Sujet: telle est la question • mattia Dim 13 Nov - 17:18
Être draguée ou ne pas être draguée, telle est la question. Et concernant l'histoire qui va suivre, Sybil aurait mieux fait de se poser cette question. Il n'est pas rare, comme toute jeune fille ayant une vie sociale un tant soit peu existante et un caractère enclin à la fête, que Sybil aille boire un verre avec des amis ou parfois même seule, ce qu'elle juge franchement pathétique mais pourquoi se priver d'un café, d'un shopping ou d'un film parce qu'on est seul, ça aussi ce serait pathétique, tout est histoire de degré de pathétisme au final. Il n'est également pas rare qu'elle se fasse draguer, pour des raisons plus ou moins salaces et parfois même avec l'aide de plusieurs verres mais on rentre ici dans beaucoup trop de détails, allons donc à l'essentiel, oui, parfois, elle se fait draguer. Certaines de ces tentatives sont plus réussies que d'autres avouons-le et d'autres virent carrément au cauchemar, on a toutes connu ça (n'est-ce-pas?). Et parmi la seconde catégorie, la plus mémorable de ces tentatives restera celle d'un certain Mattia. Bel homme, sympathique, charmeur mais... jeune. Dix-sept ans. Seulement. Et croyez-moi, il ne les fait pas du tout. Vraiment pas du tout. Lorsqu'elle s'en est rendue compte, Sybil s'est enfuie, dignement bien sûr mais le résultat reste le même mais le problème c'est que Mattia, lui, ne comptait lâcher l'affaire si facilement et un peu perdue face à la réaction de la belle, il tenta vainement de comprendre. Sybil n'avait donc qu'une seule solution : Rae. De plus, elle ne l'avait pas sortie de sa tanière (métaphoriquement bien sûr) depuis un moment et la pauvre avait bien besoin d'un peu d'exercice. Le plan était simple : Sybil était partie à Boston pour faire on ne sait trop quoi et … en fait, c'était tout. Bref, Sybil n'était plus là et donc Mattia devait la laisser tranquille. En théorie.
Le problème c'était que Mattia et Sybil (Rae) se croisaient souvent et que ce n'était pas franchement bon pour monter une couverture durable (même si en pratique, il s'agissait d'un très bon exercice de perfectionnement...). Comme ce jour d'automne où Sybil avait décidé pour un fois de s’asseoir à une table pour boire son cappuccino plutôt que de le prendre à emporter comme elle le faisait d'habitude. Les initiatives... Toujours une mauvaise idée les initiatives, elles vous retombent toujours en pleine figure... C'était donc en toute quiétude que Sybil, après avoir commandé sa dose (minime) de caféine, s'était installée dans un fauteuil, près d'une petite table basse afin d'y lire tranquillement le livre qu'on venait de lui conseiller, Les Hauts de Hurlevents. Complètement absorbée par les premières pages du roman, la jeune femme ne prêtait absolument aucune attention aux différents clients qui entraient et sortaient du café et encore moins de ceux qui, comme elle, s'installaient dans les fauteuils douillets présents à leur disposition. Jusqu'à ce moment où, entre deux pages, elle prit une gorgée de cappuccino et le vit. Mattia Jarvis. Ce mec de dix-sept qui devrait sérieusement se renseigner sur le détournement de mineur avant de draguer des filles majeures. Prise de court, Sybil se cacha derrière son livre en priant pour qu'il ne l'ait pas remarquée. Elle n'espérait qu'une chose : qu'il prenne son café et s'en aille, comme tout le monde. Bien sûr, elle n'y croyait pas une seconde, pessimiste comme elle était. Elle savait bien qu'il allait venir et lui faire son numéro habituel. Encore heureux qu'à présent il ait gobé le fait qu'elle soit Rae et non Sybil, c'était déjà une chose de moi à faire. Mais à présent, il fallait rester cohérente, ce qui n'était pas toujours facile. Mais comment font ces gens au juste qui mène des double-vies ? Pas étonnant qu'ils se fassent choper ou envoie tout péter ! Ce truc vous prend vraiment aux tripes et qu'est ce que c'est fatiguant de penser au moindre mot, au moindre geste. Sybil pouvait-elle s'en plaindre cependant ? Après tout, c'est elle qui avait monté cette supercherie...
Sujet: Re: telle est la question • mattia Dim 20 Nov - 10:26
Ce jour-là, Mattia se sentait exténué. Il avait passé quelques heures sur un terrain de tennis, à perfectionner son service. Lui et le coach avaient tout revu. De sa façon de lancer la balle -bien haute, bien à droite, bien le long de la cuisse-, à sa façon de prendre de la vitesse. Ca paraît simple comme ça; mais le service était un des coups les plus durs au tennis, et c'était, de ce fait, le plus important. Une belle mise en jeu donnait du fil à retordre à son adversaire dès l'entrée. C'était donc une très belle manière de prendre l'avantage. Enfin, bon, après ces quelques heures de sport, Mattia avait directement filé chez lui, prenant le temps néanmoins de passer par la case douche; un boulot de chimie l'attendait. De la chimie organique. C'était sympa, selon lui. La façon qu'avaient les électrons de se balader d'atomes en atomes lui plaisait bien.
Mais au bout d'une heure passée dessus, ses yeux commençaient désespérément à se fermer tout seul. Un bon café. Voilà ce dont il avait besoin.
Il sortit donc de sa chambre, passa devant la chambre de ses parents -sa mère dormant-, et descendit les escaliers pour se rendre dans la cuisine. Manque de pot : son beau-père était en train de boire une bière, avec un de ses potes, un pompier au nom imprononçable. Maugréant contre sa malchance, Mattia attrapa 10 dollars qui trainaient là dans l'entrée, enfila sa veste, et sortit dehors. Il n'avait pas d'autres choix que d'aller prendre un café, un vrai, un bon, dans le magasin de café dans le centre ville. Ca lui coûterait ce que ça lui coûterait, mais au moins il serait tranquille. Et puis, ça ne lui coûterait rien; ces dix dollars n'étaient pas à lui.
Il ne tarda pas à arriver au Starbuck. Guettant les personnes présentes, Mattia n'aperçut quiconque avec qui il aurait pu se joindre. Dommage. Il allait devoir être seul pour prendre ce café.. C'était pathétique, il détestait la solitude. Il préférait être en mauvaise compagnie que seul. Au moins, quand il était avec quelqu'un qu'il n'aimait pas, il ne s'ennuyait pas. Décidément, quelle journée! Il prit alors commande, à la serveuse, et attendit impatiemment qu'elle le lui serve. Il sortit pendant ce temps son téléphone portable, et sourit quand il vit un message d'Ella. Il eut le temps de lui répondre avant que la serveuse daigne enfin lui servir cette boisson tant méritée. Une fois qu'il eut ce café vitaminé entre les mains, il se dirigea vers la terrasse, et c'est là qu'il la vit. Sybil. Enfin, non, Rae sans doute.. Cette histoire était une histoire de fous. Entre Raé et lui, ils ne s'étaient jamais rien passés. Ils n'avaient aucun lien; hormis celui de connaître Sybil. Mais Sybil et Mattia, eux, avaient eu quelques histoires en commun. Pour tout vous avouer, elle s'était sauvée, un jour comme ça, sans que Mattia comprenne pourquoi. Pourtant la raison était simple: il avait juste omis de lui donner son âge.. Juste un petit oubli, ça arrive à tout le monde, non? N'empêche que Sybil l'avait quitté pour ça, et que Mattia l'ignorait complètement..
Se faufilant entre les tables, Mattia arriva devant la jeune fille qui lisait. « Bonjour.. raé? » demanda-t-il. Mais comme sa question répondait d'elle-même, il demanda presqu'aussitôt en pointant de sa main libre la chaise « Je peux m'asseoir? ». Là, il ne se fit pas prier.
Il n'attendit pas la réponse de la jeune fille, poussa la chaise et s'installa en face d'elle. Tant pis si elle comptait lire. Franchement, on ne peut pas lire sur une terrasse de café..Non gêné de s'incruster de la sorte face à la demoiselle, soeur de Sybil -il y croyait-, Mattia lui fit un petit sourire en posant sa boisson sur la table. « Alors, comment vas-tu? » Cette petite sortie au Starbuck n'était pas prévu, et l'ennuyait plutôt. Alors autant qu'il en profite pour rendre cette sortie agréable, autant venir embêter la jeune femme. Juste un peu. Juste parce qu'après tout, elle était le portrait craché de Sybil. Son portrait craché.
Sujet: Re: telle est la question • mattia Dim 11 Déc - 18:19
C'était donc irrémédiablement loupé : il l'avait bel et bien vu malgré tous ses efforts de camouflage. Qu'avait-elle donc bien fait au bon dieu pour qu'il lui inflige tant d'épreuves ?! Mattia qui la drague, Mattia qui est en fait un gamin, Mattia qu'elle rencontre toujours un peu partout, Mattia qui lui demande des explications concernant Sybil, Mattia, Mattia, Mattia... Parfois, dans de rares moments, Sybil regrettait d'utiliser ce double. Mattia était un de ces rares moments. Elle se disait que peut-être, si elle avait été plus courageuse, elle l'aurait renvoyé boulé et il se serait trouvé une adolescente pour se consoler. Mais non, elle aimait jouer et le jeu ne lui rendait pas toujours la pareille. Quel salaud ce jeu ! Elle le regarda s'avancer et dans un élan de désespoir, commença à suppliquer une force supérieure quelconque pour que quelque chose le détourne de son chemin. Un coup de téléphone, une personne plus proche de lui, un morceau de tapis ou une chaise qui le font trébucher... n'importe quoi qui aurait pu le faire déguerpir. Mais biensûr, non. Biensûr, tout allait parfaitement pour lui et elle, elle allait devoir le supporter et trouver de quoi dire dans une conversation totalement fausse. Elle le voyait s'approcher mais ne pouvait rien faire, elle était impuissante, un sentiment horrible. La pauvre Sybil aurait réellement donné n'importe quoi pour être invisible ne serait-ce qu'un instant. Il était à présent là, c'était trop tard. Horreur. « Bonjour.. raé? » Sybil n'avait pas envie de lui répondre. Non, elle voulait qu'il parte. Elle n'était pas préparée pour ça et ce doute dans sa voix lui laissait comprendre qu'il allait encore falloir se justifier. L'ennui la gagnait déjà. « Bonjour Mattia. » répondit-elle alors d'un ton faussement enjoué mais tout de même assez plat.
« Je peux m'asseoir? » Là encore, elle aurait voulu lui dire non. Non, non, non, barre-toi, j'attends quelqu'un, n'importe quoi qui puisse la débarrasser de lui mais elle n'eut même pas le temps de réfléchir à une alternative qu'il était déjà installé face à elle. « Mais je t'en prie... » dit-elle alors d'un ton las dans un murmure à peine audible. Il avait du culot quand même de se pointer comme ça et de ne même pas attendre son approbation... Alors qu'il prenait ses aises en posant sa boisson sur la table, Sybil prit son marque page et posa son livre également sur la table. Elle prit une gorgée de son café et attendit qu'il engage la conversation. Ce ne serait certainement pas elle qui allait le faire. « Alors, comment vas-tu? » Mal, très mal parce que tu me fais chier. Voilà ce qui vint à l'esprit de la jeune femme en tout premier lieu mais ce n'était décemment pas possible. Elle allait donc devoir trouver une alternative et quoi de mieux que le cynisme. « Très bien et toi Mattia ? Les cours se passent bien ? Pas trop ennuyé au lycée ? » Afin de bien rétablir les différents niveaux de vie, quoi de mieux qu'un peu de rentre-dedans... « Tu as eu de bonnes notes récemment mon cher petit ? Attention, sinon tu ne pourras pas aller à l'université ! » lui dit-elle alors en reprenant une gorgée de café et en adoptant un air totalement inintéressé.
Sujet: Re: telle est la question • mattia Lun 19 Déc - 19:11
L'acceuil que Raé -puisqu'apparemment, c'était bien d'elle qu'il s'agissait- lui réserva était des plus glaciales. Mais qu'importe. Lui, il s'en fichait royalement. Il n'avait jamais eu le fin mot de l'histoire, et si pour cela, il devait se coltiner la jeune fille autant de fois que ça, il n'y avait pas de problèmes. Et puis sérieux, passer un peu temps avec quelqu'un que ça emmerde, c'est jouissif, non? Lorsqu'il lui demanda s'il pouvait s'asseoir, et qu'il ne prit pas la peine d'attendre sa réponse, la jeune fille s'exclama alors d'un ton las. « Mais je t'en prie... » C'était un murmure, mais il l'entendit quand même, et Mattia en sourit. Je t'en prie. Il la fait. Tandis que Mattia posa sa boisson sur la table, Raé daigna enfin lâcher son livre, et le posa également. Tant mieux. Elle était donc enclin à la discussion, c'était déjà ça.. Non, parce qu'il faut savoir une chose de Raé; le peu de fois qu'il l'avait rencontré, la jeune femme s'était montrée peu bavarde. A chaque fois, elle se montrait distance, répondant vaguement à ses questions, et usant d'un ton blasé à chaque fois. Mattia n'avait jamais compris pourquoi. En général, les seules personnes capables de réagir de la sorte avec lui étaient au nombre de trois. Son beau-père usait souvent de ce ton, mais c'était simplement parce qu'ils se détestaient. Sa cousine pouvait l'utiliser aussi quand il l'emmerdait -comme lui devait réagir pareil quand c'était elle qui l'emmerdait, ce qui arrivait relativement souvent-. La troisième personne était son coach. Et en général, c'était parce qu'il était furieux après lui de jouer si mal.
Les trois avaient donc une raison légitime de réagir de la sorte avec lui, mais elle.. Elle, qu'avait-elle contre Mattia? Rien.. Ils se connaissaient de toute façon à peine. Prenant les devants, Mattia demanda comment elle allait, attendant sans doute une réponse courte de sa part. C'est dingue, mais avec elle, il avait l'impression de faire lui-même la conversation. Limite, il pouvait anticiper ses réponses. « Très bien et toi Mattia ? Les cours se passent bien ? Pas trop ennuyé au lycée ? » Là, il fut scotché. Elle était bien plus bavarde que d'habitude.. Et il ne comprenait pas pourquoi. Le café peut-être. Peut-être manquait-elle de vitamine, et peut-être que le fait de boire de la caféine la boostait un peu.. oui, ça devait être ça. « Tu as eu de bonnes notes récemment mon cher petit ? Attention, sinon tu ne pourras pas aller à l'université ! » Wahoo! Là, il était plus que surpris. En entendant ses paroles, Mattia eut un petit rire. Ca l'interessait ses notes? Jouant le jeu, Mattia répondit alors « Ca va.. Les cours se passent comme ça.. Mais tu sais, mes notes ne serviront à rien pour aller à l'université. » Il n'avait pas tord. Ses notes joueraient un peu. Mais avec son niveau au tennis, les universités se battront pour l'avoir, il en était sûr. « Il suffira que j'assure mon jeu, et l'université sera en poche! » Oui, Mattia, comme la plupart des sportifs mâles avait déjà quelque peu la grosse tête..
Puis, en venant au fait, Mattia attrapa le bouquin de la jeune femme. Il lut le titre, et murmura. « Ca a l'air très interessant.. » Son ironie était plus que lisible dans sa voix. Il reposa alors aussitôt le livre, et demanda « Ta soeur revient bientôt? J'ai encore quelques affaires qu'elle m'avait prêté chez moi.. » Il mentait. Il n'avait rien à elle chez lui. D'un, elle n'avait jamais mis les pieds là-bas. De deux, elle ne lui avait jamais rien prêté. Mais bon, Raé n'était pas censée le savoir ça...
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