Sujet: « dont let me down again. » colton&angus. Lun 1 Aoû - 23:53
LE JOUR OÙ UN GARÇON SERA AMOUREUX DE MOI, VRAIMENT AMOUREUX. JE LE FERAI SOUFFRIR HORRIBLEMENT.
Depuis qu’ils sont arrivés en ville, Angus n’est pas sorti de la maison dont il a hérité au récent décès de sa mère. A côté de la plaque, ce serait peu dire. Il s’enferme des heures entières dans un mutisme effrayant, il se perd, s’abime, se défonce trop souvent. Parfois un mauvais trip, mais Colton est là pour essuyer les larmes. Les jours se répètent, ils s’enchainent, c'est pathétique. Ce que lui a laissé sa génitrice, suffit à subvenir aux besoins. Et si l’argent vient à manquer, alors il reprendra ses petites affaires illégales. Pour le moment, il fixe l’horizon tandis que le vent gifle son beau visage presque innocent. Presque, car Angus est un véritable démon sur pattes, qui n’a plus qu’une obsession : détruire. Colton dans son sillage, il sait qu’il va finir par le démolir. Il ne veut pas, il le promet. Le problème ? Il est incapable de s’en séparer. Il ne peut plus, il sait que son absence n’a fait qu’empirer ses névroses, que son absence l’a amener aux frontières des aliénés. Sans lui, tout foire, tout part en vrille, se décompose, se disloque sous ses doigts et lui déchire le visage à coups de couteaux bien sentis. Les autres… Les autres sont des ennemis, les autres sont des dangers, les autres finiront par le buter. Paranoïaque ? C’est les cachets qu’il ingurgite, et l’herbe qu’il fume. Assit sur une chaise en bois, de la terrasse. Il observe le monde tourner. Les minutes s’égrainent, l’astre ardent commence sa descente en douceur. La soirée arrive, la nuit va bientôt s’installer. Une journée supplémentaire de perdue. Une journée de plus à n’avoir strictement rien fait. Angus ne parle pas de sa mère, ni de quoique ce soit le concernant, finalement. Le néant le plus absurde et le plus parfait, paraît l‘habiter. Silencieux, la plupart du temps. Il préfère se la jouer discret, il n’aime pas s’étendre sur ce qu’il ressent. Il sait qu’il fait flipper, à voir tout en noir, à détester, à haïr carrément tout ce qu’il entraperçoit. Il n’est pas en mesure de se modérer, il est impitoyable et buté. Parfois une colère pour une broutille, il explose telle la bombe humaine qu’il est. Les déflagrations peuvent terroriser, sauf que son double ne paraît nullement s'en soucier. Frustré et plein de dégout. Amertume, serait le mot le plus pertinemment. Et envers quoi ? Envers lui-même, surement. De ce cosmos aussi, sans doute. Qu’importe. Angus est une énigme qu’il est difficile de déchiffrer, de cerner et de réussir convenablement à analyser. Il est en manque, en surplus. Fatigué, et pourtant il ne trouve pas le sommeil. Il a besoin d’être seul, mais ne peut pas s’écarter et délaisser une seconde fois Colton. Trop de contradictions, il s’y perd. Il a envie de crier. Et pour quoi faire ? A part avoir l’air d’un con, il n’en voit pas l’utilité immédiate. Fondamentalement dégénéré, le jeune homme est un être d’une instabilité à faire pâlir. Un coup et il se brise, et il lacère la figure de l’impertinent qui aurait tenter de l‘atteindre et de le faire souffrir. Angus a mal, dans la poitrine, son organisme tout entier hurle à la mort. Se reconstruire ? Non. A l’intérieur, il est abimé. Personne ne le guérira. Il le sait, il le veut, il le jure, il le crache. Le déclin du jour annonce la fin d’une étape. L’entre deux, le crépuscule. Il n’y a rien de plus beau, dit t’on. L’ange camé s’en fout. Il a tenu toute la journée sans tenter quoique ce soit de stupide. Pas d’escalade du toit de la demeure, pas de consommation abusive de joints, et pas de tentative de suicide en buvant une bouteille d’eau de javel. Angus se demande encore -toutefois- quel gout peut avoir ce produit. Il se souvient en avoir avalé, jadis, lorsqu’il n’était qu’un vilain môme turbulent et délirant. Le môme n’a vraisemblablement pas grandi. Apathique, Angus regarde le vide devant lui. Une cigarette fumante, coincée entre ses lèvres pécheresses. Le bout noirâtre rougit dès qu’il aspire le gaz empoisonné (qui lui dévore les poumons et la trachée). Il porte parfois ses doigts sur la tige blanche, tapote négligemment et la cendre tombe au sol. Voici sa septième clope. Il est installé à l’air libre depuis trois bonnes heures. Songeur, il attend. Il ne se fait aucune illusion sur l‘avenir. Fataliste ? Peut être. Ou simplement désabusé. Au fond, Angus est un gosse complètement paumé qui ne cherche plus rien. Se sortir la tête de l‘eau, il n‘en a pas envie. Il apprécie se noyer, suffoquer, et enfin s‘asphyxier. Désenchanté avant l’âge, il préfère fuir la réalité plutôt que de devoir lamentablement l’affronter. Il sait qu’il n’en ressortira pas vivant. Il s’enfonce, il finira par s’éteindre, crever de quelque chose. Pourvu que ce soit spectaculaire et violent. Une overdose, ou une crise cardiaque. L’un comme l’autre est envisageable. Un cancer ? Trop lent. Ou un accident de bagnole, et la gueule dans le pare-brise. Tout est possible, depuis qu’il a compris que l’on peut jouer avec son existence. Angus teste les limites, il a pour ambition démesurée d’enchainer les conneries les plus morbides, d‘emmerder les individus osant pénétrer dans son existence et envoyer le tout à la benne dès qu'il le décide. Ca lui permet de se sentir vivant, il n'a plus l’étrange impression de n’être qu’un putain de cadavre ambulant. Son téléphone portable se met à vibrer sur la table de jardin, l’enfant instable vrille son regard sombre sur l’outil moderne. Un prénom s’affiche, toujours le même. Judes. Il ne répond pas et relève ses iris mordorées sur la végétation dite "saine" et les mauvaises herbes entremêlées. Connard, enfoiré ou quelques autres fantaisies de ce style lui correspondent à merveille. Eternel célibataire, il n’envisage que difficilement le couple. Et si couple il y a, cela ne peut que se constater avec Colton. Mais ce n’est pas un couple ! Hurlait t’il, quand la garce est venue le faire chier. En effet ; Il a répondu une fois au téléphone, et elle lui a fait une scène. Ce n’était pas le moment, et surtout pas la méthode adéquate pour l’approcher et le reconquérir. Un sourire étire son minois d’arrogant. Il est amusé, et à la fois agacé. Un duo, une unité, un concentré de surpuissance intergalactique. Ouais… Avec Colton il se sent puissant et réussi à respirer. Arrivés il y a peu, la maison a été nettoyé par leurs bons soins. Le jardin restera dans cet état, puisque sincèrement, Angus ne voit pas l’urgence de rendre le lieu dégagé et agréable : superficiel. Que la nature reprenne ses droits et bouffe l’espace ! Cela lui plait. Laissant son crâne basculer en arrière, sa tignasse brune et hirsute suit paresseusement le mouvement. Il clôt ses paupières et écoute d’une oreille attentive les sons divers et variés. Un silence quasiment religieux. Il ne supporte plus. D’un bond, il se lève, projette sa cigarette dans un buisson et choppe à la volée son paquet de golden strike. L’enfant sauvage passe la baie vitrée et s’immobilise net. Sur le canapé, Colton est dans une lecture. Une bd, toujours, inlassablement, déraisonnablement. Sans savoir pourquoi, la vision de sa moitié absorbée dans une fiction fait monter en lui une colère noire, dévastatrice. S’avançant de sa démarche nonchalante, il s'approche, pousse la table basse du salon avec l'un de ses pieds nus. Angus se positionne juste en face de son autre, et enragé, lui enlève des mains le bouquin, qu’il balance à travers la pièce. Cela n’étonnera surement pas Colton, ce n’est pas la première fois que ses bd apprennent à voler grâce à Angus. Et cela ne sera surement pas la dernière. « Tu fais chier Colt ! » Crie t’il, en lui jetant au visage son paquet de clopes. Et pour quelle raison beugle t'il ? Il ne sait pas encore, mais il va trouver. Sale petit merdeux. Angus a besoin de savoir que Colton est ici, bien réel, qu’il ne s’en ira pas, qu’il ne disparaitra en aucun cas. Un besoin urgent d’être rassuré, un reflexe infantile qu’il n’a jamais vraiment été capable de dominer et de surmonter. C'est l'alerte, il l'appelle à l'aide.
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Mar 2 Aoû - 0:50
always try to be a little kinder than is necessary ; Parfois, on ouvre un livre à la première page et on se rend compte qu’il n’est pas fait pour nous. Les mots s’entrechoquent dans notre tête et il est évident qu’ils ne sont que dérision. L’histoire ne nous correspond pas, elle ne nous parle pas. Son sens même nous échappe. Parfois, on se dit qu’il faudrait approfondir, creuser plus loin, attendre le prochain chapitre. Mais la plupart du temps, on a beau essayer, c’est peine perdue. S’il est vrai qu’on juge un livre par sa couverture, les mots n’ont pas une place anodine dans ce jugement. C’est l’élément crucial. Celui qui nous donne l’envie de continuer ou de simplement de refermer l’ouvrage. L’être humain était semblable à un livre et c’était ainsi que Colton le percevait. Il les jugeait de par leur couverture. Analysant chaque partie du corps avec une indifférence feinte mais une concentration folle. Tout l’intéressait. De la pointe des cheveux à la pointe des orteils. Ce n’était qu’une histoire de couverture. Il lisait sur leur visage la personnalité qu’il voulait leur donner. Parfois, il tombait à côté. Parfois, il tombait juste. Mais dans le fond, peu lui importait la véritable réponse. Si la couverture ne lui plaisait pas – et croyez bien que l’esthétique était loin d’être le principal attrait de sa démarche – il changeait simplement de passant. Comme si, tout simplement, ça ne l’intéressait pas. Et c’était le cas. C’était un enfant malgré lui et les enfants, ils font leur choix. Va pour se jouet et hop, l’autre à la poubelle. On pouvait dire que Colton prenait les gens pour des livres, des poupées, des jouets. Mais c’était bien plus que cela. C’était… inexplicable. Comme une façon incompréhensible de se protéger du vent, du temps, des gens. Après, il se décidait ou non à ouvrir le livre. Et il parcourait leur âme comme il parcourait les chapitres innombrables d’un roman. S’enfonçant, page après page, souvenir après souvenir. Depuis toujours, c’était sa manière de procéder. Depuis toujours, il avait lu et relu tellement de choses qu’il ne parviendrait jamais à les énumérer. Pourtant… il ne lui en avait fallu qu’un seul, pour s’accrocher désespérément. Comme s’il s’agissait du livre sacré de son existence. Comme si l’histoire de la vie tout entière y était narrée. Angus. Sa bible, son Da Vinci Code, son… Il n’y avait pas de mot pour le décrire. C’était son énigme personnelle. Il avait beau en connaître chaque attrait, chaque page, chaque paragraphe, chaque lignes et même jusqu’à chaque mot : il demeurait incompréhensible. Perturbé par les frémissements de son cœur dès son approche, Colton n’était plus maître de lui-même. Il se sentait comme oppressé dans son propre corps. Comme malmené par les flots d’une mer incertaine. Et voilà, pourquoi il essayait en vain de se protéger. D’emmuré son cœur dans une suffisance d’indifférence, dans un désintérêt total et dans un monde dépourvu de toute réalité. S’accrochant à la vie comme à un rêve, il ne voyait plus le monde que comme une succession de moments sans intérêt, de secondes à subir et de minutes à combler.
Fatigué et las de se battre contre plus fort que lui, Colton avait mis les voiles ce jour-là. Oh bien sûr, il n’avait pas pris le large comme il aurait du le faire, il demeurait dans la même maison que sa moitié, mais cela ne l’empêchait de s’être enfermé dans un mutisme exaspérant. Entre ses doigts fins, il tenait une bande dessinée qu’il avait retrouvée dans les cartons du déménagement. Parfois, il se demandait pourquoi il avait tant de mal à grandir. Pourquoi il fallait sans cesse qu’il se rattache à ses vieux démons, à ses vieux héros ? Il avait appris qu’il n’y avait personne pour personne mais que c’était chacun pour soit, alors, pourquoi s’entêter ? Lui-même ne parvenait pas à trouver la réponse. Alors, il avait cessé de réfléchir et c’était simplement callé dans le canapé pour découvrir ses folles aventures qu’il avait si bien oublié. Le silence qui régnait autour de lui était si pesant qu’une perle de sueur glissa le long de son front. Il aurait voulu que quelque chose autour de lui se meuve, que le vent tourne, qu’une nouvelle mélodie démarre… Mais rien. Ce silence si assourdissant et cette présence si lointaine et proche à la fois. Ses doigts se crispaient sur le papier alors que son regard vrillait à droite et à gauche, angoissé à l’idée de le voir débarquer. Il n’avait pas peur de lui. Pas vraiment. Mais c’était Angus. Et avec lui, même s’il le connaissait mieux que lui-même, les choses n’étaient jamais simples. Il n’avait d’ailleurs pas eu tort de s’inquiéter, car soudain, son insupportable reflet délabré s’avançait vers lui. A la vue de ses traits déformés, Colton soupira exaspéré. Une fois de plus, il n’y échapperait pas. Angus s’approcha et poussa rageusement du pied la table basse qui se trouvait devant lui. Se plantant devant l’artiste raté qui ne prit même pas la peine de relever la tête, agacé de cette colère tant répétée. Il sent qu’on lui arrache son bien et n’essaye même pas de résister. Son regard demeure froid, désillusionné et fixé droit devant lui. « Tu fais chier Colt ! » Il lui hurle dessus et lui lance son paquet de clopes au visage. Pourquoi faut-il toujours qu’il crie ? Qu’il s’époumone ? Qu’il fasse entendre à la terre entière son appel à l’aide s’il refuse qu’on lui tende la main ? Colton reste assis mais lève les ses prunelles azurées vers celui qu’il aime outre mesure et jusqu’à la démesure. Il le fixe. De son regard de glace, de son regard indifférent et perdu. Il cherche les mots à employer. Seul qu’il faut utiliser. Ceux qui ne feront pas hurler. Alors d’une voix empreinte de mélancolie, il laisse échapper trois pauvres syllabes. Un vulgaire mot. Une vulgaire excuse. « Désolé. » Désolé de quoi ? D’être lui, simplement. De demeuré endormi à vie. Il se redresse soudain, dans un mouvement brusque et inattendu. Son nez vint se frotter à celui d’Angus alors que sa respiration se fait plus hachée et torturée. Ses yeux fixent cependant le sol. Il n’est pas encore suffisamment à l’aise pour le défier. Pour lui dire de le regard et de le contempler lui aussi. « Toi aussi, tu fais chier. » Les mots quittent ses lèvres avec peine. Comme si dépassés cette frontière invisible était une torture insupportable. Comme s’il ne fallait pas le dire. Redressant soudain ces deux perles céruléennes, Colton le scrute. Son visage parle pour lui. Il est fatigué. Affligé. Et dans un souffle inaudible il tente à peine un ridicule : « Arrête de me faire ça. » Faire quoi ? La question le happe soudain. Lui-même ne sait pas de quoi il parle, il sait juste qu’il veut que ça s’arrête. Ses mains viennent s’accrocher aux t-shirt de son ami, comme dans un geste de désespoir soudain. Il froisse le tissu entre ses doigts, cherchant à calmer les palpitations de son cœur. Il a mal. Il ne sait pas où ni pourquoi, mais il sait que ça lui fait mal. il s’accroche à ce bout de tissu comme un naufragé à sa bouée. Il coule. Inlassablement. Vers le fond, vers la fin. Il faut qu’on le retienne, sinon, il se noiera. Sa tête bascule soudain et son front se heurte à l’épaule de son double. Elle lui semble si lourde, impossible à maintenir et il répète, fatigué : « Arrête. » Est-ce à lui-même qu’il adresse ces mots où à celui qui doit désormais supporter son poids ? La réponse n’a que peu d’intérêt pour le moment…
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Mer 3 Aoû - 23:51
Il avance, il regarde. Angus est le pire des prédateurs possibles. Il fixe sa proie et la prend en grippe. Il ne la lâchera plus, pas tant qu’il ne l’aura pas décidé, envisagé, ou ne serait-ce que songer. Faire mal, il n’apprécie pas spécialement. Faire souffrir Colton, c’est une seconde nature. Il ne peut pas s’en empêcher, c’est plus fort que lui. La, à lorgner le joli visage de son double. Il en détaille le moindre attrait, il scrute la plus infime plissure. Et il aime ça, il ne peut plus se défaire de cette absurde contemplation qui absorbe sa logique et son bon sens. Il souhaiterait sans nul doute lui envoyer une claque dans la gueule, peut être un coup de poing bien placer. Il faut détruire ce visage, le rendre laid, horrible, affreux. Et pour quelle raison ? Il ne sait pas très bien. Surement pour celle qui le pousse aussi à lui jeter son paquet de clopes d'un air hargneux. Surement la même qui l’oblige à le torturer chaque nouveau jour supplémentaire. Il en a besoin, un satané besoin. Morbide et intense, qui lui bouffe les entrailles et le fait chanceler. Lui, et seulement lui. Pour toujours et à jamais. C’est une promesse, il compte bien la lui faire respecter, la lui rappeler également. Et si l‘échange est violent ? La leçon sera d‘autant mieux apprise. Il ne peut pas briser l’accord, pas briser le rêve. Et si tout disparaissait ? Et si Colton lui aussi le quittait ? Après tout, Angus mérite de finir tout seul dans un trou, dans la merde. Seul, seul, seul. C’est cette mélopée interdite qui remonte dans sa cervelle malade et frappe contre ses tempes. Angus a envie de chialer, de s’effondrer, de fumer ou de sniffer, pourvu que tout s’en aille. Le malaise doit partir ou il risque d’hurler, de brailler, de faire des bêtises. Il les accumule, il ne parvient pas à se dominer, ni même se modérer. Il court à sa perte, et le sale gosse le sait. Sans Colton à ses côtés, il est perdu, chamboulé. Il ne restera plus rien de son monde et de son entité. Soupirant, il le dévisage sans aucune honte. Et Colton répond, platement, dans un presque couinement, un pitoyable « Désolé. » Et désolé pourquoi ? Angus a déjà oublié la raison pour laquelle il était venu l’agresser. Il n’y a pas de raison valable, ni logique. Il n’y en aura jamais entre ses deux là. Les pulsions dominent le duo. Angus est un fléau, qui ne stoppera sa furie et sa rage que quand on lui aura juré qu’il ne risque plus rien. Qu’il détient ce par quoi il est obsédé ? Et son obsession la plus amère et fatale n’est rien d’autre que ce petit bout de viande qu’il a en face, cet être fragile, étrange et soumis à ses désirs et ses caprices. Fondamentalement tragique. Il n’accepte pas, il refuse de connaitre et de comprendre sa faiblesse. Buté, il proteste. Il renie ce qu’il ressent, il efface ses sentiments en les noyant dans de la haine et de la rancœur. Colton se redresse d’un bond, si brusquement qu’Angus en écarquille les yeux. Il réplique ? Résiste ou objecte ? Il le met au défie ? Non… Les prunelles myosotis de son autre restent planter au sol. Il ne se rebellera pas. Du moins, Angus le pense secrètement. Et il espère bizarrement le contraire. Une gifle, une morsure, une insulte. Tout, sauf le silence. Quelque chose qui lui montre que ce manège qui dure et dure depuis des jours n’est pas vain. Que cherche Angus ? Il ne sait pas. Qu’ambitionne t’il ? Il ne sait pas. Il ne sait rien, absolument rien qui puisse lui montrer le chemin à suivre, la voie à prendre. A l’intérieur de son thorax c’est le vide, le chaos complet. C’est catastrophique en somme. Colton est la porte de secours, il est la lumière au fond du gouffre ? Et Angus… Angus n’est qu’un crétin, s’évertuant à l’étrangler, l’asphyxier pour démentir l’évidence qui le ronge et le rend à moitié cinglé. L’amour. Pas d’amour ! Cela n’existe pas. Proclame t’il haut et fort à qui veut bien l’entendre. L’enfant sauvage a la trouille, il a la frousse, que tout s’effondre, qu’il casse dans un accès de colère son plus beau trésor. C’est ce qu’il fait en ce moment, il est trop aveugle et désemparé pour le concevoir clairement. « Toi aussi, tu fais chier. » Souffle l’impertinent, avec le courage que possèdent les condamnés à mort sur l’échafaud. Angus reste stoïque, il ne montre qu’un masque idiot. Son minois est détruit par le manque d’expressions affligeant dont il est devenu l’artiste, le maître, le grand auteur ! Sauf qu’il n’avait pas prévu que les iris se relèvent et se plantent dans les siennes tellement fades et vitreuses. Celles de Colton s’en prennent à son âme, en l’attaquant de front. Des soldats à l’éclats divins, tiraillant ses gestes et ses mots, le mettant à l’épreuve des coups et des balles. Stop ! Arrête crétin !Un mouvement de recul, il doit s’échapper, disparaitre, s’envoler très loin avant que l’ensemble ne déraille. Les névroses s’amoncellent, une à une, les garces forment un tas exécrable. Me fais pas ça Colt. Supplie l’insolent, qui n’assume plus ses paroles et sa verve indiscutable. Si proches, trop proches. Il devine le souffle chaud lui chatouiller la peau, la tiédeur de la chair murmurer à la sienne : touche moi, vas y, tu en crèves d’envie, alors fais le. Tendu comme un arc, fière comme un i. Il simule le détachement, Angus est froid et distant. « Arrête de me faire ça. » Les lèvres tentatrices laissent échapper à nouveau la voix criminelle. Envouté par l’ange, ou bien maltraité par un démon. Colton use et abuse de la parole, il ne doit pas ! Il n’a pas le droit ! Il doit se taire ! Tais toi ! Tais toi ! Sauf qu’Angus ne dit rien. Figé dans l’espace, dans l’atmosphère pesante. Il est bloqué, il se retient de céder à ses désirs, à son bonheur. Puisqu’il n’a pas le droit au bonheur, le bonheur lui est interdit. Il doit avoir mal, il doit pleurer, et geindre. Il ne doit pas sourire, rire et aimer. C’est impensable, impossible, c’est inhumain ! Les doigts de Colton s’accrochent à son teeshirt, et tirent dessus convulsivement. Angus abaisse son crâne afin d’observer le spectacle. Il ne comprend plus quoique ce soit. Qui est la victime ? Le bourreau ? C’était lui, qui devait lui cracher sa lente agonie et son vertige à la figure, pas l’inverse. « Arrête. » Et la sentence retombe, en même temps que la tête de Colton sur son épaule. Angus suffoque, il sent son cœur battre dans sa poitrine à lui en exploser les cotes. Les bras ballants, il hésite sur la démarche à suivre. Il n’a pas de notice à disposition, pas de schéma préétabli. Alors il panique, susurre, comme une preuve supplémentaire qu’on ne doit pas s’attacher à lui, qu’on doit le fuir. Il s’y exerce, il repousse les autres. On doit le laisser pourrir, mourir, s’évanouir. « T’es qu’un putain de faible. » Il se parle à lui-même, sauf qu’il le dit à Colton. Sa main s’aventure sur la nuque de son ami, qu’il caresse d’abord doucement. Puis les phalanges meurtrières se referment sur la chevelure d’ébène. Il tire sur les mèches de cheveux qui viennent en premier, l’obligeant à relever le menton, à le regarder dans les yeux, à ne plus esquiver ses pupilles inquisitrices. Angus se sent fondre, il se bat contre son âme sœur, il se bat contre sa moitié. « Je te déteste putain. » Grogne t’il. Il désir l’écarteler pour ce qu’il fait naitre en lui, pour cette défaillance qu’il représente. Passant sa langue sur ses lèvres sèches, il repense alors au baiser qu’ils avaient échangé, il y a quelques semaines. Et si il y goutait, encore une fois, juste une seule fois. Pour être sûre, pour se prouver que tout ceci n’est qu’un délire, qu’une gigantesque connerie. Colton n’est rien, rien qu’un jouet qu’il démantèlera jusqu’à la dernière pièce. Approchant sa bouche pécheresse de la gorge offerte à sa vue, de celle de son ami, de son vice. Il la dépose délicatement. Il butine la peau tendre, y laissant des baisers brulants et orphelins ; avec une ardeur qu’il ne contrôle pas. Il se laisse déborder, Angus se sent dangereusement chavirer. Reniflant son odeur, son parfum, dévorant sa nuque. Le connard s’arrête, s’écarte, et pousse son autre sur le canapé. Les doigts de Colton agrippés à son teeshirt, il les avait oublié. Emporté dans la chute, ses bras se tendent sur le dossier du canapé afin qu’il ne s’affale pas sur le jeune homme. Son but n‘est pas de le blesser, du moins pas physiquement. C'est un fait. Courbé au dessus de son double. Leur nez se frôlent, derechef, en moins de deux minutes. Angus le fusille du regard. Et le regard se fait en une fraction de seconde désespéré. L’acharnement s‘estompe pour laisser place à l‘incertitude poignante de sa conscience en chute libre. « C’est pour toujours Colt, hein ? Pour toujours, pas vrai ? »
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Ven 5 Aoû - 15:59
Changer de vie. Repartir à zéro. Lui confier sa vie. Lui confier son existence. Lui confier l’être fragile qu’il était. Tout lui donner. Ne rien demander en retour. Simplement donner. Pour recevoir. Recevoir coup sur coup, douleur après douleur. Voilà le cercle vicieux dans lequel il avait sauté à pieds joints. Si la douleur n’avait pas déjà eu un nom, on lui aurait donné celle de Colton Aames. Puisque sous air enfantin, derrière ses larges sourires, seule la pénombre l’habitait. Il avait tout brisé en lui. Tout. L’enfant, l’adolescent et l’adulte en devenir. Il n’était plus rien. Si ce n’est un trou béant de néant. Au début, les choses ne lui étaient pas apparues aussi compliquées. Au début, ils n’étaient que deux enfants trop différents. Forcés à grandir ensemble, forcés de se supporter. Parce que maman voulait, alors il faisait. Au début, par dépit, ensuite par envie. Il avait toujours représenté ce qu’il avait voulu être. Fort, sauvage et sans peur. Lui, les peurs, il en avait des tas. Il n’osait pas fermer les yeux dans la pénombre, il refusait de parler aux inconnus, il refusait de montrer qu’il existait. Silencieux et calme, il restait un enfant trop paisible. Peut-être un peu autiste, dans son genre. Envouté par son propre monde. Alors qu’Angus, c’était la folie même des enfants qui l’habitait. Une folie peut-être différente de celle des autres, mais une folie tout de même. Il l’avait alors un peu jalousé. Trouvant le monde injuste. Priant des dieux qu’il détestait de faire de lui quelqu’un d’important. Bravo, bien joué. Il avait réussi son pari. Les dieux lui avaient trouvé une tâche indispensable à entretenir. Celle de prendre soin d’un être vicieux et déjà bien trop abîmé. Comme s’il avait la carrure assez large pour supporter tant de poids. Il y avait eu erreur sur la personne, erreur sur la mission. Pourtant, il avait toujours fait ce qui était en son pouvoir pour la réussir. Et finalement, en vain, puisqu’il l’avait quitté. Au moment même où ce devoir n’en était plus un. Au moment même où il le faisait pour lui, et non plus pour son autre. Il l’avait quitté. Comme on quitte un chien sur le bord de l’autoroute. Abandonné, délaissé et profondément terrorisé, Colton s’était brisé. Doucement, son monde prit plus de place encore. Lui faisant croire en des choses qui n’avaient pas lieu d’être. Le laissant parler à une poupée gonflable que seul son esprit brumeux arrivait à voir. Ses envies, ses passions, tout avait disparu. Pourquoi ? Pour lui. Il s’était alors promis de ne plus le laisser entrer dans sa vie. Refusant de se laisser mourir par cette trop douce doléance. Et pourtant. Il ne lui avait fallu que quelques minutes pour retomber dans ses filets. À peine l’avait-il vu sur le pas de sa porte que son cœur s’était serré, serré à se rompre. À peine l’avait-il vu qu’inconsciemment, il avait reculé. Voulant s’éloigner. Et pourtant, le tout s’était soldé par un baiser. Baiser dont il ressentait encore la brûlure, chaque jour, sur ses lèvres. Voilà ce qu’il devait arrêter. Arrêter de lui donner des envies qu’il ne parvenait pas à éteindre, arrêter d’éveiller des choses qu’il ne pouvait pas comprendre, arrêter de le faire tomber, peu à peu, dans un trou infini d’amour sans fond. Du moins, ça ressemblait à de l’amour. Même il n’en était pas certain. Comment l’être après tout ? Colton s’accrochait désespérément à ce bout de tissu, comme s’il s’agissait là d’un besoin vital inassouvi depuis trop longtemps et peut-être que c’était le cas, d’ailleurs. Ses prunelles s’étaient fermées, avec une difficulté impressionnante. Mais il ne voulait pas voir les traits de son visage déformé. Il ne voulait pas subir une colère non mérité, une de plus. « T’es qu’un putain de faible. » Colton sent ses poings se serrer plus férocement encore. La jointure de ses doigts en devient littéralement douleur. Il sait, oh mon dieu, comme il le sait. Il était faible bien sûr, mais sa plus grande faiblesse, c’était lui. Angus. Comment pouvait-il lui en vouloir d’être aussi subjugué par son être ? Il sentit alors des doigts lui caresser la nuque, un soupir d’aise s’échappa douloureusement de ses lèvres, alors qu’il redoutait le moment où il frapperait. Les cajoleries ne duraient jamais longtemps avec Angus, il le savait. Et la pression qu’il ressentit à la pointe de ses cheveux en était une preuve évidente. Docile, cherchant à limiter la douleur, Colton ne résista pas. Ses perles couleur océan se figèrent dans celles qui lui faisaient face. Océan vidé de toute chose, son regard ne démontrait plus qu’une fatigue évidente. Oui, il était fatigué. Il voulait qu’on lui foute la paix et qu’on le laisser souffrir en silence. Souffrir de voir celui qu’il considérait désormais comme toute sa vie se laisser doucement mourir, comme en réponse à une punition des dieux. « Je te déteste putain. » Il le devine, il le sait. Il n’avait pas besoin de le dire, cela lui paraissait tellement évident. Pourtant, une larme aventureuse naquit au coin de son œil. Alors qu’il pincement étroitement les lèvres pour refouler ses sanglots. Parce que oui, Colton n’avait pas peur de pleurer. Il avait simplement peur de le montrer à Angus. Alors, il ferma les yeux, voulant dissimuler son éclat de détresse et de tristesse. Lui aussi, il le détestait. À un point tel qu’il n’aurait pas su trouver les mots pour lui dire. Alors, il préférait garder le silence. Laissant ses doigts souffrir de leur féroce prise. Et puis, il sentit une chaleur nouvelle dans son cou. Que les baisers prodiguer lui faisait du bien. Comme il aimait ressentir cette sensation. Ca le rendait vivement, tellement vivant putain. Colton songea un instant que tout cela n’était que dans sa tête. Il rêvait. Encore et toujours, il rêvait. Mais alors qu’il laissait ses lèvres s’entrouvrirent car conquise, il se sentit littéralement et lourdement rejeté en arrière. Il l’avait repoussé. Encore. Colton avait parfois du mal à le comprendre. Il instaurait un foutu contact avant de lui reprendre. Il s’était alors laisser tomber sur le canapé, sa nuque s’abattant avec peu de douceur. Dans sa chute, il avait voulu amener l’insupportable venin de son être. Le serpent venimeux qui cherchait sans arrêt à le tenter. Et alors que leurs nez se touchaient, alors qu’il supportait son intolérable regard, il fut surpris de l’écho qui lui résonna aux oreilles. « C’est pour toujours Colt, hein ? Pour toujours, pas vrai ? » Soudainement aussi perdu et désespéré que sa moitié, Colton lâche prise. Ses mains glissèrent alors sur le torse de son ami avant de retomber lâchement sur son propre corps. Il le regardait, impénétrable. Impossible de déchiffrer la moindre de ses pensées. Colton avait fermé son âme, il cherchait simplement les mots justes et les actions à appuyer. Mais il ne savait pas quoi faire, vraiment. Ses mains brûlaient d’envie de se saisir de ce visage, de le caresser et de porter ses lèvres aux siennes. Au lieu de ça, il les gardait pour lui, stoïque. N’offrant qu’un regard égaré ; une indifférence presque intolérable. Comme il aurait préféré qu’il le frappe, comme il aurait préféré qu’il le gifle, qu’il lui inflige douleur physique. Celle-ci est tellement pire, tellement invivable. Son cœur cogne si fort dans sa poitrine qu’il a l’impression qu’il veut s’évader. Et c’est lorsqu’un frisson le parcouru qu’il décida de se jeter à corps perdu dans cette bataille qu’il perdait d’avance. Ses mains vinrent, comme elle l’avait tant voulu, se poser sur ses joues. Serrant trop fébrilement cette peau qu’il adore et abhorre à la fois. Approchant davantage son visage, son souffle se mélangeait à celui de son reflet. Ses prunelles déviaient dangereusement sur cette bouche qui, pourtant, n’était que la cause de ses douleurs. « A jamais. » avait-il alors soufflé, désespéré. Il cherchait les mots, d’autres mots. Ceux qui le trahiraient mais dont il n’aurait pas peur. Il ferma alors violemment les yeux, s’accrochant pourtant encore à ses joues. Que pouvait-il dire, faire, démontrer ? Laissant un soupir lui échapper, il cligna des paupières avec précipitation. Il mourrait d’envie de l’enlacer. De serrer dans ses misérables bras, ce poids trop lourd à supporter. « Je suis désolé, tellement désolé. » Inlassable, il propageait son laïus. Désolé. Il serait toujours désolé. Pour tout, pour rien, pour lui, pour l’autre. Il pardonnerait, s’exécuterait mais serait toujours désolé. Parce que sa vie n’avait rien des contes de fées. Bien sûr, ils pourraient être heureux, mais, dans le fond… ce n’est pas ce qu’ils veulent. C’est bien trop dur, bien trop compliqué d’être heureux. Et puis, à quoi ça sert ? Colton laissa l’une de ses mains glisser sur le torse d’Angus et se poser sur son cœur. Il avait besoin de sentir que, lui aussi, était vivant. Sa main caresse ses battements, alors que son souffle peine à se répandre. « C’est trop dur, Angus. Trop. Je n’en peux plus de faire semblant, parle-moi. S’il te plait. Je suis désolé. » Suppliant, encore et toujours. Il était, sans contre façon, tellement désespérant ! Est-ce l’amour qui rendait si bête ? Une chose était sûre, ça lui semblait trop compliqué. Ses prunelles qui jusqu’ici n’avait pas daigné quitter la forme de ses lèvres, vinrent se poser dans celle de son autre. Alors que péniblement, il détachait son front du sien et avec une courageuse fatigue, il posa délicatement ses lèvres à la commissure des siennes. Trop fébrilement, ce n’était, finalement, qu’un effleurement. Et déjà, il le regrettait. Désolé, il était désolé.
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Lun 8 Aoû - 14:27
Un putain de faible ? L’insulte raisonne encore à ses oreilles; Il se déteste de lui infliger autant de blessures. Colton n’a rien demandé. Ou rien d’autre qu’être en sa présence. Et au fond, la réciproque est bonne. Pourtant Angus frape, mord, lacère et dénigre. Comme un bourreau qui n’en aurait pas assez de martyriser sa plus agaçante et frêle victime. Désolée pour tout, alors qu’elle ne fait rien. Désolée pour un rien, alors que lui fait tout. Et il continue, le vilain gosse, il enchaine les coups et les injures jusqu’à ce que son double craque et se morcèle. Il n’y a pas plus beau spectacle que celui ci, pense t’il secrètement. Il l’aime a en crever, il voudrait le lui dire, ou au moins parvenir à le lui chuchoter. Angus est incapable de s’ouvrir, et d’exposer ses fêlures et ses névroses à la face du monde, à la face de celui dont il est dingue. Parce qu’il a mal, parce qu’il hurlerait trop facilement si l’on tentait de lui panser ses plaies. Il se débattrait, a s’en briser les os. A fleur de peau, à vif, un écorché vif qui réclame encore et toujours des griffures et des balafres supplémentaires. Pour se prouver naïvement , stupidement, qu’il est en vie et le restera éternellement. Il renifle la poudre blanche, il fume ce qu’il trouve au coin d’une ruelle. Des billets que l’on passe de mains en mains, et l’univers tout entier lui appartient. Il a ce songe à l’esprit depuis qu’il a été séparé de son âme sœur. Il a joué aux idiots et aux suicidaires, depuis que l’on a osé l’écarter de Colton. Et si la séparation, (pour ne pas supposer déchirure) n’avait pas été faite ? Et bien peut être que le gosse fiévreux aurait continuer à s’enflammer et crier, remuer ciel et terre et rire à s’en époumoner. Mais il ne serait surement pas allait aussi loin dans son délire et sa recherche d’extase et d’ivresse, de limites et de frontières qu’il ne faut pas dépasser au risque de trébucher et ne plus jamais se relever. Soupirant, les larmes grimpent, la tristesse l’écrase. Il en braillerait avec joie, sauf qu’il n’en a plus le courage, ni même la force. Il a essayé de pleurer, il n’en a plus le gout. Les yeux secs, la gorge brulée. Englouti par des ténèbres hasardeuses, dévorait par des démons gourmands. Il s’asphyxie et souhaite qu’on le laisse en paix. Pas en paix dans un ultime cercueil, seul et délaissé, pas abandonné par l’unique qui est su se faire une place dans le poitrail malade et plein de fureur. Non, surtout pas, il refuse, il s’accroche à Colton avec la rage et la détresse qui lui appartiennent. Le trépas récent de sa mère, il n’en a pas fait le deuil. Et ne le fera surement pas, plus. Qu’importe, il crache sur les conventions et les sentiments qui l’animent et l’adorent. Tout reste en suspens, dans le monde de l’adorable décérébré. Tout est calamité et vertige. Et le vertige l’attire et l’accable. Là, les bras tendus encadrant le visage de Colton. Figure contre figure, collé à son autre. Il lorgne les deux billes bleues à l’éclat trouble. Il le scrute sans éprouver quoique ce soit, si ce n’est de l’inquiétude, de l’anxiété. Il ne faut pas qu’il parte, il ne faut pas qu’il baisse les bras. Colton n’a pas le droit de s’en aller, de laisser tomber et de disparaitre comme tous les autres, ces enfoirés. La haine irrigue et pourrit les veines du beau diable qui fulmine silencieusement. C’est plus fort que lui, il veut se défouler sur celui qui comprend le mieux sa douleur, pour qu’il saisisse, qu’il soigne, qu’il aide. Ce petit bout d’homme qui n’a pas grandi, et qui ne doit pas. Cela briserait le charme, le maléfice, la fascination et l’envoutement. Désespéré, Angus quémande une réponse, fusse t’elle négative, horrible, terrible, épouvantable. Une réponse, une parole, un acte, une phrase. Un mot. Juste un mot. Ses prunelles fixées sur le minois de son double, il ne s’en détache plus, il cherche, égaré et penaud, la réponse. La seule qui vaille la peine de ne pas s’ouvrir la chair, dans une baignoire tiède. Et elle vient, avec un cran de retard, ou peut être trop d’avance. Les mains de Colton glissent sur son torse, il suffoque, il frémit légèrement. Angus perd de sa vigueur et de son aplombs, à peine le contact est t’il établi. Si ses colères éclatent, c’est qu’il est en manque de son autre, de sa drogue, de sa dope la plus amère. Et si enfin elle enivre et irrigue ses artères, alors la bête se calme et s’apaise. Se contrôle et se domine pour baisser la tête et courber l’échine. Les mains remontent, les traitresses recommencent leur manège. Cette fois, elles accrochent les joues, bloquent la mâchoire de l’avorton, qui ne dit plus rien. Muet, il obtempère. Angus attend, figé, spectateur de sa propre mise à mort. « A jamais. » Souffle son âme sœur. Et Angus clôt ses paupières, rassuré, presque serein. Des jours de peur et de craintes, qui se balayent par cette simple affirmation. L’enfant endiablé se laisse bercer par la mélodie langoureuse et fragile de ce reflet qui fait pulser le muscle quasiment décédé dans sa poitrine. Un, deux, trois. La sentence est tombée. Un, deux, trois. Il veut s’endormir et ne plus penser. Un, deux, trois. Et si il se rapprochait ? L’envie se fait plus pressante, alors que les phalanges brulantes serrent plus fort sa frimousse d’insolent. Colton se contracte, et Angus rouvre ses prunelles sur l’objet de ses désirs et de ses remords. Le silence est si pesant, ils sont dans leur bulle, un cosmos a part, qui diffère de la réalité des sens et des songes. Un endroit qui n’en vaut nul autre, un lieu qui permet à Angus de ne plus avoir la trouille de pressentir tout ce qui lui reste, se réduire à l’état de cendres, ou de sable entre ses doigts blafards. Sauve moi, vas y. veut t’il rétorquer sur un timbre de défi. Sauf que le lâche est inapte, la bouche close et les iris mordorées plantées dans celles de son autre. Il patiente, il ne sait plus pourquoi il est là, et ce qu’il doit faire. Paumé immortel, il se laisse guider par les muses infâmes, qui chuchotent à leurs tympans abimés ce qu’ils dénient et refoulent. « Je suis désolé, tellement désolé. » Et Colton est encore, désolé. Il le sera pour toujours. Désolé. Désolé, et désolé. Et pourquoi une telle désolation ? Angus esquisse un bref sourire, amusé. En contemplant imperturbablement son reflet. Colton s’excuse, et Angus sent l’agacement remonter. Sauf que la main de son double se pose sur son cœur, qu’elle s’y égare et fait augmenter les battements à la seconde. C’est trop dur, vraiment trop compliqué, raisonne ou spécule le monstre. « C’est trop dur, Angus. Trop. Je n’en peux plus de faire semblant, parle-moi. S’il te plait. Je suis désolé. » Un écho à son malheur et à ses malaises. Il est à moi, il l’est… conçoit finalement Angus. Il perd son sourire moqueur, qui était sur le point de s’immiscer sur ses lèvres. Ces mêmes lèvres qui sans prévenir, se font chatouiller par celles de son autre. Un baiser, qui n’en est pas vraiment un. Il guette Colton, tétanisé quoique perdu d’avance. Le curieux manège reprend. S’en ai trop, ou pas assez. Il lui manque la mesure, le chef d’orchestre est extrêmement mauvais. Angus s’avance, ses bras s’abaissent et ses mains lentement enlacent la nuque de ce charlatan. Ses genoux se posent un a un de chaque côté des hanches de son autre, et il s’assoit négligemment sur ses cuisses. Si la figure ne se rapproche pas, il manquera d’oxygène. N’est-ce pas ? Angus ne sait plus très bien, fasciné par la conception du plaisir qui le consume et le rend fébrile. Sa bouche redoutablement dévie, elle est affamée. Elle a faim d’un aliment qu’elle ne doit en aucun cas consommer. Une main relève le menton de Colton, et la bouche vorace se presse sur son opposé. Ses lèvres se plaquent, la langue vient caresser la pulpe généreuse. Angus mordille, il force l’entrée, fait sauter le cadenas. Et les langues peuvent s’émouvoir et se toucher, une valse lascive, entrecoupée par de sinistres gémissements, annonciateur d’une fin proche et violente. Angus se courbe, ses phalanges s’enroulent autour de la gorge nue et la pressent tandis que le baiser lui, est habilement ininterrompu. La chaleur, valeureuse traitresse, le rend brûlant d’envies et de terreur. Alors Angus s’écarte, sans prévenir. Les doigts entourant le cou gracile de l’éphèbe qu’il a sous lui. Il murmure, avec douceur. Une douceur étrange, qui ne présage rien de bon. Ses iris dérivent sur le parquet. « Je sais pas moi. Je sais pas, tu comprends ça ? Qu’est-ce que je dois savoir ? Qu’est-ce que je dois faire ? Et dire ? T’as une idée Colt ? » Il se relève, complètement, il s’écarte, vivement, en délaissant la dépouille de son obsession. Il ne le regarde plus, il file au milieu de la pièce. Et fait les cent pas, agrippant sa tignasse brune et serrant les dents jusqu’à s’en péter les mâchoires. Il geint, pareil à un animal blessé. Il voudrait brailler, il est trop usé. « T’es désolé putain ! T’es toujours désolé ! Arrête d’être désolé ! » Les cris, les voilà les fameux cris. Angus beugle au centre de la pièce en fusillant son âme sœur de ses yeux infernaux. « Si tu veux quelque chose, t’as qu’a le prendre ! Moi je demande pas quand je veux, alors fait pareil Colt ! Ose une fois dans ta putain de vie ! Prends sans demander la permission ! » Il hurle, c’est une crise de nerfs. Il est en manque, il veut le faire réagir. Angus se stoppe, les larmes maculent déjà sa jolie bouille. Parce qu’il ne sait pas où il va, parce qu’il ne sait pas comment y aller. Parce qu’il n’y a que des incertitudes et qu’il ne le supporte plus. Pourtant il en est la cause, il est celui qui les a fait s’installer. Il s’en fiche, il se raccroche à des futilités pour ne pas se laisser sombrer. Fouillant dans ses poches convulsivement, il cherche son paquet de clopes qu’il avait balancé sur le canapé. Il a oublié, il enrage, il est trop désorienté. Il tremble, il ne veut pas de ses clopes, il le veut lui. Mais ça, il ne se l'avouera pas, puisqu'il est catastrophiquement buté. Et passionnément terrorisé.
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Lun 8 Aoû - 21:34
Il le dévore des yeux, celui qui dans un souffle parvient à le faire chavirer. Il extirpe avec difficultés les mots qui lui brûlent les lèvres. A jamais. Bien sûr, pour toujours. Comment peut-il encore douter ? C’est une évidence que même un aveugle pourrait voir. Colton est fou de son bourreau, si fou que cela le désole. Il n’est qu’une brindille que le vent rêve d’emporter. Un vent violent, sournois et destructeur. Bientôt, il ne résistera plus. Alors, peut-être qu’il se déracinera. Cette idée l’agace, l’apeure et l’angoisse. Et s’il venait à flancher ? Et si, au bout de lui-même, il en venait à tout regretter et à simplement vouloir abandonner ? Il refoule dans un coin de sa tête ces idées noires qui ne l’aident pas à y voir plus claire. Non. Jamais il n’en n’aura assez. Toujours il restera. Parce que c’est comme ça, ce sont les règles et il n’a pas voix au chapitre. Alors il se contente de le regarder avec cette lueur trouble dans les yeux. Il ressent comme une envie de pleurer, de le gifler, de le détruire pour que, finalement, tout s’arrête. Mais il ne sait pas comment faire et puis surtout, il sait que ce n’est qu’un caprice. Oh, comme il ressent déjà un profond dégoût d’avoir ne serait-ce que penser à cela. Il rêve de se boucher les oreilles, dans l’espoir vain, que cela apaise les voix de sa conscience. Elle est bien trop bavarde à son goût, assassine, elle l’enlise dans une tragédie grotesque. Ce qu’elle hurle le blesse et le renferme dans sa triste douleur. Faible, ce n’est qu’un faible. Enfant malgré lui, il ne parvient pas exhausser ces souhaits qui lui rongent le cœur et l’esprit. Bien sûr, ce serait si simple d’arrêter les excuses et de poser les gestes. Ça ne prendrait qu’une fraction de secondes, un rien, un effleurement. Et il essaye, doucement. Mais déjà il regrette. C’est mal. Il ne doit pas. Il a la conviction étrange qu’Angus va le rejeter. Lui attraper les mains pour les broyer étroitement entre les siennes. C’est fou à dire, mais, il le craint. De tout son être. Il essaye de dissimuler les frissons qui lui parcourent le dos et il y arrive à merveille. Du moins, il l’espère. Il redoute de lui montrer ce qu’il ressent. Il préfère garder le silence. Faire semblant le fatigue, c’est trop dur, trop compliqué… Mais avouer, c’est tellement insensé. C’est risquer le tout pour le tout. Dégringoler sur les quelques marches qu’il a difficilement réussi à gravir. Alors, il se contente inlassablement de s’excuser. Comme s’il était responsable de tout. Fautif malgré lui de l’intolérable attirance qu’il engendre chez son ami. Attirance trop partagé à son humble avis. Est-ce ce constat qui le force à caresser doucement les lèvres tant enviées ? Peut-être, mais encore une fois, il regrette. Il entend déjà le tonnerre gronder et la colère s’approcher. Si elle ne vient pas, alors, c’est qu’il n’a rien compris et que cette histoire le dépasse plus qu’il ne le pense. Cette histoire est plus dangereuse et destructrice qu’il n’y paraît. Le mal être si vivant qui entretien son être est une fois de plus abîmé par les mains outrageuses qui glissent délicatement dans son cou. Il a l’espoir qu’il l’achève, que de ces mains, il l’étrangle. Il rêve de voir le feu ardent qui bouillonne au creux de son estomac s’éteindre. Qu’il cesse le manège. Allez hop, tout le monde descend. Ce serait tellement facile. Il n’a qu’un serrer, doucement, refermer ses phalanges sur son cou tendrement offert. À ce simple contact, Colton frémit. Ses yeux se ferment et refuse de fusiller le visage de l’autre. Cet autre qui est son bien et son mal à la fois. Son poison et son remède. Sa maladie et sa rémission. Qu’il serre. Ses pensées ne sont tournées que vers ses doigts enlaçant sa nuque alors qu’il sent deux poids se poser de part et d’autre de son corps. Que fait-il ? Son cœur se contorsionne dans sa poitrine et ses battements n’en sont que plus douloureux. Son corps tout entier est en alerte alors qu’il sent Angus s’asseoir sur ses cuisses. Jamais poids ne lui avait paru plus lourd. Jamais une position ne lui avait donné cette sensation d’être aussi à l’étroit dans sa chair. Violemment il ouvre les yeux lorsque les doigts qu’il craint s’emparent de son menton pour lui faire relever la tête. Il essaye de lutter. Vaguement. Un quart de seconde avant de s’abandonner lâchement. Qu’il fasse de lui ce qu’il veut, de toute façon, il n’est et ne restera que son pantin à jamais. Il l’a tellement bien dressé. Il n’est désormais plus qu’une ombre, un chien suivant son maitre. Il le suivrait jusqu’en Enfer. Bien que l’enfer reste son quotidien, finalement. Et alors qu’il s’attend au pire, qu’il craint la gifle, la morsure, le poing peut-être même… Il accueille avec appétit les lèvres charnues de son ami. Ce contact réveille le volcan somnolent. Ses mains, audacieuses, glissent alors sur les hanches de son bien aimé alors qu’il serre entre ses doigts le corps tant adoré. Angus est un pêcheur. Il sait d’ores et déjà qu’il lui donne satisfaction pour mieux lui reprendre ensuite. C’est un jeu qu’il est le seul à comprendre, d’ailleurs, Colton s’y est perdu. Las, il ferme les yeux. Toutefois, cela ne l’empêche pas d’happer cette langue avec la sienne. Il la caresse goulument, s’en empare et refuse de l’abandonner. Leurs salives se mélangent et pour la première fois depuis longtemps, il a l’impression d’être entier. De ne faire qu’un avec cette moitié qui le repousse encore et encore, toujours plus fort. Ce flirt sidérant l’emprisonne dans une bulle inconséquente de bien être. Même le manque d’air ne parvient pas à l’inquiéter. Il pourrait mourir entre ses bras, rien que pour un nième baiser de ce genre. Il rêve même qu’il sert plus fort l’emprise sur sa gorge fragile, comme ça, il l’aura eu sa belle mort. Mais non, comme toujours, l’égoïste s’écarte. Et pourtant, les tintements de sa voix sonnent si doucement aux oreilles de Colton. Comme une caresse lui effleurant les tympans. « Je sais pas moi. Je sais pas, tu comprends ça ? Qu’est-ce que je dois savoir ? Qu’est-ce que je dois faire ? Et dire ? T’as une idée Colt ? » S’il comprend ? Trop bien, trop férocement, trop douloureusement. Mais malheureusement, il n’a aucune idée de ce qu’il faut faire ou dire. Non, les idées lui manquent depuis si longtemps. Il semble endormis sur ses lauriers et avoir cessé de réfléchir. Il se contente simplement d’être là. Une sorte d’épaule sur laquelle pleurer, un punching-ball sur lequel frapper, un morceau de chair sur lequel s’exciter et déverser sa haine. Il n’a aucune idée, il ne sait pas ou ne sait plus. Tout est flou dans sa tête. Même cette silhouette qui quitte son corps pour s’en aller faire les cents pas, juste devant lui. Il le voit s’arracher les cheveux et pourtant, il ne fait rien. Il n’émet pas le moindre mouvement et rester relativement de glace. Ses pupilles le suivent, innocentes et désintéressées. Qu’attend-t-il de lui, encore ? Que veut-il ? Il l’entend geindre mais ne sait plus comment l’apaiser. Il a essayé. Trop souvent. En vain, alors pourquoi continuer ? Parce qu’il le faut, martèle une voix dans sa tête. D’accord, il le faut. Et après ? « T’es désolé putain ! T’es toujours désolé ! Arrête d’être désolé ! » A nouveau, il crie. Colton se rétracte sous ces hurlements qu’il déteste. Il glisse doucement ses genoux contre sa poitrine et les enlace de ses bras. Recroquevillé dans sa bulle, il détourne la tête et regarde au dehors. L’herbe est toujours plus verte ailleurs, dit-on. Et bien ils ont raison. Ce n’est pas un mensonge. C’est bien réel, si réel, trop réel. Il refuse de porter ses prunelles sur cette silhouette menaçante qui, il le sait, le fusille de son regard d’ébène. « Si tu veux quelque chose, t’as qu’a le prendre ! Moi je demande pas quand je veux, alors fait pareil Colt ! Ose une fois dans ta putain de vie ! Prends sans demander la permission ! » Inconsciemment, son corps se balance d’avant en arrière. Il entend chaque mot et ces-dernier se répercutent dans chaque coin de sa mémoire. S’il veut quelque chose, il n’a qu’à le prendre. Facile à dire. Oser une fois dans sa vie. Oser pourquoi ? A quoi bon ? Il sait d’avance que même s’il ose, il va tout perdre. Angus a peur, il est là leur problème. Peur d’avouer les choses. Peur de s’admettre qu’il est plus que ce qu’il prétend être. Et cette peur vint se scotcher aux tripes de Colton. Lui aussi est effrayé. Mais il a la peur des enfants. Celles qui écrasent le cœur, les certitudes et la vivacité d’esprit. La peur qui endort. Qui éteint tout. Avec difficulté, il daigne enfin tourner son regard vers ce bourreau qu’il adore. Les larmes qu’il voit s’écouler sur ses joues lui glacent le sang. C’est une horreur, quelle ignominie. Son cœur menace d’exploser à n’importe quel moment. Il ne sait pas quoi faire. Il est terrorisé. Toujours recroquevillé, il ne cesse ses balancements, attendant lâchement que les larmes sèchent seules, sans doute. Les secondes trépassent et les minutes s’effilent. Trouvera-t-il finalement le courage de se lever ? De crier ? D’hurler qu’il ne sait pas non plus, qu’il ignore tout ? Non. Il n’ose pas. Entêté, il reste stoïque alors que d’une voix froide il dit : « Si je ne peux pas être désolé, dis-moi ce que j’ai le droit de faire. » Il a l’impression dévorante que jusqu’ici, c’est ce qu’on attendait de lui. Qu’il soit navré d’exister. Parce qu’il était cause de malheur et de souffrance. Mais visiblement, il s’est trompé. Trop sévèrement. La clé du problème lui échappe. Il est devenu, sans s’en rendre compte, une poupée vaudou qui attend ses coups. Dans un bref moment d’égarement, ou peut-être aidé par le courage du désespoir, il se redresse. Il quitte son canapé et vient se placer devant celui qu’il hait de tout son être. À en mourir. Il le déteste d’un amour si grand que cela en devient inconcevable pour le commun des mortels. De ses bras frêles, il le repousse contre le mur et lui jette un regard plein de rancœur. À son tour, il enlace son cou de ses phalanges et serre. Avec une force vacillante et tellement faible. En une fraction de seconde, il serait vite à terre. Mais il essaye, il risque. Le tout pour le tout, il n’a, de toute façon, rien à y perdre. Ses doigts son rendu aussi douloureux que lorsqu’il s’accrochait au t-shirt de son ami. Et il lève le poing. Il n’a qu’une envie, frapper. Le voir souffrir autant qu’il souffre. Bien sûr, il sait qu’on son cœur n’est plus qu’une écorchure et qu’il a mal chaque jour qui dur mais… ça ne lui semble plus suffisant. Et soudain, son poing s’abat. Avec une violence qui lui traverse tout le corps. Il sent déjà quelques perles de sang ruisselées sur sa main meurtrie. Le mur était plus dur qu’il ne l’avait soupçonné et la douleur est désormais lancinante. Pourtant, il ne relâche pas la pression sur la gorge d’Angus et son poing, trop accablé, reste accroché aux briques. Alors il s’écorche les lèvres d’un venin qu’il enterre depuis trop longtemps : « T’es qu’un foutu connard. Un petit con. Un merdeux. Tu crois quoi, Angus ? Que si je veux une étoile, il me suffit de tendre la main ? Descend de ton petit nuage, princesse, ici les étoiles, elles sont intouchables. » Et l’étoile qu’il veut plus que tout, c’est lui. Ecrasé sous ses doigts. Il se rend compte que cette violence est plus forte que lui et que ce n’est pas cela qui l’aidera. Alors, il lâche prise. Son poing abîmé resté fermer alors qu’il retombe lourdement sur sa cuisse et les phalanges désarticulées viennent essuyer les larmes sur les joues rosies de l’être détestable à qui il doit faire face. Colton est fatigué. Vraiment fatigué. Alors, il vient enfuir sa tête dans le cou de son ami. Il hume son parfum délicat et s’enivre de cette senteur. Qu’il fait bon d’être dans ses bras. Et c’est ça, ce qu’il veut. Peut-il vraiment le prendre comme il le lui a dit ? Peut-il vraiment s’approprié ce qui n’est pas à lui ? Non, il sait que non. Ou du moins, il n’en a pas a envie. prendre sans permission, c’est du vol. Et il ne veut pas enlever Angus à lui-même, il veut le voir se donner, s’abandonner et simplement l’autoriser à entrer dans sa vie. Réellement. Pas simplement comme un médicament qu’il sort de sa boîte quand la vie est trop dur. « Je ne veux pas prendre quelque chose qu’on refuse de me donner. C’est aussi simple que ça. » C’est à son tour de fuir désormais, il s’écarte vivement d’un pas ou deux. Son regard brûlant défie celui de l’autre. Il attend le retour de flamme. Il attend pour voir ce qu’il va se passer. Sur le tapis, quelques traces rouges sont apparues. Mais il s’en moque. Sa détresse est désormais visible pour tous. Il n’y a aucun faux semblant dans cette histoire.
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Ven 19 Aoû - 6:07
Angus regarde sa proie, son gibier, son plus bel adversaire. Toujours il n’a eu d’yeux que pour cet être étrange et branlant. Un pantin qu’il s’amuse à démonter, démanteler, et balancer vulgairement dans le coin d’une pièce. Dans l’ombre de son horreur et de sa colère. Comme si il n’était rien, rien du plus qu’un stupide quoique rassurant polichinelle. C’est triste, pathétique, et finalement terriblement envoutant. Angus se laisse bercer par le ronronnement délicieux du silence. Ce silence si précieux qui inlassablement les a lié et ligoté l’un à l’autre. Il aime écouter la musique, frissonnant et peut être, parfois, entend t’il finalement les battements sourds du cœur de son adoré. Puisque Colton a ce palpitant logé dans la poitrine, un muscle fou et fourbe, qui le rend faible et magnifique. Un ange tombé du ciel, l’ennemi le plus superbe qu’il est été donné à Angus de combattre. Ses perceptions se brouillent, lorsqu’il se met à tempêter, à geindre ou à pleurer. Il ne sait plus très bien, perdu pour une éternité. Il cherche quelque chose à quoi se raccrocher. Sauf que les heures passent, les jours filent et les années vont lui glisser sous le nez. Il n’aime pas sa vie, il n’aime tout naturellement pas la vie. Simplement, objectivement. C’est misérable et inquiétant. Angus s’en ai fait une raison. Il existe, il respire, il s’étouffe et s’égosille. Que peut-on faire devant un ange qui nous tourne le dos ? Qui nous observe sans piper mot ? Colton est cruel, ingrat. Non, il est découragé et las de tourner en rond dans ce manège qui n’apporte que douleur et cris. Mais le sale gosse en a besoin, il tire sur la corde, et souhaite la voir céder. Bientôt, il le faut ! C’est nécessaire, puisqu’Angus a la morbide idée de tout se prendre sur le coin de la gueule. Vilain petit asticot suintant et purulent, venant manger à même le sol les restes d’un cadavre qu’il chérie. Colton…Colton doit vivre et ne jamais ô grand jamais disparaitre. Puisque sinon, ce serait la fin de son monde. La fin du monde tout entier. Il détruirait, et se détruirait définitivement. Angus est autodestructeur, et passablement fêlé. Un putain d’emmerdeur, qui ne sait plus quoi faire de son existence, qui a l’esprit embrumé, et la maladie des imbéciles. Ceux qui ont l’amour devant les yeux mais qui s’obstinent à garder les paupières closes et à chanter des charades sans queues ni têtes pour ne supposer que des grésillements. Point de réalité, point de mystères. Une bouillie dense et infecte de faux semblants et d’hypocrisie. On avale le tout et on la ferme. Là, debout au milieu de la pièce, il attend. Il songe, il s’éternise. Il a juste envie de continuer de chialer sans s’arrêter. Ca le soulage, pense t’il. Quelque chose en lui craque. C’est trop long, trop fastidieux. Le masque se fissure, il se prend trop de coups. Bientôt il éclatera. Le joli masque de porcelaine explosera et éraflera les portraits alentours. Ensanglantés. Désappointés. Mais n’est-ce pas ce que désir Colton ? N’est-ce pas la raison de ce silence assourdissant ? Angus ne sait plus, il ne parvient pas à trouver une logique ou un chemin raisonné. Il appelle à l’aide, et son amour ne vient pas. Il est sourd à ses tentatives, il est sourd à ses requêtes et ses plaintes. Son âme sœur l’ignore et le laisse seul au milieu des agonisants et des décérébrés. Ainsi il hurle, il hurle et il hurle. Il hurle jusqu’à ce que sa voix se morcèle, jusqu’à ce que ses larmes couvrent les sanglots et qu’il ne reste plus que des sillons argentés et salés sur les joues rougies. Les boucles brunes ramenées devant le regard sombre et tourmenté. Angus remue sa frimousse de gauche à droite, il ne regarde plus son double. Il s’échappe, s’évade, il est un trouillard qui n’affronte jamais les ultimes instants. Recroquevillé dans sa bulle, Colton va d’avant en arrière comme un autiste, un idiot, un attardé. Et la rage remonte, et les paroles tranchantes éclatent. C’est un jeu abjecte, qu’il faut arrêter. Sauf qu’Angus a égaré la notice. Sans défenses, sans armes, si ce n’est une langue et un minois aux traits de enflammés puis bizarrement fascinants. Il relève ses billes mordorées sur la tignasse hirsute de son autre, il cherche ses yeux, il cherche les perles azurées. Relève le menton, regarde moi, affronte moi. Ne me laisse jamais, lâche, lâche, sale lâche. Haineux, il pense, il rumine, il devient cinglé, Angus est un lion en cage qui ne trouve nul apaisement. Plus rien, il ne restera plus rien sur le passage du démon insolent. Pas même l’angelot qui se débat dans ce fangeux marécage de remords et d’impertinences. Puis une parole craquèle l’ensemble, tandis que les ruisseaux ne cessent de s’émouvoir sur les pommettes du gamin irascible. « Si je ne peux pas être désolé, dis-moi ce que j’ai le droit de faire. » Déclare Colton froidement à l’intention de son bourreau piégé, devenu sans le souhaiter la victime de cette joute verbale perdue d’avance. Angus n’a plus la force, il est a bout. Il en a assez, il laisse tomber. Les bras ballants le long du corps, et les jambes raides. Elles ne supporteront bientôt plus son poids, les garces céderont comme des brindilles que l’on casse et que l’on met en miettes. Et alors qu’il attend qu’un enfant furieux ne lui brise ses guibolles flageolantes, il relève sa tête et voit son double se redresser. Et s’avancer. Colton vient vers lui, il fend l’espace, il transcende l’oxygène. Là, devant lui, Colton se dresse et le lorgne avec une rancœur insupportable. Angus ne dit rien, ne fait rien. Il ne résiste même pas lorsque les doigts de son ami, de son ennemi, de son amour, de ce tout pas très clair et perturbant, s‘enroulent autour de son cou. Colton presse, pour l’étouffer. Il pousse, il repousse. Il ne quitte pas le semeur de troubles. Angus sent son dos taper contre le mur, puis sa colonne vertébrale désagréablement le frotter. Un poing se lève, et Angus le regarde sans expression sur le visage si ce n'est un contentement certain. Un sourire en coin, léger, tellement fugace, s’incruste. Il n’est pas arrogant, il est lui. Sauvage animal qu’on ne saurait dompter tant on redoute les crocs et les griffes à la moindre contrariété. Enfin Colton agit, réagit, s’ouvre et s’exprime. De la violence, pourquoi pas. Qu’il se défoule et parle, articule, crache ou ordonne. Un poing se crispe. Ledit poing bouge et veut venir écraser quelque chose, n’importe quoi. Pourvu que cela fasse mal et du bien à la fois. Un craquement, Angus a détourné le regard, mais ce surprend à ne rien ressentir. Pas de souffrance, sa mâchoire ne crisse pas, ses neurones se connectent avec autant de ferveur et de rigueur qu'autrefois. Roulant ses pupilles sur l’objet du crime, c’est dans le plâtre qu’il devine que les os ont souffert. Les os de son adoré en ont pris pour beaucoup plus qu’il ne serait l’imaginer. Et Angus sert les dents, parce qu’il n’aime pas ce spectacle, il n’aime pas la sensation qu’il a dans la poitrine. Un mélange d’envie, d’excitation indécente, et puis de tristesse profonde et d’incompréhension. Ce poing était destiné a sa gueule d’ange, pas à ce mur. Frustré, il sent le main de Colton qui n’a pas quitté sa position. Il a envie de lui susurrer de serrer plus fort, de ne pas hésiter. Qu’il serre jusqu’à étouffement, jusqu’à un dangereux étranglement qui ferait perdre connaissance au suicidaire. Mais Colton n’en fait rien, il ouvre la bouche à la place et expulse des sonorités qu’Angus a des difficultés à analyser tant il est obsédé par cette main qui saigne, et cette autre main qui presse sa trachée. Le sourire enjôleur a disparu, il ne reste qu’un intérêt croissant pour l’explication qui bientôt va être donner. « T’es qu’un foutu connard. Un petit con. Un merdeux. Tu crois quoi, Angus ? Que si je veux une étoile, il me suffit de tendre la main ? Descend de ton petit nuage, princesse, ici les étoiles, elles sont intouchables. » Vocifère le gosse réservé à son reflet qui le dévisage interloqué. C’est la première fois, que Colton se permet de formuler le fond de sa pensée sans broderies et gentillesses. Angus en est bouleversé, agacé. Une pointe de résignation demeure, un émoustillement contraignant également. Soudain la pression des doigts brûlants s'arrête, ils essuient les larmes laides. Et c’est en fin de compte, un crâne qui à nouveau bascule, pour se nicher soigneusement dans le creux de l’épaule du grand brun. Angus reste rigide et brutal. Dur dans sa posture, cependant il ne parvient pas à se détacher du moment et à se murer dans son mutisme et son indiffèrence. Il est pris dans les affres de perceptions qui lui sont propres, qui leur sont propres. Il renifle le parfum des mèches qu’il a sous les narines avides de senteurs tranquillisantes. La chaleur l’étourdie et l’assainie. « Je ne veux pas prendre quelque chose qu’on refuse de me donner. C’est aussi simple que ça. » Rétorque Colton doucement dans un souffle à peine audible. A peine a-t-il fini, l'ange s’enfuit, il se retire. Il s’écarte et fixe son double impunément, sur un air de défis. Angus se contente de répondre, les iris chocolatées rivées sur le parquet; par un attendrissant : « Je te forcerai jamais à rien, je veux juste que tu oses. Je veux pas que tu t‘éteignes à cause de moi... » Angus sait qu’il est nocif, pour celui qui reste et restera sa lumière. Se pinçant la lèvre et en martelant délicatement et frénétiquement sa caboche contre le surface plane derrière lui. Il clôt ses paupières et songe à ce qu’il pourrait énoncer. Il est submergé par le malaise, se confier librement est un problème pour lui. Gauche et maladroit. Il ne le fait plus depuis trop longtemps. « Colton… » Il gémit quasiment, les yeux plantés maintenant au plafond, l’arrière du crâne douloureux. Inspirant fermement l’air qui les entours, le gamin demande : « Colton, tu m’aimes comment ? » S’arrêtant dans son tapotage convulsif de l’arrière de son crâne sur le mur à la tapisserie neutre. Il répète et réclame une réponse sans l’attendre vraiment. « Dis le moi, dis moi… dis le moi. S’il te plais dis le moi. » Angus ne bouge pas, il reste à sa place mais abaisse sa bouille de gosse renfrogné et se met à observer son âme sœur sans sourciller. Son torse se soulève lorsqu’il respire, il est comme essoufflé, sur le point de chanceler. D’une fragilité déconcertante. Angus laisse une brèche, qui bientôt va se refermer. Vulnérable, il passe ses mains dans son dos et les coince entre son organisme et le pan haut et solide. Il chuchote ensuite et instantanément, comme un secret, une confidence, une chose qui ne doit pas être révélée, qui doit rester secret. « Embrasse moi. » Il le murmure car le dire tout haut engendrerait trop de choses, trop de peurs, trop d’angoisses, trop de drames, trop de bonheur. Et le bonheur, c’est compliqué, c’est indescriptible, c’est surtout éphémère et impitoyable, spécule t’il.
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Dim 21 Aoû - 16:17
Plus que les coups, Colton a toujours craint les mots. Ces mots blessants et tranchants telle une lame de rasoir. Les mots qui accusent, qui frappent et qui brisent les légères lueurs d’espoir. Les mots qu’Angus laissent échappé malgré lui et qui ont tout d’une arme de guerre. Chaque phrase, chaque syllabe, chaque son qu’il prononce est comme une bombe nucléaire envoyé droit sur son cœur. Son cœur qui depuis trop longtemps est meurtri par des sentiments qu’il ne comprend pas. Combien de fois n’a-t-il pas essayé de comprendre ? De mettre des images, des mélodies, des touts petits riens sur ce tout qui construit sa vie ? Un nombre incalculable de fois et pourtant, toujours en vain. Inexplicable et irrationnel. Voilà les seuls mots qui pouvaient donner un semblant de définition à leur relation, à leurs sentiments, à leur existence partagée. Et là encore, perdu entre ses rêves éveillés et ses envies non partagées, Colton craint plus que tout de voir celui qu’il adore élever la voix. Face à lui, un ressentiment malsain encré dans les prunelles, il ne fait que le regarder et attendre. Attendre qu’il prononce les phrases qu’il imagine déjà pénible. Il sait qu’il a été trop loin. Qu’il a joué avec le feu. Que sa rancœur et ses sarcasmes vont lui revenir tel un boomerang. Du moins, ça, c’est ce qu’il croit. Il pense sincèrement qu’Angus va s’énerver, tout détruire et lui montrer, que les étoiles : on les arrache. Avec les dents s’il le faut, avec n’importe quoi. Mais on ne les regarde pas d’en bas, c’est trop simple, trop lâche. Dans le fond, il sait qu’il n’aurait pas tort de lui balancer cela au visage mais… Colton reste un brin romantique et un chouya trop rêveur. Il veut croire que les étoiles sont trop belles pour être arrachées au ciel, trop essentielles là haut pour les enlever à leur milieu. Alors, il le défit du regard, inlassable : encore et toujours, il attend. Mais celui qui fait le malin d’ordinaire baisse les yeux, comme un chien à qui l’on viendrait de donner la fessée. Et peut-être qu’il s’agit de cela. Peut-être que la nouvelle bravoure que Colton a insufflé à ses gestes et paroles est un coup fatal porté à l’honneur du chevalier sans peur et sans reproche. Malgré lui, il a sans doute éraflé la carapace de verre de son bien aimé. Déjà il regrette. Encore et toujours, il se sent désolé. « Je te forcerai jamais à rien, je veux juste que tu oses. Je veux pas que tu t‘éteignes à cause de moi... » Colton cille, immobile, il dévisage Angus avec incompréhension. Ses mots résonnent en lui comme une vieille mélodie trop souvent entendue mais qui, pourtant, semble tellement nouvelle. Il pense qu’il peut l’éteindre ? Mais pour qui se prend-t-il le grand brun avec ses boucles ? Il comprend trop bien son rôle dans la vie de son ami, il sait qu’il l’abîme, il prétend ne pas vouloir le faire et pourtant… Il ne sait plus s’il se moque de lui où s’il est sérieux. Cette phrase lâché en vol n’est qu’un coup de plus qu’il lui porte. Toujours ce verbe détestable : oser. Il lui répète sans cesse qu’il doit oser mais la vérité, c’est que Colton ne sait pas ce qu’il veut qu’il ose. S’il se trompe, cela fera pire que mieux. Du moins, c’est comme ça qu’il le voit. Il se met tellement de barrière lorsqu’il s’agit d’Angus. Parce qu’il ne veut pas qu’il s’éteigne, lui non plus. Il ne veut pas faire de lui ce qu’il ne veut pas être. Il ne veut pas l’abîmer, ni même toucher à une seule de ces mèches trop rebelles. Il a la conviction étrange que chaque geste qu’il rêve de poser n’est qu’un pas de plus vers leur tombe commune. Comme si en s’abandonnant l’un à l’autre, il briserait ce rien du tout qu’ils avaient construit. Ridicule. Il n’y avait rien. Rien du tout. Que détruire, dans ce cas ? Colton déglutit et détourne le regard, il ne veut pas voir l’image flouée de celui qui est tout pour lui. Il entend le bruit imperceptible de son crâne martelant le mur et son cœur se serre davantage. Au bord de l’implosion, il préfère laisser son regard glisser sur les meubles de la pièce et retenir les larmes qui menacent dangereusement de ruisseler le long de sa joue. « Colton… » Il frémit et ferme les yeux. Comme son nom sonne délicieusement entre ses lèvres, comme le son de sa voix est envoutant. Déjà il se sent chavirer par ces deux syllabes. Il entend le gémissement mais préfère ne pas y prendre garde. S’appliquant à rester concentrer sur ce qui lui plait. Il a l’impression que c’est la première fois qu’il appelle. Comme si, jusqu’ici, il n’avait jamais eu le courage de formuler son prénom en entier. Bien sûr, c’est ridicule. « Colton, tu m’aimes comment ? » Violemment il rouvre les yeux et manque de s’effondrer. Qu’est-ce que cette question, si ce n’est un horrible piège qu’il lui tend ? Les prunelles apeurées de la biche égarée vienne se poser sur la silhouette de son adoré. Comment il l’aime ? La question n’a jamais trouvé de réponse, même dans son esprit. Que veut-il qu’il dise ? Lui-même ne le sait pas. Tout en le détaillant, il cherche cependant les mots. Mais rien, pas un seul ne vient à la rescousse. Ceux d’Angus s’imprègnent pourtant avec férocité dans son crâne alors qu’il attend une nouvelle réaction, un quelque chose, une aide en quelque sorte. « Dis le moi, dis moi… dis le moi. S’il te plais dis le moi. » Face à cette supplication, Colton se mâchouille la lèvre inférieure, interdit. Comme il aimerait le lui dire. Comme il aimerait prononcer des mots rassurants et des mots qui le comblerait. Mais rien à y faire, il a l’impression dévorante que, quoiqu’il fasse ou dise, cela ne changerait rien ou n’apporterait rien de bon. Muet comme une tombe, il se contente de l’observer, perdu. Pour la première fois depuis de long moment, c’est Angus le plus faible d’entre eux. Il a l’impression qu’il vient de lui piquer la vedette et étrangement, ça l’énerve. L’agace. Le ronge. Alors c’est à cela qu’il ressemble la plupart du temps ? A un putain de faible. Colton le défie du regard alors qu’il sert les poings, irrité. Sa main blessée l’élance mais ce n’est rien, ça finira bien par passer. Qu’est-ce qu’une aussi infime douleur comparé à celle qui lui étreint le cœur ? Rien. Absolument rien. Il n’empêche que cette nouvelle vision des choses l’empêche de répondre à la supplication de son bien aimé et qu’il ne passe son temps qu’à le regarder. Il attend sans doute une nouvelle perche, un nouveau quelque chose… et quand ce quelque chose arrive, c’est tout son être qui explose instantanément. « Embrasse-moi. » Les mots se répercutent, inlassables, dans son esprit. Colton se raidit. Combien de fois n’avait-il pas rêvé d’entendre cela ? Trop souvent à son goût et voilà qu’enfin les mots avaient été dit. Que faire ? Raidi par la surprise, Colton reste un moment sans bouger, à simplement le regarder. Il ne sait pas s’il doit répondre à cette requête ou s’en aller avant qu’il ne soit trop tard. Choisir la facilité ou affronté la vérité ? Des millions d’asticots lui dévorent le ventre et il sait qu’il ne pourra pas résister à cette demande. Il en a envie. Tellement envie. Alors en une enjambée, il vient plaquer son corps contre celui qu’il aime. Ses mains viennent glisser dans les boucles hirsutes de son autre alors qu’il le dévisage avec appétit. Ses yeux sont inévitablement obnubilés par les lèvres de celui qu’il aime. Pourtant, c’est sur son front qu’il dépose un timide baiser. Ce n’est qu’un vague effleurement avant qu’il ne souffle : « Alors rends-le moi. » Ses lèvres glissent alors sur le visage humidifié par les larmes. Il vint lécher du bout de sa langue la dernière outrageuse et s’approche inévitablement de l’objet de tous ses désirs. Ses doigts sont sévèrement agrippés aux boucles adorées alors qu’il vient fougueusement unir leurs lippes. Attisé malgré lui par le rapprochement trop important de leurs corps, il se serre davantage à son bien aimé alors que ses mains descendent dangereusement le long des joues abimées de son ami. Sans ménagement, il passe la barrière interdite de ses lèvres pour nouer leurs langues dans une danse endiablée et frénétique. Ce goût qu’il adore et qu’il n’a goûté qu’à peu de reprises. Ses mains aventureuses continuent leur course et sans même y réfléchir, elles se faufilent sous le tissu et viennent caresser envieusement le torse adulé. Sa bouche, affamée de tout désormais, vient alors se perdre dans le cou gracieusement offert de son partenaire. De ses dents il vient mordiller la chair ennemie et désirée, léchouillant au passage ce corps qui l’anime trop dangereusement. Poussé par une nouvelle sensation de bien-être et pratiquement de bonheur (alors, c’est à ça que ça ressemble ?), il attrape les pans du t-shirt d’Angus et lui ôte sans réfléchir, l’envoyant valser quelques mètres plus loin. Plaquant son corps enflammé contre celui qu’il désire, il n’arrive plus à contrôler ses mains qui vont ici et là, sans but précis. Caressant la moindre parcelle de peau. Ses lèvres aussi sont devenues folles et elles courent nerveusement sur le torse nouvellement offert. Et puis, il dérape. Complètement. Il ne sait pas pourquoi mais ses dents viennent se planter férocement sur la poitrine de son bien aimé. Il sert fort, mord, lèche, déguste… Il perd pied. Il ne sait plus où il est, ni où il va. Mais un bref moment de lucidité lui suffit pour s’écarter instinctivement et rapidement. Essoufflé et assoiffé, Colton git désormais à quelques pas de celui qu’il admire et qu’il rêve de posséder. Tête baissé, son regard est captivé par les tâches de sang que son poing avait laissé sur le sol. Obstiné, il refuse de lever ses prunelles. Celles-ci sont désormais emplies de larmes qui, pourtant, refusent de couler. Sa vision se brouille et tremblant, il reste planté là. A bout, fatigué et las, il murmure délicieusement : « Achève-moi. Je ne peux plus vivre sans tes bras. Achève-moi ! » Il sait qu’il n’aura jamais satisfaction et il en a tellement marre de lutter. Il veut simplement la paix. Mais entre eux ce n’est que deux ou trois bonnes choses pour un amas de tracas. Il n’aura jamais satisfaction. Jamais assez longtemps. C’est trop pénible. Mais plus courageux que jamais, il ose finalement encrer ses perles azurées dans celles de son adoré. Un sourire digne d’Angus vint abîmer son faciès. Il sourit avec une arrogance et une insolence détestable. Et puis il dit : « Ou peut-être que je t’aurai achevé en premier… » Il ne sait pas d’où lui vient cette rancœur, il ne sait pas pourquoi il exagère à ce point. Mais planté là, son sourire narquois aux lèvres, il a juste l’être d’être le grand méchant loup de l’histoire et Angus, la pauvre brebis égarée alors qu'une larme folle dessine un délicieux sillage sur sa joue rougie.
Sujet: Re: « dont let me down again. » colton&angus. Dim 13 Nov - 22:54
Comme un orage, une tempête qui s’estompe et se désagrège. Le grondement sourd effraye, il tétanise sur place. Pourtant ce n’est que du bruit, des déflagrations inquiétantes pour des tympans fragiles. Une lumière argentée qui strie l’horizon, les paupières se ferment, les insolentes craignent une douleur qui ne viendra pas. Une poussière étoilée qui n‘existe pas. Les contes de fées, c‘est pour les enfants. Et ces deux là, ils ne le sont plus. Pas vraiment adultes, ils ne sont cependant aucunement d‘affreux chérubins. Têtes à claques tout au plus, ils auraient certainement dû en manger davantage dans leur passé commun. Si Colton n‘ose pas, et s‘excuse. Angus vocifère et arrache. L‘un comme l‘autre ne sont pas dans le bon. Ont t‘ils tord pour autant ? L‘histoire de ces deux énergumènes est ardue, compliquée, emberlificotée. Ils se sont construit un univers à part, une bulle démentielle où les règles sont écrites de leurs mains, où les lois sont prononcées de leur bouche. Ils sont rois, souverains, ou simples avortons qui par manque de choix, ou d‘envies, vont finir par crever sur le bord de la route, à la cime d‘un arbre, ou seulement et pitoyablement dans le fond d‘un joli fossé puant et poisseux d‘où des grenouilles font un opéra, et les mouches... Un ballet de danse classique particulièrement désordonné. Et ensuite ? Le rideau va tomber, leur gueule se déconstruire, se ratatiner. Puis plus rien, un néant soudain, un calme étrange, rassurant. Trop doux et serein pour durer. Angus n’est qu’un petit garçon, trop triste pour continuer à vivre, pas assez courageux pour y mettre un terme. Ainsi, il reste là, des heures entières à se morfondre sur sa si pathétique existence. Il n’en mène pas large, et feint l’indifférence, le détachement complet de sa morne conscience. Espèce de connard. Il prétend le contraire, il le clame haut et fort. Il voudrait le hurler, le brailler, le cracher. Il a peur qu’on l’oublie, le vilain môme. Il craint sans jamais cesser de disparaître, et de ne plus être. Fantôme au milieu d’aveugles, peut être l’entendront t’ils. Oui. Il reste là, dans son entre deux sordide. Avec pour seule et unique lumière qui sache le faire sourire, ce brun aux sourires innocents et aux regards d’un douceur à faire pâlir. Il lui fait mal, il ne frape pas vraiment, il grogne trop souvent. Soupirant, il ne regarde plus Colton, Angus est un lâche. Il tapote son crâne tout dur contre le mur, il réfléchit, il essaye de s’exploser le restant de neurones qui n’a pas encore péter. Dommage. Grâce à ses drogues diverses et variées, une compote va bientôt se former. Chouette, il en ricanerait joyeusement d‘avance. Il est un as, lorsqu’il est question de s’autodétruire. Il n’aime pas ça, il a juste appris que ça pouvait extraordinairement soulager. Et empêcher les autres de souffrir. Si l’on veut voir le monde sombrer, et le chaos tout terrasser, autant éviter de faire chier les voisins. Colton ne hausse pas la voix, Colton n’a pas le droit d’insulter ou de faire du tord. Et pourtant, c’est ce qu’il vient de faire. Sans honte aucune. Il lui dit des choses qu’il ne devrait pas. Il lui en demande d’autres qui resteront sans doute sans réponses. Les discussions avec Colton finissent généralement mal, selon Angus. Pas la peine de lui faire croire à autre chose, non, Angus n’y entendra rien. Puisque l’impertinent n’envisage que ses propres avis. Il aime faire enrager ses semblables, il adore leur faire savourer cette tellement délicieuse aliénation de l’esprit, que l’on appelle l’espoir. Colton est sa victime favorite. Il l’est puisqu’il aime à mourir. Il le hait parce qu’il ne pleure pas assez. Angus voudrait lui enfoncer sa frimousse dans une cuvette de toilettes, l’entendre se noyer et sentir tout contre son corps, le macchabé. Ses épaules s’affaissent. Erreur, crétin. Colton l’est déjà, presque. A peu près. Emporté dans une vague délirante, il en oublie le pourquoi du comment. Son ami s’approche. Ami ou amour ? Qu’elle différence peut-il y avoir la dedans ? Angus a l’épouvantable pulsion de mordre le bel adoré qui s’approche maladroitement de lui. Répudier le bourreau, alors qu’il réclame lui même sa sentence ? Angus clot ses paupières et attend le jugement final, ou le dernier. Qu’il tombe. Qu’on lui coupe la tête. Que la caboche roule sur les lattes de bois et que le sang se répande de ci de là, entre les espaces crasseux. Un premier baiser sur le front, Angus frissonne. Les doigts de son aimé se sont enfouis dans ses boucles brunes.Lui demeure immobile. Figé, et stoïque, la peur le prend aux tripes. Et si tout se mettait à vaciller ? Et si ça n'est qu'un cauchemar aux allures de fantasmes inavouables ? Angus gémit en sentant la pression de l’organisme de Colton se coller au sien. Il se frotte doucement à lui et l’effet est immédiat. Une turgescence précoce entre ses guibolles raides. Et merde, songe t’il sans s’oser à la moindre parole. Partagé entre honte et pulsions prédatrices. Le dominer ou le détenir. Un souffle, qui vient chatouiller son épiderme. « Alors rends-le moi. » La langue hagarde lèche les larmes maculant les joues du petit diable. Et les lèvres tant désirées se posent sur les siennes. Son cœur fait un raté, et son pou s’accélère considérablement. Angus suffoque, tandis qu’il embrasse celui qu’il redoute le plus, en ce bas cosmos. Les bras le long de ses flancs, il n’est plus le jeune homme fier et fougueux. Pantin plus qu’acteur de sa propre mise à mort. Il a la trouille, la sensation est incontrôlable. La langue danse avec celle de son autre, les salives se mélangent et les mains de Colton caressent la peau de son torse. Le stopper ? Une hésitation, rapidement balayer par des instincts primaires. Angus s'ouvre, se révèle. Les failles deviennent béantes. On lui retire son teeshirt, et il se laisse faire. Levant les bras afin qu’on lui enlève ce bout de tissu informe. Il avance, Angus ne peut pas rompre le contact, il doit le toucher, le percevoir, le deviner à quelques centimètres à peine de lui. C’est un combat qui s’opère, ils se jaugent et s’attaquent avec langueur. Il le sait maintenant. Il le sait. L'évidence, qu'il accepte difficilement. Angus soupire d’allégresse en sentant la bouche de Colton parcourir sa poitrine. La tête rejetée en arrière, il se rend compte soudainement qu’il est en train de sourire. Le bonheur ou le soulagement. Pas de rejet. Une morsure, et Angus empoigne sauvagement la tignasse de Colton. Pour le repousser ou l’attirer ? Trop tard. Sa moitié s’est dérobée. En admiration sur quelque chose qui échappe totalement à Angus. « Achève-moi. Je ne peux plus vivre sans tes bras. Achève-moi ! » Une requête ? Une supplication. Angus écarquille les yeux, se pince les lèvres et goute encore à ce que ce monstre vient de lui faire. Le teint pâle, il recule et se cogne contre le mur dans son dos. Son adoré relève calmement son bouille angélique, et c’est un sourire macabre qui l’en éclaire. Un masque affreux, un reflet qui l’asphyxie. Des phalanges glaciales entourent sa gorge nue, la lui serre. Chimères issues de sa prolifique imagination. Angus se renferme de nouveau sur lui-même. Aussi rapide et intraitable qu’une huitre. La coquille emprisonne son âme, et la faible étincelle s’éteint devant cette grimace effroyable. La sienne sur la figure de son autre. Colton ajoute, comme si tout ceci n’était pas assez. « Ou peut-être que je t’aurai achevé en premier… » Un « Va te faire foutre. » Pitoyable, réussit à s’extirper d’entre les mâchoires crispées du démon. Angus longe le mur, ses doigts effleurent l’encadrement de bois. Une ouverture sur le couloir. La fuite. Il se faufile jusqu’à l’embrasure de la porte, pousse cette dernière. Et disparaît sans un mot de plus, s'évanouissant parmi l’obscurité ambiante. Le jeu est allé trop loin. Leur bulle a explosé. Ils viennent de tout briser. L'un a engendré la colère et la frustration de l'autre, l'autre lui a fait payé le tourment de la plus cruelle des façons. Angus pénètre dans sa chambre. Antre magnifique, aux piles de livres, aux mégots de cigarettes et aux fringues éparpillées. Il s’affale dans son lit, lorgne le plafond et écoute le moindre bruit qui lui indiquerait du mouvement de la part de Colton. Rien. Rien jusqu’à ce qu’il finisse par s’endormir, bercé par les bras de cette salope qu’est la dangereuse Morphée. C'est terminé, il sait qu'il peut se laisser dépérir. Dorénavant, plus personne ne sera là pour l'observer.