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 Some things are just unforgettable

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MessageSujet: Some things are just unforgettable   Some things are just unforgettable EmptyLun 14 Nov - 16:31



❝ Some things are just

unforgettable. ❝
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Quelques éclats de voix parvinrent à l'oreille de Ross alors que ce dernier se dirigeait vers la salle d'examen qu'on lui avait assignée. De garde aux urgences, il fit le tour de la place du regard afin de tenter d'apercevoir l'une de ses étudiantes, mais haussa finalement les épaules en se rendant compte qu'elle n'était pas dans les parages. Sans doute le rejoindrait-elle plus tard. Tout en jetant un coup d'oeil au dossier qu'il tenait à la main, il eut un sourire avant d'ouvrir la porte, ayant la désagréable impression de couper une conversation déjà bien entamée. « C'est pas trop tôt ! » maugréa le jeune homme en croisant les bras sur son thorax, visiblement de mauvaise humeur. « Je suis navré pour l'attente, j'étais pris ailleurs. » répondit poliment le médecin en soutenant le regard de celui qui semblait vouloir fusiller sa copine des yeux. Ross eut un sourire alors qu'il faisait un pas vers elle et l'incitait à s'asseoir sur la table d'examen, tirant lui-même un tabouret pour lui faire face. « Alors ! Vous êtes enceinte? Félicitations, vraiment ! » fit-il simplement avec un sourire. « Que puis-je faire pour vous, mademoiselle? » demanda-t-il en plongeant son regard dans le sien, conscient de la présence accaparante de son copain dans un coin de la pièce. « J'ai eu des douleurs au ventre, ce matin. Beaucoup, même. Et ... » « Elle fait une fausse couche? » Le ton d'espoir sur lequel le jeune homme venait de s'adresser à lui surprit Ross alors qu'il tournait la tête vers lui pour tenter de comprendre ce qui semblait se passer ici. La jeune femme, âgée d'à peine vingt ans, semblait devoir fournir un effort surhumain pour contenir ses larmes et le médecin reporta son attention sur elle en l'invitant à se coucher sur la table d'examen.

« Les douleurs sont fréquentes dans les premiers mois de grossesse et même après. Mais je vais faire une échographie afin de vous rassurer, d'accord? » Elle ne fit qu'hocher la tête et Ross récupéra le kit nécessaire à l'examen avant de procéder à un examen de la région où elle disait avoir eu mal. Tout semblait normal et il préféra donc appliquer le gel sur le ventre de la jeune femme afin de la rassurer sur la viabilité de son bébé. « Regardez. Ici, c'est la tête. Vous voyez même son coeur, juste là! Il est en parfaite santé! » Un soupir lui fit tourner les yeux alors que si la jeune femme semblait soulagée, l'autre lui semblait au bord de la crise de nerfs. « C'est un foetus, Charlie. Un F-O-E-T-U-S! C'est rien! T'es pas obligée de le garder! » Cette fois, les larmes coulaient bel et bien sur les joues de la jeune femme et Ross sentait une boule se serrer au creux de son ventre alors que ses propres expériences lui revenaient en mémoire. « On en a déjà parlé, Mike. Je veux le garder. » « On est pas prêts! Y'a plein de gens qui tuent leurs bébés parce qu'ils ne réussissent pas à gérer, tu veux que ça nous arrive? Autant s'en débarrasser maintenant! » s'emporta le dénommé Mike alors que Ross passait une main sur son visage pour tenter de chasser les souvenirs qui ne disparaissaient plus. « C'est notre bébé, Mike ! Le miens autant que le tiens! » « C'est pas vrai. C'est qu'un tas de cellules pour l'instant, Charlie. » « Excusez-moi. » Ross, au bord de la crise de nerfs alors qu'il parvenait toujours à garder son sang froid d'habitude, quitta la pièce alors que ses mains tremblaient et qu'il ne parvenait plus à conserver l'indifférence avec laquelle il faisait face aux problèmes personnels de ses patients. Bien sûr qu'il savait se montrer compréhensif, mais il avait réussi, au fil des années, à dresser une carapace autour de lui de manière à ce que les problèmes des autres ne l'atteignent pas outre mesure.

Il faillit renverser Elizabeth au passage et l'attrapa par le bras avant de fermer les yeux et prendre une grande inspiration. « Oublie ce que t'es en train de faire, remets-le entre les mains d'un autre s'il le faut, mais je te demande de terminer avec la patiente de la salle 3 s'il te plaît. » Sans plus d'explications, il prit la direction de la porte des urgences et ne s'arrêta que lorsqu'il fut assis sur le muret devant l'hôpital, la tête entre les mains. Les souvenirs et toutes les blessures qui allaient avec affluaient et faisaient grimper ses émotions à un niveau tel qu'il avait du mal à garder le contrôle de lui-même.
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MessageSujet: Re: Some things are just unforgettable   Some things are just unforgettable EmptyMer 16 Nov - 18:37

Ross lui agrippa le bras avec une certaine fermeté qui fit réagir Elizabeth. « Oublie ce que t'es en train de faire, remets-le entre les mains d'un autre s'il le faut, mais je te demande de terminer avec la patiente de la salle 3 s'il te plaît. » Elle le regarda fixement avant d'acquiescer par un signe de tête. C'était son supérieur, s'il voulait qu'elle fasse quelque chose, elle le faisait, et voilà où les choses devraient s'arrêter, car ce sont là les limites professionnelles. Mais malgré tous les conseils ou reproches qu'on avait pu lui faire par rapport à sa trop grande implication dans la vie privée de ses patients ou même de ses proches, on ne pouvait pas changer du tout au tout l'essence même d'une personne. Non, ce n'étaient pas quelques regards attendris, ou des conseils de bons coeurs qui allaient pouvoir corriger cette manie qu'Elizabeth avait. Elle faisait attention aux gens qui l'entouraient, elle était curieuse, elle voulait savoir. Mais pour l'instant, ce n'était pas le bon moment. Elle se dirigea alors vers les salles d'examens, et s'arrêta au seuil de la porte quelques instants. « C'est NOTRE enfant ! Tu sais bien que je veux ça... Et que je ne suis pas capable de... tu sais. » « C'est pas un enfant à ce stade là putain Charlie. Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Je t'aime, vraiment, mais je peux pas nous imaginer avec un gosse maintenant. Parce que je voudrais donner le meilleur qui soit à mon enfant, et maintenant j'en suis pas capable. » « Mike... Tu sais que... » « NON, NON, NON ! Arrête ! » C'était assez embarrassant d'être à l'entrée et d'écouter une conversation entre deux inconnus, Elizabeth avait l'impression d'avoir 5 ans et d'écouter à la porte de la chambre de ses parents pour savoir si elle allait vraiment avoir sa peluche qui faisait des bonds. Elle se décida enfin à rentrer dans la salle : « Bonjour, je suis le docteur Calaan. Le Docteur Bradford a été appelé pour une urgence, donc je vais m'occuper de vous. Hum.. Je vois que vous avez fait une échographie... Je vais prendre les résultats et je reviens. » Elle adressa un sourire qui se voulait aimable et rassurant au jeune couple, et s'éclipsa quelques minutes, avant de revenir avec les résultats dans les mains. Elle s'assit sur le tabouret que Ross avait initialement déplacé pour lui, et après avoir parcouru des yeux les images de l'échographie :
"Le bébé va bien, tout est normal.
- Mais... j'ai vraiment mal. Enfin, ce matin, j'ai vraiment eu mal... mais le bébé va bien ?
- Oui, et il n'y a pas d'anomalie au niveau de l'utérus non plus. Les douleurs sont normales, et leur intensité varient tout simplement en fonction des femmes, mais il y a des facteurs qui peuvent entrer en compte ; le stress, ou la fatigue par exemple."
Et elle s'arrêta là parce qu'elle ne voulait pas paraître déplacée, mais elle savait bien que l'évocation de ces deux facteurs n'allaient pas laisser le jeune couple de marbre, au vu du bout de conversation qu'elle avait pu entendre.
« L'avortement... il est légal jusqu'à 12 semaines, non ? » demanda Mike. Eli avait vu sur le visage de Charlie une expression de surprise mêlée à du désespoir, et elle se contenta de répondre, simplement : « Oui. Vous êtes à 9 semaines actuellement... Si vous considérez l'avortement...
- NON ! Coupa Charlie. Non, on ne considère pas l'avortement... On devrait y aller, merci beaucoup.
- Je vous en prie. »
Elle se releva, et s'en alla vers la porte avant de l'ouvrir et de laisser passer Charlie et Mike. Elle leur adressa un dernier sourire accompagné de quelques banales politesses, avant d'aller demander à la standardiste si elle avait aperçu le docteur Bradford. Elle lui montra la porte des urgences, lui précisant qu'il était sorti sans être rentré de nouveau, et qu'elle n'avait pas plus d'informations à lui fournir. Sans attendre, Elizabeth suivit le même chemin que Ross, et c'est sans étonnement qu'elle le retrouva, la tête dans les mains, assis sur le muret. Le vent soufflait fort, l'hiver se faisait fortement ressentir, et Ross était dans un état dans lequel Elizabeth ne l'avait jamais vu.
« C'était un jeune couple. Le bébé va bien, il a neuf semaines, et... le copain semble envisager l'avortement. C'est le seul, elle, elle est vraiment décidée à garder cet enfant. » Elle marqua une pause, guettant le moindre mouvement de sa part. Elle avait le malaise de ces gens remplis de bonnes intentions et qui impuissants. « Docteur Bradford... est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? »
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MessageSujet: Re: Some things are just unforgettable   Some things are just unforgettable EmptySam 19 Nov - 6:49

« C'était un jeune couple. Le bébé va bien, il a neuf semaines, et... le copain semble envisager l'avortement. C'est le seul, elle, elle est vraiment décidée à garder cet enfant. » Ross hocha la tête alors qu'il tentait de faire de son mieux pour retrouver ses esprits, dénouant sa cravate avant de la retirer complètement alors que les deux-trois premiers boutons de sa chemise sautaient. Il suffoquait. Il ferma les yeux, mais dut bien vite se rendre à l'évidence: lorsqu'il fermait les yeux, c'était elle qu'il voyait. Les sourcils froncés, une moue douloureuse s'était emparée de son visage alors qu'il ne parvenait plus à chasser tous ces souvenirs d'un New York qu'il aurait pourtant voulu laisser derrière lui. « Je sais. Merci. » Au bord de la panique alors qu'il se devait pourtant de garder son calme devant son étudiante, Ross savait que c'était trop tard puisqu'il avait déjà pété les plombs. Il sentait son coeur battre la chamade et il sentait l'étau se resserrer de plus en plus fort autour de son coeur. Ross n'avait jamais ressenti ce genre de chose auparavant et il ne savait pas si c'était l'indifférence du jeune homme ou la volonté de la mère de garder l'enfant qui l'avait à ce point perturbé, mais il savait que les images et les souvenirs se faisaient incessants dans son propre esprit. Il revoyait, en boucle, cette scène où il n'était plus qu'un témoin, sans rien pouvoir faire, sans rien pouvoir changer.

Incapable de prononcer un mot de plus alors qu'il avait l'impression que son coeur fendrait en deux, il devait faire un effort surhumain pour conserver le contrôle minimal de ses émotions. « Docteur Bradford... est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? » Redressant la tête vers elle après quelques secondes de silence, Ross dut admettre qu'Elizabeth semblait ne pas trop savoir comment réagir. Lui qui était toujours ferme, rigide et de marbre s'écroulait désormais comme un château de carte sur lequel on aurait soufflé, incapable de conserver son sang froid comme il avait si bien su le faire pendant tout ce temps. Il avait cru que cette histoire était derrière lui, qu'il pouvait désormais avancer sans plus regarder en arrière, mais il s'était amèrement trompé. Voilà où finiraient par le mener les disputes à ce sujet, avec sa femme. Ross ne voulait pas d'enfant parce qu'il n'avait pas su protéger celui qui avait été un jour en cours de route. Il n'avait pas su protéger la jeune femme qui partageait sa vie à ce moment-là et il ne voulait rien savoir de ceux qui pourraient lui dire d'arrêter de vivre dans le passé pour se consacrer davantage à l'avenir. C'était un souvenir trop douloureux et il ne parvenait tout simplement pas à se dire que tout pouvait être différent, cette fois. « Tu ne peux rien faire, je suis désolé. » avoua-t-il, désabusé et las alors que ses paupières se fermaient et qu'une larme glissait au coin de ses yeux. Détournant le regard, il passa une main sur son visage et poussa un soupir, harassé de fatigue. « Je te remercie d'avoir terminé la consultation pour moi. Je ne peux même pas mettre en pratique mes propres conseils ... » avoua-t-il avec un léger sourire désolé, un peu triste. Très peu de gens connaissaient réellement ce qu'il avait vécu à New York et c'était peut-être mieux comme ça. Il n'avait pas été un enfant de coeur, lui non plus, et même s'il avait cherché à faire le bien, il avait parfois dû faire le mal pour y arriver et ça le tuait d'y penser.
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MessageSujet: Re: Some things are just unforgettable   Some things are just unforgettable EmptyVen 9 Déc - 17:24

Elizabeth resta plantée là, devant Ross, incapable de réagir, incapable de savoir s'il valait mieux partir ou s'il était préférable de rester. Ce n'était pas comme si elle était au courant de quoique se soit, elle ne savait pas quelles conséquences son choix aurait pu avoir. Après tout, peu importe ce qu'elle aurait choisi, ce n'était pas sa petite personne qui allait changer le monde de Ross. Mais dans ces situations là, Elizabeth se sentait affreusement mal à l'aise et ne pouvait s'empêcher de se demander quelle était la meilleure des solutions. « Je te remercie d'avoir terminé la consultation pour moi. Je ne peux même pas mettre en pratique mes propres conseils ... »
Elizabeth, c'était quelqu'un de trop curieux. Pas essentiellement dans le mauvais sens du terme, car la curiosité était quelque chose d'essentiel pour s'enrichir, dans tous les domaines. Elle était curieuse, constamment à la recherche de plus, nourrie par l'envie de découvrir encore et encore, mais elle savait lorsqu'il fallait limiter ses actions – cela ne veut pas pour autant dire que ses pensées suivaient le même parcours. Dans sa tête, ça bouillonnait toujours. Et lorsque Ross lui a dit ça, elle ne put s'empêcher d'établir le lien entre ses deux précédents patients et Ross. C'était presque évident à ses yeux, et c'était surtout quelque chose de confirmé par la sa dernière phrase. Avait-il eu une relation similaire ? Avait-il forcé sa copine à avorter et l'avait-il regretté par la suite ? Peut-être sa copine avait décidé de garder le bébé, et a préféré le quitter, car pour elle, il était inimaginable d'avoir un enfant avec un homme qui n'en voulait pas ? Ou bien était-ce lui, qui avait choisi de rompre avec elle ? Tout fusait dans sa petite tête, et elle savait bien que c'était indiscret et qu'elle n'avait pas à s'occuper des histoires personnelles du docteur Bradford, mais il faut croire qu'il y a une limite entre ce qui est raisonnable et... ce qu'on veut réellement. Et que cette limite est bien trop mince chez Elizabeth, et qu'elle la franchi parfois sans même s'en rendre compte. Ce n'était pas de la pure curiosité destinée à combler le manque chez elle, elle voulait vraiment venir en aide, autant à ses patients qu'à Ross. Elle s'humecta alors légèrement les lèvres, le malaise au bout de la langue, et finit par dire, doucement : « Personne n'est infaillible. Ni vous, ni moi et au moins, je sais que... vous savez vraiment de quoi vous parlez. » Elle marqua une pause, pour guetter une éventuelle réaction de sa part, ou quoique se soit. Eli savait qu'elle devait s'arrêter là. Son travail s'arrêtait là : elle avait pris en charge le jeune couple, elle avait fait un bref rapport à Ross puisque c'était lui qui le lui avait demandé, et elle glissait quelques phrases banales et gentilles face à un médecin qui allait visiblement mal. Voilà comment les choses sont censées se dérouler. C'était d'une terrible froideur, tellement cliché, mais s'il fallait réellement imposer des limites claires entre vie personnelle et relation professionnelle, voilà où Elizabeth devrait s'arrêter. Mais à peine avait-elle décidé de tourner ses talons qu'elle revint, ses épaules pivotant légèrement et montrant son soudain changement d'avis, comme prise d'une pulsion, et : « Vous avez perdu un enfant ? » Mais elle réalisa bien rapidement l'indiscrétion de sa question. Et aussi les conséquences qu'elle allait avoir, imaginant Ross la réprimander sur sa curiosité légendaire et incorruptible. « Je sais ! Je sais » s'empressa-t-elle de dire. « Excusez-moi. C'est plus fort que moi. »
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MessageSujet: Re: Some things are just unforgettable   Some things are just unforgettable EmptySam 10 Déc - 3:59

« Personne n'est infaillible. Ni vous, ni moi et au moins, je sais que... vous savez vraiment de quoi vous parlez. » En tout cas, s'il ne savait pas exactement ce dont il voulait parler, il avait vécu suffisamment de choses dans sa vie pour étudier la plupart des possibilités. Toutefois, la jeune fille, elle, ne semblait pas prête à laisser tomber et si Ross la regardait d'un air qui semblait ne pas inviter à la poursuite de ses idées, sa curiosité et son obstination allaient sans doute prendre les devants. « J'aimerais l'être, parfois. » murmura-t-il en poussant un soupir, passant fortement l'une de ses mains encore tremblante sur son visage. Il ne s'était que rarement senti comme ça dans toute sa carrière, sauf peut-être au début, lorsqu'il peinait à structurer son horaire afin de ne pas faire des quarts de travail de trente-six heures de suite. La fatigue et la médecine ne faisaient que très rarement bon ménage et les émotions avaient toujours finit par le surprendre. Il y avait néanmoins de longues années qu'il n'avait pas ressenti pareille vulnérabilité, comme si tout son monde s'était donné le mot pour le faire chier et l'acculer au mur, sans autre possible issue que de faire face. C'était difficile de ne pas fuir alors que c'était bel et bien cet état d'esprit qui l'emportait dès lors qu'un problème quelconque venait entacher sa vie et ses sentiments, depuis quelques années. Pas dans son travail, pourtant. Il avait toujours su accomplir les tâches qui lui incombaient et jamais il n'avait laissé un étudiant terminer quelque chose qu'il avait commencé si ce n'était pas pour faciliter son apprentissage. Il parlait aux patients, il les rassurait, il prescrivait des médicaments et rarement il ne se défilait à moins d'avoir une urgence. Ce jour-là, il avait agi comme un lâche. Voilà tout.

« Vous avez perdu un enfant ? » Soulagé de voir la jeune femme s'éloigner, Ross resta figé sur le muret, visiblement surpris de l'exactitude avec laquelle elle avançait les choses. Comment avait-elle pu deviner? Non, il n'avait pas perdu un enfant. Il avait perdu plus que ça. Il avait perdu l'espoir de voir un jour son monde devenir meilleur. Pourtant, il vivait dans ce monde qu'il avait toujours imaginé, il était celui qu'il avait toujours voulu être et il pratiquait ce métier qui le rendait tellement vivant. Mais il lui manquait quelque chose et il savait qu'il aurait du mal à l'obtenir, qu'il aurait du mal à dire oui tant et aussi longtemps que ses appréhensions le tiendraient en laisse. « Je sais ! Je sais! Excusez-moi. C'est plus fort que moi. » Les yeux rivés sur elle alors qu'il n'avait pas fait un geste, les larmes coulèrent silencieusement sur ses joues alors qu'il ne prenait pas la peine de les essuyer. Ceux qui disaient que les hommes ne pleuraient jamais ... Foutaise. Le médecin baissa néanmoins les yeux, un sourire triste et résigné au coin des lèvres alors qu'il peinait à déglutir. « Oui. » avoua-t-il simplement sans la regarder, effrayé de tout ce qu'il pouvait laisser aller maintenant qu'elle avait découvert ce qui se cachait derrière cette carapace de médecin apparemment insensible et indifférent au mal-être de certains de ses patients. « J'ai perdu un enfant, sans même le connaître. Et j'ai perdu la mère de cet enfant, d'une balle dans l'abdomen. » Les sourcils froncés sous la douleur de cet aveu, Ross regardait droit devant lui, les mains jointes sur ses genoux. Ce n'était pas l'amour qu'il regrettait parce qu'il avait retrouvé un amour plus grand encore alors qu'il ne s'en serait jamais cru capable. Non. Il regrettait cet espoir que cette naissance aurait pu faire naître, autant pour lui que pour les autres. Il regrettait de ne pas avoir su les protéger suffisamment. « Mais ça fait tellement longtemps, maintenant. » balaya-t-il d'un geste de la main en secouant brusquement la tête de manière à chasser tous ses fantômes. « Et t'as raison. C'est pas vraiment de tes affaires. » Néanmoins, plutôt qu'un ton de reproche, ce dernier semblait plutôt affirmatif, presque dénué d'intonation alors qu'il prenait une grande inspiration. Tremblant, le médecin enfouit de nouveau sa tête au creux de ses paumes en fermant les yeux, inspirant et expirant profondément afin de reprendre le contrôle.
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MessageSujet: Re: Some things are just unforgettable   Some things are just unforgettable EmptyLun 19 Déc - 10:57

« J'ai perdu un enfant, sans même le connaître. Et j'ai perdu la mère de cet enfant, d'une balle dans l'abdomen. » A vrai dire, Elizabeth ne s'y attendait pas. Certes, l'évènement était tragique et elle comprenait bien pourquoi il avait du mal à prendre en charge le jeune couple, mais c'était surtout sa franchise qui l'avait étonnée. Après tout, Elizabeth n'était qu'une étudiante entêtée qui se mêlait de ce tout, et surtout de ce qui ne la regardait pas. Elle devait passer pour cette fille qui croyait encore aux grands rêves et prouesses de la médecine, qui attendait patiemment la venue de son prince charmant, qui pensait que le bien triomphait toujours des vilains, quelqu'un qui avait l'idéal logé dans un coin de sa tête, et qui y croyait dur comme fer. C'était un peu ça, Eli. Et elle ne s'attendait certainement pas à ce que Ross lui dise ça, avec sa voix qui se voulait calme. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, résignée. « Et t'as raison. C'est pas vraiment de tes affaires. »
Une fois de plus, elle resta silencieuse. Elle en avait trop dit après tout. Elle hésitait entre rester là, rester là silencieusement ou rester là et parler, ou bien encore s'en aller. Après quelques instants où elle regardait Ross , la tête dans les mains, elle tourna ses talons. C'était peut-être mieux comme ça après tout, on ne pouvait pas aider tout le monde. Pendant ce temps, il y avait encore beaucoup de patients, beaucoup de choses qu'elle se devait d'apprendre, et si le docteur Bradford n'avait pas besoin d'elle, alors il était normal qu'elle s'en aille. Ce n'était pas comme si elle avait du temps à revendre, qu'elle pouvait se permettre de se morfondre dans la banalité de sa vie. Du moins, c'était ce que le Ross devait penser, s'il avait remarqué son absence. Mais c'était bien d'Elizabeth dont on parlait. Et elle n'était pas du genre à se laisser abattre.
C'est donc quelques minutes après qu'elle revint, encore. Elle se plaça contre le muret, à côté de Ross, la tête légèrement inclinée. Elle lui tendait un petit emballage, et le plus naturellement possible : « Barre céréale... chocolat framboise. »
Ce n'était pas grave, on n'était pas obligé de parler de ces grands tourments de l'âme et de ces expériences qui vous marquaient jusqu'au plus profond de votre être. On n'était pas obligé de pleurer sur l'épaule de l'autre, et de se promettre quelques banalités dont on ne se souviendra plus dans les minutes à venir. Tout en déballant sa propre barre céréale, elle ajouta d'une voix claire et neutre : « Je savais pas si étiez plutôt chocolat-framboise ou pomme-ananas. J'espère que ça vous va. » Et elle lui adressa un léger sourire, qui voulait dire : Je sais que vous énerve, je sais que vous vous demandez sans doute comment on peut être obstiné à ce point là, comment on peut croire qu'on peut venir à bout des problèmes de tout le monde, et que ce n'était pas avec trois pétales de céréales que je vais changer le monde. Mais c'est ce que je suis et peu importe tous les reproches ou les conseils qu'on me donnera, c'est quelque chose qui ne changera jamais. Et si vous ne voulez pas larmoyer sur mon épaule, je comprends, je comprends tout à fait. Mais ça ne m'empêche pas d'être là.
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MessageSujet: Re: Some things are just unforgettable   Some things are just unforgettable EmptyVen 6 Jan - 5:51

Le médecin ne releva la tête que lorsqu'Elizabeth eut disparu et prit une grande inspiration, conscient de l'image peu flatteuse qu'il renvoyait de lui-même. Qu'allait-elle penser de lui, après ça? Si faible. Si vulnérable. Si pathétique. Il aurait aimé lui dire que ça n'avait pas d'importance. Il aurait aimé lui dire que ça ne valait pas la peine de s'attarder sur des évènements passés qui se retrouvaient loin derrière lui, mais il n'en avait malheureusement ni le courage, ni la force, ni l'envie. Ce qui s'était passé avant avait forgé son caractère et avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui, tourmenté et effaré à la seule idée de devenir père. Il vit la jeune étudiante revenir vers lui et releva la tête, visiblement consterné. Qu'avait-elle oublié de lui dire? Voulait-elle lui demander quelque chose de particulier ? Dans l'état où il se trouvait, sans doute aurait-il été beaucoup plus à même de lui donner des permissions qu'elle n'aurait sans doute pas eu en temps normal, mais il fut surpris de la voir déposer au creux de ses mains une barre chocolatée. Il demeura silencieux un court moment alors qu'il acquiesçait doucement lorsqu'elle s'adressa à lui. « Barre céréale... chocolat framboise. » La journée avait été rude et Ross n'avait fait que cumuler déceptions sur déceptions, à un point tel que la moindre petite pacotille était devenue une montagne. Fatigué, las, il ne rêvait plus que d'aller se coucher en fermant les yeux pour que cette journée se termine enfin. « Merci. » murmura-t-il simplement alors qu'il déballait lui aussi sa barre céréale, en prenant une bouchée alors qu'il en savourait le goût pour la première fois depuis des lustres. Pourtant, parfois, il pouvait avaler deux ou trois barres par jour lorsqu'il devait faire vite et qu'il n'avait que très peu de temps, mais il n'avait jamais vraiment pris la peine de déguster, s'assurant simplement de remplir son estomac afin de tenir quelques heures de plus.

« Je savais pas si vous étiez plutôt chocolat-framboise ou pomme-ananas. J'espère que ça vous va. » Le médecin posa sur elle un regard sincère alors qu'il comprenait ce qu'elle tentait de faire en créant une diversion. Elle voulait qu'il pense à autre chose, elle voulait qu'il oublie ce qui s'était passé et qu'il termine sa journée avant de rentrer chez lui. « Chocolat-framboise, c'est parfait. » Mangeant en silence alors qu'il n'avait pas l'intention de revenir sur le sujet de ce qui s'était passé un peu plus tôt - une fois, c'était bien suffisant, d'autant plus qu'il en avait dit bien plus en quelques minutes à Elizabeth que ce qu'il avait pu dire à la plupart de ses collègues en six ans - il se releva lorsqu'il eut avalé la dernière bouchée. « Prête? J'ai des tonnes de patients à voir, j'aimerais que tu m'accompagnes. » Non seulement il voulait voir comment elle se débrouillait, mais ça lui permettrait également de se changer les idées et de porter son attention ailleurs, chose qui s'avérerait constructive autant pour lui que pour elle. Ross n'était pas du genre à se laisser abattre, il était fort et il refusait souvent d'abandonner dès le premier échec. Il avait toutefois été pris de court par ce qu'il avait cru être une échographie comme toutes les autres. « Je vais te laisser faire pour les consultations. Mais je serai à côté. » précisa-t-il en posant une main chaleureuse, mais maladroite sur l'épaule de la jeune femme, retrouvant peu à peu son ardeur habituelle.
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