Sujet: L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences ▪ Nathan Jeu 20 Juin - 16:50
Une journée comme les autres à la maternité. Plusieurs naissances avaient eu lieu dans la soirée, dont une qui ne s'était pas très bien passée. J'avais décelé une anomalie dans le cerveau du bébé, et je craignais fort que cela ne soit une tumeur. Pour en être certaine, j'avais évidemment effectué plusieurs radiographies, et le diagnostic était bel et bien confirmé. Je ne m'étais pas trompée, seulement, avant d'envisager une opération, je devais bien sûr obtenir l'accord du neurochirurgien. C'était lui qui allait se charger de prendre en charge le nourrisson, je n'avais pas le choix. Tout aurait pu être si simple pour un autre médecin, il aurait fait venir son confrère qui lui aurait confirmé le diagnostic et donné son accord sur l'opération, sauf que ce n'était pas du tout mon cas. J'étais confrontée à un problème de taille, parce que j'étais plutôt en froid avec le médecin en question qui gérait le service de neurochirurgie de l'hôpital d'Arrowsic. Il y a un an, alors que je m'installais en tant que chirurgien obstétrique dans ce même hôpital, ce très cher docteur Olson ne m'avait pas laissée indifférente. Pas du tout, et c'était réciproque au point qu'il m'avait aidée à m'intégrer à sa façon. A l'époque, le père de ma fille m'avait abandonnée depuis longtemps, j'avais accumulé les déceptions amoureuses, alors je n'avais pas pu refuser de passer un peu de bon temps avec ce très séduisant chirurgien. J'étais stressée par mes nouvelles responsabilités de médecin et de maman, et, lorsque je sentais que je n'arrivais plus à tout gérer, le docteur Olson était là pour me remonter le moral, en quelque sorte. Bien sûr, rien n'était sérieux entre nous. Du moins, pour moi, ça ne l'était pas. Je n'en étais pas amoureuse, il m'attirait physiquement, et j'avais profité du fait que cela soit réciproque pour décompresser de temps à autre avec lui. Autant dire qu'aujourd'hui, je n'étais pas vraiment fière de tout ça. Pour tout dire, je cherchais à tout prix à oublier cet épisode de ma vie. J'en avais même honte, parce que ce comportement ne me ressemblait pas finalement. J'étais une femme sérieuse dans son travail, qui ne mélangeait pas vie professionnelle et vie privée, alors aujourd'hui j'avais du mal à assumer d'être tombée si bas. Pour tirer un trait sur toute cette histoire, qu'une seule solution : fuir l'homme en question. Moins je le voyais, et mieux je me portais. Et puis, le retour de Felix m'avait beaucoup aidée. J'étais éperdument amoureuse du père de mon enfant, comme jamais je ne l'avais été pour quiconque. Je vivais même une véritable passion, alors forcément, le docteur Olson et nos galipettes dans tous les recoins de l'hôpital, je les avais bien vite effacés de ma mémoire. Pourtant, il travaillait encore ici, je ne pouvais donc pas complètement faire disparaître cette période de ma vie, et le fait que nous étions parfois forcés de collaborer ensemble n'arrangeait pas les choses non plus. J'étais donc en train de chercher un moyen pour obtenir indirectement son accord sur cette opération, mais j'allais opter pour la même solution que d'habitude : j'allais passer par un de ses internes. Quel stratagème astucieux ! Je n'en étais pas vraiment fière, mais je ne tenais vraiment pas à lui parler. Lui adresser la parole aurait fait ressurgir tous nos souvenirs, des souvenirs peu glorieux que je voulais absolument enterrer. Mes petites tactiques pour ne pas avoir à l'affronter en face avaient marché jusqu'à présent, mais jusqu'à quand ?
Accrochant les radiographies sur le tableau lumineux, j'entendis des pas qui se rapprochaient derrière moi. L'interne était enfin arrivé. J'allais d'abord lui expliquer le cas auquel j'étais confronté avant de lui demander d'aller porter le message au docteur Olson, comme j'avais pris l'habitude de le faire. « Ah vous êtes là ! Je vous ai fait venir pour … » Me retournant pour lui exposer le problème qu'il devait résoudre, mon visage se décomposa tout à coup. J'en avais même perdu ma phrase. Non, c'était loin d'être l'interne que j'attendais. Cette personne là avait été interne mais il y a plusieurs années tout comme moi, et était aujourd'hui un neurochirurgien de renom. Celui avec lequel j'avais eu une petite aventure en arrivant dans cet hôpital. Celui que je ne tenais absolument pas à croiser. « C'est l'interne que j'ai appelé, pas vous. » dis-je froidement en croisant les bras. Comme toujours, je me braquai dès que je constatais que mon plan misérable avait échoué. Il faut dire que, depuis notre dernière petite escapade dans le laboratoire, il y a de ça presque un an, je mettais tout en œuvre pour ne pas avoir affaire à lui. Un problème, une question me trottait dans le domaine de la neurochirurgie ? Je m'arrangeai toujours pour trouver la réponse en passant par ses internes, ou les infirmières qu'il avait sous sa responsabilité. En somme, je l'évitais, et j'étais même devenue plutôt douée parce que depuis un an, nos chemins s'étaient très rarement croisés, ou s'ils s'étaient croisés, nos rapports étaient toujours restés très glacials. Les rares fois où il m'avait abordée pour évoquer un sujet tout autre que la médecine, je prétextai être occupée ou encore mieux : je m'adressai à quelqu'un d'autre comme s'il n'existait pas. Sauf qu'aujourd'hui, je me retrouvais piégée. Il était là, en face de moi, et je ne pouvais plus fuir. J'ignorai s'il l'avait fait exprès ou non, mais en tout cas, sa présence n'était pas la bienvenue, et je lui faisais clairement comprendre.
e jamais coucher avec ses collègues. Cela devrait être une règle d’or au travail, surtout pour les médecins. C’est vrai, s’il y a un malaise, comment assumer de sauver des vies avec quelqu’un qui désire nier que vous l’avez vu nu ? On nous le répète pourtant assez souvent dans toutes ces séries débiles adolescentes, de ne pas mélanger l’amour et le travail. Malheureusement, la répétition de la morale n’entraîne pas nécessairement la sagesse. J’en étais la preuve vivante. J’avais entendu cette consigne des milliers et des milliers de fois mais il y un an, j’avais couché avec une chirurgienne en obstétrique, Neela. Bon entre temps, il y en avait eu d’autres mais, avec Neela, la situation était tendue. Peut-être parce que ma fille nous avait surpris en pleine action ? Quoiqu’il en soit au jour d’aujourd’hui nous étions incapables de travailler ensemble, nos communications, bien qu’uniquement professionnelles, se faisaient par un intermédiaire. Cette situation m’agaçait particulièrement mais je n’avais jamais voulu la forcer à cesser de m’éviter ou de me parler. Néanmoins, aujourd’hui les choses allaient changer.
Je me dirigeais d’un pas dynamique vers la salle de radiologie après avoir interrogé mon interne. En effet, Neela avait chargé mon interne de venir la voir concernant un cas de neuro, elle passait par mon interne au lieu de passer par moi. Je ne savais pas ce qui lui était passé par la tête pour aborder une stratégie aussi risquée, les internes sont connus pour enchaîner les boulettes surtout les premières années, inutile de dire que c’était le cas de mon interne. Willa était donc venue comme une fleur me dire qu’elle allait voir le docteur Owens concernant le nourrisson qu’il fallait opérer. Si Neela pensait qu’il y avait besoin de l’intervention d’un neurochirurgien, c’était à moi qu’elle devait en parler et à personne d’autres. On ne charge pas interne d’un cas ou de faire le rapport d’un cas –il serait capable d’oublier des détails importants-.
Une fois devant la porte, je l’ouvrais sans plus attendre, elle ne tarda pas à ouvrir la bouche, dos à moi elle devait penser qu’il s’agissait de mon interne. « Ah vous êtes là ! Je vous ai fait venir pour … ». Elle se tourna réalisant alors que ce n’était pas la jolie Willa, mais bien moi, le collègue avec qui elle avait fait des galipettes dans l’hôpital l’an dernier. Son visage se décomposa littéralement, je ne m’approchais pas d’elle pour ne pas la mettre plus mal à l’aise. En somme, je gardais une certaine distance de sécurité, appuyé sur la porte, les bras croisés sur ma poitrine. « C'est l'interne que j'ai appelé, pas vous. ». Elle semblait réellement énervée, je savais pertinemment que je n’étais pas le bienvenue mais qu’importe, aujourd’hui je passais outre les politesses et les exigences de Madame, il fallait que je comprenne. Quel était son problème à la fin. « Mais c’est à moi que vous devez vous adresser, pas à mon interne ». Ça c’était une première chose mais, ce n’était pas tant pour ça que je n’étais venu bien qu’il était évident qu’au milieu de nos problèmes, nous allions parler du bébé –le cas chirurgical s’entend-. « Docteur Owens, je peux savoir quel est votre problème avec moi ? ». Je la regardais brièvement avant de m’approcher machinalement des scans pour voir à quoi j’avais affaire.
Sujet: Re: L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences ▪ Nathan Mer 26 Juin - 17:12
« Mais c’est à moi que vous devez vous adresser, pas à mon interne. » J'étais médecin tout comme lui, alors si je décidais de m'adresser à un interne, il ne pouvait pas m'en empêcher. Je savais pertinemment qu'un interne n'était pas encore en mesure d'établir un diagnostic complet et précis. Heureusement d'ailleurs que je ne laissais pas les internes décider à ma place, je pense que j'aurais déjà quelques soucis. Je fronçai les sourcils tout en gardant mes bras croisés. J'avais passé une soirée éprouvante, j'étais sur les nerfs, et il venait mettre son grain de sel. Je n'allais pas me laisser faire. « Je voulais simplement l'interroger sur ce qu'elle aurait fait dans ce cas, mais si vous tenez absolument à prendre les choses en mains sans la laisser s'exercer un peu, alors allez-y. » J'étais sèche, mais mon petit plan venait de prendre l'eau, alors je n'étais pas vraiment d'humeur à faire des politesses. Je ne le portais pas dans mon cœur, et je ne pouvais pas m'empêcher de le montrer, même si je n'étais pas connue pour être froide et stricte en temps normal. D'ordinaire, mes confrères disaient de moi que j'étais douce, charmante, toujours le sourire aux lèvres et le tout en restant professionnelle en toutes circonstances. Mais là, j'étais trop blessée pour m'efforcer de paraître agréable. C'était la première fois depuis bien longtemps que je l'entendais s'adresser à moi, et le choc était plutôt brutal. J'avais l'impression de revivre notre aventure en le revoyant, en écoutant sa voix, alors que tout ceci était fini depuis bien longtemps. Du moins, c'était ce que je lui avais fait comprendre indirectement en l'évitant depuis que j'avais retrouvé Felix. Cela ne m'empêchait pas de me sentir affreusement mal, parce qu'être en contact avec ce cher docteur Olson faisait remonter ce vieux souvenir à la surface. Je n'en avais encore jamais parlé à Felix parce que cette histoire appartenait désormais au passé et qu'elle ne comptait pas plus que toutes les autres que j'avais vécues d'ailleurs. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à lui, comme si reprendre soudain contact avec cet homme était une sorte d'infidélité que je commettais contre mon petit-ami, et me mettait nez à nez avec mes erreurs passées. Je n'en avais commis aucune en réalité, bien sûr, mais j'aimais tellement Felix que je voulais que notre relation soit parfaite, sans aucun débordement. Le rejeter, l'éviter était donc une façon d'oublier ce que j'avais fait avec lui, un peu comme pour enterrer la femme que j'étais avant de revoir l'homme de ma vie. C'était tout ce que j'avais trouvé pour espérer tirer un trait sur cette aventure. C'était pitoyable, immature, je le savais, cette réaction ne me ressemblait même pas, mais je tenais absolument à m'éloigner de ce médecin pour avoir la conscience tranquille. Exaspérée par les leçons qu'il venait me donner, je lui tournai à nouveau le dos pour observer ce qui m'intéressait réellement dans cette pièce.
Je le vis s'approcher machinalement des radios comme pour me montrer que maintenant qu'il m'avait coincée, il ne me laisserait pas en paix de sitôt. « Docteur Owens, je peux savoir quel est votre problème avec moi ? » La question cruciale était enfin mise sur la table. Je ne le regardais pas, gardant mes yeux rivés sur les scans, comme si j'étais incapable de l'affronter en face. Je faisais mine d'être indifférente à ce qu'il me disait, mais en entendant sa question, je n'avais pas vraiment su cacher ma surprise. J'étais complètement troublée tout à coup. Il n'y était pas allé par quatre chemins, et il avait eu plutôt raison. A sa place, j'aurais fait la même chose. Pourtant, je persistais à l'ignorer, et prétendre qu'il n'y avait rien qui me dérangeait dans notre relation. « Mon problème ? Mais il n'y a aucun problème, tout va pour le mieux. » J'esquissai un sourire comme pour me persuader moi-même que ce que je disais là était la pure vérité. Évidemment que j'avais un problème avec lui, cela crevait les yeux que je l'évitais comme la peste, et je ne me faisais aucune illusion sur le fait que le moment était venu pour moi de lui en avouer la raison. « Alors, qu'est-ce que vous en pensez ? » lui demandais-je sans quitter les radios des yeux. Changer de sujet, c'était tout ce que j'avais trouvé pour espérer m'en sortir et m'échapper de cette situation délicate. En réalité, j'aurais voulu le pousser hors de la pièce et fermer la porte, mais cette attitude n'aurait pas été professionnelle du tout, j'aurais même aggravé sérieusement mon cas, et puis nous étions là pour traiter un problème médical avant toute chose.
es gens fuient, les gens n’aiment pas être mis à nus. Les gens mentent pour ne pas avoir à reconnaitre leurs torts ou leur action incorrecte. Quand cette personne était vexée ou blessée, l’action de mentir était d’autant plus inévitable et d’autant moins surprenante. La réaction de Neela n’avait donc eu aucun effet sur moi, je n’en attendais pas moins d’elle au vue de la distance qu’elle avait mis entre nous. « Je voulais simplement l'interroger sur ce qu'elle aurait fait dans ce cas, mais si vous tenez absolument à prendre les choses en mains sans la laisser s'exercer un peu, alors allez-y. ». J’affichais un maigre sourire amusé et peu convaincu par ce qu’elle disait là. En réalité, si elle voulait enseigner à mes élèves, les mettre à l’épreuve, il me semblait logique de m’en tenir informer d’abord.
Je m’approchais alors machinalement des radios pour voir à quel cas nous avions à faire –parce que oui, nous étions deux malgré tout-. Par la même occasion, je lui demandais sans le moindre détour, quel était le problème avec moi. Neela avait bien tentée de cacher sa surprise mais même du coin de l’œil je l’avais remarqué, je voulais savoir rapidement, plus vite les choses seraient dites mieux ça serait. Toutefois, Neela ne semblait pas de cet avis, elle continuait à jouer les indifférentes voire à m’ignorer. « Mon problème ? Mais il n'y a aucun problème, tout va pour le mieux. ». Elle aborda un sourire pour donner véracité à son mensonge mais soyons honnêtes, ça ne fonctionnait guère avec moi.
« Alors, qu'est-ce que vous en pensez ? ». Changer de sujet, j’étais absolument persuadé qu’elle allait utiliser cette technique. Manque de chance pour elle, j’étais capable de parler de deux sujets bien distincts sans me perdre –surtout sur deux tableaux aussi différents-. « Une tumeur cérébrale, je ne vous apprends rien mais, le plan d’action risque d’être compliqué ». Tout en parlant je dessinais alors les zones dont je lui parlais. « Si je prends le risque de m’attaquer à la tumeur de ce côté, la mobilité risque d’être touché. Par cette zone, là, je ne pourrais pas tout retirer mais c’est l’approche la moins invasive. ». Je mettais alors mes mains sur mes hanches. Aucunes de ces deux solutions ne me convenait et j’avais bien une autre idée mais, allait-elle me laisser faire, me faire confiance professionnellement parlant. « J’aimerai tenter une approche par cette zone, la tumeur ne sera pas facile à atteindre mais je suis certain d’en être capable. Reste à voir si vous souhaitez me faire confiance. ». En effet, il y a des risques, notamment d’hémorragie mais, c’était l’approche que moi j’avais choisi, celle qui donnait le plus de chance à cet enfant concernant son avenir.
Je regardais alors Neela, n’en ayant pas fini avec le sujet précédent. « Mais comme vous n’avez aucun problème avec moi, j’imagine que vous pouvez me faire confiance ? Que votre ton si glacial et vos esquives n’ont rien à voir avec nos nuits passées, n’est-ce pas ? ». Bien sûr mon ton était quelque peu ironique, je me doutais que tout le malaise était parti de là. « Je sais qu’à présent tu es en couple et je suis sincèrement heureux pour toi. Je ne vais pas retenter quoique ce soit avec toi si c’est cela qui t’inquiète, je ne vais rien dire à cet homme. Et si tu es amoureuse, c’est tout ce que je te souhaite. ». J’étais réellement sincère, je n’étais pas un homme mal honnête et malsain. J’avais couché avec Neela mais je voulais la savoir heureuse et amoureuse, je ne voulais en aucun cas qu’elle perde quelque chose d’aussi précieux.
Sujet: Re: L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences ▪ Nathan Mer 3 Juil - 18:21
« Une tumeur cérébrale, je ne vous apprends rien mais, le plan d’action risque d’être compliqué. » Je suivais du regard les mouvements qu'il effectuait avec sa main sur les radios. J'essayais tant bien que mal de me détacher de notre précédente conversation pour revenir au cas médical qui nous intéressait. Non, il ne m'apprenait rien, mais j'attendais la suite de son explication. « Si je prends le risque de m’attaquer à la tumeur de ce côté, la mobilité risque d’être touché. Par cette zone, là, je ne pourrais pas tout retirer mais c’est l’approche la moins invasive. » Je l'écoutais attentivement, je n'avais pas le choix. J'avais même plutôt intérêt, parce que la vie d'un nourrisson était en jeu, et c'était tout ce qui comptait, bien plus que nos états d'âme passagers. « J’aimerai tenter une approche par cette zone, la tumeur ne sera pas facile à atteindre mais je suis certain d’en être capable. Reste à voir si vous souhaitez me faire confiance. » Je continuais de garder mes yeux rivés sur le tableau, à détailler les radios et suivre son plan d'action qui consisterait à se débarrasser intelligemment de cette tumeur. Malgré tout ce qui avait pu se passer entre nous, je devais avouer que je l'admirais. Au cours de notre précédente aventure, je le lui en avais souvent fait part, et je ne le regrettais pas, même aujourd'hui, parce que je le pensais encore sincèrement. Il était talentueux, et savait s'adapter en toutes circonstances. Le docteur Olson avait été et était toujours un modèle pour moi. « Mais comme vous n’avez aucun problème avec moi, j’imagine que vous pouvez me faire confiance ? Que votre ton si glacial et vos esquives n’ont rien à voir avec nos nuits passées, n’est-ce pas ? » Je détournai alors mes yeux du tableau pour les plonger dans ceux de mon interlocuteur sans décroiser les bras mais fronçant les sourcils. Si mon ton était glacial, comme il le disait, j'avais bien détecté l'ironie qui teintait le sien. Il venait de réussir à glisser le fond du problème dans sa question, tout en ne laissant pas le cas chirurgical de côté. Je hochai la tête, c'était une évidence que je lui faisais confiance sur ce point. En revanche, j'évitai soigneusement sa deuxième question. « Bien sûr. Je ne mélange jamais vie professionnelle et personnelle. Je vous fais confiance pour le bébé, et cela n'a rien à voir avec ce qui a pu se passer entre nous. » Je restais froide avec lui, surtout que je n'aimais pas du tout l'air moqueur qu'il employait pour s'adresser à moi. Certes, j'étais une de ses conquêtes, c'était minable, je n'en étais pas fière, mais ce n'était pas pour autant qu'il devait me dénigrer et me rabaisser plus bas que terre. Nous étions confrères avant toute chose, et il semblait l'oublier. Là, il s'amusait très clairement avec mes nerfs, il profitait du fait que je n'avais pas d'autre choix que de recourir à son aide pour se jouer de moi. D'ailleurs, je ne comprenais pas vraiment pourquoi il faisait ce parallèle avec notre petite aventure puisque cela n'avait strictement rien à voir. En dehors de tout ce que j'avais pu vivre avec lui, je savais qu'il était un excellent chirurgien, et évidemment que je lui faisais confiance pour opérer le bébé que j'avais à ma charge.
« Je sais qu’à présent tu es en couple et je suis sincèrement heureux pour toi. Je ne vais pas retenter quoique ce soit avec toi si c’est cela qui t’inquiète, je ne vais rien dire à cet homme. Et si tu es amoureuse, c’est tout ce que je te souhaite. » J'étais en train de rêver ou il me tutoyais comme si nous étions restés deux amants tous les deux ? En tout cas, son ton s'était soudainement adouci, comme s'il désirait mettre fin à ce petit jeu ridicule auquel nous jouions tous les deux depuis un an. Enfin, auquel j'avais joué toute seule surtout. « Comment tu as su ? » C'était tout ce que j'avais trouvé à répondre sur le moment. En réalité, je m'en moquais bien de savoir comment il l'avait appris. Mes sourcils se défroncèrent, et je me détendis un peu plus tout à coup. Apparemment, il avait deviné que mon cœur battait pour un autre homme, à croire que mon bonheur était si intense qu'il se lisait sur mon visage. J'avais bien compris qu'il ne s'adressait plus là au médecin mais bien à la femme avec qui il avait eu une aventure dans cet hôpital. Je baissai les yeux en poussant un petit soupir. « Peu importe. Je … Oui, tu as raison, je suis amoureuse, et comme jamais je ne l'ai été. Je veux juste tirer un trait sur tout ce qui a pu se passer entre nous, et tu ferais bien de faire la même chose, parce que je ne suis plus du tout la même femme. J'ai honte de tout ça aujourd'hui. » Je levai les yeux au ciel tout en m'asseyant sur la chaise la plus proche, exaspérée en repensant à mon attitude passée qui était à mille lieux de ressembler au genre de femme que je voulais représenter aujourd'hui. Moi aussi j'étais en train de fournir un effort pour mettre de l'eau dans mon vin avec lui. Il mettait enfin les points sur les i, et si j'avais longtemps appréhendé cette confrontation, je me rendais compte tout à coup que j'avais eu tort, parce qu'au moins, j'étais en train d'apprendre des informations rassurantes. De toute façon, même si Nathan décidait de tout avouer à Felix, je connaissais suffisamment l'élu de mon cœur pour savoir qu'il ne m'en aurait pas voulu. Cette histoire s'était passée avant même que je le rencontre. Lui aussi avait eu des conquêtes avant de me retrouver, et tant mieux pour lui d'ailleurs. La seule chose qu'il pouvait encore me reprocher c'était d'être tombée aussi bas alors que j'élevais Carlie seule, mais cela n'avait eu aucune conséquence néfaste pour elle, heureusement. L'essentiel aujourd'hui était que nous nous aimions, que notre adorable petite fille était comblée et qu'il n'y avait aucune ombre sur notre tableau.
a mémoire des Hommes est à la foi un cadeau est un poison. Il est ce qui nous démarque des animaux entre autres- et ce qui nous englue dans le passé. La mémoire est ce qui permet l’évolution de l’Homme mais, cette évolution peut-être en opposition avec son bonheur même. Pour Neela et moi, la mémoire de nous nuits passées semblait jeter un froid glacial que je voulais glisser. « Bien sûr. Je ne mélange jamais vie professionnelle et personnelle. Je vous fais confiance pour le bébé, et cela n'a rien à voir avec ce qui a pu se passer entre nous. ». Elle était toujours aussi froide, en fait, elle semblait même être vexée par mon attitude. Pourtant, même si je me savais légèrement provoquant, je ne voulais pas la vexer davantage. La seule chose que je souhaitais c’était briser la glace, retrouver des relations saines et viables entre collègue. Je n’avais pas l’intention de retenter une approche sexuelle avec elle. Qu’importe, je confirme le point de vue médical « Très bien, j’utiliserai cette approche alors, tu voudras être présente dans le bloc ? ». Après tout c’était son patient, donc c’était à elle de voir. Je savais que pour ma part, j’aimais être présent, au pire dans l’observatoire. Me sentir évincer suffisait à m’agacer en tant que médecin.
Puis lâchant le vouvoiement d’usage je me permettais de signalait à Neela mes intentions qui étaient parfaitement pures, dénoués de sexe. Je lui souhaiter de conserver cet amour qu’elle avait trouvé. « Comment tu as su ? ». J’affichais un petit sourire, me doutant qu’elle était un peu prise au dépourvu. Son ton était plus doux et ça me faisait du bien d’entrevoir cette femme chaleureuse que j’avais connu, jadis. « Les infirmières ne peuvent s’empêcher de faire tourner les ragots dans le bloc malgré mon interdiction formelle. ». Je faisais la moue comme si ça me gênait réellement. C’est vrai, je n’aimais guère les ont dit et les rumeurs mais, je ne pouvais pas empêcher les gens de le faire, surtout les habitants d’Arrowsic. « En voyant ton visage rayonnant, j’en ai conclu que c’était vrai. ». Je lui offrais un sourire honnête, c’est vrai que l’amour la rendait rayonnante –quand je n’étais pas dans les parages-.
« Peu importe. Je … Oui, tu as raison, je suis amoureuse, et comme jamais je ne l'ai été. Je veux juste tirer un trait sur tout ce qui a pu se passer entre nous, et tu ferais bien de faire la même chose, parce que je ne suis plus du tout la même femme. J'ai honte de tout ça aujourd'hui. ». Elle leva les yeux au ciel tout en allant s’asseoir. Je ne quittais pas mon sourire bien que j’aurais pu me sentir vexé je savais que ce n’était nullement l’intention de Neela malgré qu’elle m’ait fuit si longtemps. « Ne t’en fait pas, j’ai tiré un trait sur cette histoire dès que notre relation a cessé. Je suis ravie que tu sois si amoureuse et je ne ferais jamais rien qui puisse s’opposer à ton bonheur Neela. ». J’étais parfaitement sincère, je n’étais pas malsain, je ne voulais en aucun cas la briser ou quoi. « Cependant, si je peux me permettre, je pense qu’il n’y a pas de quoi avoir honte. C’est le passé, nous étions deux adultes consentants et je crois qu’il n’y aucun de mal à ça. ». Je haussais les épaules, c’était simplement le passé pas une tare.
Sujet: Re: L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences ▪ Nathan Mar 30 Juil - 17:36
« Très bien, j’utiliserai cette approche alors, tu voudras être présente dans le bloc ? » Je hochai la tête positivement en le regardant. C'était une évidence que je me rendrais avec lui au bloc pour observer avec attention le déroulement de l'opération. « Oui bien sûr, je souhaite suivre tout ça de près. » Après tout, c'était mon petit patient, c'était moi qui était chargée de me préoccuper de sa santé, alors j'étais plus que concernée par cette opération, d'autant plus que cela n'en était pas une anodine.
« Les infirmières ne peuvent s’empêcher de faire tourner les ragots dans le bloc malgré mon interdiction formelle. » Je levai les sourcils. Forcément, de fil en aiguille, tout finit par se savoir, surtout ici. Et puis, quand les infirmières ne savent pas quoi faire, qu'elles s'ennuient lorsqu'elles sont en pause, elles ne peuvent pas s'empêcher de faire circuler des ragots. Quand ce n'est pas sur les patients, c'est sur les médecins, ou encore sur les autres infirmières. « En voyant ton visage rayonnant, j’en ai conclu que c’était vrai. » Il me sourit, tandis que je baissais les yeux, un peu gênée, mais incapable de m'empêcher de sourire moi aussi. Ah oui, mon bonheur se lisait donc à ce point sur mon visage ? Aucun homme n'avait su me rendre aussi heureuse que Felix, alors forcément, dès son retour, je n'avais pas pu cacher ma joie, et je ne le pouvais encore pas aujourd'hui tellement je me sentais pousser des ailes. « Ne t’en fait pas, j’ai tiré un trait sur cette histoire dès que notre relation a cessé. Je suis ravie que tu sois si amoureuse et je ne ferais jamais rien qui puisse s’opposer à ton bonheur Neela. » Je relevai finalement les yeux dans sa direction, comme pour être certaine que j'avais bien entendu, que c'était bien lui qui était en train de m'affirmer tout ça. Voilà, le docteur Olson m'avait dit tout ce que j'aurais voulu entendre auparavant pour me faire cesser mon cinéma, malheureusement je n'avais jamais eu le courage de l'affronter. Mais là, j'étais bouche bée, et rassurée à la fois, parce qu'il avait bel et bien tiré un trait sur cette histoire, et que nous pouvions donc reprendre une relation d'amitié ordinaire, comme avant. Soulagée, je lui tendis un ravissant sourire. « Merci, tu peux pas savoir à quel point ça me fait du bien d'entendre ça. » Finalement, je l'avais considéré presque comme un microbe qu'il fallait absolument éviter, alors qu'il ne me voulait aucun mal, que son intention n'était pas du tout celle de briser le couple que je formais avec Felix. « Cependant, si je peux me permettre, je pense qu’il n’y a pas de quoi avoir honte. C’est le passé, nous étions deux adultes consentants et je crois qu’il n’y aucun de mal à ça. » Il n'avait pas tort. Nous n'avions commis aucun crime, nous n'avions fait de mal à personne, alors pourquoi je m'en faisais toute une montagne ? Cette attitude n'était pas digne de moi, je crois que c'était la raison principale. « Non il n'y a aucun mal à ça, c'est juste que je regrette, c'est pas dans mes habitudes de me comporter comme ça, de coucher avec le premier venu … enfin, si … enfin non. » Je secouai la tête négativement en fronçant les sourcils, repensant à ma première nuit avec le père de ma fille. Je ne savais même plus ce que je disais, parce que mon comportement était paradoxal. Oui j'avais couché avec le premier venu, soit Felix, il y a dix ans, et étant pas franchement dans un grand moment de lucidité. Pour le coup ça avait tout l'air d'être dans mes habitudes ! Sauf que ce n'était pas du tout l'image que je voulais donner de moi, parce que ce n'était pas moi, tout simplement. Je me repris alors rapidement. « Ça me ressemble pas. Oui je l'ai fait il y a dix ans avec le père de ma fille, c'était une erreur de jeunesse, qui aujourd'hui n'en est plus une d'ailleurs … ensuite avec toi, mais si j'ai agi comme ça c'est parce que je me sentais mal. Tu sais, entre le stress du travail, l'éducation de ma fille à gérer toute seule ... Je suis complètement partie en vrille, et je m'excuse de t'en avoir fait payer les frais. » Il n'avait rien demandé à personne, et je m'étais presque servie de lui comme on se sert d'un mouchoir, à le prendre pour se soulager et à le jeter une fois qu'on n'en a plus besoin. « Si je t'ai évité tout ce temps c'est juste parce que j'ai eu l'impression d'avoir trompé l'homme que j'aime, et aussi parce que j'ai eu peur que tu t'attaches trop à cette relation. Alors oui, j'ai préféré couper les ponts. C'est nul je sais. » Et le mot était faible ! C'était même égoïste de ma part, parce que je m'étais enfermée dans mes croyances, dans mes idées complètement fausses, persuadée qu'il me voulait, qu'il n'allait pas me lâcher, alors que c'était tout le contraire.
ettre cartes sur table. C’était parfois inévitable, on pouvait redouter ce moment mais, on ne pouvait l’empêcher de se produire. Parfois, il faut savoir baisser la garde, abattre sa résistance et se livrer en tout honnête. Pour que le mal soit moindre, pour que la comédie cesse. J’étais heureux d’avoir enfin peu avoir une conversation sérieux avec Neela, lui dire que pour moi aussi tout était fini. Je ne souhaitais que son bonheur et je n’avais pas l’intention de retenter quelconque approche avec elle. « Merci, tu peux pas savoir à quel point ça me fait du bien d'entendre ça. ». J’affichais alors un sourire sincère, en fait, je pouvais parfaitement l’imaginer. J’avais eu aussi cette épine dans le pied, en quelque sorte, ne pas pouvoir m’expliquer m’avait irrité et à présent, je me sentais soulagé. Surtout qu’elle l’avait compris. « Et moi de pouvoir m’expliquer. ».
Enfin, j’avouais tout de même à Neela qu’à mes yeux il n’y avait guère de honte à évoquer notre passé. Nous étions adultes, consentants, le sexe sans sentiment n’est pas interdit. « Non il n'y a aucun mal à ça, c'est juste que je regrette, c'est pas dans mes habitudes de me comporter comme ça, de coucher avec le premier venu … enfin, si … enfin non. ». Je la regardais, amusé, alors qu’elle secouait la tête de gauche à droite. « Ça me ressemble pas. Oui je l'ai fait il y a dix ans avec le père de ma fille, c'était une erreur de jeunesse, qui aujourd'hui n'en est plus une d'ailleurs … ensuite avec toi, mais si j'ai agi comme ça c'est parce que je me sentais mal. Tu sais, entre le stress du travail, l'éducation de ma fille à gérer toute seule ... Je suis complètement partie en vrille, et je m'excuse de t'en avoir fait payer les frais. ». J’affichais un autre sourire amusé, Neela était vraiment une femme pleine de valeur. Il suffisait de l’entendre parler à cet instant et elle méritait ce bonheur retrouvé. «Neela, je me doute parfaitement que ce n’est pas quelque chose qui te ressemble. Et peu importe les raisons qui t’ont poussé à coucher avec moi, tu ne m’as fait payer les frais de rien du tout. Nous avons juste passé des bons moments tous les deux qui n’ont ont permis d’oublier un instant nos soucis. ». Et ça ne pouvait faire de mal à personne. Nous étions tous les deux célibataires, tous les deux parents et bosseurs acharnés. Parfois, il faut savoir lâcher prise et accepter un plaisir pur, un plaisir simple.
« Si je t'ai évité tout ce temps c'est juste parce que j'ai eu l'impression d'avoir trompé l'homme que j'aime, et aussi parce que j'ai eu peur que tu t'attaches trop à cette relation. Alors oui, j'ai préféré couper les ponts. C'est nul je sais. ». Elle s’excusait à sa façon et c’était adorable, même si cette conversation l’avait déjà toute excusée. Je n’avais pas besoin de tout ceci mais ça me faisait plaisir de l’entendre. Pour moi, l’essentiel aujourd’hui était d’avoir pour mettre les points sur les « i ». Et puis, ça lui éviterait de passer par les internes pour ses bébés malades. « C’est aimer une autre femme qui me donnerait l’impression de tromper la mère d’Evy, alors tu sais, m’attacher n’a jamais été dans mes projets. Et, je comprends ce que tu as pu ressentir, ce n’est pas nul, simplement plein de valeur. ». Oui, l’amour ne m’était pas retombé dessus depuis la mort de la mère d’Evy et quelque part tant mieux… parce que je ne me voyais pas aimer à nouveau. Pire encore, je ne voulais pas avoir à mentir à une autre personne, c’était déjà bien assez douloureux avec Evy.
Sujet: Re: L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences ▪ Nathan Sam 7 Sep - 15:48
«Neela, je me doute parfaitement que ce n’est pas quelque chose qui te ressemble. Et peu importe les raisons qui t’ont poussé à coucher avec moi, tu ne m’as fait payer les frais de rien du tout. Nous avons juste passé des bons moments tous les deux qui nous ont permis d’oublier un instant nos soucis. » Dire que je n'avais pris aucun plaisir à faire tout ce que j'avais fait avec Nathan aurait été mentir. Il était un homme extrêmement séduisant, intelligent qui plus est, et dès le premier regard échangé, j'avais compris qu'entre nous, il y aurait bien plus qu'une relation professionnelle ordinaire. Bien sûr, ce n'était pas un coup de foudre, ce n'était pas de l'amour, mais plutôt un déclic purement physique : nous avions tous les deux pris conscience que nous avions besoin de l'autre pour nous délivrer de nos tensions. Je ne m'étais pas attachée à Nathan comme je l'étais avec Felix, c'était totalement différent, ça n'avait même rien de comparable. Felix était l'amour de ma vie, avec lui, c'était bien au-delà du physique, il y avait tous ces sentiments dont j'avais l'impression qu'ils étaient indestructibles. Nathan lui, avait simplement été là à une bonne période de ma vie, nos chemins comme nos envies s'étaient juste croisés au bon moment. Sans faire de mal à rien ni personne, nous nous étions laissés aller, et avec le temps, je pouvais presque dire que Nathan m'avait aidée. Il m'avait aidée à passer ce cap difficile du déménagement de New-York à Arrowsic, avec une petite fille dont je ne connaissais même pas encore le père. En parallèle, j'étais certaine que je lui avais apporté une forme d'aide de mon côté, car Nathan n'était pas au mieux non plus à l'époque. « C'est vrai, mais j'ai mis fin à tout, sans aucune explication … à ta place, j'aurais eu l'impression qu'on se moquait de moi … Enfin, je voulais juste m'excuser si tu avais pu ressentir ça, c'est pas mon genre de jouer avec les sentiments. » Mais Nathan avait l'air de me croire, et d'être même persuadé qu'effectivement, je n'étais pas ce type de femme. Si je l'étais, je crois que je ne serais pas avec Felix à l'heure actuelle. Au contraire, je chercherais à rencontrer un homme différent chaque jour, sans vouloir aller plus loin. « C’est aimer une autre femme qui me donnerait l’impression de tromper la mère d’Evy, alors tu sais, m’attacher n’a jamais été dans mes projets. Et, je comprends ce que tu as pu ressentir, ce n’est pas nul, simplement plein de valeur. » Plein de valeurs ? Ah oui ? Je pris un air étonné, quand même peu convaincue de ce qu'il me disait là. Moi qui pensais qu'il me considérait comme une fille irrespectueuse, sans cœur, après ce que je lui avais fait, et le comportement que j'avais eu … comme quoi, je m'étais totalement trompée. Je lui souris, inconsciemment, parce qu'au fond, ce qu'il venait de me dire me faisait plaisir. C'était toujours plaisant d'entendre ce genre de chose, surtout venant de lui. « Au moins, tout est clair maintenant. » Je poussai un soupir, quand même fortement soulagée que toute cette histoire soit désormais enterrée, et que nous puissions tous les deux repartir sur de bonnes bases, en tant que collègues voire peut-être même en tant qu'amis proches, pourquoi pas ? Enfin … je me rappelais tout à coup que sa fille Evy nous avait vus en pleine action dans sa chambre un après-midi, alors que nous pensions être seuls à ce moment là. Inutile de dire que nous nous étions stoppés net dans notre élan, et que c'est d'ailleurs à partir de là que j'ai décidé de mettre fin à ma liaison avec Nathan. Paniquée à l'idée que la rumeur se répande dans tout Arrowsic, j'étais très vite redescendue sur terre et avais donc commencé à ignorer Nathan, comme pour montrer à tous que je n'avais strictement rien à voir avec cet homme. Gênée de devoir repenser à tout ça, et de remémorer cet épisode à Nathan par la même occasion, je pris une petite voix, peu sûre de moi. « D'ailleurs, ta fille … elle … comment ça se passe entre vous ? Elle t'en a parlé ? Elle doit encore t'en vouloir je suppose ... » C'était intelligent de culpabiliser un an après ! Je me mordis la lèvre inférieure, pensant que j'avais peut-être détruit sa relation avec sa propre fille en même temps que j'avais détruit mon lien avec Nathan. A l'âge qu'elle avait, elle avait du penser que son papa avait déjà remplacé sa maman par une autre femme, ce qui était bien sûr loin d'être le cas, et je me demandais comment il avait fait pour le lui expliquer... Une chose est sûre, cela n'avait pas dû être simple de parler d'une telle chose avec sa fille si jeune, et surtout de continuer à vivre avec elle au quotidien en sachant ce qu'elle avait vu …
es adultes compliquent tout, le moindre détail peut devenir une tragédie, une source de litige. Les adultes compliquent tout par peur de l'échec’ par peur d’être oublié, les adultes compliquent tout parce qu’ils ont perdu l’insouciance de l’enfance qu’ils ont pourtant cherché à conserver durant leur adolescence. Les relations entre les adultes –surtout les relations où se mêle le sexe- son parfois ridiculement compliquées alors même qu’elles pourraient être un jeu d’enfant. « C'est vrai, mais j'ai mis fin à tout, sans aucune explication … à ta place, j'aurais eu l'impression qu'on se moquait de moi … Enfin, je voulais juste m'excuser si tu avais pu ressentir ça, c'est pas mon genre de jouer avec les sentiments. ». Je lui offrais un beau sourire, je ne lui en avais jamais voulu, j’avais compris. « Ne t’en fais pas, c’est oublié. ». Oublié, pardonné, tout ce qu’elle voulait. De ce point de vue-là, je n’étais pas du genre rancunier. « Au moins, tout est clair maintenant. ». Je confirmais d’un hochement de la tête et d’un sourire, oui tout était clair, il n’y avait plus de raison que l’on s’évite. Nous n’allions peut-être pas aller boire un verre pour nous raconter nos vies mais au moins, il n’y avait plus ce froid qui dans notre profession était problématique –et humainement aussi à mes yeux-.
« D'ailleurs, ta fille … elle … comment ça se passe entre vous ? Elle t'en a parlé ? Elle doit encore t'en vouloir je suppose ... ». Je riais doucement en me rappelant cet épisode, Evy m’avait boudé toute la semaine après cela. Je m’étais senti on ne peut plus ridicule et j’avais même eu la frousse de lui expliquer, je m’étais senti comme un petit garçon prit au piège mais aujourd’hui les choses allaient mieux. « Elle m’en a voulu à l’époque… elle a refusé d’écouter ce que j’avais à lui dire pendant une semaine mais maintenant ça va mieux ! Elle a bien d’autres soucis que la vie de son vieux père, tu sais l’adolescence… ». Evy était en plein dedans et si elle ne faisait pas de crise à proprement parlé ce n’en était pas moins inquiétant. « Et toi, tu t’en sors avec ta fille ? ». Elle était plus jeune qu’Evy et au moins, elle ne nous avait pas vus en train de faire l’amour. Tant mieux, je préférais que ce soit ma fille d’un certain côté parce que l’expliquer à une gamine de neuf ans c’était sans doute encore plus qu’à une gamine de quinze ans.
Spoiler:
T'inquiète, c'est rien et désolée de mon retard aussi
Sujet: Re: L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences ▪ Nathan Mer 18 Sep - 16:59
« Elle m’en a voulu à l’époque… elle a refusé d’écouter ce que j’avais à lui dire pendant une semaine mais maintenant ça va mieux ! Elle a bien d’autres soucis que la vie de son vieux père, tu sais l’adolescence… » Je me demandais bien comment il avait réussi à lui expliquer ce genre de chose, en sachant qu'elle avait déjà tout vu de ses propres yeux, mais je ne lui en demandais pas plus, ce n'était pas mes affaires après tout. Je me contentai de lui sourire, finalement rassurée que leur relation se soit améliorée et que cet épisode soit maintenant enterré. « Tant mieux. Et non, je ne sais pas encore … mais je le saurais bien assez vite je crois... » Je ris doucement en pensant à Carlie. Le temps passait tellement vite. Dire qu'il y a dix ans, j'étais sur le point d'accoucher... et maintenant, elle allait bientôt fêter ses onze ans. Bientôt, elle ne tarderait pas à devenir une adolescente et à nous apporter tous les problèmes liés à cet âge. Nathan était lui aussi parent, il pouvait tout à fait comprendre à quel point il fallait profiter de son enfant tant qu'il est petit avant qu'il ne commence à voler de ses propres ailes. « Et toi, tu t’en sors avec ta fille ? » Je hochai doucement la tête en souriant. C'est vrai que depuis que je l'avais plus ou moins laissé tomber, Nathan n'avait pas su ce qu'il en était de ma vie, et d'ailleurs après l'attitude que j'avais eu envers lui, il n'avait pas eu de raison de vouloir en être au courant. Pourtant, après nos parties de jambes en l'air chez lui, j'avais pris l'habitude de lui confier mes problèmes, tous mes petits tracas quotidiens avec ma fille, mon histoire, et il avait fait de même avec moi. A l'époque, j'étais encore la mère célibataire, débordée par son travail et l'éducation de sa fille, qui ne croyait bien sûr plus au retour du papa depuis belle lurette. Mais les choses étaient tellement plus simples depuis que Felix était revenu, même si à force, j'avais commencé à me faire à l'idée que je devrais élever ma fille seule. D'ailleurs, parler de tout ça avec Nathan me faisait prendre conscience à quel point ma vie avait incroyablement changé en un an. « Oui, enfin disons beaucoup mieux depuis que Felix est là. Carlie n'a d'yeux que pour lui. Son papa et la danse, c'est sacré. » Ça, c'était bien vrai. Si depuis sa naissance Carlie était totalement obnubilée par sa maman, dès que son papa était réapparu, c'était comme si toute son admiration envers moi avait été transférée sur lui, et uniquement sur lui. J'étais un peu passée au second plan d'ailleurs, mais je ne lui en voulais pas le moins du monde. Je me mettais à sa place, elle avait attendu cette présence pendant dix ans, alors elle n'allait certainement pas s'en priver maintenant qu'il était là pour elle aujourd'hui. Je trouvais cela tellement adorable, mais à mon avis, j'aurais retrouvé Felix quelques années plus tard, c'est à dire avec une Carlie adolescente, les choses se seraient peut-être passées différemment. Elle aurait peut-être reproché à son père de nous avoir abandonnées il y a dix ans, et de ne pas avoir assumé ses responsabilités auprès d'elle durant son enfance.
« Tu … tu n'aimerais pas te trouver quelqu'un ? Ça ne te pèse pas trop parfois de rester seul ? Mais bon … peut-être que ta fille ne verrait pas cette relation d'un très bon œil. » Je pinçai les lèvres. C'était une question un peu intime et personnelle que je lui posais là, mais bon, après ce que nous avions fait, je pouvais bien me permettre de lui demander ce genre de chose. Je savais personnellement que parfois, la solitude me pesait énormément. Je m'étais souvent sentie délaissée, et n'ayant plus aucune raison de croire à l'amour. C'est vrai que la situation était différente pour Nathan, mais tout aussi compliquée, presque beaucoup plus que la mienne finalement, puisque lui, l'amour de sa vie n'était même plus sur cette terre, et qu'il n'avait vraiment plus aucun espoir de le retrouver. La petite de Nathan n'avait pas eu la chance de connaître sa mère, et à son âge, si elle voyait que son père avait une relation avec une autre femme, elle aurait pu très mal le prendre, en pensant qu'il désirait totalement faire une croix sur sa mère et l'oublier définitivement. D'un autre côté, Nathan faisait ce qu'il voulait de sa vie, il ne pouvait pas se priver de son bonheur en écoutant sa fille.
es enfants sont naïfs, ils croient en la magie, en tout ce qu’on leur dit. Les adolescents restent des enfants mais ils perdent cette croyance en la magie. Ils apprennent à leurs dépens à quel point le monde peut être dur et injuste. Ils ne croient plus tout ce qu’on leur raconte. Et c’était bien pour cette raison que j’avais dû expliquer certaines choses à ma fille. Des choses que j’aurais souhaité ne jamais avoir à lui expliquer. D’autant plus que j’avais malheureusement constaté qu’elle en connaissait bien plus que je ne l’aurais souhaité à ce sujet et que le stade de la petite graine –ou encore des choux et des roses- était bien loin derrière. « Tant mieux. Et non, je ne sais pas encore … mais je le saurais bien assez vite je crois... ». Je liais mon rire au sien. En effet, il n’y avait pas de quoi se presser, l’adolescence n’était pas de tout repos et je pouvais l’affirmer même si Evy n’avait rien de l’ado rebelle. « Alors je n’ai qu’un seul conseil pour toi : profite ! ». Parce qu’en effet, comme elle l’avait si bien souligné, elle allait connaître cette phase bien assez vite. « Oui, enfin disons beaucoup mieux depuis que Felix est là. Carlie n'a d'yeux que pour lui. Son papa et la danse, c'est sacré. » J’affichais un large sourire, j’imaginais sans peine la joie de sa fille. Je crois que si Evy avait pu avoir cet espoir de retrouver sa mère un jour, elle s’y serait accroché jusqu’au bout. « Je crois que c’est normal mais… lui il s’en sort ? Je veux dire, ça ne doit pas être semble d’apprendre qu’on a une fille de dix ans… ». Je tentais de me mettre à sa place une seule seconde et je crois simplement que je n’y aurais pas cru. Je n’aurais pas pu admettre si aisément l’évidence.
« Tu … tu n'aimerais pas te trouver quelqu'un ? Ça ne te pèse pas trop parfois de rester seul ? Mais bon … peut-être que ta fille ne verrait pas cette relation d'un très bon œil. ». J’affichais un sourire amusé alors qu’elle se pinçait les lèvres, gênée par cette question. « Evy pense que je m’interdis de retomber amoureux pour elle alors, elle me répète sans cesse qu’elle ne veut pas je finisse seul et malheureux. En réalité, ce n’est pas pour elle, c’est pour moi. Je ne me sens pas capable d’infliger à une femme l’amour que j’ai toujours pour la mère d’Evy. Elle a beau être morte, je ne veux pas prendre le risque de faire souffrir qui que ce soit. ». Et je ne voulais pas prendre le risque de souffrir moi-même. Ma dernière relation avec Jules m’avait littéralement brisé, son suicide avait tué une partie de moi. Aujourd’hui, retomber amoureux me semblait totalement inenvisageable. D’autre part, je ne pourrais pas supporter de mentir à une femme que je prétends aimer. Je devais déjà mentir à Evy, c’était déjà trop.
Sujet: Re: L'ignorance des faits n'en limite pas moins les conséquences ▪ Nathan Mer 9 Oct - 14:44
« Alors je n’ai qu’un seul conseil pour toi : profite ! » Je lui souris. Oh oui, profiter de ma nouvelle vie de maman et de femme amoureuse de la tête aux pieds, c'était bien ce que je comptais faire ! Je le faisais déjà d'ailleurs, Nathan n'avait même pas besoin de me le conseiller. « Je crois que c’est normal mais… lui il s’en sort ? Je veux dire, ça ne doit pas être semble d’apprendre qu’on a une fille de dix ans… » Je haussai les épaules en continuant de sourire. Non, cela n'avait pas été facile pour Felix d'apprendre ce genre de nouvelle. Il avait été totalement bouleversé, ce qui était bien normal... mais très vite il s'était accommodé à cette nouvelle vie. La preuve, aujourd'hui, nous formions un magnifique couple heureux, et il adorait sa fille, profitant de chaque moment passé à ses côtés. « Il apprend doucement à devenir père, c'est pas facile tous les jours, surtout que Carlie est assez … capricieuse et têtue comme petite fille, mais comme on dit, à deux on est toujours plus forts. » Je lui souris. Mais après avoir prononcé ces mots, je me sentis mal en réfléchissant à ce que je venais de dire. Quelle gourde. A deux on est plus forts, mais Nathan, lui, avait perdu la femme de sa vie pour toujours. Il était seul pour élever Evy, sa fille. Je pinçai encore les lèvres, extrêmement gênée, et tentai de me rattraper du mieux que possible. « Mais tu sais, élever un enfant seul, c'est tout à fait possible. C'est l'amour qu'on lui porte qui nous pousse à tenir bon et à ne jamais rien lâcher. Enfin, je pense que tu comprends, étant donné que tu le vis. » Je lui tendis un sourire rassurant, espérant m'être correctement rattrapée. Nathan était en train de vivre ce que j'avais vécu pendant dix ans. J'étais la preuve vivante qu'élever un enfant, qui plus est sans en connaître le père, était possible, alors il pouvait tout à fait écouter mes conseils et me croire sur parole. De toute façon, il le vivait aujourd'hui, alors il ne pouvait que comprendre ce que je lui disais. L'amour de son enfant était notre force pour avancer au quotidien sans jamais baisser les bras, même si parfois, la vie était si dure en étant seule avec Carlie que je n'avais qu'une envie : tout abandonner, mais je ne l'avais pas fait, pour elle, pour nous deux et notre petite famille. Aujourd'hui, je ne le regrettais pas, et je pense d'ailleurs que je méritais d'être heureuse avec Felix et de former avec lui et Carlie une jolie famille ressoudée.
Et puis évidemment, étant complètement épanouie dans ma vie avec Felix et la famille que je formais avec lui, je demandais à Nathan si le fait de rester seul avec sa fille ne le pesait pas trop parfois. Pour être passée par cette étape et l'avoir trouvée par ailleurs extrêmement longue, je savais à quel point être parent et célibataire était difficile psychologiquement. Pourtant, malgré les conquêtes, je n'étais jamais parvenue à trouver la perle rare, comme si le père de ma fille avait été et resterait toujours le seul et l'unique pour moi. « Evy pense que je m’interdis de retomber amoureux pour elle alors, elle me répète sans cesse qu’elle ne veut pas je finisse seul et malheureux. En réalité, ce n’est pas pour elle, c’est pour moi. Je ne me sens pas capable d’infliger à une femme l’amour que j’ai toujours pour la mère d’Evy. Elle a beau être morte, je ne veux pas prendre le risque de faire souffrir qui que ce soit. » Si sa fille le poussait à être heureux, c'était déjà vraiment formidable, et surtout une très belle preuve de son amour pour son père car elle privilégiait son bonheur. Cependant, je ne comprenais pas vraiment comment Nathan pouvait faire souffrir une femme en l'aimant de tout son cœur. Je fronçai les sourcils en l'interrogeant du regard. « Comment ça infliger à une femme de l'amour ? Pourquoi ferais-tu souffrir une femme si tu l'aimes ? » J'avais dû manquer un épisode depuis un an passé sans lui adresser la parole.