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| Sujet: lonie ✈ le temps qui passe nous dévisage et puis nous casse. Mar 27 Déc - 17:09 | |
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loneleï saphyr davenport
Je crois qu'il n'y a pas de mots, il n'y a rien à dire. Il faut arrêter d'enseigner les mots. Il faut fermer les écoles et agrandir les cimetières. De toute façon, un an, ou cent ans, c'est pareil ; tôt ou tard, on doit tous mourir, tous. Et ça, ça fait chanter les oiseaux, ça fait rire les oiseaux.
nom : davenport. ❉ prénom : loneleï saphyr. ❉ âge : dix-neuf ans. ❉ origines : américaines. ❉ statut civil : célibataire. ❉ occupation : étudiante en droit et bibliothécaire à mi-temps. ❉ avatar : phoebe tonkin. ❉ crédits : tonkin-daily on tumblr. ❉ scénario : non. ❉ this is where we're meant to beA mes parents, ma plus grande fierté ; A Ella, ma meilleure amie, mon pilier ; A Timothée, mon accident de bagnole ; A eux puisqu'ils ne sauront jamais. Et à la vie qui sait toujours. Pourquoi avoir écrit ce livre ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Lorsque j'avais dix ans, mes parents m'ont offert un journal intime, un peu abîmé, un peu cabossé. Je n'ai rien écrit dedans depuis plus d'un an, à vrai dire, j'avais même oublié son existence. Et puisque tout arrive par erreur, je suis retombée dessus, il y a quelques jours. Un peu abîmé, beaucoup cabossé, surtout oublié. Que pensez-vous des gens qui tiennent des journaux ? Sont-ils trop faibles pour combattre et se souvenir ? Ont-ils peur d'oublier ces choses futiles qui n'avaient, de toute évidence, pas d'importance ? J'y ai dévoré les pages, j'y ai perdu beaucoup de moi-même, tant que je suis maintenant complètement paumée. Alors, sans réfléchir, j'ai décidé de réécrire chaque moment relaté sur ce papier jauni par le temps qui passe et ne revient jamais. C'est l'histoire d'une jeune fille incomprise, l'histoire d'une nana un petit peu trop fragile qui n'a pas peur de tomber. uc SILENCE 01 ; SCENE 01 alors je me faufile hors de ma chambre et m'assieds en haut des escaliers. et j'écoute. Ce qu'ils disent. ce qu'ils taisent. je me mets à apprivoiser leurs rêves et à laisser les miens au placard. arrowsic ▬ january 20th, 2001 La boîte de cookies est complètement vide. Je la secoue quand même plusieurs fois, comme toujours, parce que je ne suis qu'une enfant et que je crois encore à la magie, à la beauté du monde. Je la secoue, une dernière fois, mais rien n'y fait. Elle reste vide, aussi vide que mon estomac en ce dimanche après-midi. Ça, c'est parce que papa et maman sont vraiment fauchés. Les parents de mes copines ont toujours des pièces qui traînent au fond de leurs poches de pantalons, nous, il n'y a jamais rien. Maman dit que l'argent fait le bonheur. J'ai compris avec le temps qu'elle avait tort. Parce que les parents de Mathilde, qui ont plein d'argent, se disputent quand même tous les soirs alors qu'à la maison, personne ne se dispute jamais. « Est-ce que quelqu'un va faire les courses aujourd'hui ? » crié-je à pleins poumons parce que mes parents sont sans doute dans le jardin, près du potager qu'ils tiennent depuis tellement d'années que j'ai l'impression d'avoir grandi au milieu, entre les pieds de tomates et les carottes. « Pas aujourd'hui Trésor. La semaine prochaine, c'est promis. » Alors ce sera pour la semaine prochaine. J'ai beau avoir dix ans, je vois bien que papa et maman sont souvent tristes et fatigués, qu'ils travaillent toute la journée mais que ça ne change pas grand chose : on reste pauvre. Ça passera, qu'ils répètent à longueur de journée. C'est foutu, qu'ils pensent secrètement. Ils ont pris l'habitude de ne parler des choses qui fâchent que très tard dans la nuit, à l'heure où je suis supposée dormir. Mais j'ai souvent du mal à m'endormir car j'ai encore un peu peur du noir. Alors je me faufile hors de ma chambre et m'assieds en haut des escaliers. Et j'écoute. Ce qu'ils disent. Ce qu'ils taisent. Je me mets à apprivoiser leurs rêves et à laisser les miens au placard. Mais je ne m'en rends pas compte, parce que ça prend du temps de comprendre la vie, parce que ça met du temps de se détacher des opinions de ceux qui nous ont conçus, de ceux qui nous ont appris à marcher, à tomber et puis à se relever. Surtout à se relever. « On achètera même des bonbons à la framboise, ceux que tu adores. » J'esquisse un sourire tandis que maman nous rejoint et me prend sur ses genoux. Elle ne sourit pas, mais maman, ça fait un sacré moment qu'elle a arrêté de sourire. C'est la fatigue, qu'elle m'explique quand je la trouve en train de pleurer dans son lit. « Tu vas travailler dur ma chérie, pour avoir une jolie vie. Tu deviendras quelqu'un de grand, mon enfant. » Oui, maman, tout le monde grandit.
On est resté fauché, jusqu'au bout. De mon côté, je ne suis pas encore devenue la personne importante qu'ils rêvaient tous les deux d'avoir. Alors je continue, je me bats et je vous présente ma première anecdote : le premier jour du reste de ma vie. PS : Peut-on devenir quelqu'un de grand quand on ne mesure qu'un mètre soixante ?
SILENCE 315 ; SCENE 02 j'ai mal. et je crois que j'aimerais me faire envoyer en l'air par une bagnole sur le champs. être une gamine de treize ans, c'est fatiguant. je suis exténuée. paris ▬ december 12th, 2008 « Bouge ton cul, t'es à ma place. » Lui dire d'aller se faire foutre m'effleure un instant l'esprit mais je me ravise bien vite car, depuis quelques années maintenant -peut-être depuis toujours-, la peur enveloppe chacun de mes muscles et me fait faire le contraire de ce qui me passe par la tête. Ainsi, je fais semblant de ne rien avoir entendu et mastique ma viande dans un silence pesant, attendant intérieurement la sentence qui m'obligera à aller me cacher dans les chiottes pour avaler mon déjeuner. Ce qui me donnait envie de vomir mes tripes il y a encore quelques mois est devenu une habitude, le sentiment de honte qui picotait ma peau chaque midi m'est devenu si familier que je crois qu'il est désormais indissociable de ma personne. J'ai appris à baisser la tête et à regarder mes pieds dans les couloirs, j'ai cerné les attentes des bourreaux et sais parfaitement me fondre dans la masse : il suffit de frôler les murs, de se râper les bras contre les revêtements complètement moches. Il suffit d'arrêter de rire, d'arrêter de chialer, de manger là où ne personne ne mange et de passer son temps libre en dehors de l'école. Il suffit d'arrêter d'exister, d'être crevée aux yeux des autres et puis de t'y perdre aussi. Le prix de la liberté. Du moins, c'est ce que je m'évertue à penser pour m'empêcher de sécher les cours quatre fois par semaine. « Je t'ai dit de dégager d'ici. Tu sais ce que ça veut dire ? » Je déglutis, difficilement, et la vrille du regard. Pourquoi ne me laisse-telle pas tranquille ? Pourquoi ne m'oublient-ils tous pas ? Bordel. Je passe la majorité de mon temps à suivre leurs ordres, à abandonner mon humanité à l'entrée de ce putain de bahut pour enfiler le costume d'un bon toutou. Serviable. Esclave. Jusqu'au bout de l'âme, à condition qu'il m'en reste une aux vues des maltraitances dont je la dispense depuis que je suis gosse, depuis que les gens me haïssent d'être ce que je suis : intelligente et jolie. Faut dire qu'une adolescente qui plaît aux garçons et qui, en plus, a un QI supérieur, ça fait enrager les autres, ça fait enrager celles qui n'ont confiance en elle que quand elles sont seules sur le podium, seules à courir tandis que les autres sont forcés de marcher, voire ramper, derrière leurs misérables silhouettes trop fines, trop belles, trop tout. « Mais... » Je me tais. Un liquide brulant s'étale sur le tissu de ma robe. Je lutte pour ne pas hurler, je me mords la joue pour ne pas lui planter un couteau là, tout de suite, au milieu de ce self remplis de clébards aboyant de bonheur. Je me mords la joue si fort que la flotte me noie les yeux... et pour finir, je devine que c'est la honte, la colère et la tristesse qui font remonter tout ça à hauteur de mon visage. J'ai les cuisses cramées, j'ai surtout le reste du corps consumé. J'ai mal. Je me lève, je cours comme je n'ai jamais couru et passe les portes du self, puis de l'école plus vite que la lumière. J'ai mal. Et je crois que j'aimerais me faire envoyer en l'air par une bagnole sur le champs. Être une gamine de treize ans, c'est fatiguant. Je suis exténuée. Je me demande comment les bourreaux dont le monde est pourvu avancent avec le temps qui passe. Prennent-ils conscience des centaines de personnes dont ils ont écrasé l'espoir ? Plient-ils sous la culpabilité ? Deviennent-ils leurs propres bourreaux ?
SILENCE 597 ; SCENE 01 à ce moment-là, j'aurais pu être mal à l'aise, rougir un peu, danser sur mes pieds et puis éclater de rire, et puis vomir mon stress. arrowsic ▬ december 16th, 2007 « Ella ? » Elle ne réagit pas tout de suite, encore plongée dans sa lecture, lecture qui semble d'ailleurs la passionner. Je n'ai jamais aimé la distraire, la tirer de ces milliers de lignes qui l'aident à respirer. Je n'ai jamais aimé la forcer à m'écouter mais cette fois-ci, c'est différent. J'ai besoin de son attention. Pourquoi ? Parce que, de toute évidence, je n'ai et n'ai toujours que la sienne. « Je vais écrire un livre. » Je balance la première connerie qui me saute à l'esprit, je sors ça comme ça, pour attirer son regard. Et elle, à défaut de boire l'encre étalée devant elle, elle me dévisage un instant avant d'autoriser un large sourire à camper sur son visage. « C'est une excellente idée ! J'ai toujours dit que tu avais du talent. » Comme ça, simplement. Tu lui parles d'amour et elle t'invente un prince charmant. Comme ça, simplement. Et quand tu lui dis, sans le penser vraiment, que tu as dans l'idée d'écrire un livre, elle t'imagine déjà écrivain célèbre à la conquête des quatre coins du monde, en commençant par l'Australie. Ce que j'apprécie chez ma meilleure amie, c'est sans doute le fait que tout est toujours acquis, là, au fond d'une poche, et qu'il suffit d'y enfoncer la main pour en ressortir ce qu'on attend de la vie. « C'était une blague, El. Ce que je veux te dire, c'est que je v... » « Écris un livre Lonie. » A ce moment-là, j'aurais pu être mal à l'aise, rougir un peu, danser sur mes pieds et puis éclater de rire, et puis vomir mon stress. Écrire un livre ? Foutaises. Je n'ai rien vécu. A part les bousculades, les insultes et ce chewing-gum dans les cheveux. Foutaises. Je n'aurais rien à dire. « C'est l'histoire d'une gamine de quinze ans qui ne sait rien de la vie parce que celle-ci n'a rien à lui offrir. Un jour, alors qu'elle travaille à la bibliothèque -ça aurait pu être la veille vu que ses journées sont plus monotones que vos nuits-, la jolie brune populaire lui écrase un chewing-gum à la menthe dans les cheveux... » Soupir. « Mémoires d'une tignasse arrachée trop tôt. » Une rire cristallin s'échappe d'entre ma lippe et je tombe nez à nez avec le regard bienveillant que me coule mon amie. Elle a beau avoir deux ans de moins que moi, je me demande parfois qui de nous deux guide l'autre à travers les sentiers de Arrowsic. « Tu peux essayer, non ? Qu'est-ce que tu as à perdre, de toute façon ? Pas d'amis, donc plus de temps libre. » Elle me tire la langue et a raison. Qu'est-ce que j'ai à perdre ? On a sans doute passé le reste de l'après-midi à se lire des extraits de bouquins attrapés au hasard des rayons, et puis chacune est rentrée chez soi. Aussi loin que je m'en souvienne, nous n'avons jamais reparlé de cette histoire de livre. Alors je te dédie ce silence Ella, parce que ce bouquin, c'est beaucoup toi, c'est surtout nous.
SILENCE 732 ; SCENE 01 pour la première fois de ma vie, on me laisse le droit de me battre, de ne pas être hors jeu avant le début de la partie. à mon tour de poser un pion, chéri. arrowsic ▬ may 26th, 2008Inscription. « Imaginary ? Lost soul ? » murmuré-je pour moi-même avant de finalement taper sur le clavier le pseudo : lonie. Je soupire légèrement, consciente de n'être encore rien de plus que ce que je suis, rien de plus qu'une adolescente dénuée de toute personnalité, de toute originalité. Après avoir vérifié une dernière fois que je suis seule à la bibliothèque, j'inspire et clique enfin sur le bouton. Comme tous les vendredis, madame Donovan me laisse la bibliothèque un peu plus tard, histoire que je puisse repousser un peu le moment où je passerai la porte de chez moi pour me retrouver face à des parents un peu trop ambitieux. J'aime bien venir ici et ce job à mi-temps m'aide à faire le vide. Me détendant légèrement, je me laisse guidée par les étapes et au moment de poster une photo de moi, je me ravise et choisis de ne pas en mettre. Puis je ne sais pas ce qui me pousse à faire ça, ce qui me pousse à m'inventer une identité mais je me trouve très vite être une jeune femme de dix-neuf ans, sportive et délirante, une de celles qui s'entendent bien avec les garçons et cherchent des "amitiés, et plus si affinités". J'en fais une belle de jeune femme mature du haut de mes seize ans, moi qui n'ai jamais effleuré les lèvres d'un garçon. « Salut, j'espère que je ne dérange pas :$ Est-ce qu'on peut faire connaissance ? » Est-ce que c'est ce qu'il faut dire ? Est-ce que je suis complètement à côté de la plaque, carrément hors jeu ? Je regrette que Ella ne soit pas là parce qu'elle aurait su s'y prendre, parce qu'elle sait toujours comment s'y prendre tandis que je mets toujours le pied au mauvais endroit, davantage au mauvais moment. Une seconde, deux secondes, une minutes, cinq minutes. « Seulement si tu me promets de ne jamais tomber amoureuse de moi, gamine. » Je ne peux pas m'empêcher de sourire, puis de rire aux éclats, puis d'aimer la vie et même le lendemain. C'est ridicule, c'est complètement bidon mais je n'en ai plus rien à foutre : pour la première fois de ma vie, on me laisse le droit de me battre, de ne pas être hors jeu avant le début de la partie. A mon tour de poser un pion, chéri. Combien sommes-nous sur Terre à s'inscrire sur internet pour espérer toucher du bout des doigts ce qui n'a jamais été plus beau que dans les films ? Combien sommes-nous à acheter un peu d'espoir là où il n'y en a plus ? Et combien réussissent à gagner plus qu'ils n'avaient lâché sur le trottoir ? Je n'ai rien gagné ce jour-là, j'ai beau y avoir rencontré celui qui changerait ma vie, je n'ai rien gagné. Mais cet instant de joie n'est-il finalement pas une renaissance de plus ? Si quelqu'un a la réponse, qu'il me contacte.
SILENCE 802 ; SCENE 01 on oublie les choses futiles qui ont toujours fait partie de nous, comme la solitude, les remords et les erreurs tatouées sur notre peau. on oublie que, peu importe où on va, il fait toujours noir là où on n'est pas soi-même. arrowsic ▬ december 08th, 2008 « Alors ? Tu en as pensé quoi ? » M'allongeant en travers de mon futon, mes yeux fixent l'écran de mon ordinateur, en alerte. Mes jours se ressemblent toujours mais de manière différente, désormais. Ce vieux matelas, par exemple, a fini par épouser les courbes de mon corps à la perfection tant j'y passe du temps depuis bientôt six mois. Je me lève deux heures plus tôt pour passer deux heures de plus ici, à discuter avec ce français qui m'a un jour appelée gamine. Je vais ensuite au lycée tandis qu'il pense que j'étudie les lettres dans le supérieur et je cours me jeter ici dès la sortie des cours, faisant abstraction de mon boulot et de mes engagements auprès de la bibliothécaire. Je crois que c'est plus fort que moi, je crois que ce battement qui grandit au creux de mes entrailles n'est là que pour me conseiller de continuer, encore et encore, parce que je vis enfin et que, même si j'ai souvent fait semblant de m'en moquer, ça me rassure de savoir que cet organe gorgé de sang peut battre correctement. « Intéressant, je te l'accorde. Et si j'avais été un grand sentimental, j'aurais peut-être chialé, qui sait ? » Une lueur doit sans doute traverser mes pupilles tandis que je lis ce que m'écrit Timothée. Je n'ai jamais pensé que j'aurais un jour la chance de compter pour quelqu'un de cette façon, que j'aurais le droit de façonner chez un garçon une sorte d'idéal. Et pourtant, je remarque au jour le jour que j'en suis capable : tim est passé de paris match aux romans de NOM, de "slt" à "bonjour", de jamais à peut-être, de défaite à bataille. Il était celui qui n'attendait rien du monde et voilà que je discute avec un garçon qui crève d'envie d'en apprendre toujours plus, quitte à s'en faire exploser la cervelle. « Princesse ? Viens à Paris, on fêtera ton anniversaire. S'il te plaît. » Là, c'est du Timothée tout craché. Incontrôlable, sûr de lui, volant trois mètres au-dessus de l'humanité et de ses valeurs à deux francs cinquante. Il a envie de s'envoyer en l'air alors il le fait dans le quart d'heure qui suit, il veut dépenser mille euros en jouant au poker alors il joue. Il veut m'emmener manger sur la tour Eiffel donc il me propose un aller pour l'autre bout du monde, comme ça, parce que la vie ce n'est ni plus ni moins que ça, pour lui : un jour qui succède à un autre. Et moi, je suis celle qui retarde ce jour qui succède à un autre, je suis cette adolescente qui danse sur ses pieds comme dans les films à l'eau de rose, ennuyants à mourir, cette jeune fille qui se voit déchirer entre ce que son coeur lui dicte et ce que sa raison lui impose. « C'est à ce moment-là que tu es censée dire oui. Attends, on la refait gamine ! » Lorsqu'on est sur le point de faire la plus belle connerie de sa vie, on ne pense qu'à ceux qu'on laissera, qu'aux choses qu'on ne reverra pas. On oublie les choses futiles qui ont toujours fait partie de nous, comme la solitude, les remords et les erreurs tatouées sur notre peau. On oublie que, peu importe où on va, il fait toujours noir là où on n'est pas soi-même.
SILENCE 805 ; SCENE 02 parce que rien n'égale sa fierté, parce que rien n'égale les regrets qui dansent à hauteur de mes poumons, donnant à l'air un goût bétonné tandis que je fous mon nez sous la pluie parisienne. paris ▬ december 12th, 2008 « Timothée, je t'ai menti. Je vais avoir 17 ans, et j'arrive ce soir. Souhaite moi un joyeux anniversaire. » Ça, c'est ce que j'ai envoyé à Tim avant de monter dans l'avion, plus tôt dans la journée. Je me demande encore ce qui m'est passé par la tête, ce qui m'a donné assez de courage pour taper ces quelques mots que je tais depuis le soir où je me suis inscrite sur ce site minable, depuis ce soir où j'ai rencontré ce mauvais garçon qui me donne aujourd'hui envie de faire des tas de choses interdites, des tas de choses défendues. Bientôt dix minutes que je poireaute dans le hall d'aéroport, à attendre Tim alors que tous ceux qui ont leur regard posé sur la gamine que je suis savent que personne ne m'a attendue, que personne n'est venu. Ce que c'est con l'amour, ce que c'est con de se sentir aimé. Ça te fait croire un bon paquet de choses rassurantes et puis finalement, ça te laisse seul en plein milieu d'un hall d'une ville que tu ne connais pas, d'une ville à l'autre bout de chez toi. Aucun message. Aucun appel. Rien. Le vide. Le néant. Pour la première fois depuis six moi, je me souviens que je vis encore chez mes parents, que je n'ai pas plus gagné en autonomie qu'un gosse de dix ans et que la vie ne se résume pas à des rêves d'enfants, à des rêves perdus. Il ne viendra pas. Je le connais suffisamment pour savoir qu'il doit être chez lui, enfermé à clé dans sa piaule à écraser tout ce qui lui tombe sous la main. Et je sais aussi que, s'il en avait eu l'idée, il se serait pointé pour m'écraser moi. Parce que rien n'égale sa fierté, parce que rien n'égale les regrets qui dansent à hauteur de mes poumons, donnant à l'air un goût bétonné tandis que je fous mon nez sous la pluie parisienne. « Qu'est-ce que je... » Fourrant mes mains dans les poches de mon manteau, je tente de trouver une solution alors qu'en réalité, j'ai envie de m'asseoir sur ce trottoir dégueulasse et de chialer, de chialer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'eau dans mon corps, jusqu'à ce que je sois asséchée, crevant de soif, à l'agonie. La ville des amours, quelle belle connerie inventée par des abrutis qui couchent avec la chance et le bonheur cinq fois par jour, à quelque chose près. Guidée par un dernier élan de lucidité, mon bras fend l'air et interpelle un taxi, persuadée que c'est comme ça qu'on fait dans une telle ville. « Je vous dépose où, mademoiselle ? » Je lui tends le papier sur lequel j'ai pris soin de noter l'adresse de la demeure familiale des De la Tour et pose ma tête sur l’habitacle de la voiture, concentrée à ne pas fondre en larmes ici, dans ce mètre carré, le visage tourné vers la pluie qui emporte avec elle la beauté des passants. « Ici, s'il vous plaît. » Quand je repense à cette journée, je n'arrive pas à deviner d'où m'est venue l'audace de me pointer chez lui, comme ça, alors qu'il ne me devait rien parce que je ne lui avais offert qu'un idéal en toc, que des mensonges qui visaient principalement à écarter nos différences. Quand je repense à cette journée, je me dis que j'ai eu de la chance d'avoir ce coup de pouce du destin, parce que seul le karma sait où je serais aujourd'hui sans lui.
SILENCE 805 ; SCENE 03 On dit que l'amour n'est jamais à la hauteur de ce que nous attendons de lui. Moi, au moment où tim m'ouvre la porte de sa baraque quinze fois plus grande que la mienne, je découvre qu'il est ce que j'attendais de lui. paris ▬ december 12th, 2008 On dit que l'amour n'est jamais à la hauteur de ce que nous attendons de lui. Moi, au moment où Tim m'ouvre la porte de sa baraque quinze fois plus grande que la mienne, je découvre qu'il est ce que j'attendais de lui, qu'il porte le visage que je me suis imaginé chaque soir avant de m'endormir, chaque matin au réveil, et puis sans doute à longueur de journée, de nuit aussi. Tim est là, devant moi. En chair et en os. Si bien que, sans attendre plus longtemps, ses mains dégagent les futilités qui me cachent de lui. Et, pour le suivre jusqu'au bout, mes mains suivent à leur tour le mouvement afin de le débarrasser de son T-shirt, et puis du reste. Et puis des mensonges. Ce passage, inabouti, a failli être supprimé du bouquin. Après longue réflexion, cette page presque blanche restera ici, à sa place. Bien que cet instant ne soit pas raconté comme les autres anecdotes présentes dans ce livre, il y mérite une place. Ainsi, voici l'un des silences les plus importants de ma vie.
SILENCE 876 ; SCENE 01 timothé, connard affirmé, errant dans un bar de merde parisien. cas désespéré sans avenir, et qui s'en moque bien profondément. paris ▬ december 12th, 2008 Loneleï, Sérieux, tu m'emmerdes. Tu crois que tu peux débarquer dans ma vie comme ça, et tout détruire ? Bordel, non, tu peux pas ! Si tu veux savoir, tu me fais chier, et je te déteste. C'est pire que ça même, c'est de la haine. Tu me dégoutes. Toi et ta petite gueule de gamine sainte. Réveille toi, le monde n'est pas un rêve. C'est un cauchemar. Alors casse-toi, rentre chez toi, va faire de la vie d'un autre un cauchemar. Tu m'as enlevé mon frère, t'avais pas le droit merde ! Comme un con je me suis laissé avoir, tu m'as attiré dans tes filets, espèce de garce. J'ai accouru, comme un bouffon de prince. Sauf que l'amour, ça n'existe pas. Il n'y a que de la haine. Cherche pas franchement, tu perds ton temps. Casse-toi et prends tes illusions avec toi. D'abord tu me mens, ensuite t'essaies de me transformer en un gars bien. Les niaiseries et tout le bordel, c'est pas mon truc putain, alors arrête. T'as pigé, arrête ! Comment j'ai pu être aussi con, m'inscrire sur ce site de merde, te rencontrer, la pire erreur de ma vie ! À cause de toi et de ta gueule de sainte, je suis un criminel. J'ai tué une partie de moi, mon alter-ego. Alors rends-moi un service, vas-t'en, disparais. C'est fini ! Sinon je risque bien d'être accusé de pédophilie sur la gamine que tu es. T'as assez foutu le bordel. Et puis j'en peux plus te voir ta tronche, j'en peux plus d'être avoir toi. Même coucher avec toi, ça me dégoute. Si tu veux savoir, t'es rien pour moi, rien du tout ! Je me suis servi de toi, je voulais juste te foutre dans mon lit. Et ça m'a foutu dans la merde. J'ai plus une goute d'amour à verser, me reste plus que la gerbe. Puis je t'ai pris ta virginité, tu m'as pris mon frère, on est quittes non ? Si tu veux du fric, sers toi, puis fous le camp. Même si tu veux sauter d'un pont, j'en ai rien à foutre. T'iras t'excuser auprès de mon frère. J'ai envie de brûler les musées, de me dépecer pour m'enlever ce putain de tatouage. J'ai envie d'éliminer toute trace de toi et de ta misérable personne, de notre misérable relation. Fais chier bordel. Tu me fais chier ! Vas-t'en. Du vent.
Je n'ai pas écrit cette lettre et je n'ai pas voulu la lire. Tim n'a jamais été du genre à écrire. A vrai dire, aussi loin que je m'en souvienne, il n'était du genre à rien... à part peut-être finir en taule et être accusé pour deux, accusé pour moi. Ce sont les seuls mots que Tim m'ait écrits, les derniers aussi. La haine qui suinte à travers ces quelques lignes m'a appris que, au final, tout est toujours perdu d'avance.
SILENCE 805 ; SCENE 03 On dit que l'amour n'est jamais à la hauteur de ce que nous attendons de lui. Moi, au moment où tim m'ouvre la porte de sa baraque quinze fois plus grande que la mienne, je découvre qu'il est ce que j'attendais de lui. paris ▬ december 12th, 2008 [justify]« Ella, descends ! Il y a quelqu'un pour toi dehors. » Je remercie du regard Ashton, le grand frère de ma meilleure amie et patiente devant la porte blanche de sa demeure. Rien n'a changé par ici. Les alentours sont exactement les mêmes que ceux que j'ai quitté un mois plus tôt. Les journaux jonchent les rues presque désertes, les fleurs ont fané pour laisser place à des tiges d'un vert morne, à l'effigie de mon image. Le ciel, quand à lui, semble avoir perdu de son éclat, et, si j'y regarde de plus près, c'est tout Arrowsic qui semble fatiguée par l'hiver, fatiguée par la vie. Encrée dans le passé. « Lonie ? Hein ? Lonie ? C'est vraiment toi ? » Je n'ai pas entendu Ella descendre les escaliers deux à deux, sous l'effet de la curiosité, et je n'ai pas plus le temps de réagir qu'elle se jette dans mes bras. Ella, la luciole au fond de la nuit. Alors tout disparaît et plus rien ne compte sinon mes doigts emmêlés dans la tignasse blonde de celle qui recoud mes plus grandes plaies à coup de mots d'amour. Et voilà que j'oublie : les mains de Tim sur mon corps, les mots écrits qui blessent et laissent des bleus. J'oublie tout : les cris de rage et les coups de poing dans l'oreiller, les litres de flotte envoyés en l'air et puis ces vingt-huit jours d'amour, ces vingt-huit jours de haine. Je me souviens que la vie n'est pas si mal quand on a une branche à laquelle se raccrocher, un banc sur qui se reposer. « J'étais certaine que tu reviendrais. » Reculant et me faisant face, elle laisse sa joie -sans doute son soulagement- éclater et poursuit. « Tout le monde sait ici que tu t'es enfuie, comme ça. Et tu connais Arrowsic... Les gens racontent que tu es partie parce que tu en avais marre d'être le vilain petit canard d'Arrowsic, que tu ne supportais plus l'étiquette de la petite intello ratée qui ne fait rien de sa vie. » Soupir. « Mais ils ne te connaissent pas, eux. Partir, c'est pour les faibles. Et toi, t'as jamais été capable d'être faible. » Un pincement me pique le cœur et une boule beaucoup, beaucoup trop lourde pour une fille comme moi se loge au fond de mon ventre, à hauteur de mes entrailles déjà fêlées depuis longtemps. Je suis partie comme ça, sans un mot, en pleine nuit, et elle est encore là. A m'attendre. A nous attendre. Je me demande combien, tout comme elle, ont pris le temps de penser à moi de temps en temps, de ne pas m'oublier et de refuser de passer à autre chose. Et je devine rapidement qu'il n'y a eu qu'elle et qu'il n'y aura toujours qu'elle car, jusqu'à aujourd'hui, elle est la seule à avoir tourné le dos au monde entier pour se glisser dans mes draps. « Je suis de retour. Pour de bon, lolita. » Quand je lui ai promis de rester jusqu'à la fin, alors qu'on ne UC UC UC UC
Je m'appelle Loneleï, Loneleï Saphyr Davenport. J'ai aujourd'hui dix-neuf ans et j'aimerais ne plus avoir à vieillir. Mais on ne m'écoute jamais. Mes paroles jonglent dans l'air et se cassent toujours quelques mètres plus loin contre un rocher ou l'écorce d'un arbre. Je me sens seule. Je n'ai jamais eu autant de monde autour de moi puisque de nombreuses jeunes filles se retrouvent dans mes mots. Mais je me sens seule. Plus seule que cette vieille épuisée qui crèvera bientôt dans son lit d’hôpital, plus seul que ce petit garçon qui attend ses parents à la sortie de l'école. Plus seule que vous, plus seule qu'eux. Timothée n'a jamais donné de nouvelles depuis cette lettre bourrée de tout un tas de saloperies qui avaient toujours couru dans ses veines. Ella, elle, est restée. living young and wild and free t'arrives d'où : j'fais partie des meubles. ❉ pourquoi thub : pourquoi pas ? ❉ des avis : nop. ❉ des questions : non plus. ❉ > règlement lu : vaut mieux. ❉ > dernier mot : ta mère. ❉ Bordel, cette partie, c'est pas la mienne. Je m'appelle Camille et on je me présente sous le pseudo de wasted comets sur la toile. Pour dire la même chose que mon ancienne fiche, je dirai que j'ai dix-sept ans, que je suis passionnée par la musique et l'écriture. THUB, c'est un peu mon refuse, ma cabane perchée dans un arbre (vive la poésie ). PS : je suis une sadique, je n'aime pas le romantisme et en fait, je crois que je n'aime pas grand chose
Dernière édition par Loneleï Saphyr Davenport le Mar 27 Déc - 17:43, édité 2 fois |
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