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 « j'ai le coeur qui s'affole, le souffle qui se coupe, et toi qui t'en fiches. » abbey&adrien.

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Aaron Lawford
Aaron Lawford
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ARRIVÉE : 12/01/2011


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MessageSujet: « j'ai le coeur qui s'affole, le souffle qui se coupe, et toi qui t'en fiches. » abbey&adrien.   « j'ai le coeur qui s'affole, le souffle qui se coupe, et toi qui t'en fiches. » abbey&adrien. EmptyJeu 28 Avr - 22:46



« j'ai le coeur qui s'affole, le souffle qui se coupe, et toi qui t'en fiches. » abbey&adrien. Souryesterday4
I'm falling apart, I'm barely breathing with a broken heart that's still beating.


Mon regard était plongé dans cette boisson liquide et transparente, dont je ne voyais pas le fond. Dans ce récipient, j'avais l'impression de voir ma vie. Elle était floue, ambiguë, mélangée, et sans fin. Rien n'était clair. On ne pouvait distinguer réellement ce qu'il se passait dans ce verre. J'étais là, lasse, le corps fatigué après une longue journée de travail, les yeux rivés sur ce verre qui était mon unique compagnie. Je ne faisais même pas attention aux gens qui m'entouraient : à vrai dire, je m'en fichais. Cela ne me touchait à présent. J’étais devenue invisible, cachée aux yeux de tous, et d’un certain côté cela m’arrangeait mais je me rendais compte que cela me tuait plus que tout. Où était passée mon égo surdimensionné et l’envie de me montrer ? Il faut croire qu’il était parti, enterré au fin fond de moi pour toujours. Je me souvins tout d’un coup de moi, il y a dix ans. Je n’étais pas du tout la même, c’était le moins que l’on puisse dire. Je me revois encore, toute souriante après avoir gagné ce fameux concours de mode, et impatiente qu’on me prenne en photo. Petite, j’adorais me montrer, j’adorais que les gens me regardent, parce que j’étais belle et que mes yeux azur attiraient toujours l’attention. Et je me souvins que je détestais qu’on me pique la vedette. Oui, enfant, j’étais une star, une fille qui avait de l’ambition et de l’espoir. Et maintenant, je ne la retrouvais plus en moi. Elle s’était évaporée, disparue, sans même que je m’en aperçoive. Les rêves ne sont pas toujours faits pour être réalisés. Pour moi, ça a complètement tourné au vinaigre. Mes souvenirs remontaient à la surface, sans que je le veuille. Ces souvenirs-là, je voulais les laisser à New York, et ne pas les amener ici, à Arrowsic. Mais ils étaient venus quand même, en cachette. Je pensais au podium, au photoshoot, à la concurrence, aux fêtes, à l’alcool, aux drogues, à l’hôpital… Tout cela m’avait tellement anéantie. Je n’en pouvais plus. Allais-je guérir un jour, une fois pour toute ? Allais-je arrêter de me tracasser la tête, et vivre, enfin ? Mais moi, Abbey Jill Strugatsky, n’était pas faite pour vivre et croquer la vie à pleine dents. Non, moi, j’étais destinée à souffrir, à m’engouffrer dans mon trou, et à attendre ma mort en pleurant. Voilà qu’elle était ma destinée. Quel destin de merde.

Je me surpris à prendre le verre dans mes mains et l’avaler d’un coup sec. Que m’arrivait-il ? J’avais pourtant arrêté de boire, et cela faisait un an que je n’avais pas touché à une seule goutte d’alcool. Je ne me reconnaissais plus. Cependant, je me dis que pour se reconnaitre, il fallait déjà se connaitre. Et j’avais déjà du mal à me décrypter, alors comment pouvais-je savoir si boire était de ma nature ou pas ? Tout s’embrouillait dans ma tête. Je me posais des milliers de questions, sans cesse et constamment. Cela me hantait, cela me pourrissait la vie. Ses pensées, ses mauvaises pensées, conduisaient ma vie à un désastre. Et je m’en voulais pour ça. Je me détestais. Je me détestais pour ce que j’avais fait, ce que j’avais dit, et ce que j’étais. Je n’arrivais toujours pas à m’accepter, et je doutais que cela m’arrive un jour. Je soupirais. A quoi ressemblais-je, avec cette allure de morte vivante ? Je devais sans doute être pathétique, moi, la fille isolée dans ce coin qui évacue sa tristesse dans l’alcool. Je devais sans doute rebuter les gens. Je ne devais pas attirer l’amitié, mais plutôt la curiosité. On m’avait dit ça un jour, mais je n’avais pas compris. Moi je pense qu’on n’a pas envie de me parler parce que je ne suis pas intéressante et aussi parce qu’on n’a pas envie de m’entendre déblatérer sur ma vie minable. En même temps, c’est vrai que je n’aurais pas aimé être mon amie. Et voilà, maintenant je me mettais à penser bizarrement. Enfin bon, il fallait peut-être que j’arrête de me lamenter, maintenant.

Justement, une figure d’ange s’approchait de moi, une figure que je connaissais. En même temps, je l’aurais bien imaginé lui, ici, alors que moi, je n’avais pas ma place. Je le regardai et essayai d’afficher un sourire sur mes lèvres. C’était Adrien, un garçon que j’avais connu ici, à Arrowsic. C’était lui qui m’avait abordé, d’ailleurs. Il devait y avoir sans doute quelque chose qui l’attirait chez moi, bien que je me demandais ce que c’était. Quoiqu’il en soit, lui, au moins, me parlait, et ça c’était quelque chose de non négligeable. Je me sentais tellement seule, et n’importe quelle compagnie m’aurait plu de toute façon. Je me rendis compte à quel point mon cas était désespérant, et je commandais un autre verre de vodka, ce soir-là, je n’avais qu’une chose en tête : boire. Boire pour oublier, boire pour arrêter de souffrir, boire pour m’évader de cette vie qui ne fait que me détruire de jour en jour. De plus, j’avais quelqu’un avec qui boire. Cette soirée chamboulait complètement mes bonnes vieilles habitudes qui consistaient à me caler dans le canapé et regarder un programme télévisé, quel que soit le thème qui passait. Oui, ça me faisait bien de sortir un peu, je l’avoue. Être seule, parfois, c’est bien, mais tout le temps, c’est à vous anéantir.
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