Sujet: my tears run down like razorblades ϟ némo Dim 18 Mar - 18:44
NEMO & BARBARA
J'étais dans un état pathétique. Depuis le fiasco de la soirée menée pour les africains où s'était réunie la quasi totalité d'Arrowsic, ma vie était devenue incontrôlable. J'étais totalement déprimée, ne sortait plus de chez moi, n'était pas allée travailler depuis quinze jours, bref, j'allais vraiment mal. J'avais l'impression de revivre la dépression que j'avais faite les semaines suivant mon avortement. Tout allait tellement mal, d'un seul coup. Peu de temps après mon retour à Arrowsic, j'avais cru remonter la pente, j'avais vraiment espéré. Tout d'abord, j'étais retournée à mes racines, je vivais de mon art, j'avais retrouvé Abbey, ma grande amie d'enfance, rencontré Niallàn, qui s'était avéré être la première personne que j'aie jamais aimé. Tout était parfait. Et puis j'ai commencé à faire des conneries. Je trompais Niallàn, parce que j'étais incapable d'assumer mes sentiments. J'ai essayé de lui dire que je l'aimais, mais que j'avais peur. J'ai vraiment essayé. Les mots ont failli sortir de ma bouche, mais je me suis dégonflée. Il m'a fallu trouver quelque chose à dire, et j'ai pris la première idée qui m'est passé par la tête pour justifier ma panique. Que j'étais enceinte. Mensonge. Idiot, dangereux.
Niallàn l'a plutôt bien pris. J'aurais préféré qu'il me quitte sur le champ en apprenant la nouvelle, cela aurait été bien moins douloureux. Mais non, il avait été enchanté de savoir qu'un petit être grandissait en moi. Et le piège s'est refermé sur moi. Niallàn connaissait mon passé. C'est pourquoi je ne pouvais faire semblant de demander l'avortement. Mais une grossesse ne se simule pas. J'ai dû tout avouer, quelques semaines plus tard. Il aurait bien fallu que je le fasse, de toute manière. Et il est parti. Il a dit qu'il avait besoin de réfléchir, de rester seul un moment, d'évacuer sa haine envers moi. Et je le comprend.
Et enfin, il y a eu la soirée all for the africans. L'une des pires de ma vie, sans aucun doute. En quelques heures, j'ai réussi à m'humilier en public et perdre ma meilleure amie. Et là, j'ai commencé à plonger. Vraiment. Cela faisait deux semaines, maintenant. De semaines à pleurer tous les soirs en regardant le plafond, deux semaines de solitude sans personne pour me soutenir. Je n'avais pas osé contacter Abbey pour qu'elle m'aide. J'avais trop honte de ce qu'elle pouvait croire. Mais à part elle, je n'avais personne. Plus de Niallàn, plus de Bambi, plus personne. Oh, si, mon psy et mes parents. Super.
N'y tenant plus, j'ai contacté Niallàn. Je lui ai dis que c'était le moment qu'il se décide sur sa conduite à adopter envers moi. Et me voilà. Vendredi soir, seule devant une table pour deux, des fleurs et quelques bougies devant moi. Et je l'attends. Lui, mon premier amour. Qui doit surement me hair, à présent. Je me suis pomponnée pour l'occasion, j'ai mis mon plus beau sourire hypocrite. Celui qui dit que tout va bien, alors qu'au fond de moi les larmes ne cessent de couler. Celui qui me donne un air frai et épanouis alors que dans mes entrailles je pourris et je bouillonne. Je suis très forte à ce jeu là. Mentir est ma spécialité. Et je prend d'autant plus mon rôle au sérieux que quelqu'un que je connais est assis, une table à peine à côté. Un certain Némo, que je connais vaguement. Je le regarde, lui montre que je vais bien, merveilleusement bien, le monde est beau, les oiseaux chantent, tout est parfait.
Mon portable sonne, je regarde qui m'appelle, et c'est lui. Celui sur qui tout mon avenir repose. Alors avec une voix enjouée, assortie à mon beau et faux sourire, je répond. Et j'espère entendre le même entrain dans la voix de Niallàn, mais son ton est morne et fermé. « Je ne viendrai pas, Barbara.» Choc. Je sais déjà ce que cela signifie, mais j'éprouve le besoin de me mentir à moi même. Pour ne pas souffrir tout de suite. Encore un peu d'espoir, s'il vous plait, garçon. Mais au fond je sais déjà que c'est fini. Qu'il m'ait appelé Barbara au lieu de chéri ou d'un simple Barbie veut tout dire. « Oh, non, ne me dis pas que tu as aussi attrapé cette épidémie qui court en ville ?» Il n'y a aucune épidémie, en ville. Mais une fois encore, je sors la première chose qui me passe par la tête. Pour pas que la panique ne prenne le dessus. « Je ne suis pas malade, et tu le sais très bien.» Oui, je le sais. Mais j'ai besoin d'y croire encore. Parce que c'est mon seul espoir d'aller mieux. Mon seul espoir de reprendre pied. « Oh, tu as un empêchement.. Aucun problème ! Demain tu es libre ?» Toujours un ton délicieusement enjoué, un ton frai, plein de joie de vivre. Qui ne dupe personne. « C'est terminé. Pour de bon. Je ne veux plus jamais te croiser.» Un petit rire m'échappe. Parce que je ne sais pas quoi faire d'autre. Je réagis comme si Niallàn m'avait fait une bonne blague. Parce que tout va parfaitement bien entre nous, n'est ce pas ? Il ne prête pas attention à mon ricanement et poursuit. « J'avais acheté une bague de fiançailles, Barbara. Mais tu as tout gâché.» Et il raccroche. Et c'est surement la dernière fois que j'entendrai sa voix. Les cœurs peuvent se briser. Oui. Les cœurs peuvent se briser. Parfois, je me dis qu'il vaudrait mieux que nous mourions, en de tels moments, mais nous ne mourons pas. Et cette citation me revient à la tête. Ce n'est que maintenant que je me rends compte de la véracité de cette phrase. Mon portable m'échappe des mains et j'éclate en sanglots. Tout sourire à déserté mes lèvres. Et mon coeur se brise.
Sujet: Re: my tears run down like razorblades ϟ némo Dim 18 Mar - 22:30
némo & barbara
Il ne savait même pas ce qu'il faisait ici. Il n'avait aucune idée de pourquoi il était là, de pourquoi il était venu s'enterrer dans cet endroit. Quelle idée lui avait-il traversé l'esprit pour qu'il décide de passer sa soirée dans ce restaurant ? Il était là, assis tout seul devant sa table, une petite décoration chaleureuse déposée sur celle-ci, et les gens qui le croisait pouvaient facilement lui attribuer le qualificatif de « paumé » en le voyant ce soir-là. En fait, il avait tout simplement l'envie d'oublier un peu, d'oublier les obstacles qui pouvaient se dresser devant lui, d'oublier les malheurs de la vie qui tombaient sans que l'on ne demande quoi que ce soit. Bien sûr, il aurait très bien pu s'y prendre comme la plupart des mecs et des filles en général dans ses moments là : aller au bar, s'enfiler verre après verre de cocktail et d'alcool en tout genre jusqu'à en devenir ivre, jusqu'à ce que son esprit s'embrume et qu'il se mette à faire tout et n'importe quoi ne sachant plus pourquoi il était venu, allant même quelques fois jusqu'au coma éthylique qui aurait pu lui valoir la mort. Mais non, le jeune homme qu'était Némo était bien trop responsable, bien trop droit pour s'essayer à des futilités pareilles. Il n'aimait pas boire comme un alcoolique, savait très bien que de toute manière il ne tenait pas bien l'alcool et qu'il risquait de se mettre à faire n'importe quoi. Alors au lieu de comporter comme un jeune normal dans sa situation, il s'était seulement réfugié dans ce restaurant où il n'était pratiquement jamais venu et qui s'était pourtant imposé de lui-même lorsqu'il errait entre les rues sans savoir consciemment vers où ses pas l'amenaient.
Sa soeur de cinq ans n'allait pas bien du tout. Elle était tombée malade, un peu plus grièvement que d'habitude, alors Némo l'avait donc emmené à l'hôpital il y avait quelques jours. C'était Fernando qui avait pris en charge la petite Bambi et Némo était quand même plus rassuré de ce fait, le connaissant un peu mieux que les autres internes. Seulement, il venait de lui apprendre une très grave nouvelle et le jeune homme n'arrivait malheureusement pas à se faire à l'idée : sa soeur avait une maladie, plutôt grave pour elle, et le pire, c'était que niveau traitement, c'était dur à trouver, il n'y en avait pas des masses et ce n'était pas obligé que le traitement marche et qu'elle se rétablisse rapidement. Il avait au début cru qu'il plaisantait, ou en tout cas, y croyait très fort dans son esprit. Mais non dès que c'était niveau boulot, Fernando n'était pas du genre à faire des blagues à ses patients et c'était bien dommage. Le pire était que Némo ne pouvait pas arrêter de se sentir coupable pour ce qu'il venait de découvrir. Il ne savait pas exactement depuis quand elle avait ça, comment s'était venu, ce que c'était exactement, mais dans sa tête, c'était de sa faute. S'il ne l'avait pas prise pour vivre avec lui dans un minuscule appartement, s'il l'avait laissé dans la grande maison familiale, même avec une mère qui ne s'occupait pas vraiment d'elle, elle aurait peut-être pu être mieux, avoir un meilleur avenir. Alors que là, elle ne mangeait déjà peut-être pas toujours à sa faim, tout dépendait de Némo et des heures de travail en plus qu'il avait réussi à faire en plus de ses cours de psychologie qu'il suivait à la faculté. Alors, au lieu de rester dans le déni, il avait décidé de laisser sa soeur à l'hôpital ce soir encore, pour qu'elle ait tous les soins nécessaires, et il avait atterri ici, en compagnie d'un de ses livres et de son carnet de croquis pour se changer les idées. Encore une belle soirée en perspective. Il avait commencé à lire son roman depuis une vingtaine de minutes, quand il leva ses yeux et balaya la salle du regard. Il aperçu une jeune fille brune, une connaissance à vrai dire, avec qui il n'avait jamais été très proche, à la table à côté de la sienne. Il n'avait même pas remarqué qu'elle s'était installée là, tellement plongée dans son bouquin qui l'aidait bien mieux à penser à autre chose que la boisson. Il regarda un moment Barbara, qui souriait, et lui souriait, bien trop pour que ce soit vrai. Elle avait l'air d'attendre impatiemment quelqu'un, avec son sourire figé collé sur le visage, comme si la vie ne pouvait être plus belle qu'à ce moment-ci. Des foutaises surement. Némo s'y connaissait quand même un peu au niveau faux sourire, longtemps il avait fait semblant que tout allait bien chez lui, que la vie était belle, il essayait de sauver les apparences, malgré tout ce qu'il subissait chez lui et même à l'école. Il passait son temps à pleurer la tête enfoncée dans ses oreiller, mais collait un sourire parfait lorsqu'il était en présence d'autres personnes. Enfin, un sourire quand même moins grand et plus subtil que celui qu'affichait Barbara. Puis le portable de la jeune fille sonna, elle répondit, et malgré lui, Némo n'arrivait pas à ne pas écouter la conversation, ou les brides de réponses qu'elle formulait. Il était assez intrigué par ce qu'il pouvait se passer chez elle qui la rende aussi triste, à même vouloir le cacher. Enfin, il était un peu au courant, il avait entendu ce que Sheila avait proclamé lors de la cérémonie pour les Africains, qui s'était retrouvé haute en rebondissements et en action. Mais il n'en savait pas plus que ça. Essayant en vain d'arrêter à lire pour la cinquantième fois la même phrase et de passer à la suivante, le jeune bouclé entendit un bruit lourd s'écraser contre la table et des sanglots trop longuement refoulés sortir et s'échapper enfin. Némo tourna la tête pour la regarder, oui, elle avait encore plus l'air mal en point comme ça. Il savait très bien qu'il pouvait seulement faire comme s'il ne l'entendait pas, ou juste partir car elle faisait trop de bruit, mais sa nature de gentleman qui adorait et qui ne pouvait pas laisser une personne en pleine détresse sans essayer de l'aider revint au galop. Il chercha rapidement dans ses poches un paquet de mouchoir, l'ouvrit pour en prendre un, et le tendit doucement vers l'autre table, pour le passer à la brune qui pleurait toutes les larmes de son corps. « Ça n'a pas l'air d'aller ... » risqua-t-il prudemment, ne sachant pas vraiment par où commencer. C'était totalement con comme commencement, très débile surtout car c'était évidement qu'elle n'allait pas bien, fallait pas avoir fait bac +4 pour s'en rendre compte quand même. Enfin, c'était Némo et sa logique imparable. Il n'avait pas non plus vraiment envie d'essayer d'être gentil et de vouloir aider la jeune fille si elle, de son côté, finissait par retourner son chagrin contre lui et qu'elle se mette à l'engueuler comme une hystérique face à cette constatation qui était là pour commencer la conversation, si elle était en état. Oui beaucoup de personnes en venaient à vous engueulée lorsqu'ils allaient mal. Némo en avait d'ailleurs fait plusieurs fois l'amère constatation. A trop être gentil et serviable ... « mauvaise nouvelle ? » tenta-t-il en la regardant, alors qu'elle attrapait son mouchoir.
Sujet: Re: my tears run down like razorblades ϟ némo Lun 19 Mar - 15:32
Revenir à Arrowsic n'avait peut être pas été une si bonne idée que ça, finalement. J'aurais mieux fait de me terrer à New York. Au moins là bas j'avais des gens qui m'appréciaient. Isaac, pour commencer. Et puis mes amis mannequins. J'avais fuis la grande pomme pour échapper au chagrin, mais il semblait me suivre comme un toutou bien dressé suit son maître sans le lâcher des yeux une seconde. J'avais espéré, un temps, que je m'étais enfin débarrassée de la tristesse de mon avortement. Ça avait été le cas. Oui, j'étais encore touchée par cette étape de ma vie, mais je m'en était sortie. Peu à peu, pas après pas. Mais maintenant que j'étais libérée de ce fardeau, un autre venait me peser sur les épaules. Un fardeau d'autant plus lourd à porter que je ne pouvais rien y faire. Ce fardeau, c'était mon caractère. Caractère de dure, de forte, de combattante que j'avais mis des années à me forger, pour n'en retirer que du négatif. À moins de changer miraculeusement de personnalité, je ne pouvais pas faire grand chose. Je faisais fuir les gens. Il fallait se l'avouer, arrêter de se berner. J'étais méchante, égoïste, cynique, cruelle même. Que pouvais-je attendre d'autre de la part des habitants d'Arrowsic que du mépris ? Je balançais des ragots à rumour has it sans scrupules, humiliais des gens en public. Je n'avais jamais cru au karma jusqu'à lors, mais je commençais sérieusement à me demander si il n'existait pas bel et bien.
Tout allait mal. Voilà qui devait réjouir Sheila. Source de beaucoup de mes maux. J'avais honte de me laisser abattre par cette garce de junkie, mais elle avait réussi son coup, impossible de le nier. Et je n'avais plus personne pour me soutenir contre la rousse. Pas même Niallàn. Niallàn qui aurait du être mon fiancé, si seulement je n'avais pas accumulé les erreurs. Une bague. Il m'avait acheté une bague. Toute une palette de possibilités toutes plus réjouissantes les unes que les autres aurait dû s'offrir à moi. Et au lieu de cela, je me retrouvai seule devant une chaise vide, des sillons de mascara sur mes joues baignées de larmes. La réalité venait de se fracasser sur tout mon être. Réalité brutale et déchirante.
La Barbie que j'étais quelques jours auparavant se serait tout de suite reprise. Rien que l'idée de pleurer en public l'aurait faite frémir. Oui, la Barbie que tout Arrowsic connaissait aurait quitté le muffy's la tête haute, et aurait attendu d'être chez elle pour fondre en larme. Cette Barbie là n'aurait pas abandonné son beau sourire. Mais voilà, j'avais changé. Niallàn m'avait changé. Avec lui, j'avais été capable de ressentir autre chose que de la suffisance et de l'égoïsme. J'avais réussi à aimer sans rien attendre en retour. Mais cette douce époque venait de se terminer, me défigurant complètement. J'étais devenue faible, capable de pleurer dans une salle bondée sans même chercher à cacher mes larmes. D'ailleurs quelqu'un ne manqua pas de remarquer ma détresse. « Ça n'a pas l'air d'aller ... » Je détournai la tête vers la voix compatissante. Némo. Il était toujours là. Et le voilà qu'il me tendait un mouchoir, plein de pitié, ravi d'aider son prochain. Et c'est une vague de rage qui déferla sur moi. J'allais mal, oui. Et ce Némo que je ne connaissais que vaguement faisait tout pour bien me le rappeler. Lui et ses yeux pleins de gentillesse qui me prouvaient bien que j'étais pathétique. Lui et son putain de mouchoir qui me soulignait que j'étais entrain de me ridiculiser en public. À ce moment là, je le détestai. Plus encore que Sheila. Parce qu'il me montrait que j'étais tombée. Comme pour m'enfoncer encore plus. Je lui lance alors un regard assassin, prête à me mettre à crier, prête à lui cracher des mots d'insulte à la figure.
Et je me rends à l'évidence. Cela ne servirait à rien. Je passe ma vie à me plaindre de mon caractère, à me dire qu'il est la source de tous mes malheurs, et pourtant, dès que l'occasion se présente, j'agis en garce. Peut être qu'il est temps de se montrer raisonnable, de se montrer humble. D'accepter de tomber, de temps en temps. Niallàn m'a changé, oui. Et ce n'est pas parce qu'il n'est plus là pour moi que je dois redevenir aussi aigre qu'avant notre rencontre. Il faut changer. Maintenant ou jamais. Je souffle un bon coup, prend sur moi, me mord l'intérieur de la joue pour ne pas exploser. Rompre avec ses habitudes est difficile.
« Mauvaise nouvelle ? » Je baisse les yeux, incapable de répondre, me contentant simplement de prendre le mouchoir qu'il me tend. Mais je ne l'utilise pas, je le pose sur ma table. J'attrape mon sac et en sors un paquet de mouchoir. Pour bien faire comprendre à Némo que j'accepte son aide mais que je n'en ai pas besoin. Il faut que je change petit à petit. Inutile de se presser. Ne pas m'être mise à crier est déjà un énorme exploit, venant de moi. « Eum... oui, plutôt. Un mort dans la famille.» Je lèves mes yeux, toujours larmoyants, vers Némo. C'est un piètre mensonge, mais je refuse d'annoncer à un quasi inconnue que je me suis faite larguer lamentablement. Je préfère garder un minimum de fierté. C'est vrai quoi, un mort dans la famille on ne peut rien y faire. Tandis que lors d'une rupture, on a toujours quelque chose à se reprocher.
Je respire un bon coup. Encore quelque chose que je dois changer : ce besoin impulsif de mentir pour avoir l'impression que les choses ne sont pas aussi mal qu'elle ne le paraissent. C'est comme là fois ou j'ai fait croire à Abbey que j'avais fait une fausse couche, au lieu de lui avouer que j'ai avorté. Je préfère n'y être pour rien, plutôt que de ressembler à un monstre. Au final, le mensonge que j'ai fais à Abbey est le même que celui que j'ai fais à Némo. J'accuse mère nature, plutôt que d'admettre que je suis la cause de toutes ces merdes, dans ma vie. Je passe un mouchoir sorti de mon propre paquet sur mes yeux et mes joues en me répétant une simple phrase. Je veux changer. Alors je m'éclairci la gorge, et ce que je m’apprête à dire me fait grimacer de douleur. La vérité. Enfin, la vérité va sortir de ma bouche. «A vrai dire, non. C'est un mensonge de plus pour me dire que je suis une sainte qui n'a rien à se reprocher. La vérité, c'est que je suis une garce. Tout le monde m'abandonne, et je sais que je le mérite. Ce que tu viens de voir, c'est une désespérée venant de subir la rupture la plus difficile de sa vie.» Sourire triste, mais soulagé. Dire la vérité. Une habitude que je dois prendre si je ne veux pas rester seule toute ma vie. C'est ce que je viens de constater.