rien. J’étais penché au-dessus de lui, chuchotant presque, comme si quelqu’un d’autre dans la pièce pouvait nous entendre. Nos visages un peu plus près l’un de l’autre, le mien trempé de larmes, le sien impassible et faussement paisible. « J’peux pas vivre sans toi… » Les bips se faisaient de plus en plus rapides, mais je ne remarquais toujours rien. Je ne voyais que Maxéis, je ne pensais qu’à lui. Même la voix dans ma tête s’était tue. « Je t’aime, Maxéis… » Les mots sortirent tout seuls, dans un souffle, sans que j’ai pu les retenir. Mon cœur se serra, douloureusement. Ces mots que j’avais enfoui au plus profond de moi pendant des années, voilà qu’ils sortaient au moment où il ne pouvait m’entendre. Je perdais totalement le contrôle de moi-même, j’avais l’impression. C’était comme si je n’étais plus la même personne. Comme si ces mots allaient tout changer, comme dans les films. Mais je savais que ce n’était pas le cas. Les films, c’est que des conneries. La petite étincelle d’espoir qui s’était blottie en moi depuis le début s’était éteinte. Et j’étais complètement vide. Autour de moi, la courbe cardiaque de l’appareil s’affolait un peu plus. Je réalisais enfin ce qu’il se passait autour de moi, comme émergeant d’un lourd sommeil. Il était en train de mourir, de faire une crise, je ne savais quoi, il était en danger, j’allais le perdre. La panique me gagna. Je ne savais pas quoi faire. Aucun bruit de pas dans le couloir, personne en vue. Il fallait faire quelque chose. Mais quoi ? Je n’avais jamais été médecin, je n’y connaissais rien. J’aurais peut-être dû m’éloigner de lui et courir prévenir une infirmière. Mais je ne voulais pas le lâcher ne serait-ce qu’un instant. Je refusais de lâcher sa main, liée à la mienne. Je voulais être avec lui, jusqu’à la fin. Encore une fois, je devins comme sourd. Je me suis penché vers lui. Nos visages à quelques centimètres à peine. Une idée me vint en tête, tellement ridicule et gamine que j’en aurais ri si la situation ne me donnait pas envie de pleurer toutes les larmes de mon corps. Un soir, moi et Maxéis étions sous un arbre, dans le parc. Il avait fouillé dans mon sac, et retrouvé un livre de contes. Un vieux livre relié, usé, abîmé. Je le gardais presque toujours sur moi. Ma mère me lisait toujours ces histoires avant de me border, lorsque j’étais petit. C’était une façon pour moi de me souvenir d’elle, quand je les relisais durant les soirs de nostalgie. Je redevenais un petit garçon, sans problèmes. J’avais mes amis, ma famille au complet. Pas toutes ces emmerdes. Ce soir-là, j’avais écouté Maxéis me lire la belle au bois dormant en regardant les étoiles percer une à une au-dessus des feuilles de l’arbre qui nous protégeait, ma tête sur ses genoux. Et je me suis endormi en souriant comme un môme. Le lendemain matin, il m’avait embrassé la joue pour me réveiller. Je m’en souviens. « Debout, la belle au bois dormant ! » m’avait-il dit avant d’éclater de rire. Je ne savais pas pourquoi, parmi tous les moments que moi et Maxéis avions partagés, celui-ci me revint en tête subitement. Mais un sourire se dessina sur mes lèvres, en même temps qu’une nouvelle conne de larme roulait sur ma joue, s’écrasant sur celle de Max juste en dessous de moi. « Tu te souviens de la belle au bois dormant, Max ? » je n’attendis pas sa réponse. Il ne répondrait pas. Il ne m’entendait pas, de toute façon. Je me penchai encore un peu plus, mon cœur explosant au fur et à mesure que je réalisais ce que j’étais en train de faire. « Réveilles-toi. » ai-je murmuré dans un souffle à peine audible. Je fermai les yeux, et avant que j’aie pu retenir mon acte, mes lèvres se posèrent sur les siennes. C'était mon dernier espoir.
Il était froid, il ne répondit pas. On était très loin du premier baiser que j’imaginais pratiquement tous les jours dans mes rêves. Je ne voyais pas les chœurs d’anges me péter les tympans, ni les feux d’artifices. Il ne se réveilla pas comme une fleur en me souriant et m’attirant à lui. On était pas dans un putain de conte de fées pour les mômes. La vraie vie, c’était bien plus affreux. Et un bras puissant m’écarta du lit où je ne me décollais pas de Maxéis. « Qu’est-ce que tu fous là, toi ? C’est fini les visites ! » « Putain Fred laisse le gamin on a un arrêt là ! » Répondit un autre homme, plus vieux, alors que trois personnes se penchaient sur Maxéis, faisant toutes sortes de trucs médicaux auxquels je ne comprenais rien. Je me suis assis, ou plutôt dirais-je effondré par terre contre un des murs immaculés, et je savais bien que j’étais aussi blanc qu’eux. Blanc de terreur, blanc comme un linge, j’étais littéralement dévoré par la peur de le perdre. Ma main se porta à ma bouche presque automatiquement, et je me dis que si Maxéis était en état, il aurait pris cette dernière pour m’empêcher de me ronger les ongles. Je retirai ma main de ma bouche, observant les médecins toujours acharnés sur le corps de celui que j’aimais. J’aurais aimé leur dire quelque chose, je voulais leur dire de faire attention, de ne pas le laisser mourir, mais les mots ne sortaient pas. Plus rien ne sortait. Je refaisais une crise de mutisme, à nouveau. Rien ne venait de ma bouche. Alors je me suis contenté de fermer les yeux, me bouchant les oreilles. C’était encore pire. Je repensais aux moments avec Maxéis. Lorsque nous avions six ans et qu’il m’avait passé sa glace au zoo, parce que je n’avais pas les moyens de m’en acheter une. Ce sourire si fier de lui lorsqu’il m’avait offert un carnet noir marqué de la lettre A pour mes onze ans, carnet rempli de poèmes sur lui à l’heure actuelle. Notre première vraie fête, quand j’ai passé toute la soirée à tuer du regard cette blondasse qui l’admirait d’un peu trop près. La fois où nous avions écouté toutes nos chansons préférées en boucle dans mon lit avant de nous endormir dans les bras l’un de l’autre. Cette autre fois où nous étions allés à la fête foraine et où je m’étais blotti contre lui en fermant les yeux pendant les trois tours du train fantôme, alors qu’il riait à en perdre haleine. Une autre fois où il s’était déguisé en wonder-woman pour me faire rire, quand ma mère venait de quitter ce monde, se promenant dans la grand-rue avec un costume ridicule. Cette fois où il avait essayé mes lunettes avant de tourner en rond dans son salon et de se prendre un mur en pleine figure. Une autre fois où il avait inventé une danse totalement ridicule et était venu au Starbucks pour me la montrer devant tout le monde, juste parce que selon lui, j’avais l’air un peu triste ce matin-là. Et toutes les fois où je m’étais endormi contre lui, bercé par sa respiration, ses bras autour de moi, son odeur me transportant. Toutes les fois où je lui passais le reste de mon repas parce que je n’arrivais jamais à finir et qu’il avait un sourire jusqu’aux oreilles. Toutes les fois où je lui avais lu mes passages préférés des livres que j’adorais et qu’il m’écoutait sans dire un mot, avec respect, applaudissant à la fin. Toutes les fois où je l’avais entendu chanter à travers le mur de ma chambre et où je souriais, interrompant mes devoirs pour l’écouter, en fermant les yeux. Toutes les fois où il avait ri parce que je bégayais quand il me présentait des gens en soirée, me tapotant l’épaule discrètement pour m’encourager à m’ouvrir aux autres. Toutes les fois où je passais des heures entières à lui caresser les cheveux, comme ça, juste parce que j’avais envie, et qu’il s’endormait en souriant. D’autres fois encore. Je n’avais rien oublié. Je n’oublierais rien.
Les larmes coulaient et je ne fis rien pour les retenir, je n’ouvrais pas les yeux, je n’en avais pas la force.
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MessageSujet: Re: இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel)   இ shut the door, turn the light off. i wanna be with you. (maxiel) EmptyDim 16 Déc - 21:49

shut the door, turn the light off. i wanna be with you.
J’étais un bateau perdu dans l’immensité de l’océan, voguant sans phare au milieu de la brume nocturne. J’étais perdu. Je n’avais plus aucun repère. Cette situation était des plus étranges et rien n’allait en s’arrangeant. C’était comme si mes sentiments, mes émotions prenaient le dessus sur moi. Sur ce que j’étais. Je n’étais qu’une vulgaire ombre perdue dans un monde auquel elle avait appartenu mais qu’elle quitterait comme si elle n’y avait jamais posé le pied. Alors que je laissais ces craintes prendre plus en plus possession de moi au fur et à mesure que je sentais la réalité m’échapper, je sentis la main d’Adriel serrer la mienne. Ce geste qui habituellement représentait tant pour moi, qui me faisait me sentir bien, apaisé, qui me rappelait la chance que j’avais d’avoir un ami — si je pouvais le considérer comme tel… — comme lui à mes côtés ne fut qu’une caresse que je ne parvins que difficilement à percevoir. Et ainsi en était-il de toutes les paroles qu’il pouvait prononcer. Je savais que si mes oreilles avaient pu les accueillir, mon cœur serait reparti de lui-même. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Je ne remarquai pas non plus les bruits des machines qui, peu à peu, devenaient irréguliers et suspects. La seule chose qui parvint à m’atteindre était les mots qu’il prononça avant un long silence. « Je t’aime, Maxéis… »
Pourquoi ? Pourquoi me disait-il cela maintenant, alors que j’étais pendu au bout du fil du destin ? Les moires n’attendaient que de le couper. Je sentais leur horrible paire de ciseaux rouillée s’en approcher lentement, prête à se refermer sur lui à tout instant. La réalité m’échappait. Le monde me fuyait. Ou plutôt, je fuyais le monde alors que je n’en avais aucune envie. Le bruit des machines s’intensifia d’une rapidité folle. Je défaillais. Je revoyais nos souvenirs, non. Je les revivais. Je me retrouvais dans tous ces merveilleux moments que nous avions vécu et je réalisai que je voulais encore en vivre, que je ne pouvais me résigner à leur dire adieu. J’avais l’impression de ne pas avoir vécu pleinement. Qu’il nous restait tant de magie à créer, tant d’amour à nous donner. Je ne pouvais pas partir comme ça, je ne devais pas laisser Adriel. Il fallait que je reste, que je continue de le protéger des gens en soirée, de son manque de confiance en lui, du noir, de ses cauchemars, de sa manie de se ronger les ongles, de sa tristesse depuis le départ de sa mère, de… De tellement de choses. Je n’avais pas le droit de l’abandonner. Il avait déjà perdu la femme la plus importante de sa vie. Il ne m’était pas permis de lui faire revivre la même chose. Je ne le voulais pas. Je devais me battre pour sortir de cet état mais je n’y arrivais pas.
Je distinguai vaguement l’agitation qui prenait place autour de moi, alors que le bruit des machines s’intensifiait. Il était devenu dangereusement constant. Son bruit harcelait nos tympans, nous rappelant avec ardeur que nous n’étions plus maîtres de rien. Que nous n’étions que de vulgaires pions disposés sur un échiquier dont nous n’avions pas les commandes. Des hommes en blouses blanches, aidées de femmes habillées de la même façon couraient dans la pièce. Sûrement des médecins et des infirmières. Quoi d’autres, dans un endroit aussi fade ? Je ne sais pas ce qu’ils me firent, je ne sais pas quels instruments ils utilisaient. Déjà que la situation était des plus confuses, maintenant je ne comprenais absolument plus rien. Tout ce que je savais c’était que, par un jeu hasardeux du destin, je me retrouvais à nouveau dans mon corps. Et j’en étais plus que content.
Dans ce brouhaha de sensations, je perçus un mouvement. Un déplacement. On emmenait mon lit. Je repartais en salle d’op. Il ne fallait pas être devin pour le comprendre. Il faut croire que des petites complications s’étaient jointes à la partie.

Le lendemain matin.

Mon doigt trembla. Il se détendit lentement. Mes sourcils se froncèrent. La tête me tournait. Je sentis la migraine me vriller le cerveau. Bordel, je le sentais mal. Les souvenirs de cette nuit ne me venaient que par bribes. Comme une brume nocturne qui trainerait encore quelque peu sur la région avant que le vent matinal n’aie fini de totalement la dissiper. Voilà quel était l’état de ma mémoire à ce moment précis : brumeux et dissipé. Mes paupières frémirent lorsque la lumière qui perçait à travers les rideaux pour ainsi dire inutiles vint les caresser. Elles papillonnèrent et s’ouvrirent doucement. Je ne voyais pas grand chose. Je tentai de me redresser mais fus pris d’un violent vertige et attendis quelque peu avant de bouger. En fait tout ce que je parvins à faire, c’était incliner plus ou moins la tête vers l’avant.
Et je souris. Je souris comme un gamin qui entre dans un magasin de bonbons, qui découvre ses cadeaux sous le sapin le matin de Noël, qui souffle les bougies de son gâteau d’anniversaire, qui reçoit un dix sur dix à son interro de vocabulaire, qui bat un copain au dernier jeu de cartes à la mode. Je souris, encore et toujours. Je souris parce que je le vois. Parce qu’il est là. Il dort, mais il est là. Je me racle un peu la gorge. J’ai envie de me lever mais je suis plein de baxters, et ce serait juste de la folie dans mon état, mais je m’en fous. Je me redresse dans mon lit, sort mes jambes de sous les couvertures et… Bam. Je retombe sur mon matelas. Je dois avoir l’air d’un gros autiste. Mais bon, il semblerait que le bruit a réussi à sortir la larve qui me sert de meilleur ami de sa torpeur. Enfin… Meilleur ami ? Vraiment ? Parce qu’étrangement, je n’ai qu’une seule envie en tête. Effleurer ses lèvres. Il a dû se passer quelque chose cette nuit. Je me rallonge plus ou moins convenablement et j’attends que ses yeux s’ouvrent à leur tour. Mon regard est accroché au sien.

« Driel… Viens. Embrasse moi. »

YOLO. Je ne sais pas ce que j’ai, mais j’en ai marre. Je veux lui dire tout. Tout ce que je ressens et que je ne devrais pas. En fait, je réalise. Je réalise que je l’aime bordel. Je suis amoureux de mon meilleur ami. Et lui aussi, je le sais. Je pense qu’il me l’a dit cette nuit. Ou alors c’était un rêve ? Je ne sais pas. Mais je le sens. Je ne me trompe pas. Bordel je suis amoureux de mon meilleur ami. Je sens que le soleil va revenir. J’allais être heureux, encore plus qu’avant.

J’allais finir ma vie avec lui. Mais pas aujourd’hui.

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