“And if you have a minute why don't we go Talk about it somewhere only we know ?„

Le vent soufflait sur mon visage. Quelques oiseaux virevoltaient au-dessus de ma tête, laissant leurs ailes se déployer. Le soleil éblouissait doucement mon visage. L’herbe piquait mes bras fatigués. Le parfum des fleurs parvenaient à mes narines. J’inspirais cette odeur de toutes mes forces, tellement elle était agréable. Mon regard était fixé sur ces oiseaux, qui volaient dans tout le ciel, comme les maitres du monde, comme les maitres de la terre. Ils pouvaient aller où ils voulaient, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient, cela n’aurait dérangé personne. Le monde leur appartenait. Ils dominaient le monde. Parfois, je rêvais d’être un oiseau. Pour voler. Pour être libre. Complètement libre. Je les enviais, oui, je devais l’avouer. Un jour peut-être, quand je ne serais plus de ce monde, je serais un oiseau. Oui, peut-être. Je l’espérais en tout cas. Mais j’étais bien, là ici, dans cet endroit reculé d’Arrowsic, qui dominait tout. Les falaises. Ou l’endroit le plus haut d’Arrowsic. Je pouvais distinguer au loin la mer, le vieux phare, les quelques habitations, et les petites ruelles que je connaissais si bien. C’était un petit coin de paradis, ici. Un endroit calme, posé, et tranquille. Un endroit comme je les aime. Du haut de ces falaises, je me sentais comme un prédateur, comme quelqu’un de puissant. J’avoue que cette position m’avait toujours fait rêver. Je rêvais de devenir quelqu’un d’intelligent, de reconnu, quelqu’un de supérieur à tout le monde. Oui, j’ai toujours voulu ça : dominer le monde. Faire quelque chose de ma vie. Finalement, j’avais arrêté de rêver, et espérer ce jour où mes espoirs seront accomplis. J’avais fini par revenir à réalité. J’avais mûri. Je pouvais distinguer le possible et l’impossible. J’avais évolué. J’avais un peu changé. Je me suis calmé. C’était la vie. On change tous un jour, n’est-ce pas ? Je marchai alors vers le bord des falaises. Tout était si beau. Tout était si merveilleux. Je ne pouvais pas croire qu’un tel endroit pouvait exister. Et j’étais heureux. Oui, j’étais heureux d’être ici, dans cet endroit qui me faisait tout oublier, qui me faisait rêver. Je regardais au loin. Tout s’étendait à perte de vue. Qu’y avait-il après la mer d’Arrowsic ? Qu’y avait-il à côté de nous ? Je n’en savais rien. J’avais l’impression de vivre isolé du monde entier. Mais c’était ici que je voulais vivre. Arrowsic était ma terre promise, j’en étais certain à présent. Et jamais je ne partirais. Jamais. C’est ici que je dois accomplir le reste de ma vie. Je le sais. Je me tenais droit, comme un pic. Mes mains se tenaient fermement sur mes hanches. Un sourire s’afficha sur mes lèvres. J’avais envie de crier que j’étais le roi du monde. Parce que c’était ce que je ressentais à ce moment-là. Et puis j’entendis des pas déformer l’herbe. Des petits pas discrets. Je me demandais bien qui ça pouvait être. En fait, je pouvais le deviner. Il y avait une personne que je n’avais pas vu depuis longtemps, et que j’allais retrouver. Une personne qui me tenait à cœur. Une blonde. Une blonde que je n’avais pas vue depuis vingt ans. Je me demandais bien si j’allais la reconnaitre. Celestine. Ou ce petit ange souriant. Je me retournai alors. Je ne pus m’empêcher de sourire. Elle était tellement belle. Elle était d’une incroyable beauté. J’avoue avoir été un peu abasourdi pendant quelques secondes, puis je finis par dire : « Celestine ! Eh bien, on peut dire que tu as poussée. » C’était fou tout de même à quel point elle avait changé. Elle me sourit, et ce sourire me fit plaisir. Finalement, je vins m’approcher d’elle et passai mes bras autour d’elle, amicalement. Comme au bon vieux temps.