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 Ҩ where no one can be found.

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MessageSujet: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMar 18 Oct - 21:52



full of life with the world that's wanting more

C’était étrange. Une impression de déjà vu mêlée à la crainte de l’inconnu. Le sentiment de familiarité croisé à l’émoi des débuts. Quelque chose d’irréel, de surréel, qui dépassait l’entendement. Ou peut-être n’était-ce là qu’un mirage, un effet de son imagination ? Une élucubration de son esprit. L’invention d’un monde souhaité depuis la plus tendre enfance. Mais ce n’est était pas moins perturbant. Un retour aux origines. Quelque chose de vrai, de puissant. De brute. Ses yeux se posaient partout, scrutaient la moindre teinte des murs, du plafond, analysaient la moindre trace sur le linoléum. Son esprit recherchait la moindre trace d’un passé oublié, enfoui au plus profond de son être. L’avocat aux airs expérimentés avait remplacé le garçon énergique, et quelque peu maladroit. Ce même garçon qu’il aspirait à intercepter dans les vestiaires emplis d’une génération nouvelle. Ce même garçon qu’il revoyait assis sur le porche de la maison. Ce même garçon qui claquait la porte de sa voiture en arrivant sur le parking et courait rejoindre une bande qui riait dans les recoins du bâtiment. Tandis que les souvenirs affluaient et l’abreuvaient du manque, il avançait lentement. Presque sereinement. D’un pas respectueux. Autour de lui, ce n’était pas un gymnase. C’était un sanctuaire. Le repère de ses jeunes années. Fermant les yeux, songeant aux souvenirs et aux longs entrainements passés dans cette salle, il méditait sur ces fameuses années. Elles s'étaient enfuies et il ne les avait pas retenues. Il s’était néanmoins raccroché, et voilà qu’il retrouvait un monde abandonné. C’était sa quête du Graal. Son chemin du Sacré.

Mû par une singulière manifestation le long de son échine, il s’approcha du centre du terrain. Se trouvait là un chariot où les ballons de basketball avaient été entreposés ; il n’avait qu’à tendre le bras. Le passé était à portée de main. Comme s’il s’agissait d’un rituel, il ne s’exécuta pas immédiatement. Une seconde. Deux secondes. Quelques pensées traversèrent son esprit ; il imagina un pacte : un ballon à travers les filets du panier et tout rentrerait dans l’ordre. Le sentiment s’était changé, transformé. Ce n’était plus la nostalgie du passé, plutôt la crainte d’un avenir incertain. New-York ne lui manquait pas, pourtant. Au contraire, sa vie était dans le Maine, là où il s’était toujours senti chez lui. Là où les gens le connaissaient pour ce qu’il était et non pour ce qu’il voulait qu’on ressente en le côtoyant. Néanmoins, les effets secondaires étaient non négligeables. Il songeait à l’un d’eux, particulièrement. Grande brune inoubliable, à la répartie surpassant celle d’un gradé militaire. Désireux de quitter la pente glissante, il referma ses doigts sur le cuir orangé. La sensation sous sa paume lui arracha un sourire. Ce n’était pas son sport de prédilection mais, à vrai dire, il s’occuperait avec n’importe quoi tant que la Revenante laissait un peu de repos à ses pensées.

Le mouvement était fluide, expérimenté. Comme une habitude. Il sourit, rattrapa le ballon et recommença une seconde fois. Puis une troisième. Il n’avait jamais compris les gens qui ne trouvaient pas de réconfort dans le sport. Il admettait que toutes les personnalités étaient différentes, mais pas que l’on pût rechigner face à la thérapie du ballon – rond ou ovale. C’était la raison de son ambition sportive à l’époque du lycée. Les terreurs de l’adolescence avaient terrassés toutes les certitudes que sa tante s’était employée à lui transmettre ; il avait, plus que jamais, ressenti le manque, la solitude, l’abandon. La mort de ses parents n’avait pas laissé une cicatrice ; c’était une plaie ouverte, en proie aux attaques extérieures. Alors il s’était protégé. En courant, il vidait son esprit. En réfléchissant aux stratégies, il avait transposé sa colère en rage de vaincre. En travaillant en équipe, il avait compris qu’il n’était pas seul. En y réfléchissant, chacun aurait pu deviner que la carrière d’avocat ne lui était pas destinée. Il s’y était lancé la tête la première. Dans un mur. C’était un défi. A toutes les mauvaises langues qui ne voyaient en lui qu’un gamin absorbé par une passion où l’on ne perçait que trop rarement, il avait lancé l’offensive : il était plus, et il le prouvait. Soudainement, le ballon rebondit contre l’anneau, retomba directement contre le linoléum sans être entré dans le filet. Elle était là. Il la sentait jusqu’à la plus infime fibre de son corps. Elle était partout. Dans sa tête, il revoyait le sourire lancé quelques jours plus tôt lors des retrouvailles. Son parfum lui faisait tourner la tête. Quant à sa voix, il l’avait si souvent entendue lui rétorquer quelques paroles cinglantes que jamais il ne l’oublierait. « On commence à apprécier les sportifs ? » lança-t-il en se retournant en direction de Sinaya. Elle était posée contre le chambranle de la porte menant aux vestiaires. Pendant un instant, il se demanda si elle était là depuis longtemps, mais il ne l’interrogea pas. Un sourire étira les lèvres masculines, tandis qu’il fit quelques pas dans la direction de sa collègue – ce mot fut difficile à penser. « Qui l’eût cru ? » Lui. Du moins, pendant une période, il avait vainement espéré qu’elle voie en lui plus que Mr le Quaterback.


Dernière édition par Reeven Maugham le Mer 19 Oct - 9:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMar 18 Oct - 22:56



Cette sensation lui paraissait étrange... Le parcours, d'une classe à l'autre, la laissait avec des souvenirs d'il y a quelques années mais, pourtant, ce fut, seulement, cette classe ci qui la mettait dans tout ses états. Cette classe où elle a vécu toute sa scolarité au sein de ce lycée. Cette classe où elle eut ressentie des sentiments tout particulier. La seule et l'unique qui la mettait en trouble avant que tout ne commence. La routine commençait par s'installer. Le matin, cette jeune femme arrivait une bonne heure avant tout le monde et préparait sa classe. L'après-midi, elle instaurait des activités pratiques servant à l'étudiant de se mettre dans le bain et de les préparer, pourquoi pas, à une future carrière artistique. Elle se plaisait à donner un nouveau visage à ce cours de littérature. Mais elle... cette place... Chaque jour, où elle se positionnait derrière son bureau, en face aux places des étudiants, cette seule et unique place ne cessait de l'intriguer et de retourner à l'époque de l'insouciance. C'est peine à croire. Elle se sentait menacée. Non, poursuivit... Pourchasser par lui. Chassant toute pensée de son esprit, cette jeune professeur s'installait à son bureau pour ne faire qu'une seule chose: des corrections. Ils sont importants même si les notes attribuées ne furent que des images mais qui, pourtant, rassuraient et étaient utiles pour ces jeunes adolescents. Entre des F, E, B+ ou même des C-, elle désespérait à ne pas trouver une seule note qui peut être dans la limite de l'excellence. Avant de s'endormir, elle réfléchissait. Comment pouvait-elle donner son cours et apporter un meilleur éclaircissement à ses élèves? Était-ce de sa faute? Manquaient-ils d'études? Ou, simplement, de compréhension? La lumière s'abstenait à s'allumer et à éclairer son esprit... Un soupir, puis un deuxième...

Elle était désolée. L'impuissance gagnait du terrain et persistait à obtenir son but afin de se déclarer vainqueur de cette bataille. Défaitiste, elle ne l'était pas. Combattante, c'est sa personnalité. Qu'importe les embuches que rencontre son travail. Qu'importe le désarroi qui l'emporte à ses corrections... Ses élèves étaient importants et donneraient, absolument, tout pour qu'ils réussissent une scolarité dans les limites de leur capacité. Ils avaient besoin d'encouragements, de se sentir compris: elle le ferait. Ce fut son boulot, son devoir envers eux. Un devoir qui allait prendre une année à lui seule. Une pause s'imposait, ses yeux se fermèrent. Tentant de vider son esprit, une image se dessinait dans son esprit. Grand brun, imposant, au regard mystérieux mais tellement séduisant. Sa vue se brouillait, cette image disparaissait. Sa tête fut secouée dans tout les sens. Ca ne devait pas arriver et ne se permettrait pas de défaillir à ce point. L'abîme l'attendra. La reprise, de ses corrections, fut recommencée. Elle prit l'habitude d'établir une comparaison entre les travaux de chaque élève. Ainsi, un graphique se proposait à elle. Diminuaient-ils? Augmentaient-ils? Ou, tout au contraire, stagnaient-ils? Une vue sur leur évolution scolaire, que peu d'enseignants, pratiquait. Quelque chose attirait son attention. Un élève, un jeune garçon, semblait bien comprendre la littérature et apportait des réponses sensées à chaque contrôle ou devoir. Sourcil froncé, l'étonnement prit sa place. Que se passait-il? Du jour au lendemain, ses notes ne furent plus ce qu'elles étaient. Comment une telle chose pouvait-elle se passer? La jeune femme se raccrochait aux souvenirs, se forçait à se rappeler les confidences qu'ils pouvaient faire. Puis, c'est là. Inscription. Entraînement. Basket. Lui, encore lui.

Inacceptable. Arriver à un tel point... C'est un affront. Ca ne devait pas se passer comme ça. Les études, de nos jours, sont tellement importants qu'il faut en profiter. La littérature pouvait lui permettre de réussir son année et de ne pas redoubler parce qu'il manque des notes, par ci, par là. Elle voulait sa réussite et l'obtiendrait. Les pas la guidèrent vers cet endroit. Un lieu où elle ne se souvenait de ne plus avoir mit les pieds depuis belle lurette. Tête haute, son assurance se distinguait, ses talons firent le bruit de ce gymnase silencieux. En colère? C'est si peu dire mais elle avait peur. Peur que sa colère se dissipe à la vue de son corps sportif, à la vue de son regard de braise... Le plus souvent possible, elle montrait à tous qu'elle n'était pas faible. Tout n'était qu'illusion ou, du moins, une image qui voulait se refléter et qui aboutissait à des résultats. Finalement, le corps de cette jeune femme s'arrêtait et s'adossait contre le chambranle de la porte menant aux vestiaires. Pendant l'instant où il ne la regardait, elle le regardait. C'était incroyable de ressentir ça. Il fallait que ça tombe sur elle. Les bras croisés, elle replaçait ses cheveux en arrière en un léger coup de tête. « Pas du tout. Mais, libre à toi d'imaginer la réponse. » Cette phrase eut l'effet d'étirer un sourire de ses lèvres et ne le quittait pas du regard. Son esprit était clair et vif. « Il faut croire que je deviens très proche des sportifs. » Prononçait-elle en un haussement d'épaule, ce sourire malicieux ne quittant pas ses lèvres. « J'aimerais savoir... Comment se déroule tes entraînements? » La première étape commençait par se mettre en place. Elle se décollait du chambranle, s'avançait lentement vers lui. « Explique moi. Je suis intéressée. Je m'interroge. » Sa recherche commençait mais, intérieurement, elle voulait savoir. Un sens pour se rapprocher, davantage de lui, sans qu'il ne le soupçonne? Peut-être...


Dernière édition par Sinaya Chamberlain le Mar 25 Oct - 20:16, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMer 19 Oct - 9:18



no more masks and no more parts to play

Alors qu’il abandonnait la diversion du ballon, ses yeux s’attardèrent sur la vision de la jeune femme. Elle s’approchait d’un bon pas, décidée. Soudain, elle retrouvait ses mouvements d’antan ; elle était l’anticonformiste à la recherche de la vérité dans les livres, la rebelle aux idées personnelles révolutionnaires. Soudain, elle devenait son opposé à nouveau. Incarnation de tout ce qu’il avait rejeté en étant adolescent, elle réveillait en lui de vieilles émotions dissimulées sous les couches de sarcasme. En revenant à Arrowsic, Reeven s’était préparé à l’accueil du passé. Il avait néanmoins embrassé l’éventualité et n’avait pas reculé. Pour elle, en revanche, il était loin d’être prêt. Il ne s’était pas même imaginé sa présence. Dans son esprit, Sinaya était partie, comme lui, poursuivre ces études dans une ville et dans un état important, elle avait trouvé un travail raisonnable – et il l’avait, maintes fois, imaginée suivant les traces de son père – en tant qu’éditrice ou responsable marketing dans une boîte d’édition dans une plus grande ville encore. Jamais il n’aurait pensé que la jeune prometteuse serait restée aux origines. Comme lui, s’il se souvenait bien de ce qu’il avait entendu sur elle à l’époque, elle n’était pas née dans cette petite ville du Maine, mais y avait trouvé ce qu’elle avait toujours recherché : un foyer. En y réfléchissant bien, c’était exactement ce qu’il était revenu trouver, espérant follement qu’un retour aux origines lui remettrait les idées en place et qu’il se déciderait finalement à faire ce qu’il avait promis à quelqu’un : se marier et construire une famille. Cette idée lui avait paru essentielle à l’époque. Et deux mois étaient passés, et les doutes s’étaient immiscés, et de la nécessité était né le déni. Comme il n’était pas possible de tout remettre en question, il s’accrochait désespérément à l’illusion que c’était la chose la plus raisonnable à faire. Encore une fois, il se conformait au moule. A vingt-six ans, on se pose, on pense à ce que l’on sera dans dix ans, on imagine des bambins. C’était ce qu’on attendait de lui et il se pliait à ces volontés supérieures.

Pendant un court instant, il envia la jeune femme face à lui. Elle avait toujours refusé d’être du schéma. D’ailleurs, il avait dans l’idée qu’elle était toujours célibataire – après quelques recherches à son propos dans la salle des professeurs – et cela ne l’avait pas étonné. Non pas que Sinaya fût de celles qui ne trouveraient pas parce qu’elles étaient trop exigeantes, trop compliquées, ou trop dépendantes, mais plutôt de celles qui ne semblaient avoir besoin de personne. Elle se suffisait à elle-même. Puis vint la culpabilité. Son regard fuit la silhouette durant de courtes secondes, le temps de penser à la fiancée qui attendait sagement à la maison. D’ailleurs, n’était-il pas l’heure de la mentionner ? Lorsque la jeune professeure de littérature l’avait interrogé sur ce qu’il était devenu, il n’avait pas, une seule fois, abordé le sujet de la vie personnelle. Sa compagne était restée cachée sous une épaisse couche mystère, comme si elle avait été un secret que personne ne devait découvrir. La voix de Sinaya le tira de ses pensées. Son timbre résonna dans tout le gymnase, mais surtout en lui. Il absorbait tout ; son corps était un aimant, répondait et se déplaçait en fonction d’elle lorsqu’elle se trouvait près de lui. Lycéen déjà, il avait remarqué le phénomène. C’était étrange de voir que rien ne changeait, malgré les apparences. « J'aimerais savoir... Comment se déroule tes entraînements ? » demanda-t-elle soudainement, après avoir balayé les provocations de quelques phrases surprenantes. Peut-être devenait-elle un peu trop proche d’un sportif.

La question le désarçonna, pas qu’elle fût intime ou personnelle, seulement qu’elle ne ressemblait pas du tout à la Sinaya d’antan. Il fut tenté de lui demander si elle n’avait pas pris un coup sur la tête, mais elle le devança : « Explique moi. Je suis intéressée. Je m'interroge. » Face à tant d’intérêt et à la façon dont elle insistait, il acquiesça. Un mouvement nonchalant secoua ses épaules tandis qu’il fit rebondir le ballon de cuir orange et l’envoya directement valser dans le panier. « Pour le basketball, c’est le mardi et le vendredi. Dans cette même salle. Pour le football, c’est dehors, le lundi et le jeudi. » résuma-t-il simplement. Il récupéra le ballon, se tourna vers elle et fit un rapide examen de la situation. Il était tard, personne ne demeurait plus dans le bâtiment à sa seule exception. Qu’était-elle venue faire dans le gymnase ? Son but était-il vraiment de venir le trouver ? L’idée le réjouit sans qu’il ne se permette de laisser libre court à ces élucubrations. Il fallait qu’il pense à celle qui l’attendait dans leur nouvelle maison. Peine perdue. Le sourire de Sinaya balayait tout. Il oublia tout, jusqu’à sa date de naissance. Récupérant une certaine contenance, il s’approcha, effleura son bras en la guidant vers le centre du terrain. « Sache que si tu souhaites te joindre à nous, il faudra que tu changes de chaussures. » Après une légère pause : « Je vais vous montrer, mademoiselle-j’aime-les-livres. » Un sourire narquois étira ses lèvres comme il lui tendait la balle et passait derrière elle. Peut-être aurait-il dû reculer. Peut-être aurait-il dû partir. Peut-être aurait-il dû apprendre à tenir ses promesses. A la place, il fit un signe en direction du panier et souffla une énième provocation. « Ca va là-bas. »
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMer 19 Oct - 10:30



Son passé la rattrapait et se démarquait à la vue de sa démarche. Ce qu'elle cherchait, elle l'avait en tête et ne la perdait pas de vue. L'adolescente, à la recherche de la vérité, d'accroître ses conséquences, était de retour en l'espace d'une seule seconde. L'éventualité de revenir à Maine avait été une idée puis une concrétisation. Elle a vu le jour à Seattle et a vécu son enfance là bas. Puis, elle a emménagé à Maine et s'y sentait bien, malgré son lieu de naissance. En revenant ici, à l'époque où tout avait commencé, à l'époque où tout avait changé pour elle, son imagination ne se permettait pas de le revoir un jour. Tout deux ont prit des chemins différents et n'étaient pas destinés à se revoir, un jour ou l'autre. Tout comme elle, il était parti poursuivre ses études et d'après ce qu'il laissait croire, son destin était de devenir un avocat. Intérieurement, elle s'est toujours dit que sa vocation résidait dans le sport. Une raison qui l'eut poussée à autant le taquiner, le charrier à ce point, lorsqu'ils étaient adolescents. Quant à elle, l'éventualité de devenir un portrait tout cracher de son père, l'avait, une fois effleurée. Suivre ses traces, ses origines, sa personnalité. Elle était proche de lui, plus que quiconque mais, pourtant, sa préférence s'est tournée vers sa source, à savoir, Maine et son lycée. Sa passion pour la littérature n'avait guère changée. Devenir professeur eut été une illumination, au plus grand étonnement de chacun. Maine a été une source de révélation. Là-bas, elle se sentait bien. A vingt-cinq ans, penser à la vie future l'avait effleuré, certes, mais qu'elle puisse se concrétiser... La question persistait mais remettait toujours à une prochaine fois afin de ne pas y penser.

Le revoir, à l'intérieur de ce même lycée, faisait étaler une principale question. Etait-il célibataire? Vivait-il avec quelqu'un? Ça l'intriguait, il l'intriguait. Se mêler de la vie privée de quelqu'un, c'est dans ses cordes mais, bizarrement, pour lui, elle ne le faisait pas. Peur d'être déçue? C'est peut-être la principale raison. Elle avait toujours vécu sans avoir un vrai homme à ses cotés. Son père, c'est autre chose et bien différent que d'être en ménage avec quelqu'un. Elle se suffisait à sa personne et ça lui convenait bien. Se rapprocher de lui enclenchait un mécanisme de déjà-vu. Sa neutralité, sa fermeté ne laissait rien paraître. La réalité en était tout autre. Les provocations lancées par le jeune homme l'amusait mais son objectif était premier et le resterait, quoiqu'il advienne. Ça le surprenait, elle comprenait. Après tout, jamais elle n'avait cherché à connaître ce domaine de sport lorsqu'ils étaient de simples lycéens.

Deux causes se présentaient à l'équation: elle était, d'une part, intéressée mais la deuxième était si ses entraînements prenaient un temps considérable pour qu'ils deviennent une cause d'échec dans la vie d'un étudiant. Si ce ne fut pas le cas, ce serait bien différent et conclurait que, cet élève, connaît des difficultés soudaines. Toujours les bras croisés, son regard restait posé sur lui. Ses yeux suivirent le mouvement de l'envoi du ballon à l'intérieur du panier. Il n'a pas raté. C'est un bon point. Ça lui permettrait de l'analyser également. Autant faire, d'une pierre, deux coups. Elle fit mine de réfléchir, sa main posée sous son menton. « Ils durent combien de temps? Est-ce que, c'est un temps, qui fait que les élèves n'aient plus de temps pour eux? » Perdre sa langue, non. Elle ne perdait pas le nord et pourtant, l'envie en était grande mais gardait une tête bien fraîche. Discrètement, son regard scrutait chaque partie du corps de ce dernier, de haut en bas. La grandeur, l'ampleur, tout comptait. Ce n'était pas par hasard qu'elle se trouvait là. Les sportifs s'adoraient à rester dans leur petit endroit et profiter afin de se perfectionner. Et puis, une occasion de discuter avec lui. Il s'approchait, elle gardait sa respiration et inspirait son impassibilité afin de ne rien transparaître. Il effleure son bras et tournait rapidement de l’œil avant de reprendre une concentration. Elle se trouvait au centre du terrain. Un fin rire se fit entendre. « Je ferai n'importe quoi pour te faire plaisir. » Répondit-elle tout simplement. Un regard presque mesquin mais taquin se faisait entrevoir. Une balle au creux de ses mains. Une balle... C'est difficile à imaginer. Il passe derrière elle, elle se sentait bizarre. Balle dans ses mains, elle tournait légèrement la tête afin de lui lancer un regard qui voulait tout dire. Prononçant un soupir, elle regardait le panier, tentait de l'analyser et lançait la balle. Quel étonnement! La balle n'est pas passée dans le trou. « Ton aide serait des plus précieuses. » Elle s'en allait rechercher la balle et la gardait en dessous de son bras gauche. « Ainsi, ce sont les bases d'un entraînement de basket-ball? » Jouer les imbéciles, ça lui plaisait. Ça restait amusant.



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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMer 19 Oct - 22:31



the ice keeps getting thinner under me and you

Il fallait être fou, insensé, mais le jeu était plus fort que lui, bien plus attrayant que la morne réalité. Face à la jeune femme, sa volonté défaillait. En réalité, il ne luttait pas réellement ; il échappait à ses responsabilités. Face à la jeune femme, tout son être réagissait. Ses yeux coulaient sur sa silhouette, étudiaient chacun de ses mouvements. Mêmes les plus imperceptibles. Elle lui tournait le dos et, pourtant, il devinait le rythme de sa respiration, ce souffle qui s’échappait d’entre ces lèvres rosées. Son cerveau était en ébullition, toutes ses pensées s’entrechoquaient, s’emmêlaient ; il pensait à ce qu’il devrait être en train de faire, et ce dont il aurait envie. Il n’avait d’ailleurs qu’une seule envie : glisser sur la pente dangereuse. C’était affolant. Il jouait sans connaître les règles du jeu, il n’était qu’un pion sur l’échiquier du risque, et il s’y enfonçait jusqu’à ce qu’il ne pût reculer. Il ne le voulait pas ; de toute façon, il n’en avait pas la force. Il était épuisé par les doutes qui l’assaillaient, le tenaillaient, le tenaient prisonnier. Il n’avait plus envie de lutter. Au contraire, il s’amusait des flammes, les attisait en partageant sa passion, une part de lui-même. Ca avait toujours été cela ; plus qu’un sport, plus qu’un loisir, c’était une réconciliation avec ce qu’il était véritablement. Sinaya elle-même ne paraissait pas étonnée de la tournure que prenait la situation. Somme toute, c’était plutôt innocent ; il lui apprenait seulement en quoi consistait sa nouvelle profession. Elle aurait tout aussi bien pu lui conseiller un ouvrage.

S’apercevait-elle tout de même de l’ironie ? Eux, que tout avait toujours séparé ? C’était incompréhensible. Il ne saisissait plus rien. Était-il possible qu’il fût attiré ? Était-il possible qu’il fût celui qui attisait le feu ? Tiré de ses interrogations par un mouvement du côté de la jolie brune, il se concentra sur elle et son jeu. Bientôt, le ballon orange s’envola, puis s’écrasa lourdement, dans un bruit sourd, sur le sol, sans même être passé dans l’anneau. Sourire moqueur au coin des lèvres, il l’observa récupérer la balle, s’attardant peut-être un peu trop sur l’analyse de sa souplesse. Lui revint à l’esprit la question qu’elle lui avait posé quelques minutes auparavant à propos de ses entrainements. Elle avait essayé d’être discrète mais il avait quelques doutes. En réalité, son insistance le rendit suspicieux. Comme il s’en était douté, sa présence n’était pas due à un heureux hasard. Pourtant, il ne l’interrompit pas. « Ainsi, ce sont les bases d’un entrainement de basket ? » demanda-t-elle, réveillant la curiosité du jeune homme. Elle insistait à nouveau ? Avec un sourire de défi, il lui déroba le ballon. « Pour les garçons de cinq ans, oui. » Son rire emplit doucement le gymnase. Un pas en arrière, une détente, et le ballon passe à nouveau dans l’anneau métallique.

Cette fois, il le laissa trainer sans essayer de le récupérer, se tourna dans la direction de Sinaya, s’immobilisa face à elle. « Okay, que veux-tu réellement savoir Sin ? » Le surnom s’était échappé s’entre ses lèvres. Un véritable péché qui avait délicieusement résonné dans tout le bâtiment. Ce fut déstabilisant mais agréable. Non. Ce fut naturel. Complètement naturel. Si naturel qu’il en aurait mordu la pomme à nouveau si Eve la lui avait tendue.
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyJeu 20 Oct - 19:10



Qu'était l'amour? Que signifie ce sentiment? Qu'est-ce que c'était vraiment? L'être humain pouvait-il le connaître sincèrement? Une définition sortie d'un dictionnaire ou d'une encyclopédie ne serait pas suffisant car l'amour, c'était bien plus fort que ça. Elle n'avait jamais ressenti ce sentiment réellement. Peut-être l'avait-il traversé une fois? Être à ses cotés, proche de lui, la lutte devait être de la partie. Sa respiration s'accélérait, les battements de son coeur ne faisaient entendre contre sa poitrine. Une main posée contre celle ci, un petit massage se pratiquait, comme pour faire en sorte qu'il se calme mais cette méthode n'a, réellement, pas fonctionné. Elle faisait comme à ses habitudes et n'en changerait rien. Elle jouait la carte de l'ignorance, réagissait comme si c'était un simple homme, un simple collègue... Le jeu devait dangereux. Elle pouvait craquer d'un moment à l'autre mais sa pratique lui permettait de garder son sang froid. Un atout qui lui rendait bien des services.

Son intelligence ne fut pas à la hauteur des évènements qui se déroulaient. Elle perdait tout contrôle. C'en était affolant. Elle ne devait pas être attirée par ce dernier. Pas du tout, c'était même impensable ou inimaginable. D'ailleurs, sa plus proche amie pouvait dire tout ce qu'elle voulait, qu'elle ait raison ou non, elle ne l'admettrait pas jamais. Douée en sport? A part le jogging, de la natation, des séances de fitness, les autres domaines ne furent pas son fort. Elle venait de le confirmer avec son lancée de ballon plutôt minable. Elle agissait comme une petite fille. Ses cheveux se balançaient au rythme de sa démarche. Le ballon se trouvait entre ses mains et aperçut le sourire moqueur du jeune homme. Ca ne l'étonnait pas. « Je ne suis qu'une fille. » Prononçait-elle avec un sourire en coin tout en haussant les épaules. Une nouvelle question. Elle continuait à insister sur ce sujet. Son savoir l'importait. Dans les deux sens, bien évidemment. « Haha, c'est vraiment hilarant. » Elle lui fit une mimique afin d'appuyer ses paroles. Cela n'en avait pas l'air mais il l'amusait au même point où il l'agaçait, malgré lui. Ce fut d'une facilité... Le ballon était, directement, entré à l'intérieur de cet anneau métallique. Décidément, il était fait pour ce sport. Ca lui allait bien. Tandis qu'il fut dos à elle, elle remuait légèrement sa tête. Elle perdait complètement la tête. Elle se devait de réagir afin de ne pas se laisser emporter dans le courant de la rivière.

Le ballon rebondissait au sol et le bruit sortit la jeune femme de sa torpeur. Reprenant ses esprits, elle se concentrait sur le jeu de Reeven mais vit, rapidement, qu'il ne faisait rien. Pire, il s'immobilisait face à elle. Le jeu continuait sur sa lancée. Des doutes, il en avait. Sa persuasion ne fut plus ce qu'elle était... « Mais, rien du tout. Qu'est-ce qui te fait dire ça? » Un frisson parcourait son corps. Elle ne se souvenait pas qu'il ait déjà appelé ainsi... C'était une sensation étrange. Au fond, elle appréciait mais ne laissait rien s'entrevoir sur son visage. Son pied commençait par s'agiter... Un jour ou l'autre, elle le ferait. Après tout, elle était là pour ça. Le destin a décidé que c'était le moment... « Tu sais quoi? Je me demande comment un élève, doué, en littérature, voit ses notes chutées... Pourquoi? A ton avis? » Son calme, elle le gardait. Sa voix changeait la donne. « Parce qu'il fait parti de ton équipe. » En prononçant le " ton ", son index s'était posé sur le torse de Reeven alors qu'elle soutenait son regard. « Je n'ai, absolument rien, contre le sport. Au contraire. Mais, si tu pouvais faire en sorte de modérer tes entraînements pour que ça n'entraîne rien sur la scolarité des étudiants... Ca me va... » Finalement, elle finit par se taire, une bonne fois pour toute. Elle lui faisait des reproches... Cette sensation... Elle ressentait de la culpabilité. Elle n'en fit pas paraître. « Mais, si tu me dis que tu n'as rien à voir là dedans... Je mènerai ma petite enquête... Il n'est pas le seul à régresser et ça m'inquiète... »




Dernière édition par Sinaya Chamberlain le Mar 25 Oct - 20:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMar 25 Oct - 15:20




i wanna hold her, i wanna kiss her

Le piège de la vie s’était souvent refermé sur lui. Petit garçon innocent, il avait cru, comme tout le monde, que son existence était une espèce de jeu sans fin, sans règle contraignante. Puis, il y avait eu le six avril de la huitième année de son existence. Il se souvenait de la nuit fraîche, des étoiles dans le ciel. Il était heureux, il respirait et expirait la joie, le contentement, l’excitation de la première nuit complète passée chez un copain tandis que ses parents sortaient en couple. Mais une nuit, un accident, et une enfance brisée. Il avait appris la nouvelle le lendemain et, même s’il s’appliquait à réveiller sa mémoire, les souvenirs restaient flous, son cerveau avait entouré cette partie de sa vie d’une chape de plomb impénétrable. Il y avait ensuite eu sa nouvelle vie, dans un tout autre état, dans une ville qu’il connaissait à peine, au sein d’une famille qu’il n’avait jamais côtoyé. Son arrivée à Arrowsic avait fait du bruit ; auprès des voisins de sa tante comme auprès des jeunes camarades qu’il avait rencontré à l’école. Pendant plusieurs années, il s’était senti perdu, complètement happé dans un monde où il n’existait plus. Sa vie s’était poursuivie en un amas d’actions ou d’inactions, de silences assourdissants. Jusqu’à ce qu’il découvre sa bouée de sauvetage. Dans les livres, c’est l’instant où le héros découvre la princesse, tombe éperdument amoureux, ne songe plus qu’à elle et s’accroche à elle, sa sauveuse. Dans son cas, ce fut moins romantique, plus terre à terre. La sublimation d’une pulsion destructrice l’avait poussé dans un gymnase, et voilà que toute sa vie tournait à nouveau autour de ce lieu.

Reposant ses yeux sur le visage de la jeune femme, il évalua son air. Il comprenait à présent parfaitement que Sinaya ne s’était pas déplacée sans but ; elle avait quelques sujets à aborder et l’un d’eux concernait très sûrement les étudiants qu’ils avaient en commun. Bientôt, elle accepta de le dire. Elle cessait de prétendre un intérêt soudain pour le sport et retrouvait son réel visage. Avec un sourire, Reeven accueillit ses mots, accueillit la personne qu’il avait connu autrefois en elle. Il s’étonna de sa propre réaction ; la jeune adolescente amoureuse des livres lui avait manqué plus qu’il ne l’aurait imaginé. « Je n'ai, absolument rien, contre le sport. Au contraire. Mais, si tu pouvais faire en sorte de modérer tes entraînements pour que ça n'entraîne rien sur la scolarité des étudiants... Ca me va... » lâcha-t-elle en le regardant. Il soutint son regard, un sourire accroché aux coins des lèvres. Il ne comprit pas bien de quoi elle l’accusait exactement. Ses entrainements étaient-ils devenus trop soutenus pour les étudiants ? Si elle pensait qu’il était resté le même qu’au lycée, elle se fourvoyait complètement. Lui-même avait fait des études et avait mis le sport de côté et, s’il avait remarqué que c’était cette partie de sa vie qui était la plus importante, jamais il ne deviendrait l’un de ces entraineurs qui poussaient les sportifs à faire passer leur passion avant tout. Récupérant le ballon à ses pieds, il le fit tourner entre ses doigts en méditant, tandis que le silence s’abattait entre eux. « Mais, si tu me dis que tu n'as rien à voir là dedans... Je mènerai ma petite enquête... Il n'est pas le seul à régresser et ça m'inquiète... » Il hocha la tête, eut un léger mouvement d’épaules

« Je ne sais pas si ce sont mes entrainements… » commença-t-il comme le ballon rebondissait sur le linoléum. « Si ça t’ennuie vraiment, je parlerai avec eux. » C’était une véritable promesse. Pas seulement pour elle et pour les frissons qui l’attaquaient dès qu’elle était près de lui, mais pour celui qu’il voulait être. Il ne cherchait absolument aucune reconnaissance sportive, il n’était pas de ces entraineurs complètement obsédés par les victoires. Il ne voulait que faire vivre la passion, le travail d’équipe, la camaraderie ; tout ce qui l’avait aidé lorsqu’il traversait la vie en boitant. C’était donc une véritable promesse, qu’il tiendrait. Sourire serein aux lèvres, il lui tendit le ballon et, lorsqu’elle l’eut récupéré, passa derrière elle en laissant libre court à la petite voix dans sa tête. Déposant la main au creux de son dos, il se pencha vers Sinaya. « Et, pour la suite, je propose qu’on travaille à deux. Comme une équipe. » souffla-t-il et, illustrant son propos, il fit un signe en direction du panier de basketball afin qu’elle essaie à nouveau. Cette fois, il l’aida avec les mouvements ; prétexte pour laisser ses mains s’attarder sur la taille féminine.


Dernière édition par Reeven Maugham le Mar 25 Oct - 21:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMar 25 Oct - 20:56



Une réflexion revenait, sans cesse, dans son esprit. Une pensée qui reflétait ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même. La perte de ce membre féminin a été un réel coup dur et peut être était-ce la signification du blocage que ressentait, parfois, notre jeune professeur. Nul ne nierait que celle-ci ait beaucoup de mal à se livrer ou même à "aimer" une personne. La carapace, qu'elle s'était formée, à la mort de sa jeune mère, persistait même s'il semblait qu'elle commençait à s’apaiser à l'instant même où elle se trouvait. La peur d'aimer... La peur de perdre un être cher.. La peur de devoir, une nouvelle fois, dire au revoir à la personne que l'on aime. A l'heure actuelle, elle ne se remettait, toujours, pas de la mort de sa tendre mère. Pourtant, elle allait de l'avant et ne restait pas recroqueviller sur sa peine et sur sa douleur. Chaque enfant ne pouvait se remettre du décès de ses géniteurs. C'est impossible même si on fait semblant que tout est beau dans le meilleur des mondes. A Arrowsic, elle se sentait bien... Ce fut comme si une nouvelle chance s'ouvrait à elle. Se retrouver à l'intérieur de ce grand lieu pouvait être une illumination...

Les efforts qu'elle avait accompli n'ont pas eu leur effet escompté. La connaissait-il par coeur? Ou, du moins, la connaissait-il suffisamment pour découvrir le fin mot de ce premier chapitre? Elle s'était attachée à ses jeunes étudiants et donnait, tout ce qui pourrait être en son pouvoir, pour les aider au maximum de ses capacités. Lorsqu'elle eut remarquée la chute libre de cet élève, sa pensée s'était tournée vers le jeune homme. Tout deux avaient les mêmes élèves en commun. Malgré tout, elle se hâtait à penser que ce n'était qu'une excuse pour lui parler. Bien souvent, sa première idée était la bonne mais, quelque chose lui disait, que là, elle faisait fausse route et tombait littéralement en chute libre, le haut de cette falaise. La jeune femme fit part de ses doutes, de ses suppositions à Reeven. Ce dernier soutenait son regard, eut un sourire accroché aux coins de ses lèvres. Quant à elle, ses bras restaient croisés tandis qu'il faisait tourner le ballon entre ses doigts, après l'avoir récupéré. Elle se surprenait à l'analyser ou mieux, à l'observer dans tout les sens du terme. Finalement, elle se rapprochait de lui et lui accordait un regard ainsi qu'un sourire qui exprimait toute la douceur qu'elle contenait secrètement. « Je me soucie. Merci de faire le nécessaire de ton coté. » Cette phrase fut accentuée par un petit bisou qu'elle lui adressait sur sa joue droite. Un simple bisou sans aucune arrière pensée mais qui lui semblait très étrange. Ce n'était pas dans ses habitudes et, dans ses plus lointains souvenirs, elle ne se souvenait pas qu'elle ait, déjà, eu ce genre de gestes envers ce dernier.

Elle reculait de quelques pas, se raclant, légèrement, la gorge, son regard scrutant le gymnase. Reeven, de son coté, lui tendait le ballon. Une nouvelle tentative? Elle se demandait si elle y parviendrait, toute seule. Joueuse dans l'âme, elle récupérait le ballon. Le jeune homme se plaçait derrière elle tandis qu'elle se positionnait bien droite, face au panier qu'elle devait marquer. Il devenait son défi. Venait-il de poser sa main au creux de son dos? La réaction immédiate fut un levée de regard au plafond tout en restant dans la discrétion. Sa proposition résonnait à l'intérieur de son esprit. Un sourire fut affiché au coin de ses lèvres. Gardant ce même sourire, sa tête fut légèrement tournée, de manière à ce qu'il puisse l'apercevoir un léger instant. « J'espère que tu prends en considération tout ce que ça comporte... » Son attention fut reportée au panier de basketball. S’éclaircissant la gorge, elle prononçait. « Mon coco, tiens toi bien. » La jeune professeur se laissait aller à faire quelques petits dribles au sol. Ensuite, elle se laissait guider par les talents sportifs de son collègue. Le ballon fut envoyé vers la trajectoire du panier. Sa main serrait l'avant bras de Reeven. L'instant d'après, sa démonstration eut le seul effet de le remercier en le prenant dans ses bras. « Ta méthode est efficace. » Lançait-elle presque aussi rapidement qu'elle ne s'était décollée de ses bras. Le ballon se retrouvait au creux de son bras. « Tu es, vraiment, certain d'avoir les capacités nécessaires... le tempérament nécessaire pour supporter Sinaya Chamberlain? » Demandait-elle avec un petit sourire au coin.


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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMar 25 Oct - 22:19



your hand in mine

Sa compréhension de la situation s’amoindrissait. Il ne voyait plus très clairement. C’était comme un plongeon dans la brume. Plus ils s’enfonçaient dans la discussion, et plus Reeven avait la sensation de s’enliser dans des sables mouvants. S’il tentait de s’extirper, de prendre la fuite en abandonnant là ses réflexions et ses émois, il savait que tout serait beaucoup plus difficile, que les sables le projetteraient vers les abîmes. Alors, il serait complètement et irrémédiablement perdu. Au contraire, s’il s’abandonnait entièrement, inconditionnellement, à ce qu’il ressentait en cet instant, il abattrait toutes les limites qu’il s’était fixées en retrouvant son ancienne camarade de lycée. L’effet qu’elle produisait sur lui s’était dévoilé dès le moment où il avait croisé son regard, quelques semaines auparavant. Depuis ce moment précis, il luttait. Il luttait contre la drôle de sensation qui chatouillait son échine quand il pensait à elle. Il luttait contre la boule qui bloquait sa gorge quand il imaginait leur proximité. Était-ce ce qu’il désirait vraiment ? Il ne le savait pas, ne s’autorisait pas à réaliser ni à comprendre les nuances. En réalité, simplement, il ne se donnait pas le choix. S’il s’écoutait, certainement qu’il s’autoriserait quelques gestes un peu moins discrets, plus soutenus. Mais il était lié. Quelques deux mois auparavant, une promesse s’était échappée de ses lèvres. Une promesse faite à une autre femme. Une promesse concrétisée par une bague glissée à l’annulaire. S’il était certain de ce qu’il désirait ? Plus maintenant. Plus depuis que sa joue avait brûlée sous les lèvres de Sinaya. Ce n’était qu’un baiser d’amitié, de remerciement ; la concrétisation de l’équipe qu’ils formeraient ; un peu de camaraderie entre deux collègues. C’était pourtant plus fort ; du moins, tout résonnait beaucoup plus fortement en lui.

Oui, beaucoup plus fort. Mais qu’était-il au juste ? Rien ne pouvait décrire ce qu’il ressentait. Et plus il essayait, plus il se perdait dans les détours. Le jeu lui donnait des ailes et, tel Icare qui voulait rejoindre le soleil, elles allaient finir par brûler, et lui par tomber de très haut. Il le sentait déjà ; le feu qui s’embrasait au plus profond de son être ; les flammes qui léchaient chacune de ses cellules ; la folie qui s’immisçait doucement et embrouillait les certitudes. Il n’était plus question de lui et des doutes quant à sa vie future avec sa compagne. Au fond, il n’avait jamais été question que de cela, mais c’était ce qu’il avait toujours imaginé. A présent, une nouvelle inconnue faisait irruption dans l’équation. Et Sinaya ne savait même pas où elle mettait les pieds. Certes, rien n’indiquait qu’elle était aussi perturbée par tout cela que lui ne l’était ; mais il avait comme une impression. Tous les deux dans ce gymnase… Il avait la sensation d’être dans une bulle. La façon dont elle le regardait… Il se sentait pleinement homme. Pas que ce fût un élément manquant dans sa vie ; il n’avait jamais vraiment manqué de confiance en lui. Mais, alors qu’il la regardait, il avait l’impression d’être simplement complet. Comme la dernière pièce du puzzle dont on trouve la place. Il aurait pu demeurer immobile dans ce gymnase jusqu’à ce que ce sentiment l’emplisse entièrement, qu’il le rende entier.

L’écho du ballon qui entrait dans le panier le tira de ses réflexions. S’il s’était attendu à la réaction de Sinaya ? Pas le moins du monde. Avec un mouvement souple, elle s’immisça contre lui, le serrant dans ses bras comme une enfant à qui l’on promettait le ciel et les étoiles, la lune et le soleil. Lorsqu’elle s’écarta en brisant l’étreinte, il feignit un sourire de circonstance ; complice et amusé, tandis que tout bouillonnait au fond de son être. « Tu es, vraiment, certain d'avoir les capacités nécessaires... le tempérament nécessaire pour supporter Sinaya Chamberlain? » fit-elle finalement avec un sourire en coin. Ce sourire qui fit battre son cœur plus fortement que jamais. Méditant la question, il haussa les épaules en faisant la moue. Il n’était pas certain d’être suffisamment méritant pour profiter de sa présence. Elle avait toujours été très différente de lui. Beaucoup plus passionnée, moins soumise, moins docile. Elle ne faisait pas ce que l’on attendait d’elle, mais plutôt ce qu’elle pensait être le mieux pour elle. Il lui avait toujours envié cette capacité. Elle était forte. Là, face à elle, il était tout l’inverse. Faible et hésitant. Il dansait sur ses pieds ; que choisir ? « Tu crois que c’est le cas ? » fit-il en l’interrogeant des yeux. Un regard plus soutenu qu’il ne l’aurait voulu. « Il y a quelque chose que j’ai toujours voulu savoir, et tu n’as jamais daigné répondre. » Après un court silence : « Comment Juliette disait-elle, déjà ? » L’alarme se mit à sonner dans sa tête, tandis qu’il s’apercevait de l’intimité qu’il donnait à l’instant. Peut-être aurait-il dû reculer. Peut-être aurait-il dû, au contraire, se lancer et lui dérober un baiser. Son sens de l’éthique décida qu’il en fût totalement autrement. Un demi-pas en arrière et il rit doucement. « Je me souviens de la pâté que tu m’as mise à ce cours… » termina-t-il, fourrant les mains dans ses poches pour retrouver contenance.
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMer 26 Oct - 9:01



Les apparences pouvaient être parfois trompeuses. La femme indépendante, sûre d'elle, forte également... Une carapace qui faisait d'elle, toute sa personne. Sinaya est une femme à fort caractère mais également une femme au grand coeur et peu de personnes le savent. Elle sait se montrer discrète mais parfois ce qu'elle souhaitait réaliser ne tournait pas en sa faveur. Ce ne fut qu'un simple baiser de remerciement. Son esprit était clair sur ce point là. Son coeur, ce fut tout autre. Les flammes d'un dragon légendaire auraient bien pu illustrer ce sentiment. Encore une fois, elle fit comme si ces flammes n'avaient jamais existées... Tout les deux, ils formeraient une équipe... Elle se concrétisera au fur et à mesure. Ca impliquerait qu'ils devront se voir, sans doute, régulièrement. A l'intérieur de sa petite tête, elle s'y préparait déjà. Une parole de sa mère revenait en tête : "écoute ton coeur, il est ton seul allié"... C'est là qu'elle se rendait compte de toute la stupidité de cette phrase. Si elle écoutait son coeur, tout s'effondrerait. Ce qu'elle désirait? C'était indécis... Tout était flou...

Les battements de son coeur ne cessaient de battre dans un rythme régulier et fort à la fois. Peut-être n'aurait-elle pas du lui offrir ce baiser d'amitié sur sa joue. Penser que ses lèvres ont été en contact avec la peau de Reeven la mettait dans tout ses états. Malgré les efforts de son père, elle n'avait pas réussi à regagner pleinement sa confiance. Elle l'avait perdue en même temps que sa mère eut quittée la Terre pour se reposer dans les Cieux. C'était, peut être, stupide mais les choses sont ainsi faites. Lorsque son regard rencontrait celui du jeune homme, sa force revenait à son état d'origine. Elle s'y perdrait presque et ne saurait trouver le chemin qui menait à la sortie du labyrinthe. Il pouvait, même, lui parler qu'elle en demeurait muette, fixant un point dans le vide alors que sa trajectoire, c'était lui. Cette situation la perturbait... Une perturbation qui trouvait ou non, sa réponse...

Une réaction de petite fille... Une réaction qu'elle ne sut contrôler. S'être immiscé, ainsi, dans ses bras et le serrant doucement contre lui, elle en profitait pour respirer doucement... Elle s'y sentait bien, ce fut comme un refuge... Afin de ne pas sombrer dans les abîmes, l'étreinte fut brisée et c'était bien mieux comme ça. Une réponse qu'elle voulait savoir mais ignorait s'il saurait l'éclaircir sur ce point. La seule personne qui savait la contrôler, c'était son père et même ce dernier eut bien du mal. Être sous les ordres d'une autorité supérieure, ce serait assez difficile à supporter. Elle a toujours fait ce qui était juste pour elle. Les ordres, ce n'était pas sa tasse de thé. Au dessus d'elle se trouvait un supérieur, certes, mais si elle aurait quelque chose à dire concernant l'évolution du lycée ou autre chose, elle n'hésiterait pas à ouvrir sa petite bouche de jeune femme. Le ballon restait au creux de son bras mais le replaçait devant elle. Elle le regardait, exprimait un petit signe d'incompréhension hors qu'elle eut un doute sur ce qu'il voulait dire... Sa seule réponse était un petit mouvement des épaules. Il pourrait s'il le souhaitait. Ce n'était pas impossible... L'époque du lycée revenait au grand galop. L'époque où ils eurent une leçon sur Roméo et Juliette revenait à la hâte. Une boule s'était formée dans la gorge de Sinaya. Où est-ce qu'il voulait en venir? La petite Chamberlain ne lui avait pas porté de réponse et se demandait si elle devait lui révéler le résultat de l'équation. « Juliette... Un personnage propre à elle... » Prononçait-elle simplement. La réponse était invisible... Roméo était promu à Rosaline mais son coeur a fait le choix de son destin pour que, finalement, il meurt aux cotés de sa tendre aimée... Elle appréciait beaucoup cette comédie romantique mais triste. Un sourire amusé s'était étiré sur ses lèvres. « Ah oui... Tu as su t'en remettre au moins? » Disait-elle en s'étant rapprochée de lui, posant son avant-bras sur son épaule après avoir abandonné le ballon. « Tu sais, ça ne m'étonnerait pas si tu étais le Roméo de l'an deux milles... » Lançait-elle, soutenant son regard. « Roméo était un homme charmant, séducteur... Tu l'étais lorsque nous étions au lycée... Peut-être que ce sont des traits de caractère qui te suivent toujours... »


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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMer 26 Oct - 10:30



magic hours

Le retour en arrière était-il possible ? Il s’apercevait à présent à quel point il s’était complu dans la situation actuelle. Il avait plongé la tête la première, comme un athlète s’empressait de gagner la course, et le mur des problèmes apparaissaient de plus en plus distinctement. Du bout des doigts, il devinait les ennuis qui coupaient sa route. Si rien de définitif n’était encore arrivé, l’envie, elle, ne manquait pas. Elle le tiraillait. Elle brûlait chacune des barrières qu’il tentait de soulever. Les mains enfoncées profondément dans les poches, les empêchant ainsi de faire un geste qu’il regretterait, il caressait le visage de la jeune femme du regard. Du regard, s’assurant ainsi que ses doigts restaient tranquillement fourrés dans le tissu de son jean. Il ignorait les démangeaisons de sa paume, les folles pensés qui cognaient contre les parois de son esprit, rebondissaient avec une telle force qu’il se sentait assommé. C’était cela. Il se trouvait dans une sorte de léthargie. Immobile, les yeux papillonnant sur les traits du visage de Sinaya, retenant le moindre des détails comme si c’était la dernière fois qu’il la voyait. Ses iris, surtout, attiraient son attention. Elle le regardait d’une façon toute particulière, une façon bien à elle ; et il éprouvait tout le mal du monde à fuir l’emprise de ce regard. Pourtant, ses yeux poursuivirent leur quête, butant sur les lèvres rosies étirées en un grand sourire. Pourquoi ne reculait-il pas ? La réponse était évidente : c’était trop tard. L’attraction était trop forte et, dès l’instant, où il s’était donné la possibilité de la ressentir, il ne pouvait plus revenir en arrière. Il avait goûté à la perspective, il s’était laissé enliser par le désir et l’idée d’une réalité éphémère. Dès lors, la distance physique ne résoudrait rien. C’était trop tard. Son corps tout entier réagissait à la seule pensée de la jeune femme.

S’il s’était sincèrement écouté, il en serait terminé des barrières et des limites. Il aurait escaladé les montagnes et traversé les frontières sans penser aux risques. Mais il y avait les dommages collatéraux, surtout un. Celui-là même à qui il avait promis fidélité et sentiments pour le reste de sa vie. Si l’union n’était pas encore prononcée, si les vœux n’avaient pas encore été rédigés, il avait conscience de la confiance qu’elle avait mise en lui. Elle avait abandonné sa vie à New-York ; elle y avait vécu toute sa vie et, pourtant, elle avait eu le cran de tout mettre de côté et de s’en aller aux côtés d’un Reeven décidé à retrouver la ville de son enfance. Le Maine était très différent de tout ce qu’elle avait toujours connu et, bien qu’elle n’y soit certainement pas le plus à l’aise du monde, elle semblait s’être faite à sa nouvelle condition. Cette facilité d’adaptation l’avait rassuré, au début. A présent, n’existait plus que le sentiment de culpabilité. Il emplissait tout. La moindre parcelle de son corps accueillait cette émotion avec un vif empressement. Et, malgré tout, lorsque la voix de Sinaya résonnait dans le gymnase, caressait ses oreilles, tout l’abandonnait. Il devenait contradiction et paradoxe. « Juliette... Un personnage propre à elle... » Empli et vidé. Comprenait-elle seulement ce qu’il entendait ? Ce qu’il espérait vainement ?

La rapidité avec laquelle ses sentiments l’attrapaient le déstabilisait. Jamais il n’aurait imaginé se retrouver dans une telle situation, même pendant les années de lycée. Il avait toujours été un jeune homme bien ; certes, quelques erreurs s’étaient faites au passage mais, somme toute, il avait pris la bonne voie et il y était resté le plus proche possible. Il avait fait de bonnes études et, malgré son manque d’enthousiasme face au futur métier, il avait trouvé une alternative qui lui convenait bien mieux. Alors pourquoi tout ceci ? Fallait-il réellement qu’il tombe pour sa collègue de travail, alors qu’il appartenait déjà à une autre ? Car il s’agissait véritablement d’appartenance à ce stade. Fut un temps où les sentiments de Reeven furent suffisamment certains et stables pour qu’il lui propose l’union sacrée. Fut un temps où jamais il n’aurait succombé, où il se serait battu. Fut un temps complètement révolu. Peu importe la lutte ; immobile, les yeux accrochés à la moindre parcelle des lèvres de la jeune femme, il devinait l’issue de la lutte. « Tu sais, ça ne m'étonnerait pas si tu étais le Roméo de l'an deux milles... » Il accueillit ses paroles avec un rire qu’il n’eut même pas besoin de feindre. Ce fut la plus grosse énormité de la semaine. Lui, un Roméo ? A bien y réfléchir, peut-être n’avait-elle pas tort. Il était une véritable girouette des sentiments. Elle sembla néanmoins en donner une toute autre raison : « Roméo était un homme charmant, séducteur... Tu l'étais lorsque nous étions au lycée. Peut-être que ce sont des traits de caractère qui te suivent toujours... » A la mention du lycée et de sa personnalité d’antan, il haussa un sourcil. Si Sinaya l’avait trouvé charmant à cette époque, elle avait bien joué son rôle de fille complètement insensible. Fût-il possible qu’il en soit de même désormais ? S’abandonnant au bras de Venus, déesse de séduction, il fit taire toutes ses valeurs, et plongea tête la première. Tant pis pour les dommages collatéraux. « Je ne crois pas. » révéla-t-il très sincèrement. De toute façon, elle s’en apercevrait par elle-même. « Mais admettons que je le sois. De qui obtiendras-tu le rôle ? » Encore un silence. « Je ne suis pas certain d’être prêt à entrer dans la peau des amants maudits. » souffla-t-il en laissant ses doigts effleurer doucement le visage de la jeune femme, comme il replaçait une mèche de cheveux rebelle. En réalité, il mentait. Il se mentait à lui-même. Il était prêt et le souhaitait plus que tout.
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyMer 26 Oct - 17:26



Un souvenir du lycée remontait à la surface. Une partie de sa mémoire dans laquelle la jeune femme avait complètement nié ce qu'elle ressentait, à l'époque, pour le jeune homme. Sa meilleure amie a bien goûté au refus catégorique de Sinaya. Elle savait se montrer convainquante mais c'était peine perdue. Son amie la connaissait plus que quiconque. Le temps qu'elles passaient ensemble était grand. Elles étaient liées comme les dix doigts des mains. Cheryl lisait à l'intérieur de son amie comme dans un livre ouvert.. Ca faisait peur... Car, oui, Sinaya ne supportait pas ça... Elle se battait, luttait pour que ces sentiments s'enfuient et ne puissent plus réapparaitre. Ce fut un bataille sans fin. Ayant, tout les deux, pris des chemins différents, elle pensait que tout passerait, s'écoulerait avec le temps. Les retrouvailles avec son futur partenaire étaient un signe révélateur. Encore une fois, elle niait tout en bloc, se forçait à croire qu'il n'y avait rien... Le gouffre s'ouvrait, ses efforts seront vaines et risquait de tomber à tout moment...

Avait-elle aimé un jeune homme? Peut-être. Après tout, toutes les jeunes demoiselles rêvaient du prince charmant et tombaient amoureuses du premier garçon qui se montrait galant à son égard. Petite, elle a bien échangé un petit baiser avec un autre garçon mais en ayant atteint l'âge de l'adolescence, elle s'est forgée une propre personnalité. Des avances, des propositions de rendez-vous, elle en avait mais les refus filaient à longueur de temps. La définition même de ce sentiment, qui caractérisait les pulsions, les envies, les papillons dans le ventre, la couleur que prenait les joues à l'approche de cette personne, n'apportait pas les mots que chaque être humain souhaiterait entendre. C'est un sentiment bien compliqué. Le plus grand des scientifiques, la personne ayant un quotient intellectuel élevé, ne saurait apporter les lumières voulues... Tant bien que mal, elle essayait de tout mettre dans un recoin de sa tête, d'oublier ce qui se passait en elle pour qu'une discussion stable puisse continuer normalement, sans faille.

Pendant les années de lycée, jamais une telle chose ne s'était produite. L'adolescente, qu'elle était à l'époque, semblait être bien différente de cette jeune femme, présente dans ce gymnase. La matûrité l'avait gagné un peu plus et montrait, plus facilement, sa douceur, sa compréhension, depuis qu'elle enseignait la littérature à ses jeunes élèves. Des petites choses se modifiaient pour devenir meilleur. La trace professionnelle de son père la suivait, partout où elle se rendait. Il était sa source d'inspiration pour ses leçons et l'aidait aimablement à apporter un peu de son savoir quant à la rédaction d'une leçon. Le père de Sinaya était un homme exceptionnel et même s'il essayait de faire son possible pour que sa fille sache qu'il est là, elle ne parviendrait, jamais, à parler d'amour. Un vocabulaire qu'elle eut mit de coté volontairement. Elle accueillait la réaction de Reeven avec un haussement de sourcil. Il ne pourrait pas nier l'évidence qu'au lycée, chaque petite minette craquait pour lui. Elle n'a jamais su déterminer si ce fut à cause de sa beauté ou de l'âme de basketteur qui se trouvait en lui. L'insensibilité face à ce dernier, il y a quelques années, eut portée ses fruits car elle niait tout en bloc et cela fonctionnait plutôt bien puisqu'il ne se rendit compte de rien, d'après elle. « Vraiment? » Elle se questionnait. Il semblait être sincère et était prête à en rechercher la signification sans se mettre des batons dans les roues. Elle ne cessait de le regarder. Il effleurait son visage, replaçait une mèche de cheveux, elle continuait de l'observer. « Quel mystère dissimules-tu? Que caches-tu? » Elle souhaitait avoir des réponses sincères. « Je n'ai jamais été de celles qui proposait une oreille attentive. » Un petit silence. « Mais, tu peux te confier à moi. Quelque chose te tracasse ou te met mal à l'aise... Je le vois dans tes yeux... »


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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyJeu 27 Oct - 1:39



one day it's gonna happen

Ce ne devrait pas être si compliqué, si terrible. Ce devrait, au contraire, être facile. Complètement naturel. Il avait voulu, au fond, de ce mariage ; ce n’était pas quelque chose qu’on lui avait imposé en usant de chantage ou en faisant preuve de stratagèmes en tout genre. Non. Cette idée venait de son esprit ; elle avait lentement germé dans les tréfonds de son crâne, murissant à chaque fois qu’il effleurait cette nouvelle possibilité. Il avait longuement médité sa proposition. Evidemment, les pressions extérieures n’étaient pas complètement étrangères à sa demande. Tout d’abord, les parents de sa fiancée, qui écoutaient les rumeurs et les ragots, qui tenaient à la réputation de leur bien-aimée fille. Même sans eux, il y a avait évidemment la société qui voulait qu’un garçon de vingt-sept ans se pose et décide de son avenir. Au niveau professionnel, tout était remis en doute ; il n’avait cherché que quelques certitudes dans sa vie. Alors, ce mariage, évidemment, il en avait voulu. Il l’avait mûrement réfléchi. Mais pourquoi se sentait-il alors empli de doutes ? Sinaya n’était que la goutte d’eau, celle qui faisait déborder le vase déjà trop plein. Bien avant elle, bien avant Arrowsic, il s’était refermé comme une huître dissimulant sa perle aux yeux des trop avares. Au fond ne lui restait qu’une seule certitude : il n’était plus certain de rien.

De cela, mais aussi de la brûlure sous ses doigts. Sous son index, une cicatrice tiède le ramenait à la réalité : l’objet de ses pensées les plus secrètes. Sinaya n’avait pas bronché lorsqu’il s’était permis le pas de trop, celui qui allait le plonger dans les abîmes de son Enfer personnel. D’un geste, doucement, il avait rabattu une mèche brune en arrière, un sourire distrait sur les lèvres. Le temps avait alors semblé s’arrêter complètement, ou peut-être revenir en arrière à nouveau. C’était cela. Un véritable plongeon dans le passé dès qu’il posait ses yeux sur elle. Elle le ramenait au temps où il bataillait avec deux parties de lui-même qu’il ne parvenait pas à concilier. Savait-elle alors ? Était-elle conscience de l’effet qu’elle produisait déjà sur lui ? Il se savait bon acteur ; ils étaient allés jusqu’à feindre une inimitié qui n’avait pourtant dupé personne. Autour d’eux, bon nombre de rumeurs s’étaient propagées comme une trainée de poudre. Les spectateurs avaient-ils deviné les affinités avant même qu’eux deux les aient imaginées ? On dit qu’on ne remarque pas ce qu’il se passe sous son nez ; on dit que l’on ferme les yeux et que l’on oublie, que l’on balaie ce qui se dresse sur sa route si le fait n’est pas celui que l’on imagine. En cet instant, c’était certainement ce qu’il aurait dû faire, ce qu’il aurait dû se forcer à faire. Fermer les yeux, songer à celle qui l’attendait à la maison, imaginer ce qui, dans quelques mois, se fêterait dans la petite chapelle de la ville. Mais Sinaya était la bouée de sauvetage, la croisière autour du monde, le radeau qui lui faisait faire le tour d’une île déserte et inconnue. Elle représentait le renouveau, bien qu’elle fît également partie de celui qu’il avait été des années plus tôt. Elle le réconciliait avec lui-même et c’était une sensation si particulièrement intime, si infiniment pure qu’il la caressait du bout des doigts. Lorsqu’il fermait les yeux, tout n’était plus que nuage blanc et ciel bleu.

Il abandonnait complètement. Il était perdu. Pas suffisamment cependant. Comme lisant en lui, devinant ses pensées, Sinaya mit le doigt sur la corde sensible. « Quel mystère dissimules-tu ? Que caches-tu ? » Il haussa un sourcil, eut un mouvement d’épaules nonchalant, cachant ce mystère au plus profond de lui, et plus profondément encore. La réponse lui brûlait les lèvres. Sa gorge se noua soudainement, tandis que le doux visage de sa fiancée se dessinait dans son esprit. Alors, il attrapa à nouveau sa bouée de sauvetage : les lèvres de Sinaya remuant sous un nouvel assaut de mots. Les portes de son Enfer personnel s’ouvrirent à la volée et il plongea. « Mais, tu peux te confier à moi. Quelque chose te tracasse ou te met mal à l'aise... Je le vois dans tes yeux... » La plus petite cellule de son corps hurlait ce secret, hurlait cette dualité qui le tiraillait et le meurtrissait. Mais il ne pouvait pas. C’était impossible. S’il lui révélait tout, alors elle mettrait fin à ce qui naissait. Elle l’étoufferait, et il ne pouvait pas imaginer ce scénario. Reculant doucement, comme sous l’effet d’une bombe déposée entre ses mains, il se racla la gorge et hocha frénétiquement la tête de gauche à droite. « Rien. Tu ne vois rien dans mes yeux… » argua-t-il en relevant les iris et en captant le regard de la jeune femme. Il tentait de se persuader de son imperméabilité, puisqu’elle semblait être certaine qu’elle lisait en lui. C’était peine perdue. Une autre parade : « Ou alors, simplement le bonheur de me retrouver ici avec toi. C’est une immersion dans le passé. » Il sourit puis fit à nouveau quelques pas vers elle. « Sais-tu combien de fois j’ai rêvé de t’emmener ici ? De te montrer que c’était plus que du sport ? » ajouta-t-il avec un sourire, confiant de la voie dans laquelle il l’emmenait.

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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyJeu 27 Oct - 15:36



La tête sur les épaules, elle ne se laissait pas influencer par une force obscure, une force qui la dissuaderait de toutes les idées fixes qu'elle s'était imposée, qu'elle avait eu depuis sa plus tendre enfance. Se faire aider par une force quelconque pouvait bien servir et ça ne lui ferait aucun mal. Elle gardait un esprit clair et posé mais ça devenait de plus en plus difficile, presque insupportable. Chasser les mauvaises pensées, c'était peine perdue. Elle se rabattait sur son chien, le seul et l'unique mâle avec lequel elle pouvait se confier. Certains penseraient que c'est ringard, peut être même stupide, mais il l'avait bien aidé à surmonter le chagrin qu'elle eut ressentie le jour de l'enterrement de sa mère ainsi qu'aux jours où elle avait comme devoir de la voir sur sa tombe... Poochie était plus qu'un simple chien de maison ou de garde maison, il était un fidèle ami et savait parfaitement qu'il ne risquerait pas de l'abandonner à tout moment. Si elle avait l'autorisation, elle l'emmenérait à ses cours, le présenterait à ses étudiants et donnerait un petit gout de gaiété dans un cours qui pouvait devenir monotone. Souvent, il pouvait arriver que Sinaya raconte ses propres expériences en tant que lycéenne. La passion se lisait dans le creux des yeux de ses élèves. Dans ses souvenirs, les professeurs qu'elle avait eu... il y en avait, peut être, un ou deux qui sortait du lot mais tout le reste... Il ne fut pas étonnant qu'elle participait autant aux cours de littérature. Un cours qu'elle affectionnait particulièrement mais, également, un professeur qui l'inspirait à aller plus dans ses convictions.

Adolescente, elle aurait fait un geste qui aurait déplu au jeune homme. Son approche était étonnante, elle ne s'y attendait pas. Le recul aurait du être propice à cette situation mais le blocage était net. L'arrêt du temps, l'arrêt de son corps tout entier s'était manifesté. Un ordre fut passé à son cerveau, l'ordre de protester, de reculer, de demander ce qu'il faisait et pourquoi. L'information ne fut pas passée et l'effet voulu était inexistant. Le retour en arrières, leurs années au lycée et les rumeurs lancées par plusieurs eurent fait le tour de l'enceinte de ce bâtiment. Sinaya était celle qui niait, entièrement, les rumeurs colportées par des lycéens complètement stupides de penser une telle chose. Leurs retrouvailles ont provoqué un doute, un instant de réflexion. Peut-être les rumeurs eurent le temps de vérité... L'oubli avait été un bon outil et un excellent partenaire. Elle avait passé les vingt-quatre ans... Elle s'était promise de se poser, de penser à concrétiser une envie de fonder une famille. Le temps passait à une allure, tellement, hallucinante, que l'on ne le voyait pas passé. Son père insisterait presque pour qu'elle met de coté cette idée. Il plaçait ses pensées implicitement mais sa petite fille n'était pas entièrement bête et avait hérédité de son statut de clairvoyance. Il avait peur de la perdre un jour comme il a perdu sa femme. Sinaya profitait de chaque instant de sa présence. Une fois, il l'avait rendu à son lieu de travail. Les adultes le reconnaissaient puisqu'il était devenait populaire avec, notamment, la publication de son dernier ouvrage. Elle était très fière de son père. Il retraçait les meilleurs moments qu'il avait passé avec sa mère autant que les mauvais. Quand elle lisait ce livre, les larmes montèrent à une vitesse grand V. Son chien ne se tenait jamais bien loin d'elle lorsque ça arrivait... Reeven, c'était tout autre chose. Quand elle posait les yeux sur lui, sa sérénite revenait et se sentait pleinement bien. Tout était rose alors que la réalité est bien différent que le rêve...

Il pouvait user de tout les stratagèmes que le monde contenait, Sinaya l'avait bien observé pendant qu'ils étaient au lycée. Elle ne cessait de l'observer tout en restant la plus discrète possible. Cela avait bien fonctionné puisqu'il ne s'était rendu compte de rien. La réaction qu'il venait d'avoir, même si ce n'était pas prononcé, la jeune femme se doutait qu'il cachait un secret, un mystère... Dans l'âme, sa nature était curieuse, quand elle ne trouvait pas une réponse à l'une de ses énigmes, elle poussait le vice jusqu'au moment où la lumière lui ouvrit les bras. Le silence était prononcé, elle ne disait rien jusqu'à l'instant où il daignerait à apporter une réponse claire et suffisante. Son recul accentuait les impressions envers lui. Ses bras furent croisés, ne le quittait pas des yeux. « Tes mots me vont droit au coeur mais... » Elle baissait légèrement la tête sur le coté et souriait. « Je ne te cache pas que c'est, aussi, la même chose pour moi... » De nouveau, il s'avançait vers elle. Il semblait être confiant, sur de lui. Elle ne perdait pas ses doutes mais laisserait couler, pour l'instant. « Vraiment? » Elle avançait d'un pas. « Qu'est-ce qui t'a retenu depuis tout ce temps? » Sa curiosité prenait la route tandis qu'un sourire, plus qu'amusé, se lisait sur ses lèvres. « La démonstration n'est pas encore faite... Ces deux lancées de panier me font penser, réellement à du sport. » Un pas de plus. « Lance toi au fond de tes pensées. Montre moi l'autre coté de ce sport. » Certes, elle pensait à l'esprit d'équipe, au travail que fournissaient les joueurs lorsqu'ils étaient pleins dans un match ou lors d'un entraînement mais elle se permettait de savoir un peu plus. Car, dans un sens, elle souhaitait une confirmation de ce qu'elle pensait sans lui en faire part.

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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptyJeu 27 Oct - 19:19



are you hanging on for hope ? her smile will make you weak and proud.

La confession s’était échappée d’entre ses lèvres, pure et innocente, malgré les mises en garde de sa tête contre son instinct. En tentant de contourner le piège tendu par la malicieuse Sinaya, il avait révélé un secret dissimulé durant des années. Cela n’avait que très peu d’importance néanmoins. S’il fallait qu’il lui dise la vérité sur ses ressentis de l’époque du lycée afin qu’il détourne son intention, il le ferait. Il n’était pas prêt à ce que le vérité éclate au grand jour, à ce qu’elle découvre qu’il était presque marié et qu’une femme l’attendait, en cet instant précis, sagement dans la maison qu’ils partageaient. Il n’était pas question que ce jeu s’étouffe. Il n’était pas question que sa vie retrouve son rythme paisible. Il appréciait ce goût de nouveauté, d’aventure qui épiçait son existence et qui le rendait plus passionné par tout ce qui l’entourait. Aux côtés de la jeune femme, les nuances qui teintaient les murs du gymnase avaient une autre nuance, beaucoup plus soutenue, et certainement plus belle. Jusqu’au ballon sous ses paumes, tout était ressenti de façon beaucoup plus intense. Comme si elle réveillait ses sens, que le monde lui ouvrait les portes et qu’il s’engouffrait en découvrant mille et un mystères jamais encore découverts. Il était l’un de ces explorateurs curieux et avides de connaissance, de conquêtes. Et elle était la destination. Il était l’un de ces mineurs qui polissent les pierres et les rendent précieuses. Et elle était le diamant. Plus il s’interdisait de penser à elle en ces termes, plus l’évidence s’imprégnait dans son esprit. Elle était devenue le songe récurrent à une vitesse folle. Lui-même ne comprenait pas comment il était possible qu’il fût rendu à un tel état de nervosité en quelques minutes d’entretien. Certes, depuis qu’ils s’étaient revus, il pensait fréquemment à elle, son esprit voguant jusqu’à la rive des souvenirs, mais il n’était question que de réminiscence. Dans ce cas précis, c’était plus intense, plus fort et beaucoup plus déstabilisant. Il allait jusqu’à éprouver de la difficulté à la regarder dans les yeux tant il s’en voulait. Pourtant, il ne recula pas. C’était stérile et vain. Une perte d’énergie.

La confession s’était échappée mais il n’avait pas menti. Durant toute son adolescence, tandis qu’ils continuaient à faire comme si l’amitié était impossible, il avait vaguement songé à la prendre à partie en lui expliquant qu’il n’était pas qu’un sportif sans cervelle et sans réel but dans la vie. Le football était ce qui lui avait permis de renouer avec une partie de sa personnalité ; il aurait aimé qu’une personne comme Sinaya comprenne. Non. Pas une personne comme elle. Il aurait aimé que Sinaya comprenne, qu’elle lui accorde un peu plus de crédit. Cette dernière parut d’ailleurs étonnée par ce fait, comme il s’en serait douté. « Qu'est-ce qui t'a retenu depuis tout ce temps ? » demanda-t-elle en exultant de curiosité. Il haussa les épaules, médita la réponse à la question avec un sérieux déconcertant. « La démonstration n'est pas encore faite... Ces deux lancées de panier me font penser, réellement à du sport. Lance toi au fond de tes pensées. Montre moi l'autre coté de ce sport. » Comme elle s’était rapprochée, la concentration fut plus difficile à trouver, mais le sujet le passionnait tant qu’il recouvrait bientôt ses esprits. « Je ne sais pas comment t’expliquer ce que je ressentais sur un terrain, comment te faire comprendre. » Il réfléchit quelques instants, exécutant quelques pas dans le gymnase, puis s’immobilisant à la même place comme une idée germait dans son esprit. « Je suppose que tu lisais parce que tu trouvais quelque chose dans les livres, non ? Quelque chose que tu ne trouvais pas dans ta réalité ? Pour moi, c’était la même chose. » Pause, coup d’œil dans sa direction. L’instant était plus intime encore que les jeux de séduction et les répliques cinglantes. En fait, c’était probablement la première fois qu’il parlait de ce ressenti à quelqu’un, de ce qui avait provoqué ce chamboulement dans sa nouvelle vie d’avocat. « Et ça me manquait. L’histoire de mes parents ne t’est pas inconnue, je pense ? Tout le monde a toujours su. J’ai grandi avec mes coéquipiers. C’était ma famille. » conclut-il en lui adressant un fin sourire. Il prit une bouffée d’oxygène afin de calmer ses nerfs et reprendre le contrôle de la situation. « Pour le reste, mademoiselle Chamberlain, vous devrez venir voir par vous-même lors d’un entrainement. Je vous attends sur le terrain extérieur ce jeudi à dix-sept heures. » ajouta-t-il en plaisantant.
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MessageSujet: Re: Ҩ where no one can be found.   Ҩ where no one can be found. EmptySam 29 Oct - 18:27



Il semblerait que leur conversation tournait en un temps de révélations. A leur jeune époque en commun, elle ne se serait jamais doutée qu'il lui aurait manqué... Cela avait un goût étrange mais, à la fois, plaisant. Bien entendue, elle s'en cachait mais le sourire qu'elle affichait sur ses lèvres prouvait tout le contraire. L'enquête qu'elle aurait aimé entamé semblait disparaître de son esprit. Ce qu'il avait dit avait plus d'importances... Il était certain que ce qu'il dissimulait l'était également mais qu'il puisse avouer qu'il était content de la retrouver... C'était plus intéressant et elle était avide de savoir. Peut-être était-ce un petit manège de la détourner mais ça passait de coté pendant un petit moment. Le gymnase, elle n'y était jamais allée. Elle, elle n'aurait même pas souhaité y mettre un seul pied à l'intérieur de ce sanctuaire mais être avec des amies qui obligeaient leur amie à y aller afin d'observer les basketteurs et les idolâtrer... Ce n'était pas son truc mais quand nous sommes obligés, autant l'accomplir et, ensuite, oublier. Elle se rappelait les nombreux matchs qui s'y étaient déroulés à l'époque. Sa concentration n'était pratiquement jamais présente. Pour cause, elle ne quittait jamais ses livres et se passionnaient à les lire, au grand désarroi de ses amies. Être présente, au même endroit, en tête à tête avec Reeven, le son sonnait plus différemment. L'avoir revu, après tant d'années, entraînait l'effet de penser fréquemment à ce dernier. Elle n'était pas arrivée au point d'inscrire son prénom sur ses notes ou dans un bloc note traînant ça et là mais, si elle était une de ces filles enfantines, elle l'aurait fait. En cet instant précis, elle résistait à la force diabolique de ne pas se laisser aller par cette tentation. Elle était livrée à elle-même et sera, la seule, à pouvoir s'en sortir.

Rare où l'amitié entre un garçon et une fille résiste au plaisir de pouvoir goûter à une envie charnelle. La séduction résidait entre ces deux mondes. Une amitié ne pouvait avoir lieu. Une lutte sans merci avait été entamé pour que Sinaya met, aux oubliettes, les nombreuses rumeurs qui furent colportées par certains à l'époque du lycée. Un doute s'était immiscé dans son esprit. Peut-être que les professeurs s'amuseraient à en faire de même? Certes, ils ne sont pas aussi stupides qu'en étant jeune mais tout pouvait arriver. Elle saurait qu'elle parviendrait à y faire face. Ou, sera-t-elle fatiguée de jouer à ce jeu... Les questions fusaient librement et rapidement à l'intérieur de son esprit. Elle voulait savoir et n'y allait pas par quatre chemins pour qu'il le sache. D'ailleurs, il s'était mis à faire quelques pas dans le gymnase en y réfléchissant. Sinaya l'observait avec un petit froncement de sourcils. Il avait visé juste et s'était éprise à baisser, un léger instant, ses yeux vers le bas. Les livres l'envoyaient dans un autre monde. Un monde dans lequel elle se sentait bien... Un monde où la personne qui n'était plus là s'y retrouvait... C'était l'époque où elle s'amusait à rêver d'un monde parfait. L'illusion s'était vite dissipée. Ses yeux pétillaient presque lorsqu'elle les remontait vers Reeven. Elle ignorait... L'émotion l'a gagnait. Avec un fin sourire, elle se rapprochait, finalement, de ce dernier. « Et ils le seront toujours. Tu pourras toujours compter sur moi. » Elle allait, ensuite, dans ses bras. Aucune arrière pensée la guidait, l'émotion en était la seule cause. « Ton papa et ta maman seraient très fiers de leur fils. » Elle n'avait jamais parlé de sa mère à ce dernier. Peut-être qu'ils n'avaient jamais abordé le sujet de la famille... Elle se détachait de ses bras et lui adressait un regard. « Ils doivent beaucoup te manquer... » Elle se lançait à une confidence intime. Peut-être n'avait-il pas envie d'aborder ce genre de discussion. Le sujet déviait sur un tout autre sens. Sinaya s'était reculée de quelques pas. « A dix-sept heures? J'y serais. J'enfilerai ma plus belle combinaison de sport. » Prononçait-elle, également, en plaisantant. « Je suis très sérieuse. Je serai présente. » Un sourire plus soutenu. Son regard passait du panier au jeune homme. « Tu aurais fait une belle carrière en tant qu'avocat mais l'homme que tu es devenu... c'était ce dont je m'imaginais... » Il lui a fallu plusieurs minutes pour se rendre compte de l'ampleur à laquelle la conversation allait. Elle se raclait la gorge pour, finalement, jeter un coup d'oeil à sa montre. « J'ai, encore, une montagne de travail... Je ne finirai pas la nuit. » Lançait-elle en plaisantant, riant doucement. Elle finissait par s'installer sur l'un des bancs qui régnait dans la salle. « Ca t'arrive souvent de rester tard dans le gymnase? »

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