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 "Ghost from the past."

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MessageSujet: "Ghost from the past."   "Ghost from the past." EmptyJeu 18 Aoû - 15:50

Ghost from the past

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Après avoir longtemps hésité, Clyde se trouvait finalement devant la porte d'entrée de la maison de Preston Young. Les fêtes que celui-ci organisait étaient toujours mémorables, et Clyde y avait toujours passé un moment plus qu'agréable, mais malheureusement l'attitude vis à vis de lui avait changé depuis qu'on avait appris qu'il était malade. Les gens étaient aux petits soins pour lui, et s'inquiétaient sans arrêt de savoir si il avait trop chaud, ou trop froid, ou si il était fatigué. Rien de mieux pour faire regretter à Clyde de ne pas avoir caché sa maladie. Il adorait sincèrement ses amis, et savait pertinemment qu'ils ne voyaient pas à mal, mais c'était eux qui l'épuisaient, pas la maladie. Peut être que cette fois, cela serait différent, cependant. Il était relativement tard – vingt trois heures – et l'alcool aurait sans aucun doute commencé à faire un certain effet sur le système biologique de ses amis. Et rien ne l'empêchait de repartir après une petite heure si ils se montraient vraiment insupportables. Sans prendre la peine de frapper, il ouvrit la porte de la maisonnée, et entra en refermant la porte derrière lui. L'expérience des années lui avait appris que Preston ne répondait jamais à la porte lorsqu'il faisait une soirée, et qu'il valait mieux entrer si l'on ne voulait pas passer la soirée sur le pas de la porte. La musique raisonnait dans toutes les pièces, et personne ne prêta attention à l'arrivée du jeune homme. Des bouteilles d'alcool jonchaient le sol, et l'odeur familière du tabac vint éveiller les narines du barman. Il n'avait jamais été un grand fumeur, mais c'était pourtant quelque chose qu'il avait toujours apprécié. De temps en temps, en soirée, c'était un réel plaisir. Il n'était jamais tombé dans le jeu de la dépendance, Dieu merci, mais cela lui manquait maintenant qu'il savait qu'il n'avait plus le droit d'y goûter. Il poussa un soupir, et se lança allant saluer les gens à droite à gauche. « Hey Clide ! Je pensais pas que tu viendrais, mec ! » lança Peter, un ami d'enfance. Il esquissa un sourire, et se dirigea vers son ami. « J'ai fini plus tôt, alors je me suis dit que faire un tour me coûterait rien. » Il évitait ainsi toute discussion sur sa maladie, tout sous-entendu, et disait la vérité. Il n'y avait étrangement personne au bar ce soir-là, et le patron l'avait donc laissé partir un peu plus tôt. Il avait donc eu le temps de rentrer chez lui se changer avant de revenir ici. « Une bière, pour te mettre dans l'ambiance ? » Un léger sourire se dessina sur le visage du jeune homme qui attendit quelques secondes avant de répondre. Il en avait envie, mais était-ce bien raisonnable ? Il réfléchit à la dernière fois qu'il en avait bu une, et décida de se laisser tenter. Ce n'était pas une bière toutes les deux semaines qui allaient le tuer – pardonnez lui l'expression. « Bien sûr ! Y a de la Heineken ? » Clyde avait toujours eu une préférence pour les bières européennes, même si cela lui valait régulièrement de se faire réprimander par ses amis. «  Tu es désespérant ! » Haussant les épaules, Clyde décapsula sa bouteille, et en prit une grande gorgée.

Pour une fois, il ne fut pas traiter comme le malade de la pièce, et c'était un réel soulagement. Papillonnant de groupes en groupes, il était ravi de voir que sa vie reprenait une tournure normale. Il était entrain d'écouter une blague lorsqu'une silhouette familière se dirigea vers la terrasse. Les sourcils froncés, il manqua la chute de la blague, et ne fut ramener à la réalité que par les éclats de rire de ses amis. La présence de la jeune femme était étonnante, mais ce qui l'était encore plus, c'est que personne ne lui en ait parlé. Thessalie à Arrowsic était un événement assez rare pour que l'on en parle. Depuis qu'elle était partie à l'université, peu de gens l'avait revu, et Clyde n'en faisait pas partie. Il savait qu'elle avait pris l'habitude de revenir pendant les fêtes de Thanksgiving, mais c'était tout ce qu'il savait de la vie de la jeune femme. Eux qui étaient si proches auparavant étaient tout simplement devenus des inconnus avec les années. Six ans avaient suffit à ne rendre l'un un simplement souvenir dans la mémoire de l'autre. Clyde n'était pas certain que cela soit un regret, mais savoir que la jeune femme était de retour dans le Maine, peu importe pour combien de temps, suffisait à lui arracher un sourire. Il devait avouer être curieux de ce qu'elle pouvait être devenue, si elle avait obtenu le diplôme qu'elle désirait, comment était sa vie... Oh, elle devait être bien plus palpitante que celle qu'il menait ici, même si il n'était pas certain d'être heureux dans la capitale. Il aimait cette petite ville, même si cela signifiait que culturellement, c'était parfois frustrant, et qu'il lui arrivait de s'ennuyer. Mais il était chez lui ici, et l'idée de déménager ne lui avait jamais traversé l'esprit – pas même pendant les sombres nuits où elle lui avait manqué après son départ. Bien qu'il soit passé à autre chose, et il ne faisait aucun doute qu'elle aussi, la revoir ici était relativement perturbant – il s'agissait après tout de sa première petite amie. Il allait d'ailleurs aller la saluer, sans réellement savoir où mènerait la conversation. On lui proposa cependant une partie de foot sur la plage avant qu'il n'atteigne Tessalie, et elle avait disparu lorsqu'il se tourna vers l'endroit où elle se trouvait quelques secondes auparavant. La partie dura une bonne petite heure, et c'est non sans fierté que Clyde marqua plusieurs buts, permettant à son équipe de gagner. Naturellement, il n'était pas le seul à en avoir marqué, mais il en avait toujours été ainsi avec ses amis. L'équipe gagnante ne se gênait absolument pas pour rappeler à l'autre équipe la raclée qu'ils s'étaient prise jusqu'au prochain match. Ils avaient beau avoir tous grandi, cela n'avait rien changé à cette habitude d'adolescent. C'était ce qu'il y avait de bon à faire partie de ce groupe d'amis, quelque part. Ils avaient tous changé, mais rien ne semblait capable de modifier le lien qui les unissait.

Il était entrain de refuser une seconde bière lorsqu'il aperçut la jolie blonde installée sur la terrasse – qu'ils devaient forcément traverser pour rentrer dans la maison. Arrivant à son niveau, il se décida à la saluer. Ils n'étaient pas spécialement en mauvais termes quand elle était partie mais ne s'étaient pas donné de nouvelles pour autant, ce qui expliquait probablement le certain malaise qui régnait désormais sur la terrasse. « Tessalie Thornfield, de retour à Arrowsic ? Ca pour une surprise... »

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MessageSujet: Re: "Ghost from the past."   "Ghost from the past." EmptyLun 22 Aoû - 12:59

En d’autres temps, Tessalie aurait évolué à cette fête comme un poisson dans l’eau. Jeune femme joviale et insouciante, sociable et pleine d’énergie, elle aurait apporté une bonne humeur communicative et des éclats de rire sans fin. Elle aurait salué tout le monde et discuté avec énormément de gens. Elle aurait bu un verre ou deux, tout au plus, pour avoir le feu aux joues et la tête dans les nuages, mais elle ne se serait pas saoulée. Elle aurait gardé la maitrise d’elle-même et elle aurait dansé avec toute la force de sa jeunesse. Aujourd’hui, elle n’était plus qu’une pâle copie qui n’avait d’ailleurs en commun avec l’ancienne Tessalie que le physique menu et la blondeur des blés. Elle avait toujours sa place parmi ces jeunes gens auprès desquels elle avait grandi. Même après six années et probablement même après vingt ans d’exil, elle aurait toujours eu un espace à elle dans cette petite communauté. On ne la rejetait pas, mais on ne pouvait nier une lueur de curiosité dans le regard de ses amis d’enfance. Pourtant elle ne la remarquait pas alors qu’elle se déplaçait parmi cette foule de jeunes adultes heureux de se retrouver. Ils avaient tous leur vie. Elle ignorait la plupart du temps quel métier ils avaient choisi, connaissait tout juste les détails de leur vie familiale, s’ils étaient en couple, mariés, célibataires ou plus tristement, comme pour une amie qui avait été proche, veuve d’un soldat parti défendre la cause de son pays. Elle n’éprouvait pas de réelle curiosité à leur égard, elle ne leur posait des questions que parce que c’était le plus poli, de montrer un minimum d’intérêt, et aussi parce que cela lui évitait d’être critiquée comme si elle n’en avait rien à faire de leur existence actuelle. Alors elle questionnait, écoutait distraitement, souriait lorsque c’était requis et acquiesçait pour prouver qu’ils avaient toute son attention. Mais dès qu’elle en avait l’occasion, elle prenait congé d’une conversation qui s’éternisait et qui l’épuisait. Alors elle attrapait quelque chose à grignoter et s’efforçait d’aller voir ailleurs, d’éviter les gens bavards, même si ce n’était pas toujours avec succès.
Minuit approchait à tous petits pas. Tessalie ignorait combien de fois exactement elle avait jeté un œil à sa montre, en se demandant quelle serait l’heure la plus propice pour pouvoir s’en aller sans que cela attire des réflexions de ses comparses. Elle s’était fixé un objectif : une heure du matin. Mais les minutes s’écoulaient avec une lenteur exaspérante et elle craignait que l’on ne commence à deviner son impatience de quitter les lieux. Elle échangea un sourire avec un couple et se dirigea vers la sortie, ayant besoin de s’oxygéner un minimum si elle ne voulait pas suffoquer au milieu de cette musique, de ces corps qui se déhanchaient infatigablement et de ces interpellations sans fin. Poussant la porte moustiquaire, elle retrouva la fraicheur nocturne et resserra le voile laineux dont elle s’était recouvert les épaules. Portant le verre de punch à ses lèvres, elle fixa l’horizon, les arbres cernant la demeure et offrant une couverture illusoire à une nuit d’innocente débauche. Les jeunes d’Arrowsic avaient toujours su faire la fête sans que cela devienne un festival de corps dénudés et de vomissements. Cela avait quelque chose de rafraichissant et de rassurant mais cela ne suffisait pas à tirer Tessalie de sa torpeur. Soupirant silencieusement, elle descendit les quelques marches qui la menaient à la pelouse et longea la terrasse pour se diriger vers le côté de la maison où, elle le savait, un calme relatif régnait. Pour l’instant, c’était tout ce dont elle avait besoin. Elle trouva une certaine sécurité à être dissimulée ainsi sans pour autant quitter complètement la fête. La musique lui parvenait toujours, légèrement étouffée par les parois, mais ses poumons étaient libérés de ce poids qu’elle transportait où qu’elle aille. Fermant les yeux, elle se laissa glisser le long du mur et s’accroupit pour finir adossée à la façade, le verre entre les doigts. Elle ne savait combien de gobelets lui étaient passés entre les mains. Quatre, peut-être cinq et l’alcool produisait maintenant un effet somnolent. Elle avait le sang en feu mais la tête glacée. Elle paraissait d’un calme olympien alors qu’en réalité, son cerveau semblait être sur pause. Tout autour d’elle bougeait, évoluait, s’amusait alors qu’elle affichait un visage de marbre, des traits tirés, qui n’incitaient pas vraiment à la discussion.
« Tiens ! Te voilà » Enfin, Ashley, mise à part, évidemment, puisqu’elle n’avait de cesse de lui parler même quand le comportement de Tessalie annonçait la couleur. « Me voilà. » répliqua-t-elle simplement en fermant les yeux. Ashley la contempla un instant, penchée comme elle était par-dessus la rambarde pour voir le côté de la maison. « Tu t’ennuies ? » Oui. Et non. Tessalie ne répondit pas. Elle se contenta de se lever, sachant qu’il était trop tôt pour s’évaporer et que rester là n’apporterait rien d’autres qu’une série de questions auxquelles elle n’avait aucune envie de répondre. Revenant vers l’arrière de la maison, elle adressa un signe de la main à Ashley, comme pour dire « c’est bon, me voilà », qui ravit la jeune femme puisqu’elle sourit et disparut à l’intérieur. Pour faire quoi, Tessalie n’en savait rien, mais elle n’irait pas chercher.
Elle s’isola à nouveau, mais moins ostensiblement, alors qu’elle prenait place sur un petit fauteuil en osier qui se trouvait à l’extrémité de la terrasse, juste sous une fenêtre à moitié ouverte. Le verre toujours à moitié plein dans la main, elle sirota silencieusement le breuvage alcoolisé en fixant le ciel où apparaissaient de nouvelles étoiles, de minutes en minutes. « Tessalie Thornfield, de retour à Arrowsic ? » Si un frisson la parcourut bel et bien, le visage de marbre qu’elle exposait n’en laissa rien deviner. Portant son regard clair vers cette silhouette à qui appartenait la voix qu’elle ne connaissait que trop bien, elle esquissa un sourire. « Ça pour une surprise. » Clyde. Quoi qu’il arrive, il provoquait toujours une pointe de nostalgie dans l’estomac de Tessalie, comme si les papillons depuis bien longtemps décomposés tentaient de raviver les sentiments qu’elle avait pu éprouvés pour lui. Il avait changé, en bien, put-elle une fois de plus constater alors qu’elle découvrait sa large stature, son corps d’homme. « Incroyable, n’est-ce pas ? » répondit-elle alors en levant son verre. « Et pour de bon, cette fois. » Il n’y avait pas grande conviction dans son ton mais elle espérait en un sens qu’il se montrerait aussi aveugle et inconscient de la fragilité de sa voix, de la fatigue dans son regard, que les autres avaient pu l'être. Pourtant, d’un autre côté, elle ne se leurrait pas. Clyde avait été plus qu’un ami, il avait été son premier amour et chaque parcelle de son corps s’en souvenait. Mais six années séparaient cette soirée de leur rupture et les derniers mots qu’ils avaient échangés, entre-temps, étaient vides de sens alors elle se força à adopter une attitude plus amicale. « Que deviens-tu, Nicholls ? Je ne t’ai pas vu arriver, sinon je serais venue te saluer. » Mensonge. Mais qu’y avait-il de mal à énoncer un si petit mensonge ?
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MessageSujet: Re: "Ghost from the past."   "Ghost from the past." EmptyJeu 25 Aoû - 17:33

Lorsqu'ils repensaient au six années écoulées, Clyde devait avouer avoir du mal à croire tout ce qu'il s'était passé. En apparence, rien n'avait changé chez lui. Son corps avait évolué en celui d'un homme, naturellement. Il devait, pour son plus grand agacement, se raser chaque matin, et faire des nuits blanches s'avérer de plus en plus compliqué. Mais à part ça, l'on pouvait croire que rien n'avait vraiment évolué – et probablement était-ce ce que Tessalie pensait en ce moment même. Il était toujours à Arrowsic, n'avait jamais quitté la ville, et exerçait le même métier que celui qu'il avait toujours pratiqué les week-ends, adolescent. Pourtant, il avait l'impression d'être une personne fondamentalement différente, parfois. Cela lui avait pris du temps, mais pendant ses six dernières années, il s'était construit des rêves, des projets. Il avait économisé chaque mois une partie de ses salaires pour pouvoir avoir un jour les moyens d'ouvrir un magasin de disque – ou pourquoi pas, une petite maison de disque. On ne pouvait pas dire qu'il en avait parlé à qui que ce soit. Il voulait se débrouiller seul, éviter de demander un financement, et que ce soit projet soit le sien, et uniquement le sien – son coté possessif sûrement. Naturellement, ce rêve était grandement compromis maintenant qu'il était malade, et il l'avait plus ou moins mis en stand-by, mais cela n'en était pas moins le reflet de ses six dernières années. Il y avait également les quelques histoires d'amour qu'il avait eu – deux, à vrai dire – et qui lui en avait appris loin sur la femme avec qui il aurait aimé passer le reste de ses jours. Kallista aurait été parfaite dans ce rôle d'ailleurs, mais elle en avait décidé autrement. Si cela lui faisait encore un énorme pincement au coeur, il s'était désormais fait une raison et était plus ou moins passé à autre chose. Il n'était plus question de ça désormais, de toute façon. Il avait également pris son indépendance de manière qu'il croyait définitivement pendant ses dernières années. Beaucoup s'étaient attendu à ce qu'il reste tard dans le cocon familial. Il était un enfant unique, et tous savait que Cassiopee Nicholls aurait du mal à laisser son fils partir. Pourtant dès ses 19 ans, il avait louer un appartement dans le centre ville, puis il y a maintenant deux ans de cela, il avait acheté sa propre maison.
Oui, il avait évolué en six années. C'était certain. Mais aujourd'hui, il avait parfois l'impression que tout cela avait été pour rien. Il n'aurait plus l'occasion de réaliser son rêve, ni même de se marier et d'avoir des enfants, et son indépendance avait été grandement amochée par son obligation de retourner chez ses parents. Et maintenant, il y avait le retour de Tessalie. En temps normal, il n'y aurait probablement pas plus prêter d'attention que ça à son retour. Il l'aurait salué, aurait peut être rapidement discuté avec lui mais cela ne l'aurait pas plus perturbé que ça. Là, quelque chose le dérangeait pourtant. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas qu'elle soit là – peu lui importait au fond. Mais c'était comme si ses six dernières années n'avaient jamais existé, si ce n'est qu'il restait quelqu'un de plus mature, et qu'il n'était plus amoureux de la belle. Elle n'était pas non plus une parfaite inconnue pour autant ; il voyait bien que quelque chose avait changé en elle. Il aurait adoré dire que c'était en bien, qu'elle était parfaitement épanouie mais elle avait plus l'air éteinte qu'autre chose. Sa façon de parler, de se tenir... Ne serait-ce que l'endroit où elle se trouvait à l'heure actuelle. La Tessalie qu'il connaissait à l'époque, lorsqu'ils n'étaient encore que des adolescents, aurait été entrain de danser, ou de rire avec des amies. Elle aurait peut être même jouer les pompom girls pendant le match des garçons. Il hésita à le lui faire remarquer, mais qui était-il pour agir ainsi ? Ils ne s'étaient pas parlés depuis un trop long moment pour qu'il l'invite à pleurer sur son épaule ; qui plus est, elle était peut être simplement fatiguée, ou avait eu une mauvaise journée.

Un sourire amusé se dessina sur le visage du jeune homme lorsque Tessalie lui informa qu'elle était de retour pour de bon. Elle serait probablement resté à la capitale si cela n'avait tenu qu'à elle vu l'air qu'elle prenait. Mais il pouvait la comprendre. Rien ne disait qu'il aurait aimé autant cette petite ville du Maine si il avait connu une autre partie du monde – un autre de ses rêves qui n'arriverait probablement jamais -, autre chose tout simplement. La vie était calme ici, quasiment tout le monde se connaissait, et il était difficile de garder un secret. Il n'y avait pas l'anonymat des grandes villes, l'attrait culturel, et le reste. « Cache ta joie, surtout. » Il se déplaça pour s'accouder à la rembarre, se perdant quelques secondes dans la contemplation des étoiles dessinées dans le ciel. Il regrettait presque que la maison ne donne pas sur la plage, s'imaginant parfaitement aller profiter un peu de l'eau. C'était étrange comme ce genre de choses avait pris leur importance maintenant. Il continua de les observer quelques secondes, embrassant le moment avec sérieux, puis se retourna. « Rassure-toi, ce n'est pas si mal. C'est probablement même pire dans tes souvenirs. » Il ne pouvait chasser cette petite voix qui lui disait que ce n'était pas le retour à Arrowsic qui la travaillait, qu'il y avait autre chose – quelque chose de grave, quelque chose qui l'avait changé, et peut être même à jamais. « Tessalie, est-ce ... » Il s'arrêta, la jeune femme ayant commencé elle-même une phrase. Mieux valait qu'il la laisse continuer, le reste ne le regardait pas. « Que deviens-tu, Nicholls ? Je ne t’ai pas vu arriver, sinon je serais venue te saluer. » C'était étrange de l'entendre l'appeler par son nom de famille. Ils s'étaient donnés bien des noms à l'époque, mais jamais ils ne s'étaient appelés par leur nom de famille – ou simplement dans des boutades. Cela semblait si... formel. Il ne s'attarda cependant pas sur la question ; quoi lui dire sur ce qu'il devenait être plus important. Devait-il lui dire qu'il était malade ? Le savait-elle ? Il y avait de grandes chances que ce soit le cas, et si ça ne l'était pas... cela l'arrangeait presque. Peut être qu'enfin quelqu'un le traiterait normalement, sans faire attention à des bêtises. « Oh, tu sais bien. La routine ! Je suis toujours au Jack's Lounge, je mène ma petite vie tranquille. Et toi, qu'est-ce qui t'a décidé à rentrer ? » demanda-t-il, sans vraiment réfléchir. Il ne chercha cependant pas à se rectifier, ou à poser une autre question. Intelligente comme elle était, elle trouverait bien un moyen d'esquiver si elle ne souhaitait pas répondre. Ou, Ashley se déciderait à intervenir – elle semblait les observer du clin de l'oeil. Il attendit l'espace d'une ou deux secondes pour voir si elle détournait le regard, mais elle n'en avait que faire, apparemment. « Je crois que Ashley a peur que je te morde. » lâcha-t-il, s'amusant de l'attitude de leur amie.
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MessageSujet: Re: "Ghost from the past."   "Ghost from the past." EmptyMar 20 Sep - 11:45

Clyde rimait avec confort, sécurité, douceur, tendresse. C’est en tout cas ce qu’il évoquait en elle à chaque fois qu’elle le voyait. Mais leur histoire s’était terminée et avec elle, tous ces points positifs. Il lui était parfois arrivé de s’interroger sur les raisons qui l’avaient poussée à lâcher prise, à laisser mourir une relation aussi belle et enrichissante. Et pour quoi ? Pour la solitude et puis la liaison mouvementée et dangereuse qu’elle avait vécue aux côtés d’Elliott. Si la douleur était réelle, elle n’avait plus vraiment de raison d’être. Son petit ami était mort. Son premier amour avait continué sa vie, comme elle l’avait fait et si elle regrettait souvent leurs baisers et étreintes quand elle le voyait, elle savait que c’était principalement dû à ce qu’elle avait vécu et non parce qu’elle était encore amoureuse de lui. Elle ne le connaissait plus, n’avait plus aucun droit sur lui, n’avait plus vraiment rien à voir avec lui, de toute manière. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle était insensible à sa présence. Dès qu’elle le voyait, un flot de regrets la submergeaient et le souvenir de leur adolescence remontait à la surface, n’aidant en rien à sa guérison. C’est davantage le bonheur de ces années-là qu’elle regrettait, que la découverte de leurs sentiments. Elle était devenue imperméable et hermétique à toute forme de sentiment, du mois en était-elle persuadée. Plus jamais elle ne voulait aimer, plus jamais elle ne voulait se donner à qui que ce soit puisque c’était forcément pour se faire lyncher, lacérer par le chagrin et la trahison. Le cœur meurtri et aride, elle n’aspirait plus à rien et quand ses parents l’interrogeaient sur la suite, sur ce qu’elle comptait faire de son existence – sans diplôme, sans travail, sans connexion avec le monde extérieur – elle se contentait de hausser les épaules. Elle n’en savait rien et ne cherchait pas à trouver une réponse. Elle se laissait vivoter – parce qu’on ne pouvait pas réellement parler d’existence, au vu de son comportement apathique – et verrait bien ce que le prochain tournant lui assénerait comme coup bas. A quoi bon s’y préparer puisqu’elle n’avait pas les armes pour y faire face ? D’une faiblesse confondante, elle était devenue l’ombre d’elle-même, une parcelle de l’étincelle de vie qu’elle avait été du temps de sa vie à Arrowsic. C’était comme si la grande ville avait réussi à sucer toute son énergie, à s’approprier sa joie de vivre pour renvoyer chez elle un petit fantôme, un pantin transparent et sans volonté de vivre. C’était tout juste si certains visages familiers parvenaient à raviver les couleurs sur son visage blême. Mais pour le reste, elle n’inspirait pas grand-chose à ses amis d’enfance sinon la pâle copie de la Tessalie d’antan. Elle le voyait dans leurs regards, dans leur politesse exagérée, dans leur retenue, comme s’ils craignaient qu’un mot de travers brise complètement leur ancienne amie. Elle ne leur en voulait pas, elle avait conscience qu’elle n’était pas facile à vivre. Elle aurait juste souhaité que ce soit moins évident. Comment retrouver un semblant de vie normale, en effet, quand tout le monde la traitait comme une dépressive qui risquait à tout moment de s’ouvrir les veines ? Cela ne lui avait pourtant plus traversé l’esprit depuis un bon moment. Oui, elle y avait pensé lorsqu’elle reposait sur son lit d’hôpital, esseulée, plongée dans un silence mortel, en sachant qu’Elliott était mort sous ses yeux mais qu’elle était trop stone pour s’en rappeler correctement. Son visage abimé, son regard dépourvu de vie la hantait parfois, mais c’était de moins en moins le cas, maintenant qu’elle était revenue à Arrowsic. Comme si la ville effectuait sa lente besogne de réparation, de soins minutieux et imperceptibles pour remettre son corps en marche.
Le sourire qui émergea sur les lèvres de Clyde ne parvint qu’à la faire soupirer. Il n’avait pas changé et était complètement différent à la fois mais ce sourire, sincère, naturel, la ramena huit ans plus tôt, quelques instants. Elle baissa la tête et fit tourner le liquide dans son gobelet, regardant l’alcool faire des vaguelettes contre les parois du récipient. « Cache ta joie, surtout. » Sa joie. Elle ne savait même plus ce que signifiait ce mot, à vrai dire. Tout lui semblait faux, tous les rires lui paraissaient étrangers ou sonnaient creux. Au moins ne la ménageait-il pas, comme s’il ne voyait pas qu’elle était plate, terne, morose. Un changement de comportement qui lui fit du bien, étrangement. Peut-être que voir tous ces gens aux petits soins avec elle n’aidait en rien et ne la poussait pas à tenter de guérir et de se retrouver. Peut-être qu’elle se confortait dans cette semi-dépression. Mais elle n’était pas en état de faire une évaluation psychologique alors elle chassa cette pensée de son esprit et changea de sujet. C’était plus simple, moins dangereux. Elle nota son incertitude mais la chassa elle aussi de leur conversation. Elle était habituée à laisser les gens perplexe, maintenant. Dieu sait ce qui lui faisait froncer les sourcils. « Oh, tu sais bien. La routine ! Je suis toujours au Jack’s Lounge, je mène ma petite ville tranquille. Et toi, qu’est-ce qui t’a décidé à rentrer ? » Tessalie l’observa franchement, se demandant s’il savait quoi que ce soit et s’il essayait de la faire parler, de peur qu’elle ne se vexe que les raisons de son retour ait fait le tour de la ville. Finalement, elle cessa de le fixer, changeant de tactique en battant des paupières pour dissimuler sa gêne. Elle haussa les épaules, éludant la question à laquelle elle ne savait pas quoi répondre. Ce n’était pas un choix, son retour n’était dû qu’au fait qu’elle ne savait que faire d’autre et que c’était son seul refuge. Jamais elle n’aurait pu trouver un boulot en ville, dans l’état où elle était et c’était bien simple, elle ne s’en sentait pas la force. « Je crois qu’Ashley a peur que je te morde. » Tessalit jeta un coup d’œil dans la même direction, repéra son amie qui les observait, envieuse, mais surtout curieuse. Son expression n’était pas compliquée à deviner, du moins Tessalie le croyait-elle, ignorant tout de la condition de son ex petit ami. Elle jugea donc l’observatrice comme curieuse : il était de notoriété publique qu’Ashley avait toujours un peu trop apprécié Clyde et qu’elle espérait qu’un jour, son tour viendrait. Craignait-elle que le retour de Tessalie fasse tout capoter ? La blonde n’en savait rien. Elle reporta son attention sur son verre, ignorant son amie pour déclarer, sur un ton qui aurait pu être badin mais qui se révéla davantage cynique : « Je pense que tu as tout à fait raison. » Elle porta son verre à ses lèvres, bu une petite gorgée et demanda, sans grand enthousiasme : « Tu n’aurais pas une idée de job, par hasard ? Est-ce que le Jack’s Lounge recherche une serveuse ? Je crois que si je reste une semaine de plus à la maison, ma mère va péter un câble… » Elle doutait fortement qu’avec son manque d’énergie, un quelconque employeur prendrait la peine de l’engager mais elle se dit que poser la question ne coûtait rien et pouvait laisser croire qu’elle s’activait alors qu’au fil des minutes, elle avait l’impression de sombrer plus qu’autre chose.
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