Déambulant dans les rues d'Arrowsic comme une âme en peine alors qu'elle n'avait absolument rien d'intéressant à faire, Tessa maugréait visiblement sur son sort. C'aurait pu être captivant de la savoir prendre ses cours en main en mettant à profit cette fin de journée sans autre compagnie que son téléphone portable pour étudier, mais la brune en avait visiblement décidé autrement. Ce n'était pas la peine de lire et relire ses notes de cours et elle poussa un soupir lorsqu'elle arriva tout près du lycée McDonell. Mattia étudiait là et même si, la plupart du temps, ils ne s'entendaient pas, elle ne l'avait pas vu depuis un bon moment et s'affaira donc à le chercher parmi les étudiants de son année - ou peut-être était-ce un groupe de jeunes sportifs animés d'une seule et même ambition, elle n'en savait strictement rien! - regroupés sur le terrain de tennis. Apparemment, soit il y avait le coach, soit c'était le prof, parce qu'il était plus grand que les autres et semblait donner des ordres. Ravie, la jeune femme se mit à l'observer et dut avouer qu'il n'était pas mal du tout. Elle parvint néanmoins à s'arracher à sa contemplation pour reporter son attention sur les adolescents - groupe duquel elle pourrait sans doute faire partie si on ne se basait que sur son attitude en général et son comportement joueur - occupée à mettre la main sur celui qu'elle cherchait. Elle reconnut Mattia de l'autre côté du terrain, au service. La balle qu'il voulut envoyer ne parvint pas à traverser le filet et la seconde fut jetée hors jeu - de peu, mais hors-jeu quand même. Tessa secoua la tête en riant légèrement, découragée. Elle n'avait jamais compris ceux et celles qui mettaient tous leurs espoirs futurs dans la pratique d'un sport et elle ne les comprendraient sans doute jamais. Ceux qui passaient pro étaient rares et ceux qui gagnaient des millions l'étaient encore plus.

Elle n'eut pas à attendre longtemps puisque les joueurs disparurent bientôt à l'intérieur des murs du lycée, désertant du même coup le terrain. Tessa décida donc de patienter dans l'espoir d'animer un peu sa fin de journée, consciente qu'elle en aurait pour son argent avec son cousin. Pourtant, les mecs quittèrent l'école - et le vestiaire du même coup - sans qu'il n'y ait trace de Mattia, ce qui attira l'attention de la brune. Sans gène, elle décida d'aller le chercher par ses propres moyens et poussa la porte des vestiaires masculins. « Oh! Fais attention! » reprocha-t-elle à l'un des adolescents relativement chamboulé de la voir là. Il fallait dire que, vêtue comme elle était - un jeans taille basse surmonté d'un mince débardeur - elle avait de bonnes chances d'attirer les regards d'ados en chaleur. Parcourant le vestiaire des yeux alors que ses prunelles se posaient sur quelques retardataires, elle ne vit pas Mattia du premier coup d'oeil, mais son cousin sortit de la douche au moment où elle tournait les yeux vers lui. Vêtu d'un jeans, torse nu, sa serviette sur l'épaule alors qu'il rejoignait son casier, les cheveux dégoulinants, Tessa poussa un soupir de soulagement visiblement exagéré. « T'es là, morpion! Je pensais que tu t'étais noyé! » Et puis, posant deux doigts sur le torse de son cousin, elle eut un sourire appréciateur en arquant un sourcil amusé. « Tu dois faire tomber plus d'une fille avec ces abdos-là! Mais faut que ça te serve à remporter des matchs, hein, ça sert à rien, sinon! » poursuivit-elle en prenant place sur le banc, sentant sur elle les regards des autres adolescents alors qu'elle n'en avait strictement rien à foutre. Consciente de déranger, elle ne s'en amusait que davantage.

La fin de journée avait été bien difficile pour le jeune Jarvis. On pouvait même dire que la journée entière avait été bien difficile. Seules deux pauvres petites heures de mathématiques avaient éclairé ce vendredi, bien noircie par toutes ces matières littéraires ; avoir français, histoire, philosophie en un jour, c'était dur. Très dur. Et l'esprit de Mattia -bien trop scientifique- n'avait pas suivi une seule de toutes ces matières. Il était là, physiquement, mais psychiquement, il se voyait déjà sur le cours de tennis à taper la balle.

Alors, c'était heureux, et soulagé que cette terrible journée soit passée que Mattia s'était retrouvé sur le terrain de tennis, à taper la balle, et à écouter les conseils du coach. Le coach -ou Terry de son vrai prénom- leur fit travailler pas mal de technique. Il demandait des coups droits croisés parfaits, et après cela, demanda de faire la même chose avec les revers. Autant dire que les coups droits, c'était cent fois plus facile que les revers.. Du moins, pour Mattia.
Etre au fond du court et ne pas réussir à faire un revers croisé court parfait commençait à le chauffer petit à petit. Pourquoi ça rentrait dans le filet, ou alors ça ressortait du cours? Et puis, c'était un cercle vicieux; plus Mattia s'énervait, moins il réussissait, plus Terry hurlait, et moins Mattia restait calme, et donc plus il s'énervait, et donc moins il réussissait, et ainsi de suite..
Puis finalement, énervé de voir que tout ses protégés n'arrivaient pas à faire l'un de plus basiques gestes -Terry n'était pas prof pour rien-, le coach demanda à ce que chacun vide un seau complet de balles au service. Ca au moins, Mattia était sûr d'arriver. Et pourtant, ce fut une catastrophe. Là encore, moins de 7 services sur 10 passaient, les autres allant hors du terrain, ou se logeant directement dans le filet.

C'était donc un peu énervé après lui que Mattia quitta le terrain à la fin de l'entrainement, et se dirigea le plus rapidement possible vers les vestiaires après avoir attrapé son sac et ses raquettes au passage. Une fois dans les vestiaires, il mit bien cinq bonnes minutes avant de sortir de ses pensées, et de filer prendre une douche.

Sa douche dura plus de cinq bonnes minutes, car là encore, Mattia était dans les nuages. Pourquoi avait-il tout raté à ce point aujourd'hui? Qu'est-ce qui clochait dans son revers, et dans son service? Pour son revers, sa tête de raquette était bien positionné, ses mains aussi.. Alors, c'était quoi le problème? Il bougeait son corps comme il fallait. Du moins, il avait eu l'impression.. Se rendant compte qu'il allait devenir fou à force de se poser tant de questions, Mattia se promit de ne plus parler tennis pour la soirée. Ainsi, il sortit de la douche, sa belle promesse en tête, seulement vêtu d'un jean. Les cheveux encore ruisselant d'eau, sa grande serviette blanche -en l'honneur du lycée- sur son épaule, cachant son horrible cicatrice sur son ventre, Mattia arriva près de son casier, sans prêter attention à ce qu'il se passait autour de lui.

Ce fut un soupir -bien exagéré- qui le fit jeter un coup d'oeil à côté de lui. Tessa était là, à un mètre. Sa cousine. Pour une journée pourrie, ça ne pouvait pas mieux finir. « T'es là, morpion! Je pensais que tu t'étais noyé! » En guise de bonjour – et plutôt par surprise-, Mattia souffla un « Tessa ». La jeune fille -ou femme à la voir habillée de la sorte- posa alors deux doigts sur son torse, et avec un sourire amusé déclara. « Tu dois faire tomber plus d'une fille avec ces abdos-là! Mais faut que ça te serve à remporter des matchs, hein, ça sert à rien, sinon! » Sa cousine se décala alors, son sourire toujours accolé sur son visage, et prit place sur le banc. Les coéquipiers de Mattia bavaient littéralement devant elle, et Mattia amusé de les voir comme ça déclara un « Laissez tomber les mecs, elle est à moi » Quoi? Devoir supporter sa cousine pendant les prochaines minutes c'était déjà dur, mais devoir supporter sa cousine PLUS des mecs bourrés de testostérone, c'était encore plus dur. Autant se séparer de ces hormones.

Puis, se retournant vers la jeune fille -ou femme-, il lui fit un petit sourire avant de lâcher un « Je sais, je suis canon. Mais t'as fini de me matter? ». Là-dessus, il se passa encore une fois la serviette dans ses cheveux, et après quoi, il fit une boule avec dans ses mains, et balança la serviette vers sa cousine. Elle était venue dans un endroit réservé aux mecs. Elle n'avait donc pas à se plaindre de se prendre une serviette humide -et remplie de la douce odeur de son cousin- en pleine figure.

Un sourire aux lèvres, Mattia lui tourna le dos pour fouiller dans son casier, et trouver un T-shirt. Dès que ce fut trouvé dans tout ce bazar, il l'enfila, et se retourna de nouveau vers sa cousine. « Alors, pourquoi voulais-tu me parler? » Parce qu'il y avait forcément une raison.. Sa cousine n'aurait pas pris la peine de faire tout ce chemin pour venir le voir, non?

« Laissez tomber les mecs, elle est à moi » Arquant un sourcil en posant ses prunelles sur ceux qui restaient dans le vestiaire, elle leva les yeux au ciel avant de croiser les jambes, volontairement aguicheuse. Les yeux rivés sur son cousin alors qu'elle ne croyait pas un mot de ce qu'il venait de dire, elle faillit pouffer de rire à sa seconde réplique, visiblement hilarante. « Je sais, je suis canon. Mais t'as fini de me mater? » Tout en secouant la tête, découragée, la jeune femme avait pleinement conscience de l'effet que pouvaient produire sa chevelure et ses atouts sur les adolescents et elle adorait en jouer. « C'est pas comme si t'avais une chance. Je fais pas dans l'inceste et je fricote pas avec les gamins. » précisa-t-elle afin de bien casser leurs rêves de grandeurs et d'utopie. Non, mais franchement, ça avait à peine un poil de barbe au menton que ça se prenait pour un homme? Soupirant de la puérilité des adolescents visiblement en manque - et avec les hormones à 220 sur l'échelle de Richter - elle ne vit pas venir la serviette que Mattia lui balança au visage et maugréa en la lui relançant deux fois plus fort. « Enfoiré. C'pas parce que toi t'es mouillé que je suis obligée de l'être aussi. » Boudeuse, elle guetta sa réaction afin de s'assurer de ne pas se prendre une balle de tennis en pleine gueule ou une tête de raquette à l'arrière du crâne. De toute façon, les coéquipiers de Mattia n'avaient pas l'air suffisamment aptes à lui venir en aide en cas de problème, trop déboussolés qu'ils semblaient être par sa présence en ces lieux habituellement typiquement masculins. En vérité, Tessa n'avait même pas peur de voir surgir le coach qui se demanderait ce que faisaient encore ses protégés à flâner dans les vestiaires alors que la pratique était terminé; il était trop canon pour qu'elle ose se plaindre s'il venait à débarquer.

« Alors, pourquoi voulais-tu me parler? » « Te parler? » fit-elle, faussement surprise en haussant les sourcils, posant ses mains derrière elle pour se soutenir alors qu'elle prenait une pause un peu plus détendue. « J'avais oublié que tu savais le faire. Tu vieillis, c'est fou! » Aucunement gênée de lui foutre la honte devant ses amis, elle savait bien évidemment qu'ils sauraient qu'elle mentait. Ils auraient eu l'air bien cons, sinon. Entre Mattia et Tessa, il y avait toujours eu ce genre de lien qu'on ne parvenait pas toujours à définir, comme si c'était trop vieux et que ça venait de trop loin. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours agi ainsi avec lui et s'était même montrée bien pire, souvent. Ce n'était pas une attitude à laquelle elle était étrangère puisqu'elle s'amusait régulièrement à pratiquer son sens de la répartie. « En fait, je me suis dis que ce serait cool de venir voir le nombre de chances que t'as de remporter le prochain tournoi. » débuta-t-elle en haussant les épaules, grimaçant presque sous le faux aveu afin de rendre ce dernier on ne peut plus crédible. Elle n'avait pas l'impression de se montrer compatissante et Mattia devait bien savoir que si elle avait assisté à une partie de l'entraînement, elle ne le ménagerait pas. Ce n'était pas le genre de la jeune femme de prendre un air rassurant et de lui dire que tout rentrerait dans l'ordre à la prochaine séance, que ce n'était qu'une mauvaise journée. Quitte à enfoncer le clou, elle aimait bien l'enfoncer de manière à ce qu'on ne puisse pas le retirer. C'est plus solide, non? « Mais j'ai surtout compris que s'ils te font jouer ce jour-là, ce sera miraculeux. » Prenant un air faussement intéressé et compréhensif, elle se mordit la lèvre de la même façon que l'aurait sans doute fait un coach en pleine décision. « Qu'est-ce que t'as, le cous'? N'importe qui voudrait t'avoir comme adversaire, c'est pas fairplay! C'est peut-être le niveau ... » laissa-t-elle échapper en sachant à quel point elle risquait de toucher dans le mile. Touché. Coulé.

« C'est pas comme si t'avais une chance. Je fais pas dans l'inceste et je fricote pas avec les gamins. » Elle s'était sentie obligée de balancer devant tout le monde qu'elle était sa cousine? N'empêche que là, Mattia en était sûr, mais ses coéquipiers rêvaient d'être le cousin de cette beauté. Parce qu'au moins, elle le regardait.. Mais il était clair que vu la position -et ses jambes aguicheuses-, et sa tenue -qui sincèrement n'avait rien à voir avec celle d'une étudiante policière-, elle jouait dans la cour des « grands ». et ce n'était pas avec un ado qu'elle voulait finir. Plutôt avec un type d'une cinquantaine d'années là...
Tessa ne sembla pas apprécier qu'il lui balance une serviette en pleine figure, et à peine avait-il le dos tourné qu'elle lui rebalança sa belle serviette. « Enfoiré. C'pas parce que toi t'es mouillé que je suis obligée de l'être aussi. » Lui tournant le dos, il retourna la tête vers elle avec un grand sourire. Il avait bien pensé ouvrir sa bouteille d'eau, et la lui balancer, bouchon ouvert. Mais l'idée que le coach rentrerait ici, et voie le désastre lui coupa l'envie; il avait mal joué aujourd'hui, à trois jours d'une compétition, et ce dernier était bien énervé.
Puis une fois qu'il eut enfilé son haut, il lui demanda de quoi elle voulait parler. « Te parler? » dit-elle, en haussant les sourcils. Mattia la regarda avec de grands yeux. Oui, parler.. Elle ne connaissait pas ce verbe? « J'avais oublié que tu savais le faire. Tu vieillis, c'est fou! » Et BAM! Encore une fois, elle essayait de le mettre mal à l'aise, rappelant à tout le monde qu'il avait été un gamin. Jetant un coup autour de lui, Mattia voulait que les autres gars se barrent du vestiaire. Les supporter eux, et elle, c'était beaucoup. « Ouais, je ne suis plus le gamin qui collait ses doigts baveux sur ta tête. » Et là, elle rouvrit de nouveau la bouche. Mattia colla son dos contre les vestiaires, et regarda sa cousine. Son attitude sur le banc n'avait rien de normale.. Elle aguichait clairement les ados à peine puberes. « En fait, je me suis dis que ce serait cool de venir voir le nombre de chances que t'as de remporter le prochain tournoi. » Mattia haussa les sourcils. De quoi voulait-elle parler? Avait-elle assisté à l'entrainement? C'était vraiment une garce ! Mattia préféra ignorer sa réplique, et alla fouiller dans son vestiaire à la recherche d'une bouteille d'eau. Sa cousine commençait déjà à l'énerver. Et ce n'était que le début de son aimable visite... « Mais j'ai surtout compris que s'ils te font jouer ce jour-là, ce sera miraculeux. » Putain, elle avait vraiment assisté à l'entrainement. Il but une gorgée tout en lançant un regard noir à sa cousine. « Qu'est-ce que t'as, le cous'? N'importe qui voudrait t'avoir comme adversaire, c'est pas fairplay! C'est peut-être le niveau ... » finit-elle. Amusant, très amusant Tessa..

Cette fois-ci, Mattia arrêta de boire, et ouvrit la bouche. « t'as de la chance d'être ma cousine. Sinon, je t'aurai volontiers envoyé une balle en pleine figure.. » Quoi? Il prenait la mouche? Complètement..Son caractère de chien sur le terrain, ou en dehors quand on lui parlait de sa façon de jouer n'était un secret pour personne. La seule personne capable de le raisonner, c'était son coach. Terry. Ou encore Ashton, son prof de sport au lycée. Personne d'autre. Si quelqu'un lui faisait un commentaire, il s'énervait facilement après cette personne. Après tout, qu'est-ce qu'elle en savait elle?
«  Tu sais Tessa, il y a des jours comme ça, où on n'est pas le meilleur au tennis. Ca passe en général le lendemain.. C'est un peu comme pour toi. Il y a des jours où tu es la plus douée pour être la plus désagréable possible. Et il y a des jours où tu es plus sympa. Enfin, ça, c'est très rare, mais ça t'arrive quand même j'imagine... » lui dit-il, en faisant tourner sa bouteille d'eau dans sa main.Et puis, finalement il ouvrit la bouteille, but encore une gorgée dedans, et... lui envoya.

A croire que le caractère un peu « chieur » était inscrit dans leurs gènes.. Tessa faisait tout pour être embêtante, et user des plus belles répliques. Lui, il était pareil, sauf que lui, il se servait de gestes. Tant pis s'il devra racler le sol, parce que son coach l'aurait surpris. Mais franchement, voir sa cousine trempée s'énerver, ça n'avait pas de prix !

« T'as de la chance d'être ma cousine. Sinon, je t'aurais volontiers envoyé une balle en pleine figure... » « C'est bien le seul avantage à faire partie de la même famille que toi, Mattia! » répliqua-t-elle du tac au tac en haussant légèrement les épaules. C'était vrai ! Enfants, ils n'avaient jamais cessé de chercher la petite bête chez l'un comme chez l'autre et, généralement, Mattia y était parvenu avec un taux de réussite supérieur au sien. Il ne lui suffisait qu'à la suivre partout en lui demandant un million de choses pour qu'elle s'énerve en lui disant d'aller voir ailleurs. Toutefois, s'ils prenaient plaisir à s'emmerder mutuellement, c'était sans doute parce qu'ils étaient relativement proches. Faisant partie de la même famille, ils avaient appris à grandir ensemble, à se lancer des objets par la tête, à se crier toutes sortes d'insultes, mais aussi à se tolérer l'un et l'autre, avec leurs défauts et leurs qualités. Ce n'était pas toujours facile de se retenir de lancer des piques constantes à son endroit et il était rare que Tessa prenne la peine de peser ses mots lorsqu'elle était en sa compagnie. Non seulement Mattia n'était pas du genre à le faire lui-même, mais en plus, il avait souvent les mots et les gestes suffisamment virulents pour répliquer et lui foutre en pleine gueule ce qu'elle ne voulait pas entendre.

« Tu sais Tessa, il y a des jours comme ça, où on n'est pas le meilleur au tennis. Ca passe en général le lendemain.. C'est un peu comme pour toi. Il y a des jours où tu es la plus douée pour être la plus désagréable possible. Et il y a des jours où tu es plus sympa. Enfin, ça, c'est très rare, mais ça t'arrive quand même j'imagine... » « J'ai connu mieux au niveau des ... » La jeune femme n'avait eu que le temps d'arquer un sourcil en débutant sa phrase que son cousin venait de lui balancer sa bouteille d'eau, ouverte évidemment, en pleine tronche. « MATTIA! T'ES CON, BORDEL! » Se relevant avec la fougue qui la caractérisait tant, elle se jeta sur son cousin en le poussant brusquement contre les casiers. Relevant son genou en s'assurant de coincer ce dernier sous les parties intimes si précieuses de son cousin, son regard se fit menaçant alors que ses mains se posaient sur les épaules de Mattia. « Tu vas regretter ce que t'as fait, microbe! » s'évertua-t-elle à lui faire comprendre à quel point elle était en colère. Ses cheveux étaient maintenant légèrement trempés et elle était presque certaine qu'il ait ruiné son maquillage en agissant de la sorte, comme un connard débile qui ne pense pas avant d'agir. En réalité, il avait certainement fait cela pour la faire chier - et ça marchait ! - mais il ne savait pas encore à quel point il avait eu tort de commettre un tel acte effronté. Tessa ne pardonnait pas ce genre d'affront et cousin ou pas, il allait regretter son geste.

« Tu fais chier, Mattia ! En tout cas, à voir comment tu jouais cet aprem', t'es pas en liste pour gagner le prochain championnat, je t'assure! Faut croire qu'il y a une hiérarchie dans les microbes. » Faussement pensive, elle prit le loisir de poser ses prunelles sur tous les garçons présents dans le vestiaire et haussa finalement les épaules, comme s'ils ne valaient même pas la peine qu'elle tente une classification puisqu'ils étaient sans doute tous au même niveau, de son point de vue superficiel. Non seulement elle ne connaissait pas grand chose au tennis, mais en plus, elle ne connaissait pas du tout la situation et ne savait pas les raisons qui pouvaient entrer en ligne de compte et qui avaient fait en sorte que son cousin joue comme une merde.

« C'est bien le seul avantage à faire partie de la même famille que toi, Mattia! » Un avantage, un avantage.. Devant tout le monde, Mattia préférait critiquer la jeune fille, l'énerver. Elle avait beau être de sa famille, elle avait tellement un caractère de chien -bien plus que lui-même!- qu'il se demandait si réellement il n'y avait pas un secret de famille sous tout ça. Son père ne devait pas avoir les même gènes que ceux de la mère de Tessa. Enfin, ça, c'était ce que Mattia disait devant tout le monde. Parce qu'au fond, Mattia l'aimait bien sa cousine. Quand il repensait à son enfance, et à tout ses souvenirs aux repas de famille, il revoyait Tessa, avec ses petites couettes, qui s'amusait avec. Puis avec Tessa, qui, en mode rebelle commençait à répliquer face aux commentaires de ses parents. Puis il se revoyait avec Tessa, en train de la pister sur la route.

A peine Mattia avait-il fini de parler que Tessa avait ouvert la bouche. « J'ai connu mieux au niveau des ... » Et là, il lui avait envoyé sa bouteille d'eau en pleine figure. Evidemment, elle ne termina pas sa phrase, mais en commençant une autre. « MATTIA! T'ES CON, BORDEL! » D'une rapidité qui en épaterait plus d'un, Mattia ne vit pas sa cousine arriver. D'un coup, il se retrouva pousser brusquement contre les casiers, sentant une vive douleur sur une épaule. Sa cousine le maintenait par les épaules, et relevant son genou, elle le coinça juste en dessous des parties intimes de Mattia. Les yeux rivés vers cette partie, si précieuse, Mattia fut soulagé de voir que sa cousine s'était arrêtée. Son soulagement ne fut que de courte durée. « Tu vas regretter ce que t'as fait, microbe! » lui dit-elle. Le regard qu'elle lui lançait ne le rassurait par du tout. Elle était capable de prendre son élan, et d'élancer son genou sur son Willy. Rien qu'à l'idée qu'elle fasse cela, Mattia ressentait une grosse boule à l'estomac. Cette douleur-là, c'était la pire que toute. Pire qu'un coup de poing dans le ventre. Pire qu'un coup dans l'oeil. Bref, pire qu'une raclée.

« Tu fais chier, Mattia ! En tout cas, à voir comment tu jouais cet aprem', t'es pas en liste pour gagner le prochain championnat, je t'assure! Faut croire qu'il y a une hiérarchie dans les microbes. » Coincé entre sa cousine et le vestiaire, Mattia l'observa poser ses yeux sur tout les gars présents à cette heure-ci. Il ouvrit alors la bouche. «  Putain arrête de m'appeler microbe » Ca l'énervait. Il n'était pas un virus, un pestiféré. C'était son cousin, bordel! Elle était donc obligée de l'insulter comme ça? « Et sois sympa, baisse doucement ton genou. Je te rappelle que les garçons ont, à cet endroit précis, dit-il en baissant les yeux vers son entrejambe leurs bijoux de famille.. Ca porte bien son nom, nan? En tant que cousine, tu devrais m'aider à les conserver intact. »

En réalité, Mattia était énervé mais faisait tout pour paraître calme. Il voyait bien que Tessa ne lâcherait pas le morceau. Elle était comme une chienne, et son os. Quand elle avait quelque chose en bouche, elle ne le lâchait jamais. Et là, plusieurs fois, elle venait d'insister sur le fait qu'il avait mal joué, qu'il n'allait pas gagner comme ça, et blabla..
Les yeux rivés sur sa cousine, tentant d'essayer d'oublier ce genou à quelques millimètres de Mattia Jr, il ouvrit la bouche, et murmura. « Et puis qu'est-ce que ça peut te foutre que je loupe mon prochain match? Ca ne t'a jamais intéressé, je vois pas pourquoi maintenant, tu y prêtes de l'attention aujourd'hui. » Ca au moins, c'était dit.

Il hocha alors la tête, se déboitant presque le cou pour lui montrer son casier. « Y a une serviette -propre- à l'intérieur si tu veux. » Peut-être qu'au moins, en disant ça, elle allait se calmer, reposer à terre ce genou si mal placé et laisser Mattia reprendre son souffle, et ses esprits.

D'un calme inhabituel, le sportif s'épatait. Mais il n'était pas sûr que cette si belle douceur de sa part résiste si jamais sa cousine ose lever son genou un peu trop haut. Cousine, ou pas, il n'hésiterait pas à réagir..

« Et sois sympa, baisse doucement ton genou. Je te rappelle que les garçons ont, à cet endroit précis, leurs bijoux de famille.. Ça porte bien son nom, nan? En tant que cousine, tu devrais m'aider à les conserver intacts. » Tessa leva les yeux au ciel alors qu'elle haussait légèrement les épaules, visiblement indifférente. « J'aime quand tu paniques! » fit-elle simplement sans prendre la peine de le lâcher. « Et puis qu'est-ce que ça peut te foutre que je loupe mon prochain match? Ça ne t'a jamais intéressée, je vois pas pourquoi maintenant, tu y prêtes de l'attention aujourd'hui. » « Parce que ça t'emmerde. » affirma-t-elle alors qu'elle ne prenait pas la peine d'écouter toute sa tirade maintenant qu'il tentait de se montrer sympathique à son égard et qu'elle préférait le relâcher afin de ne pas être emprisonnée pour tentative de viol sur mineur, mineur qui se retrouvait à être son cousin, qui plus est. Mattia commençait sérieusement à l'ennuyer et elle haussa les épaules avant de croiser les bras sur sa poitrine sans cesser de le regarder. Elle savait pertinemment et avait toujours su à quel point son cousin pouvait être casse-pied, mais elle en avait encore une fois la preuve ce jour-là. Il était bien le seul petit merdeux sur Terre à ne pas hésiter une seule seconde avant de balancer à Tessa Abrams une bouteille d'eau débouchée sans risquer de se prendre une claque puisqu'il devait savoir qu'au fond, elle n'était pas aussi méchante qu'elle voulait bien le laisser paraître. Pas avec lui en tout cas.

« Je serai à ton prochain match en tout cas ! Je manquerais pas ça! » avoua-t-elle en souriant, volontairement agaçante, avant de tourner les talons pour quitter le vestiaire. Toutefois, elle n'eut qu'à faire quelques pas avant de se retourner vivement, sourire aux lèvres et regard malicieux à l'oeuvre. « D'ailleurs ... Votre coach, il est vraiment sexy. » souffla-t-elle en pinçant les lèvres, visiblement sous le charme, aguicheuse. Elle quitta le vestiaire sans plus se préoccuper de ses vêtements mouillés et se dit qu'ils finiraient bien par sécher de toute façon étant donné qu'elle devait rejoindre la cour. Décidément, elle ne manquerait pour rien au monde le prochain match de Mattia, ne serait-ce que pour avoir la raison parfaite pour le remballer, étant presque assurée qu'il allait perdre.

Spoiler:

Les paroles de Mattia semblaient accabler la jeune fille. Ouais, elle devait sans doute se demander pourquoi diable lui avait-on donné un cousin comme ça.. Pas de doute, ils avaient une chose en commun; ils se posaient la même question.La jeune fille leva les yeux au ciel, et n'hésita pas un instant pour lui répliquer. « J'aime quand tu paniques! » Le pire dans tout ça, c'est qu'à aucun moment, elle n'enleva son genoux de cet endroit précis, laissant Mattia paniquer. Sérieux, vous êtes vous déjà pris un coup porté si bas? Ca faisait mal, terriblement mal.. On avait l'impression que tout avait explosé, et on n'avait qu'une envie : aller aux toilettes, et admirer l'état indemne de son bijou. Alors oui, il y avait de quoi paniquer.

Quand Mattia lui demanda ce que ça pouvait lui faire qu'il loupe son prochain match, la réponse fut rapide. « Parce que ça t'emmerde. » affirma-t-elle. Sincère, elle l'était cette cousine. Ca avait le mérité d'être clair, et très réaliste. Dès qu'il ratait un match, Mattia était de mauvais poil, c'était de notoriété public. Pendant quelques temps, ce n'était pas de sa faute; lui, il avait tout fait pour gagner, mais le terrain était bien trop rapide, trop ciré.. ou bien son adversaire avait tout fait pour le déconcentrer, et évidemment, c'était à lui que revenait la faute. Et puis, seulement après, il acceptait enfin que ce n'était en rien la faute du terrain, des balles, de son adversaire ou de sa raquette. Le seul responsable ; c'était lui, lui et lui seul. Alors, après seulement, il pouvait chercher où était le problème, ce qu'il avait fait de mal, et etc..
Enfin, sa chère cousine le libéra. Mattia fut submergé de soulagement. En la voyant ainsi s'éloigner de lui, il ne la lâcha pas du regard. Il était étonné de la voir si calme maintenant. Et c'était une lionne, une vraie. Si elle l'avait lâché, il en était sûr, c'était pour mieux attaquer après. « Je serai à ton prochain match en tout cas ! Je manquerais pas ça! » dit-elle avec un grand sourire, avant de tourner les talons. Après quelques pas, elle se retourna vers eux, et ajouta, un sourire malicieu sur les lèvres. « D'ailleurs ... Votre coach, il est vraiment sexy. » Puis, avec son attitude d'aguicheuse, elle fit demie-tour et quitta le vestiaire. Enfin. Mattia répliqua alors un « salut! » qu'elle n'entendit probablement pas.

Une fois que la porte fut refermée derrière elle, Mattia jeta un coup d'oeil à ses camarades. « Les gars, sérieux, arrêtez de baver comme ça.. C'est une garce cette fille! » Puis, voyant que finalement, il avait de quoi emmerder un peu plus sa cousine, Mattia afficha un grand sourire, et ajouta. « Une garce, mais elle est canon, hein? » Aussitôt, certains d'entre eux dirent « Pire que canon même! » ou « Elle fait des études pour devenir flic, non? J'veux bien me faire arrêter moi.. » Parfait. Le sourire sur le visage de Mattia s'aggrandit encore plus. Il leur tourna le dos, fouilla dans son casier. Il y trouva son téléphone portable, et de là, il demanda, malicieux « Qui veut son numéro de téléphone? » Ses camarades ne se firent pas prier. Ils avaient beau être jeunes, ils étaient des petites vedettes au lycée, et ils n'avaient pas froid aux yeux. Mattia en jubilait; sa cousine allait passer de superbes moments au téléphone..