C'était une journée banale. Enfin pas tant que ça. L'effervescence se faisait sentir à l'hôpital. Une femme était en train d'accoucher. Un enfant pleurait dans les bras d'une infirmière. Un homme criait et s'engueulait avec cette femme. Puis enfin, le silence. Reposant, léger. Pas ces lourds silence que l'on veut briser. Un cri. Des pleures, des larmes. Un frère et une soeur. Riley June Loan Savannah Hoober venait de voir le jour le treize juin 1992, à Arrowsic. Le petit garçon, devenu grand-frère demanda à voir sa maman et son papa. L'infirmière refusa en lui expliquant ce qu'il allait faire à sa petite soeur et à sa maman. Il demanda s'il pouvait regarder, ce que la dame en blanc approuva. L'enfant, Tom, suivit du regard des femmes en train de nettoyer, peser une petite fille. Une toute petite fille. Leurs yeux se croisèrent et le petit se sentit grand. Il avait une soeur, plus jeune que lui et il devait veiller sur elle. On les emmena dans la chambre tout les deux et que Tom prit Riley dans ses bras, la vie commençait vraiment.

Les deux enfants ont eu une enfance heureuse. Leurs parents étaient là pour eux, ils étaient choyés, aimés. Mais quand Tom eut 6 ans et Riley 5, ils apprirent qu'ils allaient avoir une petite soeur. La cadette suivant l'ainée à bouder ses parents pendant longtemps. Environ un an. Puis après, ils ont appris à dompter Lula, et maintenant c'est leurs jeunes sœurs. Tout les deux la protègent et ils n'hésitent pas à la conseiller et bien évidemment à l'entrainer dans leurs bêtises.



C'est officiel, je me demande comment avec Tom, on a pu détester Lula à ce point-là ! Elle est tellement marrante avec ses mimiques de bébés. Non, elle me fait pas craquer mais elle est trop drôle. Puis c'est ma soeur ! Mon frère joue au grand à l'école, et il nous défend tout les deux. Des fois, quand on va chercher Lula tout les deux, il est à la limite de frapper les garçons qui la regarde. C'est trop drôle ! Hier papa et maman ont encore abusés de leurs pouvoirs de parents. J't'explique. En faite, ils ont demandés à Tom d'aller dans sa chambre pour que je travaille. Sauf que j'avais pas de devoirs. Papa a regardé et il nous a laissé tout les deux. Mais maman est arrivée et elle a commencé à nous crier dessus, comme quoi on faisait rien, qu'on la gonflait et tout ça ! J'ai pas compris et je me suis énervée, même si Tom essayait de me garder calme. Sauf qu'il a échoué, parce que je lui ais mis une claque. Papa est arrivé et j'ai été puni. Pas de télés pendant une semaine et j'ai pas le droit de sortir, SAUF pour manger et aller à l'école. Donc, je leur fais la tête et Tom aussi. Pourtant, j'aime mon frère et je veux pas qu'on se dispute c'est trop nul et ça fait mal. Et puis j'ai mal dormi cette nuit, parce que je voulais qu'il vienne mais papa et maman ont montés la garde (à croire qu'ils ne dorment jamais !) et quand je voulais aller dans sa chambre, ils me faisaient tellement peur que je repartais d'où je venais.



Quel merde ! Mais quel merde ! Tom est dans ma classe ! Je commence le lycée et moi qui voulais me faire des amis, et bien c'est raté ! J'ai mon frangin sur le dos. Oui, je l'adore mais il est lourd ! Dès que je commence à parler avec quelqu'un il arrive et fou tout en l'air. Par contre, moi j'ai pas le droit de le déranger, pendant que monsieur s'envoie en l'air ! Lula me pose pleins de question et elle demande rien à maman et je sais que ça la blesse. En même temps, elle a douze ans et je crois que si j'avais eu une soeur ainée, j'aurais agi de la même manière qu'elle. Mais je sais que ça blesse maman, alors j'essaie de lui dire d'aller la voir. Mais elle bloque complètement. Un peu crétine la frangine ! Maman n'a jamais rien fais et en plus je suis passée avant elle, pour les discussions mère-fille et elle ne m'a rien fait ! Et là, la nouvelle lubie de papa c'est de s'intéresser à ce que l'on vit au lycée Tom et moi. Si on a quelqu'un, si on a déjà couché avec bidule. Quand j'ai envie de dénoncer le frangin, il me frappe la jambe et me fait les gros yeux pour me faire taire. Mais je sais que papa sait que je sais quelque chose ! Mais il ne dit rien. Après tout, c'est leurs problèmes, pas les miens. J'aimerais beaucoup que maman discute de moi avec ça. Surtout qu'il y a ce terminal, qui me plaît un peu trop. L'autre jour, j'étais derrière lui à la cantine et sans faire exprès je lui ai rentré dans le dos. Il m'a regardé et je n'ai pas pu m'empêcher de le trouver magnifique ! J'ai rougi et me suis excusée, mais depuis il me suit partout et me souris dès que nos regards se croisent ! Ce matin, j'ai reçu un message d'un numéro que je ne connaissais pas qui m'a demandé ce que je faisais le lendemain midi. On était mercredi et Tom mangeait je-sais-pas-où. Lula avait danse et les parents bossaient. Donc j'ai dis que je ne faisais rien, en me demandant qui c'était. J'ai compris après seulement que c'était lui. J'le crois toujours pas ! Il m'a invité à boire un verre ! Moi, l'élève de seconde, alors qu'il est en terminal !


Je crois avoir fais une connerie. Mais une grosse et une pas belle. Je sais pas avec qui en parler. Tom et papa me tuerait et maman n'apprécierait pas. Lula est trop jeune pour comprendre. J'ai bus un verre avec ce mec qui me plaisait. On a pas mal discuté et au moment de partir, il m'a dit que je lui plaisais et m'a embrassé. J'ai pas réfléchi aux conséquences quand il m'a demandé si on pouvait passer chez lui. J'ai accepté comme une cruche. Et ça c'est terminé dans son lit. Remarque j'ai eu une première fois magique, avec un homme qui me plaisait. Mais le charme a été rompu quand il m'a demandé de claquer la porte en sortant. J'ai été détruite. Puis, j'ai eu le message de Tom. « Fais gaffe. Paraît que les term' s'amusent à déflorer des secondes. Une sorte de pari entre eux et tu serais dans la liste ! Méfies-toi petite soeur. » Trop tard. J'avais envie de l'appeler et de lui dire que c'était déjà fais. Je repassais en boucle ses images dans ma tête. Il avait été tellement doux et patient. Je ne doutais pas un seul instant de ce qu'il se passait. Pas le moins du monde.



Je m'en rappellerais toujours. De ses sourires enjôleur, de son visage angélique, de ce moment plus que parfait à mes yeux. Je fermais les yeux et posais ma tête contre le hublot. Je rentrais à la maison. Après quatre ans d'absence et un départ soudain et précipité, je revenais. Mais pas seule. Je ne savais pas comment papa et maman allait réagir. Comment Tom allait le prendre. Je regardais le petit être à côté de moi et sourit en lui caressant la joue. Elle ne lui ressemblait presque pas. Elle me faisait penser à Lula. C'était Kayla. Mon bébé, ma fille.

J'avais appris ma grossesse un mois plus tard. Un mois après cette nuit. Un mois après ma première fois. Je me sentais pas très bien et grâce à ce que maman m'avait dit, j'avais des doutes. Je suis allée faire des tests à l'hôpital. Un test de grossesse. Je sais que j'aurais pu l'acheter, mais je n'avais pas confiance et je ne voulais pas y croire. J'avais seize ans et j'étais naïve. On ne c'était pas protégé, mais je pensais qu'il ne m'arriverait rien. J'étais sous pilule. Quand le médecin me l'a annoncé, j'ai cru mourir. J'allais être maman. Il m'a proposé l'avortement, mais j'ai refusé. Je savais que je n'y arriverais pas. Je ne pouvais pas tuer un bébé. Alors que je l'ai gardé et le soir même, alors que toute la maison dormait, j'ai fuis. J'avais tout préparé et tout cacher. Je suis descendue dans la cuisine et j'ai laissé un mot. Quelques lettre sur un morceaux de papier.

« Pardon. Tout ira bien pour moi, ne vous inquiétez pas. Je vous aimes. Tous.
R. »

Je ne sais pas ce qu'il c'est passé par la suite, mais j'ai embarqué dans un avion. Je ne savais pas où j'allais. J'étais détruite. J'avais seize ans, j'étais enceinte, et j'avais fugué. Parce que la vérité était là. Le vol a été très long. Je me sentais mal. J'avais énormément vomi et dormi. Arrivé sur le sol new-yorkais, j'ai regardé mon téléphone. Je ne sais plus le nombre d'appels, de messages vocaux, de messages écris que j'avais reçu, mais j'ai tout lu, tout écouté. Personne ne comprenait. En passant près d'une poubelle, j'ai cassé ma carte et je l'ai jeté. Et j'ai commencé à faire ma vie ici.

Je n'avais personne pou m'aider, je me suis débrouillée. Heureusement une de mes voisines m'aidait. Sa fille était morte et elle prenait soin de moi. Je lui est tout raconté et même si elle ne comprenait pas, elle ne m'a pas jugé. Elle m'a aidé à trouver un travail, à remplir des tas de feuilles pour les assurances, elle me gardait la petite quand je devais aller travailler. Si j'en suis là aujourd'hui c'est grâce à elle. Et aujourd'hui, je rentre à la maison.