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 Hearts are made for breaking and for pain, Manuel

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MessageSujet: Hearts are made for breaking and for pain, Manuel   Hearts are made for breaking and for pain, Manuel EmptySam 25 Mai - 23:07


hearts are made for breaking and for pain.
manuel et aedan
La pluie. Elle est vraiment forte. Aédan se crispe sur son siège. Elle n’a pourtant jamais peur en voiture mais là, la visibilité sur la route est presque nulle. Malgré elle, son stress augmente. « Braxton, on devrait s’arrêter ». Les gouttes frappent le pare-brise de plus en plus violemment. Les essuie-glaces ne servent à rien. Son cœur bat tellement fort. Braxton lui, semble moins stressé qu’elle. Peut-être préfère-t-il cacher sa peur. Parce qu’il faut dire que c’est impressionnant à voir. « On est bientôt arrivés Aédan, ça va aller, promis. » Un faible sourire en sa direction et la jeune femme se reconcentre sur la route. Du moins, sur ce qu’elle peut en apercevoir.
Une fraction de seconde. Elle voit une masse. Noire.
« ATTENTION ! »
Et c’est le choc. Ses oreilles bourdonnent. Elle n’entend plus rien. L’eau s’infiltre dans l’habitacle. Elle est mouillée. Mais c’est tout ce qu’elle peut sentir. Rien d’autre. Son corps ne la fait pas souffrir. Non. Elle ne le sent tout simplement plus. Sur son visage, l’eau coule. Alors qu’elle ouvre péniblement les yeux, sa vue est brouillée. L’eau. Oui. La pluie. Ou le sang...
La brune met du temps à réaliser où elle est. La route. La visibilité nulle. La masse noire. « Braxton.. ? » Doucement, elle tourne son visage vers lui. Il a les yeux ouverts. Il la fixe. Un soupir de soulagement s’échappe de sa bouche. « merde… on… a eu un accident… » Réplique stupide. Evidemment. Aédan tente de bouger sa main pour aller attraper celle de Braxton. Délicatement, elle la serre. Aucune réponse. Clignant plusieurs fois des yeux Aédan fixe les pupilles de son amant. « Braxton ? » Elles ne bougent pas. Il la regarde mais n'a aucune réaction. Un instant, elle se dit qu’il est peut-être paralysé. Mais rapidement, elle comprend. Ses cheveux dégoulinent de sang, sa main est lâche, son regard vide. « Braxton ?! » Avec le peu de forces qu’il lui reste, elle tire sur sa main. « BRAXTON !! réponds ! réponds… j’t’en prie… » Les larmes se mêlent à la pluie, au sang. Elle crie. Il ne peut pas. Non. Il ne peut pas être mort.


« BRAXTON ! » Vivement, Aédan se redresse dans son lit. Encore une fois, elle revoit leur accident. Elle revit sa mort. Cet homme qui lui a permis d’aller de l’avant, de s’ouvrir un peu. Celui qui connaissait son plus sombre secret. Il n’est plus de ce monde. Braxton est mort. La brune n’arrive pas à s’y faire. Chaque matin elle espère qu’il sera là, qu’il répondra à son téléphone. Mais non. Il n’est plus là. Sa maison est vide. Sa ligne téléphonique n’est plus attribuée. Il est parti. Pour toujours. La vie n’est qu’une chienne. Elle s’acharne sur ceux qui souffrent déjà le plus. A quoi ça lui sert ? La jeune femme se demande. Grâce à lui elle commençait à aller mieux, elle s’était confiée et l’avait écouté en retour. Ils s’étaient fait confiance presque automatiquement. Et aujourd’hui, tout n’est que poussière. L’enterrement, Aédan y a assisté. Au fond de l’église. Ne connaissant pas sa famille, elle a préféré se faire discrète. Après tout, il n’y a jamais rien eu d’officiel entre eux. Etaient-ils en couple ? Ils n’avaient rien dit. Et ça n’était pas important. Ça ne l’est plus. Ils avaient vécu de très bons moments. Et Aédan aurait juste voulu que ça dure et qu’ils puissent réellement profiter de ce que la vie leur offrait. Seulement cette salope ne semble pas vouloir être sympathique trop longtemps. Elle leur a accorder un instant de bonheur pour mieux leur reprendre.

Encore en convalescence, Aédan ne travaille pas. Elle pense reprendre bientôt. Son métier lui manque et elle sait que ça lui permettrait de ne plus penser sans cesse à lui. Et surtout, étouffer cette culpabilité qui la ronge. Pourquoi lui ? Pourquoi pas elle ? Une cheville cassée, un traumatisme crânien et de nombreuses contusions. Braxton lui, est mort. A côté de ça, elle est une miraculée. D’après les pompiers, la voiture était en miettes et ils s’étaient longuement demandé comment elle avait pu s’en sortir avec si peu de blessures. La jeune femme s’en veut. Ses blessures physiques ne sont peut-être pas importantes mais la blessure morale l’est bien plus. Elle est fragile. Elle pense à lui. Beaucoup trop. Il lui manque. Leurs petites conversations lui manquent, son sourire, ses yeux bleus. Tout.

Alors au lieu de rester chez elle, la brunette va le voir. Le cimetière n’est pas tout proche mais elle fait tout de même le chemin à pied. Ses béquilles la font souffrir, ses bras ne tiennent plus. Qu’importe. Elle fera le chemin pour aller lui parler. Sur le chemin, elle prend une rose chez le fleuriste. Comme chaque jour depuis qu’elle lui rend visite. Personne n’est jamais sur sa tombe lorsqu’elle vient. Aédan se demande même s’ils reviennent depuis l’enterrement. Mais au fond, ça lui importe peu. Doucement, elle s’approche. Les larmes coulent déjà. Voir son nom gravé dans la pierre lui brise le cœur un peu plus à chaque fois. Cette image est douloureuse. Elle pourrait ne plus venir, pourtant, cette idée l’insupporte. Elle veut être près de lui. S’asseyant près de lui, elle dépose sa rose. « Bonjour Braxton… » Avant cette épreuve, Aédan ne comprenait pas réellement les gens qui venait parler devant une tombe. Aujourd’hui, ce besoin est tellement fort qu’elle ne se pose plus aucune question. Elle parle. Comme s’il était face à elle. Comme lorsqu’ils le faisaient dans ce grand lit. Bien au chaud, l’un contre l’autre. Ses mains dans ses cheveux, contre sa peau. Plus jamais elle ne connaitra ça. Plus jamais il ne lui sourira. Malgré ses séances avec le psychologue, la dernière image qu’elle garde de lui n’est autre que celle de ses yeux sans vie. Elle a beau travailler sur ça, se raccrocher à d’autres souvenirs, ce moment revient la hanter. C’est sûrement trop tôt. Plus tard, elle réussira à ne garder que les bons moments. Du moins, elle l’espère. Faiblement, elle essuie ses yeux et les relève vers le ciel. Calmer ses larmes est une chose bien difficile. Aédan lutte comme elle peut et souffle. « Pardon… tu dois en avoir marre de m’entendre pleurer, hein ? » Un rire des plus tristes brise le silence qui vient de s’installer. Cette pierre tombale la dégoute, elle la tue littéralement.

Au moment de reprendre son discours, Aédan est attirée par du mouvement. Ses yeux brouillés par les larmes se relèvent et son cœur loupe un battement. Devient-elle folle ? Rageusement, elle essuie à nouveau ses yeux et regarde à nouveau. Il est toujours là. Braxton. « Non… » Elle secoue la tête. Impossible. Elle ne peut pas être folle. A-t-elle des visions ? A force de le vouloir vivant, son cerveau lui jouerait-il de mauvais tours ? Péniblement, la jeune femme se lève et s’appuie sur la tombe. « Tu peux pas être là… non… tu peux pas… » Elle le regarde paniquée et n’ose pas s’approcher. « TU PEUX PAS !! » Les gens qui passent par-là la regardent de travers. En effet, vu de l’extérieur, ils doivent apercevoir une femme seule qui hurle. Bon sang, n’a-t-elle pas déjà assez subi ? « Laisse-moi tranquille Braxton… Laisse-moi… » Les larmes coulent à nouveau. Son cœur lui fait terriblement mal. Elle sait qu’il n’est pas là. Elle en est consciente. C’est impossible. Pourtant, il est toujours là. Elle a beau fermer les yeux, secouer la tête, son amant est toujours face à elle.


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MessageSujet: Re: Hearts are made for breaking and for pain, Manuel   Hearts are made for breaking and for pain, Manuel EmptyDim 26 Mai - 6:00


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manuel et aedan

On entend souvent que des jumeaux séparés à la naissance ressentiront toujours un vide, un manque sans pour autant en connaître la cause. Et que ce vide sera comblé seulement lorsqu'ils auront retrouvé leurs alter ego, l'être qui aura partagé le même oeuf, le même utérus. Manuel n'avait jamais ressenti ce manque. Pas vraiment. Oh bien sûr, il savait qu'il avait un jumeau depuis quelques années déjà. Bien sûr que ça lui importait. Mais il avait très bien su vivre sans. Mais il décida qu'il aimerait vivre avec un peu trop tard. Quitter l'Espagne pour le Maine avait été une décision précipitée. Soudaine. C'est parce qu'il n'avait pas réussi à le contacter par téléphone qu'il avait acheté son billet d'avion dans l'optique de le retrouver une fois sur place. Un peu délirant comme manoeuvre sachant qu'il ne connaissait pas du tout la ville d'Arrowsic mais aussi qu'il ne savait pas qui contacter pour seulement avoir une idée d'où Braxton, puisque c'était son prénom, se trouvait. Etait-ce là une bonne idée aussi de débarquer dans la vie de cet inconnu pour lui annoncer qu'il avait un frère ? Jumeau de surcroît ? Car si Manuel avait eu des parents sincères, honnêtes et sans taboo (ou presque) tel n'était peut-être pas le cas pour son double. Peut-être que leurs parents génétiques n'avaient pas du tout la même vision des choses. Peut-être que dès lors qu'ils avaient abandonné l'un des deux enfants, ce dernier n'existait alors plus. Alors peut-être n'avait-on pas parlé de ces choses là dans la famille Shepard.

Ces questions, il n'en aurait hélas jamais la réponse. Au bout de quelques jours dans cette ville américaine, la vie, cette grande blagueuse lui avait mis entre les mains la réponse à une seule d'entre elle : Pourquoi le numéro de téléphone de ce Braxton n'était il plus attribué. Parce qu'il n'était plus utile. Parce que Braxton n'était plus. Il ne nierait pas le fait que ce fût un choc. Que l'apprendre ainsi était dérangeant. Et surtout que se rendre compte que toute chance, occasion de lui parler, de le voir, de le connaître venait de s'évaporer était à la fois frustrant et douloureux. Ils étaient deux, inconnus l'un à l'autre. Maintenant il n'était plus qu'un et ils n'avaient pas eu le temps de s'apprivoiser, de même se croiser.

Par respect, par bonne conscience, Manuel décida avant de rentrer pour l'Espagne de rentre hommage à son frère. Il lui restait une journée. La dernière. Et il se sentait le devoir d'aller déposer des fleurs sur sa tombe. Au fond, lui devait-il quelque chose à ce stricte inconnu ? Un peu quand même... ils étaient de la même famille. Tout du moins du même sang. Et les liens du sang sont sacrés dit-on. Dépensant la monnaie qu'il restait dans son porte-feuille, il acheta une gerbe de lys blancs. Il n'avait aucune idée de si cet homme les aurait apprécié. Au fond, était-ce vraiment important ? C'était l'intention qui comptait, non ? Il s'était vêtu en conséquence d'un costume noir. Il ne se voyait nettement pas se rendre dans un cimetière avec un tee-shirt à fleur et un jean fantaisiste. Non, il se devait d'être solennel. Tandis qu'il marchait, il réfléchissait à ce qu'il pourrait bien dire une fois là-bas. Avait-il besoin de parler ? Rien n'était moins sûr. Et pourtant il en avait l'envie au fond. Juste lui adresser quelques mots. Les seuls mots qu'il pourrait jamais lui adresser. Le portillon grinça lorsqu'il le passa. Il y avait toujours eu pour lui quelque chose d'anxiogène dans les cimetières. Mais il n'était pas d'un naturel nerveux, anxieux... Bien au contraire. Il présentait un sang froid à presque toute épreuve. Il était impassible à beaucoup d'évènement. Parfois même, on l'aurait trouvé froid. Pour un espagnol, il manquait cruellement de chaleur, c'est vrai. Il parcourût les épitaphes des yeux, ignorant où chercher exactement. Il y avait beaucoup de monde ici, sous ses pieds. Où devait-il se diriger ? Il n'en avait strictement aucune idée. Il ferait au feeling, il y passerait l'après-midi s'il fallait. Mais par chance finalement, il la trouva. La tombe... Son frère. Ce dernier n'était pas seul. Une jeune femme aux cheveux bruns, l'expression dévastée était assise sur la pierre et pleurait tout son saoul. Il hésita un instant, se disant que peut-être elle avait besoin d'être seule. Et puis finalement, il s'avança.

Alors qu'il marchait vers elle, elle leva les yeux vers lui. Et jamais, non jamais il n'avait une telle expression d'horreur, de peur, d'il ne savait trop quoi au final tant c'était inhabituel. On aurait dit qu'elle venait de voir un fantôme. Il en eût presque des sueurs froides et fronça doucement les sourcils, inquiet pour elle. Elle semblait tellement effrayée et anéantie. Et elle ne cessait de lui dire qu'il ne pouvait pas être là. Que ça n'était pas possible. Un instant, il se demanda où est-ce qu'ils s'étaient rencontrés pour qu'elle soit effrayée de le voir à ce point et soudain, la solution lui vînt en pleine figure. Bien sûr qu'elle prenait peur. Puisque personne ne devait savoir pour un quelconque jumeau, elle devait croire à une hallucination. La pauvre semblait paniquée et à présent Manuel comprenait pourquoi. Il pinça les lèvres et passa une main dans ses cheveux. Se raclant la gorge il s'adressa à elle de son accent latin « Je ne suis navré de vous avoir effrayé mademoiselle. » Comment faire à présent pour l'approcher sans qu'elle ne fuit ? Il esquissa un pas, puis un autre, lentement, jusqu'à se trouver à côté de la pierre tombale. Il posa doucement sa main dessus et pencha la tête, à l'attention de la jeune femme. « Je ne peux qu'imaginer votre choc... Mais n'ayez crainte. Je ne suis pas un esprit. » Cette situation était des plus étranges. Il finît par déposer doucement les fleurs couleur d'albâtre sur la pierre de granit grise. Il se redressa ensuite et glissa ses mains dans ses poches, fixant un instant l'épitaphe.

“ SAWYER BRAXTON SHEPARD
1981-2013
Fils Aimé”

Il secoua doucement la tête. Y'avait-il plus bateau comme texte ? Il pria silencieusement ses parents d'être plus éclairés pour son éloge. Il esquissa un sourire en coin, un peu moqueur face à si peu d'originalité. Mais il le perdît bien vite en posant à nouveau son regard sur la jeune femme. Hésitant un instant, il finît par lui tendre doucement la main. « Manuel Velasquez. » se présenta-t-il et il haussa la tête en direction de la pierre gravée, montrant en quelque sorte le nom inscrit dessus. « Je suis le jumeau de Braxton... même si je suppose que vous n'avez jamais entendu parler de moi. » Pauvre chose si effrayée. Est-ce que sa présentation réussirait à apaiser sa paniquer ? Il ne pouvait que l'espérer. Si elle tendait la main vers lui pour la serrer c'est que c'était gagné. Si elle partait en courant, eh bien...


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MessageSujet: Re: Hearts are made for breaking and for pain, Manuel   Hearts are made for breaking and for pain, Manuel EmptyJeu 30 Mai - 0:10


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manuel et aedan


Aédan tourne en rond depuis l’accident. Son arrêt de travail la rend folle et, même si le matin en se levant elle s’interdit d’aller au cimetière, elle sait très bien qu’elle ne le respectera pas. Tous les après-midi, elle se retrouve face à cette tombe. Elle ne voit personne d’autre que lui. Du moins, son nom sur la pierre. Sa perte la rend triste. Un goût d’inachevé s’infiltre en elle et, malheureusement, elle sait qu’elle ne pourra le chasser qu’en faisant son deuil. Ou inversement. A vrai dire, elle n’en sait rien. La jeune femme ne se sent pas capable d’avancer, de passer à autre chose. Les évènements sont trop récents, trop douloureux. Elle aurait aimé se souvenir des bons moments mais seuls ses yeux vides reviennent à elle lorsqu’elle pense à Braxton. Le temps qui passe fera sûrement son travail mais pour l’instant, Aédan a l’impression que l’accident s’est déroulé hier. Ses cauchemars à répétition lui rappellent chaque nuit qu’il ne sera plus jamais là, qu’elle ne croisera plus son regard malicieux, que sa voix rassurante ne l’apaisera plus. Ils n’étaient pourtant pas en couple mais une alchimie particulière les liait. Elle s’est de suite attachée à lui, se retrouvant un peu en cet homme qui a fait tomber ses barrières, lui permettant de son confier un peu sur elle, sur ce passé qui l’a bouleversée. Aujourd’hui, elle est revenue au point de départ. Seule. Seule face à une pierre tombale, à parler dans le vide. Parce qu’au fond, Aédan ne sait même pas s’il l’entend. Elle ne veut pas y croire. C’est plus comme un soulagement, ou parfois une torture. Mais elle en a besoin. Venir au cimetière lui permet de ne plus espérer, de ne plus délirer. Coincée à l’hôpital, elle s’est imaginé qu’il allait passer la porte et entrer dans la chambre blanche. Malgré l’annonce de son décès, malgré le fait qu’elle ait vu elle-même la mort dans ses yeux. Elle ne réalisait pas. Voir cette pierre tombale à son nom a eu l’effet d’une bombe. Ça n’était pas le nom d’un inconnu gravé dans le marbre, mais bien celui de son amant.

Et aujourd’hui encore, ses doigts frôlent cette pierre froide. Une journée comme les précédentes. A parler, ou se taire. Elle veut juste être là. Assise par terre. Avec lui. Pourtant, rien ne semble se passer comme prévu. Toujours seule, Aédan sent une présence inhabituelle. En relevant la tête. Son cœur loupe un battement. Puis deux. Ou plusieurs. Elle ne fait plus attention. Tout ce qu’elle voit, c’est lui. Braxton. Il est face à elle alors qu’elle est parfaitement consciente que c’est impossible. Depuis quand sombre-t-elle dans la folie ? à force de vouloir le retrouver, elle se l’imagine ? Foutue tristesse. Elle lui hurle dessus. Elle veut qu’il parte. La brunette n’est pas assez dingue pour croire aux fantômes. Elle ne veut pas. Parce qu’au fond, elle a peur. S’il était « réellement » là, elle reprendrait espoir, pour finalement tomber de haut. Malgré ses supplications, Braxton ne part pas. Pire. Il s’approche. Aédan ne bouge pas. Elle reste assise. La peur la gagne. Son cœur bat fort et si elle n’était pas dans l’impossibilité de courir, elle se serait enfuie. « Je ne suis navré de vous avoir effrayé mademoiselle. » Sa voix la fait sursauter. Pourtant, il ne parle pas fort. Ses yeux s’écarquillent alors qu’elle fixe l’individu bien présent face à elle. « Je ne peux qu'imaginer votre choc... Mais n'ayez crainte. Je ne suis pas un esprit. » Aédan déglutit mais ne détourne pas le regard. Cette voix, elle ne la connait pas. Elle est si différente. Plus grave peut-être. Mais surtout, il possède un accent chantant, espagnol sûrement. Braxton, lui, venait de Londres et avait cet accent anglais particulier. Ces voix étaient totalement différentes et quelque part ça rassura Aédan. Un instant. Avant qu’une tonne de questions envahissent son esprit. « Manuel Velasquez. » Il venait déjà de répondre à l’une d’entre elles. Bêtement, la brunette fixa cette main étrangère. « Je suis le jumeau de Braxton... même si je suppose que vous n'avez jamais entendu parler de moi. » Ses yeux passent de sa main à son visage ne sachant pas sur quoi s’attarder. Un jumeau ? L’information la rend fébrile et si elle n’était pas déjà assise, Aédan serait sûrement tombée. Elle sait qu’elle ne connait pas tout de Braxton mais cette information n’est-elle pas capitale ? Et si lui-même ne l’avait jamais su ? Pinçant les lèvres, la jeune femme finit par lever la main et serrer faiblement celle de l’homme face à elle. Seulement, le choc est trop violent. Sa main, elle ne peut la laisser dans la sienne. Elle a l’impression de le voir lui. C’est terriblement blessant. Sans pouvoir les retenir, de nouvelles larmes s’échappent. Ce n’est pas lui. Elle a beau se le répéter, quand elle relève les yeux vers Manuel, c’est Braxton qu’elle voit. Le look est peut-être différent, la voix n’est pas la même, les cheveux sont plus longs… Mais ce visage. Ces traits particuliers, cette mâchoire carrée, ce nez parfaitement dessiné et ces yeux. Ces yeux si bleus. Ils sont identiques. Magnifiques. Troublants. Et ça la tue. Le visage dans ses mains, Aédan pleure. « Je… suis désolée… j’vous... » A quoi cela sert-il de lui dire qu’elle l’a pris pour Braxton. Il s’en doute. C’est évident. Que doivent-ils faire maintenant ? Parler ? Ou se laisser et faire comme si de rien n’était ? Comme s’ils ne se sont jamais rencontrés ? A l’idée qu’il puisse partir, Aédan sent son cœur se serrer. Il n’est pas Braxton mais son jumeau. N’est-il pas censé connaitre des choses sur lui ? Peut-être pourraient-ils échanger et en apprendre plus ? Et se faire du mal. Avait-elle besoin de ça ?

Faiblement, elle relève le visage face à lui et essuie rageusement ses yeux. Son mascara doit couler mais Aédan s’en fiche. « J’ai… Je m’appelle Aédan. » Du mieux qu’elle peut, la jeune femme se redresse et se lève en prenant appui sur la tombe. Sa jambe lui fait mal à trop rester assise. Seulement, debout, elle souffre aussi. Supporter la douleur physique en plus de la douleur morale ne l’aide pas. « Je suis… » Pinçant les lèvres, elle réfléchit. Qu’est-elle pour Braxton ? Ils n’en avaient jamais discuté. Et cette question restera en suspens pour toujours. « On était… amis… lui et moi… » Amis ? Evidemment. Mais il y a eu plus. Le dire est juste trop douloureux. « Il ne m’a jamais dit qu’il… avait un frère… » Cette idée la travaille. Braxton savait-il qu’il avait un jumeau ? Lui avait-il caché ou était-il lui aussi dans l’ignorance ? Honteusement, elle renifle. La jeune femme aimerait que ses larmes cessent pour pouvoir discuter tranquillement. Mais parler de Braxton n’a rien de simple. La boule dans sa gorge se serre un peu plus à chaque fois et sa voix se casse irrémédiablement. « Pardon. J’suis pas présentable… » Dès que son regard se pose sur Manuel, son cœur loupe un battement. C’est tellement troublant. Mais elle finirait bien par s’y faire… S’ils doivent se revoir.

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MessageSujet: Re: Hearts are made for breaking and for pain, Manuel   Hearts are made for breaking and for pain, Manuel EmptyDim 23 Juin - 19:32


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La situation est pire que complexe. Quand il apprît la nouvelle, Manuel ne sût comment réagir sur l'instant. Devait-il se sentir triste, juste déçu, en colère ? Apprendre que son frère jumeau est mort est quelque chose de choquant. C'est évident. Mais lorsque l'on a jamais connu ce jumeau, que doit-on ressentir d'autre ? Manuel, encore aujourd'hui ignorait où il en était et ce qu'il pensait de la situation. C'est par devoir moral qu'il avait pris ces lys pour les déposer sur la tombe de son inconnu de frère plus que par envie, par besoin. Il n'avait aucune idée de comment aborder la chose et il ne savait pas avec qui en discuter de toutes manières.

Mais comment en plus devait-il gérer les autres sans même savoir comment se gérer lui même ? Comment pouvait-il aider cette brunette complètement anéantie ? Comment pouvait-il aussi ne pas l'effrayer alors qu'elle avait dû mettre beaucoup d'effort à se convaincre qu'elle ne reverrait plus jamais ce visage ? Lui ressemblait-il tellement ? Apparemment. Il décide de la jouer aussi naturelle que possible, lui proposant une poignée de main, se présentant comme son jumeau. Il sent son trouble. Il la voit même sursauter lorsqu'il prend la parole. Comme si elle ne s'y attendait pas. Elle a définitivement l'impression de voir un spectre, pauvre chose. Elle ne doit plus savoir quoi penser. Bienvenue au club. Il sent la pression des doigts de la jeune femme autour des siens. Ils sont fébriles, hésitants et ils ne restent pas longtemps liés dans leurs étreinte de reconnaissance. “Normal.” pense Manuel et il esquisse un sourire à l'intention de la jeune femme avant de lentement déposer le bouquet sur la dalle glacée. Et c'est sans surprise qu'il la voit fondre en larme à nouveau. Elle doit se sentir perdue, prise au piège entre passé et présent. Elle qui devait tenter de surmonter une perte se retrouve face à un homme ressemblant trait pour trait à l'être cher qu'elle vient visiter. Le malaise est palpable et Manuel n'ose plus rien dire ni faire, de peur d'empirer les choses. Il aurait voulu se recueillir quelques instants mais il sent bien que ça ne sera pas possible aujourd'hui. Il reviendra. Peut-être même devrait-il partir tout de suite ? Pourtant, il n'y arrive pas. Cette jeune femme le trouble. Elle déclenche en lui une multitude d'émotion passant de la culpabilité à la compassion. Il aimerait à la fois s'excuser et lui dire que tout ira bien. Mais il ne la connait pourtant pas. Et cette dernière n'a certainement pas envie d'en connaître plus sur ce sosie. « Je… suis désolée… j’vous... » commence-t-elle et il sourît doucement acquiesçant. Il comprend où elle veut en venir. Et il comprend sa réaction précédente. Comment aurait-elle pu réagir autrement après tout ?

Après une hésitation, il s'appuie de la hanche sur la pierre, laissant une distance de sécurité malgré tout entre la jeune femme et lui mais s'étant rapproché sensiblement. Il ne la regarde pas, fixant un point au loin. Il attend juste qu'elle parle. Il ne sait pas trop ce qu'il attend de cette rencontre qu'il n'espérait même pas. Peut-être qu'elle lui parle de Braxton. Peut-être bien... « J’ai… Je m’appelle Aédan. » lui confesse-t-elle finalement et il se tourne lentement vers elle avec un sourire aussi rassurant que possible. Il acquiesce doucement, lui montrant qu'il l'a entendu. « C'est très joli. » répond-t-il. Il lui est bizarre de ne pas parler espagnol. Il a beau connaître l'anglais plutôt bien et l'avoir déjà pratiqué en discutant avec des étrangers, il n'avait jamais autant parlé la langue que depuis quelques jours. C'est un peu déroutant. Il a presque l'impression qu'il pourrait oublier comment parler sa langue maternelle. Enfin maternelle... Cette notion là même est remise en question. « Je suis… » continue-t-elle, et il la fixe toujours, penchant doucement la tête pour l'encourager à continuer. Elle semble chercher ses mots, et comment se présenter à lui. Elle ne devrait pas y mettre tant d'effort, ça n'est pas comme si Manuel pouvait vérifier ses dires. « On était… amis… lui et moi… » Il acquiesce encore. Il est surprit de comprendre aussi bien la langue au final. Il s'impressionne lui même. Il baisse les yeux vers sa jambe plâtrée. Puis soudain les choses s'éclairent dans son esprit. Dans le journal, il parlait d'un autre passager qui lui aurait survécu. Il suppose, s'interroge mais n'ose pas le lui demander directement. Ce n'est peut-être pas une bonne idée. Bien au contraire, ça risquerait de la mettre mal à l'aise. Aussi ne fixe-t-il pas les bandages plus longtemps pour se reconcentrer sur sa jolie frimousse aux yeux rougis. « Il ne m’a jamais dit qu’il… avait un frère… » Manuel esquisse un bref sourire. Non pas que ça le surprenne ou le contraire, il ne savait au fond même pas si ce dernier était au courant qu'il avait de la famille ailleurs. Peut-être que non. Après tout, pour que des parents choisissent de séparer des enfants à la naissance c'est qu'ils ne veulent plus entendre parler du rejeton rejeté, n'est-ce pas ? Alors pourquoi en aurait-il parlé à Braxton. Il se redresse et se met devant la jeune femme, main dans les poches. Souriant plus franchement mais toujours de façon à peine visible — vu les circonstances, c'est toujours mieux que de montrer toutes ses dents — il prend doucement la parole cherchant ses mots. « Il n'était sûrement pas... au courant de mon existence. » Il n'a aucune preuve de ce qu'il avance. C'est juste une hypothèse. Il est tout aussi possible que Braxton fusse au courant qu'il avait un jumeau mais qu'il n'avait jamais ressenti l'envie de le rencontrer. Mais pour le moment, pour la jeune femme, il était sûrement plus acceptable d'entendre qu'il ne savait pas plutôt que de lui faire miroiter l'idée qu'il le lui avait caché. Se rendre compte que l'on ne connait pas une personne alors qu'elle vient de mourir est douloureux. Et il ne souhaite pas lui infliger ça. « Pardon. J’suis pas présentable… » Il reste un peu surpris de sa réplique. Pourquoi s'excuse-t-elle ainsi ? Ils sont dans un cimetière, elle ne le connait pas. Pourquoi se sentir désolée d'être en larme ? Il hausse les épaules doucement. « Vous n'avez rien à vous faire pardonner. » Il imagine que de le voir doit la dévaster encore plus. Et la voir si faible sur sa jambe valide lui provoque un soupire. Elle fait tant d'effort alors qu'elle n'a pas à en faire. « Ne vous dérangez pas pour moi, rasseyez vous. » Et doucement il l'aide à se reposer sur la pierre, la tenant d'une main dans le dos et de l'autre sur son avant-bras. Une fois qu'elle est ré-installée il jette un coup d'oeil vers la sortie du cimetière. « Je devrais sûrement vous laisser, vous en avez besoin. Et je vous dérange alors je vais partir. » Il esquisse un pas mais se stoppe finalement. Il n'est pas certain de vouloir la laisser là, enclin au chagrin, à la dépression. Manuel n'a pourtant pas pour habitude de s'inquiéter pour qui que ce soit. Il le fait, parce qu'il le faut. Parce que ça se fait. Mais jamais parce qu'il en ressent la nécessité. Pourtant cette Aédan n'est pas tout le monde. Et il aurait presque envie de la prendre dans ses bras et de la bercer pour effacer toutes ses peines. Cependant, ce ne sont pas des choses qui se font entre inconnus.

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MessageSujet: Re: Hearts are made for breaking and for pain, Manuel   Hearts are made for breaking and for pain, Manuel EmptyVen 5 Juil - 12:29


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Si Aédan avait su ce qui allait se passer cet après-midi-là, peut-être aurait-elle évité de venir au cimetière. Son cœur n’en revient toujours pas. Face à elle se trouve un homme ressemblant comme deux gouttes d’eau à Braxton. Evidemment, il y a quelques différences. La peau peut-être un peu plus bronzée, les cheveux plus longs mais le visage reste le même. Le voir lui fait mal. Un mal terrible qui ravive la blessure de la perte de cet homme qu’elle ne connaissait pourtant pas depuis si longtemps. Elle se sent tellement mal face à lui. Son cœur bat désagréablement fort contre sa cage thoracique. Cet homme la surprend autant qu’il la détruit. N’a-t-elle pas assez subi dans sa vie ? Pourquoi cette chienne lui tire-t-elle sans arrêt dans les pattes ? L’envie de partir en courant est forte. Evidemment, elle n’en est pas capable mais, même si elle l’était, elle n’aurait pas bougé. Il la tétanise. C’est tellement affreux ce qu’elle ressent à cet instant. Elle voudrait qu’il ne soit jamais venu pourtant, elle ne peut regarder ailleurs. Il l’intrigue autant qu’il la dérange.

Son visage la trouble. Ça pourrait être Braxton. Son cœur se serre à cette idée. Malheureusement ça n’est pas lui mais elle ne peut s’empêcher de l’imaginer face à elle. Quelques minutes. Juste le temps d’aller un peu mieux. « C'est très joli. » Sa voix la ramène durement à la réalité. Il n’est pas Braxton. Cet accent chantant n’est absolument pas comparable à celui de son amant. Même la voix est différente. Un instant, le cœur d’Aédan se serre. Elle ne se souvient pas de la voix de Braxton. Fermant les yeux, elle se concentre. Elle veut se rappeler. Doucement, elle se retrouve dans sa bulle. Juste avec lui. Et elle l’entend. Oui elle entend sa voix. Elle ne veut pas l’oublier. C’est une crainte qui la ronge. Pourtant les photos l’aideront à ne jamais oublier son visage. Les photos et la présence de son jumeau. Tant de questions frappent son esprit en le regardant. Que sait-il de Braxton, que sait-il d’elle ? D’ailleurs qui était-elle pour Braxton ? Ce dernier n’avait jamais mentionné le fait qu’il avait un jumeau. Pourquoi lui avait-il caché ? C’était surprenant. « Il n'était sûrement pas... au courant de mon existence. » Intriguée, Aédan mordit sa lèvre. Il y a tellement de choses qu’elle ignore. Braxton ne lui avait pas tout confié. Peut-être, en effet, ne savait-il pas. Personne ne pourrait le confirmer. « Oh... mh… Je ne sais pas… Peut-être… » S’il a raison, Braxton est mort en ne connaissant pas l’existence de sa moitié et, à l’inverse, cette dite moitié ne pourrait jamais connaitre Braxton. Aédan en a mal au cœur rien que d’y songer.


« Vous n'avez rien à vous faire pardonner. » Aédan aurait aimé que leur rencontre se passe autrement. Autour d’un verre à une petite terrasse du coin. Entourée des deux hommes identiques, elle aurait souri et se serait sentie bien. Aujourd’hui, elle pleure Braxton et découvre ce jumeau. La vie est tellement injuste. Pourquoi n’est-il pas arrivé plus tôt à Arrowsic ? C’était une affaire de quelques semaines ! Mais non. La vie en a décidé autrement. « Ne vous dérangez pas pour moi, rasseyez vous. » Pétrifiée, Aédan se laisse faire au contact de Manuel. Il est doux et attentionné, tout comme Braxton. Du moins, ce dernier ne l’avait pas été dès leur première rencontre. Plus renfermé et mystérieux, il s’était ouvert ensuite. Pourtant, les situations ne sont pas comparables. Peut-être  que Braxton aurait eu lui aussi ces gestes tendres. Elle ne le saurait jamais. Assise par terre Aédan regarde le brun face à elle. « Je devrais sûrement vous laisser, vous en avez besoin. Et je vous dérange alors je vais partir. » Contre toute attente, son cœur se serre désagréablement. Elle ne veut pas qu’il parte. « Non ! » Surprise par sa propre voix, la jeune femme mord sa lèvre. Elle se sent ridicule d’avoir parlé si vite.   « Je… Ne partez pas s’il vous plait… » Tristement, elle déglutit. Les larmes menacent de couler à nouveau. Elle se retient comme elle peut ne voulant pas lui faire peur ou lui faire pitié. Peut-être le gêne-t-elle ? Il doit être triste d’avoir perdu son jumeau aussi, inutile de lui ajouter la peine d’une fille qu’il ne connait même pas. « Pardon… Je… Si vous voulez y aller… Je ne veux pas vous forcer à rester… » Elle aurait dû vouloir qu’il parte. Son visage est beaucoup trop perturbant. Pourtant elle sait qu’il n’est pas Braxton et, malgré la douleur, elle ressent ce besoin de l’avoir avec elle. Se sentant ridicule, elle pose ses doigts sur son plâtre et le tapote. « J’aurais aimé vous connaitre plus tôt… » Glissant une de ses mains dans l’herbe, elle l’arrache machinalement. « Je ne suis certainement pas la mieux placée pour vous parler de lui… » Elle ne le connaissait pas depuis très longtemps pourtant, elle sait qu’elle connait des détails que d’autres n’ont pas.

Faiblement, Aédan sort son téléphone. « Je… Je ne sais pas si ça t’intéresse » Est-ce vraiment une bonne idée au fond ? Ne va-t-elle pas se faire encore plus de mal ? Ne va-t-elle pas rendre cet homme triste ? Peut-être. Pourtant, elle continue. Ses doigts tremblent sur l’écran tactile du smartphone mais elle finit par relever les yeux vers lui. « Vous pouvez vous asseoir… J’ai quelques photos… si vous voulez… » Attendant qu’il s’installe, elle ouvre la première photo. Son cœur s’accélère un peu. Les souvenirs communs remontent. Elle hésite même à ranger le téléphone mais elle veut montrer Braxton à son frère. Pourquoi ? N’ont-ils pas le même visage ? Evidemment que oui. Pourtant Aédan veut qu’il voie le vrai visage de Braxton. Celui qu’il était réellement. « J’ai pas beaucoup de photos… » Timidement , elle tourne le téléphone vers lui pour qu’ils regardent ensemble. « Celle-ci est surement ma préférée… C’est la première. On était sorti voir un concert dans la rue… C’était une des premières fois que je le voyais réellement sourire et faire le con. » Braxton n’était pas un homme très ouvert et pour le voir s’amuser Aédan avait dû attendre quelques temps. Même s’il ne s’était pas lâché complètement à cette soirée, il avait été surprenant et ça lui avait plu. Doucement elle passe à la suivante. Son sourire s’agrandit malgré l’envie de pleurer. « Là, on était parti se balader, un soir, il faisait froid. » Un petit rire s’échappe d’entre ses lèvres à ce souvenir. Ils étaient rentrés frigorifiés. Plongeant dans ses pensées, la brune se demande ce qu’aurait été ce moment si Manuel avait été avec eux. Elle imagine deux fois plus de rires, énormément de sourires et surtout un apaisement. Cette idée la réconforte tout comme elle la brise un peu plus. Tentant de calmer les tremblements, elle passe à la suivante. Elle n’ose pas regarder Manuel. Elle sait que son visage trop semblable pourrait la perturber encore plus. « Ah ! » Un rire étouffe un sanglot. La photo la ramène encore  en arrière. A une des soirées les plus surprenantes de sa vie. Peu habituée aux galas et autres, elle avait accompagné Braxton à l’une d’entre elles. « C’était une soirée pour sa boite… Tu sais, il était PDG dans une grande boite de pub. Alors c’genre de machin… il devait souvent y aller. Il m’a trainée à l’une d’entre elle.  » La jeune femme avait eu des difficultés à se sentir à l’aise dans ce genre d’atmosphère mais Braxton l’avait aidée. Même si elle n’avait pas eu envie d’y aller, passer du temps avec lui était tout ce qu’elle voulait. « J’avais l’impression d’être une pièce rapportée et les gens me regardaient comme si j’étais une bête curieuse. » Au souvenir, la jeune femme rit. Les requins avait épié leurs moindre gestes. « Ils attendaient sûrement que Braxton m’embrasse tu sais. Pour se dire ‘ouah, c’est la nouvelle proie de Shepard’.  » Levant les yeux au ciel, Aédan croise le regard de Manuel. A nouveau, son cœur loupe un battement. Se fera-t-elle à ce visage ? Ce visage si similaire qui lui donne espoir une seconde avant de la détruire à nouveau. L’envie de lui crier dessus la reprend. Elle se crispe et pince les lèvres. Ce n’est pas de sa faute. Il n’y est pour rien. Il n’a pas choisi. « J’suis désolée… J’ai… J’ai vraiment du mal dès que j’vois ton visage… » Elle ne dit pas ça contre lui. Elle ne veut pas le blesser, il doit être suffisamment perdu comme ça. « Est-ce que tu veux voir d’autres.. ? J’en ai pas beaucoup… Mais… Voilà si tu veux… enfin, j’peux te raconter… ce que je sais… » Peu habituée à parler, Aédan en éprouve le besoin. Tout comme avec Braxton, elle se sent en confiance. Est-ce parce qu’ils sont de la même famille, qu’ils ont le même sang ? Ou parce qu’il a le même visage que lui, qu’elle s’imagine avec lui ? Elle n’en sait rien. Mais l’envie qu’il reste est tout aussi forte que celle qui lui hurle de le faire partir. Cruel dilemme qui la ronge de l’intérieur.  

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MessageSujet: Re: Hearts are made for breaking and for pain, Manuel   Hearts are made for breaking and for pain, Manuel EmptyLun 22 Juil - 15:51


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On ne s'imagine pas pouvoir vivre certaines situations avant que l'on y soit confronté. Comment Manuel aurait-il pu imaginer vivre ce qu'il vivait à l'instant ? Être sur la tombe de son jumeau qu'il n'avait jamais connu était déjà quelque chose de peu ordinaire mais se retrouver nez à nez avec une jolie jeune femme en plein désarroi qui le confondrait avec le défunt frisait l'irréalisme, l'absurde. Elle avait eu l'air d'abord effrayé et à présent elle paraissait juste complètement perdue. Manuel pouvait deviner que le rencontrer lui faisait à la fois mal et à la fois du bien. Cependant, il restait persuadé de ne pas être la meilleure personne à pouvoir l'aider à faire son deuil. Car en voyant encore et encore les traits de Braxton sous ses yeux, la jeune femme ne pourrait jamais tourner la page. Manuel aurait dû partir. S'excuser rapidement, la saluer et disparaître. Et pourtant il était resté là et lui avait montré subtilement son soutien. Au fond de lui il ignorait pourquoi c'était cette décision qu'il avait prise, pourquoi c'était pour ce comportement là qu'il avait opté plutôt que la fuite. Peut-être parce que cette Aédan était d'une beauté impressionnante malgré le maquillage qui noircissait ses joues. Peut-être parce que sa peine et sa faiblesse réveillait en lui le peu de compassion qu'il avait jamais ressenti. Peut-être parce qu'elle était, fruit du hasard, la première personne qu'il rencontrait et qui semblait connaître son frère. Mais il supposait bien qu'elle ne pouvait pas connaître son existence et que sûrement Braxton non plus. « Oh... mh… Je ne sais pas… Peut-être… » lui avait-elle répondu. Hm... à bien y réfléchir, cette hésitation prouvait peut-être qu'elle ne connaissait pas ce Braxton aussi bien que Manuel l'aurait voulu. Mais il s'en contenterait après tout. Sa compagnie lui était agréable.


Elle s'excusa, chose que Manuel ne comprît pas. Elle n'avait absolument pas à s'excuser. Au final, elle ne le connaissait même pas alors qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? C'est Manuel qui aurait dû se sentir désolé pour elle. Il lui propose de partir, de la laisser en tête à tête avec la pierre froide, symboliquement représentant son défunt ami. Il se sent de trop, ce qui est normal. Ca doit être trop pour la jeune femme. Beaucoup trop. Sa pauvre petite caboche et son petit cœur doivent être tout bouleversés. Et pourtant... « Non ! » lui lança-t-elle d'une voix forte, avec une spontanéité surprenante. Manuel en haussa même les sourcils, un peu déboussolé. Il aurait cru qu'elle l'aurait laissé partir, raisonnablement, pour arriver à se détacher de cette vision et de son malheur. Et pourtant.. on connait si mal les gens aux premiers abords. « Je… Ne partez pas s’il vous plait… » continua-t-elle et il entendît les larmes retenues dans sa voix. Le tremblement émotif qu'elle laissait voler jusqu'aux oreilles de Manuel le rendirent plus compatissant encore. Il décida de rester et se rapprocha d'elle. « Pardon… Je… Si vous voulez y aller… Je ne veux pas vous forcer à rester… » Il lui sourît faiblement, et fît lentement non de la tête, lui montrant qu'il restait, qu'il ne comptait pas partir. Et il frôla à peine son épaule, lui prouvant qu'il n'était pas loin. Qu'il ne s'échapperait pas. De sa propre main, elle lui désigna son plâtre. « J’aurais aimé vous connaitre plus tôt… » Plus tôt... avant ce qui avait causé sa blessure ? Mais pourquoi ? Il ne comprît pas le lien entre ce plâtre et ce temps passé. Pourquoi avant ? Avant quoi ? « Plus tôt que quoi ? » se permit-il de demander après une hésitation. Peut-être aurait-il l'explication alors. « Je ne suis certainement pas la mieux placée pour vous parler de lui… » Elle semblait nerveuse, honteuse presque. Comme si elle s'estimait indigne d'avoir ce rôle, celui de partager les souvenirs et les informations concernant Braxton avec son frère. Il haussa les épaules à sa remarque et pencha la tête sur le côté. « Je suis sûr que vous en connaissez assez pour m'intéresser. » lui confessa-t-il avec un sourire chaleureux, ses yeux perçant les siens de malice et d'une pointe de tristesse partagée pourtant. Il aurait presque eu envie de la serrer dans ses bras pour que ses yeux humides se sèchent et que son sourire soit franc.

Il la vît alors sortir son portable et suivît son geste des yeux. « Je… Je ne sais pas si ça t’intéresse » Il sourît. S'était-elle rendue compte qu'elle l'avait tutoyé ? Il trouvait ça adorable. Certainement son esprit s'était-il brouillé un peu et les familiarités qu'elle pouvait avoir avec Braxton reprenait place en la présence de Manuel qui lui ressemblait tellement. Mais il ne fît aucune remarque puisque juste après, elle reprît avec les vouvoiements. « Vous pouvez vous asseoir… J’ai quelques photos… si vous voulez… » Il acquiesça. Ca lui faisait plaisir qu'elle veuille partager quelques points de leur instants communs avec lui. « C'est gentil à vous. » lui adressa-t-il en s'approchant au maximum sans pour autant vraiment la toucher. « J’ai pas beaucoup de photos… » Peu importait. Le minimum lui suffirait. Et il regarda alors la première photo qu'elle lui présentait. « Celle-ci est surement ma préférée… C’est la première. On était sorti voir un concert dans la rue… C’était une des premières fois que je le voyais réellement sourire et faire le con. » Manuel acquiesça, écoutant doucement la jolie brune à ses côtés lui parler de choses agréables, de souvenirs. Il trouva ça étrange de regarder les photos de son frère. Il lui ressemblait tellement qu'il avait presque l'impression de se voir au côté de la demoiselle sans même se souvenir d'y avoir été. Logique puisqu'en effet il n'avait jamais fait ce concert avec Aédan. Que jusqu'à il y a de cela quelques minutes il ne la connaissait pas encore. Et que ce visage sur la photo n'était pas le sien mais celui d'un cadavre gisant sous leurs pieds. « Là, on était parti se balader, un soir, il faisait froid. » Son sourire lui donna un sursaut au cœur, un sursaut agréable pourtant. Elle avait un rire adorable. Et même si elle devait souffrir de la fatalité que la vie lui avait imposé, elle arrivait encore à se réjouir de choses simples, comme un souvenir. [b-i]« Ah ! »[/i] Cette exclamation larmoyante l'arrache à ses pensées alors qu'il était en train de la regarder elle plutôt que les photos. Il se reprît alors et jeta un coup d'oeil. Sur la photo justement, Aédan était d'une perfection époustouflante. Et son jumeau... n'était pas mal non plus. Rien qu'à voir ces clichés, Manuel savait que Braxton était quelqu'un de différent de lui. Il avait quelque chose dans les yeux que Manuel ne se connaissait pas ême. Ià lui mls étaient foncièrement différents. Il le devinait en tout cas. « C’était une soirée pour sa boite… Tu sais, il était PDG dans une grande boite de pub. Alors c’genre de machin… il devait souvent y aller. Il m’a trainée à l’une d’entre elle.  » Il acquiesça d'un simple hochement de tête. Oui, il se souvenait l'avoir lu quelque part. PDG... Manuel n'avait pas la carrure d'un PDG. Il voulait être patron certes mais d'un restaurant. Ca n'avait absolument rien à voir. Ce que Manuel voulait c'était vivre de sa passion. Quelles étaient les passions de Braxton en revanche il l'ignorait. Mais il ne voulait pas interrompre Aédan dans son récit. Alors il l'écouta parler de cette fameuse soirée. « J’avais l’impression d’être une pièce rapportée et les gens me regardaient comme si j’étais une bête curieuse. Ils attendaient sûrement que Braxton m’embrasse tu sais. Pour se dire ‘ouah, c’est la nouvelle proie de Shepard’.  » Et alors qu'elle parlait, elle leva les yeux vers lui et il vît ses iris s'assombrir. Encore une fois elle refaisait face à une réalité qui lui faisait peur. Manuel tenta un sourire inutile. « J’suis désolée… J’ai… J’ai vraiment du mal dès que j’vois ton visage… » Manuel le devinait. Elle n'avait pas besoin de le dire. Lentement il enroula sa main autour de la sienne. Dans une pression très légère, leur peau se frôlaient à peine. « Je comprends... » lâcha-t-il simplement dans sa langue d'origine sans même le contrôler. Il lâcha sa main rapidement, se rendant compte que peut-être ce contact n'allait pas lui plaire, ou risquait de l'effrayer plus encore. Il passa alors une main dans ses cheveux alors qu'elle lui proposait d'en voir plus. Il en avait envie au fond... Mais pas tout de suite. « Non merci... » lui répondit-il avec un faible sourire et sortant à son tour son téléphone, il pianota un instant sur les touches pour atteindre le répertoire. « Mais nous devrions nous revoir... si ça ne vous dérange pas. » Il la regarda à nouveau. Et un faible soupire s'échappa de ses lèvres alors qu'encore une fois il la trouvait belle. Ce Braxton avait eu de la chance, et Manuel se disait qu'il avait sans doute dû tenter sa chance avec elle. A voir s'il l'avait eu ou non. « Vous me donneriez votre numéro ? Ca serait vraiment gentil de votre part. » Il lui proposait indirectement de faire connaissance en tournant leurs sujets de conversation autour de ce frère qu'il ne connaitrait jamais réellement, en chaire et en os. Peut-être cette proposition allait-elle effrayer la jeune femme. Mais il priait intérieurement pour qu'elle veuille le revoir. « Je comprendrais que vous refusiez. » ajouta-t-il afin qu'elle ne panique pas. De toutes manières, rien n'était sûr encore quant au fait qu'il reste ici, en Amérique. Même si maintenant qu'il avait rencontré Aédan, l'idée était encore plus alléchante. Il aurait dû avoir honte de songer ça. Mais qu'y pouvait-il ? 

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MessageSujet: Re: Hearts are made for breaking and for pain, Manuel   Hearts are made for breaking and for pain, Manuel EmptyLun 29 Juil - 12:29


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Cet homme bouleverse Aédan. Elle aime le regarder autant qu’elle déteste ça. Son cœur se serre agréablement et se brise la seconde d’après. La jeune femme est consciente de l’identité de Manuel. Elle sait qu’il est le jumeau de son amant. Il n’y a aucun doute là-dessus. De plus, malgré la ressemblance physique, ils restent différents. La voix, le regard, les sourires. Chacun d’eux a son identité et Aédan sait très bien qu’elle ne doit pas les confondre. Seulement, son cerveau lui joue des tours. Pendant de brefs instants. Elle subit ce qu’on appelle un « ascenseur émotionnel ». Elle croit voir Braxton mais immédiatement, la vie lui rappelle qu’il n’est plus à ses côtés et qu’elle ne le reverra jamais. Le bonheur ne dure qu’une fraction de seconde avant de quitter son corps, la laissant vide. Pas totalement vide, malheureusement. Elle ressent une immense tristesse qui ne s’atténuera qu’avant le temps. Elle doit vivre avec, elle en est pleinement consciente mais c’est tellement dur.

Au fond, la présence de Manuel la trouble mais elle ne veut en aucun cas le voir partir. Aédan qui préfère rester seule depuis l’enterrement ne veut pas voir le jumeau de Braxton s’en aller et c’est presque en se surprenant elle-même qu’elle le retient. La peur de passer pour une désespérée la traverse un instant mais elle s’en fiche. Elle le veut à ses côtés encore un peu. La vie est cruelle. Manuel ne pourrait jamais connaitre cet homme qui est né en même temps que lui. La jeune femme se demande intérieurement ce qu’aurait été leur relation s’ils s’étaient connus tous les trois. Les deux hommes semblent différents mais la brune se dit qu’ils auraient sûrement été complémentaires. Un pur bonheur pour elle si elle avait pu passer des soirées en leur compagnie. Mais tout ça n’est qu’un rêve. Un triste rêve qui ne se réalisera jamais. « Plus tôt que quoi ? » Mordant sa lèvre, la brunette lève son regard vers celui si semblable aux yeux de Braxton. « Avant l’accident… J’aurais aimé vous connaitre tous les deux… Peut-être que ça aurait changé beaucoup de choses. » Elle ne sait pas ce que ça aurait pu changer. Peut-être le moral de Braxton. Il pouvait être si triste parfois que ça l’avait blessée de le voir comme ça. Avec son jumeau, son amant aurait pu, certainement, voir la vie autrement. Avoir une épaule sur laquelle se reposer, pleurer même, après la mort de sa femme. Aédan ne peut qu’imaginer, malheureusement tout est trop tard. Seul Manuel est en vie. « Ça m’fait mal qu’il n’ait pas su que vous existiez… J’suis certaine qu’il n’était pas au courant… » Un sentiment fort lui affirme que son amant ne savait rien. Une impression qu’elle n’imagine pas fausse mais au fond, qu’en sait-elle ? Aédan n’a jamais vu quoi que ce soit qui aurait pu lui montrer que Braxton était au courant mais ce dernier était secret. Il aurait très bien pu cacher des choses. La jeune femme n’a pas envie d’imagine qu’il puisse lui avoir menti sur quelque chose de si important.  « Je suis sûr que vous en connaissez assez pour m'intéresser. »  En un sourire, cet homme parvient à lui réchauffer le cœur. Pour une seconde, peut-être deux.  Un bien être court qui l’apaise pourtant un peu. « Je connais des choses mais… oui peut-être que ça vous intéressera… »

L’idée des photos lui parait être bonne. Les regarder lui fait du mal et du bien à la fois. C’est étrange cette sensation qui l’envahit à mesure que les images défilent. Elle a l’impression qu’hier encore il était près d’elle. Tout est à vif. Ses plaies ne sont pas cicatrisées. Son malaise est encore présent malgré les jours qui passent et le fait de voir Manuel n’arrange rien. Pourtant, elle ne veut pas le laisser filer. Malgré la douleur et la gêne qu’elle peut ressentir en le regardant, la jeune femme ne veut pas perdre contact. Après tout, il est le dernier lien qu’elle peut avoir avec Braxton. Certes, il ne l’a jamais connu mais il est de sa famille. Les parents du jeune homme, elle ne les a vu qu’à l’enterrement et ne leur a adressé qu’un simple regard rempli de larmes. Elle ne s’est pas présentée, laissant les rumeurs parler pour elle. Aédan n’était pas là pour ça. Seul Braxton méritait son attention. Elle était presque sûre que la moitié des gens présents ce jour-là ne connaissaient même pas bien Braxton.

Perdue dans ses pensées, Aédan sursaute presque lorsqu’il lui adresse la parole. « Mais nous devrions nous revoir... si ça ne vous dérange pas. » Mordant sa lèvre, la jeune femme sourit faiblement. Rassurée qu’il propose lui-même de la revoir, elle hoche la tête. « ça ne me dérange pas » murmure-t-elle avant de reprendre « j’avais envie de vous le proposer mais… je ne savais pas si vous accepteriez… » Souriant faiblement, la jeune femme replace une mèche de cheveux derrière son oreille. « Vous me donneriez votre numéro ? Ca serait vraiment gentil de votre part. Je comprendrais que vous refusiez. »  Vivement, elle secoue la tête. Elle ne refusera pas. Paradoxalement, elle a besoin de lui. Son cœur se serre à l’idée de ne plus le revoir. Peut-être fait-elle un amalgame entre les deux hommes alors qu’elle ne devrait pas mais Aédan ne peut s’en empêcher. Rapidement, elle lui donne son numéro et vérifie qu’il le note bien. La crainte qu’il entre un mauvais chiffre la fait se crisper. Elle ne peut le perdre de vue. Presque impatiente, elle appuie sur la touche ‘appel’ du téléphone de Manuel pour récupérer le numéro du jeune homme. Son malaise ne s’efface pas. Elle est juste partagée. Son cœur se serre tristement puis se gonfle de bonheur et ainsi de suite. Peut-être est-ce néfaste pour elle mais elle ne peut se décider à refuser de le revoir. « Vous pouvez m’envoyer des messages quand vous voulez… » ‘Manuel’  figure à présent dans son répertoire et elle espère voir rapidement ce numéro s’afficher. « Je suis… malgré tout, contente de vous avoir rencontré… » Evidemment, la situation n’est pas celle qu’elle aurait aimé mais elle n’a pas le choix. Cette rencontre n’est absolument pas anodine et Aédan sait que le chemin sera long avant qu’elle puisse se défaire de l’image de Braxton en posant ses yeux sur son jumeau. D’ailleurs, la jeune femme se demande si elle y parviendra un jour. Braxton planera toujours sur elle, sur lui.

Se levant difficilement, Aédan caresse la pierre. Aucune envie de partir mais pourtant, elle le doit. Le soleil commence à se coucher et la température se rafraichissant la fait frissonner. « Je reviens demain… » chuchote-t-elle en fixant le prénom gravé dans la pierre. « Tu me manques… » Malgré elle, les larmes montent à nouveau. Une grande inspiration lui permet de les refouler un instant cependant elle sait qu’une fois seule, elle ne pourra plus se retenir. Les yeux humides, Aédan se retourne vers Manuel. Son cœur se serre encore. Et encore. « Je… Je vais y aller… Je vous souhaite une bonne soirée… » ‘bonne soirée’. Une formule de politesse. Elle se dit d’ailleurs que la sienne ne sera pas des meilleures mais elle commence à s’y faire. « Au revoir, Manuel. » Prononcer son prénom l’aide à ne pas se faire de fausses idées. Il s’appelle Manuel. Il n’est pas l’homme qu’elle connaissait, l’homme qui commençait à faire battre son cœur différemment. Il est son jumeau. Aédan ne doit pas l’oublier même si ce serait tellement plus facile de se voiler la face et de reporter tous ses sentiments sur lui. Attrapant ses béquilles, la belle s’avance vers la sortie ouest du cimetière. L’envie de se retourner et le fixer la ronge. « Non… ne te retourne pas… » marmonne-t-elle entre ses dents. Pourtant son visage pivote et elle l’observe. Il est beau. Il lui ressemble tellement. Ça fait mal. Terriblement mal. Aussi vite qu’elle peut, la jeune femme reprend son chemin alors que les larmes dévalent ses joues. Elle veut rentrer et pleurer contre la fourrure de son chat. Il est le seul à l’apaiser. Le seul. Peut-être que Manuel aurait pu… Qui sait.
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