this is where we're meant to be

Portland est une grande ville. 583 776 personnes errent dans les rues bondées de la vingt-neuvième ville la plus grande des états-unis. Tellement de vie, tellement de destins différents. Ça aurait pu arriver à n'importe qui. Il faut que ça tombe sur quelqu'un, de toute façon. Alors ce sera lui, l'enfant blondinet qui joue avec ses petites voitures dans le salon. Aaron n'a que six ans, il ne comprends pas tout, il ne comprends pas pourquoi son père le regarde avec cet air mauvais, il ne comprends pas pourquoi ses frères s'évertuent à le frapper. C'est encore un enfant, et les difficultés de sa vie ne font que commencer. Il est né sous la mauvaise étoile. La mère de famille se prénomme Judith Strauss, née Goldsmith. Elle s'est mariée dès la sortie du lycée avec Maxwell Strauss, un bad boy dont elle était amoureuse. Judith est une belle femme, de longues boucles blondes encadrant son visage chétif. Visage couvert de bleus, de coupures, de cicatrices et de larmes. Tellement de larmes. Si elle croyait aux contes de fées avant, elle n'y croit plus depuis que le prince la martyrise. Depuis que le prince la frappe, la traitant comme un vulgaire objet devant ses fils. Devant son petit dernier, son Aaron adoré, son préféré. Car ses deux premiers fils sont devenus comme leur père, arrogants, vulgaires et violents. Judith veut croire qu'il reste une chance à son petit dernier de devenir quelqu'un de bien. Qu'il pourra un jour s'évader de ce quartier malfamé, échappant à la malédiction que perpétue le nom de famille qu'est Strauss. Judith attrape son fils dans ses bras, comme si c'était la dernière fois. Ça le sera. Elle dépose un baiser humide sur le front de son fils, elle pleure. Maman t'aime Caleb, maman t'aime plus que tout au monde, souffle-t-elle entre deux sanglots. Elle embrasse une dernière fois son enfant, et le laisse là, sur le tapis du salon, entre ses petites voitures. L'enfant regarde sa mère lui sourire doucement, avant d'avaler une poignée de médicament. Maxwell déboule dans la pièce, hurle. Il gifle sa femme, lui retire la boite de médicament des mains, se rendant compte que son épouse cherche à lui échapper. Il hurle, la gifle encore. Judith s'écroule au sol, pleure. Son mari la soulève, la tire par les cheveux, la gifle encore. Les deux parents hurlent, tandis que l'enfant regarde la scène, stoïque. Judith implore la pitié que son mari lui refuse, la précipitant au sol. Il l'insulte, la frappe une dernière fois avant de la laisser là, sur le sol du salon familial, devant son enfant. Judith pleure une dernière fois avant de suffoquer lentement. Ses yeux sont emplis de larmes, elle fixe son bébé, son Caleb chéri. Elle regarde ses joues poupines, ses beaux cheveux blonds. Puis elle ferme lentement les yeux, attendant de pouvoir s'endormir dans une liberté nouvelle.


uc.


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