Après la mort de ce patient il y a quelques jours en arrière, j’avais bien besoin de prendre un break. L’hôpital m’a accordé mon vendredi, je l’ai pris sans chercher à négocier un autre moment. Ca me rallonge le week-end, c’est parfait. Je me suis réveillé ce matin, sans avoir besoin d’enfiler ma blouse blanche. Même si j’aime vraiment ce que je fais, c’est lourd parfois.
J’ai fait un truc que je m’autorise à faire très rarement : la grasse matinée. J’aime pas dormir trop longtemps, j’ai l’impression de louper trop de choses. J’aime vivre à 100 à l’heure. Bref, je me lève à midi environ et je me cuisine un petit déjeuner typiquement américain : du bacon, des œufs et des toasts. J’aime bien la bouffe ici, mais c’est vrai que les plats hispanique que ma mère me cuisinait tous les jours me manquent vraiment. J’avale le tout très rapidement, hier soir j’ai oublié de manger, je suis affamé. Je ne sais pas trop ce que je vais faire aujourd’hui, mais ce serait bien que je change un peu mon train-train quotidien. Le but de cette journée-off c’est quand même de me changer les idées.
C’est encore une belle journée, je n’aime pas rester enfermer chez moi. Par conséquent, je vais sortir. Pour aller où ? Je ne sais pas, mais je n’emporterai pas mes affaires de peinture. J’ai déjà assez à bricoler le samedi et le dimanche. Aujourd’hui, je vais faire autre chose, peu importe quoi.
Je décide de sortir, je trouverai surement quoi faire en me baladant dehors. Il fait doux, c’est le début du printemps. Le soleil tape sur mon visage et c’est plutôt agréable. Les rues sont plutôt désertes ; normal tout le monde travaille. En sortant de mon appartement, il y a plusieurs chemins pour se rendre au centre de la petite ville d’Arrowsic. Je prends toujours à gauche, aujourd’hui je vais prendre à droite. C’est sympa, je découvre de nouvelles rues, avec de jolies villas toute neuves. Il y a également de beaux jardins et quelques boutiques qui semblent sympas. J’y emmènerai peut-être Matys un de ces quatres. Je débouche sur la route principale où se trouvent la plupart des commerces. Directement, je remarque la petite libraire en face du parc J.F Kennedy. Ouais, pourquoi pas ? Un petit bouquin à lire dans le parc… Ca fait si longtemps que je n’ai pas lu la moindre page…
J’entre dans la petite boutique et je me dirige directement vers son propriétaire. Pas la peine de chercher pendant une demi-heure, je n’y connais rien en livre. Je lui demande conseil, j’achète et basta. Le vieux monsieur me propose le « livre du mois », c’est l’histoire d’une petite africaine qui vit dans une région truffée de mine anti-personnel. Comme ça, ça n’a pas l’air très joyeux comme histoire, mais apparemment c’est vraiment une belle histoire.
Je me pose dans le parc et je commence le bouquin. C’est vrai que c’est prenant, très bien écrit et ça donne à réfléchir. Je reste au moins deux heures, comme ça, complètement aspiré par cette histoire et totalement déconnecté de la réalité. Je décide de m’arrêter, j’ai les yeux qui fatiguent.
Je lève doucement les yeux pour observer ce qui m’entoure. Je n’ai pas le temps de parcourir tout le parc que mes yeux se posent déjà sur elle. Une jeune femme, magnifique, appuyée contre un arbre, des larmes se déversant à grosses gouttes sur son visage, était là, seule. Sans réfléchir, je me lève, je m’approche et je m’accroupis près d’elle.
« Ca n’a pas l’air d’aller… Je peux… t’aider ? » Dis-je d’une voix qui était sensée être rassurante. Elle me regarde, elle déborde de charme. J’ai envie de faire quelque chose pour elle. J’aimerais la serrer dans mes bras, mais je ne veux pas qu’elle se sente agressée, on ne se connait pas. Oui, je suis comme ça, capable de me jeter sur des inconnues pour les consoler. Je suis un cœur tendre et je n’en ai pas honte.

Ça y est j'ai enfin trouvé ma cible, je dois avouer que je n'y croyais plus vraiment, je n'ai jamais mis autant de temps à mettre la main sur quelqu'un... Mais, bref maintenant que je sais où il se trouve je vais enfin pouvoir passer à l'action et tenter de me rapprocher de lui au maximum. Oui je sais, je pourrais simplement le tuer d'une balle dans le dos pendant qu'il marche dans la rue mais, cela n'a jamais était mon genre. Je préfère plutôt, apprendre à le connaitre et pouvoir le tuer en face à face, j'assume toujours les meurtres que je commets, pas auprès des autorités bien sûr mais, la personne que je dois exécuter à au moins le droit de savoir pourquoi il va mourir... Tout ça pour dire que chaque tueur à gages à ces méthodes, moi c'est de me rapprocher de ma victime, de plus cela me permet d'effacer les traces de mon passage plus facilement. Je suis donc arrivée dans une petite ville que je ne connais pas, il va pourtant falloir que je réussisse à m'intégrer si je veux pouvoir mener ma mission à bien. Depuis ce matin je cherche une façon d'aborder ce cher Fernando, je crois que c'est son prénom, de toute manière il me le donnera quand je le rencontrerais puisque je ne suis pas censé le connaitre. Au bout d'une bonne demi-heure de réflexion je me suis donc décidé sur la manière de l'aborder. En fait, je compte simplement le laisser venir à moi ! Je me prépare donc tranquillement, j'enfile un jean tout simple avec une tunique longue et ma veste en cuir fétiche, on tous nos petits grigris moi c'est cette superbe veste, j'enfile une paire de tennis noir avant de prendre mes clefs et de me diriger vers le centre-ville, avec un peu de chance je tomberai sur lui, j'ai essayé de connaître son emploi du temps mais, ce jeune homme à l'air d'aimer faire ce qui lui plait quand ça lui chante... En arrivant près du parc de la ville je suppose, il faut dire que je ne suis pas encore parfaite dans le rôle de guide touristique, je ne reste jamais assez longtemps quelque part pour en connaître tous les recoins. J'ai l'impression de le voir, il entre dans une sorte de petites librairies, je reste discrète j'attends qu'il en sorte pour pouvoir mettre mon plan en œuvre. Pas très long le garçon, je n'ai pas eu à attendre longtemps avant qu'il ne ressorte avec un livre à la main et qu'il ne se dirige vers le parc pour le lire tranquillement. D'un coup je me demande si mon plan ne va pas tomber à l'eau, d'habitude je me contente de les accoster dans un bar et puis le tour est joué après tout, quel homme saint d'esprit ne céderait-il pas à une si belle femme. Non, je ne suis pas du tout imbus de ma personne, simplement je sais que je suis une femme plutôt attirante ça m'a assez aidé dans la vie pour que je m'en rende compte. Tant pis j'y suis, maintenant il ne me reste plus qu'à foncer, j'inspire un bon coup puis je m'approche de ce fameux parc. Une fois assez près de lui pour qu'il me remarque, je m'adosse à un arbre et commence à sangloter comme une madeleine, ce qui est amusant c'est que dans la vie de tous les jours je ne pleure que très rarement mais, j'ai dû naitre avec un incroyable talent de comédienne... C'est bon il m'a remarqué, je le vois qui s'approche de moi, je continue donc ma comédie, après tout il faut que je sois convaincante où sinon cela risque de me mettre dans une mauvaise position pour la suite de ma mission. « Ca n'a pas l'air d'aller... Je peux... t'aider ? » Je me retourne lentement vers lui mon regard embué de larmes, j'esquisse un sourire, puis m'essuie doucement les yeux. « Je suis désolé, je ne me tourne pas au ridicule comme ça d'habitude... C'est juste que mon fiancée vient de rompre et je ... ne vais pas vous ennuyer avec mes stupides histoire de femme déçue par les hommes !» Je me relève doucement essuyant mes genoux qui ont commencé à prendre la couleur de l'herbe, à cet instant je n'espère qu'une chose qu'il tombe dans le panneau, pourvus que j'ai vu juste avec celui-ci...

On se regarde un moment en silence, je sens un courant positif parcourir mon échine. En général, j’ai un assez bon instinct, et cette fille, je la sens bien. « Je suis désolé, je ne me tourne pas au ridicule comme ça d’habitude… C’est juste que mon fiancé vient de rompre et je… ne vais pas vous ennuyer avec mes stupides histoires de femme déçue par les hommes ! » Ca m’a fait bizarre d’être vouvoyer par une fille qui semble avoir mon âge. J’aimerais bien lui prendre la main pour la rassurer, mais je n’ose pas être à ce point tactile avec une étrangère, je ne veux pas qu’elle le prenne mal, ce n’est pas le but.

« Ca tombe bien, je suis un homme gentil et qui sait écouter, donc si c’est pas trop indiscret de ma part, je veux bien écouter ton histoire. » je réponds avec un sourire. Chez elle aussi, un sourire s’esquisse. « Et puis, tu sais, tu peux me tutoyer ! » Là, c’est un sourire plus franc qui s’installe sur son visage.

Elle est vraiment belle. Si on passe outre de son maquillage qui a coulé sur son visage, elle a une vraie tête d’ange. Des traits fins et des yeux noisettes qui semblent reflétés une certaine sensibilité. Même si je ne l’ai jamais rencontré, j’ai l’impression de déjà la connaître. C’est très idiot, je me demande ce qui m’arrive d’ailleurs, mais j’ai la sensation qu’elle brille au milieu de ce parc, qu’elle illumine cette journée. Bon aller, secoues toi Fernando et arrêtes de divaguer.
« Au fait, moi c’est Fernando, j’habite dans les immeubles bleu et gris derrière la grande rue marchande. Et toi tu es ? » Déjà j’essaye de m’imaginer son nom, quel âge elle pourrait avoir et où elle pourrait habiter. Je pense qu’elle ne vit pas à Arrowsic depuis longtemps, c’est une petite ville et on s’y connait tous. Je suis sûr que je ne l’ai jamais vu avant. « Tu es nouvelles par ici ? »

Comme ça, je m’imagine qu’elle s’appelle Jenna, qu’elle a vingt ans et qu’elle vient d’Angleterre. Je la verrai bien faire des études de lettre aussi. Bon, 99% de chance que j’ai tout faux. Non, mais faut pas se leurrer, j’ai tout faux.
Elle me conte son histoire et je l’écoute d’une oreille attentive, elle semble bouleversée, mais je remarque que ça semble l’apaiser de me raconter. C’est bien, j’ai l’impression de l’avoir un peu aidée.

Quand je sens son regard se plonger dans le mien aussi intensément, je sais que j'ai gagné la partie, ça paraît si facile comme ça. Pourtant, je ne me sens pas si sur de moi que d'habitude, je ne dois pas me laisser distraire, il est mon dernier obstacle avant de pouvoir obtenir la vengeance que j'attends depuis si longtemps. Puis quand il me dit qu'il est prêt à écouter mon histoire je me rends compte que je n'ai rien préparé, je m'attendais certes à ce qu'il me console mais, pas vraiment à ce qu'il me laisse pleurer sur son épaule... Quand il me propose donc d'écouter mon histoire je me prends à lui sourire sincèrement, comme toucher par tant de gentillesse mais, ce n'est pas le chemin que je dois emprunter, je n'ai jamais cherché à savoir si j'avais tort ou non de tuer les gens, il ne s'agit que d'un contrat comme un autre, je le tue et j'en ai fini ici !
« Simplement une histoire comme une autre, il m'a demandé en mariage, l'a surement regretté et s'est enfui ! Rien de bien surprenant a priori, sauf que j'ai tout quitté pour venir ici et que je ne connais personne...»
Finalement au cours des années les mensonges me viennent tout seul comme par enchantement. Parfois, je me dis que le jour où je déciderais de reprendre une vie normale, je n'aurais même pas la chance de pouvoir arrêter de mentir, que pourrais-je bien dire aux gens, avant d'arriver ici j'étais tueuse à gages mais, tout ça c'est fini ne vous inquiétez pas ! Non, je ne pense pas que ce soit une très bonne idée, j'ai toujours vécu dans le mensonge et je pense que je continuerai comme cela encore longtemps. Je pose de nouveau mon regard sur lui et je me rends compte qu'il aurait pu être mon genre d'homme si je l'avais connue dans d'autre circonstance, il est plutôt pas mal et il semble être des plus gentils. Bref, revenons en à nos moutons, le voilà qui se présente, je lui souris aimablement.

« Enchanter Fernando, tu as des origines ? Moi c'est Ailyah, tu sais que tu ne devrais pas indiquer l'endroit où tu vis à des inconnus, imagines que je décide de venir fondre en larmes devant ta porte ! »
Je le vois esquisser un sourire, pour l'instant tout à l'air de bien marcher, le pire c'est que pour être honnête je ne joue pas tant que ça la comédie, peut-être qu'il est vraiment tant pour moi de raccrocher et de vivre ma vie, dommage qu'il ne soit pas apparue une ou deux années plus tard.

« Oui, ça se voit tant que ça ? J'ai une chambre dans un motel au bord de la ville, maintenant que je suis ici je vais avoir le temps de me chercher un chez moi et surtout un nouveau travail ! Et toi, que fais-tu dans la vie ?»
Lui poser des questions auxquels je connais déjà les réponses voilà qui me renvoie à mes habitudes passées... Je regarde autour de moi, il a bien choisi son endroit pour faire une nouvelle vie, ça parait être l'endroit parfait, peu de monde mais, en même temps assez pour que ce soit conviviale et agréable. J'espère qu'il en a bien profité, car tout sera bientôt fini pour lui.

Je ne crois pas qu’elle veuille s’attarder sur cette histoire. Je la comprends, si elle a souffert, elle veut certainement tirer un trait sur lui. « Simplement une histoire comme une autre, il m’a demandé en mariage, l’a surement regretté et s’est enfui ! Rien de bien surprenant à priori, sauf que j’ai tout quitté pour venir ici et que je ne connais personne… » Ah, sa solitude, je la connais. J’ai ressenti la même chose qu’elle en arrivant ici, j’avais tout quitté et je ne pouvais plus revenir en arrière. Parfois j’aimerais pouvoir raconter ma réelle histoire, dire aux gens pourquoi j’ai réellement quitté la Suisse, pourquoi je ne pourrais jamais y retourner. « Je te comprends, moi ça fait deux ans que je vis ici et quand je suis arrivé je ne connaissais personne. Tu verras, les gens sont très sympas ici et puis, tu me connais moi maintenant » dis-je avec un sourire chaleureux. Connaître était un bien grand mot en ces circonstances, mais j’avais réellement envie de l’aider à s’intégrer, qu’elle se sente bien parmi les habitants d’Arrowsic. Même si notre rencontre ne se fait pas dans les meilleures conditions qui soient, je suis persuadé qu’on pourra devenir amis.

« Enchantée Fernando, tu as des origines ? Moi c’est Ailyah, tu sais que tu ne devrais pas indiquer l’endroit où tu vis à des inconnus, imagines que je décide de venir fondre en larmes devant ta porte ! » Je ris doucement. Ailyah, je n’ai encore jamais entendu ce prénom, mais j’aime beaucoup, je me demande d’où ça vient. Je remarque que ses larmes ont cessé de couler. C’est bien, j’ai en partie atteint mon objectif. Je me lève et je lui tends ma main pour l’aider à se relever elle aussi. Elle la saisit et je sens une petite décharge électrique parcourir mon corps. Nous nous dirigeons vers le banc où je me trouvais avant pour continuer notre discussion. « Je suis d’origine espagnole, je vivais à Madrid avant de venir ici. » Là, c’est le moment où je croise les doigts pour qu’elle ne connaisse pas Madrid comme sa poche, parce qu’à vrai dire je n’y suis allé qu’une seule fois. Et c’est pas le moment que quelqu’un grille mon faux passé. « Ah ! Même pas peur ! De toute façon c’est fini maintenant les larmes, hein ? Si tu veux sur mon pallier je préfèrerai que ce soit pour autre chose ! » Mes joues se teignent de rose, ce que je viens de dire pourrait être mal interpréter. Heureusement, cela ne semble pas la perturber plus que ça.

« Oui, ça se voit tant que ça ? J’ai une chambre dans un motel au bord de la ville, maintenant que je suis ici je vais avoir le temps de me chercher un chez moi et surtout un nouveau travail ! Et toi, que fais-tu dans la vie ? » Elle vit dans un motel, pas étonnant qu’elle déprime ! Je sais qu’il y a un appartement à louer dans mon immeuble, mais je ne sais pas si ça ferait bizarre de le lui proposer. Enfin, pourquoi ça ferait bizarre en fait ? « Si jamais, il y a un appartement à louer dans mon immeuble, si tu es intéressée ! J’ai également entendu dire que la mairie cherchait un/une nouvel(le) secrétaire, mais bon, je ne sais pas du tout quel genre de métier tu fais, je suis peut-être à côté de la plaque. » Je ris, elle aussi. « Moi je bosse à l’hôpital, je suis interne ! Le week-end je peins, mais ça c’est mon petit secret ! » Je lui balance un petit clin d’œil en la bousculant légèrement, pour rigoler. À son contact, je sens à nouveau cette petite décharge électrique… Madre, pourquoi je kiffe sur une fille qui a le cœur brisé ? Secoues toi Fernando, t’as aucune chance.

On en vient déjà aux petites confidences, parfait ce n'est pas moi qui m'en plaindrais, bien au contraire. Si seulement il savait que la seule personne que j'ai besoin de connaître ici c'est lui, je préférerais même éviter de trop me faire connaître dans les environs. Le plus important dans mon plan c'est d'entrée dans sa vie, le tuer sans que personne ne puisse avoir le moindre soupçon sur moi et repartir vers d'autres aventures ni vue ni connus ! Je ne peux donc m'empêcher de sourire à sa dernière remarque, je dois continuer de jouer le jeu de la petite nouvelle qui veut faire connaissance pour oublier ses malheurs...
« Deux ans seulement, tu n'es pas un ancien de cette ville alors ? J'espère maintenant que je suis là j'aimerais bien réussir à m'intégrer maintenant que je connais une personne ici, le reste devrait aller tout seul, non ? »
Finalement j'ai bien choisi ma tactique avec celui-ci, je sens qu'il me ferait entrer dans sa vie, sans même chercher plus loin que le bout de son nez ! Quand il m'aide à me relever j'ai comme l'impression de sentir quelque chose de bizarre, mais je m'enlève cette idée de la tête en la secouant comme une idiote... C'est sans doute la peur d'échouer si prêt du but, il ne manquerait plus que ça, que le seul contrat que je serais incapable d'accomplir soit celui que j'attends depuis si longtemps. Tiens premier mensonge, alors comme cela ce cher Fernando aurait vécue à Madrid, je retiens un petit sourire puis lui sourit gentiment.
« Madrid, cela doit vraiment être sympa de vivre dans un endroit pareille, je rêverais d'y aller ! Qui sait peut-être qu'un jour tu pourrais être mon guide ? »
Un jour peut-être, j'aurais peut-être du préciser que ce jour serait forcément dans une autre vie, je ne crois pas que cela plairait à mes employeurs si j'allais me balader dans un autre pays avec la cible qu'ils m'ont donnée à exécuter. A sa réflexion je souris de mes plus belles dents, c'est qu'il serait rapide le petit, pour lui montrer que ça remarque ne me perturbe pas plus que ça je le regarde en prenant une pose de réflexion.
« Dans ce cas, j'essaierai de passer avec un pack de six et un bon film d'horreurs, au moins là il y a vraiment très peu de chance que je pleure à nouveau... D'ailleurs à propos de ça vraiment navré de vous avoir imposé mon attitude déplorable. »
Je ne m’imaginer pas aussi facilement entrer dans sa vie, mais puisqu’il à décider de me rendre les choses plus facile autant en profiter ! Habiter dans le même immeuble risque de ma facilité les choses encore plus que ce que je n’aurais pu l’espérer.
« Pour l’appartement ça pourrait vraiment m’aider et puis j’aurais un voisin dans mes connaissances au moins ! Par contre pour le boulot c’est gentil mais, je n’ais pas vraiment les compétences requise… »
Il me parle de son travail à l’hôpital, j’étai au courant j’ai même hésité à nous faire nous rencontrer là-bas puis je me suis dit que ce ne serais pas vraiment évident de faire connaissance. Ensuite c’est de la peinture qu’il décide de me parler, comme quoi il peint le week end, en lui faisant mon plus grand sourire et en le suppliant du regard.
« Peut-être accepteras-tu de me peindre un jour ? »

Ailyah a séché ses larmes, ça fait du bien de la voir sourire, elle est encore plus belle que lorsque je l’ai trouvé, le visage sombre, fermé, pleurant à chaudes larmes. À présent, elle semble détendue et de bonne humeur. « Deux ans seulement (…) » Pour moi, ça parait déjà être une éternité. J’ai encore la date de mon départ précisément ancrée dans mon esprit. Je n’oublierai jamais ce jour, où j’ai serré ma mère contre moi, que j’ai senti ses larmes ruisseler sur son visage. À ce moment là, je savais que ce n’était pas un simple au revoir, c’était un adieu. On se quittait à tout jamais. Elle avait dit tout bas « Tenga cuidado de mi hijo » Chaque jour que Dieu fait, elle me manque. C’est comme une plaie béante dans mon âme, elle ne cicatrisera jamais.

Ouf, elle n’est jamais allée à Madrid et elle ne s’attarde pas sur le sujet. Cependant, je frémis légèrement quand elle propose que je la guide là-bas un de ces jours. Je sais que ça n’arrivera jamais, mais je pense qu’il vaut mieux que j’évite le sujet de mon passé pour ne pas m’encoubler dans mes mensonges.
« Dans ce cas, j’essayerai de passer avec un pack de six et un bon film d’horreur, au moins là il y a vraiment très peu de chance que je pleure à nouveau… D’ailleurs à propos de ça, vraiment navrée de t’avoir imposé mon attitude déplorable. » C’est fou, tout ce qu’elle dit me fait sourire. Bon, en même temps je souris un peu tout le temps, c’est souvent quelque chose que les gens apprécient chez moi. Je suis un type joyeux. Sauf que là, c’est plus un sourire de bobet qu’un sourire normal, ‘fin bref, passons. « Toi aussi tu aimes les films d’horreurs ? Ben écoutes, si tu n’as rien à faire ce soir, tu peux passer ! Enfin, je ne veux pas que tu te sentes obligée, mais puisque tu ne connais pas grand monde, on pourrait faire un peu mieux connaissance et peut-être que je pourrais te présenter au concierge de l’immeuble, pour l’appartement ! » J’ai parlé un peu trop vite. Non mais, Fernando, c’est quoi ce plan drague à deux balles que tu lui sors là ? Oui, je vais pas me mentir, elle me plait. Mais elle vient de rompre, je vais pas lui sauter dessus comme ça, elle doit être encore complètement accro à son ex-fiancé. « T’inquiètes pas, on a tous nos moments difficiles » dis-je pour faire oublier ce que je venais de dire. Trop tard… Elle a déjà répondu, j’espère qu’elle ne me prend pas pour un gros lourdaud.

« Peut-être accepteras-tu de me peindre un jour ? » dit-elle alors. Là j’hésite, c’est vrai que je recherche des modèles en ce moment, mais j’ai pas envie de m’enfoncer encore plus, j’ai pas envie qu’elle croit que je suis à fond sur elle, non plus. Je n’aime pas trop montrer mes sentiments. Enfin si, mais pas à des inconnues quoi. Surtout que je ne suis pas du genre bourreau des cœurs, à enchaîner les conquêtes. « À vrai dire, je recherche des modèles, mais… Non oublies ça ne va pas t’intéresser, peut-être que je ferai ton portrait un de ces jours… » Non, je n’ose pas. Comment dire à une connaissance, qui me plait, que je recherche des modèles pour faire des nus. Non, ce n’est pas le genre de truc qu’on propose juste après avoir proposé un presque-rencard…

Je n'arrête pas de sourire, je dois avouer que je me sens assez bête, je suis cencée le séduire pour le tuer ensuite... Mais, j'ai l'impression que cette fois-ci c'est différent, il n'a pas l'air bien méchant, je me demande ce qu'il a pu faire pour mériter qu'on envoie une tueuse à gages à ses trousses. C'est vrai d'habitude je ne me pose pas tant de questions, en même temps tous ceux que j'ai tué jusqu'à présent était des enflures de premières catégories. Oui, je ne tue que des hommes, c'est l'une de mes règles, je ne suis pas sans coeur tout de même, je sais qu'une femme peut avoir un enfant et le mal que ça peut faire de laisser une famille sans une mère, pour les enfants c'est juste hors catégorie, je serais plutôt du genre à tuer la personne qui me demanderaient d'en supprimer un !
Je me retrouve finalement avec une réelle envie de voir ce foutus film d'horreur avec lui, il faut vraiment que je me remette les idées au clair. Maintenant, qu'il m'a proposé de passer la soirée chez lui, j'ai ce que je veux, je pourrais tout stopper ce soir, le supprimer de cette terre et avoir mes informations ! Il faut que je réfléchisse à tout cela tête reposer.
« Ce qu'on peut faire dans ce cas, c'est que je m'occupe des pizzas et de la bière et tu nous choisis un super film d'horreur ? Finalement cette rupture m'aura peut-être servis à me faire un nouvel ami dans ma nouvelle vie...»
Je lui souris, peut-être que cette fois-ci je vais réfléchir et changer mes plans, j'ai seulement besoin de réfléchir et de découvrir pourquoi on m'a envoyé tuer ce type... Si c'est une bonne raison, rien ne changera je remplierai mon contrat, si c'est une mauvaise raison, je devrais soit faire avec soit, trouvé un moyen de me sortir de se merdier... Car si je ne le tue pas, certes je n'aurais pas mes informations mais, je deviendrai une cible pour ceux qui m'ont envoyé ici ! Je sors de mes penser quand il m'avoue qu'il cherche des modèles pour poser nue, cela me fait sourire, je n'ai jamais était très pudique...
« SI tu ne m'avais pas vu verser toutes les larmes de mon corps j'aurais sans doute dit oui... Mais, là je dois avouer que je ne me sens pas vraiment à mon avantage. En tout cas contente de passer la soirée de se soir avec toi! On se dit à ce soir, je t'es écrit mon numéro la dessus, tu m'envoie l'adresse.»
En vérité j'aurais adoré poser nue, je pense même que cela n'aurait fait que m'aider à le séduire davantage.