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 every step that you take could be your biggest mistake. it could bend or it could break, but that's the risk that you take. Ҩ garrett&abbey.

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Aaron Lawford
Aaron Lawford
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MessageSujet: every step that you take could be your biggest mistake. it could bend or it could break, but that's the risk that you take. Ҩ garrett&abbey.   every step that you take could be your biggest mistake. it could bend or it could break, but that's the risk that you take. Ҩ garrett&abbey. EmptyDim 28 Aoû - 18:11

« Bip, bip, bip. » La sonnerie grinçante de mon portable retentit dans toute la pièce, alors que je dormais profondément, le corps complètement exténué et éteint. Je fronçais péniblement les sourcils. Ce bruit était affreux. Il sonna, une deuxième fois. Je râlais, et mit quelques minutes à me retourner. Les rayons de soleil qui passaient à travers les minces fils des rideaux m’éblouissaient les yeux chaudement. Ma vue était encore brouillée, et je me frottais les yeux pour découvrir ma chambre, qui était plutôt bien rangée, à l’exception de quelques vêtements qui trainaient par terre. Je posais alors ma main sur mon portable, essayant de le déverrouiller avec le peu de forces que j’avais. En plein milieu de l’écran, je pouvais distinguer qu’il y avait écrit : « Vous avez deux nouveaux messages. » Je grognais. Il n’était que sept heures du matin. Qui pouvait bien être réveillé à cette heure-là ?

« Patinoire, dans une heure ? T’as intérêt à être là. »
« Allez Abbey, réveille-toi ! Ne me remercie pas, c’est normal. »

Je roulais des yeux, avant de m’écrouler sur mon lit, le portable encore dans ma main. Garrett. Il était incroyable. Il n’y avait que lui pour me faire ce genre de choses. Je fixais le plafond, avec une fascination soudaine. Qu’est-ce que j’aurais aimé fixer ce plafond jusqu’à midi. Oh oui, ça aurait été génial. Mais Garrett m’attendait. Il était peut-être sans doute prêt, en pleine forme et parfaitement réveillé, ce qui n’était pas vraiment mon cas. Je me demandais bien pourquoi il n’avait pas appelé plus tard. On était dimanche matin, tout le monde dormait encore à Arrowsic. C’était sans doute ça qu’il cherchait : le vide. Le calme. Il s’était peut-être souvenu qu’à New York, il venait me réveiller dans mon appartement, grand sourire, pour aller patiner. « Parce qu’il y a moins de monde. » disait-il souvent. Un léger sourire s’afficha sur mes lèvres. C’étaient des beaux souvenirs qui survenaient quand je pensais à lui. Longtemps, nous avions été amis. Beaucoup de choses s’étaient passées avec Garrett. Les soirées, les bars, les rues de New York. Les heures à rire aux éclats, les heures à faire tout et n’importe quoi pour embêter le monde de la grosse pomme, les heures à marcher, côte à côte, sans même savoir où nous allions. Moi et lui. A l’époque, nous étions jeunes et idiots. Nous avions la vie pour nous. Nous avions des rêves plein la tête. Nous n’avions qu’une envie : s’amuser, coûte que coûte. On n’avait pas le temps de réfléchir. On se foutait pas mal de ce qui pouvait nous arriver. C’était la liberté. Je soupirais. Tout ça me semblait bien loin à présent. Ce n’était plus que des souvenirs. Des souvenirs qui appartenaient au passé.

Finalement, je me levais et allais m’habiller. De toute façon, j’étais réveillée, à présent. Garrett était à Arrowsic. Garrett voulait me retrouver. Il voulait retrouver la Abbey qui souriait toujours et qui faisait n’importe quoi, du moment que cela l’amusait. Mais cette Abbey n’était plus là. Elle s’était perdue en chemin. Elle n’allait pas revenir. Elle avait été tuée, par un inconnu, par une force surhumaine, qui était la vie. C’était comme ça. Je ne pouvais rien y faire. J’avais essayé, pourtant. Mais je ne pouvais plus. Je n’y arrivais pas. Mais lui, Garrett, il croyait en moi. Il voulait que je redevienne comme avant. Il était persuadé que j’allais réussir. Alors je le laissais espérer, je le laisser espérer à ma place. C’était beau à voir, et ça me touchait profondément. Il faisait toujours tout pour que je sourie et rie aux éclats, à nouveau. Et moi, et bien, je me laissais faire, facilement. Ce n’était pas déplaisant. Garrett était mon ami. Il voulait m’aider. Après quelques minutes, je finis par sortir de mon loft, avant de me diriger rapidement à la patinoire, à pied. Je jetais un coup d’œil à mon portable. J’allais sans doute avoir un peu de retard. Le soleil commençait à se lever, tranquillement. Le ciel était un mélange d’orangé, mêlé à d’autres couleurs. C’était magnifique. Je souris face à ce spectacle. Finalement, ce n’était pas si mal que ça, de se réveiller aussi tôt. Il n’y avait personne dans les rues. Même les boutiques étaient encore fermées. J’enfonçais mes mains dans mes poches, savourant la tranquillité et le calme que dégageait Arrowsic. Garrett était là, avec ses cheveux ébouriffés, sa carrure un peu négligée, et son sourire légèrement amusé. Un léger sourire s’afficha sur mes lèvres. Quand j’étais avec Garrett, je pouvais faire ce que je voulais. Je pouvais me lâcher complètement, sans même chercher à savoir ce qu’il pensait de moi. Parce qu’après tout, c’était ce qu’il voulait : que je m’amuse, comme avant. Et je le pouvais, grâce à lui. Il avait toujours le don de me divertir, et de me faire oublier mes problèmes. C’était quelque chose d’inné chez lui. « Il n’y a vraiment que toi pour me faire ce coup-là. » dis-je, à la fois agacée et amusée. « Tu me le revaudras. » Cette situation semblait drôlement le réjouir. Je levais les yeux au ciel, puis je m’approchais finalement vers lui pour le prendre dans mes bras. Mine de rien, j’étais quand même contente de le voir.
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Je ne dormais jamais. J'avais probablement trop dormi durant ma sage adolescence, puisque maintenant, je n'en avais plus vraiment besoin. Deux heures de sommeil me convenaient pour passer au travers d'une journée. Cette nuit, j'en avais même eu plus qu'à l'habitude, étant donné que j'étais sorti dans un bar mais que j'avais été incapable de me trouver quelqu'un à ramener chez moi pour combler ma solitude. Incapable de draguer, moi, Garrett Ray Dowdeswell ? C'était la première fois que ma tête et mon cœur pensaient à la place de mon sexe depuis des années. Qu'avais-je donc en tête ? Louanne, bien sûr. Depuis cette nuit, puis cette discussion au parc, elle était tout ce à quoi je pensais. Alors j'étais rentré tôt, vers minuit passé, et j'avais dormi jusqu'à six heures du matin. Je me sentais bien, je me sentais reposé. J'avais l'impression que mes rêves avaient nettoyé mes soucis pour la journée.

Ainsi apaisé, je ne voyais qu'un plan à faire pour bien commencer la journée : partager mon bien-être temporel avec une personne qui en avait elle aussi besoin : Abbey. Depuis son retour de New-York, je la sentais un peu absente, déprimée. Évidemment, nous avons tous nos moments, mais elle, je l'avais connue si enjouée, si frétillante et pétillante. Je voulais retrouver la Abbey qui m'avait montré le vrai New-York, le New-York de la nuit qui battait son plein sous les lumières des clubs et des bars les plus branchés mais inconnus des touristes. Nous ne retrouverions certainement pas cette ambiance-là par un dimanche matin, mais nous pouvions trouver notre petit bonheur à nous deux à quelque part d'autre.

J'allai donc prendre ma douche, je me préparai, m'habillai, mangeai quelques fruits et un yaourt avec des céréales, puis quand l'horloge indiqua les sept heures, j'attrapai mon portable afin de donner rendez-vous à Abbey à la patinoire, tiens. « Patinoire, dans une heure ? T’as intérêt à être là. » Elle ne répondit pas tout de suite. Mais pas après non plus. Au bout de trente minutes, je me réessayai. « Allez Abbey, réveille-toi ! Ne me remercie pas, c’est normal. » Je souriais en écrivant le message. Elle allait vouloir me tuer, mais elle me pardonnerait aussitôt. C'était comme ça, entre elle et moi, toujours en train de s'énerver mais nous nous aimions tellement que peu importait.

La patinoire était à quelques minutes de marche de chez moi, mais de chez Abbey aussi, puisqu'elle habitait de l'autre côté. C'était un peu comme notre point central, notre point de ralliement. J'attendis un moment, debout, laissant le vent sécher mes cheveux encore mouillés par ma bouche. J'allais avoir une sale tête, vu toutes les bourrasques qui les ébouriffaient. Puis je la vis tourner le coin de la rue et approcher rapidement vers moi. J'avais un sourire moqueur et amusé. Je devinais déjà ses paroles. « Il n’y a vraiment que toi pour me faire ce coup-là. » J'haussai les épaules en levant les yeux au ciel. « Ah mais oui, je suis un modèle unique, tu le sais ! » Je lui souris encore un moment. « Tu me le revaudras. » Je secouai la tête. « Pfff … même pas capable de faire plaisir à un ami sans en attendre quelque chose en retour ! » Nous nous serrâmes dans nos bras et je caressai légèrement son dos durant notre étreinte. C'était toujours bon de la revoir. « Plus sérieusement j'ai eu beaucoup de trucs en tête ces temps-ci, j'ai besoin de faire le vide un peu, peut-être que ça va m'aider … Et y'a que toi pour m'aider à faire le ménage là-dedans. » Dis-je en pointant ma tête. « Mais le plus important d'abord : toi. Comment tu vas ? » Je n'allais pas tout de suite gâcher notre avant-midi en parlant de moi et de mon petit cœur. Je voulais m'amuser un peu, aussi, et prendre de ses nouvelles.
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Aaron Lawford
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Je respirais la légère brise du matin d’Arrowsic avec tous mes poumons. C’est vrai que c’était agréable, tout de même. Arrowsic me semblait si calme et déserte, encore plus que d’habitude. C’était une étendue de silence. Une atmosphère qui ressemblait presque au néant. Mes yeux étaient fatigués, et je ne me sentais pas très fraiche. Les muscles de mon corps étaient encore tout flasques, ils n’étaient pas encore prêts à faire quoi que ce soit. Il fallait pourtant que je me réveille. Je n’étais plus dans mes rêveries. La réalité était bien là. Avec Garrett en premier plan. Je ne pus m’empêcher de bailler. J’étais exténuée, ce qui n’était visiblement pas le cas de mon ami. En effet, il dégageait une énergie folle, et semblait parfaitement lucide. « C’est inhumain de se réveiller à une heure pareille. » Mon corps ne demandait qu’une chose : s’étendre par terre, dans le vide, n’importe où. Mon corps était mort. Seul mon esprit semblait marcher normalement. J’aurais pu m’écrouler de fatigue. Heureusement, je ne le fis pas. La journée ne faisait que commencer. « Ah mais oui, je suis un modèle unique, tu le sais ! » dit alors Garrett sur le ton de la plaisanterie. Je levais les yeux au ciel. Un mince sourire s’afficha sur mes lèvres. C’est vrai que la compagnie de Garrett ne m’était pas désagréable. Il respirait la bonne humeur. Et ce n’était pas une mauvaise chose, au contraire. J’avais l’impression qu’il vivait une belle vie. J’avais l’impression qu’il était heureux. L’était-il vraiment ? Sans doute. Voir des gens heureux me serrait toujours le cœur, mais pas avec Garrett. C’était comme si son bonheur contribuait au mien. Quand je le voyais ainsi, j’avais envie de sourire, moi aussi. De rire. De faire tout et n’importe quoi. Du moment que cela me plaisait. « Pfff … même pas capable de faire plaisir à un ami sans en attendre quelque chose en retour ! » Je le connaissais bien ce ton ironique. Je l’avais entendu pendant un long moment. Et c’était agréable de le réentendre à nouveau. « Parce que ça te fait plaisir de me voir avec une tête de déterrée ? » dis-je alors. Je souris, franchement cette fois-ci. Je ne lui en voulais pas tant que ça, en fait. J’aimais passer du temps avec Garrett, même si je n’arrivais pas à être la Abbey qu’il appréciait. J’essayais. En tout cas, ça me faisait tout de même plaisir de le voir.

« Plus sérieusement j'ai eu beaucoup de trucs en tête ces temps-ci, j'ai besoin de faire le vide un peu, peut-être que ça va m'aider … Et y'a que toi pour m'aider à faire le ménage là-dedans. » J’arquais les sourcils. Je ne savais pas grand-chose de la vie de Garrett. Je savais beaucoup de choses de lui. Mais des choses qui appartenaient au passé. On ne se confiait pas, en fait. Il était un ami avec qui j’aimais faire tout et n’importe quoi. On ne parlait pas de nos problèmes. Parce que pour nous, ce n’était que futile. Quand on passait du temps ensemble, c’était pour oublier. Oublier tout le reste. « Ouais, je crois que j’ai besoin de ça, moi aussi. » Je me pinçais les lèvres. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas amusée. Je ne me souvenais même plus la sensation que ça faisait. De s’éclater. Il y a longtemps que j’ai perdu ce goût si essentiel au bonheur. « T’es sûr que tu vas être capable de me supporter ? Tu sais, je ne suis plus aussi drôle qu’avant. » Je préférais le prévenir. Il savait que j’avais changé, mais j’avais peur de sa réaction. Vraiment. Allait-il me rejeter ? Allait-il me trouver ennuyante ? Allait-il me fuir, comme d’autres l’avaient déjà fait ? Je n’en savais rien. Mais une chose était sûre : je voulais qu’il reste, auprès de moi. Je voulais me balader dans les rues d’Arrowsic avec lui, je voulais faire tout ce que nous faisions à New York, je voulais retrouver le goût de la vie qui s’était évaporé dans la grosse pomme. Mais, en étais-je capable ? Je n’en étais pas si sûre. Mais je le voulais, vraiment. « Mais le plus important d'abord : toi. Comment tu vas ? » C’était une question que je détestais. Parce que je ne savais jamais y répondre. Moi-même je ne savais pas, si j’allais bien ou pas. Il y avait des jours où j’étais heureuse d’être revenue, et il y avait des jours où je restais allongée, le cœur serré, et les larmes prêtes à jaillir. Et à chaque fois que je disais que j’allais bien, j’avais l’impression de mentir. Peut-être parce que je ne disais la vérité. Je ne savais pas. J’étais complètement perdue. « Ça peut aller. » dis-je alors. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour rien. « Et toi ? » Je regardais à côté de moi. La patinoire semblait vide. C’était sans doute mieux ainsi. « Alors, on y va ? Ou tu préfères qu’on meure de froid ici ? » Un frisson me parcourra dans tout le corps. J'ignorais qu’il faisait aussi froid à Arrowsic.
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« C’est inhumain de se réveiller à une heure pareille. » Je rigolai. D'autant plus que je choisissais moi-même mon horaire de travail. Après tout, j'allais au cinéma, je regardais le film en prenant des notes, puis je rentrais chez moi et je m'installais devant mon PC pour écrire à mon rythme. Tant que la critique était terminée pour la date fixée, je n'avais pas d'heures de bureau fixes. Et pourtant, me voilà qui m'entêtait à toujours me lever avant le soleil, comme si c'était une compétition entre lui et moi. Se battre avec une énorme étoile, quelle idée. J'aimais les matins à Arrowsic, tout simplement. C'était calme, il n'y avait pas un chat dans la rue. Seuls les commercants ouvraient leurs kiosques à journaux ou à viennoiseries que je m'achetais toujours pour ensuite aller m'asseoir dans le parc juste à côté, en buvant mon café et en lisant les grands titres. Dis comme ça, j'avais l'air de l'homme mature qui prend très au sérieux sa vie d'adulte. Pourtant, ce n'était pas cela du tout, et dès que j'avais l'occasion de me lâcher complètement et de me changer les idées, je le faisais. Comme ce matin, quand l'idée de revoir ma Abbey m'avait traversé l'esprit : tout de suite, je lui avais envoyé un texto.

« C’est inhumain de gâcher une si belle matinée à dormir. » Je lui fis un clin d'oeil. Je n'avais pas l'air de ce genre-là, mais j'aimais la nature. Surtout quand il n'y avait personne dans mon champs de vision pour venir la gâcher. Enfin, Abbey était là, mais elle faisait partie de ma nature, du décor que je voulais pour mon paysage. « Parce que ça te fait plaisir de me voir avec une tête de déterrée ? » Lança finalement Abbey, quand je lui demandai si c'était si difficile de faire plaisir à un ami en venant le voir. Je souris en secouant la tête, exaspéré par son air. Mais elle était comme ça, et cette partie-là de sa personnalité, je ne voudrais la changer pour rien au monde. C'était le reste de sa personnalité, celle que j'avais connu à New-York, que je voulais retrouver. Rien de plus, rien de moins. « C'est ça le problème ? Que je te vois à ton naturel ? Franchement Abbey t'es magnifique et tu sais que j'ai raison. » Je préférais une femme lorsqu'elle se réveillait le matin. Certes, un peu de maquillage était joli, mais la plupart avait tendance à exagérer. Trop de fond teint, tue le fond de teint. Et l'ombre à paupières tuait l'oeil, point barre.

Bref, j'annonçai enfin l'objectif de la journée à Abbey : me changer les idées. Elle sembla d'accord, pour elle aussi. « Ouais, je crois que j’ai besoin de ça, moi aussi. » Alors nous étions les meilleures personnes, l'un pour l'autre, pour ce faire. « T’es sûr que tu vas être capable de me supporter ? Tu sais, je ne suis plus aussi drôle qu’avant. » Je passai mon bras autour de ses épaules. « Abbey Jill Strugatsky, tu vas cesser tout de suite de tout remettre en question, et juste ... laisse-toi aller, bon sang. On va s'amuser, point à la ligne. Tu remets vraiment ma capacité à te faire rire en question ? Tu m'en vois vexé, là .. ! » Je soupirai en secouant la tête, encore une fois. Je me détachai d'elle et la regarder un moment avant de lui demander comment ça allait. « Ça peut aller. » Elle ne mit pas de temps à me renvoyer la question. « Ça peut aller. » Nous nous regardâmes un moment, silencieusement. « Alors, on y va ? Ou tu préfères qu’on meure de froid ici ? » Je rigolai. « Allons-y. » Nous marchâmes jusqu'à l'entrée de la patinoire. Je lui ouvrai la porte, elle passa, je passai. Je passai à l'admission, payai notre passage et la location de patins, et je revins vers mon amie avec sa paire. « Va falloir que tu me tiennes par la main une fois sur la glace. Ça fait un moment que je n'ai pas patiné. »

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« C’est inhumain de gâcher une si belle matinée à dormir. » dit-il, m’adressant un bref clin d’œil au passage. Je le regardais quelques secondes, avant d’éviter son regard et plonger mes iris dans le paysage qui se tenait derrière mon ami Garrett. Quelques minces rayons de soleil éclairaient timidement le village. La lumière chaude qui s’en dégageait réchauffait l’atmosphère et mon cœur. Le ciel prenait des couleurs chaudes, orné d’une délicate brise. C’est vrai que c’était une belle matinée. « Tu marques un point. » dis-je, un furtif sourire sur les lèvres. « C'est ça le problème ? Que je te vois à ton naturel ? Franchement Abbey t'es magnifique et tu sais que j'ai raison. » J’avais perdu l’habitude de me faire complimenter. Quand j’étais à New York, c’était facile d’accepter ce genre de remarques : cela boostait l’ego et vous faisait sentir invincible. Même si ce n’était pas le cas, c’était toujours agréable. Parce qu’on se sentait mieux. Parce que cela redonnait un coup au moral. Parce que vous aviez l’impression de ne pas être transparente. Oui, quand je travaillais dans le monde de la mode, je n’aspirais qu’à une chose : être la meilleure. Être la plus belle, la plus admirée, la plus talentueuse. Et je rêvais beaucoup. Beaucoup trop. Et je m’étais fait prendre au jeu, je m’étais laissée regardée, je m’étais laissée prise dans un cercle vicieux. A vouloir toujours plus, toujours mieux. Je n’avais eu aucune limite. Forcément, revenir ici, telle une inconnue avait été difficile. J’étais passée de la star des podiums à la serveuse banale du Muffy’s. C’est fou à quel point votre statut social peut vaciller en un instant. « T’es gentil. » Je rougis timidement. Avec le temps, ce genre de paroles me gênait plus qu’autre chose. Sans doute parce qu’elles me rendaient moins transparente. Et cela me terrorisait.

« Abbey Jill Strugatsky, tu vas cesser tout de suite de tout remettre en question, et juste ... laisse-toi aller, bon sang. On va s'amuser, point à la ligne. Tu remets vraiment ma capacité à te faire rire en question ? Tu m'en vois vexé, là .. ! » Son bras dur se posa délicatement sur mes épaules. Un frisson parcourra tout mon corps. Ainsi, je me sentais rassurée, protégée, et aimée. Comme s’il ne pouvait rien m’arriver. Et c’était une sensation incroyable. Un sourire s’afficha sur mes lèvres, accompagné d’un léger rire. « D’accord. Je veux bien te croire. Tu as toujours raison, c’est ça qu’on dit ? » Je regardais ses yeux azur qui lui donnait un air incroyablement charmant. Il n’avait pas changé. Grand, drôle, et extraordinairement simple. Il était quelqu’un qui arrivait à rester banal tout en émanant quelque chose de très particulier. Et c’est à cette personne que je m’étais attachée, au fil du temps, au fil des jours, au fil des mois, au fil des années. « Mais non, je ne voudrais pas vexer ton ego voyons. » dis-je, un air taquin. Un grand sourire s’afficha sur mes lèvres. Un sourire franc, sincère, vrai. Il y avait longtemps que je n’avais pas souri de cette façon. Garrett me faisait renaitre, tout simplement. Et ça, c’était juste magique. Quelque chose de précieux, unique. « Ça peut aller. » répéta-t-il simplement. J’acquiesçais d’un hochement de tête. Lui aussi avait sûrement des choses qui trottaient lentement dans ses pensées. Mais ça n’avait pas d’importance. Pas aujourd’hui, en tout cas. Aujourd’hui, on était venus pour tout oublier, on était venus pour se retrouver tous les deux, ensemble, main dans la main, comme avant.

« Allons-y. » Je le suivis sagement. Assise sur le banc, je regardais la pièce en attendant que Garrett revienne. C’était une pièce plutôt charmante, et surtout rustique. On sentait que le bâtiment avait planté ses murs dans les terres d’Arrowsic il y a bien longtemps. Et c’était sans doute ce qui me plaisait le plus dans cet endroit. « Va falloir que tu me tiennes par la main une fois sur la glace. Ça fait un moment que je n'ai pas patiné. » Je l’écoutais, tout essayant d’enfiler mes patins. A vrai dire, cela faisait longtemps que je n’avais pas patiné moi non plus. « Bah c’est malin, moi qui comptait sur toi pour me rattraper quand je tombe ! » Je baissais la tête afin de nouer mes lacets, avant de reposer mes yeux sur mon ami. « Quoi que, j’oubliais que toi tu ris quand je tombe. » Une vague de souvenirs caressa mes pensées. C’est vrai que j’avais passé des moments formidables avec Garrett. Des moments qu’on n’oublie pas. Des moments qui restent gravés dans votre mémoire à jamais.
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