Sujet: I'M STUCK ON THE GROUND. Sam 31 Déc - 14:26
abbey jill strugatsky
Dans les livres il y a des chapitres pour bien séparer les moments, pour montrer que le temps passe ou que la situation évolue, et même parfois des parties avec des titres chargés de promesses: La rencontre, L'espoir, La chute; comme des tableaux. Mais dans la vie il n'y a rien, pas de titre, pas de pancarte, pas de panneau, rien qui indique attention danger, éboulements fréquents ou désillusion imminente. Dans la vie on est tout seul avec son costume, et tant pis s'il est tout déchiré.
t'arrives d'où : du trou de tes fesses. ❉ pourquoi thub : parce qu'ici c'est la maison, parce qu'ici on est tout beaux, parce qu'ici c'est un peu la maison d'asile en plus joli, parce qu'ici je suis comme un canard dans un bain, parce qu'ici tout le monde est content, parce qu'ici il y a beaucoup d'amour, parce que mes pieds sont enterrés dans le jardin de thub. ❉ des avis : c'est moche, ça pue, je vais vomir. ❉ des questions : ouais, plusieurs même: pourquoi est-ce que je vous aime tant? pourquoi j'arrête pas de baver devant cette merveille? pourquoi un arbre ça s'appelle un arbre? pourquoi est-ce que je chiale devant high school musical et pas devant n'oublie jamais? pourquoi la Terre elle est ronde? pourquoi la neige c'est blanc? pourquoi on peut pas faire l'amour à 36? pourquoi quand je me tape contre quelque chose ça fait mal? pourquoi les pets ça pue? pourquoi on se poste toujours trois mille questions? pourquoi l'école ça existe? pourquoi on pourrait pas tout foutre en l'air et faire n'importe quoi? pourquoi il pleut? pourquoi les putes existent? pourquoi parfois la vie on se dit que c'est trop beau? pourquoi je dis de la merde? ❉ > règlement lu : bah ouais, j'suis une bonne élève MOI. ❉ > dernier mot : déjà j'aime pas le mot "dernier", parce que je parle toujours. (a) ensuite je sais pas, je dirai que je vous aime, que vous le savez je pense, que je suis contente d'être restée parmi vous, parce que thub c'est pour toujours. ❉
Salut, je m'appelle Abbey, je rentre du ski, et je fais de la poésie. (oui, fallait que je la place, j'étais trop fière de ma phrase ) Bon alors sinon moi c'est Xuan, et je crois que j'ai seize ans. Je suis une fille un peu bridée, parfois j'ai du mal à voir les gens mais j'le vis bien. (a) J'aime le piano, le tennis, et le graphisme. Je suis en première ES et je me la coule douce. Je suis niaise et je suis bonne. J'aime les mots d'amour, les canards en plastique, Homer Simpson, les sushis, et avoir du fric (ce qui n'est pas mon cas pour le moment ) J'aime dire de la merde -comme en ce moment- j'aime l'été, les vacances, sortir, faire n'importe quoi, pleurer devant un film avec ma Cam, m'enfiler des épisodes de TVD même si j'ai peur du sang, écouter de la musique, etc. J'ai deux hommes dans ma vie: Raphou, mon amour, et Zachary. Du coup j'suis entre deux culs, et je sais pas choisir lequel. Aidez-moi, svp. Je suis une fouineuse, c'pour ça que j'ai fessebook et que j'y vais souvent, parce que j'aime bien montrer mes fesses. Sinon je me fais payer 100$ de l'heure, parce que j'suis une pute de luxe, et que je suis trop bandante en vrai.
Dernière édition par Abbey Jill Strugatsky le Sam 31 Déc - 14:28, édité 1 fois
Sujet: Re: I'M STUCK ON THE GROUND. Sam 31 Déc - 14:27
this is where we're meant to be
"je veux savoir comment je m'y prendrai, moi aussi, pour être heureuse. tout de suite, puisque c'est tout de suite qu'il faut choisir. vous dites que c'est si beau, la vie. je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre."
arrowsic, novembre 1998. Cher journal, Aujourd’hui, il pleut à Arrowsic. Les gouttes viennent s’abattre sur ma fenêtre avec un bruit sourd. Le ciel est gris, et le vent souffle fort. C’est une triste journée. Ma chambre rose me rassure un peu. Il fait chaud, et la lumière éclaire la pièce avec douceur. Mais je ne peux pas aller dans ma cabane avec ce temps. Dans ma chambre, je me sens coincée. Je ne peux pas sentir l'odeur de l'herbe fraiche sous mes pieds, et je ne peux pas regarder les pétales des fleurs s'envoler dans le ciel. J'espère que la pluie va bientôt cesser. Je n'aime pas rester enfermée, j'ai l'impression d'être un vulgaire animal en cage. Moi j'aime la nature, j'aime le vieux port d'Arrowsic, j'aime l'eau froide de la mer, j'aime le petit lac qui se cache derrière la prairie, j'aime la forêt mystérieuse et délicieuse de la ville. Sheila est elle aussi dans sa chambre, et je crois qu’elle écoute de la musique avec son baladeur. Maman et papa sont dans le salon, à regarder la télévision. Et moi, ce que je fais ? Je t’écris, cher journal. Je t’écris parce que j’aime écrire, parce que j’ai envie de garder un souvenir de mon existence, parce que j’ai envie qu’on se souvienne de ma vie quand je serai morte. C’est débile, tu ne trouves pas ? Mais je m’en fiche, moi j’aime bien écrire. De toute façon je n’ai rien d’autre à faire. J’ai déjà fait mes devoirs, et mes dessins sont dans la cabane, bien protégés de la pluie, je l’espère. Quand mon stylo se lève, un silence angoissant se fait sentir. Et je n’aime pas ça. Alors je vais écrire, écrire jusqu’à ce que le silence se rompe, jusqu’à ce que ma main ne sente plus le sang couler dans ses veines, jusqu’à ce que je n’en puisse plus. J’ai tout mon temps.
Je viens de rentrer de l’école. Une journée de plus. Une journée de plus à regarder la fenêtre avec un regard avide, à rester dans le fond de la classe toute seule, à manger à la cantine dans un coin où personne ne me voit, à m’assoir contre le tronc d’un arbre, -mon arbre- et plonger dans mes rêveries. Chaque journée m’épuise. Je m’ennuie. Énormément. Personne ne veut de moi, et je crois que je ne veux de personne. Et puis il y a Sheila, qui m’insulte et qui me crie dessus à chaque fois que je rentre à la maison. Je la déteste. Je la déteste parce qu’elle a tout ce que je n’ai pas : la beauté, le sourire, des amis, une vraie vie. Alors chaque soir je vais dans ma cabane, et je dessine. Parce que ça me détend et ça me fait tuer le temps. Oui c’est ça, je cherche à tuer le temps, du mieux que je peux. Et j’attends. J’attends que quelque chose se passe, que la vie s’écoule. Mais arriverais-je à tenir autant de temps ? C’est long la vie. Et je ne suis qu’une enfant. J’ai encore le temps pour faire de ma vie un truc formidable. Il faut que je trouve quelque chose. Mais quoi ?
arrowsic, janvier 1999. Mon cher journal, L’autre jour j’étais en train de regarder une émission télévisée, et j’ai eu un déclic. Un truc inattendu, inexplicable. C’était une émission sur des mannequins. On pouvait les voir se déhancher sur un podium avec grâce et légèreté, les flashs marquant chacun de leur pas, la lumière crépitant sur leurs beaux visages et leurs corps à l’allure parfaite. Pendant plusieurs minutes, je suis restée fixée devant ces créatures divines, ébahie par leur beauté, leur perfection. Était-ce possible d’éprouver une telle admiration pour des femmes que je ne connaissais pas ? Alors voilà, cher journal, à toi je peux le dire. Je rêve secrètement, depuis quelques jours d’être à leur place, à ces filles. Je m’imagine marcher élégamment sur ces podiums, je m’imagine sourire et poser avec fierté, je m’imagine devant tous les appareils photos et les flashs du monde. Est-ce que je rêve trop ? Est-ce que je vise trop haut ? Est-ce que je deviens folle ? Je ne sais pas, mais chaque nuit, ce rêve me hante l’esprit. Maman dit que c’est bien d’avoir de l’ambition. Et si c’était ça, mon ambition ? De devenir mannequin ? Je crois que c’est vraiment ce que je veux. J’en ai assez de restée cachée et invisible. J’en ai assez de me sentir rejetée et seule. Je veux être célèbre. Je veux qu’on me regarde constamment. Je veux qu’on m’admire pour ce que je suis. Je crois que j’ai trouvé ce que je voulais faire de ma vie. Est-ce que je le peux vraiment ? Je suis sûre que oui. Demain il faudra que j’en parle à papa et maman. J’espère qu’ils comprendront. J’espère qu’ils me prendront au sérieux. J’espère qu’ils verront à quel point c’est important pour moi.
arrowsic, août 2006. Cela fait plusieurs années que je continue de parler de ce que je veux faire plus tard à mes parents, sans pour autant qu’ils me prennent trop au sérieux. Ils ne savent pas si j’ai la capacité pour réussir. Ils ne savent pas si c’est vraiment un bon métier. Mais moi je m’en fiche. Je vais persister, jusqu’à ce que j’y arrive. Il fait beau aujourd’hui. Le soleil illumine le ciel et la chaleur traverse le cœur des habitants d’Arrowsic. Je suis à la plage, comme beaucoup d’autres. Et l’espoir m’enivre. L’euphorie, aussi. J’ai entendu aujourd’hui un flash à la radio, disant qu’une agence de mannequinat faisait le tour de la Maine, afin de recruter de futurs potentiels mannequins. Ils vont organiser un concours demain, à Portland. Ce n’est pas très loin d’ici. Il faut que papa m’y amène. Il le faut absolument. C’est MA chance. La chance de ma vie. L’unique, même. Et je ne peux pas la laisser passer comme ça, comme un vulgaire coup de vent. Je ne pensais pas qu’un jour ça serait possible. Je suis stressée, mais aussi très excitée. Je ne peux pas attendre. Je ne peux plus attendre. J’ai le sentiment que c’est le début de quelque chose d’extraordinaire.
"hier, je me croyais la personne la plus heureuse de la terre, de toute la galaxie, de toute la création. était-ce seulement hier ? ou bien à des millions d'année-lumière ? je pensais que jamais l'herbe n'avait eu d'odeur aussi verte, que le ciel n'avait jamais été aussi haut. et maintenant tout s'est écroulé et je voudrais me fondre dans le néant stupide de l'univers et cesser d'exister. mais pourquoi, pourquoi ne le puis-je ?"
new york, octobre 2007. Cela fait longtemps que je ne t’ai pas écrit, mais pardonne-moi, le temps me manquait. Tout s’est passé très vite. Je n’ai même pas compris ce qu’il m’arrivait. Encore aujourd’hui j’ai du mal à réaliser. Je suis à New York. J’ai tout quitté, tout plaqué. Arrowsic n'est plus qu'un lointain souvenir. Je suis officiellement mannequin. C’est magnifique, magique. Tous les jours je vais à des séances photos, tous les jours je rencontre des gens tous aussi beaux les uns que les autres, tous les jours de nouvelles choses extraordinaires m’arrivent à une vitesse folle. Le rythme est très effréné, mais je vais y arriver. D’ailleurs je profite d’une pause entre deux séances photos pour t’écrire. Tu seras mon compagnon dans cette folle aventure. Tout est nouveau pour moi. Je suis une petite fille qui découvre un monde féérique. Je suis sur un petit nuage. C’est mon rêve qui se réalise. C’est la réalité. C’est ma vie. Et je vais profiter de chaque seconde, chaque instant. Je te le promets.
paris, février 2008. JE SUIS A PARIS ! Je suis tellement excitée, tellement heureuse, tellement folle de joie. J'en ai longtemps rêvé, mais j'y suis. Je défile à la fashion week de Paris. C'est dingue. Complètement dingue. Et dans deux semaines, je vais à Milan et ensuite à Londres, avant de retourner à New York. Je voyage énormément depuis quelques temps. C'est génial, surréaliste. Ma vie est géniale. Mon agent m'a envoyé une copie d'un exemplaire d'un magazine très connu, où je suis en première page et où on parle de mon "apogée". Je ne sais pas si je dois vraiment croire à cette paperasse. Mais en tout cas ça me fait très plaisir. C'est vrai que depuis quelques temps les demandes se multiplient. Alors, c'est donc ça la gloire ? Si c'est ça, alors que je ne veux pas que ça se finisse. Jamais.
new york, juin 2008. Elle s’appelle Joy. Cela fait quelques semaines que je la fréquente. Je l’ai rencontré dans une agence de mannequinat. On y postulait toutes les deux. Joy a vraiment quelque chose de spécial. Elle m’intéresse curieusement. Elle est très gentille avec moi. Elle a l’air d’en connaitre beaucoup sur la vie. Ce soir on va en discothèque. Je n’y vais pas très souvent normalement, mais elle a insisté. Et puis je ne serai pas toute seule au moins. J’ai hâte de découvrir le monde de la nuit. Ça m’excite tellement !
Hier soir, c’était génial. Enfin je crois que ça l’était. A vrai dire, je ne me rappelle pas de tout exactement. Je me souviens que Joy m’avait donné plusieurs fois des verres dont le contenu m’était inconnu. J’ai bu. Beaucoup même. J’avais l’impression que je volais, que les autres n’étaient que des insectes insignifiants, que j’étais la seule personne qui comptait dans toute la pièce. Le monde était à mes pieds. Je dansais, je déhanchais mes hanches avec sensualité, et je secouais la tête dans tous les sens. C’était merveilleux ! Je ne m’étais jamais autant amusée. Et puis je me souviens aussi de cet homme, avec qui j’avais longtemps dansé. Il était beau, et il avait un sourire charmeur. Je crois qu’il avait des origines brésiliennes. Il avait caressé mes hanches, mon dos, il m’avait embrassé dans la nuque, dans le creux de mon oreille, et ce, devant une foule de personnes. Mais je m’en fichais, c’était si doux, si intense ! Je n’avais jamais connu ça auparavant. Et puis il avait commencé à me caresser, à me prendre dans ses bras, à caresser mon dos, et descendre ses mains sur mes fesses. Après ça, mes souvenirs sont assez flous. Je me souviens l’avoir suivi dans un coin sombre derrière le bâtiment. Je me souviens qu’il m’avait embrassé fougueusement, et qu’il m’avait touché un peu partout. Qu’il m’avait retiré mes vêtements. Je m’étais laissée faire. Je crois que je le voulais. En fait, je crois surtout que l’alcool m’avait submergée avec une telle force que j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Mais c’était bien. Enfin je crois.
new york, septembre 2008. Hier, j’ai rencontré l’homme le plus mystérieux et charmant que je n’ai jamais vu. Son visage se détachait timidement de l’obscurité dans laquelle il était plongé. Les ténèbres surplombaient son esprit. Il avait un air détaché qui me plaisait bien. Il était seul, et moi aussi. Je ne sais pas si c’est l’effet de l’alcool qui tourmentait mon esprit, mais je l’ai invité à dormir chez moi. Oui, cet inconnu dont je ne connaissais rien mais qui m’attirait, étrangement. Je crois qu’il dort encore. Je ne sais pas ce que je fais. Si c’est bien ou mal. Mais je veux l’aider. Tout à l’heure j’irai à l’agence, et je verrai ce qu’ils pourront faire pour lui. Et puis je vais lui proposer d’habiter avec moi. Est-ce que je suis folle ? Peut-être bien. Mais je crois que dans la vie, il faut savoir prendre des risques, peu importe ce qui peut nous arriver.
Tout se passe bien avec Zachary. C’est mon colocataire, à présent. Il est devenu photographe. Je trouve que c’est génial. Et du coup, je passe le plus clair de mon temps en sa compagnie. On s’amuse bien. Vraiment. C’est du bonheur, du vrai, qui vient me prendre comme une gifle, un truc puissant qui bouffe mon estomac chaque jour. C’est une putain de sensation qui me décroche le sourire constamment, qui me donne l’impression que je vole, que je suis heureuse, en fait. Mais ce n’est pas qu’une impression. Pour la première fois de ma vie, je goûte au bonheur, au vrai.
new york, décembre 2008. Le monde vole. La terre éclate. Tout tourne autour de mes yeux. C’est comme un incroyable tourbillon qui se renferme dans mes yeux. Mon corps me lâche. Je ne sens plus mes mains. Je ne me sens plus penser. Je n’arrive pas à écrire. J’ai la tête ailleurs, dans un autre monde, dans une autre dimension. Est-ce que je divague ? Oui complètement. Pourquoi suis-je dans cet état ? Je sais que j’ai pris du LSD, et que je vois tout rose. Tout vert plutôt. Enfin je ne sais pas, tout est multicolore, tout change chaque seconde. C’est beau, c’est coloré ! Ma lampe de chevet me parait si grande, si lumineuse, comme un ange dans le ciel. J’ai envie de l’attraper, mais je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à respirer. Mon cœur s’accélère. Qu’est-ce qu’il se passe, cher journal ? Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je sais juste que j’ai envie d’exploser, tellement je ris fort. Je suis euphorique. Je ne peux plus m’arrêter. C’est tellement bon, si tu savais !
new york, janvier 2009. Cher journal, Je ne comprends pas trop ce qu’il m’arrive. Je me laisse emporter par le temps, par toutes les merdes de la vie. Je fais n’importe quoi, je le sais. Mais ça fait tellement de bien. Je suis devenue accro. Accro à la cocaïne, à l’extasy, à l’héroïne. Accro à leur odeur, à l’effet qu’elles provoquent dans tout mon corps. Ça me brûle l’esprit, ça me tord les tripes, mais ça fait tellement de bien. Suis-je folle ? Peut-être bien, mais je m’en fiche. Plus rien n’a d’importance. J’oublie tout. Je veux juste me défoncer et finir vautrée dans un lit sale, dans les bras d’un parfait inconnu. Je veux juste faire de ma vie un putain de bordel. J’ai mal à la tête. Constamment. La lumière m’éclate dans la figure, et j’ai envie de hurler tellement ça me fait mal. Oui j’ai mal. Partout. C’est fatiguant, tu sais. Mais il faut que je continue. Je ne veux pas tout gâcher. Tout à l’heure je vais à l’agence. J’espère qu’ils ne feront pas attention à mon état. Je ne sais pas ce que j’ai à faire aujourd’hui. J’ai perdu mon agenda. Tant pis. J’ai envie d’une cigarette. C’est idiot, hein ? En ce moment je n’aspire qu’à des choses complètement futiles et inutiles. J’en ai marre. Je suis lassée. Je ne sais pas ce que je fais encore là. Je crois que je suis me complètement perdue. Et ça me fait peur, tu sais. Mais qu’importe, je dois tenir bon. Il le faut. Il faut que j’arrête tout ça et reprenne ma vie. Il faut que je monte sur des talons et que je marche sur ces podiums qui me donnent l’impression que je suis une star, une vraie. Avant j’irai jeter toutes les bouteilles qui trainent sur le sol, j’irai aussi mettre dans les toilettes ces putains de drogue et j’irai me reposer pour avoir meilleure mine. C’est décidé.
Je suis faible. Tout à l’heure je suis allée à l’agence, et ils n’avaient pas l’air satisfaits de mon travail. A vrai dire, je n'étais pas étonnée. Je savais que mon comportement avait été néfaste à ma carrière. Je voulais leur dire à quel point j’étais désolé, je voulais leur dire que j’avais déconné et que c’était fini, je voulais leur dire que j’allais me reposer et que tout allait redevenir comme avant, je voulais leur dire que tout allait s’arranger et que j’allais tout faire pour. Mais au lieu de ça je suis restée muette, inaudible, comme envoutée le temps d’un instant par un étrange mutisme. Et puis je suis partie au bar évacuer ma peine.
new york, mars 2009. Il est parti. Zachary. Comme ça, comme un coup de vent, sans rien dire, sans rien laisser derrière lui. Il ne reste plus rien. C’est comme s’il n’était jamais venu ici. C’est comme si nous n’avions rien vécu. Les larmes inondent mes joues. Pourquoi suis-je si triste ? Il n’était qu’un simple ami, un simple colocataire avec qui je vivais. Alors pourquoi ai-je l’impression d’être complètement vide ? Son absence me déchire le cœur. Que vais-je faire sans lui ? Il était mon souffle, mon espoir, mon guide dans cette ville si grande et si impressionnante. Maintenant qu’il n’est plus là, je ne sais pas ce que je vais faire. Où est-il ? Pourquoi est-il parti ? Comment va-t-il ? Je me pose beaucoup de questions, même si je doute avoir les réponses un jour. Je l’ai perdu. Et j’ai l’impression de m’être perdue, moi aussi. C’est horrible comme sensation. Je sais que c’est de ma faute. Il n’a pas supporté de me voir dégringoler, il n’a pas supporté de me voir dans cet état pitoyable qui ne rime à rien. Alors oui, c’est de ma faute. Dans un sens, je le comprends. Je ne lui en veux pas. Mais il me manque. Son absence m’est insupportable. Je crois que j’aime Zachary Wellington. De toute mon âme. Mais c'est trop tard à présent. Tout est terminé.
new york, mai 2009. La lumière blanche m’éblouit avec douleur le visage. J’ai mal. J’ai mal partout. C’est un mal qui m’enfonce dans le néant, petit à petit. Je ne me souviens de rien. Je me souviens être entrée dans un bar après que le directeur de l’agence m’ait convoqué dans son bureau pour me rappeler à l’ordre. Je me souviens que je n’avais qu’une envie : boire, encore et encore. Jusqu’à ce que je n’en puisse plus, jusqu’à ce que je divague, jusqu’à ce que je ne puisse plus respirer. Et ensuite, c’est le vide. Juste la silhouette de Joy avant de m’éteindre. Justement, elle est là, sous mes yeux, avec ses yeux intensément noirs et ses cheveux trop blonds. Elle sourit. Je vois qu'elle ouvre la bouche, mais je n’arrive pas à distinguer ses mots. Je suis épuisée. Épuisée de la vie, épuisée de tout. J’arrive à entendre le mot « coma éthylique », très vaguement. Je lui demande doucement de partir, et je la regarde tourner les talons et disparaitre au loin. Tout à l’heure j’ai mangé une soupe froide, mais ce n’est pas assez pour nourrir mon estomac. J’ai du mal à écrire, mais je n’ai que toi, cher journal. J’ai besoin de toi. J’ai besoin de toi pour oublier, pour comprendre. L’infirmière m’a dit de me reposer et d’arrêter d’écrire. Sauf que je t’ai promis, il y a très longtemps de cela, que je n’arrêterai pas d’écrire. Jamais. Tu vois comme je tiens ma promesse ? Qu’est-ce que je ferais sans toi, cher journal ? Au moins, toi je sais que tu seras toujours là. Alors merci. Merci pour tout ce que tu m’apportes.
texas, juillet 2010. J'en tremble encore, mon cher journal. Je suis terrifiée. Hier fut une nuit horrible. J'en ai encore mal au ventre. Il faisait tout noir, et j’avais froid. Je regardais autour de moi, mais il n’y avait rien. Vêtue d’un simple short et d’un débardeur, j’avais l’impression d’être nue dans un immense endroit sans fin. Je plissais les yeux. Mais où étais-je ? Je sentis une main venir me caresser la hanche. Un frisson vint me parcourir. Je me retournai, et je vis Joy. Soupir. Je distinguais un camion au loin. Je plissais les sourcils. Pourquoi m’avait-t-elle amenée ici ? Pourquoi était-on au fin fond de nulle part, en pleine nuit ? Elle me tendit alors un miroir, et une cuve. Elle me fit un grand discours dont je ne me rappelle plus très bien des mots, mais en gros elle voulait que je vomisse. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Elle disait que l’agence jugeait que j'étais devenue trop grosse, à force de manger, boire et fumer, à force de me détruire encore et encore. Elle me disait que ça arrangerait tous mes problèmes, et que j’irai mieux ensuite. Elle disait qu’elle faisait ça pour mon bien. Et moi, je l'ai crue. Parce que c'est ma meilleure amie, parce que je lui fais confiance, parce qu'elle a toujours été là pour moi. Alors j'ai vomi. J'ai vomi toutes mes tripes, j'ai vomi ma douleur longtemps cachée, j'ai vomi tout ce que j’avais. Je me sentais faible. Je suis faible. Joy alluma un feu de camp et me donna une couverture. J'ai du dormir à même le sol. Je lui ai demandé pourquoi on était là, elle m'a dit que les autres mannequins dormaient à l’hôtel et que le lendemain on devait les retrouver pour une séance photo. Alors je me suis endormie, en pensant que tout irait mieux après.
new york, avril 2011. Cher journal, Je pensais que j’allais aller mieux, mais ça n’est pas le cas. C’est même pire. Je vomis tous les jours. C’est horrible, tu sais. Je ne sais pas pourquoi j’agis comme ça. Je suppose que c’est ma manière d’évacuer ma souffrance. Mais elle est toujours là. Elle est toujours là, ancrée dans mon corps, et elle me ronge chaque jour. Comment tout ça est-il arrivé ? Comment ai-je pu me laisser consumer par cette vie, par ce monde terrifiant ? Je ne me reconnais plus. Je ne sais même plus ce que je fais ici. C’en est trop. Je n’en peux plus. Je ne peux plus supporter la douleur. Je vais retourner à la maison. Et tout redeviendra comme avant. J'essaye de m’en persuader, en tout cas. Je n’arrête pas de pleurer. J’ai du mal à écrire. Je me sens tellement faible, tellement vulnérable ! Et je me déteste. Je me déteste d’être comme ça. Il faut que ça s’arrête. Et vite. S’il te plait, je t’en supplie, aide-moi ! Je ne sais pas quoi faire. Je suis toute seule, et complètement perdue. J’ai l’impression que plus rien n’a de sens, que la vie n’est qu’une merde qui m’a détruite. Et si c’était vraiment le cas ? J’ai du mal à comprendre, j’ai du mal à affronter la réalité. Tout à l’heure je suis allée voir Joy, pour lui dire que je partais. Mais elle s’en fichait complètement. J’étais triste, j’étais désespérée, et j’avais besoin d’elle. Mais elle n’a pas bougé. Elle a continué à lire son magazine, et elle m’a laissée dans ma détresse. Je ne comprends pas. Elle est ma meilleure amie. Elle l’était, du moins. Je commence à me dire que durant tout ce temps, elle n’a fait que me tromper, elle n’a fait que jouer avec moi, elle n’a fait que me détruire. Tout est de sa faute. Je n’arrive pas à le croire. Comment a-t-elle pu me faire ça ? Je croyais que nous étions amies. Il faut croire que je m’étais lourdement trompée. Je suis stupide, tellement stupide ! Je me sens affreusement mal. Je me suis laissée emportée, je me suis laissée faire. Et voilà où j’en suis maintenant. Démunie, seule, triste. Il faut que je rentre. Je ne peux plus vivre ici. Pas une minute de plus.
"je ne sais pas vraiment qui je suis devenue. j'ai l'impression de me déguiser quand j'essaie de trouver. mais aucun costume ne me va. rien n'est à ma taille. je flotte lourdement ou j'étouffe à petits feux. je ne sais pas vraiment qui je suis devenue. j'ai l'impression de n'être qu'une ombre. je ne suis qu'une silhouette abstraite et mal dessinée."
arrowsic, mai 2011. Cela fait depuis quelques temps que je suis rentrée à Arrowsic. Arrowsic, ma tendre et douce Arrowsic. Les paysages m’avaient manqué, je dois l’avouer. C’est étrange, de revenir à la maison. Je pensais que je n’allais plus remettre les pieds ici, mais je m’étais bien trompée. C’est dur quand même. De revoir mes anciens voisins, mes anciens amis que j’ai laissés sans rien dire. Je sais que certains m’en veulent. Je sais que d’autres sont heureux de mon échec. Comment peut-on se nourrir du malheur de quelqu’un ? Je travaille au Muffy’s à présent. Tu sais, l’auberge restaurant où j’avais l’habitude d’aller avec mamie et papi. Ce n’est pas génial, mais c’est toujours ça de gagné. Et puis là-bas j’aurais moins l’impression d’être inutile. Pour l’instant, j’essaye de me reposer, d’aller mieux. C’est déjà bien assez difficile. On me demande souvent si je vais bien. Et je réponds toujours que oui, je vais bien. Mais ça n’est pas le cas. Tu le sais, toi. Je n’arrête pas de repenser à New York. A ce que m’a fait Joy. A ma descente dans les enfers. Je suis tombée bien bas, n’est-ce-pas ? Mais ça va aller. Je l’espère vraiment, de tout mon cœur. Tout à l’heure j’ai relu tes anciennes pages. Je ne me reconnaissais pas. Soit je partais complètement en délire, soit j’étais rongée par le chagrin. Il y a même certains moments dont je ne me souviens plus. Mais qui étais-je ? Comment ai-je pu changer ainsi ? Que m’est-il arrivé ? Encore aujourd’hui j’ai du mal à l’accepter. Je suppose que je dois garder le sourire. Pour faire bonne impression, pour éviter les questions, pour éviter la réalité. Je ne sais pas ce que je vais faire, cher journal. J’ai peur. J’ai peur de l’avenir, et de ce qu’il me réserve. J’ai peur de la vie. J’ai peur de retomber à nouveau. Je ne veux plus souffrir. Plus jamais. Je n’aurais pas la force pour tenir, si ça venait à recommencer. Mais demain sera un nouveau jour, et tout ira mieux. Et plus les jours passeront, et plus j’irai mieux. Il faut que je m’en convainque. C’est le début d’un renouveau. Il faut que je réapprenne à vivre. Comme je le faisais avant. Mais était-ce mieux avant ? Tu sais, je ne suis plus sûre de rien à présent. Je sais juste qu’il faut que je tienne bon, et que je continue ma route. Je n’ai pas vraiment le choix. Ça ne va pas être facile, mais je vais m’accrocher. De toutes mes forces.
arrowsic, janvier 2012. Cher journal, Je commençais à m’habituer à ma vie calme et paisible à Arrowsic. Je commençais même à goûter au bonheur. Rien qu’une petite gorgée. Mais j’ai replongé. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais je sais que je l’ai fait. Si tu savais comment je m’en veux ! Comment cela est-il possible ? J’avais pourtant arrêté de faire des bêtises. J’avais tout arrêté. Pourtant la réalité est bien là : je viens de me faire vomir dans les toilettes. Et c’est horrible. Encore plus horrible qu’à New York. Parce que là je suis consciente de ma détresse, de ma douleur. Ça me ronge de partout, ça me creuse le ventre. Faire semblant d’aller bien ne change rien en fait, je vais toujours aussi mal. Pourtant, j’y croyais. Vraiment. J’avais retrouvé des amis, j’avais retrouvé Lucy, et Raphaël, surtout. Tu sais, je pensais vraiment que ma relation avec lui pouvait changer les choses. Mais alors pourquoi ? Pourquoi ai-je fait ça ? Je me déteste. Je me déteste d’avoir agi ainsi. Le pire dans tout ça, c’est que j’ai envie de recommencer. Une envie folle venue des profondeurs des ténèbres. Je n’ai plus envie. Je n’ai plus envie de me battre. Je veux juste me laisser aller, je veux juste regarder la Terre tourner, je veux juste que tout ça s’arrête. Arrête la douleur, je t’en supplie ! Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais pas à qui en parler. Je ne sais pas comment arrêter ça. Je suis effrayée. Je suis tétanisée. Parce que je sais que demain, je recommencerai. Parce que je sais que je ne serai pas capable de m'arrêter. Oui, je recommencerai. Encore et encore. Jusqu’à ce que la douleur s’efface.
Dernière édition par Abbey Jill Strugatsky le Jeu 12 Jan - 18:50, édité 18 fois
Sujet: Re: I'M STUCK ON THE GROUND. Sam 31 Déc - 14:32
Pourquoi on peut pas faire l'amour à 36? Où t'as vu qu'on pouvait pas faire l'amour à 36 ? Moi je le fais même à 69. ahahahaha quelle blague (si t'as pas compris, c'est pas grave ) CHOISI RAPHOOOOU, au moins j'aurais pas à lui casser les dents à lui pas comme Zac ABBEY T'ES LA PLUS BONNE (bon pas autant que moi hein ) STRUGATSKYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY
Sujet: Re: I'M STUCK ON THE GROUND. Sam 31 Déc - 14:47
ELIJAH. Bah ouais, j'suis superwoman moi, qu'est ce que tu crois.
SHEILA. C'est vrai qu'avec toi, tout est possible. Tu m'apprendras un jour, Ô grande sœur chérie d'amour. Oui à 69 j'ai compris, azy prends moi pour une conne. A 69 c'est possible par contre, non? Haha, on a un clan Raphou. TOI AUSSI T'ES BONNE. Ouais je sais, je deviendrais jamais comme toi, c'est nul.
BLAZHE. Ton prénom il me fait penser à "j'suis blazé" Merci Mandou.
Sujet: Re: I'M STUCK ON THE GROUND. Sam 31 Déc - 15:06
Mais en fait je galère rien que pour faire la mise en page, c'pour ça que je suis partie de la CB, sinon j'arriverais pas à me concentrer. M'en veux paaaas. MERCI MA TENNISWOMAN. L'anomalie c'est lui: J'suis trop balèze ah ouais.
Sujet: Re: I'M STUCK ON THE GROUND. Sam 31 Déc - 17:09
TON GIF Mon singe, j'te souhaite la bienvenue et j'te dis que si tu as des questions, tu peux les poser au staff. Comme ça, j'ai l'impression d'être plus importante que toi pendant quelques secondes
Sujet: Re: I'M STUCK ON THE GROUND. Dim 1 Jan - 22:10
LEANDRO. Ma banane, tu me fais toujours autant rire. Mais tu sais, tu es importante. (oui c'est trop mignon ce que je viens de dire je trouve, rien que pour toi ) Aux chiottes les Gallagher oui. Et sinon oui allez-y pourrissez ma fiche, je vous en voudrais pas, ça me fait de la lecture.
LENNOX. Tout à fait. Oh tu me fous la pression. Déjà j'ai jamais fait ça sous forme de journal, donc ça va être du GRAND FREESTYLE.
Sujet: Re: I'M STUCK ON THE GROUND. Lun 2 Jan - 12:27
J'ai prévu de passer répondre à tes interrogations quand j'aurai fini ma fiche. Donc, tiens moi une place toute chaude ici. Pas besoin d'avoir la pression, j'aime tout ce que tu fais et tu le sais.