Qu'est-ce qu'on lui dira lorsqu'elle sera plus grande? Tu y as pensé à ça? Et si jamais elle le prenait mal? Je ne veux pas qu'elle s'éloigne. Il n'y a aucune raison pour que ça se produise. On le lui dira lorsqu'on la sentira prête. Fauve s'assit dans les escaliers et écouta ses parents. Bizarre, depuis quelques temps, on aurait dit qu'ils essayaient de lui parler mais s'en empêchait au dernier moment. Fauve avait pensé qu'il s'agissait de discussion sur l'adolescence ou autre trucs ennuyants et barbants qu'elle n'osait même pas s'imaginer dans ses pires cauchemars. Elle n'aimait pas la communication avec les autres et ses amis -pour le peu qu'elle avait- l'avaient très bien compris. Elle posa à plat ses mains sur son jean et écouta attentivement la suite.Et si c'était maintenant? Et si on devait le lui dire? Elle a douze ans quand même, imagine qu'elle se fasse des idées! Fauve fronça les sourcils. De plus en plus bizarre... Voir inquiétant. Elle avait le don pour fuir les problèmes au lieu de les affronter et décida de se lever pour retourner dans sa chambre et mettre du rock à s'en faire démonter les oreilles. En passant devant la porte du bureau de son père, elle remarqua qu'il avait fait tomber sa bouteille d'eau et le bouchon mal vissé laissait échapper un filet du liquide. Elle leva les yeux au ciel, soupira et entra dans la pièce. Elle remit la bouteille à sa place et épongea les papiers. Un mot attira son attention sur l'une d'elles alors qu'elle limitait les dégâts. "Adoption". Elle sentit ses mains trembler. Elle retira le papier de la pile et lu. "Contrat D'adoption". Mikaëla Fauve. . La signature de son père. Puis celle de sa mère. La date exacte. La jeune fille laissa tomber le papier comme s'il avait soudain prit feu. Sous le choc, elle sortit à reculons de la pièce et prit la direction de sa chambre. Alluma sa chaîne Hi-Fi. Mit un CD. Monta le volume au maximum. S'assit au pied de son lit, face à la fenêtre. Et laissa les larmes couler...

FAUVE! ARRÊTE! ARRÊTE! OUVRE LA PORTE! FAUVE!. Casse toi. La jeune fille tremblait de rage, de peur. De tout. Elle en avait marre, voulait tout envoyer balader, taper, insulter mais elle n'y arrivait pas. Elle se sentait malade, abandonnée, seule...OUVRE? Casse toi. Elle n'en pouvait plus. Elle attendit patiemment que sa mère finisse de frapper à sa porte. C'était quoi son problème? Oui Fauve trainait dehors souvent. Oui elle sortait avec des mecs et couchait avec. Oui elle buvait et se droguait avec sa bande de pote. Oui elle était peut être en train de tomber amoureuse. Mais sa mère n'avait rien à foutre dans le tableau. Il fallait qu'elle la laisse seule. Car même si Fauve ne disait rien et donnait l'impression à tout le monde d'une fille heureuse elle vivait dans un mensonge depuis seize ans. Un an qu'elle savait qu'elle avait été adoptée. Un an qu'elle se rendait malade pour ça en le disant à personne. Même pas à sa meilleure amie. Elle n'en avait pas parlé à ses parents, cela faisait trop mal rien que d'y penser. Alors à la place, elle se faisait mal. Du sang coulait souvent. Les larmes aussi. Les virées ans les toilettes après les repas pour garder sa ligne était de plus en plus fréquentes. Car la révélation de sa naissance avait amenée avec elle des complexes. Des complexes qui la rongeaient toute entière, lui donnaient la migraine et le dégoût de soi même.
Son visage était lisse et calme. Sa mère n'était plus derrière la porte. Elle prit le petit couteau accroché sous son bureau et fit ce qu'elle savait faire de mieux. Elle se fit mal. Comme d'habitude. Ce soir là, après mangé, elle alla se faire vomir dans les toilettes. Comme d’habitude...