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 J’aurais jamais cru qu’on pouvait se faire du mal en s’aimant trop. Mais peut être que si. Ҩ

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MessageSujet: J’aurais jamais cru qu’on pouvait se faire du mal en s’aimant trop. Mais peut être que si. Ҩ   J’aurais jamais cru qu’on pouvait se faire du mal en s’aimant trop. Mais peut être que si. Ҩ EmptyJeu 20 Fév - 22:11


Je nouais rapidement cheveux, en filait et tablier et vérifiait une nouvelle fois la présentation de ma vitrine. J’affichais un sourire satisfait, tout était en place, je pouvais ouvrir la boutique. Et j’avais plutôt intérêt à ne pas tarder étant donné que Madame Dos Santos ma cliente la plus fidèle était déjà là.  Elle venait tous les jours en me répétant qu’à son âge, il n’y avait plus de raisons de se priver de ces petits plaisirs de la vie que sont les pâtisseries.  A vrai dire, je ne m’en étais jamais privé. J’aimais autant les faires que les manger. Le tout était de rester raisonnable. Enfin, je devais avouer que la boutique marchait mieux que tout ce que j’aurais pu espérer. Contrairement à Paris, j’avais une clientèle fidèle, je me sentais bien plus proche des gens et ça me faisait plaisir –bien que c’était étrange- de revoir des personnes qui m’avaient vu grandir. Des personnes qui étaient heureuses de me voir réussir et qui participait à cela.

Enfin, la boutique marchait tellement bien que j’envisageais d’embaucher quelqu’un, histoire d’avoir un peu plus de temps avec les enfants. Bon, mes parents ne se plaignaient pas de garder régulièrement Mathieu et de voir les jumeaux aussi souvent mais, je ne voulais pas que mes enfants pensent que je les délaissais. Déjà qu’Elodie se sentait abandonné par son père et que contrairement aux garçons, elle lui en voulait énormément. Je ne voulais pas que ce sentiment grandisse pour elle et naissent pour mes petits mecs. Enfin, pour le moment, ils n’avaient pas l’air de s’en plaindre.

Je profitais d’un moment de répit pour m’éclipser dans l’arrière-boutique et lancer une nouvelle fournée de cupcakes. Enfin, j’eus à peine le temps de les enfourner que déjà le petit bruit aiguë de la sonnette, eh mince il fallait déjà y retourner !

Je me précipitais pour accueillir le client sauf qu’une fois dans la boutique, mon visage se décomposa. Mon cœur se mit à battre d’une manière douloureusement irrégulière et ma gorge se nouait d’ores et déjà. J’étais incapable de faire le moindre pas en avant, d’ouvrir la bouche, j’étais juste figée. Je ne savais pas quoi lui dire, qu’est-ce qu’il faisait là ? Même cette stupide question ne sortait pas. Je ne comprenais pas sa présence ici, devant moi, devant cette boutique. C’était fini avec sa pétasse et il revenait ? Si j’avais pu gifler le cynisme de ma conscience à ce moment je l’aurais fait. Mais c’était bien la preuve qu’il me perdait, il me quittait sans me donner de raison concrète et pourtant, aujourd’hui il était en face de moi, à Arrowsic.  

Thomas… il m’avait tellement manqué, j’avais envie de fondre dans ses bras, de me blottir, de pleurer, de l’embrasse. J’en avais envie autant que de le gifler, de l’insulter et de l’accabler de reproche.  En tout cas, il me laissait sans voix.
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MessageSujet: Re: J’aurais jamais cru qu’on pouvait se faire du mal en s’aimant trop. Mais peut être que si. Ҩ   J’aurais jamais cru qu’on pouvait se faire du mal en s’aimant trop. Mais peut être que si. Ҩ EmptyLun 24 Fév - 19:31


Il était là, en face de moi. Il recula d’un pas. Je le regardais faire sans bouger. Il n’avait plus rien du PDG classe et sans faille qu’il laissait si souvent paraitre. C’était comme si son assurance s’était envolée. Comme si soudainement, il n’était plus qu’un adolescent démuni. Il avait l’air d’être à bout de nerf. Pourtant, il était propre sur lui. Il n’était pas venu en parfait souillon. Non, il présentait toujours aussi bien. Mais les traits de son visage étaient fatigués. Et ses yeux ne pouvaient pas mentir. Une douleur vive dans ma poitrine se raviva. On avait beau avoir divorcé, je l’aimais. Oh oui, bordel de merde, je l’aimais. L’idée qu’il aille mal me hantait. J’avais beau lui en vouloir, je ne parvenais pas à souhaiter son malheur. Sans doute parce durant ses années mon bonheur et le sien avait été lié et qu’aujourd’hui, ce lien était toujours là pour moi.

Le silence qui régnait dans la boutique était à la fois douloureux et absurde. Douloureux parce que nous n’avions jamais connu de silence comme celui-ci entre nous. C’était comme si quelque chose c’était brisé. Et absurde, parce que de toute évidence nous avions des choses à nous dire mais, nous restions muets. « - Salut. ». D’accord, peut-être que nous aurions dû rester muet. Salut ? N’avait-il rien de mieux à me dire ? Salut… et moi j’allais lui demander ce qu’il désirait manger, c’est ça ? N’importe quoi !

Agacée, je passais ma main dans mes cheveux, faisant quelques pas avant de reposer mon regard sur Thomas. « Ferme la porte à clé, s’il te plaît. ». Je n’avais pas envie qu’un client débarque maintenant. Je n’avais pas envie de jouer la parfaite commerçante alors que mon ex-mari était en face de moi. « Salut ? Après un je suis désolé qui veut dire je demande le divorce, qu’est-ce que je dois comprendre dans ce salut ? ». Mon ton était à la fois ironique, triste et énervé, un cocktail d’émotion qui n’avait rien de bon. Je savais que c’était très mal venu de dire ça comme ça, de laisser ma rancune sortir ainsi. Mais, j’étais tellement blessé par les évènements que je ne comprenais même pas. C’était simplement plus fort que moi. Même si je ne voulais pas le blesser à mon tour. « Qu’est-ce que tu fais là Thomas ? ». Voilà, elle était sortie la question la plus rationnelle que je pouvais lui poser. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Je quittais le comptoir pour passer de l’autre côté et me mettre bien en face de lui. Un peu plus proche pour pouvoir lire en lui, assez loin pour ne pas perdre tous mes moyens. Enfin… ne pas perdre tous mes moyens, le peu qu’il m’en restait en fait.

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