Freud. Bon clairement, à cette heure j’étais en cours de philosophie. Dernier cours de la plus longue journée de la semaine. C’est du sadisme conscient de la part de ceux qui font les emplois du temps. J’en suis certaine. C’est une manipulation voulue pour nous faire haïr cette matière. Avec Nathan -le prof- je crois que leur plan a échoué. Pourtant c’était diaboliquement bien tenté. Donc, j’en étais à Freud: Inconscient et maîtrise de soi. La conscience et l’inconscience. Ne pouvait-on pas tout simplement abréger le développement en disant que ce type avait certainement consommé quelques drogues avant de laisser son inconscient agir ? Parce que même si nous écrivons un développement concernant ce texte, d’après ce cher Freud, il y aura toujours cette part d’inconscient en action dont on a pas conscience. Donc nos paroles seront inconscientes. Je m’égare. En fait, j’ai vraiment envie d’en finir. C’est rare que je prête si peu d’attention à ce cours. Du moins, que je parle avec mon moi intérieur tout en écoutant ce que je le professeur dit. Je comprends tout hein. Là n’est pas le problème. Simplement je préférais encore le sujet : Le dialogue est-il le chemin de la vérité ? Je sais pas il y avait quelque chose de plus passionnant. Et puis pour revenir à la conscience, Freud avait-il vraiment conscience de ce qu’il disait et la formulation de ses phrases ? Avait-il conscience, par exemple qu’en disant « Entre en toi-même, dans tes profondeurs, et apprends d'abord à te connaître… » On pouvait trouver des connotations assez… perverses ? Bon d’accord, la phrase était totalement sortie de son contexte. N’empêche que je me demande s’il en avait conscience. Probablement pas. Ou sinon c’est un con. Parce qu’à cause de lui, il y a deux mecs totalement abrutis qui se fendent la gueule là-dessus depuis tout à l’heure. C’est d’ailleurs pour ça que je l’ai relevé. De plus, a-t-il volontairement fait une sorte qu’on se sente agresser et que notre esprit s’empare de ses questions tordues auxquelles il n’a certainement pas répondu ? Il est tordu ce mec. Excellent mais, tordu. Et moi je suis crevée. J’attends que la sonnerie retentisse. En plus je retrouve Loneleï, ma meilleure amie. J’ai hâte. Ça doit être pour ça aussi, que je suis moins attentive.

La sonnerie retentit. Une fois n’est pas coutume, je remballe vite fait. Oui, d’habitude je traîne. Je termine mon explication de texte. Je discute un peu avec le prof. Ou je note scrupuleusement mes devoirs. Je trouve toujours le moyen d’être dans les derniers. Pas cette fois. Je me précipite vers la sortie jusqu’à retrouver la plus jolie de toutes les blondes. Ma meilleure amie, Loni. Je sais combien elle déteste ce lieu. Les élèves peuvent s’avérer être de vrais crétins qui consciemment ou non sont capables de faire subir des choses ignobles à leurs camarades. Je ne peux m’empêcher d’afficher un énorme sourire en la voyant. Je tiens à elle comme à la prunelle de mes yeux. Je sais qu’il y a quelque chose entre nous. Un lien très fort. Qui résiste à tout. Une confiance aveugle. Une force incompréhensible qui croit en nous. Qui nous pousse vers le haut. Quelque chose qui fait qu’on est lié quoiqu’on fasse. Et ça ce n’est pas uniquement dû à notre pacte. Ni à notre promesse. C’est quelque chose qui a pris forme avec le temps. C’est ce qui fais qu’en la serrant dans mes bras devant le lycée, j’ai la sensation que notre amitié trouvera sa fin uniquement dans la mort. Je l’aime ma meilleure amie. Je souris grandement et c’est tout naturellement que je lui demande « Comment tu vas ? »