Living Young, & Wild, & Free. Mon café presque bouillant face à moi, je ne pouvais fixer autre chose que la fumée qui s'en dégageait. Posée à la cuisine près de ma table de marbre, j'attendais que les secondes défilent. Comment cela se faisait-il qu'à 9h du matin je fus éveillée et hors de mon lit ? Sans doute l'arrivée de mon connard de propriétaire qui n'avait d'autres aspirations dans sa chienne de vie de me prendre la tête. Deux mois de loyer de retard, ce n'est pas non plus la chose la plus dramatique qu'il sera amené à rencontrer. Sincèrement, se prendre la tête pour quelques 1000 dollars, c'était d'un pathétique. Si je ne m'étais pas rendormi après lui avoir claqué la porte au nez, c'est également du au fait que mon marché allait mal. Déjà trois mois que j'étais là, dans cette ville perdue au fin fond des contrées américaines, et j'avais rapidement construit mon petit réseau nécessaire à la fois à me fournir et à revendre. Cependant, plus grand monde n'achetait en ce moment. Cocaïne, Shit ... Je ne comprenais pas. On me prenait des 20 $ par 20 $ , et je leur répondais à chaque fois :
« Autant rien acheter », ce à quoi on me répondait que les temps étaient particulièrement durs. Et voilà pourquoi j'étais dans cette situation. Ce qui n'avait de cesse d'augmenter ma haine pour Abbey, et ça bien sûr, c'était pas prêt d'être tempéré. Mon joint à la main, je repensais à ma soirée, un fin sourire aux lèvres. J'arrivais toujours à m'éclater, sans pratiquement rien dépenser. Je savais user de mon corps, de mon amour pour la provocation et surtout l'indécence. Alors, plus rien ne m'était impossible...
In New York, Concrete jungle where dreams are made of, There's nothing you can't do, Now you're in New York,. La sonnerie de mon Smartphone laissait entendre l'hymne de ma ville natale, celle où tout les rêves sont réalisables, ce qui me rappelle que là où je suis je ne construirais rien.
« Oui ? C'est qui ? » La voix d'un type, de celles qui sont suaves et mystérieuses se fit entendre. Au moment de raccrocher, je ne pus que me dire que c'était finalement si simple. J'avais déposé l'affiche deux jours auparavant dans ce bar assez squatté, et voilà qu'on répondait déjà à mes attentes. Me levant, je me dirigeais lentement vers mon salon, cherchant de quoi me faire tomber, cherchant de quoi éveiller mon inconscient, animer mon « ça » et le faire vaincre ce « Surmoi » et ses normes pathétiques. Laissons nos pulsions et nos désirs s'exprimer : en d'autres mots, reniflons un rail de cocaïne.
Deux heures plus tard, j'étais dans la salle de bain, habillée comme à mon habitude d'une façon qu'on décrivait continuellement d'abérante, d'honteuse... J'aimais faire hurler ces vieilles dames dans la rue, ces jeunes prudes, ces gens qui ne connaissent aucunement la signification du mot : vivre. Vivre à travers les autres , sans doute la plus belle des conneries. Ils sont tous conditionnés, modelés d'une manière qui devrait être conventionnel. Et moi j'emmerde ce conservatisme, je lui fais même plus que ça. Un petit son dans mes oreilles, je me maquillais en prenant mon temps, mettant l'accent sur mes yeux que je cernais d'un noir presque trivial. J'utilisais ensuite un fond de teint clair et un rouge à lèvre rouge magnétique, ça changerait du noir. Mes vêtements étaient courts, moulants et excitant. Oui, c'st ça, excitant. Il était 14h et monsieur était en retard, chose que je détestais tout particulièrement. Il gagnait des points, c'est bien, il a vraiment tout compris à la vie ce type. Dans ma terrasse, je me buvais mon énième café depuis ce matin, fumant mon énième clope, observant les voisins du bas , des gens inutiles qui semblaient collés à leur appartement. 14h20, et on frappa enfin à la porte.
Ouvrant alors cette dernière, je pense bien que je me suis demandé quelques instants si c'était le type de l'annonce. Je ne m'attendais pas à voir un mec qui puait autant le sexe que lui. D'ailleurs, je pense que ça s'est remarqué, j'ai pas l'habitude d'être hypocrite, ou de cacher les choses, en général, en regardant mon visage on a compris l'essentiel. J'eus un léger rire en voyant sa manière de me regarder, on aurait dit qu'il n'avait jamais vu une fille comme moi... Faut dire que ça courrait pas les rues dans cette petite ville. La façon dont il observait mes yeux, mes cheveux lâches, blond presque blanc... Mes jambes aussi n'étaient pas délaissées par son regard suave. Bien sûr, je fis la même chose. C'est un mécanisme normal, on s'observe, on se détaille, on essaye d'apprendre à connaître ce que l'on peut apprendre d'un être de par son apparence.
« Bonjour... Je viens pour visiter la maison, il est encore temps ? » Blague. Je l'observais toujours , mon regard intense posé sur ce brun qui semblait ne pas connaitre les règles de bienséance, à savoir s'excuser d'un retard. C'est bien, il venait de regagner ses points perdus. Je suis exactement de ce genre là, culottée au possible.
« Et bien, je n'sais pas.. Faut dire que j'ai pas le choix, tant mieux pour vous, j'aurais déjà fermé la porte en temps normal. » Je le laissais ensuite passer, rentrer dans mon chez moi qui était le lieu de nombres d'incivilités. Il dégageait quelque chose qu'il m’intéresserait fortement de découvrir. Il se tourna vers moi et ajouta avec la sincérité la plus sèche du monde
« Soyons clair, je m'en fous de l'intérieur. Je signe... » J'arqua alors un sourcil, d'abord étonnée, puis je me mis à rire plus franchement que la première fois, avançant vers le centre du salon.
« Je rêve... » Continuant vers la terrasse, je ramena ma cigarette vers le salon, sans le quitter des yeux. Je resta alors plantée là, mes bras croisés, mes jambes aussi ...
« Il faut d'abord que je te valides. La vie n'est pas aussi simple malheureusement... » Bien sûr qu'elle serait simple pour lui. Mais j'étais encore une fois dans un rapport de provocation qui restait bien latente pour l'instant. Il dégageait un truc qui me laissait pantoise, mais je ne me laisserais pas intimidée. Moi, Joy ? Jamais ...