Sujet: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Dim 15 Avr - 21:39
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Mon regard s’attarda sur ma voiture, puis je soupirai. Je soulevai la béquille de ma bicyclette d’un mouvement sec du pied, et pris la route, le vent venant fouetter mon visage et rejeter mes mèches blondes en arrière. J’avais pris soin de coiffer mes boucles correctement ce matin. Imbécile de vent, abruti de destin. Je stoppai net en plein milieu de la rue, nuant ma chevelure en un chignon lâche, puis repartis de plus belle. Je traversai ma rue en quelques coups de pédales. Malgré moi, je ressentais une certaine frustration de ne pas avoir pu prendre ma voiture – mon frère en avait soi-disant besoin, mais je demeurais certaine qu’il en avait tout simplement marre de me voir faire des trajets de plus en plus courts avec ma chère et tendre – à un tel point que mon parcours en vélo me semblait être un véritable supplice. Non seulement je n’avais pas les bonnes chaussures (essayez donc de pédaler avec des talons, autant dire que c’est comme essayer de nager avec du plomb dans les mains, ce n’est pas possible), mais la route me semblait deux fois plus longue avec l’allure à laquelle j’avançais. C’était idiot, presque puéril, mais je détestais tellement le sport sous toutes ses coutures et formes que faire ma cycliste professionnelle pour parcourir quelques pâtés de maisons me rendait presque désagréable avec moi-même. A la réflexion, je suis quand même étrange. Je secouai la tête pour me changer les idées, une fois arrivée à un carrefour, puis tournai à gauche. Dire qu’il n’y a presque que des sportifs dans ma famille ! Billie avait été cheerleader, Ethanaël avait même voulu être basketteur professionnel, Peter semblait être un de ces gosses hyperactifs qui n’ont pas de bouton pause. Haley, elle, rien à signaler de particulier, que ce soit en mal comme en bien. Et moi ? J’avais été la pire élève en sport que toute l’histoire de l’éducation n’avait jamais eu, enchainant longues remarques plaintives et pires chutes possibles lors des diverses séances. J’étais même encore sujette aux moqueries, de la part de ma fratrie, mais surtout de Matthew. Normal, après tout, quand on sait que je suis parfaitement capable de me fracasser le crâne par terre en marchant sur une surface plane, tout simplement parce que je peux trébucher sur mes propres pieds d’un moment à un autre... Peut-être que mes parents s’étaient lamentablement plantés sur mon cas lors de ma conception, en me rendant pire que feignante et un peu trop irritable dès qu’il s’agissait de parcourir cinq cents mètres sans l’aide d’un engin à moteur – comme ma voiture, par exemple. Dans tous les cas, la fatalité était bel et bien là : j’étais l’intruse de ma famille, mais rien ne pouvait me changer. Tandis que je me repassais quelques moments de ce triste côté de ma vie, je constatai que vivre dans un petit village du Maine avait ses avantages ; les maisons étaient toutes proches les unes des autres, et parcourir la ville de tout son long pouvait se faire rapidement. Globalement, il ne me restait qu’un virage à prendre. J’accélérai le mouvement, puis me retrouvait dans la rue où ma destination se trouvait. Je continuai afin de trouver le numéro de la maison que je cherchais, puis je descendis de mon destrier avec une telle hâte que je me pris les pieds dedans. Boum. Les jambes emmêlées dans les tiges de métal, je levais les yeux au ciel en tentant de me relever tant bien que mal. Je sentis de légers picotements sur les paumes de mes mains, et il ne me fallut qu’un vague coup d’œil pour constater qu’elles étaient dans un triste état. Deuxième coup d’œil pour voir que mes genoux avaient subi le même traitement. Je n’aurais jamais dû mettre de short. Destin, destin. Fatalité, oui ! Je me relevai, puis abandonnai ma bicyclette près de la boîte aux lettres. Je m’avançai vers la porte, puis me postai devant, appuyant sur la sonnette en continu. Imran allait me décrocher la tête, mais la frustration du voyage avait bien vite été balayée par un immense sourire qui avait pris possession de mon visage. Visite surprise. Il allait adorer être enquiquiné par une jeune de mon genre, surtout que j’étais bien décidé à lui prendre la tête avec ses livres. Oui. Il allait bel et bien me décrocher la tête. Avec un peu de chance, je ne souffrirais pas trop. Je n’eus cependant aucune réponse, malgré avoir manifesté ma présence sur son seuil pendant une bonne minute. Je fronçai le nez, puis appuyai avec automatisme sur la poignée de la porte d’entrée, et la poussai sans difficulté. Le verrou n’avait pas été tiré. Pas de clef sur la porte. Rien. « Imran ? » dis-je, toujours sur le seuil. « Imraaaaaan ? » Pas de réponse. Je pénétrai dans la maison, sans y avoir été invitée. Je marchai dans l’entrée, observant autour de moi les murs. Tout avait été laissé comme s’il était parti que pour quelques instants. J'haussai les épaules en refermant la porte d'entrée derrière moi. Je fonçai directement dans le bureau d’Imran, tout en observant les étagères contenant des livres. Mon regard envers les bouquins témoignait d’une telle attention qu’elle frôlait presque l’adoration. Je m’assis en plein milieu de la pièce, prête à attendre le temps qu’il fallait pour l’arrivée d’Imran, le nez fourré dans un livre. Autant passer son temps comme il faut. Quand même.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mar 17 Avr - 21:35
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Et il balança l'énième caillou dans ce qui semblait être un lac. Où une semblant de las. Quoi que ce soit, il y avait assez d'eau pour entendre un plouf à chaque fois que le psychiatre y balancer ce qu'il avait à coter de lui. Entre deux petites pierres, il avait hésité à se lever et à aller chercher ses médicaments. Comme ça, si jamais son docteur se décidait à venir faire une fouille chez lui, pour voir si Imran prend ou pas ses médicaments, il ne trouverait rien. Le carton dans lequel Imran rangeait ses petites pilules était bien enfouie dans le placard sous l'escalier. Une fois, il y avait déposé des petits hommes en plomb qu'il avait trouvé dans la maison et c'était soudain pris pour Harry Potter. Il s'était rendu compte de l'idiotie de la situation quand il se prit le plafond du petit placard. Un beau « tu es trop vieux pour ça » résonnait encore dans sa tête.
Depuis qu'il avait brulé sa maison en Inde, il y a bien des choses qui manquaient à Imran. Il ne regrettait pas ce geste, bien au contraire. Au fond, ce n'était pas sa villa, mais celle de sa femme. Du coup, tout ce qu'il avait laissé dans son ancienne Villa était ici. Les objets avaient pris l'avion de Mumbai et se retrouvait ici, dans le Maine. Ainsi on pouvait trouver chez lui pas mal de choses de son histoire. Des photos, mais aucune de son aimé. Il se plaisait à dire qu'il n'en avait pas besoin et qu'il la voyait partout où il allait. Des trophées, des diplômes, un piano noir trônait au milieu dusalon, comme ça. Et puis son bureau. Il y avait mis toute la bibliothèque qu'il s'était fait en Inde. Il y avait rajouté pas mal d'ouvrage, il achetait beaucoup de livres quand il voyageait. Il avait aussi récupéré de vieux ouvrages hindi de son père. La maison était très simple, il n'avait pratiquement rien jeté de ce qu'il y avait déjà ici. Certains meubles n'étaient pas à lui, comme les vieux canapés de l'air victorien. Rien n'était design ou neuf, en dehors peut-être de la télévision HD d'une taille assez imposante. Imran aimait les jeux et comme tout bon homme, il ne les ratait jamais.
Il se leva enfin de cette drôle de place qu'il avait trouvée. Ici, il avait pris la mauvaise habitude de se balader durant des heures. Il ne faisait rien, si ce n'et s'asseoir et réfléchir. Il avait des journées bien calme depuis sa venue ici et il apprécié. A New York et en voyageant un peu partout en Amérique, il avait pris la mauvaise habitude de vivre n'importe comment. Ici, il pouvait se poser sans se préoccuper de quoi que ce soit.
Bon, il passa la main dans ses cheveux regardant son briquet coulait dans l'eau. Il devrait faire plus attention la prochaine fois. Jeter son briquet, c'était crétin. Il n'avait pas regardé et pensait avoir jeté une autre pierre. C'était peut-être la preuve qu'il traînait trop ici. Heuresement, il avait une petite boite d'allumette dans sa poche. Très pratique d'avoir ce genre de choses sur soi. Il sortit donc une cigarette qu'il alluma sans problème et rentra chez lui. Cette fois il avait pris des chaussures de marche et avait ainsi épargné la mort de nouvelle chaussure italienne. Il marcha doucement, un instant il sauta par-dessus un tronc d'arbre. Plus il se baladait, plus il commençait à connaitre le chemin du retour par coeur. Cigarette en bouche, il pensait à ce qu'il ferait dans la soirée. Sans doute la même chose que d'habitude. Il leva les yeux au ciel pour regarder les nuages avant de manquer de trébucher. Il fit ainsi tomber sa cigarette qu'il ramassa aussitôt. Les journées comme ça, où il n'y a rien à faire d'autre que de penser, c'était amusant. A chaque fois, Imran faisait de drôle de découverte. Bon, la dernière fois, il s'était fait mordre par un serpent et ce n'était pas super. Il n'aimait pas aller à l'hôpital. Il était en train de penser à la manière dont il allait essayer d'arnaquer le barman ce soir quand il vit une voiture devant lui.
Automatiquement, il se rappela que c'était une invention qui existait. C'était une chose qu'il avait oubliée. Faut le comprendre, à force d'utiliser un vélo. Il se dit alors, que la personne était rentrée... sans attendre ? Hum, Imran fit le tour de la maison dans l'espoir que la personne venait juste d'arriver et qu'il pourrait faire croire qu'il était là.
Sauf si elle était là depuis un moment, là cela allait être assez idiot. En tournant pour aller prendre la porte de derrière il passa devant les fenêtres de son bureau et fit une demoiselle assise en train de lire. Il l'a voyé de dos, mais savait qui c'était. Il avait installé son bureau de telle sorte à ce que la lumière qui rentre par la fenêtre tombe directement sur son bureau. Il s'arrêta quelque instant pour la regardait, il trouvait toujours incroyable la manière dont il s'était retrouvé dans sa ville. Peut-être que c'était pour ça qu'Arrowsic n'était pas un nom de ville inconnu pour l'ancien écrivain. Il avait dû le lire sur l'une des enveloppes dans lequel la demoiselle y avait fourré ses romans de lettre.
Il reprit sa route et entra par derrière. Chemise blanche rentrée dans son jean noir, Imran ne mettait plus les Tee-shirt qu'on voyait sur les photos. Il était toujours sur son trente-et-un. Il entra dans son bureau sans prévenir et s'assis sur le fauteuil en face de Quinn. Il avait gardé les sièges de bureau ultra confortable des psychiatres. En cuir brun, il y avait deux sièges en face du bureau et un siège noir derrière. Il tira sur sa cigarette avant de l'écraser et de dire.
« - Quelqu'un sait que tu es chez moi où tu crois que si je te tue on me suspectera aussitôt ? » Lâcha-t-il enfin pour rompre le silence.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Dim 22 Avr - 22:51
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Je tournai distraitement la page du livre que j’avais dans les mains. Oh, bien entendu, je n’avais pas retenu la moitié des mots que j’avais pu lire sur la page précédente. D’ailleurs, j’étais bien incapable de dire de quoi traitait le bouquin, de donner les noms des personnages principaux, ou encore d’affirmer avec certitude si c’était un roman ou bien une thèse à propos d’un thème quelconque – et pourquoi pas ajouter si je l’avais déjà lu par le passé ou non, aussi. Je soupirai, continuant à parcourir les lignes des yeux, les phrases résonnant dans ma boîte crânienne sans jamais franchir la limite du compréhensible. Mon attention était à des années lumières de ma lecture, mais je continuai à m’acharner, comme si mon entêtement à poursuivre finirait par porter ses fruits. Je savais pertinemment que cela n’était pas possible. Mon esprit était focalisé sur d’autres sujets plus importants – comme mes paumes me piquant de manière dérangeante, ou encore le comment du pourquoi Imran était parti de chez lui sans verrouiller sa porte –, ce qui me rendait la tâche de lire quasiment impossible. Mon esprit papillonna également vers d’autres sujets tels que la pile de cahier à corriger qui m’attendait sur mon bureau, ou encore le projet de vidéo de Matthew, me laissant un millier de choses à penser en même temps et une toute petite tête pour m’y consacrer. Cela me donnait presque mal au crâne. Mes parents avaient oublié de me fournir, en plus de mon Q.I. supérieur à la moyenne, la capacité de traiter toutes sortes d’informations en l’espace de quelques secondes, comme un ordinateur surpuissant pourrait le faire. Comme quoi, on ne pouvait pas tout avoir. Je fixai les pages devant moi, mais je ne fis même plus aucun effort pour bouger mes yeux. Je soupirai, déposant délicatement l’ouvrage sur mes genoux. J’étais là, dans la maison d’un homme que je ne connaissais que trop peu, à l’attendre comme si cela était parfaitement normal. Cette situation en aurait irrité plus d’un. Imran en avait-il marre de moi, de ma tignasse blonde et de mon éducation qui laissait à désirer ? Certainement, cependant, il me témoignait suffisamment de respect pour ne pas m’avoir tué et enfoui mon corps quelque part, ou encore pour ne pas m’avoir claqué la porte au nez en me hurlant d’arrêter de l’harceler une bonne fois pour toutes. J’avais une vague idée de la raison qui le poussait à me supporter, à sa manière – après tout, on ne rencontre pas tous les jours une lycéenne complètement folle qui écrit des pages et des pages sur un de vos livres – cependant, cela ne pesait que trop peu dans la balance. Bah. Il devait bien m’aimer un tant soit peu, ce qui l’avait empêché de me botter les fesses. Ou alors pensait-il que me tuer n’en valait peut-être pas la peine. Ou il avait peut-être pitié de mon cas. Qui sait, les possibilités sont infinies. Je soupirai une seconde fois, et entendit un léger bruit venant de l’arrière de la maison. Je me redressai, tendit l’oreille, puis le son de pas marchant sur le sol vint chatouiller mon ouïe. Cambrioleur, autre visiteur ou Imran. Il n’y avait que trois possibilités. Je fronçai le nez, puis découvrit l’habitant des lieux sur le seuil de la porte, qui entra sans un mot dans la pièce pour s’asseoir en face d’elle. Je ne dis rien, préférant le laisser briser le silence de lui-même plutôt que de tout de suite me mettre à polluer l’air. « Quelqu'un sait que tu es chez moi ou tu crois que si je te tue on me suspectera aussitôt ? » Un sourire vint tout de suite se placer sur mes lèvres, alors que mon regard s’attardait sur la cigarette qu’il venait tout juste d’écraser. C’était une manière très agréable de saluer les gens, il fallait le dire. « Ce n’est pas sûr qu’on se rende compte de ma disparition tout de suite. T’aurais largement le temps de plier bagage et de partir en Californie, si tu veux savoir mon avis. » répondis-je d’un air las. Je ne savais pas très bien jouer la comédie. Mon amusement devait s’entendre à des kilomètres à la ronde. Même les écureuils et toutes sortes d’autres petites devaient se marrer devant ma prestation abominable. Je me relevai pour aller déposer le livre que j’avais pris à sa place. Délicatement, je le glissai là où je l’avais trouvé, puis je me rassis au même endroit sans ajouter un mot. « Enfin, quitte à choisir, si tu peux éviter de me tuer alors que j’ai encore de longues années à vivre devant moi, ça m’arrangerait. » C’était vrai, après tout. Je n’ai que vingt-deux ans, et toute ma vie pour avoir des occasions de mourir – accident de voiture, de vélo, ménager et j’en passe. Je lui adressai un petit sourire, l’objectif de cette visite toujours en mémoire ; m’acharner sur son cas. Je trouvais cela tellement dommage qu’il ait arrêté d’écrire ! Dans ma tête, cela était tout simplement inimaginable qu’il ait bel et bien tiré un trait sur ce talent-là. « Et sinon, si j’ai pas le choix, tu me proposes quoi comme mort ? » Bah, autant savoir à quoi m’attendre. Et voir s’il avait toujours de l’imagination.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mer 25 Avr - 16:56
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
L'espace d'un instant il pensa à un flic. Déguisé en une personne normale et se baladant dans une voiture normal. Oui, l'idée lui avait traversé l'esprit quand il arriva devant chez lui et qu'il aperçut la voiture. En même temps, il y a ce petit accident au milieu de nulle part en Australie avec cette jeune fille un peu folle. Une longue histoire qui lui vaudrait surement la peine de mort dans certain état. Tout dépend la manière dont on voit les choses. Mais non, ce n'était pas la police qui était là prête à l'embarque on ne sait ou pour faire on ne sait quoi. C'était juste Quinn, qui s'était laissé emporter par sa curiosité maladive et qui était bien confortablement installé sur son fauteuil. Imran n'avait pas mis longtemps avant d'entrer dans la pièce. Si elle était là, c'était surement pour quelque chose. Il n'allait donc pas se la jouer sadique et la faire patienter d'avantage. Quoi que d'un coup l'idée lui semblait amusante. Cela aurait pu être drôle de le regarder de loin, attendant. Il aurait sans doute fait une estimation dans son coin, évaluant les minutes et les heures, cherchant à deviner comme un enfant, à quel moment elle s'en ira. Mais il ne l'avait pas fait, puisqu'il était assis devant elle, écrasant sa cigarette dans un de ses cendriers en bois que l'on trouve un peu partout.
Il posa sa question comme si c'était réel. Qu'il allait sans doute la kidnapper où la torturer et peut-être ensuite lui montrait à quel point les indiens peuvent être ignoble et cruel. Mais bien entendus, c'était juste Imran. Qui avait la fâcheuse tendance à jouer avec les mots et les émotions et qui avait un humour assez particulier. Quinn poursuivit en entrant dans son jeu. Ça c'était une bonne chose.
« - Ce serait encore plus drôle si je restais ici, même après t'avoir tué. »
Lança-t-il d'un air tout à fait calme. Dans l'hypothèse où cela arriverait, il trouverait encore plus amusant de voir l'avancement de l'enquête. De voir qui on soupçonnerait à sa place ou encore de voir si les habitants de cette ville étaient plus intelligents que ce que laisser croire leurs apparences. Il ne lâcha pas Quinn du regard, alors qu'elle s'était levée pour ranger le livre qu'elle avait pris. Voilà une bonne chose de faite, il n'aura pas à la réprimander pour avoir bougé quelque chose tout en le laissant ailleurs qu'à sa place. Elle retourna à sa place calmement avant de lui demander qu'il puisse éviter de la tuer. Un léger sourire apparus sur le visage d'Imran qui détourna son regard pour fixer le vide quelque instant avec que ses yeux de recroisse le regard de la jeune demoiselle qui lui posa une nouvelle question.
« - J'ai toujours rêvé de couper la tête de quelqu'un et ensuite de l'envoyer à la famille ne disant : Voilà, une seconde sans la regarder et vous l'avez perdue à jamais. » Il s'adossa un peu plus sur son siège posant ses coudes sur les accoudoirs, sans lâcher Quinn du regard avant d'avouer : « - Sinon, tu peux toujours me dire ce que tu fais là et j'aviserais. »
Une petite voix dans sa tête lui disait : « va chercher le thé, je sens que tu en auras pour un petit moment. Et prend les gâteaux, on ne sait jamais. » Alors que toutes personnes normales se demanderait le pourquoi du comment d'une tel venue et d'une tel attente. Imran avait une drôle de façon de penser. En tout cas, en rien sa visite ne le déranger, au contraire.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mar 8 Mai - 20:28
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
« Ce serait encore plus drôle si je restais ici, même après t'avoir tué. » Je décrochai mon regard de son cendrier pour planter mon regard bleu dans le sien. J’haussai vaguement les épaules pour montrer que cela m’importait peu puisque dans tous les cas je serais morte (et pourquoi pas enterrée) et que cela serait le cadet de mes soucis. Partir, rester, partir, rester. Je ne pus cependant pas m’empêcher de penser que les deux solutions étaient largement envisageables… Après tout, s’il m’assassinait réellement personne ne le soupçonnerait, ou alors pas dans l’immédiat. On pourrait d’abord penser à un parent d’élève mécontent, un ami de longue date avec qui j’ai eu des différents, Matthew qui ne parait pas très net sur les bords. Il pourrait rester chez lui tranquillement, comme s’en aller très loin, et cela ne changerait strictement rien à l’enquête. Mes parents pleureraient ma disparition, et s’ils ne retrouvent pas de corps, penseront que j’ai dû mourir quelque part dans mon coin sans faire exprès et sans que personne ne s’en rende compte, ou alors que je me suis enfuit loin d’Arrowsic afin de vivre des jours heureux à Los Angeles. Loin d’eux serait l’idée d’avoir un assassin psychopathe habitant à trois rues de chez eux, et qui en aurait voulu à leur fille chérie. Parce que oui, après tout, qui serait capable de s’en prendre à l’adorable Quinn Sienna Hepburn-Wilde ? Cette blondie que tout le monde connait depuis qu’elle sait marcher ? Personne. Sauf Imran, à la réflexion. Mais j’étais presque sûre qu’il ne serait jamais capable de mettre en pratique le quart des choses qu’il avait pu écrire ou penser un jour. A méditer. Je me levai lentement, puis rangeai le livre que j’avais dans les mains à l’endroit où je l’avais trouvé, et ce bien avant qu’il ne me le demande (ou envisage de le faire). L’idée de le mettre à côté ou de tout simplement le laisser trainer quelque part m’effleura l’esprit, mais je me ravisai à la dernière seconde. C’était un coup à l’exaspérer pour de bon, entre visite surprise et plaisanteries sur un sujet aussi macabre qu’un assassinat. J’allai finir découpée en morceau et cachée dans un pot de fleurs bien plus vite qu’il ne le faut. Quand je retrouvai ma place, je lui glissai innocemment que j’étais bien trop jeune pour mourir, et que je ne dirais pas non à une certaine clémence de sa part. Je continuai dans notre délire de psychopathes en disant que si jamais il avait réellement prévu de s’en prendre à moi, quelle genre de mort à laquelle j’allais avoir le droit. Parfois j’essaye d’être normale. Je le jure. « J'ai toujours rêvé de couper la tête de quelqu'un et ensuite de l'envoyer à la famille ne disant : Voilà, une seconde sans la regarder et vous l'avez perdue à jamais. Sinon, tu peux toujours me dire ce que tu fais là et j'aviserais. » Ouch. Visiblement je n’étais pas la seule à avoir des problèmes avec la normalité. Je fronçai le nez en touchant du bout des doigts mon cou. « Arrête, mes parents seraient capables de la mettre sous verre comme un trophée. » dis-je tout en continuant de froncer le nez. « M’enfin, c’est une idée comme une autre. Tant que je meurs sur le coup… » Oui, après tout, c’était la chose la plus importante qui soit. J’observai Imran s’enfoncer dans son fauteuil, son regard toujours aussi insistant. J’aurais pu être gênée, mais je connaissais ce regard qui lui permettait d’analyser les personnes. Je soupirai joyeusement. Il m’avait clairement demandé ce que je fichais ici, et je n’étais pas vraiment prête à aborder le sujet maintenant. Après tout, j’adore tourner autour du pot. Je laissai le silence s’installer alors que je remettais de l’ordre dans ses idées. Ces dernières semaines, les moments que j’avais pu passer avec Imran avaient largement été consacrées à tenter par divers moyens de le faire recommencer à écrire. Je savais que cela n’était pas facile, qu’après avoir abandonné pendant aussi longtemps sa plume ce n’était pas une chose simple, mais je guettais un déclic qui pourrait me faire atteindre mon objectif. Plus têtu que moi, ce n’est pas possible, surtout quand il s’agit de littéralement supplier un écrivain bourré de talent de recommencer à rédiger. « A la limite il vaut mieux que tu me tues tout de suite sans savoir ce que je fais là, parce qu’après on risque de parler tortures et mutilations pour prolonger ma souffrance. » Je lui adressai un sourire rayonnant. Mon instance se basait principalement sur l’engouement que j’avais connu en lisant ses écrits, sur la motivation qui m’avait poussé à lui rédiger certainement les lettres les plus longues qu’il n’avait jamais reçues en parlant de ses romans en détails, analysant des passages entiers tout en dissertant presque sur des phrases. A l’époque, j’étais une adolescente brillante qui avait soif de savoir, qui ne réussissait pas à réfréner ses pulsions d’intelligence. Aujourd’hui, j’étais plus mure, ma réflexion plus approfondie, mais cela ne m’empêchait pas d’ajouter de nouvelles notes quand je relisais ses romans, sans pour autant effacer celles qui étaient là depuis des années. « Je ne peux donc pas venir voir mon cher Imran par suprise sans raison particulière ? » demandai-je d’un ton faussement enjoué. « Bon, j’avoue. Je suis venue parler tricot. » Normal. Parfaitement normal.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mer 9 Mai - 23:00
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Il n'allait pas la tuer.
Pas Quinn, pas maintenant. C'était beaucoup trop facile et surtout inutile. Cette fois-là, en Australie, où il avait pointé son arme sur cette fille, il l'avait fait parce qu'il savait qu'il devait le faire. Comme poussait par le destin ou quelque chose comme ça. Il n'avait pas hésité une seule seconde, un seul moment pour tirer et reprendre sa vie là où il l'avait laissé. Les choses étaient différentes là, tout de suite. Parce que ce n'était pas sérieux, ce n'était qu'une blague comme une autre. Un moyen de faire passer le temps et de rire un peu. Pourtant, Imran en était capable. C'était sur une liste de choses que le grand et torturé Imran Johar pouvait faire sans éprouver la moindre culpabilité. Une liste cachée quelque part dans un coin de sa tête et enfermé. Avec un beau « à ne jamais ouvrir, même si tu es ivres ». La jeune fille haussa les épaules, visiblement qu'il lui plante un couteau en plein coeur ne lui faisait ni chaud, ni froid. A croire qu'elle pourrait se laisser faire docilement. Il devrait lui dire que si jamais elle se retrouvait dans une situation pareille, elle devrait au moins tenter de s'échapper et de frapper les parties sensibles de son adversaire - dans l'hypothèse où c'était un homme.
En tout cas, la seul chose à laquelle il pensa qu'elle soutenu son regard de ses yeux bleus, c'était juste qu'elle avait de jolies yeux. Parfois le cerveau d'Imran déconne un peu et c'est limite s'il pouvait penser au singe et ses cymbales comme Homer Simpson quand il n'a pas envie d'écouter quelqu'un. Mais ça, c'est une autre histoire. Il a juste une très bonne capacité de changement de conversation et une faculté énorme pour ignorer quelqu'un. Une chose était sûre, parfois, il devrait peut-être laisser ses idées macabres de côté. Dans la famille de meurtrier, on demande le père timbré. Il avait sorti son idée sur le coup, il n'y avait jamais réfléchis comme il le laissait prétendre. Malgré son côté cool du potentiel tueur qui prend son temps pour trouver la bonne idée.
Il s'approcha alors doucement pour lui chuchoter, tout en souriant. « - Qui a dit que j'allais faire ça vite ? » Il se voyait bien lui couper la tête, avec un couteau de cuisine qui ne marche pas. Idée à ignorer, of course.
Il exagérait un peu là, il allait vraiment finit par lui faire peur. Mais c'était drôle. Dans sa tête, c'était drôle. Puis il arrêta de jouer la comédie pour retourner au fond de son fauteuil. Quinn était une personne incroyablement... différente ? Elle n'avait rien de ses filles stupides qui ne comprenait rien à la subtilité de l'humour et savoir faire tourner Imran en bourrique. Lui qui n'aimait pas tourner autour du pot et qui appréciait qu'on lui dise les choses clairement. En tant que psychiatre, il était habitué à avoir des réponses à ses questions. Visiblement, Quinn n'était pas prête à les donner toute suite. Le silence s'installa de nouveau, Imran arqua un sourcil et d'un regard interrogateur attendait que Quinn dise quelque chose. Dans le moindre des cas, il aurait repris la parole pour dire une connerie où n'importe quoi. Mais finalement, Quinn repartie sur l'idée du meurtre.
Bon, si c'était vraiment ce qu'elle voulait pourquoi pas.
Il haussa les épaules tout en baissant les yeux. Le sourire de Quinn en disait long. Elle avait surement une idée en tête. Dernièrement quand ils se voyaient, il avait l'impression que Quinn avait un but, une idée en tête. Mais qu'attendais-t-elle vraiment de lui ? Si c'était l'écriture, c'était vraiment peine perdue et Imran était persuadé qu'elle le savait. Après, il savait qu'elle était têtue, mais pas face à un cas si désespérée... quoi que ? Il se dirigea vers la sortie du bureau, sans doute pour aller dans la cuisine. Il s'arrêta à l'entrer, avant de disparaitre à moitié. Il attrapa le fusil de chasse qu'il y avait à l'entrer, poser avec les parapluies comme si sa place était là. Imran avait sérieusement besoin de faire du rangement. Il se tourna alors vers Quinn, posa l'arme au sol comme une canne. D'un air décontracté il lança :
« - Tu sais, je vais être gentil. Je suis de bonne humeur. Une balle dans la tête comme ça, je serais tranquille. »
C'était à son tour d'afficher un gros sourire. L'objet de chasse, il savait comment ça marché, mais il savait aussi qu'il n'était pas chargé et qu'il n'allait pas le pointer vers elle, juste pour rire. Il y avait des limites à son humour quand même. Il s'adossa au mur, évitant de toucher l'un des tableaux étranges que les propriétaires avaient laissé et qu'Imran avait eu la flem de bouger. En évitant aussi d'appuyer sur l'interrupteur et d'allumer la lumière bêtement. Elle avoua alors pourquoi elle était là. Et Imran garda tout son sérieux, malgré sa folle envie de rire comme un gamin de cinq ans. Oui, il était à deux doigts de rire, mais préféra jouer la carte du : « tu veux jouer à ça, d'accord. »
« - D'accord, attend moi. J'arrive. »
Il posa l'arme contre le mur se dirigeant vers le salon. Là il y avait une commande en noyer noirci très sombre. Aucune marqueterie, aucune ciselure en or. Juste le classique meuble qu'on trouve chez le vendeur le moins cher. Sa sert juste à ranger n'importe quoi pour pas l'avoir ailleurs, comme un kit de tricot. Oui, Imran avait ça. Mais c'est une longue histoire. Pour pas dire drôle, longue histoire. Après une nuit éméché, il était rentré presque tout nus et il n'avait rien sur lui qu'une boule de tricot qui l'entourait partout avec les aiguilles qui pendaient, attaché par le fil du tricot.... Oui, longue histoire. La laine était rose en plus, mais du coup il y a quelque mois il avait acheté de quoi avoir la panoplie du tricoteur pour se tricoter une écharpe d'une couleur d'un brun foncé. Il aime la mode, ne l'avouera jamais. Il attrapa le semblant de début de sa futur écharpe avec la boule et les aiguilles. Le tout emmêlé d'une façon assez étrange.
Il débarqua de nouveau dans le bureau, tout content. Oui, parfois il avait l'air crétin, mais c'est cette partie-là qu'il aimait en lui, bien que maintenant il fût rarement comme ça. C'est cette partie que Quinn faisait ressortir en lui qui faisait qu'il l'appréciait autant. Bon, il n'allait pas non plus lui construire un temple, mais quand elle était là, il se revoyait lui répondre de ses lettres et c'était à une époque où les choses étaient bien mieux.
« - Alors, tu vois j'ai une question. » Il posa le tout en plein milieu du bureau, comme si c'était normal. Quinn n'aurait pas pu mieux trouver que de parler de tricot. « - Tu n'as pas un conseil pour que mon écharpe soit droit, parce que regarde. J'ai bien fait mes mailles, je tire bien sur le fil et tout, mais c'est de travers, on est d'accord. » Il essaya de lui montrer, mais avec les fils qui partaient à droite et à gauche, ce n'est pas utile. « - Le pire c'est que j'ai le même nombre de maille partout... trop incompréhensible.» Il reposa le tout, il imitait un peu les gays, faut l'avouer. Il aimait bien faire ça pour prouver à quel point sa bêtise pouvait aller loin. Si Quinn voulait perdre du temps, elle était au bon endroit.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Lun 14 Mai - 11:08
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Imran avait un petit côté psychopathe, quand même. Cela me ferait presque peur, parfois, à ses manières si détachées et ses idées aussi profondément décalées. Mais sincèrement, ne l’était pas un peu au fond de soi ? Les plus intelligents d’entre nous ont toujours eu des problèmes. J’étais la première à me surprendre en train de fantasmer sur différents moyens de supprimer les personnes qui m’exaspèrent au plus haut point, mettant en scène diverses tortures avec de l’acide ou avec des haches bien aiguisées (afin de découper en tranches fines mes adversaires, bien entendu). Cela ne voulait pas pour autant dire qu’il me manquait une case et que j’étais bonne pour l’asile, qu’il fallait absolument m’enfermer à double tour pour éviter tout incident au cas où, un jour, je me déciderais enfin de mettre en application mes vengeances les plus folles. Enfin, pas complètement. J’osais l’espérer. Autant dire qu’il me fit quand même un peu peur quand il vint murmurer que personne n’avait dit que ma mort serait rapidement expédié, sans souffrance ni douleur garanti. J’affichai une mine boudeuse pour toute réponse, balayant bien vite ma montée d’adrénaline, en profitant pour ranger mes idées et trouver une formidable excuse pour masquer mes réelles intentions. Ma présence ici ? Oh, juste une balade de santé, une folle envie de parler de mon prétendu futur meurtre avec un ancien écrivain reconverti en psychiatre. La routine ! Je gagnais du temps en soufflant sur les braises de notre ancienne conversation, prétextant que si je lui donnais mes réelles intentions, il allait finir par m’écarteler pour avoir osé me pointer pour le pousser à se remettre à écrire. Pour toute réponse, il se leva, et alla à l’entrée de son bureau où il attrapa un fusil. Il pointa l’arme vers le sol, s’appuya dessus comme si cela était parfaitement normal. « Tu sais, je vais être gentil. Je suis de bonne humeur. Une balle dans la tête comme ça, je serais tranquille. » C’était peut-être le signal pour que je prenne mes jambes à mon cou, après tout. Qui pouvait ainsi prendre un fusil dans une conversation un peu particulière ? Certes, nous habitions aux Etats-Unis, dans ce pays où il y a des millions d’armes à feu dans les mains de civils, mais quand même. Je m’étais peut-être trompée sur son compte. Peut-être en avait-il vraiment marre de ma petite personne, et qu’il rêvait depuis des jours de me loger une balle dans le crâne pour enfin se débarrasser de cette blonde marginale qui vient souvent trainer dans ses pattes comme une gamine que je suis. « C’est mon jour de chance, on dirait. » commentai-je. La tête que je devais tirer était certainement hilarante. Je secouai la tête pour me reprendre, mis quelques secondes avant de m’auto-persuadé que le fusil ne devait pas être chargé, puis je me redressai sur mon siège. Je l’observai du coin de l’œil s’adosser à un mur, puis je balançai la première chose qui me passa par la tête ; j’étais venue pour parler tricot. Mon ton avait été enjoué, comme si cela était sérieux et que j’avais vraiment un nombre incalculable de choses à dire sur ce domaine. Sincèrement, s’il ne pensait pas encore que j’étais folle à lier, cela n’était plus qu’une question de minutes. Il marmonna une phrase comme quoi il en avait pour quelques instants, il posa son arme et disparut dans les profondeurs de sa maison. Avait-il une bombe dans son sous-sol et avait-il interprété mes paroles comme le feu vert pour la déclencher ? Cette idée était la seule qui vint me caresser l’esprit. Je constatai après une dizaine de secondes que j’avais envisagé Imran sous différentes facettes de psychopathe, aujourd’hui. En même temps, il n’avait rien fait pour me rassurer et je n’avais fait qu’en rajouter pour le rendre encore plus effrayant. Il revint au bout de quelques minutes, une masse informe dans les mains, et il la posa en plein milieu du bureau pour que je puisse bien l’observer. Je fronçai les sourcils. Cela ne ressemblait absolument à rien. Mais ce n’était quand même pas du tric… ? « Alors, tu vois j'ai une question. Tu n'as pas un conseil pour que mon écharpe soit droit, parce que regarde. J'ai bien fait mes mailles, je tire bien sur le fil et tout, mais c'est de travers, on est d'accord. Le pire c'est que j'ai le même nombre de maille partout... trop incompréhensible. » Lentement, je relevai la tête vers Imran, un grand sourire sur les lèvres. Il n’était pas sérieux. Ce n’était pas possible. Je devais très certainement être en train de nager en plein délire, j’étais certainement en train de rêver et je me réveillerais dans quelques minutes pour constater que j’étais bien loin de la réalité. Sincèrement. Il devait y avoir qu’une seule personne sur cette Terre pour répliquer de manière aussi ingénieuse à mes délires et il fallait que je tombe sur elle. « Désolée de te le dire mais ton écharpe ressemble strictement à rien. » dis-je d’un ton détaché. Cela n’était que la pure vérité. J’avais beau n’avoir jamais tricoté de ma vie – l’ironie du sort – mais j’étais sûre que je pourrais avoir un meilleur résultat s’il me mettait des aiguilles dans les mains. J’avais eu l’occasion de voir ma mère faire, donc je pouvais avoir l’espoir de réussir à reproduire ses gestes. « C’est pas régulier, c’est pour ça que ça part dans tous les sens. » dis-je d’un ton d’experte. « Dis-moi, quand est-ce que tu t’es trouvé suffisamment vieux pour te mettre à tricoter ? Tu sais, à trente ans passés, on n’est pas encore tout à fait un grand-père. T’aurais pu faire autre chose pour passer le temps, je sais pas moi, de l’escalade. Jouer au tarot. Faire des maquettes. » Mais certainement pas un truc de vieux de cent quatre-vingt ans. Je pris dans mes mains son travail, puis portai les mailles juste sous mes yeux. J’hochai la tête comme si tout cela me semblait évident, puis je soupirai. « T’as plus qu’à recommencer. Au fait pour ton anniversaire, tu veux un dentier ou un déambulateur sera suffisant ? » En attendant, j’avais évité la question principale avec superbe : le motiver à l’écriture. Une petite voix dans ma tête me souffla que j’allais galérer à mettre le sujet sur le tapis, mais je l’ignorai comme je sais magnifiquement bien le faire.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mer 16 Mai - 17:21
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Oui, c'était son jour de chance.
Si Quinn n'était pas venu s'incrustait - parce qu'avouons le, elle s'incrustait chez lui - il aurait passé la journée seul, comme à son éternel habitude où encore il aurait fait de bien beau dégât dans la ville. Comment elle s'appelait déjà, la caissière qu'Imran avait dragué il y a longtemps quand celle-ci avait encore quelque chose de sexy en uniforme d'hôtesse de l'air ? Tabhyta ? Voilà une bonne idée pour passait le temps. De quoi donnait le sourire à n'importe quel crétin, têtu et complètement à l'ouest de la ville. Encore une chose à reporter pour demain, comme quand il dit qu'il va devoir faire le ménage et qu'il hésite à demander aux vielles femmes de la ville qui sont toujours assises à donner à manger au pigeon, si un peu d'action dans leurs vies leurs feraient du bien. Oui, C'était son jour de chance aujourd'hui, parce qu'on lui avait envoyé la seule personne sur cette petite terre ronde qui arrivait à rentrer dans son jeu, à le faire tourner en bourrique et en plus de ça, qui avait une allure de petite fille trop adorable qu'il était impossible de s'imaginer qu'un véritable danger pouvait se cacher derrière ses petites boucles blondes.
Et oui, l'ancien écrivain de trente-quatre ans se faisait royalement mener en bateaux par une institutrice de vingt-deux ans. Elle n'était pas belle la vie ? Là, adosser au mur, fusil posé contre le sol, il donnait l'impression d'être le chef dans un jeu sadique et morbide. Comme si, d'un coup, une musique allait sortir de nulle part pour déclarer que le jeu pouvait commencer et qu'un minuteur aller indiquer que Quinn avait seulement cinq petites minutes d'avance avant que le psychiatre de la prenne en chasse. Parfois, l'esprit de l'ancien écrivain pouvait aller très loin, un peu trop peut-être. Elle lança alors, d'un air totalement normal et décontracté elle était là pour une bonne raison : Le tricot. L'air de rien, il fit un aller-retour direction son échappe en laine qui devait finir depuis un moment. Il l'amena, comme si c'était la chose la plus naturele du monde et entama la discussion sur le tricot, comme prévu.
Non, Quinn ne nageait pas dans un rêve étrange. Elle était bien chez Imran, l'un des psychiatres de la ville. Ancien écrivain, qui désormais passe son temps à rouspétait plutôt qu'à faire autre chose. Il pensait qu'elle allait craquer et enfin lui dire la vérité, mais cette fois c'était lui qui se prit une belle petite claque à la figure. Il fit une moue toute triste quand elle avoua que cela ne ressemblait à rien. En même temps, pas besoin d'être expert pour le savoir, c'était une horreur. Il fallait qu'Imran s'essaye à quelque chose où il était nul, même les cours de poteries à San Francisco était plus drôle - c'était juste pour s'envoyer en l'air avec la prof.
« Dis-moi, quand est-ce que tu t’es trouvé suffisamment vieux pour te mettre à tricoter ? Tu sais, à trente ans passés, on n’est pas encore tout à fait un grand-père. T’aurais pu faire autre chose pour passer le temps, je sais pas moi, de l’escalade. Jouer au tarot. Faire des maquettes. »
« - ha, ha. Très drôles. » Envoya t'il.
D'ailleurs, quand elle se leva, Imran remarqua ses genoux. Elle était tombée ? Tiens et ce n'est pas un brin d'herbe qui se cache derrière ses cheveux attaché en chignon ? Pourquoi ne l'avait-il pas remarqué plus tôt, étrange. En tout cas, il savait ce qu'il lui restait à faire. Mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit, Quinn avait déjà pris la peine d'en rajouter une belle couche. Oui, c'était vraiment son jour de chance.
« - T'as plus qu'à recommencer. Au fait pour ton anniversaire, tu veux un dentier ou un déambulateur sera suffisant ? »
Il reprit son « semblant » d'écharpe, se dirigea vers la poubelle et le jeta l'air de rien tout en répondant : « - Des couches pour bébé, je sens que tu vas bientôt emménager ici et que je vais devoir m'occuper de toi plus souvent. » il afficha un gros sourire avant de reprendre plus sérieusement - tout en reprenant le fusil pour le ranger - « -Sinon, viens au salon, je vais chercher de quoi désinfecté tes genoux. Mademoiselle maladroite. »
Il retourna près de l'entrée de la maison reposée le fusil là où il l'avait trouvé avant de monter à l'étage pour chercher du coton et le flacon d'alcool. Il monta les escaliers quatre à quatre avant de tourner à droite et de prendre la première porte à droite. La salle de bain était sans doute la seule pièce de toute la maison à être propre. Nickel, pas la moindre trace et tout était rangé. Son côté maniaque sans doute ? Quoi que le reste de la maison était pas mal en fouillis dans son genre. Suffit de regarder l'entrée et tous les bibelots qu'il a ramenés d'Inde de son ancienne villa au bord de l'océan. Tiens, ça lui faisait penser qu'il devrait peut-être changer de place le gros piano qui traînait au salon. Peut-être, faire le ménage avant d'invité quelqu'un à s'asseoir là-bas. Il devait y avoir une montagne de journaux près du canapé tout moelleux. La table basse en verre n'était guère bien propre et il devait rester trois ou quatre assiettes, un cendrier rempli et un tas d'autre chose qui ferait fuir n'importe quelle femme de ménage. Sans oublier que la pièce manquée de lumière à cause des rideaux qui recouvraient toujours les fenêtres. La cuisine était juste en face, avec un bar parce qu'Imran aime bien faire la cuisine tout en regardant la télé.
Il y avait pas de mal de contraste entre de vieux meubles et des objets derniers cris... comme l'écran plat collé au mur. D'ailleurs, où était la télécommande ? Bonne question. A force de réfléchir au Bazard qu'il y avait dans son salon - il est persuadé y avoir même laissé un panier de linge propre qu'il devait ranger depuis une semaine - il se cogna la tête contre le lavabo. Même en étant dans la seule pièce ranger de chez Imran, il n'arrivait pas à trouver le coton. Il se releva, cherchant dans les étagères, quand il les aperçus à côté de l'aspirine. Il se retourna, près à redescendre. Dans le couloir, il se prit un gros carton. Dedans il y avait les médicaments qu'il était censé prendre depuis presque un an. Il n'était pas très plein, mais quand même il y avait pas mal de boite. Il le poussa avec son pied d'un geste rapide avant de redescendre et de trouver Quinn.
« - Ou, je sais. 'Tu as vu ce Bazard Imran, range moi ça voyons !' » Dit-il en imitant sa voix. Il s'assis près d'elle dans le canapé. « - Mais à quoi ça me sert, puisqu'au rythme où on va, tu vas bientôt vivre ici ! Génial, non ? »
Il plaisantait, bien sûr. Il fit un peu de place sur la table pour poser le flacon et l'énorme morceau de coton. Il renversa quelques papiers qui trouvèrent leurs places dans le parquet en bois de la maison d'Imran. Il prit un morceau, retira le bouchon du flacon, colla le morceau de coton, renversa un peu d'alcool et le posa sur l'un des genoux de Quinn comme si c'était normal, tamponnant légèrement.
« - Il ne manque plus que je souffle dessus et ceci est le remake parfait d'une scène sexy dans les films d'action. »
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mar 22 Mai - 21:35
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
A la réflexion, la vie devait être bien ennuyante sans quelqu’un d’aussi enfoncé dans la bêtise que moi, quand même. Nous pourrions presque devenir humoristes à nous deux. Sincèrement, il devait y avoir une personne sur cette Terre capable d’entrer dans mes jeux puérils, et ce les deux pieds joints sans se poser de question. Généralement, quand je réservais mes répliques cinglantes pour quelqu’un d’autre – en disant que j’étais venue pour parler tricot au lieu de dire mes véritables et profondes motivations, à tout hasard – je ne recevais pour réponse qu’un vague haussement de sourcils, des roulements d’yeux agacés et, pourquoi pas, quelques soupirs dans mes jours de chance, tout cela avant qu’on ne me demande plus sérieusement ce que je faisais vraiment là. Jamais, au grand jamais, quelqu’un allait me chercher un tricot à moitié commencé pour me demander mon avis, me pousser pour voir où étaient les limites de mes sarcasmes. Cette situation était inédite. C’était pour dire, le coup du tricot, j’avais déjà dû le faire une demi-douzaine de fois à mes frères et sœurs, à mes amis, même à mes parents, et personne n’avait été capable de me foutre des mailles et des aiguilles sous le nez. Si ce n’était pas de l’expérience… J’étais presque persuadée d’avoir trouvé mon alter ego masculin quant à cette facette de ma personnalité : autant l’avouer, aucun de nous deux n’avait vraiment l’intention d’abandonner la bataille. C’était comme l’histoire de mon meurtre quelques minutes plus tôt… Nous étions bien trop joueurs tous les deux pour déclarer forfait en plein milieu d’un match acharnée. Cela aurait été comme perdre une Troisième Guerre Mondiale volontairement. Tout ceci n’est que métaphore, bien entendu. Tout en lui disant que son tricot était abominable – la vérité fait toujours mal, je plaide non coupable – j’en profitais pour glisser une ou deux remarques sur son âge (bien) avancé. Après tout, à trente ans et quelques, on commençait à être une vieille branche… Si en plus il se mettait à faire du tricot, cela n’allait pas arranger mon cas. Me moquant gentiment, je le questionnai sur les cadeaux qu’il souhaiterait pour Noël – dentier ou déambulateur ? – tout en faisant passer mes remarques avec un sourire rayonnant. « Des couches pour bébé, je sens que tu vas bientôt emménager ici et que je vais devoir m'occuper de toi plus souvent. Sinon, viens au salon, je vais chercher de quoi désinfecté tes genoux. Mademoiselle maladroite. » Je fronçai le nez, tout en baissant instinctivement la tête vers mes genoux. J’avais presque oublié ce léger détail, comment avait-il fait pour le voir ? Toute une foule de questions se bousculèrent dans mon esprit, et je l’entendis ranger son fusil, jeter son tricot, puis je relevai la tête, amusée. « Et les biberons ? T’as pensé aux biberons ? » Le vieillard et le bébé. Quelle magnifique paire nous faisions. Un étranger qui aurait observé la scène nous aurait crus au stade le plus avancé de la folie douce. Tandis qu’il s’en allait dans les profondeurs de sa maison cherché de quoi nettoyer mes genoux, je me retrouvai toute seule dans le bureau. Je me dirigeai d’un pas trainant vers son salon, puis m’arrêtai à quelques pas de ses escaliers. « Et je ne suis pas maladroite ! » hurlai-je à travers les étages. J’espérais que cela avait le mérite d’être clair. Je tournai les talons pour me rendre dans le salon d’Imran, pièce que j’avais toujours soigneusement évité. Si le bureau faisait classe dans son genre, l’autre pièce, quant à elle, avait un petit inquiétant entre pénombre et bordel monstre. Je me frayai un passage entre les meubles dépareillés, puis m’affalai dans le canapé en prenant garde de ne pas écraser divers journaux qui trainaient là. J’entendis Imran faire du bruit à l’étage, mais je ne réagis pas. Mon regard vagabondait parmi les affaires qui étaient posées là, allant du cendrier au téléviseur, tout en passant par les vestiges de repas qu’il avait pu abandonner là. Jamais je ne pourrais vivre dans ce bazar. Jamais. J’étais peut-être un peu décalée, tout ça me passait peut être un peu au dessus de la tête, cependant mon bordel demeurait propre. Clair. Rayonnant. J’aimais les couleurs, et autant dire que les espaces qui m’étaient réservés dans la maison de mes parents étaient toujours semblables à des arcs-en-ciel bordéliques… Et non pas un remake de film à frissons. Imran finit par redescendre, s’asseyant à côté de moi, tout en commentant le bazar qui régnait là. Je levai les yeux au ciel tandis qu’il continuait à délirer sur une hypothétique colocation entre nous – qui ne verra jamais le jour, au grand jamais, ce serait un coup à véritablement finir morte dans un coin – et je l’observai s’occuper de mon genou. « Géniaaal ! » dis-je d’une voix volontairement acide. « Enfin, rêve pas trop, je suis entre trop jeune pour faire le ménage. Je porte encore des couches, je te rappelle. » Autodérision. J’étais très forte à ce jeu-là quand il s’agissait de me trouver les excuses les plus minables qui soient sur cette Terre. Imran tapota mon genou éraflé avec un coton, et je sentis à peine le picotement de l’alcool. On aurait dit une gamine qui se faisait soigner par son père. J’esquissai un sourire, alors qu’il continuait à me soigner. « Il ne manque plus que je souffle dessus et ceci est le remake parfait d'une scène sexy dans les films d'action. » Je levai les yeux au ciel et mis mes mains sous son nez. « Au lieu de faire des remarques déplacées, soigne mes mains tant que t’y es. » répliquai-je, amusée. Je ne savais vraiment pas où il allait chercher ses idées. Personnellement, je trouvais que la scène faisait plus comique que sexy. Après tout, cela variait selon les points de vue. « On dirait que t’as fait ça toute ta vie. T’as peut-être raté ta vocation d’infirmier, qui sait. Tu devrais plutôt te reconvertir plutôt que jouer le psychiatre. » Imran en infirmier. Cette vision eut le don de me faire sourire d’autant plus. Je le voyais bien s’occuper de gosses et de leur donner des sucettes une fois les points de sutures soigneusement alignés. C’était étrange. Beaucoup trop étrange. « Ca pourrait faire un bon titre de bouquin, ça. Le vieil Imran, l’infirmier sanguinaire. Gentil le jour, tueur d’enfants hospitalisés la nuit… Ou en version plus soft. Le vieil Imran, le gentil infirmier, donneur de sucettes et violeur à ses heures perdus. » A méditer. Vraiment, vraiment à méditer.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Ven 25 Mai - 0:11
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Elle blaguait sur son âge comme lui blaguer sur la sienne. Parce qu'elle était jeune Quinn, mais tellement intelligente. Il avait toujours admiré ça quand il lissait ses lettres. La première fois qu'il avait ouvert l'un des pseudos-romans qu'elle lui envoyait, l'avait tellement perturbé. Imran venait de passer les derniers mois à prendre son père en justice. A tenter de dévoiler la vérité au grand jour et chaque soir, chaque soir il rentrait dans cet appartement du centre de New York et il écrivait. Il écrivait tout de ses trois années passaient sans souvenirs, dans l'ignorance. Sur ses doutes, sur ses choix. Il y avait eu tellement de regret, tellement de choses qu'il aurait pu éviter si la mémoire de l'avait pas fui. Et l'écriture fut son refuge. Le seul moyen qu'il avait trouvé pour ne pas perdre la tête. Ne pas devenir fou.
Il était à ce moment-là retourné à Mumbai alors que son livre venait d'être lancé. On prononçait le mariage de celle qu'il aimait dans les journaux, alors qu'il apprend que son livre fait un tabac. Qui l'eu crut ? Et puis, malgré tout, il déprime. Et la lettre l'attendait là. Sur le palier de sa porte, dans sa villa près de la plage. Une enveloppe épaisse, pleine de questions, de retournement, d'analyse. Le tout écrit par une jeune fille. Il avait laissé la lettre sur son bureau pendant deux semaines, la relisant chaque soir, pour un matin il se mit à lui répondre. Et en lui répondant, il avait compris que l'écriture, c'était ce qu'il avait préféré faire durant toute sa vie. La psychanalyse était une chose, l'écriture était mieux.
« - C'est vrai, je n'ai pas de biberons. » répondit-il avant d'aller monter à l'étage cherchait tout ce dont elle aurait besoin. Elle lança alors qu'elle n'était pas maladroite. Il était persuadé que si elle montait, elle tomberait dans les escaliers. Ou quelque chose comme ça. Enfin, il y avait plus de risque qu'elle tombe sur quelque chose dans le salon, vu l'état de la pièce. Il redescend alors, s'occupant de la demoiselle. Il se demande quand est-ce qu'elle était tombée. Avant ou après être monté dans sa voiture ? Il ne fit pas attention à sa dernière remarque concernant leurs futures cohabitations. Il n'en avait pas besoin, c'était tellement impossible dans le genre. Et tellement dangereux pour Quinn de rester dans les pattes d'un psychopathe caractériel qui aime blaguer sur des histoires de meurtres et de bébé.
Elle balança ses mains devant ses yeux comme si c'était une évidence. Comme si Imran était fait pour ça, nettoyait ses plaies et faire la conversation. Comme un livre ouvert qui effleure nos yeux alors que nous fessons autre chose. Une mélodie qui nous berce. Mais Imran n'étais pas aussi doux qu'une musique et aussi clair qu'un livre. Il laissa un sourire répondre à la jeune fille avant de reprendre un morceau de coton. Puis Quinn rajouta alors qu'il avait raté sa vocation. Imran, infirmier ? Non. Il avait juste passé plus de temps dans un hôpital qu'une personne normal. Il détestait les hôpitaux. C'était un lieu qu'il connaissait par coeur, comme une carte. Le grand hôpital de Mumbai était devenu son foyer, pour ensuite laisser place à cette petite clinique privée à New York. D'abord, la perte de sa mémoire, cette tentative de suicide inexpliqué qui fut son dernier souvenir l'y conduisit, puis l'addiction à l'alcool qui ne fut pas très bon pour son foie, mais c'est son coeur qui préféra mourir. Héritage de son grand-père, comme quoi, c'était inévitable. Cette envie ensuite de mourir, de laisser ce petit coeur s'arrêter, puis d'un coup la lumière. On le soigne, et elle réapparait, la mémoire. Mais rien ne s'arrange, non. C'est pire. Elle le détruit, petit à petit. Ensuite un accident de voiture et enfin, un morceau de bonheur. Minissha. Un autre accident de voiture. Et Adieu. L'hôpital, c'était son train-train quotidien et comme pour se rappeler ce jour où il dû identifier les quelques morceaux restant d'un corps de femme brulait, il y travaille encore. Psychiatre, comme autrefois. Comme s'il avait de nouveau besoin qu'elle apparaisse de nulle part pour lui hurler à la figure « Pourquoi tu n'as jamais rappelé ? ». Appuyant le morceau de coton légèrement contre la fiole, il laissa le morceau au creux de la main de Quinn, avant d'ajouter :
« - Pardon, mais ma gentillesse s'est d'un seul coup envolé. » Un autre sourire argumenta ses propos tandis qu'Imran se leva pour aller dans la cuisine ouverte qui était derrière. Il était habitué à boire, mais c'était mal poli de boire devant les jeunes femmes. Il se contenta alors d'éponger sa soif avec quelques choses de plus consistant. Quelque chose qui ne ferait qu'agrandir cette soif qui le brûlait depuis plus d'un an. Il attrapa une pomme, qu'il commença à éplucher près de la poubelle pour ensuite la couper. Alors que Quinn avoua que cela faisait un très bon titre de livre et Imran arrêta de couper sa pomme en morceau. Le son de la lame tranchant le fruit s'arrêta nettement.
« - Quelle image positive tu as de moi. Mais si c'est un moyen déguisé de me faire comprendre que tu veux une sucette, désolé mais j'en ai pas.» Il recommença à couper avant de reprendre la parole. « - Je sais pourquoi tu es là, c'est inutile de continuer. Et si tu me reparles de biberons, je cours chez les voisins en trouver un et je te ferais boire du lait. Ceci est une promesse. Je respecte toujours mes promesses. » Il prit l'assiette où il avait déposé les morceaux avant de manger tout en retournant s'asseoir près de Quinn. Tout en se tournant pour être en face d'elle. Il resta une fraction de secondes en regardant Quinn droit dans les yeux. Il la fixait, comme pour essayait de lire en elle, posant ses yeux bruns dans celle de la jeune femme. C'était tellement inutile de le dire, mais pourtant il avait l'impression qu'il était obligé. Obligé de le dire, obligé de lui faire comprendre que c'était impossible. Il lança un coup d'oeil à l'horloge posée contre le piano au sol. Il aurait dû le jeter, mais il ne savait pas quoi en faire. En plus, il continuait de marcher avec ses petits piles.
« - Wouah. Il nous a fallu presque plus d'une demi-heure pour en arriver là ? » Il s'appuya un peu plus, avalant un autre morceau de pomme. « - Je suis désolé Quinn. Je n'écrirais plus et il me semble que tu le sais très bien. »
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Dim 27 Mai - 23:54
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
La relation que j’entretenais avec Imran était des plus étranges. J’en avais conscience. En même temps, ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait avoir l’occasion d’entretenir une longue correspondance avec un écrivain de talent qu’on admire certainement de manière démesurée. Ce n’est d’ailleurs pas tous les jours non plus qu’on peut avoir la chance de tomber sur lui par hasard dans notre petit bled pommé du Maine. Et c’est encore moins habituel de réussir à se supporter en vrai et non plus uniquement sur papier… Dès le départ, nous n’étions pas comme les autres. Et avec nos personnalités respectives, ce n’est pas allé en s’arrangeant. Loin de là… Après tout le temps à se supporter – c’était le mot – je n’avais jamais réussi à qualifier notre relation avec des mots. Nous n’étions pas vraiment un mentor et son élève, ni même deux amis à proprement parler. Peut-être étions-nous simplement deux chieurs qui se complétaient merveilleusement bien, mais tout ce que je sais est qu’Imran ne m’a pas une seule fois jeté dehors pour un quelconque motif. Qu’il continue à accepter ma présence irritante quand j’osais me pointer sans prévenir, quand je restais de longues heures à hanter son passage et à me sentir comme chez moi dans sa demeure. Peut-être s’en foutait-il complètement, mais j’avais le très net sentiment que s’il s’agissait d’une autre personne il ne se serait jamais montré aussi tolérant. Il ne serait jamais allé chercher dans sa pharmacie personnelle de quoi me nettoyer les genoux que j’avais abimé en me cassant royalement la gueule en arrivant chez lui, où je m’étais introduite sans son autorisation pour squatter en tout bien et tout honneur son bureau. Tandis qu’il s’afférait sur mes genoux, il lança une remarque qui me fit lever les yeux au ciel, et je tendis mes mains sous son nez en guise de réplique. Chose que je n’aurais jamais dû faire, puisque tous ses instincts de Saint-bernard s’envolèrent à l’instant même où son regard se posa sur mes petites et délicates mains abimées qui ne demandaient qu’à être soignées à ses bons soins. Il me laissa un morceau de coton sur mes paumes, un sourire et une remarque acide pour assaisonner le tout. Classique. « Ah, c’est dommage. J’étais à deux doigts d’admettre que tu avais des côtés gentleman dans tes bons jours… » dis-je d’une voix guillerette en nettoyant mes petites plaies avec le coton. Tandis que je m’appliquai à désinfecter – repassant, je l’admets, sur mes genoux pour être sûre que tout était bien nettoyer – je le vis du coin de l’œil se lever pour rejoindre la cuisine, et je l’entendis éplucher une pomme derrière moi. C’était mon imagination où il était incapable de rester en place plus de cinq secondes ? Et après c’était moi qu’on traitait d’hyperactive ! Imran devait avoir bien plus de problèmes que moi à ce niveau là. Je continuai à délirer dans mon coin, disant qu’il ferait un très bon infirmier, lançant ensuite quelques idées de bouquins d’épouvante en le taquinant certainement trop. C’était drôle… Du moins, jusqu’à ce que j’obtienne une réponse. « Je sais pourquoi tu es là, c'est inutile de continuer. Et si tu me reparles de biberons, je cours chez les voisins en trouver un et je te ferais boire du lait. Ceci est une promesse. Je respecte toujours mes promesses. » Je grimaçai, puis arrêtai de me frotter avec le coton. « Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. » dis-je de la voix la plus innocente qui soit. Oh, bien entendu que je savais de quoi il parlait. Je savais parfaitement qu’il avait fini par deviner la raison de ma visite – en même temps, j’étais tellement prévisible… - et qu’il était parfaitement capable de me faire avaler du lait comme un bébé, et me fait manger le biberon par la même occasion. Imran finit par venir se rasseoir à côté de moi, et je piochai sans demander son avis un morceau de pomme dans l’assiette qu’il tenait entre les mains. Tandis que je mordillai avec application le fruit, il planta son regard dans le mien en prenant une mine sérieux. Ouch. Mauvais signe. Très mauvais signe. « Wouah. Il nous a fallu presque plus d'une demi-heure pour en arriver là ? Je suis désolé Quinn. Je n'écrirais plus et il me semble que tu le sais très bien. » Je déglutis. « J’ai battu mon record. Faudrait noter la date quelque part. » commentai-je. Au fond, je ne rigolais pas. J’étais frustrée. D’un côté, je comprenais qu’il puisse vouloir mettre les choses au clair comme cela, mais je ne réussissais pas à admettre qu’il puisse abandonner l’écriture. J’étais prête à écrire à sa place s’il me dictait par derrière les grandes lignes et ses idées… Parce que je ne voulais pas voir cette partie de ma vie se refermer, voir un talent mourir à cause de je ne sais quel évènement. « Je le sais, oui. Mais je suis têtue dans mon genre. » Je soupirai, puis mangeai le reste du morceau de pomme qu’il me restait. J’avais l’impression de marcher sur des œufs, de tout faire pour éviter la colère d’Imran. Je ne voulais pas l’irriter, non. Encore moins l’énerver. J’aurais tellement aimé qu’il comprenne mon point de vu… « Je te propose mon aide, Imran. Si jamais t’as du mal je suis là. Je peux te relire, émettre des idées et même te faire ton café si c’est ça qu’il te faut. » En gros, faire la secrétaire. Le serviteur. Cependant je gardais ces mots soigneusement dans mon esprit pour ne pas lui donner de mauvaises idées. Je détournai le regard, puis me levai pour aller à mon tour dans la cuisine. J’ouvris un placard pour mettre la main sur un verre, puis allai au robinet pour le remplir d’eau. C’était l’avantage de prendre la maison des autres pour la sienne, on sait toujours où se trouvent les choses… « C’est frustrant, Imran, de se dire il écrira plus alors que tes livres sont ceux que je garde sur ma table de nuit et que je relis régulièrement. » Mais ça, il le savait. Je lui avais déjà dit des centaines de fois.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Jeu 31 Mai - 15:05
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
C'était inutile de continuer leur petit jeu. Imran avait compris le pourquoi du comment. De toute manière il n'y avait pas trente mille raisonsdifférente qui explique pourquoi Quinn venait souvent chez lui. Au fond, il le savait depuis le début, il voulait peut-être juste l'entendre le dire. Comme une satisfaction personnelle ou quelque chose dans le genre. Il est fort difficile de comprendre l'esprit du psychiatre, ses envies changent vite tout comme ses émotions. L'envoyant ainsi en plein milieu de situation étonnante et étrange. Il s'était assis sur le canapé, se tournant vers elle pour être en face à face avec la jeune femme. Il avala un morceau de pomme, alors que Quinn nia comprendre ce qu'il disait. Pas étonnant. Elle n'allait pas avouer si tôt. En plus, elle évita de parler du biberon, ce qui était une chose positive parce qu'il était vraiment capable d'aller chez les voisins en trouver un. Les parents de Rudy avaient surement gardé les affaires du p'tit quelque part, non ? En plus, pour une fois sa visite ne commencerais pas par « Vous n'auriez pas du sel par hasard ? ». Quinn se pencha pour prendre un morceau de pomme.
Quand quelqu'un touche à son assiette, il avait pour habitude de planter sa fourchette dans la main de la personne. Et si la dite fourchette n'était pas dans les parages, alors il balançait l'assiette elle-même. Mais avec Quinn, c'était comme si cette partie-là de lui n'existait pas. Il avait tellement l'impression de la connaitre depuis qu'elle se balade en couche-culotte que le fait qu'elle se balade chez lui ne lui avait jamais posée de problème. Peut-être au fond, la confiance que portait Imran à Quinn était bien plus grande que ce qu'il le laissait paraitre ?
«- Tu veux peut-être que je te fasse avaler un stylo aussi ? » dit-il en balançant un autre morceau dans la bouche après la remarque de Quinn. Bah voyons, elle avait battu son record. Quel progrès. La prochaine fois, elle visera peut-être les une heure ? Voire deux. Elle termina tout de même par avouer, ce qui était beaucoup mieux et un petit sourire apparut sur le visage d'Imran tout satisfait d'avoir découvert le poteau rose. Parfois, il agissait vraiment comme un gamin de deux ans. Ça faisait sans doute partie de son charme, qui sait ? Puis calmement, elle reprit alors. Elle lui proposait son aide. Imran détourna alors son regard, c'était tellement inutile.
Elle ne comprenait sans doute pas. « - Ça ne servirait à rien, crois-moi. » Que voulait-elle relire si Imran n'arrivait même pas à écrire une phrase ? Que voulait-elle émettre comme idée si l'esprit de l'ancien écrivain fait un blackout total quand il pose ses yeux sur une page blanche. Cette passion qu'il l'avait poussé à écrire, elle était morte. Tout simplement. Il secoua la tête négativement, alors que la demoiselle c'était levé chercher un verre d'eau. Il l'a suivi du regarde, puis fixa son assiette et les morceaux de pommes.
« - Et c'est frustrant, tu sais, quand tu te retrouves devant une page blanche, stylo en main, sans arrivait à écrire la moindre petit phrase, sans arriver à retranscrire la plus simple des pensées et pendant des heures et des heures tu restes là, complètement paralysé, sans pouvoir bouger !»
Si Quinn ne voulait pas l'énerver, elle faisait tout de même remonter des choses. Le ton était monté, subitement. Il se souvient, quand il avait brulé la maison de Minissha, qu'il y avait laissé toutes ses derniers écrits. Ce qui avait déclenché cette folie de vouloir tout brûler, c'était cette rage. Minissha n'était plus là, elle ne faisait plus partie de ce monde. Il se sentait prit au piège, des souvenirs de sa femme partout autour de lui, même dans son bureau. Il y avait, sur un pile de feuille, un mug remplis de café froid avec un post-it collé dessus : « - Ne pas oublier que l'éditeur attends tes essais pour mardi. » avec un smiley joyeux pour terminer. Il devait écrire, parce que cela avait été son seul refuge pendant un moment et qu'il en avait besoin. Et rien. Il n'avait trouvé rien d'autre que de la frustration et de la colère. Il se leva, l'assiette tombant au sol, se brisant. Il marcha alors jusqu'à son bureau. Il cherchait quelque chose, il était en colère, énerver. Pas contre Quinn, non, conte lui-même. Contre tout ça. Il attrapa ce qui devait être ses journaux intimes, il attrapa celui de 2010-2011. Celui de la mort de sa femme, puis, balança des livres, à la recherche d'un autre plus vieux. Celui de 200-2006. Celui où il s'était réveillé, sans souvenirs. Son premier journal intime, parce qu'il avait peur d'oublier encore une fois. Il retourna alors vers Quinn et posa furieusement les deux livres devant Quinn.
« - J'aimerais limite perdre la mémoire une seconde fois, si cela pouvait m'aider. »
On voyait une nette différence entre les deux journaux. L'un était rempli, même trop. Avec un tas de choses qui dépasse, des photos, des croquis, des tickets et plein d'autres ajouts. L'autre s'arrêtait à une date et c'était fini. Durant les mois où il s'était enfermé chez lui, il n'avait rien écrit. Le pire la dedan, c'est qu'Imran avait l'impression de décevoir Quinn. D'une certaine manière, c'était comme si son écrivain préféré était mort. Il fut un temps, où rien d'autre n'était important que sont entourages. Ses amis, ce qui le rendait meilleur. Aujourd'hui, il lui arrive parfois de croire que rien n'a changé. Qu'Arrowsic, bien que ville inconnue, lui avait permis de retrouver des personnes dont il avait besoin et que parfois, ça éveillé en lui l'écrivain qui avait disparu. Mais le petit carnet noir sur le bureau, enlacé avec un ruban, prouvait que c'était rien qu'une impression. Imran l'emportait tous les soirs avec lui quand il sortait. Espérant qu'un jour, ça reviendrait. Qu'un miracle se produirait. Il y avait écrit des mots, des bouts de phrases, des noms... ce qu'il lui passait par la tête, comme si cela pouvait aider.
Pour le moment, le miracle n'était pas près d'arriver.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Dim 3 Juin - 0:02
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Le sujet était tellement délicat. J’en avais pleinement conscience. Ce n’était pas pour rien que je m’étais donné un mal de chien pour masquer comme je pouvais mes motivations les plus profondes. Certes, j’appréciais énormément la compagnie d’Imran – même s’il passait la plupart de son temps à essayer de me faire peur et à se moquer de moi, mais d’un côté je rentrais dans son jeu à chaque fois les pieds joints – mais il ne fallait pas se voiler la face : mon principal objectif était de le remettre à l’écriture. Et ce depuis que je m’étais rendue compte qu’il était dorénavant à Arrowsic. Je n’avais jamais eu de plan bien défini, je n’avais jamais échafaudé de quelconques stratégies, mais je m’étais toujours débrouillée pour lui glisser quelques sous-entendus de temps en temps, afin de lui faire des remarques, des suggestions. Il ne m’avait jamais fait comprendre qu’il en avait marre de ça, et je lui en étais reconnaissante. Je livrais un peu ma bataille dans mon coin, m’arrangeant pour avancer lentement mais surement. C’était complètement idiot, puérile, complètement délirant de vagabonder chez lui dès que l’envie m’en prenait, mais je tenais tellement à tout essayer pour lui faire reprendre sa plume. Pour qu’il ressorte un bouquin. Pour que je retrouve tout cela, tout ce qui me manquait, au fond. Je ne savais pas réellement pourquoi je n’avais jamais affronté en face Imran en le lançant directement sur le sujet. Je n’arrivais pas à savoir si c’était par peur de le mettre en colère, par peur de l’agacer, par peur de faire un faux pas. Après tout, le syndrome de la page blanche était quelque chose de courant, chez les écrivains. Certains arrêtaient même complètement l’écriture à force de ne plus pouvoir coucher sur papier ce qu’ils pouvaient imaginer. Cependant, je refusais d’accepter que cela serait surement le sort d’Imran, mais c’était une autre histoire. Quand il m’annonça qu’il avait compris pourquoi j’étais là, et qu’il n’avait pas l’intention de se remettre à l’écriture, mon premier sentiment fût la frustration. Je lui proposai ensuite mon aide, tout en essayant d’être subtile. De ne pas éveiller sa colère. Je me levai même pour aller chercher un verre d’eau. J’eus pour simple réponse que tout cela ne serait pas suffisant. « Et c'est frustrant, tu sais, quand tu te retrouves devant une page blanche, stylo en main, sans arrivait à écrire la moindre petit phrase, sans arriver à retranscrire la plus simple des pensées et pendant des heures et des heures tu restes là, complètement paralysé, sans pouvoir bouger ! » Il se leva alors, tandis que je rejoignais le canapé. J’encaissai ses paroles, son ton dur, l’atmosphère pesante qui avait envahi la pièce. Je portai à mes lèvres mon verre, préférant prétexter cela pour réfléchir plutôt que rester bouche bée sans lui donner une quelconque réaction en retour. C’était dur à admettre. Difficile à entendre. Je savais qu’il ressentait tout cela, seulement la vérité sortant de sa bouche semblait beaucoup plus fataliste que dans mon esprit. « Je sais. » Ma réponse était inutile, mais je tenais surtout à lui faire comprendre que malgré tout cela ma proposition tenait toujours. J’étais beaucoup trop têtue, beaucoup trop enfoncée dans mes bêtises pour admettre que cela ne se produirait pas, qu’un nouveau livre n’allait pas sortir. Dommage que je ne puisse pas l’obliger. Peut-être que si je l’enfermai dans une pièce pendant un an avec simplement un stylo et du papier, en lui faisant passer ses repas par une trappe, réglerait le problème ? J’en doutais fortement. Mais à situations compliquées, solutions compliquées. Il posa alors juste devant moi des journaux qu’il semblait avoir tenu. Un, rempli à ras bord, l’autre, presque vide. Cette vision résumait parfaitement la situation : pendant une période, Imran avait rayonné dans son domaine, jusqu’à la descente aux enfers, entrainant avec elle talant et motivation. Imran me fit remarquer qu’il aimerait bien reperdre la mémoire. Tout effacer et recommencer. Et puis c’était tout. « Ca ne t’aiderait pas. Tu ne me reconnaîtrais plus. Franchement ça serait une immense perte. » Commentaire en l’air afin de détendre l’atmosphère. Comme à chaque fois, je lançai une remarque qui arriverait comme un cheveu sur la soupe. Mais je n’étais plus à ça près. Oh que non. « Tu sais ce qui me désespère le plus ? De t’avoir sous la main et de savoir que tu n’écriras plus. De me sentir seule face au défi de te refaire écrire. Je suis désolée de ne pas réussir à admettre que ton talent s’est envolé Imran. C’est comme attendre la suite d’une histoire et de ne jamais avoir la fin. » Je ne savais même pas pourquoi je disais tout cela. Ce n’était même pas pour essayer de lui faire éprouver de la culpabilité, non, puisqu’au fond ce n’était pas de sa faute. Je voulais juste qu’il croit un tout petit peu aux chances qu’il y avait qu’il puisse se remettre à l’écriture. Il n’en avait pas fini avec la littérature. Je n’étais personne pour penser cela, mais je me trouvais suffisamment bien placée pour avoir mon mot à dire. D’un autre côté, j’aurais préféré que cela se passe autrement. Cependant, les projections que j’avais pu avoir du futur étaient toutes plus utopistes les unes que les autres. C’était ça, être presque désespérée. J’étais presque pathétique. C’était comme le drame de ma vie, et cela devait être si insignifiant comparer aux problèmes d’Imran que je me sentais à la limite du ridicule. Voire même ridicule tout court. « Désolée de te dire que je ne lâcherais pas l’affaire. » Sur ce, je m’accroupis pour ramasser soigneusement les morceaux de verre, prenant garde de ne pas me blesser encore une fois. Je m’appliquai à ma tâche, prenant dans mes paumes également les restants de pommes, puis me dirigeai vers la poubelle pour tout jeter. Je me lavai les mains, regardai si je ne m’étais pas fait une entaille par mégarde, puis me tournai, m’appuyant contre le plan de travail. Je poussai un soupir. « Je suis là, aussi agaçante que je le suis. Mais je suis là. » En gros, elle serait là pour lui donner un coup de man si un jour il s’y remettrait. Pas sûr qu’il accepte son aide, mais c’était une autre histoire.
Dernière édition par Quinn S. Hepburn-Wilde le Mer 6 Juin - 20:56, édité 1 fois
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Lun 4 Juin - 16:53
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Il allait sans doute perdre les pédales s'il ne faisait pas attention. C'était drôle, dire qu'il fut un temps où il n'avait ce problème-là. Où il pouvait refouler sa colère et rester neutre sans le moindre problème, désormais c'était plus compliqué. C'était dur de regarder quelqu'un en face et de dire que tout va ben alors que c'est faux. Voilà pourquoi il était si odieux avec tout le monde, rarement à l'écoute et surtout envoyant tous les mots qu'il pouvait pour mettre quelqu'un à terre. Parce que rien n'allait bien dans sa vie. Elle s'était écroulé sur sa tête, laissant d'horrible morceau dans sa tête, remontant en lui un côté sombre et dérangé qu'il haïssait, le forçant à accepter que pour lui la vie se résumer à un gros tas de souvenirs, de rencontre avec la mort et d'un vide horrible au fond de lui. Personne ne pouvait combler ce vide qui le rongeait de l'intérieur, personne. Et si écrire l'avait aidé, aujourd'hui à chaque fois qu'il prend un stylo, il a l'impression que ce vide en lui grandit de plus en plus rapidement.
Il s'était levé trop rapidement, laissant l'assiette qui était posée sur ses genoux tombé comme pour imposer le son de quelque chose qui se brise et se casse violemment. Quinn, en face de lui, avoua qu'elle savait. Mais il ne l'écoutait pas, il était bien trop dans sa petite bulle de colère et de frustration pour remarquer le ton calme et doux avec lequel elle avait sorti cette simple parole. Il était allé dans son bureaux chercher de quoi montrer quelque chose à Quinn, parce qu'il lui arrivait d'être envahi par quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler, quelque chose qui le prenait subitement et qui, comme fou, le mener ailleurs. Après un moment, il avait rejoint Quinn, deux journaux en main. Elle était loin, l'époque où il écrivait partout, sur tout. N'importe quand et surtout avec une inspiration débordante. Il s'énerver quand il n'avait pas de stylo sur lui pour écrire sur un mouchoir où qu'il y ait trop de bruit autour de lui ne lui permettant pas de se concentrer à sa guise. Et c'était, bien que difficile à croire, très honnête quand il avoua qu'il aimerait bien reperdre la mémoire. Mais en réalité, ce qu'il aimerait oublier c'est Elle, c'était leurs histoires. Il était piégé parce que c'était les plus beaux souvenirs de sa vie, mais c'était aussi ce qui le conduisait vers le plus horrible. Mais Quinn n'avait pas tort. C'était utile et ça ne l'aiderait pas. Alors qu'elle avoua, d'un coup, qu'elle n'était pas prête d'abandonner, Imran ressenti quelque chose au fond lui.
C'était inexplicable, comme si quelque chose le caressait doucement, un voile très doux qui apaisait sa colère. Il avait conscience que ce qui lié Imran et Quinn était ses livres et ses écrits. Que Quinn était là pour qu'il reprenne un stylo en main et qu'il écrive de nouveau quelque chose, n'importe quoi. Peu importe. La moindre petite phrase prouverait que dans ce monde il ne fallait jamais perdre espoir. Et si quelqu'un sur cette terre était le maitre en la matière d'y croire jusqu'au bout, c'était elle. Il n'avait jamais crus Quinn aussi têtu et bornée, aussi sur d'elle. Il pensait qu'avec un peu de temps, elle ne finirait pas accepter tout ça. Mais non, c'était loin d'être terminée. C'était même très loin d'être fini. Quinn n'allait pas lâcher l'affaire et d'un seul coup, le coeur d'Imran se resserra. Oui, parce pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un était là pour lui. Elle se baissa alors pour ramasser les morceaux de verre, alors qu'Imran était paralysé par cette sensation qu'il avait oubliée. Il senti presque les larmes lui montaient aux yeux. Il n'avait pas les mots pour dire ce qu'il ressentait à ce moment, c'était bien trop étrange.
Alors que Quinn ramassait les morceaux, puis les jeta et Imran lui tentait de réfléchir, de reprendre la situation en main au lieu de s'effacer comme un fantôme. Au moins, il s'était calmé, ça se voyait. Quinn reprit alors la parole, avouant qu'elle était là. Imran se tourna alors vers elle.
« - Oh oui, tu es agaçante. » dit-il avec un léger sourire. Il respira un bon coup. « - Tu vas donc d'obstiné jusqu'à la fin, hein ? » dit-il reprenant un ton plus sérieux. Il connaissait déjà la réponse. C'était certes beau de savoir qu'elle était là et incroyablement réconfortant - bien qu'il ne l'avouera pas. Mais contrairement à Quinn, il avait vraiment l'impression que son écriture s'était envolée au loin. Qu'il l'avait laissé s'échaper. Le pire restait qu'il regrettait presque de ne pas pouvoir écrire quelque chose avant de quitter ce monde. Juste pour Quinn. Juste pour voir, en face à face, ce que cela lui faisait de lire quelque chose qu'il aurait écrit et voir sans doute la joie sur cette petite bouille d'institutrice.
« - Merci. »
Laissa t'il échappé sans osé la regardait droit dans les yeux.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mer 6 Juin - 22:48
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Je m’appliquai à ramasser le verre, soigneusement, tout en prenant mon temps. Un. Deux. Trois. Les petits tintements que produisaient les morceaux de verre en s’entre choquant avaient presque un côté apaisant, malgré qu’ils soient dans ma main nue et déjà bien abimée. Dans son emportement, Imran avait brisé l’assiette contenant la pomme qu’il avait entreprit de manger, et ne semblait pas encore disposer à nettoyer les dégâts pour l’instant. Il était trop préoccupé par toute la matière que je lui avais donnée à penser. Je m’étais donc dévouée à cette tâche. D’un certain côté, recueillir les morceaux de verre dans ma pomme m’apaisait, me permettait de focaliser mon cerveau sur autre chose que la situation qui avait pris place sous nos yeux. Me donner un moyen d’échapper à ça, me redonner des idées pour rebondir. Je n’avais jamais préparé cette confrontation de plein front. J’avais toujours espéré pouvoir agir discrètement… Mais il avait deviné mes intentions, j’avais défendu mon point de vu, lui le sien. J’avais conclu que malgré tout, je ne lâcherais pas l’affaire, que j’allais l’aider à réécrire même si cela allait me demander toute mon énergie pour les mois – les années ? – à venir. J’étais vraiment la pire des chieuses sur cette Terre. Imran devait tomber sur une fan dans la ville où il avait atterri par pur hasard, et il avait fallu que ça soit sur moi… Moi avec mes lettres de dix pages et mon don incroyable pour m’imposer dans la vie des autres. Moi, la fille qui emmerdait les autres à plein temps. Il avait fallu qu’il tombe sur moi, la fille qui s’obstinait à vouloir voir un autre de ses bouquins publiés, qui faisait une fixation sur son style et ses analyses, qui cherchait par tous les moyens à lui faire reprendre sa plume. Moi, Quinn Hepburn-Wilde, vingt-deux ans, institutrice, capable de tout et n’importe quoi pour parvenir à ses fins. Certes, avec le temps, avec tous ces moments passés ensemble, on aurait pu croire que j’avais fini par me détacher de mon objectif, mais ce n’était pas le cas. A vrai dire, j’étais même persuadée que j’étais encore plus déterminée maintenant que lors du jour où j’ai compris que nous habitions dans la même ville. C’était pour dire. Je me levai, les morceaux de verre dans la main, le silence régnant dans la maison d’Imran. Je me dirigeai lentement vers la poubelle pour y faire tomber ce que j’avais ramassé, puis après un temps, je me retournai pour m’appuyer contre le plan de travail, les bras croisés, le regard sur l’écrivain. Après un soupir, je lui dis simplement que j’étais là pour lui s’il avait besoin, malgré mon caractère, malgré mon comportement, malgré ma personnalité. Que malgré tout, au cas où, il saurait où trouver quelqu’un pour l’aider. Parce que, d’un côté, je m’étais attachée à lui et son humour sombre et décalé, son comportement marginal et ses remarques sanglantes. Je n’étais pas qu’une machine de guerre prête à tout pour parvenir à ses fins, non, je faisais aussi attention à lui. Mine de rien, je suis humaine après tout. Aussi étrange que cela puisse paraître. « Oh oui, tu es agaçante. » Je fronçai les sourcils. « Tu vas donc d'obstiné jusqu'à la fin, hein ? » Il constatait juste une réalité. J’acquiesçai en souriant, malgré son ton sérieux, sa mine qui me disait clairement qu’il ne rigolait pas. Cela me soulageait un peu de le voir comprendre que je n’étais pas comme toutes les autres personnes, que contrairement à elles, ma détermination était de fer. Que je m’enfonçai dans mes idées, quitte à en subir de lourdes conséquences, tant que je pouvais aller là où je voulais. Que je respectais mes idées jusqu’au bout. Certains disent que c’est une qualité, d’autres un fardeau. Personnellement, je penche pour les deux. « Eh oui. Désolée, mais tu vas devoir supporter ma petite personne chiante et énervante pendant un bon bout de temps. » affirmai-je. Mon ton était tout de suite plus léger, plus fluide. Pour moi, le moment d’orage était passé. Il ne m’avait pas hurlé dessus. Il ne m’avait presque pas fait peur. Presque. Parce qu’autant l’avouer, le moment où il s’était levé brusquement du canapé en faisant tomber son assiette, cela m’avait fait flipper. Surtout avec le bruit de verre qui se brise en fond sonore, et les gestes presque rageurs qu’il avait eu en allant dans son bureau pour y chercher des journaux. Mais bon. C’était Imran après tout. « Merci. » Mon regard, qui s’était perdu en même temps que mes pensées, se reporta sur l’écrivain. Il évita soigneusement mon regard, et je restai là sans rien dire pendant quelques instants. Nous n’étions pas habitués à être reconnaissants l’un envers l’autre, non. Nous nous supportions, apprécions, mais tout cela à notre manière. Nos moyen pour nous le faire comprendre était les moqueries, les jeux comme on avait pu le faire tout à l’heure. Autant dire que je mesurais l’ampleur de ce simple mot. J’esquissai un petit sourire, sincère. « Ya pas de quoi. » L’art de casser l’ambiance, par Quinn. Bah. J’avais au moins le mérite de rester fidèle à moi-même. Je me détachai du plan de travail, puis revint m’affaler dans le canapé tout en fermant les yeux, les mains jointes sur mon ventre. J’avais bien envie d’enterrer cette partie là vite fait bien fait, mais je ne savais pas ce qu’Imran souhaitait faire. En reparler. Abandonner. Me faire la moral. Tellement d’options s’offraient à lui que je me sentais bien insignifiante. J’avais manqué de subtilité. Non seulement maintenant il savait pourquoi je passais autant de temps fourrer chez lui, mais en plus il allait maintenant me mettre des bâtons dans les roues pour m’empêcher de parvenir à mes fins. Parce que non, cela serait trop facile s’il se laissait faire… « Oh, j’ai jamais dû te raconter ça. » dis-je, toujours les yeux fermés dans le canapé. « Le jour où je suis tombée sur Bétise Humaine mes parents ne m’ont pas revu pendant deux jours. A peine si je réussissais à décrocher mes yeux du livre en mangeant. » J’enfonçai le couteau dans la plaie, certes. Cependant, ces souvenirs m’étaient revenus comme ça. « J’ai passé la semaine qui suivait à le relire et prendre des notes. J’étais toujours été super obsessionnelle. » La suite, il la connaissait. Cela se résumait en une lettre calligraphiée d’une écriture toute en boucle qui s’étendait sur de très nombreuses pages.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Jeu 7 Juin - 21:13
« Alors, la vie est belle ? » Chez lui - ARROWSIC.
La situation avait drôlement changé. Ce qui était parti en drôle d'humour et jeu de rôle étrange, venait subitement de s'écrouler. Le petit château de cartes que Quinn et Imran avait construit en plaisantant venait de subir de lourd dégât. Si ce n'est pas énorme. En une phrase, un instant, il s'était écroulé plus vite qu'il ne s'était construit. C'était quelque chose qui arrivée souvent avec Imran, mais c'était aussi dû qu'il commençait aussi à comprendre pourquoi une jeune institutrice aimait temps venir chez lui à l'improviste. Il savait au fond, que ce qui les lié était son écriture et que forcément, c'était un peu pour ça qu'elle venait, sans jamais se douter qu'elle serait à ce point appliquer à vouloir apparaitre sur une feuille de nouveaux mots sortie tout droit de l'esprit torturé d'Imran. C'était effrayant d'être en face de quelqu'un d'aussi motivé et têtu. D'une certaine manière il pensait à lui, qui parfois pouvait être vraiment lourd et obstiné. Quand quelque chose nous tiens vraiment à coeur, il est normal de tout faire pour réaliser ce morceau de rêve. Elle était loin l'époque ou Imran avait des rêves plein la tête. Oh oui, elle était bien loin.
Dire qu'il arrivait à ses trente-quatre ans et qu'il n'avait plus envie de rien. Plus jeune il se souvient d'avoir fait une liste, avec tout ce qu'il devait faire avant d'avoir trente ans. Mais Imran était tardif et surtout, il avait perdu la mémoire à 27 ans. Il avait fini par ne plus rien espérer dans la vie, aujourd'hui plus encore. Il n'y avait qu'un rêve dans le monde noir et sans espoir d'Imran. Minissha. Il en était dingue et après cinq ans sans avoir pu être à ses côtés, il l'avait demandé en mariage. Qu'elle lui appartienne était son dernier rêve. Et il s'était brisé ce triste jour de décembre. Alors, aujourd'hui, il n'avait plus envie de rien, il n'espérait plus rien. Il ne voulait pas ressentir ce qu'il avait senti ce jour-là. Sentir le temps s'arrêter, sentir son coeur se serrer si fort qu'il ne peut plus respirer. Avoir l'impression que le monde autour de vous rapidement s'éloigne de vous. De nouveau se rendre compte qu'on est seul et surtout se rendre compte que les choses auraient pu être tellement différentes si on avait su prendre les bonnes décisions. L'écriture n'avait jamais été une passion. Petit il voulait devenir pianiste et les concours, il en avait gagné, mais parce que la musique n'était pas un véritable travail pour son père, il avait décidé de faire des études en psychologie. Etude qui lui avait tellement plus qu'il en était ressortie avec les éloges. Il était toujours trop curieux, alors être payé pour aider des personnes à se découvrir vraiment à se comprendre, c'était le nec plus ultra. Mais après avoir eu son diplôme, Imran a fait ce que tous jeunes font quand il vienne d'une famille riche. Il s'est amusé. Pendant presque trois ans.Il pouvait ouvrir un cabinet privé et bosser pour son compte, mais déjà à l'époque, il voulait vivre. Il voulait découvrir le monde et rencontré des gens exceptionnel. C'était comme ça qu'il avait vraiment rencontré Minissha, lors d'une fashion week à Delhi, la pauvre était pétrifiée. Jeune styliste, elle espérait que pour son premier défilé, tout irait bien.
Non, l'écriture n'avait jamais eu une grande place dans sa vie. Pas dans la vie du simple gosse de riche qu'il était. Mais après, après la perte de sa mémoire, ce questionnement sur soi. Son écriture était devenue plus précieuse que l'or qu'il possédait et depuis qu'il n'arrivait plus à écrire, c'était comme si c'était une punition. Oui, Imran se sentait lamentablement puni par ce dieu qui n'existe pas. Question religion, il était très paradoxal dans son genre. Il ne croit pas en Dieu, mais rien qu'en lui. Et parfois, dans ses accès de colère, il sent que quelqu'un là-haut se moque de lui et que joue de lui. Avant la perte de sa mémoire, Imran était très croyant. Il allait souvent au temple priait avec sa mère.
Le silence régnait dans la maison d'Imran. Mais c'était loin d'être le silence dans sa tête. Il entendait des voix lui hurler dessus, l'engueuler, le critiquer, le supplier, l'énerver, l'attaquer. Des voix qui lui reprochaient tous d'être un incapable, un raté. Et il y avait cette voix, cette toute petite voix qui lui disait de ne pas faire attention à tout ça parce que bientôt, oui, bientôt son coeur s'arrêterait aussi simplement qu'il bat. Pauvre Quinn, elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait traverser l'esprit de l'ancien écrivain et c'était mieux ainsi. Mais en lui disant tout ça, elle avait réussi à faire remonter un sentiment qui avait disparu en Imran. La preuve, il l'avait remerciée. Chose qui était limite dû à un miracle, mais cela ne voulait pas dire qu'il allait écrire et prendre son stylo plume, l'air de rien. ce n'est pas si simple de toute façon.
Ça n'est jamais simple de toute façon.
« Eh oui. Désolée, mais tu vas devoir supporter ma petite personne chiante et énervante pendant un bon bout de temps. »
Un bout de temps, c'était trop demandé. M'enfin surement quelque mois de plus. Il ne savait pas ce qui le tuerai le plus vite, l'infection dans ses poumons ou son coeur. Il ne prenait plus les antibiotiques pour le premier et il ne prenait pas les autres médicaments pour son coeur. Sans oublier que ça fait déjà un moment qu'il fait semblant et pour trafiquer les prises de sang, il lui suffit de les prendre un jour ou deux avant d'aller voir son médecin. Automatiquement, il passa sa main sur son épaule droite. On lui avait fait un vaccin il y a peu. Un vaccin anti-pneumococcique. Là, il ne pouvait pas esquiver sinon cela serait flagrant qu'il se suicidait à petit feu.
« Ya pas de quoi. »
Et cela arracha un sourire à Imran. Bravo Quinn. Celle-ci retourna sur le canapé, nettement plus confortable que de rester debout. Etrangement, on aurait dit une patiente devant son psy, tranquillement allongé et qui ensuite exprimerait ses plus intimes pensée. Une chose était sûre, la tension était redescendue. Pour un petit moment au moins. Sentant qu'il avait désormais soif, il prit un verre d'eau alors que la demoiselle ce plaisait à raconter un souvenir. Et naturellement, un souvenir sur un livre d'Imran, mais pas n'importe lequel : Bêtise Humaine. Son premier livre. Heureusement qu'il avait fini son verre d'eau avant qu'elle ne prononce le titre du livre, sinon il aurait tout recraché comme un idiot. Il l'écouta attentivement, posant doucement le verre. Comme pour ne pas faire de bruit.
« - Je vois. » Imran se dirigea vers le piano. Balança par terre un vieux pull qui était sur le siège et quelque journal. Pourquoi gardait-il toujours tous les journaux qu'on lui amenait. « - Et comment tes parents ont réagi à ça ? A cette manière que tu as de t'éclipser du monde en lisant un livre ? » Là, c'était le moment idéal pour Quinn de se lever et de lui balancer un coussin à la figure. Il faisait son psy et en même temps, vu que Quinn balançait un petit souvenir l'air de rien, Imran ne pouvait s'empêcher de jouer ce rôle qu'il connait par coeur. Il ouvrit alors le couvercle du piano. « - Tu sais que j'ai gardé toutes tes lettres. » avoua-t-il enfin. Quitte à jouer la carte de la nostalgie et des souvenirs, autant balancer ce qu'il avait dans la tête, lui aussi.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Dim 10 Juin - 21:53
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
J’étais quand même beaucoup mieux dans le canapé, à la réflexion. Il était bien plus confortable que l’équilibre de mes pieds, ou que l’appui que je pouvais avoir contre le plan de travail de la cuisine de l’ancien écrivain. C’était d’une évidence rare, d’une logique implacable. Je fermai les yeux, sans pour autant ressentir la moindre fatigue. J’avais surtout besoin de réfléchir à tout cela. Imran et moi avions des personnalités qui faisaient que nous n’allions pas par quatre chemins quand nous avions quelque chose à dire, ce qui avait provoqué la situation précédente. Certes, j’avais cherché pas des moyens détournés de le remettre gentiment à l’écriture – connaissant alors, pour la première fois de toute ma vie, un échec sans précédent – mais il n’avait pas hésité une seule seconde quand il m’avait annoncé qu’il avait compris mon objectif. Je n’avais pas cherché à le lui cacher, d’ailleurs, même si j’avais plaisanté là-dessus pour retarder l’échéance et avoir le temps de classer mes idées dans mon esprit. Nous étions tous les deux trop franches, de véritables machines de guerre avec les mots. C’était peut-être pour cela qu’à travers nos lettres cela avait été facile, que le courant était passé sans que l’on se parle de vive voix. Il avait également compris que je n’avais pas l’intention de baisser les bras. C’était le plus important. Assise là, presque affalée, des souvenirs me revinrent en mémoire, tous tournants autour de ma rencontre avec sa littérature, ses livres, ses romans, son style. Le moment où j’étais tombée sur Bêtise Humaine chez moi, les longues heures que j’avais passé à tourner les pages sur mon lit pour le finir le plus rapidement possible. Je revoyais sous mes paupières tous ces instants. Quelque part, j’aurais peut-être pu lui faire peur, moi l’adolescente complètement marginale. Moi, la jeune fille qui se trainait des tics et des manies tous plus préoccupants les uns que les autres la menant à écrire de longues lettres remplies d’analyses. Moi, Quinn Hepburn-Wilde. Mais même pas. A voix haute, je lui parlais de cela avec un petit sourire, de la manière que j’avais eu de disparaître de la population le temps de ma lecture, de mes prises de note. Imran m’écouta attentivement, quelque part non loin de moi, et j’ouvris un œil pour l’observer quand il finit par sortir de son silence. « Je vois. Et comment tes parents ont réagi à ça ? A cette manière que tu as de t’éclipser du monde en lisant un livre ? » Je roulai des yeux, guère surprise de l’entendre tenter de décortiquer mon comportement. Psychologue oblige. Ou psychiatre. Peu importe. Réfléchissant cependant à sa question, je l’observai s’asseoir devant le piano avant de l’ouvrir, mon esprit se perdant dans les profondeurs de mes souvenirs. Mes parents ne m’avaient jamais rien dit. Ils ne m’avaient jamais posé de limite, de barrière, voire même ne m’avaient jamais fixé de deadline, surtout quand je mettais mes capacités à rude épreuve. Surtout dans ces moments là, en fait. Et puis de toute manière, cela avait été de leur faute. Ils n’avaient pas qu’à acheter son livre. « Oh, tu sais, ils disaient rien. » répondis-je d’une voix enjouée. « Je pense qu’ils auraient même été du genre à me pousser à le faire plus souvent. » C’était vrai, après tout. Mes parents avaient toujours eu beaucoup d’espoir et de rêves, à mon sujet. Ils avaient toujours espéré que j’aille plus loin, que je continue encore et encore. J’étais même persuadée qu’ils auraient été capables de m’enfermer dans ma chambre pour m’aider à finir le livre plus vite, si cela avait eu une quelconque influence. Ah, mes parents. Mes chers parents. « Et puis, ils ont toujours été habitués à ce que je sois bizarre donc ils n’étaient plus à ça près… » Je leur en avais fait voir des beaucoup plus belles. Au moins, quand je lisais, j’étais silencieuse. Cela présentait de sérieux avantages. Plus personne pour sortir des énormités plus grosse que la Terre, ou encore embêter son monde dès que l’occasion se présentait… « Tu sais que j’ai gardé toutes tes lettres. » Il me sortit directement de mes rêveries, et je me redressai brusquement sur le canapé. Eh non. Je ne savais pas. « Sérieusement ? » demandai-je, un petit sourire aux lèvres. J’avais besoin de demander confirmation. C’était quand même quelque chose. Je ne m’étais jamais demandé ce qu’étaient devenues mes lettres, puisque j’avais plutôt eu tendance à penser qu’Imran avait dû les perdre lors d’un déménagement, ou tout simplement parce que les papiers s’étaient trop entassés sur son bureau. Je ne l’avais pas vu les jeter non, juste les oublier avec le temps, les perdre dans son bordel. Mais pas les garder. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne l’imaginais pas les conserver. Dans tous les cas, de mon côté, j’en avais fait de même. En envoyant ma première lettre, je n’avais pas espéré recevoir une réponse. Je l’avais rédigé parce que cela m’avait démangé, je l’avais envoyé puisque j’allais toujours au bout de mes idées. Mais quand j’avais reçu un retour, je l’avais précieusement gardé. Dans le deuxième tiroir de la première étagère, dans la pochette rouge, pour être plus précise. « Oh mon Dieu, t’as gardé mes tissus d’imbécilité de jeune adolescente en pleine crise. Sincèrement, tu as pensé quoi quand tu as vu tout ce que j’avais écrit alors que j’avais quoi, dix-huit ans ? Dix-neuf ? Je sais même plus. Sincèrement, si je relis ces lettres, je crois que j’aurais honte. » dis-je. J’étais sincère. Je n’osais même pas imaginer ce que j’avais pu écrire dedans. Enfin… Je m’en souvenais. Cependant, il devait franchement y avoir des tournures de phrases à revoir, des idées complètement fausses, des mots maladroits. Parce que j’étais jeune. « J’ai les tiennes aussi. En même temps, il aurait fallu voir ma tête quand je me suis rendue compte que tu avais pris la peine de lire ce que je t’avais envoyé. J’avais l’impression de quelqu’un. J’ai presque mis en place un dispositif de sécurité autour de tes lettres pour empêcher quiconque de les approcher. » J’étais franche. Les mots sortaient tout seul. Mais autant avouer que je m’en fichais.
Dernière édition par Quinn S. Hepburn-Wilde le Mar 12 Juin - 12:40, édité 1 fois
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Lun 11 Juin - 16:09
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Il y avait une raison pour laquelle Imran était assis au piano. Il se sentait toujours mieux près de l'instrument. Comme si cet objet gigantesque qui trônait dans son salon lui fournissait la confiance dont il avait besoin pour pouvoir parler et discuter en toute tranquillité. Peut-être même lui donnait assez de force pour mentir sans ressentir le moindre effet secondaire. Il n'avait jamais oublié comment jouer, même après cet accident. La musique avait toujours été là pour le réconforter, tout comme l'écriture un peu plus tard. Il y a des choses dans la vie, des habitudes et des hobbies, qui nous sont cher parce qu'il n'y a pas mieux pour réussir à affronter cette vie insignifiante avec le sourire. Le piano, c'était comme la photographie. Parfois ça le prenait, comme ça. Il lui arrivait de se balader avec son appareil dans la ville, parce que derrière l'objectif il n'est plus Imran. Comme derrière le piano, il n'est plus l'écrivain ou le psychologue. Imran se souvient de ses études et du jeu qui le prenait lorsqu'il était novice en la matière. Il avait fait cinq ans pour son diplôme de psychologue. Mais c'était trop facile, dès la première année c'était un jeu d'enfant. Un psychologue suit ses patients et l'aide avec les mots. Des thérapies de type comportementaliste qui l'ennuyaient très vite. Mais rien de mieux pour soutirer encore plus d'argent à de riches crétins. C'est pour ça que dès sa deuxième année il a fait un double cursus, suivant des études de médecine avec une spécialisation afin d'être Psychiatre. Les deux professions étant très complémentaire. Imran pouvait ainsi suivre des cas simples comme des cas plus intriguant du type maladie mentales. Il pouvait aussi prescrire des médicaments, ce qui était cool.
C'était assez étrange de faire ce genre de double cursus, mais Imran était un bosseur et il préférait nettement Psychiatre que Psychologue. Mais si son titre de Psychologue pouvait lui permettre de se la couler douce de temps en temps, alors pourquoi pas ? Dans tous les cas, nombreux sont ceux qui oublient cette différence et il n'est pas étonnant qu'on tombe sur un psychologue aidant un patient atteint de psychoses et vice-versa.
Tout dépendait de la manière que le professionnel a de travailler et Imran était assez spécial dans son genre. Ce n'est pas pour rien que c'est si facile pour lui de trouver un poste. Avec ses diplômes. Il avait envie de jouer, de parcourir de ses longs doight les touches de piano, mais pas maintenant. La jeune Quinn était encore là et visiblement, ils avaient encore beaucoup à se dire, comme toujours. Imran ne manquait jamais de conversation, il savait toujours quoi raconter et surtout quoi dire. Peut-être une autre facette due à son métier. Quinn se mit alors à lui répondre. Visiblement ses parents avaient été plus cool que ceux d'Imran. Plus jeune, il se souvient qu'il s'en prenait plein la tronche. Une longue histoire, la vie de l'ancien écrivain. Très longue. Une question lui trotta alors dans la tête. C'était idiot, mais il se souvient que les capacités et l'intelligence de Quinn était une évidence dans ses lettres. Pourtant, elle n'était pas dans une profession très difficile - pour Imran. Il voulut alors en parler, mais ça l'avait amené encore plus loin. Les lettres de Quinn. Quelque part dans la maison.
Il fit signe que oui de la tête, vu Quinn cela l'avait perturbé. Elles étaient devenues précieuse. La plupart des lettres de Quinn étaient dans une boite. Presque quatre ans de correspondances incroyables. Après avoir passé un an à écrire et à prendre son père en justice. « Bêtise Humaine» voit le jour au début de l'année 2009 et la première lettre de Quinn débarque. Quelle lettre ! Puisque, très vite, avec le succès et la haine en lui, il sort un second roman. Une histoire clairement dédié à la femme de sa vie et les lettres continuent ! Imran s'était fait un nom chez les écrivains, un nom qui faisait qu'il avait fini par recevoir de nombreuses lettres. De nombreux emails aussi. Et puis milieu 2010 est là et « - L'ivresse de nos âmes. » sort comme un recueil de petites nouvelles exploitant toutes ses rencontres qui avaient changé sa vie. Imran est rapide, il sait ce qu'il doit écrire et comment. Il travaille dur et en quelques mois, avant que celle qu'il aime lui dise oui, il se change les idées avec des histoires non-élucidé, sordide qu'il tente par son esprit de résoudre à lui tout seul. Un des meilleures succès de l'année 2010, surtout en Inde puisque la plupart de ses recherches parles de crimes qui ont eu lieu non loin de chez lui. Début 2011, on parle d'un film sur le premier roman de l'écrivain. Quinn est toujours là, avec ses lettres ne manquant pas de le faire rire parfois tellement elle a de l'esprit. Imran écrit des poèmes, cherchant a exploité de nouvelles choses. Il voyage pour faire la promotion de « Laissons mourir les petits oiseaux blancs. » qu'il écrit en deux mois, voire moins. Un tout petit recueil qui touchera pas mal de monde par sa finesse et sa douceur, rien avoir avec l'ouvrage précédent. Et Minissha lui dit oui.
Il fait la une des journaux avec sa future femme, styliste de renommer. Paris, Rome, Tokyo, quelques week-ends à deux qui l'inspire et l'encourage à continuer. Les lecteurs se sont habitués à un rythme, à des nouveautés, des changements constants chez lui. Il emménage chez sa future femme et reçoit la dernière lettre de Quinn alors qu'il vit chez Minissha. Seule lettre qu'il garda sur lui pour la lire dans son nouveau bureau, seule lettre qui termina dans les flammes quand après la mort de Minissha, il brûla la maison. Unique lettre au quelle Quinn ne reçut jamais de réponse. C'était en décembre 2011.
Après ça, plus de nouvelle. Imran l'écrivain était mort.
Un sourire s'afficha sur le visage d'Imran, face à Quinn qui s'était redressé un peu trop perturbé par cette annonce. « - Si tu cherches bien dans le salon, elles doivent être quelque part. » Bonne chance vue l'état de la pièce. Et surtout de la maison. « - Pour être honnête, quand j'ai reçu ta lettre, c'était.. » il joua quelque notre de piano avant de se tourner vers Quinn. « - Je ne sais pas comment l'expliquait. J'ai lu et relu ta lettre pendant presque... je crois deux semaines. Et quand un matin je me suis enfin décidé à te répondre, j'ai compris. » Il continuait à laisser ses doigts se balader sur les touches, tout en fixant la jeune fille. « -J'ai compris qu'écrire, c'était ce que je préférais faire le plus dans ce fichu monde. » Un sourire triste s'afficha sur son visage avant qu'il repose son regard sur les touches du piano. Quand la lettre de Quinn était arrivée, Minissha allait se marier avec un autre, autant dire qu'il avait le coeur brisé, mais que Quinn, sans le savoir, avait réussi à lui remonter le morale. Il s'arrêta alors.
« - Une fois, j'ai reçu un sac rempli de lettre, tu sais ce que j'ai fait ? J'ai tout renversé par terre en me disant que la plus grosse serait surement la tienne. » Un plus gros sourire s'afficha, c'était tout con à l'époque quand il s'était jeté sur le sac et ce, devant son éditeur qui le regardait perplexe. Il avait parfois prit de temps à répondre à d'autre, mais jamais avec la même intensité et la même honnête avec laquelle il répondait à Quinn. Maintenant, elle devait surement se demander pourquoi il ne lui avait jamais répondu. Sans doute avait-elle aussi entendu parler de cette étiquette de malade mental qu'on lui avait collé. Du fait qu'il avait passé presque un mois enfermé chez lui sans jamais sortir, du fait qu'il avait brûlé la villa dans laquelle il avait vécu avec Minissha. Du fait qu'il avait tenté de s'enterrer vivant à ses côtés alors que « Mr Johar. », le film qui reprend « Bêtise Humaine », ce livre sur sa vie, sortaient au cinéma un peu partout dans le monde.
« - J'ai souvent voulu te répondre, mais ta lettre à brûler alors... » Il haussa les épaules, comme si ce n'était pas sa faute. Mais tellement de chosesavaient brûlé ce soir-là que faire une liste était impensables. « - Et comme tu me manquais, j'ai décidé de venir dans ta ville. » pure blague, il n'avait jamais capté qu'elle vivait ici.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mar 12 Juin - 23:04
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Imran avait gardé toutes mes lettres. Toutes. Ces lettres, à la fois si longues et si soignées que s’en devenait ridicule, que j’avais envoyé sans espérer la moindre réponse. Ces lettres, celles-là. Mes lettres. Je me sentis à la fois fière et légèrement sceptique, tandis que je me redressai sur le canapé. Je ne pus m’empêcher de lui demander confirmation, tellement cela me semblait étrange, comme si j’avais pu mal entendre ce qu’il m’avait dit.Imran me répondit qu’elles étaient quelque part dans le bordel du salon, et je lui donnai pour toute réponse un vague geste de la main – je ne voulais pas les retrouver, après tout. Cependant, l’image que j’avais de lui ne me permettait pas d’admettre cela, ce fait. J’avais toujours été persuadée qu’il faisait parti de ces hommes qui avaient tendance à laisser le temps agir, à perdre au fil des semaines les choses qui avaient un jour constituées un présent pour ne plus être qu’un vague souvenir du passé dorénavant. Dans mon esprit, Imran ne conservait pas les choses. Elles lui glissaient entre les doigts comme les minutes qui s’écoulent, comme la vie s’essouffle. Apparemment, je m’étais trompée. Mais peu importe. Je commentais à ma manière ce que les lettres que j’avais pu lui envoyer représentaient pour moi – tissus d’imbécilités ! J’étais jeune, à l’époque, même si cela remontait à seulement trois ans ou un peu plus. Parfois, quand j’y repensais, je me demandais comment il avait pu réellement me prendre au sérieux et me répondre. Comment il avait pu m’accorder de l’attention. Dans mes lettres, je n’avais jamais cherché à cacher mon âge, ni même mes études, ou ma vie. J’avais été la plus franche possible avec lui, tout en lui montrant à un quel point son œuvre m’avait fait réfléchir, à quel point certains passages m’avaient interpelé, à quel point son roman, devenu bestseller, m’avait permis de sortir de penser à autre chose pendant des jours et des jours. J’avais été maladroite. Si c’était à réécrire, je remanierais tout. Même si j’étais âgée de trois ans de plus seulement. « Pour être honnête, quand j'ai reçu ta lettre, c'était... Je ne sais pas comment l'expliquer. J'ai lu et relu ta lettre pendant presque... Je crois deux semaines. Et quand un matin je me suis enfin décidé à te répondre, j'ai compris. » Il marqua une pause, ponctuée de note de piano. « J'ai compris qu'écrire, c'était ce que je préférais faire le plus dans ce fichu monde. » Il s’arrêta, me lançant un petit sourire triste. Je restai là à le regarder pendant quelques instants, la tête dans mes mains, mes coudes appuyés contre mes genoux. Je me perdis peu à peu dans mon esprit, me demandant ce que j’avais pu écrire pour qu’il comprenne quelque chose de cette ampleur. J’essayais de comprendre moi-même ce que j’avais fait. Dur. « Et le pire c’est que tu es doué. » commentai-je. Il y avait des personnes qui adoraient faire une chose, mais qui n’étaient pas fait pour. Il y avait une centaine de chanteur et d’artistes en tout genre comme cela. Imran, lui, avait eu la chance d’aimer écrire et en plus d’avoir un style tout particulier. Après on se demandait pourquoi je le harcelais – ou presque – mais il fallait un peu lire ses livres, quand même, pour comprendre. J’avais parfaitement raison, dans ma lutte acharnée ! Quelque part, cela me flattait encore plus. Mais je le gardais pour moi, pour une fois. Il me raconta alors une anecdote, qui me fit sourire. Renverser tout son courrier pour y trouver la plus grosse enveloppe ! Cela lui ressemblait tellement. Je levai les yeux au ciel, même si au fond, je savais que c’était vrai. Mes lettres étaient à chaque fois lourdes, imposantes. Dans des enveloppes A4 marron, puisque l’épaisseur du papier refusait de se plier pour entrer dans une enveloppe de taille normal. Toujours une ribambelle de timbres, tous alignés les un après les autres, chiffrant des sommes trop importantes. Je n’ai jamais fait dans la demi-mesure. Surtout pas à cette époque là. « Et moi, ma mère ne regardait même plus à qui tes lettres étaient adressées avant de me les donner, puisqu’elle les reconnaissait tout de suite. » Nostalgie. « J'ai souvent voulu te répondre, mais ta lettre à brûler alors... Et comme tu me manquais, j’ai décidé de venir dans ta ville. » Je levai les yeux au ciel, puis saisis un coussin avant de lui envoyer à travers la pièce. Je le loupais de dix bons centimètres, mais il avait compris le message. Je ne pus cependant pas m’empêcher d’esquisser un sourire. Ainsi, ma lettre avait brûlé quelque part, entrainant alors l’absence totale de réponse. Cette excuse me convenait. J’avais toujours pensé qu’il avait fini par en avoir marre de notre correspondance, ou de tout simplement ne plus avoir le temps de consacrer du temps à une jeune femme encore à moitié dans l’adolescence. C’était compréhensible. De toute manière, chaque chose avait une fin. Notre échange aurait fatalement arrêté d’exister, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Même ma mère avait remarqué que je ne recevais plus de lettres de lui. Elle m’avait fait la remarque par elle-même il y a une poignée de mois. « Arrête, c’est carrément flippant de t’avoir retrouvé dans la même ville que moi. J’ai presque cru que tu me traquais. J’étais à deux doigts d’aller porter plainte au commissariat pour harcèlement. » dis-je en me levant. Je m’accroupis juste en face de la table basse, puis commençai à soulever des papiers dans l’espoir de trouver ne serait-ce qu’un vestige de mes lettres. C’était à la fois un moyen d’occuper mes mains et mon esprit. Et aussi de vérifier ses dires. Quand même. « J’ai le droit de demander comment ma lettre a trouvé la mort au beau milieu des flammes ou j’entre en terrain sensible ? Ne me dis pas que tu as renversé une bougie dessus sans faire exprès je ne te croirais pas. Ou alors c’est un attentat envers mes élans d’intelligence. » Toujours dans mes recherches, je feuilletai divers bouts de papiers d’un air distrait. J’agissais comme chez moi, mais Imran devait être habitué maintenant, à mes comportements familiers et tous mes défauts déplaisants. Tout ce qui est aux personnes que je connais m’appartient. Ce n’est pas nouveau. En continuant mes fouilles, je ne pus m’empêcher de noter que c’était quand même un incroyable bordel. Je ne pourrais certainement pas vivre là-dedans, et l’envie de tout bazarder me pris à plusieurs reprises. Un de ces jours, je finirais par craquer, et je ferais un grand ménage de printemps dans les affaires d’Imran. Quitte à me faire gueuler dessus, mais qu’il vive au moins dans un endroit décent. « Tiens, une facture d’électricité. Tu sais, si j’étais toi, je ne laisserais pas trainer ça avec… avec quoi ? De la pub. Un cendrier. Du bordel. C’est franchement une mauvaise idée, si tu vois ce que je veux dire. » dis-je en tirant la feuille qui était juste en dessous. On dit souvent que notre environnement reflète l’état de notre esprit. Il devait y avoir un sacré bordel dans le cerveau d’Imran, à la réflexion.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Ven 15 Juin - 22:21
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Il voulait éviter de parler de ses livres, de l'écriture, mais c'était impossible. C'était comme vouloir que le temps s'arrête et que l'on reparte en arrière. C'était trop demandé. L'écriture avait pris une tel place dans sa vie qu'il était impossible pour lui de l'oublier complètement. La sensation qu'il avait à la vue d'une feuille blanche se remplissant de mot était unique. Et éternel. Posé près du piano, Imran tentait d'être honnête avec Quinn, comme avec chacune de ses lettres. Il voulait se calmer et ne pas s'énerver, refouler cette frustration et faire passer le temps.
Calmement et lentement, sans aucune accroche. Parce que Quinn n'avait pas besoin de le voir dans ses états de détresse. Dans ses moments de colère comme dans ses moments de tristesse. C'était des instants qu'il voulait éviter. Il aimait le regard qu'elle posait en le regardant. Cette touche d'admiration et cette étincelle. Cette chose qui prouvait qu'elle avait plus d'espoir en elle qu'Imran dans toute sa vie. Il avoua alors, jouant ses doigts sur le piano, que la première lettre de Quinn lui avait fait comprendre à quel point écrire était ce qu'il aimait le plus au monde. Elle commenta le tout en affirmant que le pire c'est qu'il est doué. Automatiquement, il détourna le regard lançant dans un murmure qui ne visait que lui-même :
« - J'étais doué. »
Son sourire laissa de nouveau place à la mine qui lui colle si bien à la peau. Reposant ses yeux sur les touches de bientôt, comme ailleurs. Pendant un moment d'ailleurs, il n'était plus à Arrowsic, dans cette ville du Maine. Non, pendant un instant, une fraction de seconde auquelle le silence avait laissé place à la mélodie de l'instrument, il se serait cru dans sa villa à Mumbai. Le bruit de vague au-loin caressant ses oreilles. Mais la réalité l'avait vite rattrapé. Il sentait légèrement nostalgique en racontant certain moment, mais quand on dit adieu à la vie, comme le faisait actuellement Imran, prendre le temps de dire Au revoir était d'un énorme réconfort. Et cela faisait déjà quelques mois qu'il disait adieu sans que personne ne s'en rendre compte. Dans sa logique des choses, c'était très romantique. Sauf qu'il n'allait pas mourir au bord d'une falaise sous un jour d'orage. Se souvenir de la correspondance avec Quinn était également d'un réconfort sans pareil. Ça lui prouvait qu'il avait toujours su trouvé une issuede secours, un Boué. Une alternative à la vie malgré la peine qui le hantait. Il avait toujours trouvé comment remonté la pente, comment aller de l'avant, peu importe les circonstances. Il se demandait parfois, dans de long instant de solitudes, si aujourd'hui il y avait encore de l'espoir pour lui. Parce que pour la première fois dans sa vie, il avait l'impression que c'était fini.
Oui, c'était bientôt la fin et il pouvait essayer de sourire davantage car chaque jour un peu plus le rapprocher de son aimé.
Il décida de blaguer en disant que comme Quinn lui manquait, il était venu à Arrowsic. Il y avait de fortes chances qu'en entendant ce couple parlait de la ville à l'aéroport, ce soit son subconscient qui l'avait guidé en se rappelant que la belle petite Quinn était dans le coin. C'était des choses qu'il ne pouvait pas prouver, mais que son instinct de psy lui disait. Et encore, il y avait d'autre personne qu'Imran avait retrouvé ici. C'était peut-être la meilleure chose qu'il ait faite durant ses derniers mois. S'installer ici.
Il évita alors le cousin que Quinn venait de lui envoyer. Suivant l'objet du regard. Voilà encore une chose qu'il ne remettrait pas à sa place. Ce qui le fit sourire parce qu'il était persuadé qu'à un moment où à un autre les cousins finiraient par servir à autre chose qu'à traînait là. Quinn avoua qu'elle avait hésité à aller voir les flics quand elle avait su qu'il était là. Elle s'était alors levée et Imran lui envoya un regard très sérieux.
« - Y'a des moments, je me demande si tu plaisantes ou si tu es sincères. J'espère pour toi que tu juste une mauvaise blagueuse. » Il se leva à son tour, il y avait un pouf de l'autre côté de la table - oui, il y 'en a des choses dans ce bazard. Visiblement, Quinn avait envie de se lancer dans l'aventure. En mode Indiana Jones chez Imran Johar. Ou comment s'asseoir sur un pouf et se rendre compte que juste en dessous, il y a un fer à repassage. Il posa d'ailleurs l'objet sur la table, un peu perplexe de la trouvaille. Il en avait donc acheté un autre pour rien ? Quinn se demandait alors si elle pouvait avoir une réponse. Comment sa lettre avait brûlé. Il regarda alors autour de lui, parce qu'il avait gardé pas mal de magazine, mais visiblement le carton qui contenait des journaux était à l'autre bout. Alors tant pis.
« - J'aimerais dire 'non' mais connaissant tes capacités à préserver dans des choses inutiles, je vais te révéler que j'ai brûlé ma maison. » Il avouait ça comme si c'était normal, mais en réalité ce n'était pas le cas. C'était l'une des choses les plus horribles qu'il avait faites. Brûler la ville où il avait vécu les plus beaux jours de sa vie. La villa de Minissha. « - ça doit être pour ça que l'assurance à refuser de me payer. » dit-il comme si cela avait vraiment d'importance. Il se laissa alors tombé en arrière. Quel grand pouf confortable n'empêche. Vu tout ce qu'il y avait par terre et sur les meubles, c'était peut-être une évidence si Imran ne faisait pas le grand ménage. En même temps, cela ne fait pas des lustres qu'il est ici et cette petite maison était déjà pas mal meubler quand il était arrivé. Il se releva alors, s'étirant un peu. Quinn lui tendit alors sous les yeux une facture.
« - Oh, je vois. » Il prit la facture et l'envoya derrière lui, comme s'il balançait une canette. Et la lettre tombât mollement contre d'autres objets. Dont une statue de Ganesh. Là, par terre. Un objet qui appartenait à sa mère. « - J'suis dû genre client chiant qui aime bien qu'on l'appel pour lui dire de payer ses factures. » Il affichait un gros sourire. Il se rappela Alors où il avait laissé le carton avec « Affaire du connard d'écrivain ». En même temps, c'était tellement idiot. Il s'approcha de Quinn, s'appuyant contre la table base. « - Si c'est tes lettres que tu cherches, je crois me souvenir d'où je les ai abandonnés. » il s'amusa avec ses sourcils comme si c'était un jeu.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Mar 19 Juin - 23:17
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Je menais mes recherches sans sa permission, sans qu’il ait son mot à dire sur mes petites enquêtes. Je fouillai dans tout ce qui me tombait sous la main, ce tout qui était à la fois le bordel d’Imran, les affaires qu’il avait entassé là sur cette table, mais aussi son esprit. Le mien, par la même occasion. C’était étrange, la symbolique que cela pouvait avoir. Je poussai tous ses papiers afin de mettre la main sur les choses que j’avais pu rédiger quelques années plus tôt, mais dans un sens, je touchais à bien plus. Je ressassais beaucoup plus d’évènements. Sous mes doigts, j’avais la vie d’Imran, l’existence de cet écrivain, une période de ce qu’il avait pu vivre qui se dévoilait sous mes yeux, entre mes paumes. Factures, publicités, cendrier, papiers chiffonnés. Toutes sortes de choses qui finissaient par représenter leur propre souvenir, leur propre histoire, avoir leur propre aspect de la vie d’Imran. Raconter quelque chose de différent. Être un morceau du puzzle. Certaines personnes auraient été terriblement gênées de pénétrer ainsi dans l’esprit de quelqu’un, dans son jardin secret et dans ce qui pouvait bien se passer dans sa vie, mais je n’étais pas comme ça. Je ne connaissais pas de limite quand on me parlait de choses personnelles, quand on me parlait de privé. Toutes ces notions m’échappaient. Ou plutôt, je ne leur apportais qu’un intérêt limité. Je n’avais pas de jardin secret, à proprement parler. Les gens lisaient en moi comme dans un livre ouvert, et je disais bien souvent tout ce que je pouvais penser ou ressentir à voix haute. Les autres n’avaient pas à me cacher des choses. De toute manière, à Arrowsic, il n’y a pas de place pour les secrets, les non-dits. Bien souvent, notre voisin est au courant avant nous des évènements de notre vie. Il me fit des remarques. Il ne savait pas quand j’étais sérieuse ou quand je rigolais. Je levai les yeux au ciel, haussant tout simplement les épaules, avant de reprendre mes recherches comme si rien n’était. Je n’étais jamais sérieuse, ou pas souvent. Imran se leva, puis vint près de moi, et retira un fer à repasser de son pouf avant de s’asseoir dedans. Je m’abstins de tout commentaire, malgré un léger sourire qui vint décorer mes lèvres. J’avais beau savoir pertinemment qu’il était quelqu’un de marginal, complètement décalé et bordelique au plus haut point, mais il réussissait toujours à me surprendre. A m’amuser. C’était pour dire. Je lui demandai alors dans quelles circonstances ma dernière lettre avait brulé, ajoutant une touche d’humour à ma manière, persuadée que je mettais les pieds dans le plat et que je rentrais dans un terrain miné. Cependant, cela chatouillait ma curiosité. Encore. « J'aimerais dire 'non' mais connaissant tes capacités à préserver dans ta tête des choses inutiles, je vais te révéler que j'ai brûlé ma maison. Ca doit être pour ça que l'assurance à refuser de me payer. » Je relevai la tête pour l’observer, les sourcils froncés. J’étais incapable de dire s’il se fichait de moi ou s’il disait la vérité. Mon fort intérieur penchait pour la vérité, parce qu’à force de parler avec lui, je savais qu’il disait souvent les véritables faits de but en blanc sans chercher à ne pas me choquer. Cependant, mon sens moral me retenait de complètement le croire. C’était comme admettre qu’Imran avait bel et bien un problème. « Mon pauvre Imran. T’inquiète pas, je suis sûre qu’un jour tu réussiras à faire comme tout le monde. Genre, vendre une maison quand tu veux déménager au lieu de la brûler et te mettre les assurances à dos. Toute cette routine quoi. » dis-je tout simplement. Mes remarques étaient parfaitement normales, après tout. Parfaitement ! Pourquoi fallait-il que je m’éloigne autant du portrait de ces personnes normales et civilisées ? A ma place, je suis sûre que Billie aurait appelé un commissariat. Ou serait parti en courant. Ou aurait fait appel à un hôpital psychiatrique. Moi ? Je faisais une remarque guillerette et m’afférais dans mes recherches sans même relever que ce n’était pas normal. Et je lui brandissais une fracture d’électricité sous le nez. Facture qu’il s’empressa de jeter par-dessus son épaule en disant qu’il aimait bien qu’on lui réclame les choses. Je levai simplement les yeux au ciel avant de passer à la feuille d’en dessous. Après tout, c’était ses problèmes. Pas les miens. Et puis, c’était Imran. D’une manière inexplicable, il réussira à s’en sortir de toute manière. « Si c'est tes lettres que tu cherches, je crois me souvenir d'où je les ai abandonnés. » Je m’arrêtai immédiatement. « Depuis tout à l’heure tu me regardes chercher comme une idiote alors que tu sais où elles sont ? » articulai-je lentement pour donner du poids à mes paroles. Je lâchai instantanément tout ce que j’avais dans les mains, et les feuilles s’écrasèrent pas terre. Aussitôt, je les récupérai pour les remettre tant bien que mal sur la table, mais le rendu faisait encore plus bordelique qu’initialement. Je lançai un sourire d’excuse à Imran, même si je me disais qu’au fond il devait n’en avoir rien à faire. « Désolée, elles sont tombées toutes seules. » dis-je. « Bon. Tu me dis où elles sont ? Ou bien tu veux jouer à froid-chaud ? » Mon visage s’illumina. Je me redressai directement, me levant tant bien que mal, et je posai mes mains sur mes hanches en attendant. Ce jeu, j’avais vu mes élèves y jouer un million de fois. Tu désignes quelque chose, je le cherche. Quand je suis loin je suis glacial, et quand je suis près je chauffe. Quand je l’ai trouvé, c’est brulant ! Normal, parfaitement normal. J’allai jusqu’à la télévision, et je désignai le bazar qui régnait là. « Alors, là, je suis glaciale, tiède ? » demandai-je. Bonjour, j’avais vingt-deux ans. Mais je n’ai jamais prétendu avoir atteint la maturité de cet âge là.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Jeu 21 Juin - 14:29
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Chez Imran. C'était un grand mot. En réalité, ce n'était même pas sa maison puisqu'Arrowsic n'était qu'une destination finale dans sa vie. Il avait débarqué dans la ville avec un sac de voyage. Rien de bien extraordinaire. Puis il avait loué cet endroit et fait avait fait en sorte que ce qu'il avait laissé derrière lui le rejoigne ici. Ainsi, quelques affaires de New York. De sa vie à travers le monde, voyageant à travers des inconnus, découvrant des pays et allant même jusqu'à faire n'importe quoi juste pour oublier qui il était et ce qu'il avait. C'était une vie de nomade, il lui arrivait de dormir parfois à la belle étoile, mais s'était payé un appartement à New York pour y faire des pauses entre chaque nouveau vol et ainsi gardé un minimum d'équilibre. Des magazines, des photos, des dvds, un paquet de carte de las vegas, des serviettes d'un hôtel de luxe de Los Angeles, bref. Il avait tout balancé dans des boites et arriver à Arrowsic, il avait un peu tout laissé dans le salon. En dehors de ses vêtements. Et puis il y avait ce qui était resté dans la poussière de sa villa à Mumbai. Tous ses livres, ses beaux vieux livres. Il y avait même un carton avec ses meilleurs sujets. Ceux qu'il avait adorés soigné dans son bureau de psychiatre. Des cas uniques, exceptionnelles que tout psychiatre aime garder près de soi. Il y avait aussi des objets. Des babioles inutiles. Des vases, des lampes, un tapis roulé dans un coin du salon. Bref, une véritable caverne d'Ali-baba qu'Imran allait surement devoir ranger quelque part un jour. Comme ce ukulélé posé sur le piano. Un souvenir d'un week-end à Tahiti.
La vie d'Imran était entreposée là. De son enfance - parce que la maison familiale avait été vendu par son père avant que celui-ci se retrouve en prison. Du coup, dans la ville à Mumbai le bazart et encore bien pire. Avec les affaires de sa mère, sa soeur entreposée partout. Mais il avait fait le tri avant d'emménager chez Minissha. Les photos d'enfance, les vidéos et vieux jouets d'Imran. Au fond, c'était important pour lui. Il n'avait pas eu le temps de les emmener jusqu'à la villa où il avait vécu avec Mini, du coup il avait tout renvoyé ici. A Arrowsic. Parce qu'il voulait tout regrouper. Après tout, comme il le disait si bien, c'était sa dernière destination. Quinn allait sûrement en trouver des choses, des objets qui racontait des choses sur l'écrivain qu'elle appréciait tant. Imran avait déjà commencé à ranger certaines choses, la preuve dans son bureau. Entre l'argent de ses livres, celui de la marque de tissu de luxe qu'il avait repris de son père et son métier, il en avait de l'argent. Ce ne fut donc pas difficile de faire voyager d'un continent à l'autre. C'était dommage que le plus beau passage de sa vie aient brulé loin dans la ville humide de l'Inde. Dommage pour Quinn. En tout cas, ça ne le dérangeait pas qu'elle se mette à chercher. Au fond, il n'avait rien à cacher à Quinn. En dehors des médicaments qu'il devrait sérieusement entreposer quelque part ailleurs quand dans le couloir près de sa chambre, à l'étage.
En parlant d'ordonnance, en voilà une posé entre un magazine de pêche et une cassette. Non mais qui a encore des cassettes chez lui ? Il s'était donc posé en face de Quinn. Il lança alors comment la lettre de Quinn avait brulé. Il allait lui épargner les détails. Les cris, la haine, la sensation que tout est que mensonges autour de soi, le fracas de tous les objets qu'il balançait. Pire qu'une crise de chanteur de rock'n'roll dans un hôtel de luxe. Elle l'observa alors un moment. Il se laissa tomber alors. Elle n'avait pas tort. Un jour, il arrivera peut-être à être quelqu'un de normal. Sa remarque arracha un léger sourire à Imran qui se releva pour s'étirer un peu.
« - Sans doute. » Il regarda alors à sa droite, pour voir ce qui se trouvait là. « - J'te ferais lire le magazine qui a comme couverture ma belle villa flambant dans la nuit. » C'était sans doute exagéré et pourtant, il avait gardé tous ses magazines où on parlait de lui comme du pauvre écrivain maudit qui allait finir ses jours sous un pont, pendu. Ce n'était pas très glorieux, mais connaissant la curiosité de Quinn, autant qu'un magazine lui raconte ce que son cher écrivain est devenu. Elle lui brandit alors une facture qui traînait là et Imran lui fit comprendre à quel point il s'en fichait pas mal. Et ceux avec un beau sourire comme ci c'était très naturel de faire ce genre de choses.
Non, mais quel mauvais exemple ! Il comprit alors qu'elle cherchait sans doute ses lettres et lui en fit la remarque. Vu la réaction de la jeune femme, il avait touché juste. Il fit signe que oui de la tête pour répondre à sa remarque. Ça l'amusait. C'était idiot et assez immature, mais ça l'amusait. Elle fit tomber alors ce qu'elle avait dans les mains puis tenta de tout remettre sur la table. Elle s'excusa, ce qui fit rire Imran. Il avait l'impression d'être dans Friends. Lui c'était Joey et elle Rachel. Et c'était l'épisode où celle-ci emménageait chez lui. La vie chez Joey elle est cool. Elle fit tombait ses spaghettis à la bolognaise sous ses yeux et s'excuse et lui, pour lui faire comprendre qu'il s'en fou prend de sa fourchette un bon paquet et le balance par terre. Amusée, Rachel en balance d'autre, mais Joey l'arrête. On ne gaspille pas et récupère de sa fourchette ce qu'il avait fait tomber auparavant pour le remettre dans son assiette.
Bon, Imran n'était pas si crade. Mais sur le coup, il y en pensa. Quinn lui lança alors s'il voulait jouer à froid-chaud et avant qu'il ne réponde elle se redressa pour se balader dans la pièce. Grande pièce quand même.
« - Ok. » il afficha de nouveau un sourire sur son visage alors que Quinn. Elle alla jusqu'à la télévision, où un bon paquet de n'importe quoi traînait. Super. Imran fit mine de réfléchir. « - Hum, à ta place je ne sentirais plus mes pieds. Et puis recule. Je n'ai pas envie que la maladroite que tu es tombe sur ma superbe télé. » Il se leva à son tour - et manqua de peu de tomber comme un idiot à cause d'une balle de tennis. Sans doute qu'il avait récupéré lors l'un des match de Mattia. Le destin le punissait d'avoir menacé une gamine de 22 ans. Non, mais sa télé il y tient. Il fit signe à Quinn qu'il revenait, évita de marcher sur le carton des magazines, près de l'entrée de salon et tourna à droite vers la sortie de derrière. Il prit alors un tabouret dans le placard sous l'escalier et réapparut dans la pièce.
« - Bon, alors si je me souviens bien... » La télé était posé sur un petit meuble, en face du canapé. Et derrière c'était un peu bizarre. Il y avait une chaise à bascule - qui ne lui apparait pas. Un guéridon et un fauteuil en cuir. Et puis une longue commande qui prenait tout le mur. Un aquarium était d'ailleurs là, mais caché par un drap.
« - Oh, zut. Marcel. » Il se baisa pour prendre de quoi nourri le petit poisson rouge qu'il avait complètement oublié et redonna ainsi à manger à la pauvre bête. Il y avait deux grandes piles de livres, qui étaient là comme deux grandes tours. Des livres qui la encore ne lui appartenait pas, mais il s'était dit qu'il y jetterait un coup d'oeil un jour. Et pus, très haut. Il avait cette boite. Un carton assez gros. Comme une boite à chaussure, mais un peu plus grande. En bien plus grand, qui arrivait à tenir posé sur des piles de livres. En réalité, il y en avait deux. Il se souvient les avoir posés là pour éviter qu'elle soit touchée par une inondation. Au cas où. Il monta sur le tabouret avant de dire :
« - Tiens, par ici c'est brulant. » Les boites étaient fermées. Il attrapa celui qui était le plus haut pour le donnait à Quinn qui pouvait désormais lire écrit dessus : Affaire du connard d'écrivain. En réalité, en plus des lettes de Quinn, il y avait des tas de choses de son bureau. Le premier exemple de son premier roman ou encore les premiers poèmes qu'il avait écrit. Un gros dossier avec les articles de journaux qu'il avait récupéré pour l'un de ses ouvrages. Vraiment n'importe quoi. Tout ce qu'il a pu faire avant d’emménager chez Mini, avant le receuil de poésie.
« - Amuse-toi. » Il attrapa le deuxième du même nom et descendit du tabouret.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Sam 23 Juin - 23:23
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Imran avait brûlé sa maison. C’était sûr et certain, maintenant qu’il m’avait parlé du magazine et donné quelques détails sur celui-ci, lui donnant ainsi toute l’ampleur que son geste méritait dans mon esprit. Il savait très bien que j’étais capable d’aller chercher au fin fond des archives se trouvant sur internet pour retrouver l’article dont il me parlait. Il savait très bien que j’étais capable, également, de retourner toute sa maison pour mettre la main dessus et voir de mes propres yeux qu’il ne me racontait pas n’importe quoi, que la photo était bien là, accompagnée d’un petit texte pour commenter lui donnant raison. Il savait très bien que c’était dans ma nature de fouiller pour me rendre compte des choses toute seule. Tout cela signifiait qu’il ne me racontait pas de mensonge, qu’il ne me faisait pas marcher comme il avait pu le faire quelques instants auparavant. Je n’avais même pas besoin de vérifier par moi-même. Il l’avait bel et bien fait. Automatiquement, je fronçai les sourcils. Cependant, je gardai pour une fois mes réflexions pour moi, et je ne laissais rien paraître lorsque je lui tendis une facture d’électricité. Cela pouvait être un simple accident. Je connaissais suffisamment Imran pour savoir qu’il était capable d’oublier une cigarette allumée en partant quelque part. Le feu aurait donc pu se propager plus vite qu’il ne fallait, et la villa aurait pris feu avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Il avait pu, également, faire tomber une allumette sur de l’alcool qu’il aurait renversé par mégarde, et aurait ainsi enflammé son bureau sans qu’il n’ait le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait réellement. Les possibilités étaient infinies, et je refusai de croire qu’il avait fait cela intentionnellement… Même si au fond, une petite voix me criait que c’était la solution la plus probable. Qu’Imran était parfaitement de faire un geste impulsif comme cela. Je soupirai intérieurement alors qu’il me disait qu’il savait où se trouvait mes lettres, et que je lançais l’idée d’un chaud froid. Je me levai, puis me dirigeai vers sa télévision en lui demandant comment j’étais. Proche ou loin, tiède ou froide. Je désignai le bordel qui s’y trouvait, et il s’empressa de répondre. « Hum, à ta place je ne sentirais plus mes pieds. Et puis recule. Je n'ai pas envie que la maladroite que tu es tombe sur ma superbe télé. » Je levai les yeux au ciel, même si au fond je savais pertinemment qu’il n’avait pas tord. Lentement, je m’éloignai du lieu – pardon, de sa superbe télé, puis retins un rire quand il faillit se ramasser par terre en se levant. Il pouvait parler, lui. J’étais peut-être maladroite, mais il n’arrivait pas très loin derrière moi dans le classement. « Et après c’est moi qui suis maladroite… » lançai-je alors qu’il était déjà parti. Qu’est ce qu’on pouvait faire de va et vient, aujourd’hui. Je le regardai revenir avec un tabouret dans les mains, puis se diriger vers un aquarium. Depuis quand Imran avait un poisson ? Et, depuis quand exactement avait-il oublié lui-même qu’il en avait un ? Les bras croisés, les sourcils relevés, je l’observai donner de la nourriture à son pauvre animal domestique – que je plaignais sincèrement… il n’avait certainement pas mérité son sort, le pauvre Marcel – puis reporter son attention sur autre chose. Il n’existait qu’il seul Imran sur Terre. Je défiais la population entière d’en trouver un deuxième comme lui. Le jeu trouvait déjà sa fin, puisque l’ancien écrivain semblait résolu à me dire où se trouvait mes lettres sans passer par la case je laisse Quinny chercher toute seule comme une grande. Imran devait certainement avoir peur de me voir casser un de ses précieux objets, même s’il ne semblait pas excessivement attaché à autre chose que sa télévision. Mais qui savait réellement ? Je pouvais toujours être surprise. « Tiens, par ici c'est brulant. » J’hochai la tête d’un air entendu, alors qu’il était sur son tabouret, à me tendre une boîte qu’il avait placé en hauteur. Je l’attrapai, puis observai avec attention les inscriptions qu’il y avait dessus. La boîte me semblait tellement lourde, alors qu’il attrapait la seconde en disant quelque chose en même temps que je me faisais cette réflexion-là. Affaires du connard d’écrivain. Je m’arrêtai net, le regard fixé sur les lettres. Imran, lui, était descendu de son tabouret, et ne menaçait plus de me tomber dessus à tout instant. « Si tu veux avoir mon avis, je ne pense pas que l’écrivain était un connard. Il prenait la peine de me répondre. Ca veut tout dire. » dis-je d’une voix distraite. Mon ton avait été comme si cette remarque était normale. Comme si toute cette situation était normale. Au fond, j’avais toujours été étrange, bizarre parfois. Imran était décalé également. Les gens comme nous ne pouvaient pas avoir de relations normales entre eux, ne pouvait pas partager des moments comme les autres : boire un café, s’emmerder à mourir, avoir une conversation sur l’averse qui a eu lieu la vieille. Nous étions faits pour entretenir des liens à la fois étranges et bizarres, comme nous. Un ex-écrivain avec une de ses lectrices, fans, admiratrices. Je ne savais même pas quel mot me convenait le mieux. Au fond, j’étais un peu des trois. Oui, nous étions définitivement décalés. L’avantage, c’est que la situation semblait normale pour nous. Surtout pour nous. Je m’assis à même le sol, puis posai en face de moi la boîte. Je soupirai avant de l’ouvrir, et de finalement apercevoir mes enveloppes. L’adresse d’Imran rédigé de mon écriture hâtive. « Elles ont pris la poussière, quand même. » dis-je. « Moi qui pensais qu’en les gardant, tu aurais été du genre à les conserver en très bonne état, à les dépoussiérer tous les soirs et à les vénérer comme si c’était la Bible. Qui sait, peut-être que dans une dizaine d’années elles vaudront une belle fortune. J’aurais peut-être du me lancer dans un livre d’analyse de tes écrits. J’aurais pu être millionnaire. » J’aurais pu faire également beaucoup d’autres choses, d’après mon entourage. Médecin, trader, avocate, juge, présidente. Tous ces espoirs que j’avais brisés en l’espace de quelques secondes, quand j’avais annoncé au monde – enfin, si Arrowsic pouvait être considéré comme le monde – que j’allais faire des études pour être dans l’enseignement. Pire que ça ! Dans l’enseignement primaire. Une véritable honte. Horreur. Désespoir. « Au lieu de ça j’ai fini Institutrice. » Triste fatalité. Je ne savais même pas si je voulais les lire ou non. Je ne savais même pas si je voulais les toucher. Les voir m’avait déjà suffisamment ramené de souvenirs. C’est pour cela que je ne touchai plus à la boite, me contentant de l’observer, mes genoux ramenés sous mon menton. Je devais avoir l’air bien, assise en plein milieu du salon d’Imran, à délirer à voix haute et à fixer une boîte contenant de lourdes lettres. La folie me guette.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Lun 25 Juin - 14:43
« Alors, la vie est belle ? » ♦ Chez lui - ARROWSIC.
Il l'avait brûlé, comme on aime effacer ce qui nous ronge de l'intérieur. Il l'avait brûlé parce qu'il y avait trop de bon souvenirs dans cet endroit. Trop de bonheur, de sourire, d'éclat de rire. Trop de joie, de moment à deux. Trop de choses qu'il ne pouvait plus revivre et ressentir. Il était blessé, triste au point où la conscience n'a plus le pouvoir sur nos actes. Imran savait que ce n'était pas une chose normale. Qui brûlait sa maison de nos jours ? En plus, il avait risqué que le feu se propage. La catastrophe si ça avait pris d'autre villa. Il n'y avait jamais pensé. Il ne s'était jamais rendu compte de la gravité de son acte, des problèmes et des conséquences. Il n'avait jamais pensé au fait qu'il y aura pu avoir des morts. Non jamais, même lorsque les magazines étaient sortis. Qu'il désignait Imran comme potentiel futur psychopathe, personne à caractère dangereuse et autre réflexion dans le genre. Même aujourd'hui, l'idée de l'effleurait même pas que son acte de démence auraient pu générer des choses horribles. Il en avait d'ailleurs parlé à Quinn en toute simplicité. Il n'était pas du genre à mentir sur ce genre de révélation, mais plutôt à jouer avec la manière de le dire. Il savait que le jugement de Quinn vis-à-vis de ça ne lui ferait rien. Il savait que de toute façon, il n'avait rien à perdre à avouer ce genre de choses.
Alors que Quinn s'était mis dans la tête de fouiller la caverne d'Ali baba version Johar l'ancien écrivain, Imran s'était décidé à la rejoindre. Au bout d'un moment le souvenir des cartons contenant les petites lettres de la demoiselle apparut dans l'esprit du psychiatre qui l'avoua à Quinn. Celle-ci décida alors de jouer. Il leva alors les yeux vers elle, la regardant vers le tour de la table pour se diriger vers la télévision. Comment pouvait-on définir ce lien qu'il y avait entre eux ? La question fit tilt bêtement dans sa tête sans trouver de réponses. Il n'y avait pas besoin de définir leur lien, parce qu'il n'y avait pas de nom pour. Il appréciait Quinn, aimait discuter avec elle, être à ses côté était toujours un plaisir et il y avait enfin quelqu'un dans cette ville qui arrivait à rentrer dans son jeu et même à le faire craquer lui. Elle était exceptionnelle la petite Quinn et il était évident qu'il s'était attaché a elle aussi vite qu'il était tombé amoureux de ses lettres. Là, ça télévision lui rappela les marques sur les genoux et les pommes de mains de Quinn. Il voyait bien la jeune fille marchait sur on-ne-sait-quoi et créer tout un mouvement de choses qui font qu'au final, il pourrait dire adieu au match de cricket en HD. Il se leva alors et manqua de peu de tomber. Il leva les yeux au ciel. C'était comme si le destin le ridiculiser pour que Quinn puisse lui envoyer une remarque.
Mais pas de temps à perdre, il avait bien envie de la laisser chercher un moment. Qu'elle tourne en rond et tout le blabla, mais il préférait lui passer les lettres directement. Histoire que la nostalgie les reprennent d'un coup, sans passer de nouveau par la case départ. Il alla donc chercher un tabouret pour atteindre des cartons plaisaient en hauteur. Il attrapa le premier qu'il donna aussitôt à Quinn et descendit avec le second. Il lui fit alors la remarque qu'elle pouvait s'amuser maintenant. Celle-ci fit alors une réflexion sur ce qui été écrit dessus.
« - Oh tu sais, j'ai toujours été un véritable connard, alors bon. » Il haussa les épaules avant de prendre place sur le tabouret. « - On va dire que tu es l'exception qui confirme la règle. » Il lui lança un léger sourire alors qu'elle prenait place à même le sol. Ouvrant la boite et trouvant ses lettres là où elles étaient censées être.
Quinn s'empressa de faire de nouvelle remarque. Les lettres avaient pris la poussière. En même temps voilà quelque année qu'il n'y avait pas touché. Qu'elles étaient restées sagement dans la boite sans bouger. Il laissa échapper un sourire. L'idée de les plastifier et de les garder précieusement comme si elle valait des millions, ce n'était pas si bête que ça. Elle ajouta alors qu'elle aurait pu se faire une fortune si elle s'était lancée dans un livre d'analyse des écrits d'Imran. Ce qui le fit alors rire. Mais vraiment. Ça lui rappelait une femme. En début d'année, elle était venue frapper à sa porte avec une demande de permission pour écrire un livre sur lui. Sur l'homme qu'il était. C'était une psychologue qui s'était plongé dans les livres d'Imran avec férocité. Pour se foutre de sa gueule comme il le faut, il lui avait dit d'écrire, qu'il lui donnerait sa permission juste après. Elle avait alors tenté de l'avoir en lui fournissant des pages qui parlaient de lui comme d'un dieu, alors qu'en réalité, elle avait écrit tout autre chose. C'était peu avant son mariage d'ailleurs. Il n'avait pas manqué de lui dire ses quatre vérités. D'autre avaient également tenté de sortir ce genre d'ouvrage, surtout après la mort de sa femme.
Il se calma alors, laissant Quinn finir ce qu'elle disait. Visiblement, revoir ses lettres lui rappelaient des choses. Et lança alors, qu'elle avait fini institutrice et la question qui était venue plus tôt à l'ancien écrivain refit surface comme par miracle.
« - D'ailleurs, pourquoi institutrice ? » Il était curieux, il se souvient que les lettres de Quinn avaient toujours témoignée d'une intelligence extraordinaire. Cette demoiselle posait devant lui avait sans doute les capacités pour faire ce qu'elle voulait dans la vie. Elle n'avait jamais parlé d'elle dans ses lettres. Enfin jamais explicitement. Du coup, il n'avait pas le moindre souvenir si elle avait un jour parlait de ça, de travailler comme institutrice. Il se laissa alors à son tour tomber par terre, se servant du tabouret comme support. Il s'amusa alors avec la boite en carton. Il n'osait pas toucher les lettres, puisqu'il savait qu'il risquait bêtement de replonger dans la lecture. « - Est-ce que ça te plait au moins ? » Tiens, subitement, il avait bien envie d'une cigarette.
Sujet: Re: « This is the worst idea ever. Let's do it. » △ IMRAN&QUINN. Jeu 28 Juin - 16:51
« THIS IS THE WORST IDEA EVER... BUT LET'S DO IT. »
▬ IMRAN&QUINN
Imran avait préféré griller quelques étapes et m’épargner d’une longue recherche dans toute sa maison pour finalement me donner ce que je souhaitais voir : mes lettres, ces écrits qu’il avait conservés avec le temps, malgré tous les tristes destins que j’avais bien pu leur imaginer quand je ne savais pas encore qu’il leur avait suffisamment attaché d’importance pour ne pas les jeter. J’avais eu faux sur toute la ligne. Je l’avais compris à l’instant même où il me l’avait balancé dans la conversation. J’avais su qu’il ne m’avait pas raconté de mensonges, que cette déclaration avait été sincère. Etrangement, avec lui, je réussissais facilement à démêler le vrai du faux, la réalité de ces délires. C’était comme si je réussissais à décoder la personnalité étrange qu’il avait, qu’au final, ce n’était pas si compliqué que cela de dire quand il était sérieux ou non. Comme si je le connaissais depuis des années… Ce qui, en soi, était vrai. Il ne faut pas sous-estimer l’importance d’une correspondance écrite, l’importance de ce que l’on peut apprendre grâce aux lettres et aux échanges. Certes, la communication écrite et la communication orale ne sont en aucun cas similaires : il est généralement beaucoup plus facile de mentir dans une lettre plutôt qu’à voix haute, beaucoup plus facile de se faire passer pour quelque chose que nous ne sommes pas. Cependant, l’échange que nous avions eu avec Imran était vrai, réel. Je n’avais jamais eu le sentiment qu’il y avait eu du faux, que ce soit dans ses lettres ou dans les miennes. Et au final, quand nous nous étions rencontrés pour la première fois, c’était comme si nous nous connaissions depuis des années. Comme si nous nous supportions depuis bien longtemps maintenant. Quand je me retrouvais avec le carton dans les mains, cependant, j’eus la confirmation qu’il disait la vérité. Toutes les lettres avaient été soigneusement rangées, classées par ordre d’arriver, et oubliées quelque part dans le bordel d’Imran. J’avais été aussi soigneuse avec les siennes, cependant, à mes yeux, elles avaient certainement eu beaucoup plus de valeur que pour lui avec les miennes : un écrivain m’avait répondu, m’avait accordé de l’attention… Et ce n’avait pas été n’importe quel écrivain. La seule différence dans tout ça était que je n’avais pas écrit Affaires de l’abrutie de jeune Quinn sur ma pochette de rangement. A la réflexion, j’aurais pu. Je n’avais pas pu m’empêcher de faire une remarque sur son magnifique connard d’écrivain… Parce que je n’étais pas d’accord. Parce que je disais à voix haute ce que je pensais. Parce que je trouvais que cette inscription n’avait pas lieu d’être, malgré tout ce que j’avais pu lui sur lui et sa vie privée, voir sur lui et sa putain de personnalité. « Oh tu sais, j'ai toujours été un véritable connard, alors bon. On va dire que tu es l'exception qui confirme la règle. » J’haussai les sourcils, tandis que l’ex écrivain s’asseyait sur le tabouret qui lui avait servi pour prendre de la hauteur. Entre temps, je m’étais retrouvée assise par terre, le regard sur la boîte ouverte, dévoilant ainsi ma première lettre, légèrement usée par les trois dernières années et les lectures, légèrement poussiéreuse, mais contenant toujours mes pages remplies de mon écriture toute en boucle. Je ne préférais pas relever et continuer sur cette conversation là, puisque nous n’en verrions pas le bout. Au lieu de cela, je me contentai de faire divers commentaires sur mes lettres, sur la (prétendue) qualité de mes analyses, sur le fait que j’aurais certainement gagné énormément d’argent en me lançant dans un livre autour de ses œuvres. Je délirai ainsi, le regard toujours vrillé sur le carton, incapable de prendre entre mes doigts cette première lettre que j’avais écrit avec un soin tout particulier, avec plusieurs brouillons raturés derrière ce propre. Je conclus même en disant que malgré toutes ces qualités évidentes – ou presque, bien entendu – j’avais fini institutrice en école primaire. Et il ne me loupa pas. Encore. « « D'ailleurs, pourquoi institutrice ? Est-ce que ça te plait au moins ? » Le regard curieux, il avait fini par descendre de son perchoir pour être à la même hauteur que moi, par terre. Je poussai un petit soupir en traçant les contours de la boîte en carton du bout du doigt. « J’adore ça. » dis-je en premier lieu. C’était la pure vérité. Les gosses avaient beau me rendre dingue de temps à autre à me répéter une centaine de fois les mêmes règles de conjugaison qu’ils ne réussissaient pas à intégrer dans leur cerveau, à me prendre la tête à propos de petits sujets insignifiants, mais j’aimais cela. Je les aimais, aussi, eux. Ils avaient un côté attachant. « J’ai sauté deux classes, Imran. On me voyait déjà faire de prestigieuses études dans une des plus grandes universités des Etats-Unis, mais la vérité c’est que je n’en avais strictement rien à faire. » lançai-je, le regard toujours rivé sur la boîte. « A quinze ans et demi, j’ai passé mon diplôme et j’avais seulement envie d’en finir avec les études au plus vite. » En racontant ce passage de ma vie, je n’étais pas sûre de la position qu’Imran prendrait. Serait-il plus comme mes parents, à dire que c’était du gaspillage d’intelligence, à toujours vouloir me relancer dans des études parce que rien n’est jamais trop tard ? Ou alors serait-il plus compréhensif, comme Lenny entre autre, en me disant que je faisais ce que je voulais tant que je ne regrettais rien ? Je relevai alors les yeux pour plonger mon regard dans le sien, fronçant les sourcils, tentant en vain de rentrer dans son cerveau pour observer ce qui pouvait bien s’y dérouler. « J’avais l’impression qu’Instit était une évidence. J’adore expliquer aux autres, être en contact d’autres humains. Franchement, tu me vois coincée dans un bureau, le nez collé contre un ordinateur, à surveiller les cours de la bourse ? Je suis plus faite pour avoir mon autonomie, ma classe, mes projets et mes propres objectifs. Pour l’instant ce métier me plait. Peut-être que dans quelques années je changerais, oui. Mais j’aime ça. Peu de gens me comprennent, d’ailleurs. » Mais au final, je m’en fichais complètement puisque j’avais toujours tendance à en faire qu’à ma tête. Les personnes qui me connaissaient vraiment bien avaient fini par le comprendre. « Et toi ? Ecrivain, psychiatre ? Un jour tu vas me sortir que t’es aussi marchands de glace et zoologue. J’ai tellement l’impression que tu fais tout à la fois. » le relançai-je d’une voix amusée. Parler de moi, c’était bien. Parler de lui, c’était mieux. Sa vie me semblait beaucoup plus intéressante que la mienne – plus dramatique, certes, mais cela faisait parti de sa personnalité complexe – et de toute manière, je n’aimais pas m’attarder sur ce genre de sujet, pour moi. J’avais toujours l’impression de devoir me justifier sans cesse, tellement cette question avait occupé ma vie pendant des mois et des mois, le temps que je me lance réellement dans des études pour travailler dans l’enseignement. Je reposai le couvercle sur la boîte, et l’attirai vers moi. Je lui demanderais de la garder, au moins pour le week end qui allait venir. J’allais avoir besoin de calme pour relire tout cela, et me sentir assaillir d’une nouvelle vague de nostalgie. Cependant, j’attendais encore un peu, le temps d’obtenir ma réponse.