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 « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.

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Aaron Lawford
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MessageSujet: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyMer 8 Juin - 14:49



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Je fixais les vagues qui battaient contre la terre. A côté de moi se tenait le phare ancien mais cependant sublime d’Arrowsic. Il était comme l’emblème de cette ville, il était comme l’endroit mythique. Les brins d’herbe se courbaient au gré du vent. Celui-ci soufflait fort, tellement fort que je manquais d’être emportée, moi aussi. Il faut dire que j’étais devenue fragile, beaucoup trop fragile. Mon visage ne bougeait pas, mon corps non plus, seuls mes yeux clignaient de temps à autre, sans que je ne puisse m’en rendre compte. Mon regard était avide, avide de sens, avide de sentiments, et ce, depuis bientôt un an maintenant. Cela faisait longtemps, beaucoup trop longtemps que je restais pâle, immobile et neutre. J’étais devenue un fantôme ici. J’étais banale, et détruite. Il était normal que personne ne s’intéressait à moi. Et, à chaque jour, à chaque heure, à chaque minute, à chaque seconde, je m’engouffrais dans une solitude qui ne semblait pas vouloir me laisser. Tous les jours, c’était la même chose, et tous les jours je feignais d’être heureuse, alors que je ne l’étais pas. Tout ce que je voulais, c’était une once de bonheur, bonheur que j’essayais de récupérer vainement. Mais ce qu’il me manquait avant tout, c’était l’espoir. Cela faisait longtemps qu’il s’était volatilisé, et je crains que je ne le récupèrerais jamais. Je baissais la tête. Ainsi, j’étais détruite. C’était une évidence. Je pensais que j’allais aller mieux, mais non. Enfin, en tout cas, j’essayais, mais ce n’était pas tous les jours facile. Il y avait toujours une part de moi qui était blessée, meurtrie, et ce, à jamais. Je le savais très bien, et c’était pour cette raison que parfois, je n’arrivais plus à me battre. Parce que je n’en étais pas capable.

Quelle heure était-il ? J’étais incapable de le dire, à vrai dire. Depuis combien de temps étais-je ici ? Ça non plus, je ne pouvais le dire. J’étais bien là, dans un coin reculé d’Arrowsic, aussi oublié que moi. Pourtant, je trouvais cet endroit magnifique. Il avait une beauté ancienne indescriptible. C’était ici que je me réfugiais, la plupart du temps, quand je ne savais pas quoi faire. Parce qu’ici, je pouvais me remémorer tous les bons moments de mon enfance. J’avoue que cela me manquait énormément. Parfois, j’avais envie de faire un bon dans le temps, et revenir à l’époque où j’étais encore insouciante et heureuse. Certes, j’étais toujours aussi effacée qu’à présent, mais à l’époque, je n’étais pas anéantie. Il fallait cependant me rendre à l’évidence : jamais je ne retrouverais la belle époque de mon enfance. Le temps avait passé, les gens avaient changé. Plus rien n’était comme avant. On se contentait tous de garder un beau souvenir, sans rien dire.

Le temps était maussade. Les nuages refaisaient surface, après une longue absence. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas plu à Arrowsic. Quelques gouttes vinrent effleurer mes frêles épaules, et se poser sur mes cheveux blonds. Cependant, je ne bougeais pas. La pluie. C’était sûrement quelque chose que j’appréciais beaucoup. J’aimais sentir l’eau arriver sur tout mon corps, j’aimais me sentir envahie par une incroyable sensation qui était l’humidité, j’aimais entendre les clapotis de la pluie sur les fenêtres et sur les routes. Et, ne voulant pas rater une miette de ce spectacle fabuleux, je restai. Je restai, parce que je trouvais cela d’une beauté immense. Je restai parce que j’avais envie d’être là. Je restai parce que je n’avais nulle part où aller. Peu importe si j’allais être complètement trempée, peu importe si j’allais être malade. Parce que ça n’avait aucune importance.
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptySam 11 Juin - 14:27

Louanne avait enfin terminé ses trente-six heures de garde à l’hôpital. Elle y était entrée il faisait nuit, et sous la lumière crue des néons qui inondent les couloirs de leur morne pâleur, elle n’avait su voir le jour se lever. Quand elle avait finalement mis le pied au dehors, la blancheur de perle du ciel l’avait un peu aveuglée. Il n’y avait que quelques heures de route entre Arrowsic et Boston et pourtant le vent du Maine, les ciels éternellement gris, la lumière éblouissante malgré la bruine, tout cela lui rappelait la sauvagerie du pays qu’elle avait quitté et où elle avait grandi. Elle lui devait en partie son caractère impétueux et timide à la fois. Affamée de grand air, de liberté, voulait laver de son corps tous les malheurs qu’elle avait croisé à l’hôpital, les dernières heures, les premières heures indécises, les mauvaises nouvelles, l’absence de nouvelles, elle avait sauté dans sa voiture et avait roulé en direction du phare qui l’avait attirée autant que si elle était en pleine mer.

Elle se gara au bas de la pente qui menait au phare, aux falaises centenaires, et la grimpa avidement, curieuse de voir si le paysage était resté le même. Probablement, ces six petites années où elle était partie le pays s’en était foutu. Louanne existait si peu. Elle n’était qu’un vague souvenir, un sourire sur une photo de classe. Son cœur se serra un peu. Elle avait fui vers l’aventure et elle était revenue, ne sachant vraiment quoi espérer mais craignant surtout d’avoir été oubliée. De n’avoir pas été, aux yeux des seules personnes pour qui elle avait peut-être compté. Essoufflée, preuve qu’elle était vivante, autant que les embruns qui venaient caresser son visage, le vent qui venait claquer dans le rideau sombre de ses cheveux, elle glissa ses mains dans les poches de son blouson et inspira profondément, les yeux fermés, avant de les poser sur l’horizon gris et de retrouver ce paysage qu’elle avait tant méprisé et qui la méprisait tout autant en retour. Elle sourit. Le mépris était mieux que l’indifférence.

Elle tourna la tête et vit une silhouette gracile assise sur un banc, des cheveux blonds, seule touche de lumière un peu chaude dans ce paysage en noir et blanc. Si elle ne l’avait pas déjà vu plus tôt, Louanne n’aurait pas osé la reconnaître. Abbey. Quand elle était entrée à l’hôpital et qu’elle s’était penchée au-dessus du comptoir d’accueil pour demander à consulter un psychiatre, Louanne était restée interdite. Abbey n’avait pas changé. Son visage, son apparence, certes, mais sa fragilité apparente, ce que Louanne pensait être de la faiblesse quand elle était plus jeune, Abbey n’avait pas changé. Et une vague de culpabilité s’était emparée de Louanne. Était-ce sa faute si Abbey était toujours aussi… elle ne savait pas comment la qualifier, mais était-ce à cause de ces heures passée à l’appeler le vilain petit canard d’Arrowsic ? Plus tard, quand elle avait rangé le dossier, Louanne l’avait ouvert. Troubles alimentaires. Était-ce sa faute ?

« Je peux m’asseoir ? » Elle fit son sourire de circonstance, coupable et inquiète.

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Aaron Lawford
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptySam 18 Juin - 15:28



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« Je peux m’asseoir ? » Je me retournais alors. Derrière cette jolie voix se trouvait Louanne. Je lui souris timidement. « Bien sûr. » répondis-je doucement. Elle s’assit alors à mes côtés. Sa présence me rassurait. Je me sentais moins seule, et ça me faisait tellement de bien. Je la regardais, sans rien dire. Seule la pluie battante nous réchauffait les oreilles. Nous restâmes ainsi, quelques secondes, quelques minutes, à observer ce paysage si paisible à mes yeux. Et la pluie continuait de battre, doucement et délicatement. « Tu sembles fatiguée. » finis-je par dire après quelques minutes. Je souris légèrement, avant de détourner le regard. Tout avait tellement changé. Si un jour on m’aurait dit que je me retrouvais aux côtés de Louanne quelques années auparavant, je crois que j’aurais ri. Oui, c’est bien ça. Je n’y aurais pas cru une seconde. Parce que ça me semblait impossible. Improbable. Et pourtant. Le temps avait changé les choses. Nous avions changés. Nos différences semblaient loin à présent. Je me sentais plus proche de Louanne à présent, beaucoup plus que je n’aurais pu imaginer. Me retrouver à côté d’elle était à la fois déconcertant et rassurant. Mais je ne voulais pas qu’elle s’en aille, au contraire.

Je plongeais alors mon regard au loin. Je fixais la mer, la magnifique mer qui dont les vagues battaient sur la terre d’Arrowsic. C’était un beau spectacle, que j’aimais regarder la tête vide. Ça me détendait complètement, et j’en oubliais tous mes problèmes. C’était sans doute pour cette raison que je venais souvent au port d’Arrowsic : pour m’évader. Oui, car j’en avais vraiment besoin. Parfois, le monde réel me faisait tellement souffrir que je préférais oublier. Même pour quelques secondes. Même pour quelques minutes. C’était amplement suffisant. Je souris à ce spectacle si agréable à mes yeux. « J’aime bien venir ici. Ça me détend. Et puis je trouve cet endroit tellement magnifique. » J’avais besoin de le dire, même si je doutais que ce que je disais intéressait ma camarade. Je me retournais alors vers elle, avant de lui demander : « Et toi ? Pourquoi es-tu là, alors qu’on va se prendre une averse d’une minute à l’autre ? » Je ne voulais pas qu’elle parte, au contraire. Je cherchais juste à savoir. J’avais toujours été très curieuse.

J’avoue que c’était étrange de parler avec Louanne. Enfin de lui parler comme une amie. Je n’en avais tellement pas l’habitude. Son visage me rappelait le calvaire que j’avais subi étant petite. Elle n’avait pas tant changée que ça. En tout cas physiquement. Mais je savais qu’intérieurement, quelque chose avait changé. Et ce changement avait engendré notre amitié, toute nouvelle et pourtant bien existante. Oui, Louanne, ou celle qui m’a martyrisé pendant tant d’années, était devenue mon amie. C’était à la fois impensable et curieux. Oui, cela me troublait beaucoup, mais j’allais finir par m’y habituer. Il le fallait bien. « Tu ne trouves pas que c’est bizarre ? Nous deux. Qui aurait cru qu’on serait devenues amies un jour, hein ? » dis-je avec un ton ironique. Je crois que j’avais le don pour poser des questions étranges. Mais j’avais besoin de le dire. Je voulais savoir ce qu’elle pensait, elle. Parce que de mon côté, c’était encore assez flou. Il y avait une part en moi qui trouvait ça étrange, mais une autre part de moi trouvait ça génial. En tout cas, tout ce que je savais, c’est que j’appréciais la compagnie de Louanne.
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyDim 26 Juin - 17:42

La situation était ironique. Ces deux filles qui étaient loin d’être des amies au lycée se retrouvaient assises l’une à côté de l’autre, toutes les deux perdues dans cette météo tourmentée, dans un lieu qu’elles ne fréquentaient auparavant que contraintes et forcées par leurs parents qui trouvaient intéressant de contempler un paysage alors que leurs seuls intérêts résidaient dans le vernis à ongles et les garçons. Puis ces deux filles, l’une martyrisée par l’autre, avaient quittés Arrowsic, ses paysages, son vent, elles étaient parties vers un monde qu’elles croyaient meilleur et qui en fait les avait toutes les deux brisées. Les années de mannequinat d’Abbey avaient insinué un mal en elle qui ne se guérirait jamais complètement. Quant à Louanne, son expérience rock’n roll l’avait finalement menée à être infirmière. Elle était bien loin d’avoir réalisé son rêve.

Louanne glissa ses mains entre ses jambes pour les protéger du froid et se tourna vers Abbey avec une curiosité cachée. Pourquoi était-elle là, et surtout, seule ? Maintenant qu’elle avait connaissance de son état Louanne craignait qu’Abbey ne rechute, ou qu’elle fasse quelque chose de stupide. Elle savait très bien que les troubles alimentaires avaient une cause psychologique, et la solitude n’était vraiment pas recommandée pour quelqu’un d’aussi fragile qu’Abbey. « Tu sembles fatiguée. » « Oui, je viens de faire une garde de trente-six heures. C’est long. » Louanne essaya de détendre l’atmosphère par un sourire mais l’attention de son interlocutrice se reporta vers la mer. « J’aime bien venir ici. Ça me détend. Et puis je trouve cet endroit tellement magnifique. » Elle regarda dans la même direction qu’Abbey. « C’est vrai, » répondit-elle simplement, n’ayant rien d’autre à ajouter. Elles avaient mûri, elles appréciaient ce que leurs yeux profanes d’adolescentes ingrates ne voyaient pas. « Et toi ? Pourquoi es-tu là, alors qu’on va se prendre une averse d’une minute à l’autre ? » Louanne prit une profonde inspiration, laissa entrer l’air iodé dans ses poumons, un peu comme pour se rendre ivre de l’oxygène et avoir la tête plus légère. « J’avais besoin d’air pur. » Elle finit par s’adosser au banc et penchant la tête en arrière pour regarder le ciel et ses nuages annonceurs de pluie, laissant ses cheveux flotter au vent et battre contre ses épaules.

C’est là qu’Abbey mit les pieds dans le plat. Dieu qu’elle pouvait détester quand elle faisait ça. Quand elle avait quinze ans Abbey lui avait demandé en pleine cour de récré pourquoi Louanne traitait Garrett comme de la merde alors qu’il était son voisin et qu’il était « sympa ». Elle détestait cette façon qu’elle avait d’avoir raison en posant une question. « Tu ne trouves pas que c’est bizarre ? Nous deux. Qui aurait cru qu’on serait devenues amies un jour, hein ? » Louanne éclata d’un rire sur le même ton, et tourna la tête vers la blonde. « J’ai l’impression surtout qu’il n’y a rien qui ne le soit pas. Bizarre. »

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Aaron Lawford
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyMar 12 Juil - 22:18



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La pluie commençait à s’accroitre, piquetant mes frêles épaules. Le bruit des clapotis sur la terre était agréable à mes oreilles. J’avais froid, très froid, mais cela n’avait pas d’importance. J’aimais ce paysage, et ce temps. J’aimais parler à Louanne, comme si nous avions toujours été amies, comme si rien ne s’était passé entre nous, comme si tout allait bien… C’était plutôt agréable, à vrai dire. Et même si nous avions un passé toutes les deux, même si nous nous n’étions toujours pas très bien entendues, le fait qu’on soit là toutes les deux, en paix, me faisait du bien. Je me disais que rien n’est jamais perdu. Les gens changent, les comportements aussi. Et j’avoue que j’étais tout de même heureuse que tout aille bien entre nous, je n’aurais pas aimé qu’on soit encore froid. Parce qu’elle était devenue plus douce, plus gentille, plus aimable. Et j’arrivais à m’identifier à elle, ce qui était assez surprenant. Nous avions toutes les deux évoluées, et je crois que c’était mieux ainsi.

« Oui, je viens de faire une garde de trente-six heures. C’est long. » Je n’imaginais pas ce qu’elle devait endurer pendant trente-six heures. Ça devait vraiment être difficile. Je la trouvais courageuse, et puis généreuse aussi. Ce métier me fascinait, vraiment. J’éprouvais un grand respect pour tous ceux qui sauvaient des vies. Ce n’était pas quelque chose que l’on faisait tous les jours, et ça ne devait probablement pas être évident. Louanne m’impressionnait. Elle m’épatait, et à chaque fois que je commençais à la connaitre un peu plus, elle m’offrait de bonnes surprises. « Oui, je suppose. Ça ne doit pas être très facile. Tu dois être fatiguée, alors, non ? » Je posais des questions idiotes parfois, et je le savais en plus, mais j’étais d’un naturel curieux. « C’est vrai, » Je ne dis rien de plus. Au moins, on partageait le même sentiment pour ce paysage si beau à mes yeux. J’aurais pu rester ici des heures, ça ne m’aurait pas déranger, loin de là. Je ne m’en lassais pas. D’ailleurs, je ne m’en lasserais jamais, je crois. « J’avais besoin d’air pur. » Je pensais qu’Arrowsic regorgeait d’air pur, et c’était l’une des raisons pour laquelle j’aimais cette ville. On se sentait tellement près de la nature, tellement libre. Arrowsic regorgeait de charme, à chaque endroit, à chaque maison, à chaque pièce de cette ville. Même les brins d’herbe étaient plaisants. Tout était plaisant ici, j’en étais persuadée.

« J’ai l’impression surtout qu’il n’y a rien qui ne le soit pas. Bizarre. » C’était plutôt une bonne réponse, je devais l’admettre. Je me posais trop de questions, peut-être. Oui, c’était sans doute. Elle n’avait pas l’air de vouloir se questionner sur notre relation, peut-être était-ce mieux ainsi, après tout. Oui, sans doute. Je souris, tout en la regardant. Je ne pus m’empêcher de remarquer, même dans ce brouillard et à travers la pluie, qu’elle était jolie. Incroyablement jolie. Je ne l’avais jamais vu auparavant, sans doute étais-je trop aveuglée par la haine que j’éprouvais pour elle avant. Mais là, elle me paraissait si belle, si sympathique, si humaine. Je voyais tout différemment, et ça m’allait parfaitement. Parce que j’avais l’impression que tout allait bien, et que rien ne pouvait nous toucher. « La vie est bizarre, en effet. » murmurai-je alors. Nous replongions alors dans un silence, dans nos pensées, sans que cela ne soit gênant. J’appréciais regarder ce paysage sans rien dire. J’appréciais l’odeur de la pluie. J’appréciais le brouillard qui dissimulait quelques parcelles de cette vue. « Tu sais, je suis contente que tu sois là, même après tout ce qui s’est passé. » C’était sorti comme ça, sans même que je m’en rende compte. Je crois que je le pensais vraiment, étrangement.
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyDim 17 Juil - 17:20

Au bout de trente-six heures coincées dans cet espace clos éclairé seulement par des lumières blanches artificielles qui n’empêchaient aucun symptôme de se dissimuler, Louanne avait finit par étouffer. Elle savait que cela faisait partie de son boulot, l’oppression, et c’était ce qui motivait le personnel médical à travailler toujours à cent pour cent, à ne jamais s’arrêter pour respirer. Car il n’y avait pas d’air, ils étaient dans une course contre la montre, contre la maladie, contre la fatigue. Traiter le plus de patients possibles, tant qu’il est encore temps, optimiser au maximum le temps qu’ils passaient à l’hôpital. Quand ils en sortaient ils étaient épuisés, dégoûtés par le monde et par la vie, mais ils savaient qu’ils avaient fait ce qu’ils avaient pu, que s’ils mettaient le pied dehors, c’était parce que c’était vital pour eux. C’était comme ça que Louanne le voyait. Alors pour l’instant la pluie lui faisait le même effet que des perles d’oxygène sur sa peau.

« La vie est bizarre, en effet. » Abbey était si étrange, elle donnait l’impression d’être insaisissable, elle était éthérée et lunaire. Quand elles étaient ado Louanne pensait juste qu’elle était un peu folle. Maintenant elle ne savait plus trop. La vie était passée par là, pour toutes les deux. Louanne savait désormais que la mélancolie n’était pas de la folie mais elle n’aurait su dire si Abbey était dépressive ou tout simplement blessée. Elle n’était pas médecin. Juste infirmière. Elle n’aurait pas supporté les années d’étude et la compétition pour arriver à ce niveau. Elle voulait se sentir utile, et dans le fond elle trouvait que les infirmières apportaient plus aux patients que les médecins. Elle passait tout son temps avec eux. Elle les rassurait, les lavait, les réconfortait. Elle se sentait humaine. « Tu sais, je suis contente que tu sois là, même après tout ce qui s’est passé. » Louanne hocha la tête, que pouvait-elle dire ? Je te demande pardon de t’avoir traitée comme je l’ai fait ? Elle ne pouvait pas formuler des excuses pour cette personne qu’elle n’était plus, cette fille idiote et irresponsable qu’elle n’était plus. Elle se contenta de rester murée dans son silence quelques secondes de plus. « Tu ne m’as pas dit ce que tu faisais ici, » fit-elle finalement, alors qu’elle tournait son visage vers celui d’Abbey. C’était drôle comme elles avaient changé. Abbey était devenue beaucoup plus… Elle avait comme perdu son innocence d’enfant. Louanne avait perdu ses traits lourds de khôl autour des yeux, elle avait perdu la haine dans son regard. Elle s’était lissée. « C’est plutôt solitaire comme endroit. » Elle se faisait du soucis pour la mannequin mais ne savait pas comment le formuler.

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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyMer 20 Juil - 18:00



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Elle n’avait pas répondu à ce que j’avais dit. Peut-être qu’elle ne le pensait pas ? Ou peut-être n’avait-elle pas envie de répondre, parce que cela était trop gênant pour elle. Je n’en savais rien. Je ne savais plus rien de Louanne. Elle n’était plus celle que j’avais connue, avec ses vêtements trash, avec sa façon de parler assez franche et directe, avec sa manière de marcher si aisément dans les couloirs. Elle avait complètement changée. Elle s’était métamorphosée, oui. Comme une chenille se faisant une carapace pour en sortir plus belle, plus sublime, plus magnifique. Louanne était un papillon. Avec des jolies ailes, une jolie allure, une jolie chose à regarder. Mais à présent, je n’en savais plus où j’en étais. Elle avait tellement changée, ça en était perturbant. Je réapprenais à la connaitre. On réapprenait tout. Comme un nouveau départ. Comme un renouveau. Je souris à cette pensée. Ce mot me donnait envie de sourire, je ne savais pas pourquoi. Sans doute parce que tout reprendre à zéro, tout recommencer, c’était ce que je faisais en ce moment. Et ça sonnait si beau, si joli, si merveilleux. J’étais heureuse de retourner à Arrowsic, oui. Je regardais au loin. C’était si beau, je ne m’en lassais pas.

« Tu ne m’as pas dit ce que tu faisais ici, » J’attendais cette question. Je la redoutais, en fait, tout en savant que c’était inévitable. Je ne pouvais pas revenir ici comme une fleur, sans explication. Je ne regardais plus Louanne. Je n’osais pas, en fait. Si elle savait… Que penserait-elle de moi, ensuite ? Allait-elle me rejeter, me trouver bizarre, inintéressante, ennuyante ? J’appréhendais sa réaction. Tout le monde avait une réaction différente. A chacun sa pensée. Je soufflais un coup. Je n’aimais pas parler de moi. Je n’ai jamais aimé ça, à vrai dire. C’était sans doute pour cette raison que je ne parlais pas souvent. Je préférais écouter les autres débattre sur leur vie, parler de divers sujets. C’était beaucoup plus divertissant. Alors que quand je parlais de moi, c’était assez brouillon, et j’avais toujours peur d’ennuyer les gens. « Disons que les choses ne se sont pas passées comme je le voulais. » finis-je par dire calmement. Je me rendis compte que j’avais été assez évasive, et qu’elle ne comprenait peut-être pas tout. C’est vrai qu’elle ne savait pas beaucoup choses sur moi. « Je suis allée à New York, pour devenir mannequin. Mais j’ai échoué. » Je détestais ce mot. L’échec. Ça me faisait mal au cœur rien qu’en y pensant. C’était pourtant ce qui m’était arrivé.

« C’est plutôt solitaire comme endroit. » me dit-elle. Je la regardais, le visage calme. « Oui. » dis-je tout doucement. « Tu sais, je suis souvent seule. » Je me sentais toujours seule, même si j’avais des amis. Il y avait des gens qui comptaient à mes yeux, et que j’appréciais beaucoup. Techniquement, je n’étais pas seule. Mais je me sentais tout comme. Ce n’était pas quelque chose que je caractériserais de mal, ou mauvais, non, au contraire. J’aimais bien me retirer du reste du monde, m’allonger, et fermer les yeux. C’était ce qui me détendait le plus à Arrowsic. J’aurais pu rester des heures dans la nature, seule, loin de tous les regards, loin de tous les ragots, loin de tous. Il faut croire que j’ai toujours été une âme solitaire. « Mais ça ne me dérange pas. » murmurais-je alors. C’était sans doute bizarre à comprendre, mais c’était ce que je ressentais.

Moi aussi j’avais envie d’en savoir plus sur Louanne. Après tout, nous étions là pour parler, nous redécouvrir, et tout refaire. J’avoue que sa personne m’intéressait assez. Elle semblait si évasive, si douce, si humaine. Je ne savais plus trop quoi penser d’elle. Je la regardais. J’aimais bien regarder les gens. Je les trouvais fascinants. J’essayais toujours de trouver une caractéristique chez eux, quelque chose qui me plaisait. Je ne savais pas ce qui me plaisait le plus chez Louanne. Sa répartie ? Ses cheveux bruns ? Son allure ? Peut-être tous ? Ce qui était certain, c’est que je la trouvais plutôt fascinante. « Et toi alors ? Il parait que tu es partie à Boston. » C’était des rumeurs qui couraient au collège. J’en avais entendu parler, très brièvement. Mais je voulais en être certaine. Je voulais qu’elle me raconte un peu sa vie. Je voulais qu’elle s’ouvre un peu à moi, un petit peu, même si ça semblait improbable, vu notre passé. Mais je pense que notre passé n’avait plus d’importance à présent.
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptySam 23 Juil - 22:42

Louanne et Abbey ne s’était pas revu très souvent et à chaque fois elles s’étaient souri et étaient restées dans un demi-silence ensemble, considérant pour l’instant que les non-dits se suffiraient à eux-mêmes. Ils étaient suffisants du moins pour voir que Louanne était à des années lumières de ce qu’elle était quand elle avait quitté la ville ; un regard dans ses grands yeux noisette et on comprenait très vite que ses rêves et ses ambitions avaient été écrasés et qu’elle avait dû s’en construire de nouveaux, plus raisonnables, plus terre à terre, plus adultes. « Disons que les choses ne se sont pas passées comme je le voulais. » L’infirmière fronça les sourcils mais lança un regard encourageant à Abbey. « Je suis allée à New York, pour devenir mannequin. Mais j’ai échoué. » Louanne ne sut que répondre. « Je suis désolée. Tu méritais de réussir. » Elle s’essaya à un sourire réconfortant.

« Tu sais, je suis souvent seule. » Louanne ne pouvait pas s’empêcher de dévisager Abbey. Ses troubles alimentaires provenaient donc probablement de New York mais elle n’arrivait pas à déterminer si c’était parce qu’elle était trop fragile pour ce milieu ou si c’était parce que le milieu l’avait détruite. « Mais ça ne me dérange pas. » Louanne accueillit ce constat avec un léger sourire. Au collège déjà Abbey s’était démarquée en n’appartenant à aucun groupe. Dans la loi impitoyable de l’adolescence elle ne s’était rangée dans aucune catégorie, ce qui lui avait valu tout ce harcèlement moral de la part de la brune et sa bande. Louanne comptait parmi les rebelles, et même si elle était jolie, elle préférait cacher son visage derrière un rideau de cheveux de jais et un regard impitoyable.

« Et toi alors ? Il parait que tu es partie à Boston. » Louanne baissa les yeux devant ses propres blessures. Elle et Abbey se ressemblaient tant maintenant c’en était ironique ; Louanne s’était pourtant juré de toujours rester l’opposé de cette fille blonde aux yeux trop grands. Mais voilà que toutes les deux s’étaient heurtées à des villes trop grandes pour elle qui les avaient aspirées toutes entières, elles et leur innocence. Louanne se croyait invincible ; elle avait appris que ses ambitions étaient trop grandes pour ses épaules comme ce monde était trop grand pour elle. « Oui. Et j’en suis revenue comme tu vois. » L’infirmière espérait que ce serait suffisant mais son regard rencontra celui d’Abbey et elle y vit de la curiosité. Ou peut-être de l’espoir. L’espoir d’être comprise. « J’ai rompu avec mon petit ami de l’époque après deux ans. Il s’avère qu’il était vraiment ce que mes parents pensaient de lui. » Puis elle vécut seule pendant trois années, trois années où elle n’avait plus ni famille ni amis. La solitude était supportable, elle allait bien avec la honte. Mais quand elle apprit le décès de ses parents… Boston lui devint intolérable. « J’étais trop fière pour leur demander pardon. Maintenant ils sont partis et moi je suis revenue. » Louanne soupira, son souffle tremblant légèrement à cause de son cœur qui se serrait à l’idée qu’elle n’avait pas revu ses parents. « Être seule n’est pas la solution Abbey. » Elle ancra son regard dans celui de la jeune femme. « J’ai lu ton dossier à l’hôpital. Je sais. »
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyMer 27 Juil - 21:28



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« Je suis désolée. Tu méritais de réussir. » Entendre ces mots me pinçait le cœur et me faisait sourire à la fois. Déjà, entendre ces mots de la part de Louanne, c’était quelque chose. Ce n’était pas comme si on me le disait tous les jours. C’était unique. Ça n’allait pas m’arriver de sitôt. Ça me remontait vachement le moral aussi. Le fait qu’elle dise que je méritais la réussite, me touchait énormément. Au moins, je n’avais pas tout perdu. J’avais gardé le mérite. Je lui souris. Je commençais vraiment à l’apprécier, de plus en plus, ce qui était étonnant mais rassurant. Mais ça me pinçait aussi le cœur, parce que cela me faisait penser que non, je n’avais pas réussi. Et ça, c’était un fait. Et je ne pouvais rien y faire. Il fallait sans doute que je l’accepte. Il fallait peut-être que j’arrête de regretter et me morfondre sur mon échec. Mon rêve s’est envolé. Et c’était comme ça. C’était la vie. Il fallait que je me montre force face à tout ça, même si je pensais que j’étais faible. Mais j’y arriverais. J’en étais persuadée. Au moins je n’avais pas tout perdu. J’avais encore la force d’espérer.

Et puis Louanne me parla d’elle. J’étais plutôt contente qu’elle se confie à moi. Certes, c’était étrange que nous nous rapprochions comme nous le faisions, mais je me disais que ce n’était pas si étonnant que ça en fait. C’était comme ça. Et je n’allais pas être mécontente d’avoir quelqu’un à qui parler. « Oui. Et j’en suis revenue comme tu vois. » Je ne dis rien, préférant l’écouter. « J’ai rompu avec mon petit ami de l’époque après deux ans. Il s’avère qu’il était vraiment ce que mes parents pensaient de lui. » Dans ses mots, je pouvais sentir de la déception. C’était sans doute ce qu’elle ressentait. Ça me pinçait un peu le cœur, d’entendre tout ça. Je supposais qu’une rupture n’était pas vraiment facile. A vrai dire, je n’avais pas connu beaucoup de relations amoureuses, juste quelques aventures futiles, mais jamais rien de sérieux. Je ne pouvais donc pas juger sa situation avec ma propre opinion. Tout ce que je pouvais dire, c’est que ça n’avait pas dû être facile pour Louanne. « J’étais trop fière pour leur demander pardon. Maintenant ils sont partis et moi je suis revenue. » Je fronçais les sourcils. Alors, ses parents étaient morts ? Je ressentais beaucoup de compassion pour elle, à ce moment-là. Et je la comprenais parfaitement. Mes parents étaient eux aussi partis, il y a quelques mois de cela. Jusque-là, personne ne l’avait su, en tout cas, je n’avais jamais abordé le sujet, je ne voulais pas en parler, parce que ça faisait trop mal. Seule ma sœur Sheila le savait. Mais elle s’en fichait. « Je suis désolé. » dis-je, un peu lointaine. Et puis, sans trop savoir pourquoi, je lui dis : « Mes parents aussi sont partis. » J’avais sûrement besoin de le dire. Pour lui faire comprendre que je la comprenais. Je soupirai. « Je suppose que c’est la vie. » Oui, c’était sans doute ça. Il fallait que je me fasse une raison. Tout le monde part un jour, parait-il.

« Être seule n’est pas la solution Abbey. » Elle me regardait assez sérieusement. Peut-être qu’elle avait raison, peut-être pas. Mais au fond, je savais qu’elle disait vrai. Sauf que je ne voulais pas me l’avouer. Je me disais tout le temps qu’être seule me faisait du bien, que cela me permettait de penser à moi-même, parce qu’il fallait que je me focalise sur moi-même, pour l’instant. Juste pour aller mieux. Elle finit par dire : « J’ai lu ton dossier à l’hôpital. Je sais. » Je fus un peu surprise. C’est vrai qu’elle était infirmière, après tout. Elle avait parfaitement le droit de lire mon dossier. Je n’osais plus la regarder. Je baissai les yeux. Je n’avais jamais parlé de mes troubles alimentaires à personne. C’était bien trop personnel. Mais pour moi, c’était terminé, tout ça. Enfin, je le pensais. De toute évidence, mon dossier médical me prouvait le contraire. C’est vrai que j’étais maigre. Mais j’avais arrêté de me faire vomir depuis que j’étais arrivée à Arrowsic. J’avoue que parfois, l’envie me démangeait. Je ne pouvais pas le nier. Je fronçai les sourcils. J’avais envie de pleurer. Tout ça, ça me faisait, trop mal au cœur. Je me sentais affreuse. « Ça serait gentil de ta part si tu n’en parlais à personne. » Je savais très bien qu’elle n’allait pas le faire, mais c’était juste pour me rassurer. Oui, c’était sûrement ça. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais, en fait. Sans doute voulais-je éviter le sujet, même si ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux à faire. « Je vais aller mieux, n’est-ce pas ? »
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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyDim 28 Aoû - 18:05

Louanne avait cru partir d’Arrowsic pour conquérir le monde ; depuis, elle n’avait rencontré qu’une succession de désillusions, si bien qu’aujourd’hui elle ne s’autorisait plus vraiment à rêver. Aujourd’hui elle contemplait la mer agitée sans se demander ce qu’il y avait de l’autre côté. Elle était bien, sur ce banc, emmitouflée dans sa veste, discutant avec une personne connue. Elle avait appris que se faire des amis n’était pas une chose facile. Elle avait aussi appris que les personnes qu’elle avait crues être ses amies au lycée n’en étaient pas. De toutes ces filles elle n’aurait pu en citer aucune ; elle n’aurait pu aller en voir aucune. On dit toujours qu’on ne choisit pas sa famille mais ses amis. Elle se retrouvait sans aucune de ces choses là et si on lui avait demandé son avis, elle aurait choisi ses parents comme ils étaient. « Je suis désolé. » Abbey avait réagi à l’annonce de la mort de ses parents. Louanne l’avait mentionné avec nonchalance. C’était pour ne pas avoir à expliquer comment ils étaient morts, c’était pour ne pas avoir à dire qu’elle n’était pas avec eux ce jour-là, pour ne pas ajouter au poids des regrets de ne pas leur avoir dit au revoir, de ne pas avoir obtenu leur pardon plus tôt. Elle hocha la tête. « Mes parents aussi sont partis. » Louanne fut étonnée d’apprendre cette nouvelle. Elle rougit un peu. « Je suppose que c’est la vie. » « Je suis désolée aussi. » Elle n’avait rien d’autre à ajouter.

Après un peu de silence endeuillé elle estima qu’il était temps de lui avouer ce qu’elle savait de son état de santé. Elle n’aurait très certainement pas dû faire ça, fouiller dans son dossier, lire des informations confidentielles, mais elle ne pouvait pas dire qu’elle regrettait de l’avoir fait. Abbey était trop instable pour que personne dans son entourage ne soit au courant. Louanne n’était pas vraiment dans son entourage pourtant. « Ça serait gentil de ta part si tu n’en parlais à personne. » Elle secoua la tête. « J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir lu ton dossier. Je sais que je n’aurais pas dû. » Elle ne chercha aucune excuse, aucune justification. « Je vais aller mieux, n’est-ce pas ? » La candeur d’Abbey la toucha et même si elle ne pouvait faire aucun pronostic sur son avenir, elle décida de se comporter en amie. « J’en suis sûre. » Elle lui sourit, puis fut soudain secouée par un frisson. « Je suis frigorifiée ! » lança-t-elle alors avec bonne humeur avant de sauter sur ses pieds. « Je crois qu’on devrait y aller avant d’être trempée jusqu’aux os. » Elle se posta devant Abbey et lui tendit la main. « Viens, allons boire un chocolat chaud quelque part, je te l’offre. C’est pas tous les jours qu’on retrouve une amie. »

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MessageSujet: Re: « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey.   « on apprendra à sourire le cœur lourd. » louanne&abbey. EmptyMar 30 Aoû - 13:36



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« Je suis désolée aussi. » Moi aussi, je l’étais. Mais on ne pouvait rien faire. Juste accepter la chose, et essayer d’avancer. C’était la vie. Des milliers de gens nous quittaient chaque jour, sans même que nous y prêtions attention. Je soupirais. Au moins, je savais que Louanne me comprenait. « J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir lu ton dossier. Je sais que je n’aurais pas dû. » me dit-elle alors. J’haussais les épaules. Elle était infirmière, après tout. C’était son métier. Pourquoi lui en voudrais-je ? Je n’avais aucune raison de lui en vouloir. Et puis, d’un côté, ça me rassurait de savoir que quelqu’un savait. Au moins, je n’étais plus complètement invisible. Au moins, je savais que je n’étais pas seule. C’était agréable, comme sensation. « Non, pas du tout Louanne. » me contentais-je de dire. « J’en suis sûre. » J’essayais de la croire, vraiment. J’essayais de me convaincre que j’étais forte, et que j’allais réussir à vaincre mon corps et ma tristesse. J’allais réussir à sourire, comme avant. Il fallait que je m’en persuade. Autrement, je n’irais jamais mieux. Je lui souris. C’était tout de même rassurant d’entendre ça de sa part. Quelque part, ça me donnait une lueur d’espoir. « Je suis frigorifiée ! » dit-elle alors. C’est vrai qu’il faisait froid, mais je n’y avais pas prêtée attention. Il faut dire que j’étais tellement plongée dans mes pensées et réflexions, que j’en avais oublié l’environnement qui m’entourait. Le vent soufflait de plus en plus fort, et la pluie ne cessait pas. Il fallait partir d’ici, si nous ne voulions pas être malades. « Je crois qu’on devrait y aller avant d’être trempée jusqu’aux os. » dit-elle alors. J’approuvais d’un hochement de tête. Mais pour aller où ? Je n’avais nulle part où aller. « Viens, allons boire un chocolat chaud quelque part, je te l’offre. C’est pas tous les jours qu’on retrouve une amie. » Je lui souris. Elle avait capté mes pensées, sans même que je ne dise quoi que ce soit. « D’accord. » lui répondis-je alors, avant de me lever. Elle avait prononcé le mot « amie. » Elle me considérait comme une amie, à présent. Et ça faisait chaud au cœur. J’étais vraiment heureuse de la retrouver. J’étais vraiment heureuse d’avoir pu parler avec elle, sans même penser à ce qu’elle pouvait bien avoir dans la tête. Je m’étais juste libérée. Facilement. Elle avait rendu les choses simples. Et j’étais heureuse de l’avoir à mes côtés. Elle se leva à son tour, et nous partîmes, côte à côte, dans Arrowsic, proches comme nous ne l’avions jamais été.

sujet terminé.
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