Me voici accompagnée de Nate, mon ami de toujours, dans la mairie d’Arrowsic qui semblait vide. Comment étions-nous arrivés là ? Comment se faisait-il que je ressentais une attirance envers lui après toutes ces années ? Que se passait-il dans ma tête ? C’était des questions auxquelles je ne pouvais pas répondre parce que d’une : j’étais trop soule pour ça, et de deux : ma tête s’était envolée à chaque gorgée d’alcool que j’avais bu au cours de cette soirée. Nate se trouvait devant moi, plus attirant que jamais, avec sa carrure imposante à la fois terrifiante et fascinante. Ses pupilles dilatées me disaient que, lui aussi, n’était pas dans un état normal. Quant à moi, et bien, je me sentais comme un éléphant sur un tapis volant. Je devais sans doute paraitre stupide, pathétique, pitoyable et imbécile, mais cela m’importait peu. Cela faisait depuis tellement longtemps que je ne m’étais pas amusé, alors je voulais simplement en profiter. Peu importe les répercussions, peu importe ce que tout le monde allait penser de moi. De toute façon, je n’avais rien à perdre. J’essayais de rester immobile, bien que je manquais de vaciller à certains moments. Mes talons me faisaient horriblement mal aux pieds. Alors, avec un air embêté, je les enlevai, avant de crier : « Putain qu’est-ce que ça fait mal ces merdes là ! Allez, envolées ! » dis-je satisfaite avant de les balancer n’importe où dans la pièce. Tout d’un coup, je me sentais mieux. Je m’approchai alors de mon ami Nate, avant de lui murmurer à son oreille : « Tu sais que j’ai très envie de toi ? » Je le regardais, le regard brûlant de désir. Je me pinçai les lèvres, avant de lui dire : « Personne ne nous verra, ici. » En effet, la mairie était vide. Tous étaient occupés à s’amuser à l’extérieur. Ici, nous étions à l’abri des regards et des rumeurs, à l’abri des bavardages discrets et des regards curieux. Je ne voyais que lui, et j’étais toute excitée à l’idée de passer un moment avec lui. J’avais l’impression de revivre. J’avais l’impression de retrouver la Abbey qui m’avait quittée quand j’avais posé les pieds sur la terre d’Arrowsic. Je me sentais tellement bien, que je ne n’aurais échangé ma place pour rien au monde. Oui, je me sentais tout simplement… bien. Comme si tout était parfait. Comme si rien n’importait. Comme si la vie était belle.