Les premiers pas d'Écho au lycée n'aurait pas plus mal commencer selon elle. Plus de cigarettes, plus d'essence dans le minable scooter acheté d'occasion à une personne louche, plus d'argent donc pas de déjeuner et pour clouer le tout elle était devenue la femme invisible des couloirs. C'était donc un maigre soulagement, mais un soulagement tout de même de se rendre au cours d'anglais. Malheureusement il s'était avéré que le professeur qui dispensait ce cours n'était pas exactement l'image que la jeune femme s'en était fait.

Elle était arrivée en trombe avec quelques minutes de retard (la faute au scooter) et avec des chaussures pleine de boue. Le professeur en question un gros barbu avec une dégaine de bucheron lui avait alors adressé un sourire gentiment sadique (Écho avait alors remarqué qu'il lui manquait plusieurs dents) en lui demandant de s'asseoir au premier rang. Elle s'était exécutée sous les rires de certains camarades et pendant tout le cours le très cher Professeur Wilbym s'était acharné à lui faire comprendre qu'il n'allait pas l'aimer et que les retards ne l'amusait point du tout. Ainsi sa première heure de cours avait été disons chaotique. Heureusement la sonnerie avait retentit au moment ou Wilbym semblait près à, une nouvelle fois, lui faire remarquer à quel point son attitude avait été déplorable. Écho ne tenta même pas le sourire charmeur qu'elle réservait aux professeurs d'habitude. La journée s'était ainsi déroulée avec mathématiques, physique et histoire jusqu'à la délivrance totale.

Et au beau milieux de la cohue des élèves elle s'était tant bien que mal frayé un chemin jusqu'à son casier. Après quelques essais infructueux de « Pardon, excusez moi... Oup là, désolée, oui, oui je passe, merci. » elle y était parvenue et s'était déchargée de ses affaires avec soulagement. Seulement elle se faisait balloter en tout sens par toutes sortes d'énergumènes. Écho était d'humeur massacrante. Elle ronchonnait, ruminant et pestant contre tout ce qui lui passait sous la main allant même jusqu'à adresser un « Dégage! » à une élève qui semblait plus jeune qu'elle mais qui n'avait été guère intimidée puisqu'elle s'était contentée de pouffer de rire et de rester là ou elle était planter barrant le passage à Écho. Celle ci claqua les portes du casier qui lui avait été attribué et fit volte face, furieuse. Mais une épaule heurta la sienne de plein fouet et dans une superbe glissage, la jeune femme se retrouva les quatre fers en l'air.

C’était une journée comme les autres : incroyablement ennuyante et monotone. Quand je marchais dans les couloirs du lycée, j’avais l’impression de vivre la même chose, perpétuellement. Je voyais les mêmes visages, les mêmes rires, les mêmes expressions, les mêmes groupes. Et rien ne changeait. Rien. Tous les jours, c’était la même chose : travail, récré, travail, manger. Voilà à quoi se résumaient mes journées. Et c’était terriblement lassant. Il n’y avait jamais rien qui se passait dans ce lycée implanté dans le trou du monde des Etats-Unis, il n’y avait jamais rien d’excitant, sauf les commérages qui ne m’intéressaient pas du tout. Et tous les jours, j’assistais à cette incroyable monotonie de la vie, le visage lassé et le corps exténué. Si c’était la vie, alors pourquoi la vivre ? Rien ne me plaisait ici. Tout m’agaçait et m’exaspérait au plus haut point. Par-dessus tout, je me sentais incroyablement seul. Quand je voyais les filles éclater de rire et les garçons se lancer des vannes minables, j’avais l’impression que eux, ils étaient heureux. J’avais l’impression qu’ils appréciaient leur vie de lycéen. Et ce n’était pas mon cas. Chaque jour m’enfonçait un peu plus dans ma solitude et de ma lassitude. Pourtant, j’avais essayé de trouver quelque chose de bien, dans cette vie. Mais rien ne venait. Sauf Sharly. Avec elle, tout allait bien. Elle était bien la seule qui avait le don d’égayer ma journée. Rien qu’en pensant à elle, je pouvais sentir mon cœur battre à une vitesse folle. Mais Sharly n’était pas là ce jour-là, et je me retrouvais à arpenter les couloirs du lycée dépité, sous les regards des autres, et énervé. Quelle chienne de vie !

C’était la fin de la journée et tout le monde s’affairait pour sortir du lycée, ce que je pouvais comprendre. Moi, je ne me pressais pas. Je ne voulais pas faire partie de la cohue qui régnait dans les couloirs. On aurait dit un troupeau de vaches. Ils étaient tous ridicules, comme d’habitude. Comme d’habitude.. D’un pas lassé, je me dirigeai vers mon casier, afin de récupérer le paquet de cigarettes que j’avais oublié. Je m’apprêtais alors à partir, quand une blonde visiblement assez remontée se heurta à mon épaule, basculant sur le dos et se retrouvant par terre. Des rires éclatèrent alors, et je regardai ces quelques visages d’un air placide. Je ne voyais vraiment pas ce qu’il y avait de drôle. Je levai les yeux au ciel, avant de poser mon regard sur cette fille. « T’aurais pu faire attention ! » lui lançais-je, sans prendre la peine de l’aider à la relever. Moi aussi j’étais énervé, comme tout le monde. Et je n’avais pas tellement de temps à accorder pour ces sottises de lycéen.