Sujet: LINA-LEXY ❖ faire semblant d'exister. Mar 21 Juin - 19:10
faire semblant d'exister.
Y'a des gens chez moi. Je sais qui sait. Ils sont au moins dix. Ils ont mis la musique, elle est très forte, les voisins vont rappliquer – et appeler les flics. J'ai envie de les virer, mais je peux pas. Ils comptent sur moi, je le sais. Ils comptent sur moi pour abriter leurs soirées clandestines. Je peux pas leur faire faux bond. Même si j'ai envie d'être seule, j'ai pas le droit. C'est comme si j'avais signer un contrat : chez moi, ils ont tous les droits. Je me lève du canapé avec difficulté, un joint dans une main et une bouteille de vodka pure dans l'autre. Ma démarche est mal assurée, hésitante. Dans ma tête, c'est l'chaos. Ça tourne. Ça gueule. Ça résonne. Ça fait mal. Vraiment mal. Je me dirige vers la porte d'entrée – ou de sortie, dans le contexte actuelle. Dehors, il fait lourd. Comme si un orage allait bientôt exploser au dessus de ma tête – ce que ferait un bien fou, c'est certain. Sous mes pieds, le béton est chaud. Je remarque que j'ai oublié de mettre des chaussure et que le t-shirt blanc que j'ai enfilé cet après-midi sans soutif est carrément transparent. Tant pis – ou tant mieux, pour les pervers pédophiles se baladant en pleine nuit dans les rues d'Arrowsic. Je tire une dernière latte sur le cône avant de le jeter au loin, à l'aveuglette. Et s'il déclenche un immense incendie ? Tant mieux. Dans le chaos, y'aura peut-être moyen que j'me barre et que je retourne à Londres. À la nage. J'ai peur de rien, moi. Je sais pas trop où je vais. Je m'éloigne de chez moi et de la vision de corps adolescents se collant de trop près. J'ai rien contre eux, ils me rappellent juste un peu trop moi et mes envies. Passées et présentes. J'ai envie de cul comme jamais. J'ai envie d'un mec, d'un vrai, juste pour une heure ou deux. Pas d'mots doux, pas d'vie en rose, pas d'amour tendre, soyons clair. J'ai envie de bestialité, de violence, de cru, de sale, de dégueulasse. J'avale une gorgée de vodka. Elle me brûle la gorge. J'ai envie de dégueuler. Pour faire passer l'envie, j'avale une nouvelle gorgée d'alcool. Et puis encore une autre.
Je ne suis pas certaine de sentir mon cœur battre. Peut-être qu'il est mort, ce con, ça me ferait des vacances. Peut-être qu'il s'est suicidé, lui. Qu'il a pas manqué son grand saut. Nouvelle gorgée avalée au goulot. Y'a plus aucune maison autour de moi. Je n'sais pas où je suis – au bout du monde ? Au loin, j'entends le bruit de l'océan, le ressac des vagues qui se démènent pour pas crever sur la plage. Je cours. Le sol, qui devient pierre petit à petit, m'écorche les pieds. Je renverse un peu d'alcool sur mon chemin. Ma course se stoppe nette quand j'me retrouve face au vide. Un pas de plus et je tombe. Un pas de plus et c'est le vide, le saut droit dans l'eau salée. Je préfère m'arrêter. J'observe. Le bruit de l'océan a l'étrange donc d'apaiser ma furie. Je m'assieds, les pieds dans le vide. Du bout des doigts, je fais tomber quelques cailloux. Putain. Putain. C'est vachement haut quand même. Putain. C'est flippant. Sans me relever, je me glisse en arrière et avale une autre gorgée de vodka. Boire au goulot n'est pas toujours une bonne idée : pour preuve, j'ai le t-shirt et le menton trempé. Au clair de Lune, j'observe la bouteille. Putain, il en reste plus que la moitié. 'Faut vite que je finisse ça. Nouvelle gorgée. Ça y est, maintenant, je le sens mon cœur qui bat. Il est pas mort, ce crétin, il est toujours là. Une goutte tombe du ciel et vient s'écraser sur mon nez. Il n'manquait plus qu'ça. Difficilement, je me lève et commence à tourner sur moi-même, dangereusement près du vide.
« I'm singing in the rain, Just singing in the rain, What a glorious feelin', I'm happy again, I'm laughing at clouds, So dark up above, The sun's in my heart, And I'm ready for love... » Ma voix est loin d'être juste. Je crie plus que je ne chante. Mais ça fait du bien, dans le fond. Quelle chanson ridicule. Mais pour l'occasion, c'est la seule qui me passe par la tête. D'un coup, ma cheville lâche et je me retrouve au sol, l'avant bras droit complètement écorché. Putain, j'ai mal au bide. Putain, j'vais dégueuler.
Sujet: Re: LINA-LEXY ❖ faire semblant d'exister. Mar 21 Juin - 20:56
Just the two of us
Lina-Lexie regarda par la fenêtre. Wahou quel temps orageux. Le ciel était noir encre. C'était la première fois depuis son arrivée à Arrowsic qu'elle voyait une météo pareil. Jusqu'ici il avait toujours fait beau. Cette fois-ci, la météo était égale à ses sentiments. Un bon orage, le déchainement des éléments, voilà ce qu'il lui fallait. Toute excitée, elle décida de sortir aprécier ce cadeau de la nature. Alors que la plupart des gens rentraient chez eux en se hâtant, Lina-Lexie sortit dehors en courant, un joint à la main (car un bonheur ne vient jamais seul). Elle choisit de se diriger vers les falaises afin d'admirer la mer et le ciel ne former qu'un. Elle arriva tout en haut et aperçu une fille titubant dangeureusement tout au bord d'une des falaises, une bouteille de vodka pure à la main. Elle l'observa s'asseoir, puis s'allonger par terre. Elle avait l'air totalement perdue. Lina-Lexie ne savait pas réellement comment réagir. Brusquement, mademoiselle vodka se releva, le visage écarlate, elle vomit ses entrailles. « Charmante rencontre » pensa Lina-Lexie.
La jolie brune s'assit à terre et alluma son joint. Il se mit à pleuvoir, elle du protéger son cône à l'aide des ses paumes afin de ne pas qu'il s'éteigne. Quel beau temps. Que c'était beau ce vent, cette pluie, ces grondements de tonnerre au loin... Lina-Lexie prit une bouffée de son joint, puis une autre, puis encore une autre... Alors qu'elle commençait à se sentir stone, elle reprit conscience de ce qui l'entourait. Cela faisait bien dix minutes qu'elle n'avait plus entendu "I'm singing in the rain" massacrée par sa voisine de falaise bourrée. La jeune fille était allongé sur le sol et ne bougeait plus, sa bouteille ne vodka avait disparue. Lina-Lexie, prise par l'urgence de la situation, se leva si vite qu'elle failli tomber. Elle accourut jusqu'à la jeune fille, la secoua et lui murmura « Aller ! Reveilles toi ma belle ! » Un léger « soifff...» se fit entendre. Lina-Lexie ricana et l'aida à se lever, elle dut la soutenir durant tout le trajet, ce qui n'était pas facile pour quelqu'un de peu sportif. Elle décida de l'emmener chez elle puisque mademoiselle vodka avait perdu sa langue et, étant donné la météo, elle ne pouvait pas la laisser là.
Arrivées à bon port, Lina-Lexie lui servit un verre d'eau et la belle inconnue retrouva doucement ses esprits...