Je suis née il y a 28 ans de cela à Ottawa au Canada. Mon père est un américain pure souche qui s’est installé dans le pays définitivement après être tombé amoureux d’une canadienne, ma mère. Je suis l’ainée de 3 filles. J’avais 10 ans quand nos parents ont divorcés et que notre mère est partie. Une période très dure, d’autant que deux ans plus tard il a fallu accepter dans la famille la nouvelle femme de mon père ainsi que ses deux jumelles qui avaient 3 ans de moins que moi. Autant vous dire qu’au début j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Surtout avec mes nouvelles sœurs. Comme si les miens ne me suffisait pas déjà. Pourquoi n’avait il pas pu se remarier avec une femme sans enfants ? Ou alors qui avait des garçons ! Mais 4 sœurs ? La poisse ! Bizarrement celle qui me posait le plus de problèmes était celle qui me liait par le sang.
« Le dis pas à papa je t’en prie…Il va me tuer ! Et je serais privée de sortie pour l’éternité. » Je poussais un soupire d’exaspération. Ma sœur âgée de 16 ans (et moi 19) était en train de me supplier pour que je ne la balance pas au paternel. En effet alors qu’elle était sous ma responsabilité mademoiselle avait fait une nouvelle fois le mur pour se rendre chez son petit ami. Quand j’avais constaté la disparition de ma sœur j’avais du tirer les vers du nez à la plus jeune pour savoir où elle se trouvait. Ni une ni deux je m’étais rendu chez le petit ami en question, avait déboulé comme une harpie dans la chambre où je l’avais surprise au lit avec ce type, et pas en train de faire des mots croisés… Et maintenant qu’on était de retour à la maison voilà que Lysje se montrait toute timorée afin que je la couvre, une fois de plus !
« Mais putain c’est ce que tu mériterais ! Dire qu’il te croit encore sa petite fille innocente et pure…Bon sang s’il savait… Dis-moi au moins que vous vous êtes protégés ! » « Evidemment tu me prends pour qui ? » « Pour une écervelée prête à se faire sauter par le premier venu ! Non mais merde t’aurais pu choisir mieux que ce…type » « Il est très bien ! On s’aime ! » « Mais oui c’est ça…Tu verras qu’il te jettera à la première occasion venue et compte pas trouver en moi une épaule compatissante ! » « Tu n’es qu’une… » « Oui quoi ? Vas y fini le fond de ta pensée. Alors ? » « Rien. » « C’est bien ce que je pensais » C’est que mine de rien mademoiselle avait besoin de moi, alors elle n’avait pas intérêt à faire son insolente.
« Bon alors, s’il te plait tu ne leur diras rien ? » « Très bien. Mais je te jure c’est la dernière fois ! T’as bien de la chance que je ne veuille pas prendre le risque que ça retombe sur moi. Car à coup sur ça sera ma faute. Comme toujours. » « Ooooh merci ! Je te jure que te revaudrais ça ! » « J’y compte bien » Heureusement plus que quelques mois avant de quitter la demeure familiale pour me retrouver en chambre universitaire ! Tous les étudiants se plaignaient de leurs parents trop stricts, trop chiants, trop coincées ou je ne sais quoi, mais moi c’étaient mes sœurs que je ne pouvais plus supporter ! Quelle idée aussi d’avoir que des filles!
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« Je l’aime et on va vivre ensemble » Quelques mots que je venais de balancer à mon père. Des mots qui allaient avoir d’énormes conséquences sur nos relations par la suite. Je redoutais énormément cette conversation, dans la mesure où je savais qu’il aurait beaucoup de mal à s’y faire.
« QUOI ? Bon sang mais ça ne va pas ? As-tu perdu la tête ma fille ? Dis-moi que c’est une blague… » « Je n’ai jamais été aussi sérieuse de ma vie. » « Mais je croyais qu’elle n’était qu’une passade, qu’une nouvelle expérience, que tu allais très vite t’en lasser une fois la nouveauté passée. » « Oh je vois…c’est pour ça que tu l’avais si bien accepté ? Parce que tu pensais que ce n’était qu’une de mes crises d’adolescences avec quelques années de retard ? Que j’allais ‘’revenir à la raison’’ ? Et bien j’ai une nouvelle pour toi : je suis amoureuse de Joy – oui d’une fille – et je compte faire ma vie avec elle. » Je comprenais mieux maintenant pourquoi lorsque l’année dernière je lui avais annoncé voir une fille, il avait assez bien réagit. Il pensait que c’était ma nouvelle lubie, juste une expérience… Dans un premier temps peut être que ça avait été vrai. Mais je m’étais très vite rendu compte que c’était loin d’être anodin. J’aimais inconditionnellement Joy, et je voulais être avec elle, peut importe le jugement des autres.
« C’est ridicule. Tu n’es pas gay, je le saurais quand même ! Qu’est ce que tu fais de Wayne ou David ? Quoi tu vas me dire maintenant que tous tes exs n’étaient que des couvertures ? Tu ne me ferais pas croire ça tout de même ! » « Je n’ai jamais dis être gay. J’ai toujours été sincère avec eux… Je ne suis même pas sure d’être bi, il se trouve simplement que je suis tombée amoureuse d’une femme. Tout ce que je veux c’est que tu sois content pour moi. » Apparemment c’était trop demandé.
« Comment veux tu que je le sois ? Tu fais une énorme erreur. Je ne sais pas ce qui t’arrives mais je ne te reconnais plus du tout… Ce n’est pas toi… » « Si, et tu vas devoir faire avec. J’espère pour le bien de notre famille que c’est toi qui va changer d’avis. A moins que tu ne veuilles perdre ta fille. » Sur ce je tournai les talons et sortis de la maison en claquant la porte derrière moi. Si devant lui je n’avais rien laissé paraître, une fois dans la voiture j’éclatai en sanglots. L’avis de mon père avait toujours compté énormément pour moi. Apparemment je m’étais lourdement tromper en osant espérer qu’il puisse comprendre et me soutenir. Il était le seul parent qu’il me restait alors évidemment ça faisait mal.
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« Tu sais ce qu’on devrait faire ? » « Quoi ? » « Se marier ! » « Haha très drôle. T’en as d’autres des comme ça ? » « Et pourquoi pas ? Je t’aime, tu m’aimes, ça devrait suffire non ? » « Mais t’as pensé à ce que tous les autres vont dire ? » « Me dis pas que t’as peur du jugement des autres ? Tu n’étais pas la première à me dire qu’on s’en foutait éperdument ? Que tout ce qui comptait c’est qu’on soit bien ensemble ? Alors prouve-le et épouse moi Joyce Rosemarie De Krister. Aujourd’hui. » Le cœur battant la chamade, j’attendais impatiente la réponse de Joy. Peu être venais je sur un coup de tête de lui proposer de m’épouser, pour autant je le pensais sincèrement. Je voulais faire ma vie avec elle, jamais je n’avais été aussi sur de mon amour pour elle.
« Oui !!! » « Oui pour de vrai ? Ou tu me fais marcher… » « Oui je veux t’épouser ! » Avec du recul, probablement la plus grosse erreur de ma vie. Mais on s’est vraiment marié, pas de cérémonie rien, juste un oui devant le maire et notre signature sur les papiers officiels.
Un mois plus tard, alors que je rentrais des cours, quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris l’appartement vide de toute affaire appartenant à Joyce. Avec un mot posé sur la table du salon.
- Code:
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Je pensais pouvoir le faire mais je ne peux pas. Je suis désolée c’est trop pour moi…
J’espère que tu pourras me pardonner.
Je t’aime,
Joyce
Voilà c’était tout. Deux ans de relation, envolée, aussi rapidement qu’un battement de paupière. Un simple mot. Elle venait de me quitter, aussi simplement que ça, avec un putain de mot et deux lignes ! C’est à ça que se résumait notre couple ? Voilà toute la valeur qu’elle lui donnait ? Autant dire qu’elle m’a brisé le cœur. Elle l’aurait arraché de ma poitrine pour le piétiner devant moi que ça aurait eu le même effet. Jamais je n’aurais cru possible de souffrir autant à cause d’une personne. Après tout ce qu’on avait traversé ensemble, me quitter de cette manière… Pas une seule seconde je ne l’aurais imaginé capable d’une chose pareille. Comment pouvait-on se montrer aussi cruelle ? Le pire dans tout ça c’était rester dans l’ignorance. N’avoir aucunes explications… Rien, du jour au lendemain elle s’était simplement volatilisée. Ses affaires n’étaient plus là, personne ne savait où elle se trouvait.
Il m’a fallut beaucoup de temps, mais je m’en suis remise. M’installer dans le Maine – où j’avais de la famille – m’a été très bénéfique. Là bas je n’ai parlé à personne de mon mariage raté…ni même que j’ai eu une relation avec une fille. Tout simplement pour ne pas rouvrir une blessure déjà fragile. Faire comme si elle n’avait jamais existée était plus simple pour moi. Légalement je suis toujours mariée. J’avais contacté un avocat pour savoir quelle procédure suivre, mais je m’étais très vite rendu compte qu’obtenir le divorce allait être très difficile et long. Du coup j’ai renoncé à le faire, laissant trainer les choses. Ce qui aujourd’hui peut être très problématique. En effet 5 ans s’est écoulé depuis et j’ai refais ma vie. Avec un homme. On a eu une petite fille ensemble qui a 14 mois maintenant. Il a déjà évoqué l’idée de se marier mais je lui ai fais comprendre que je ne croyais pas en cette institution. J’ai parlé du divorce de mes parents comme explication… Je pense qu’il m’a cru, mais combien de temps encore vais-je pouvoir jouer cette mascarade ? D’autant que je ne suis pas au bout de mes surprises. Joyce va réapparaître dans ma vie…
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