Du bonheur à l'état pur, brut, natif, volcanique, quel pied ! C'était mieux que tout, mieux que la drogue, mieux que l'héro, mieux que la dope, coke, crack, fix, joint, shit, shoot, snif, pét', ganja, marie-jeanne, cannabis, beuh, peyotl, buvard, acide, LSD, extasy. Mieux que le sexe, mieux que la fellation, soixante-neuf, partouze, masturbation, tantrisme, kama-sutra, brouette thaïlandaise. Mieux que le Nutella au beurre de cacahuète et le milk-shake banane. (...) Oui, on le connaitt tous ce passage. Plutôt mignon la première fois, il nous reste en tête, la course poursuite de Julien dans sa voiture qui trotte dans l'esprit, l'explosion aussi. On trouve l'histoire adorable, quelques allures romantiques et mélodramatiques, mais les histoires d'amour qui se trouvent et se brisent, les histoires qui durent depuis si longtemps et qui ne parviennent pas à conclure font toujours leur effet. Beaucoup de filles citeront Jeux d'Enfants comme l'un de leurs films préférés, et d'autres critiqueront ce débordement de niaiserie. Tout est relatif. Mais voilà, tandis que Julien avait besoin de son jeu avec Sophie, Elizabeth elle, qui n'avait encore trouvé personne pour y jouer et qui n'était pas tellement d'humeur à s'amuser dans un jeu qui, au final détruisait les participants plus qu'autre chose ; se contentait de s'empiffrer. Sa dernière lubie de la semaine fut les M&M's. Petit paquet jaune, d'abord croquant, puis délicieusement sucré et fondant, on arrive après la couche chocolatée au cœur cacahuète. Elle ne noyait plus sa peine dans un fond de verre, elle se plongeait plutôt tout entière dans ces délices sucrés, et elle avait réalisé ce soir-là qu'il n'y en avait plus de son armoire. Malheur ! Elle leva la tête : 9:48 pm. Eli avait l'habitude de se changer dès lorsqu'elle arrivait, et il s'avérait donc qu'elle se retrouvait dans une tenue ridicule, dans le genre pantalon à petit poids et un mélange de chaussette-chausson vert avec une grenouille. Oui, elle aimait bien ces choses là, frôlant le ridicule, mais elle trouvait ça mignon parfois. Elle se changea alors rapidement, enfilant le premier jean qui se trouvait face à elle, attrapa sa veste et claqua la porte. Elle courut le plus vite possible jusqu'au supermarché, qui, heureusement, n'était pas trop loin. Le grillage qui annonçait la fermeture très prochaine était déjà descendu à moitié. Elle prit alors plus de vitesse et se glissa rapidement en dessous.
« Non mademoiselle, il est trop tard !
- Je ferai vite ! » répondit-elle, sans même s'arrêter ni se retourner pour voir l'homme qui lui parla.
C'était une véritable course contre la montre ; et enfin lorsqu'elle arriva dans le rayon béni, malheur ! Il ne restait qu'un seul paquet, alors qu'elle pensait pouvoir en acheter plusieurs et être tranquille quelques journées. Mais c'était encore un problème mineur, car en effet, au même moment où elle s'arrêta devant ce paquet, un jeune homme fit de même. Ils se retrouvaient à deux, face à un seul paquet. Elizabeth n'en démordrait pas, elle voulait ce paquet, elle en avait besoin.